dimanche 8 novembre 2015

Rebecca, Daphné du Maurier

Cela faisait un petit moment que j'avais envie de lire Rebecca. Le livre est assez connu pour être devenu un classique et je voulais voir ce qu'il donnait. Voilà chose faite.

Rebecca, Daphné du Maurier

Editeur : Le livre de Poche
Collection : /
Année de parution : 2013 pour cette édition
Titre en VO : Rebecca
Année de parution en VO : 1938
Nombre de pages : 448

A lire si :
- Vous voulez une ambiance un peu angoissante
- Vous voulez un sorte de parcours d'initiation

A ne pas lire si :
- Vous vous attendez à avoir peur tout le temps
- Vous voulez un vrai fantôme

Présentation de l'éditeur : 

"J'ai rêvé l'autre nuit que je retournais à Manderley". Ainsi débute le plus célèbre roman de Daphné du Maurier, qu'Alfred Hitchcock adapta en 1940 et qui n'a rien perdu de son charme vénéneux.
Dans une somptueuse propriété de la côte anglaise, hantée par le souvenir d'une première épouse disparue, une jeune mariée intimidée, un veuf taciturne, une gouvernante vêtue de noir s'observent dans un huis-clos étouffant...
Entre conte gothique et suspense psychologique, Rebecca entremêle les passions et les haines, les silences et les menaces avec, en bruit de fond, le ressac de la mer sur les galets de la crique...

Mon avis

Si j'ai vu un jour les Oiseaux d'Hitchcock, adaptation d'un autre livre de du Maurier, je n'avais jamais vu son Rebecca ni tout autre oeuvre se reportant à ce livre. Je partais donc en territoire inconnu avec juste l'idée que je m'étais faite du livre avec tout ce que j'avais peu glané dessus. Bon avouons, je m'étais fait quelques idées un peu bizarre sur Rebecca, pensant que j'aurais droit à un tout petit peu de fantastique. Que nenni, pas de fantastique mais une histoire qui au final m'a plut, quoi que j'y est trouvé quelques défauts.

Daphné du Maurier écrit avec Rebecca une sorte de thriller psychologique (le terme n'existant pas à l'époque) à l'ambiance gothique. La narratrice, parfaitement anonyme, sauf après son mariage où elle devient Mme de Winter, fait la connaissance de Maxim de Winter, veuf depuis moins d'un an. Rapidement, ils se rapprochent et surtout se marie. De Winter ramène alors la jeune épouse dans son domaine, le magnifique Manderley. C'est à partir de là que les ennuies commencent pour elle. Trop timide, trop passive aussi, elle va se retrouver confronter au fantôme de la première Mme de Winter, la belle, la talentueuse Rebecca. Il faut dire que Rebecca hante tout à Manderley et surtout que malgré sa mort, la maison semble toujours être à elle. De plus, la narratrice doit faire avec l'énigmatique et froide Mrs Danvers, la gouvernante de la défunte qui semble beaucoup beaucoup lui en vouloir d'avoir pris la place de sa protégée.

Je dois avouer que j'ai beaucoup aimé la manière dont la pression monte autour de la narratrice, même si j'ai eu beaucoup de mal avec elle. Alors, je me doute bien qu'à l'époque du roman, les femmes passives, seulement définie par les hommes qui les entourent, ça devaient plaire, mais avec moi, ça passe moins. Et quand on commence à découvrir Rebecca autrement que par elle, on a vite fait de la comparer et de la trouver en dessous. Je pense aussi que c'est ce que cherchait à faire l'auteure dans presque tout le roman. J'aurais juste voulu moins de passivité, plus d'initiative de la part de notre narratrice. Elle arrive même à faire pâle figure devant tous les autres personnages féminins, dont Mrs Danvers ou encore Béatrice, la soeur de Maxim. Et cela jusqu'à la fin du roman, alors même qu'elle est sensée avoir muri et surtout pris confiance en elle et en son époux. D'ailleurs, finalement, j'ai trouvé Maxim de Winter bien plus intéressant que ses épouses. Tiraillé par ce qu'il s'est passé un an plus tôt, par le souvenir de sa femme puis par la découverte de son corps, il va devoir faire face à l'adversité tout en rassurant sa nouvelle femme et en continuant d'administrer son domaine. C'est, avec Danvers, le personnage le plus complexe du roman.

Et puis, il y a Manderley, la demeure même. C'est elle qui donne l'ambiance parfaitement gothique du roman, c'est aussi à cause d'elle que tout arrive. Parce que Manderley n'est pas qu'une simple demeure. C'est un personnage a part entière du roman. C'est plus qu'un simple cadre. C'est la cause de tout. C'est pour Manderley que de Winter a accepté le chantage de sa première femme, c'est pour lui, qu'il va essayer de tout faire pour que la vérité n'éclate pas. Et je dois dire que du Maurier le rend magnifique dès la première apparition du domaine. 

Le tout est porté par l'écriture de du Maurier, agréable à lire et très visuelle. Elle arrive à glisser des indices sur ce qu'il a pu se passer un an plus tôt sans que nous nous en rendions forcément compte dès le départ, comme la narratrice. Elle magnifie aussi les paysages et les caractères tout en nous faisant croire que Rebecca était la femme formidable qu'elle semble être pour tout le monde. Ce n'est finalement que grâce au personnage qui semble le plus insignifiant que nous allons commencer à comprendre qui était Rebecca et à douter de tout ce qu'il peut se passer depuis le début à Manderley.

Au final, c'est un très bon roman policier, un thriller psychologique avant l'heure qui nous entraine dans les méandres de l'humain. J'ai beaucoup aimé le déroulement de l'histoire, son ambiance gothique à souhait et cette immersion dans un passé trouble. je regrette juste que la narratrice soit si passive et que Mrs Danvers ne soit pas si horrifiante que ça (quoi que le tour qu'elle joue à la seconde épouse avant le bal est réellement horrifiant pour elle). C'est dommage, sans cela, Rebecca aurait été un véritable coup de coeur.

2 commentaires:

  1. Merci pour ta chronique, je mets fissa ce livre dans ma PàL en dépit de ta réserve sur le caractère de la seconde épouse :)

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  2. Je tourne autour de ce livre depuis un bon moment, ta critique donne envie, malgré les quelques petits bémols que tu soulèves!

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