lundi 31 janvier 2022

Les chats des Neiges ne sont plus Blancs en Hiver, Noémie Wiorek

 J'ai récupéré ce roman lors d'une opération All Star et seulement à force de le voir dans ce genre d'opération. Il ne me disait pas grand chose, je n'en avais pas forcément vu du bien passer. Je me suis juste dit que ça m'occupera bien à un moment. C'est comme ça que j'ai fini par le sortir de ma PAL...

Les chats des Neiges ne sont plus Blancs en Hiver, Noémie Wiorek

Editeur : l'Homme sans Nom
Collection  
Année de parution : 2020
Format : AZW

A lire si 
- Vous aimez quand ça prend son temps
- Les stéréotypes ne vous font pas peur

A ne pas lire si 
- Vous voulez de belles et grandes batailles

Présentation de l'éditeur  

Morz est la terre la plus au Nord du monde. Des siècles plus tôt, la neige a cessé de tomber et la glace a fondu, devenue une boue informe et immonde.
Il y a une ombre dans l'Est de Morz ; celle de Noir, un esprit maléfique prêt à tout pour provoquer la ruine du royaume. Sur ses talons court le Second, un guerrier prodigieux, plus cruel et féroce que tous les séides gravitant autour d'eux.
Il y a un enfant sur le trône de Morz : on attend de lui la ferveur de ses ancêtres pour maintenir le royaume dans la Lumière. Mais le prince Jaroslav doute de sa place, de son pouvoir et ne souhaite qu'une seule chose : vivre en paix.
Et dans le Nord, près des montagnes, ourdissent les sorcières, vengeresses, dévorées par le rêve incertain de refaire un jour tomber la neige sur leur monde déchu.

Mon avis

Pour une rare fois, j'ai lu la quatrième de couverture avant de me plonger dans l'ebook. Disons que je ne me souvenais pas de pourquoi j'avais pris ce roman au titre si long et presque poétique. Surement à cause de ça, d'ailleurs. Parce que bon, le résumé à l'air sympa mais alors qu'est-ce que ça fait gros poncif de la fantasy ! Non franchement, appeler celui qui semble être le méchant de l'histoire "Noir", et puis ce prince-là, qui doute et les sorcières aussi. Tout indique un texte ultra stéréotypé. Et si, justement, il était là le piège ? Dès le résumé. Alors j'ai commencé. J'ai lu le premier prologue. Et le second. J'ai trouvé l'écriture à la fois poétique et mélancolique. Et en même temps quelque peu violente. Alors j'ai continué. Et j'ai été prise au piège. Ne vous fiez pas au résumé (mais à force, on finit par le savoir).

Dans le royaume de Morz, la neige ne tombe plus. Depuis l'arrivée des humains et de leur dieu, Eldan, elle a tout simplement disparu. Pourtant, dans l'ombre des cavernes, Noir rêve de celle-ci, espérant pourvoir un jour la faire tomber. Alors, avec les N'Dus, un peuple vivant dans les grottes et quelques humains, il s'est élevé contre le royaume. Son Second, Agniezska, est devenu son bras armé, celle qui terrifie les habitants de Morz. Mais le Prince Jaroslav, auréolé par la gloire d'Eldan compte bien les mettre six pieds sous terre. Commence alors la dernière bataille pour Morz dans un camp comme dans l'autre.

Premier point important, n'imaginez surtout pas qu'il y est un côté gentil et un côté méchant. L'autrice met tout le monde ou presque dans le même panier. Presque parce qu'il se dégage tout de même une protagoniste de la chose, le fameux Second, Agniezska. C'est elle que l'on va surtout suivre. Dans un roman classique, elle serait une méchante, je crois. En tout cas, elle est du côté de l'entité maléfique. Entre elle et Noir, le lien est très fort. Ce n'est pas de l'amour, ni tout à fait de la dévotion. C'est autre chose et c'est ça qui amène la femme à faire ce qu'elle fait. Mais il faut dire qu'Ania n'est pas une simple femme. C'est une guerrière au sang de sorcière, même si elle le rejete. C'est aussi une sorte de drapeau pour ceux qui suivent Noir. C'est à elle qu'il obéisse. Or, Ania, souvent, doute. Et plus elle doute, moins elle voit la nécessité de faire venir la neige. La seule chose dont elle semble être sûre, c'est qu'elle et Noir sont liés et que rien ne changera ça. Du côté des humains, le doute aussi est là. Je crois qu'avec la mélancolie, c'est l'un des sentiment les plus présent du roman. Jaroslav, tout jeune prince, encore un enfant, ne voir que par Eldan. Or cet aveuglement l'entraine peu à peu dans la folie. Celui qui aurait pu être, d'une manière ou d'une autre, le roi qui sauvera son peuple de la menace de Noir devient une menace lui-même et pour son propre royaume.

Oui, déjà, là, on commence à se douter que la plupart des clichés et trope de la fantasy vont prendre mal. En fait, ce n'est pas tant qu'ils prennent mal, c'est surtout que l'autrice les retourne pour mieux les adapter à sa situation. Le fait que l'on suive principalement Agnieszka change tout. Elle est le champion de Noir, et du coup, elle pourrait être l'héroïne du roman. C'est elle qui part en quête et non pas Tomislav, le champion du prince. D'ailleurs, Tomislav est un champion d'apparat. Oui, il est bon au combat mais il est surtout là pour la paraitre et pour s'amuser aussi un peu avec un ennemies to lovers pas tout à fait comme on l'entend. Clairement, pouvoir suivre le côté "adversaire" du "bien" a quelque chose de presque jouissif. Surtout, ce que j'ai aimé, c'est voir que rien n'est ni blanc ni noir dans ce monde. En fait, comme Morz au moment de l'action, tout y est gris et presque éteint. Il n'y a que presque plus rien de bon dans ce royaume. Tout y est corrompu et on se demande, si finalement, ce n'est pas Noir et son rêve (qui lui a était quasiment implanté par les sorcières) qui a raison. 

Tout cela est servi par un style qui ne fait qu'accroître une bonne partie de ce sentiment. Noémis Wiorek prend son temps. Elle fait avancer son histoire petit à petit et surtout, elle nous glisse dans la peau de ses personnages. Tout est en introspection, même durant les batailles. D'ailleurs, sur les trois batailles du roman, on ne voit que très peu de combat en réalité. Dans la tête des protagonistes, c'est plutôt l'inutilité de la guerre que l'on voit, alors même qu'ils se couvrent de sang à force de tuer et de massacrer. Si, personnellement, j'aime beaucoup ça, je crois que ce point-là risque d'en rebuter quelques uns par contre. Le roman prend son temps parce qu'il ne se focalise pas sur l'action en elle-même. Il faut aimer entrer complétement dans la tête, souvent folle, des personnages. Savoir y lire la folie, mais aussi la nostalgie d'un temps que personne n'a connu et qui ne reviendra peut-être pas. Il faut aimer la lenteur aussi. Car, bien qu'il se passe beaucoup, c'est vraiment dans la dernière partie que tout s'accélère. Ce sont des choses que j'aime assez et que j'apprécie beaucoup. 

Finalement, ce roman, pour moi, est une vraie petite pépite qu'on ne voit pas assez. Alors oui, il peut paraitre lent, oui, il y a quelques coquilles dans le texte (moins que ce à quoi je m'attendais par contre vu les avis que j'ai pu voir là-dessus), oui, il faut apprécier les introspections, la nostalgie, la violence, la poésie d'un moment déjà bien perdue. Mais les Chats des Neiges se mérite je crois bien. Il n'est pas forcément à mettre entre les mains de tout le monde (ça fait un peu éliste non ?).

lundi 24 janvier 2022

Les Enfants de L'innommé, Brandon Sanderson

 En plein désespoir livresque (oui, non, j'abuse, juste que je lis deux pavés et que j'ai l'impression de ne pas avancer dessus, mais y a en un en VO et l'autre est plutôt exigent), je me suis dis qu'un Sanderson ne pourrait que m'aider. Ca tombe bien, il est court, dans un univers qui ne peut que me plaire (mais qui remonte à loin la dernière fois que je l'ai croisé). Bref, il a été lu dans le week end et je suis repartie sur mes pavés.

Les Enfants de L'innommé, Brandon Sanderson

Editeur: Le livre de poche
Collection : Fanstasy
Année de parution : 2022
Titre en vo : Children of the Nameless
Année de parution en VO : 2018
Nombre de pages : 288

A lire si 
- Vous voulez une novella
- Vous connaissez Magic The Gathering (et si vous connaissez pas, c'est pas grave du tout, ça se lit tout aussi bien)

A ne pas lire si 
- Vous voulez quelque chose de long
- Vous voulez un protagoniste qui soit réellement un héros.

Présentation de l'éditeur : 

Les jumelles Tacenda et Willia sont à la fois bénies et maudites. La première est aveugle le jour et capable de repousser les créatures du mal par son chant ; la seconde, aveugle la nuit, est une épéiste inégalable. Fortes de leurs capacités hors du commun, elles protègent ensemble le village de Verlasen contre les attaques de monstres.
Mais une nuit, Tacenda est confrontée à des créatures inconnues face auxquelles son chant est sans effet. Le village est détruit, ses habitants massacrés, y compris Willia. Tacenda se tourne alors vers l’excentrique et mystérieux nouveau seigneur, Davriel Cane, puissant démonologue et amateur de thé, qui occupe depuis peu le manoir en marge du village. Ensemble, Tacenda et Davriel vont joindre leurs forces et leurs talents pour trouver la raison de la destruction de Verlasen, et tenter de ramener à la vie ses habitants.

Mon avis

Vous le savez, j'adore Sanderson. Je sais que lorsque j'ai un problème de lecture, que se soit une non envie de lire ou autre, je peux me jeter dessus pour que ça passe. En ce début d'année, c'est surtout que mes deux pavés acutels ne semblent pas du tout avancé et que je n'aime pas ça. Bref, j'ai pris les Enfants de l'Innommé dans ma PAL depuis peu et je me suis lancée, sachant qu'il ne me faudrait que deux soirées pour le lire (oui, je lis lentement en ce moment et comme je dors mal, je tente de me coucher plus tôt même le weekend). Effectivement, il fut vite lu et plutôt apprécié.

Comme je le disais, pour moi, l'univers de Magic the Gathering est très loin. Je n'y ai guère joué et lorsque ce fut le cas, c'était quand j'étais ado avec mes cousins. Il y plus de vingt ans donc (ça me rajeunit pas ce truc). Je n'en garde que peu de souvenir et je ne suis pas allée les récupérer pour autant. Je me suis dit que j'allais bien voir et puis, si je comprends rien, c'est pas grave, ce n'est que 280 pages. Il s'avère que Sanderson connait son boulot et a fait en sorte que même une personne ne connaissant pas le fameux jeux peut lire sa nouvelle. Sur ce point, c'est déjà fort bien. Ensuite, il arrive à nous faire entrer dans son propre univers, oubliant presque qu'il y en a un autre derrière, ce que j'apprécie encore plus. Parce qu'il a réussit à s'approprier le tout sans trop en faire.

Nous voilà dans les Abords, terres pas vraiment hospitalière non loin du Marais, une sorte d'entité que les villageois vénérent. Là, deux jumelles naissent à la fois bénis par le Marais et maudites. Tacenda est aveugle le jour mais grace aux Chants, elle est capable de repousser les créatures du mal. Willia est aveugle la nuit mais le jour, elle est une épéiste formidable. Forcément, elles se retrouvent à protéger leur village. Mais un jour le chant de Tacenda ne protège plus rien et les villageois massacrés. Ne reste plus qu'elle et sa douleur. Elle part tenter de se venger, pensant que le coupable n'est autre que Davriel Cane, le nouveau seigneur. Or, celui-ci semble bien plus préoccupé par ses siestes et son thé que par le vol des âmes des villageois. Il finit par se laisser convaincre d'enquêter sur le massacre du village. 

Alors, alors, comment vous dire que j'ai clairement adoré Davriel Cane ? L'homme est un puissant sorcier diaboliste. Il a une petite armée de diables et autres démons à son service et ne s'occupe de rien à part lui-même. Seuls lui importe sa sieste et ses infusions. Dandy n'ayant que faire de son entourage, il cache en fait un secret bien logé dans sa tête. A ses côtés, nous trouvons mademoiselle Eaumonte, démone de son état et intendante, Crunchgnar, son garde du corps et quelques autres démons. Les trois m'ont fait penser dans leurs intéractions à Stephen Leeds de Légion et à ses personnalités. Il y a la même dynamique entre eux que je trouve toujours aussi géniale (et du coup, je me relirais bien Légion moi dans pas longtemps). Avec eux, nous trouvons la jeune Tacenda, quinze ans, innocente et peut-être un peu trop naïve. Elle offre un parfait contrepoids à Davriel et Sanderson s'en sert parfaitement à mon gout. Mon seul problème avec elle ? L'histoire se déroule sur une nuit, et donc, sa malédiction n'est presque pas utilisée (par contre, j'ai beaucoup aimé la cause de la dite malédiction).

En suivant ces deux-là,, nous voilà donc sur une enquête qui va questionner la foi, mais aussi la recherche d'identité. Concernant la foi, c'est le moment où une connaissance en Magic peut être interessante à mon gout. Le Marais est donc une sorte de dieux qui se voit petit à petit mis au rébus par l'Eglise et ses anges. Or, une bonne partie des anges sont devenus fous quelques vingt ans plus tôt. Pourtant, dans les Abords, on continue de vénérer les deux et ce mélange de culte n'est pas tout à fait bien vu par certaines entités. On est loin d'une Eglise qui tente d'avoir la main mise (même si on s'en approche) et je trouve cela plutôt pas mal. Le Marais ne périclite pas autant qu'il le devrait vu la présence du prieuré et le fait que les deux religions cohabitent fait parti intégrante de l'intrigue. Quant à la recherche d'identité, pour tout dire, elle est très proche de la question de la foi pour Tacenda. Pour Davriel, c'est encore autre chose, puisqu'à presque cinquante piges, il s'est déjà à peu prés ce qu'il est et ce qu'il veut être (ou ne plus être) et je vous laisse le découvrir.

Au final, c'est une novella que j'ai beaucoup apprécié et que je relirais probablement quand je serais en manque d'inspiration livresque. C'est court, fort amusant à lire et bien écrit. Bref, une lecture parfaite pour quand ça veut pas. 

lundi 10 janvier 2022

Le sang des Elfes, Le Sorceleur, tome 3, Andrzej Sapkowski

 Entre le sorceleur et moi, c'est compliqué. J'ai apprécié pas mal de nouvelles, moins d'autres. J'ai parfois du mal avec certaines visions de l'auteur... A la fin du second tome, sachant qu'on allait quitté les nouvelles pour les romans, je me suis dis que j'allais continuer à la lui laisser sa chance. Voyons ce que ça a donné.

Le sang des Elfes, Le Sorceleur, tome 3, Andrzej Sapkowski

Editeur : Bragelonne
Collection : Fantasy
Année de parution : 2019
Titre en VO : Krew elfów 
Année de parution en VO : 1994
Format : AWZ

A lire si :
- Vous préférez les romans aux nouvelles
- Vous voulez savoir ce qu'il arrive à Ciri après qu'elle ait retrouvé Géralt

A ne pas lire si :
- Vous voulez un roman qui se finit vraiment
- Vous n'aimez pas les ellipses

Présentation de l'éditeur : 

Le royaume de Cintra a été entièrement détruit. Seule la petite princesse Ciri a survécu. Alors qu’elle tente de fuir la capitale, elle croise le chemin de Geralt de Riv. Pressentant chez l’enfant des dons exceptionnels, il la conduit à Kaer Morhen, l’antre des sorceleurs. Initiée aux arts magiques, Ciri y révèle bien vite sa véritable nature et l’ampleur de ses pouvoirs. Mais la princesse est en danger. Un mystérieux sorcier est à sa recherche. Il est prêt à tout pour s’emparer d’elle et n’hésitera pas à menacer les amis du sorceleur pour arriver à ses fins…

Mon avis

C'est pleine d'entrain que j'ai commence ce troisième tome. En plus, c'était sympa, on avait Jaskier dès le début et, moi, je l'aime bien le barde. On découvre rapidement que suite à Sodden et à sa bataille (cf tome deux donc), Nilffgaard est un peu bloqué, que Ciri a bien retrouvé Géralt et que forcément, il y a plein de personne qui recherche le Lionceaux de Cintra. Or le Sorceleur compte bien garder sous silence le fait que la jeune princesse a bel et bien survécu et se trouve avec lui. Pour ça, rien de mieux que de l'amener à Kaer Morhen, demeure des Sorceleurs. Malheureusement, Ciri souffre d'étranges cauchemars et semble capable de prophétiser. Pour l'aider, il fait venir Triss Merigold. La magicienne accepte sous plusieurs conditions, dont l'une est de donner à l'enfant une enfance à peu prés normale auprès d'autres jeunes gens de son âge. C'est ainsi que Ciri va aller chez Nenneke (qu'on a déjà vu dans le tome un) où elle sera rejointe par la suite par Yennefer qui lui apprend les arts magiques. Pendant ce temps, Géralt, lui brouille les pistes et part à la recherche de ce qui en veulent à sa filleule (oui, revoilà les résumés ultra mal foutus...)

Le livre se compose de sept chapitres qui, bien que relié, pourrait parfaitement faire sept nouvelles. Et déjà, sur ce point, ça m'ennuie un tout petit peu. Je m'explique. Je m'attendais à un roman. Oui, le sang des Elfes en est un, puisqu'il raconte une histoire complète. Par contre, il n'y a presque aucun rapport entre les divers chapitres, l'auteur usant d'ellipse temporelle parfois un peu trop grande. Ainsi, Sapkowski arrive à diviser son histoire en sept plus petites, les unes lièes au autres par Ciri et Géralt. Là où ça m'ennuie, c'est vraiment que j'ai eu l'impression de ne pas avoir de roman fini. On a sept parties avec début, développement, fin mais ce schéma est manquant dans le roman lui-même. Je n'ai pas eu de vrai fin. Du coup, je reste justement sur ma faim avec une impression de truc complètement incomplet. Alors, oui, je sais, le tome suivant devrait continuer ce qu'il se passe, mais tout de même, j'aurais apprécié une vraie fin, et non la fin du dernier chapitre/nouvelle.

Mais si on oublie ce point là, je dois avouer que j'ai plutôt apprécié. J'aime beaucoup le personnage de Ciri, cette petite princesse qui va devoir apprendre à se battre (dans tous les sens du terme) pour rester en vie. Elle est passée de son cocon doré de Cintra à la guerre pour arriver ensuite à Kaer Morhen où elle va apprendre à être plus forte pour survivre. Alors, oui, Ciri se trompe souvent, sa colère la portant énormement et ne sachant pas trop où la diriger, oui, elle est parfois capricieuse. Mais Ciri écoute et apprend. Il faut dire qu'elle a plutôt de bon professeur avec Géralt, Triss et Yennefer. On la voit évoluer dans ce tome et c'est plutôt bien foutu. Surtout on commence vraiment à deviner les liens qui vont l'unir aux divers personnages, ce qui m'intéresse toujours beaucoup. Elle est le lien entre plusieurs d'entre eux, peut-être plus que la plupart ne le pense (après tout, Géralt et Yen ont déjà un lien fort, tout comme ils peuvent en avoir un avec Triss ou Jaskier). Il est intéressant aussi de suivre, même si c'est pour un temps assez court cette chère Yennefer qui se révèle bien plus humaine qu'elle ne l'est d'habitude. Il faut dire que Ciri a un don pour voir la vraie nature des gens. 

Par contre, je suis légèrement déçue du traitement de Géralt qui finalement n'avance pas beaucoup. Oui, les chapitres où on le voit font avancer l'histoire puisqu'on découvre les Ecureuils, bande organisée Elfiques qui sévissent sur les routes et dans les forêts, offrant une menace plus proche que les nilffgaardiens, toujours bloqués, ou encore Rience, magicien qui semble en avoir après Ciri pour une raison qu'on ne connait pas vraiment jusque là. Bien entendu, tout cela a un impact sur ce qu'il se passe du côté de Ciri (qui finalement pourrait être la véritable protagoniste de toute cette histoire) mais finalement bien peu sur Géralt lui-même. En réalité, il reste toujours aussi égal à lui-même et avance seulement parce qu'il le faut. C'est assez frustrant finalement de son côté.

Bref, vous l'aurez compris, je suis encore mitigée sur ma lecture du Sorceleur. Je n'arrive toujours pas à savoir si j'aime ou non. C'est étrange comme sensation, surtout que je me dis que je lirais bien le quatrième tome histoire de voir où l'on va. Or, cela fait déjà trois tome que je me dis la même chose. J'accroche beaucoup avec les personnages, j'ai plus de mal avec certains passages (et que dire des moments légèrement sexiste de l'auteur qui arrivent parfois un peu trop souvent même après avoir sorti une tirade pro tolérance voir même quasi féministe). Je suis dubitative donc. Peut-être vais-je donc continuer. C'est à voir.

vendredi 7 janvier 2022

Le Faiseur de Rêves, Laini Taylor

 J'ai ce roman dans ma PAL depuis un petit moment, comme beaucoup d'ailleurs. J'étais intriguée par sa belle couverture et son résumé mais je ne trouvais pas forcément le moment de le lire. Bref, je me suis forcée à le mettre dans ma PAL de décembre (dont je n'ai finalement lu qu'un livre en décembre... mais passons).

Le Faiseur de Rêves, Laini Taylor

Editeur : Gallimard jeunesse
Collection : Pole fiction
Année de parution : 2020
Titre en VO : Strange the Dreamer
Année de parution en VO : 2017
Nombre de pages : 736

A lire si : 
- Vous aimez les livres oniriques
- Vous aimez les papillons de nuit

A ne pas lire si 
- Vous ne voulez pas d'un texte trop contemplatif

Présentation de l'éditeur 

C'est le rêve qui choisit le rêveur, et non l'inverse...
Il est une ville, au centre du désert, où nul n'a le droit de se rendre sous peine de mort. De ses entrailles sortaient autrefois d'interminables caravanes chargées de trésors mais, depuis deux cents ans, la cité est coupée du reste du monde... Pire encore, un soir d'hiver, le nom de ce lieu de légende s'évanouit en un clin d'œil de la mémoire de tous – Lazlo Lestrange, orphelin de cinq ans à peine, ne fait pas exception à la règle. Frappé au cœur, le petit garçon restera irrémédiablement fasciné par cette énigme.

Mon avis

J'ai une passion dévorante pour tout ce qui touche aux Rêves. C'est quelque chose de tellement surprenant, mystique, aléatoire etc que ça m'intrigue toujours énormément. J'aime voir comment les divers auteurs s'en servent. Alors, oui, forcément, entre le titre et la première phrase de la quatrième de couverture, je ne pouvais que plonger dans le Faiseur de Rêves.

Après un prologue très poétique mais qui aurait mérité un petit trigger warning pour moi, nous entrons dans l'histoire de Lazlo Lestrange, jeune orphelin recueillit dans une abbaye. Le garçon grandit avec une véritable obsession pour une cité éloignée. Lorsqu'un soir le nom de la cité disparait de tous livres et mémoires, le garçon se trouve complétement dépourvu. Son obsession grandit alors, aidant en cela par son apprentissage à la bibliothèque de Zosma. Lorsque une délégation de la Citée perdue se présente à Zosma pour y recruter plusieurs scientifiques, Lazlo réussit, grâce à ses connaissances et beaucoup de chance aussi, à partir avec eux. Ce qu'il va découvrir là-bas va changer toute sa vision du monde et de sa propre vie...

Laini Taylor part d'un schéma plutôt classique en fantasy (pas que jeunesse), à savoir le jeune orphelin qui va partir en quête et découvrir sa véritable identité. Elle y ajoute une cité maudite, des dieux assassinés, des enfants reniés et cachés, pas mal de secret et des rêves donc. Elle a mélangé le tout avec habilité pour en faire ce roman. Ainsi, on ne suit pas uniquement Lazlo mais aussi la jeune Sarai, rejeton des Dieux de la Cité perdue. Et pour tout vous dire, c'est cette partie-là qui m'a, personnellement plus intéressé. Lazlo est sur une quête identitaire et iniatique. Il cherche à comprendre ce qu'il se passe dans la Cité mais aussi pour lui. C'est intéressant pour son parcours et pour comprendre qui il est, à savoir un rêveur. Mais là où nous lecteur, en apprenons vraiment le plus, c'est dès que l'autrice se penche sur les rejetons des Dieux, cinq jeunes gens habitant dans la citadelle qui surplombe la ville. En suivant, Sarai, la Muse des Cauchemars, on va découvrir ce qu'il s'est passé quinze ans plus tôt et les conséquences que cela a sur elle, ses compagnons et aussi sur la ville. Or, c'est réellement une partie qui m'a interessé. Déjà parce que ça fait parti du mystère que Lazlo tente de percer depuis qu'il est enfant, ensuite parce que c'est vu du côté des survivants.

Sarai, Mésange, Rubis, Fauve et Minya auraient dû mourir quinze ans plus tôt. Cachée par Minya à cette époque, ils ont survécu sans jamais se faire voir des habitants de la Cité. Habitants tout prêt à les tuer comme cela a été fait pour les Dieux et leurs autres rejetons. Ils ont une vision faussée de ce qu'il peut se passer en bas. Tout comme d'ailleurs Lazlo aura aussi une visio faussée de la citadelle (qu'il pense vide à la base). Minya voue une haine sans limite aux habitants de la cité, ce qui se comprend d'ailleurs. Sarai, elle, capable de descendre dans la ville sous forme de papillon de nuit et d'entrer dans les rêves des gens (pour en faire des cauchemars sur les ordres de Minya). Elle commence à se rebeller contre sa sœur, comprenant de moins en moins pourquoi elle doit tourmenter les hommes. L'arrivée de Lazlo et des autres émissaires va changer beaucoup de chose pour elle, surtout quand elle va découvrir que Lazlo est capable de la voir. A partir de ce moment, les deux jeunes gens vont pouvoir mettre en commun ce qu'ils savent de leur monde respectif. On découvre alors réellement toute l'étendu de l'univers du Faiseur de Rêves que j'ai grandement apprécié.

Avec des thèmes comme le rêve, la recherche d'identité, la rancœur, la vengeance et une infime partie de religion, le roman a donc, de base, tout pour me plaire. On peut y ajouter une certaine poésie dans son déroulé (surtout quand on se retrouve dans les rêves de Sarai ou Lazlo) et pas mal de nostalgie aussi. Laini Taylor est une conteuse et on le ressent ben ici. Dans mon édition, au niveau de sa présentation, elle est comparée à Neil Gaiman. J'avoue que je suis assez d'accord pour le côté conteur justement. Par contre, j'aurais tendance à la voir dans la même "catégorie" qu'Erin Morgenstern sur ce roman. Lui et le Cirque des Rêves ont pas mal en commun, je trouve. 

Au final, j'ai beaucoup aimé. Je me suis rapidement laissé embarqué dans cette histoire, suivant les papillons de Sarai (d'ailleurs, j'ai pas arrêté de dessiner des Sphynx tête de mort depuis le début de ma lecture)(j'aime bien dessiner les insectes en fait, j'ai fait pareil l'année dernière avec les abeilles après ma lecture de la Mer sans Etoile). J'ai très envie de connaitre la suite de l'histoire, et cela même si je trouve que le Faiseur de Rêves pourrait faire un très bon one-shot. 

lundi 3 janvier 2022

The true life of the fabulous Killjoys : California, Gerard Way, Shaun Simon, Becky Cloonan

Avant toute chose, bonne année à vous et tous mes voeux.
Cette année, on attaque la dixième année d'existence du blog (purée, déjà) et j'avoue en être très très fière (et contente). J'aurais pas cru tenir aussi longtemps. Mais je pense qu'on en reparlera en février (sauf si j'oublie d'ici là, ce qui est fort possible). 
En attendant, passons déjà dans le vif du sujet (vous savez que ça fait un moment que je ne fais plus d'article bilan par ici) et parlons donc de ce comic juste génial qu'est the True life of the fabulous Killjoys et de l'univers qui va avec (attention, je ne vais pas du tout être objective, pour pas changer).

The true life of the fabulous Killjoys : California, Gerard Way, Shaun Simon, Becky Cloonan

Editeur : Dark Horse
Collection : 
Année de parution : 2020 
Nombre de pages : 232

A lire si : 
- Vous aimez l'album Danger Days de My Chemical Romance
- Vous voulez un comic punk et dystopique

A ne pas lire si :
-

Présentation de l'éditeur : 

Years ago, the Killjoys fought against the tyrannical megacorporation Better Living Industries, costing them their lives, save for one--the mysterious Girl. Today, the followers of the original Killjoys languish in the Desert while BLI systematically strips citizens of their individuality. As the fight for freedom fades, it's left to the Girl to take up the mantle and bring down the fearsome BLI!

Mon avis

Parler de ce comic sans parler de Danger Days : The true lives of the fabulous killjoys de My Chemical Romance est quasi impossible, même si en vrai, ça peut le faire. Mais les deux sont tellement liés l'un à l'autre que franchement, ne pas en parler serait tellement dommage. J'ai connu l'existence du comic grace à l'album et aux clips. J'ai tellement aimé le visuel et l'histoire que raconte cet album que je voulais savoir s'il y a avait plus. Et effectivement, plus, il y a. Il y a d'abord ce comic-ci, comportant 6 chapitres et se passant après Danger Days, et un autre, National Anthem, se passant bien avant (que j'ai prévu de m'acheter dans l'année si tout va bien, probablement à mon anniversaire). 


Gerard Way et Shaun Simon ont imaginé the Killjoys voilà déjà pas mal d'année, vers 2008 environ. Il faudra attendre 2010 et le clip de Na Na Na (Na Na Na Na Na Na Na Na) pour en avoir un premier visuel, viendra ensuite celui de Sing. L'album et les clips nous racontent une partie de l'histoire des Fabulous Four et de the Girl, la fillette qui se trouve sous leur protection. A la fin du clip de Sing, nous assistons à la fin des Killjoys et à la fuite de the Girl. A cet instant là, nous connaissons finalement peu l'univers. On a une entreprise, BLI, qui a prit le contrôle de Battery City et qui force les habitants à l'obéissance, des draculoids (les personnages en blanc avec un masque de vampire) qui font régner la loi et les Killjoys qui se battent contre tout ça. 

Le comic se passe plusieurs années plus tard, probablement une dizaine je dirais. On retrouve the Girl vivant seule avec un chat noir dans le désert. Elle va rencontrer les Ultra V's, une bande de jeune gens voulant se montrer à la hauteur de leurs illustres ainés, les Fabulous Four. Menés par Val Velocity, ces nouveaux Killjoys accueillent la jeune fille et partent à l'assaut de Battery City, espérant réussir à contrer BLI. En parallèle, nous suivons Blue et Red, deux porno-droid vivant dans Bat City. Blue tente le tout pour le tout pour trouver un remède pour Red. N'y arrivant pas (merci l'administration pourrie), les deux vont faire en sorte de contrôler leur destinée. 


Bon là, forcément, je résume à mort. Parce qu'il se passe beaucoup de chose dans ces six chapitres, et ça, que ce soit côté the Girl ou côté Blue. Les deux permettent de vraiment découvrir tout l'univers Killjoys. Avec la première, on plonge réellement du côté des Killjoys, ces bandes de jeunes qui s'opposent à BLI et qui vivent dans le désert. On découvre des personnages sortant à peine de l'adolescence, en complète révolte et luttant aussi bien à grand coup de ray gun qu'en écoutant de la musique interdite et en faisant la fête. Le côté punk est totalement assumé et fait un bien fou dans l'univers très froid de la ville. Une ville que l'on découvre donc avec Blue et Red. Là-bas, règne en mettre BLI, entreprise qui veut donner aux gens la meilleure vie possible, sans stress, sans problème... Mais pour cela, elle bannit tout ce qui est sentiment, musiques ou couleurs. Tout est régit par BLI et si quelqu'un se rebelle, gare à lui. Les deux porno-droid vont fuir la ville, ou du moins essayer, afin de pouvoir contrôler leur vie et plus vraisemblablement leur mort. Finalement, que se soit d'un côté ou d'un autre, on se retrouve avec plus ou moins les mêmes thèmes, la liberté, sa recherche, le combat contre un régime oppressif mais aussi ce que le passé nous apporte et comment s'en servir sans toutefois faire les mêmes erreurs. 

Forcément, les personnages font beaucoup dans le comic. Les auteurs ont décidé de ne pas se cantonner à la fille sans nom qui doit/peut sauver le monde ou aux deux droides. Non. Ils mettent en avant un Val Velocity dont la paranoia va croissante et va le pousser à faire quelque chose d'inexcusable, Vamos et Vaya (que j'imagine jumeaux mais en fait, on n'en sait rien) qui sont tous les deux les deux non-binaires, un couple lesbien (Red et Blue), un autre homosexuel, un personnage en fauteuil roulant (dr Death Defying) etc... On avait déjà un aperçu de cette diversité dans les clips (le personne de Party Poison, incarné par Way, est non binaire, on voit Death Defying etc...).  Cette représentation des minorités fait tout autant parti du récit que le reste (encore plus pour Korse, l'antagoniste des Fabulous Four que l'on va aussi suivre ici). Rien n'est fait au hasard, et surtout pas les personnages.

Le tout est mis en valeur par le travail de Becky Cloonan. Elle s'occupe du dessin et de la colo ici et c'est juste magnifique. Je suis vraiment fan de son boulot. Elle arrive à mettre en valeur tout l'univers créé par Simon et Way. Je peux passer des heures à regarder ses cases (et à m'en inspirer pour dessiner aussi parfois). D'ailleurs, toute cette édition est superbe. Entre le rose bien flash à l'intérieur, les entêtes de chapitres barrés par des phrases cultes du comic etc... C'est vraiment un objet qui me met de bonne humour (et malgré sa couverture quelque peu morbide quand même). De plus, j'ai (forcément diront certain) prit l'édition augmenté de croquis, explication et couvertures alternatives (on en retrouve par exemple de Gabriel Bà, le compère de Way pour Umbrella Academy). J'adore ce genre de bonus.

Au final, j'ai beaucoup beaucoup aimé (mais je pense que vous l'avez compris). Je suis clairement totalement fan de l'univers et j'adorerai le voir en film ou en série (ça donnerait un truc génial, à la fois punk, kitch et SF, je l'imagine de là, à l'image des clips). C'est une histoire qui se laisse vraiment lire, prenante, pleine de rebondissements et vraiment géniale (non je ne suis pas objective). C'est une oeuvre qui me donne envie de vous dire "Punk's not dead !"