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lundi 28 novembre 2022

Mexican Gothic, Silvia Moreno-Garcia

 Ce roman a pas mal fait parlé de lui depuis sa sortie. Il me faisait pas mal envie du coup, surtout que beaucoup y on vu des attaches Lovecraftiennes. Or, vous le savez, j'aime bien Lovecraft moi. J'ai fait en sorte de ne pas lire les avis des uns et des autres et me voilà à présent avec le mien. On y va ?

Mexican Gothic, Silvia Moreno-Garcia

Editeur : Bragelonne
Collection : 
Année de parution : 2022
Titre en VO : Mexican Gothic
Année de parution en VO : 2020
Nombre de pages : 360

A lire si : 
- Vous aimez les huis-clos
- Vous appréciez les femmes qui ne se laissent pas faire
- Vous voulez effectivement quelque chose qui se rapproche de Lovecraft

A ne pas lire si :
- Vous voulez du pur Lovecraft

Présentation de l'éditeur : 

Après avoir reçu un mystérieux appel à l’aide de sa cousine récemment mariée, Noemí Taboada se rend à High Place, un manoir isolé dans la campagne mexicaine. Elle ignore ce qu’elle va y trouver, ne connaissant ni la région ni le compagnon de sa cousine, un séduisant Anglais.
Avec ses robes chic et son rouge à lèvres, Noemí semble plus à sa place aux soirées mondaines de Mexico que dans une enquête de détective amateur. Elle n’a pourtant peur ni de l’époux de sa cousine, un homme à la fois troublant et hostile, ni du patriarche de la famille, fasciné par son invitée… ni du manoir lui-même, qui projette dans les rêves de Noemí des visions de meurtre et de sang.
Car High Place cache bien des secrets entre ses murs. Autrefois, la fortune colossale de la famille la préservait des regards indiscrets. Aujourd’hui, Noemí découvre peu à peu d’effrayantes histoires de violence et de folie.

Mon avis

Je n'aime pas des masses quand on me dit "tu vas voir, c'est un mix entre tel et tel auteur à la sauce ça". J'ai tendance, dans ce cas, à me faire beaucoup trop d'idée sur un texte. Alors forcément, quand on me dit que je vais avoir du Lovecraft, à la sauce des sœurs Brontë et dans les années cinquante, j'ai quand même du mal à voir les liens. Et pour tout dire, en commençant le roman, j'ai continué à ne pas voir tous les liens. Disons que, perso, je n'aurais pas mis une telle phrase d'accroche, mais que voulez-vous, ça fait vendeur. Bref, passons sur ce point. 

Noemi est la fille d'un riche d'affaire de Mexico. Sa vie, elle la passe à dans les soirées mondaines, les magasins et aux bras de charmants jeunes hommes. Mais, suite à une lettre étrange provenant de sa cousine Catalina, elle doit se rendre à High Place, manoir isolé dans la campagne mexicaine. Là, elle va mener l'enquête pour son père, découvrir ce qu'il se passe. Or, High Place n'a rien de charmant, c'est même plutôt l'inverse et Noemi va rapidement comprendre que quelque chose ne va pas. En découvrant l'histoire familiale, emplie de violence et de folie, elle va mettre le doigt sur quelque chose de bien pire que ce qu'elle n'aurait jamais imaginé.

Par où commencer ? L'introduction a l'histoire m'a paru un peu farfelue. Je ne pense pas que dans les années cinquante, un père envoie sa fille mener une enquête comme celle qui est confié à Noemi. Ca m'a parut un peu étrange, mais soit. Ca donne aussi une indication importante dans le roman, les femmes ont un place importante. Parce que là où on se retrouve avec un roman gothique dans un manoir bien flippant, on va surtout avoir une histoire de femmes. Pour tout dire, pour moi, le roman est un roman féministe avant tout. Et ce début en est la preuve. Ce n'est pas la seule, du tout, mais pour le reste, il vous faudra découvrir l'histoire des Doyle. On est vraiment sur un patriarcat dominant et des femmes qui vont, à leur façon, tenter de s'en débarrasser, du moins, de celui des Doyle. 

Une histoire que j'ai adoré découvrir en même temps que Noemi. High Place fait parti de ces lieux que j'adore, sombre, délabré, gothique à souhait et plein d'Ouroboros dans la déco. Il a un côté vieux manoir anglais (la famille étant anglaise, hein) qui n'est pas pour me déplaire. Son histoire est forcément liée à celle de la mine d'argent, à présent désaffectée, qui le jouxte. C'est un endroit typiquement Lovecraftien, qui  n'est pas sans rappeler la demeure des Rats dans le mur par exemple. D'ailleurs, si ici ce ne sont pas des rats qui vivent dans les murs, il y a bien quelque chose que je vous laisse découvrir. Il en va de même pour une partie des habitants, d'ailleurs. Les Doyle pourraient très bien faire un tour dans les nouvelles de Lovecraft, ou même de Poe. Ils ont ce côté bien dérangeant et froid tout en restant pourtant parfaitement humain que j'aime. A côté d'eux, Noemi fait presque biche égarée, du moins si on oublie son caractère bien trempée. L'autrice joue beaucoup sur cela, la différence entre une Noemi très vivante, au sang chaud et la famille Doyle, plus particulièrement Virgil, le mari de Catalina, et sa sœur. 

J'ai aussi beaucoup aimé les ambiances que va créer l'autrice tout au long du roman. Il y a bien sûr tout ce qui concerne High Place qui m'ont fait adoré l'endroit, ou encore le cimetière, bien flippant avec son brouillard. Mais on a aussi toute les évocations des années cinquante, les robes de Noemi, les tenues des personnages, leur manière de faire aussi. Tout comme il y a une grande différence entre le tempérament de Noemi et les Doyle, il y en a une aussi dans les lieux. High Place est très gothique, Mexico ou même le village non loin du manoir, sont très fifties. Cela permet vraiment de faire ressortir les lieux et les histoires. Le style de l'autrice y est aussi pour quelque chose, forcément. J'ai aimé la manière dont elle met l'accent sur les différences entre son héroïne et le manoir. Enfin, il y a bien sûr, tout le surnaturel. Et là, l'autrice s'en donne à cœur joie, tout dans le subtil. Ca commence lentement, quelques bruits dans le manoir, des plaintes, et puis on va crescendo, mettant les nerfs de Noemi et du lecteur a rude épreuve.

Au final, j'ai beaucoup aimé. Le roman se lit assez vite et je trouve que sa longueur est d'ailleurs parfaite à mon goût. Sous l'aspect fantastique gothique, on trouve un discours qui se rapproche assez d'un certain féminisme, ce qui n'est pas pour me déplaire. Je pense que je vais aller voir un peu ce que l'autrice a pu écrire d'autre (Mexican Gothic est le premier traduit en français, mais pas son premier roman) parce que j'ai bien bien accroché.