mercredi 27 mai 2020

Le Régiment Monstrueux, les Annales du Disque-Monde, tome 29

Que serait un challenge fantasy sans le maître de la fantasy anglaise ? Il me fallait bien mettre au moins un livre de Terry Pratchett dans ma PAL pour le mois de la fantasy (j'aurais pu en mettre autant qu'il y a de catégorie en fait, ça aurait été cool aussi)(mais je n'y pense que maintenant, c'est dommage). Aujourd'hui, on part donc en Borogravie à la suite d'un régiment un peu particulier.

Le Régiment Monstrueux, les Annales du Disque-Monde, tome 29

Editeur : Pocket
Collection : Fantasy
Année de parution : 2012
Titre en VO : Monstrous Regiment
Année de parution en VO : 2003
Nombre de pages : 511

A lire si :

- Vous aimez l'humour anglais
- Vous avez envie d'avoir des héros qui ne se laissent pas marcher sur les pieds

A ne pas lire si :

- Vous êtes un gros macho ou vous êtes resté coincé des siècles en arrière.


Présentation de l'éditeur : 

Le frère de Margot Barrette est parti au front et ne donne plus aucune nouvelles. Qu'à cela ne tienne, la jeune femme se déguise en homme et s'engage dans l'armée. Ce qui brave tous les interdits de son pays, la Borogravie, où les femmes n'ont même pas le droit de porter des pantalons... Voilà Margot plongée en pleine guerre, entourée par de nouvelles recrues tout aussi inexpérimentées qu'elle - dont un vampire, un troll et Igor - sous la houlette d'un caporal sadique. Ce monstrueux régiment saura-t-il vaincre l'ennemi ?

Challenge mois de la fantasy

Le régiment monstrueux entre dans les catégories suivantes : 
- La fureur de Smaug, avec le troll et le vampire
- Dame Arwen puisque Margot est l'héroïne de cette aventure, et qu'elle n'est pas la seule.
- Tolkien, roi de la fantasy, Pratchett et n'importe laquelle de ses annales sont des incontournables
- Du Hobbit au SdA, les Annales, c'est pas moins de 35 tomes quand même (et il ne m'en manque plus que huit)
- Oh Gandalf, ça doit bien faire deux ans qu'il est dans ma PAL lui (comme j'essaie de lire les annales dans l'ordre de parution, les dernières restent souvent longtemps dans ma PAL)

Mon avis

Comme je le disais, j'ai ce Régiment Monstrueux depuis bien longtemps dans ma PAL. Je comptais pouvoir trouver et lire Procrastination et Ronde de Nuit avant de le lire (les deux ne sont pas encore sur mes étagères donc, mais comme j'ai lu La Vérité il n'y a pas si longtemps que ça (un an quoi), ça me paraissait normal). Enfin, vous me direz, ce n'est pas bien grave, le Régiment Monstrueux ne fait pas partie de l'une des "sous-séries" des Annales (malgré la présence de Vimaire et de quelques agents du guet)(une présence presque anecdotique en fait). Bref, il s'intégrait trop bien dans le mois de la fantasy pour ne pas le lire (et puis Pratchett me manquait). 

Margot Barrette a tout prévu. Elle a observé, s'est entrainée, a coupé ses cheveux puis enfilé les vêtements de son frère. Elle est prête à affronter le monde sous les traits d'Olivier Barrette et à retrouver Paul, son frère ainé. Sans lui, elle ne pourra jamais reprendre la succession de son père et perdra la Duchesse, l'auberge familiale. Alors, elle se lance dans la plus grande aventure de sa jeune vie. Elle devient un homme, s'enrôle dans l'armée et part à la recherche de Paul. Tout cela contre l'avis de Nuggan, le dieu de la Borogravie, qui a ordonné que les femmes vêtues en pantalon ne sont que des abominations (comme les puzzles, les cailloux et bien d'autre chose d'ailleurs). Elle ne se doute pas une seconde qu'elle n'est pas la seule dans ce cas et qu'elle et ses compagnons vont changer le court de la guerre.

Il va être compliqué de parler du Régiment sans spoiler. En même temps, si comme moi, vous avez l'édition de chez Pocket, la couverture le fait pour moi. Donc, bon, allons-y. Cette fois, Pratchett s'attaque à pas mal de chose. La place des femmes dans la société, la guerre, la propagande sont les thèmes principaux de ce tome. Comme toujours, il fait ça avec son humour si particulier mais de manière fort intelligente. Si la quatrième de couverture m'avait laissé de marbre face à ce que j'allais lire, les quelques premières pages m'ont vite fait comprendre que j'avais une pépite sous les mains (bon ça arrive souvent avec Pratchett). 

Pour faire passer son message, il utilise le bon vieux trope de la femme déguisée en homme parce qu'il lui est interdit de faire telle ou telle chose en tant que femme. Et, il l'exagère le plus possible. Ainsi, si le lecteur pense au départ que seule Margot se déguise, il va rapidement se rendre que ce n'est pas le cas. Quasiment toutes les recrues de son escouade sont des femmes. Et elles ne comptent pas faire figuration. Dès le départ, elles mettent en déroute l'ennemi et continuent sur leur lancée. Aidées par le sergent Jackrum, une légende vivante quelque peu étrange, et du lieutenant Blouse, jeune homme pas très doué avec une arme à la main, elles vont arriver jusqu'à la ligne de front et découvrir qu'on leur ment depuis le début. Car l'armée borograve ne gagne pas. C'est même plutôt l'inverse. Nuggan, leur dieu, les a abandonné, l'Alliance retient prisonniers le plus gros des troupes, dont l'état-majeur. Rien ne va plus. 

Le Régiment Monstrueux est donc une histoire de femmes. Des femmes qui se battent en ce qu'elles croient, qui veulent échapper à un destin qui n'est pas le leur, qui surpasse la place où on aimerait bien les mettre. Alors, oui, elles sont dans l'obligation de se déguiser en homme pour ça. Mais leur plus grande réussite ne se trouve pas dans ce qu'elles font lorsqu'elles portent le pantalon. Elles restent des femmes avant tout. Et surtout, elle se montre plus déterminées que les hommes dans bien des domaines. J'ai apprécié que Pratchett nous fournisse plusieurs profils de ses dames. On a Margot, personnage principal qui se rend compte que sa place n'est pas là où elle le pensait, Biroute et l'Asperge, qui sortent de maison de rééducation, tout comme Pignole qui, elle, entend la Duchesse dans sa tête (elle a un petit côté Jeanne d'Arc pour ça), Igorina qui veut prouver que les femmes font d'aussi bon Igor (chirurgien) que les hommes, Chouffe partit chercher le père de son futur enfant... Chacune a un rêve, une aspiration, qui est bloqué par les idées qu'à mis Nuggan dans la tête de ses fidèles. Dans leur pays ultra patriarcal (qui portant ne croit plus qu'en la Duchesse(mais ça donne un aperçu de l'une des révélations finalement)), elles doivent apprendre à se faire de la place. Une place égale à celle des hommes. Ça passe donc par l'armée, ce qui va permettre à l'auteur de mettre un petit coup au nationalisme et surtout à la propagande qui va avec. Et sur ce dernier point, il est plutôt fort, notre Pratchett d'ailleurs. C'est un aspect que j'ai assez apprécié, et que j'ai trouvé particulièrement moderne en fait. Encore plus avec l'arrivée de Guillaume des Mots (que l'on a découvert avec la Vérité) et de sa presse. Forcément, à une époque où les médias sont capables de faire la pluie et le beau temps, il fallait bien mettre ce cher des Mots de la partie (et ça fonctionne tellement bien).

Ce livre est quand même ultra compliqué à chronique sans tout divulgacher (et j'en ai finalement beaucoup dit, je trouve). Il est assez complexe tout en restant une parfaite satyre humoristique comme savait si bien le faire Pratchett (vous ne savez pas à quel point cet homme, que je n'ai jamais connu personnellement, me manque). Du coup, je vais m'arrêter là. Et pour vous donner envie de le lire, je vais faire un truc que je ne pense jamais à faire ici, c'est posté deux extraits (je le fais plus souvent dans les stories de mon compte instagram, si ça vous intéresse) :

"Oublies qui tu étais Margot. Pense que tu es un jeune homme, voilà l'important. Pète bruyamment avec la satisfaction d'avoir fait du bon travail, déplace-toi comme une marionnette dont on aurait coupé deux fils au hasard, ne serre jamais personne dans tes bras et, si tu croises un copain, flanque-lui un coup de poing. Quelques années à servir au bar lui avaient donnée matière à observer. Aucun souci pour se retenir de balancer les hanches, au moins. Là non plus, la nature n'avait pas été généreuse.
 Et puis, il fallait maitriser la démarche du jeune mâle. Au moins, les filles ne balançaient que les hanches. Les gars, eux, balançaient tout ce qu'ils avaient en dessous des épaules. Tu dois t'arranger pour occuper beaucoup d'espace, se dit-elle. Ca te donne l'air important, comme un matou qui s'ébouriffe la queue. Elle avait beaucoup vu ça à l'auberge. Les gars voulaient passer pour des gros bras en réaction de défense contre tous les autres costauds. Je suis mauvais, je suis féroce, je n'ai pas froid aux yeux, je voudrais un grand panaché et ma mère m'a demandé de rentrer à neuf heures..." 

"-D'être de mauvaises filles, dit Biroute. Qui serait dupe, mon commandant ? L'ennemi voulait se débarrasser tranquillement de nous, et le général veut la même chose. C'est ça l'ennui avec les gars gentils et les gars méchants. Ce sont tous des gars !
-Est-ce qu'on aurait eu des médailles si on avait été des hommes ? demanda Chouffe.
-Ouaip. Certainement. Et Blouse aurait reçu une promotion sur le champ, j'imagine. Mais nous sommes pour l'instant en guerre, et ce n'est peut-être pas le bon moment...
-... de remercier une bande de femmes abominables, suggéra Margot."


vendredi 22 mai 2020

Le coeur de l'hiver, La Roue du Temps, tome 17, Robert Jordan

Je suis sûre que ça vous avez manqué de ne plus voir de post sur la Roue du Temps depuis 2017. Il faut dire que j'étais un peu échaudée du fait que la traduction chez Bragelonne n'avance pas à l'allure que j'aurais voulu moi (mais je comprends parfaitement que ce soit long, le traducteur ne fait peut-être pas que ça). Mais avec l'annonce de la parution du tome 10 en GF (et donc en non coupé) chez Bragelonne (ce qui correspond aux tome 19 et 20 dans les anciennes trad), je m'y remets. Il ne reste plus qu'un tome déjà traduit à retraduire et puis, enfin, les trois derniers, ceux que nous n'avons pas eu la chance d'avoir encore.

Le coeur de l'hiver, La Roue du Temps, tome 17, Robert Jordan

Editeur : France Loisir
Collection : Fantasy
Année de parution : 2009 
Titre en VO : Winter's Heart, The Wheel of Time, Book 9
Année de parution en VO : 2000 (déjà 20 ans et on a toujours pas la fin en VF)(oui, je râle toujours un max sur ce fait)
Nombre de pages : 520

A lire si :
- Vous avez aimé les premiers tomes
- Vous aimez les séries à rallonge
- Vous aimez vous perdre avec beaucoup de personnages

A ne pas lire si 
- Vous n'aimez pas avoir tous vos personnages dispersés un peu partout dans le monde

Présentation de l'éditeur :

Rand al'Thor a fui Cairhien avec Min après avoir échappé à un assassinat. Mais plus grave encore, il subit l'influence du Ténébreux qui a perverti le saidin. Il se met alors en quête de Dashiva et de ses renégats pour les supprimer. De son côté, Perrin apprend que sa femme, Faile, ainsi que la reine Alliandre et Maighdin ont été capturées et emmenées par le Shaido de Sevanna.

Challenge mois de la fantasy

La Roue du Temps ne peut que s'inscrire dans ce challenge et elle s'y retrouve dans plusieurs catégories (à peu de chose près, j'ai le bingo avec ce tome)( pas de fureur de Smaug avec lui, mais ça aurait pu vous qu'on trouve des créatures fantastiques dans d'autres tomes de la série) : 
- Dame Arwen, avec ses héroïnes. On retrouve dans ce tome Elayne, Nynaeve et Aviendha
- Tolkien, roi de la fantasy, et je suppose que vous voyez très bien pourquoi
- Peter Jackson, outre le comic (que j'ai très envie de me procurer), il y aura bientôt une série (sur Amazon Prime normalement, mais pas avant l'année prochaine si ce n'est plus)
- Du hobbit au SdA, avec ces treize tomes en VO (et bien plus en VF à cause de l'ancienne trad et des éditions de poche)(Bragelonne, pas merci d'avoir fait ça)
- Oh Gandalf, même s'il s'agit d'une relecture, je rappelle que ça fait trois ans que j'attendais de le lire
- Un anneau pour les gouverner tous, des artefacts, il y en a trois tonnes
- Galadriel, la magie est partout dans le roman
- Une relecture

Mon avis

Si vous êtes nouveau par ici, ou si vous avez oublié, je fais surtout des résumés des tomes par ici. La Roue du Temps est une saga au long court et comme je peux mettre des années entre deux tomes, c'est préférable pour tout le monde (et surtout pour moi) de me souvenir où j'en suis. D'ailleurs, pour ceux qui veulent avoir les résumés de tous les tomes (je laisse tout de même un peu de suspense, ce ne sont pas des résumés complet la plupart du temps), suivez le chemin en cliquant sur Jordan dans les tags. C'est d'ailleurs ce que j'ai fait avant de commencer ma lecture en lisant les posts des trois tomes précédents (quoique je n'en avais pas si besoin que ça vu le nombre de lectures de tous ces tomes).

On commence le tome tranquillement avec un prologue de pas moins de 128 pages. Dedans, on retrouve Elayne, Rand et quelques Aes Sedai. Puis, on entre enfin dans le vif du sujet. Avec Perrin. Vous le savez, ce n'est pas mon personnage préféré depuis plusieurs tomes (en fait, depuis que Faile est avec lui à peu prés, avant je l'aimais bien). Faile a été enlevé par les Shaidos avec Alliandre et Maighdin et le jeune homme s'en veut énormément puisque, pour lui, c'est de sa faute, vu qu'il était pas là mais en train d'essayer de convaincre le Prophète de rejoindre Rand. Bon, autant dire que ce ne sont pas les passages qui m'ont le plus intéressés, surtout qu'au final, sauf dans le chapitre du point de vue de Faile, il ne se passe pas grand chose. Le camp est en attende (pour changer...), Perrin doute, s'en veut, ne bouge pas autant qu'il le devrait, et finalement, il se décidera de suivre la piste des Shaidos. Les chapitres de Perrin me semblent toujours duré des heures et des heures. Vivement qu'on avance un peu avec lui quand même (et plus particulièrement avec Faile qui devient enfin un peu plus interessante).  Avec un peu de chance, ça ira mieux par la suite (puisqu'il va arrêter d'attendre et qu'il va enfin se mettre un peu à l'action)

Dans le même temps, Elayne se trouve en Andor, dans le palais de sa mère et tente de démêler les fils pour réussir à mettre la couronne de Morgase sur sa tête. Le truc de bien avec Elayne, c'est qu'elle est toujours au milieu de plusieurs complots. Elaida veut toujours la ramener à la Tour, les nobles andorans complotent pour savoir qui ira sur le trône, Rand ne l'aide pas en proclamant qu'il va la mettre elle dessus, les femmes du peuple de la mer et celles de la famille veulent à tout prix qu'elle fasse ce qu'elles veulent et j'en passe... Du coup, même si on a l'impression qu'il ne se passe pas grand chose niveau action autour d'elle, on est servi en complot et autres. D'ailleurs, si Perrin passe son temps à attendre, elle, elle passe sont temps à bouillir d'impatience. Et il se passe plein de chose durant ses chapitres. Ainsi, elle va se lier à Aviendha comme première-soeur, elle va échapper de justesse à un attentat et mettre en place quelques plans pour la succession. Le seul défaut de ses passages ? Elayne reste parfois insupportable. Heureusement que Birgitte vient régulièrement lui remettre les points sur les i (j'aime Birgitte)

Enfin, on passe à Rand. Depuis quelques tomes, le saidin lui fait des siennes. Il va de plus en plus mal psychologiquement et cela commence à se voir dans ses manières de penser. Sauf qu'il sait quoi faire pour tenter de s'en sortir. Et pour ça, il a besoin de Nynaeve. C'est ainsi qu'il se retrouve avec Min au Palais d'Andor. S'il arrive à convaincre Nynaeve de l'aider, il tombe aussi entre les mains d'Elayne, Aviendha et Min. Rand et ses femmes, ce sont généralement des passages que je trouve mièvre à souhait (de toute façon, Jordan a toujours eu du mal avec les romances, il a tendance à rendre ses personnages amoureux complètement couillons)(les déclarations de quatre jeunes gens sont à mourir de rire quand même). Ce passage marque surtout l'un des évènements qui devrait s'avérer important par la suite, à savoir le liage de Rand aux trois jeunes femmes (puis la scène la plus gênante du truc, où il va se retrouver avec Elayne et les autres vont tout ressentir)(même Birgitte par son lien avec Elayne, et Alanna par celui avec Rand).

Et puis, pour finir, on retrouve Mat, sur un seul chapitre. J'ai râlé très fort. Et puis je me suis souvenue que si on le voyait si peu ici, ça allait vouloir dire qu'on va l'avoir bien plus souvent dans le tome suivant. D'ailleurs, juste avant son chapitre, on assiste à l'arrivée d'un personnage important côté Seancheans et j'ai très hâte de lire la suite là dessus aussi.

Ce tome n'est pas forcément un des tomes où on avance le plus vers la bataille finale mais il commence à montrer un petit vent de changement chez nos héros. Perrin va enfin se décider à faire autre chose qu'attendre, Elayne se met un peu plus en branle pour récupérer le trône de sa mère et Rand cherche un moyen de ne plus souffrir du saidin (et le trouve mais ne le met pas encore en oeuvre, ça va venir). C'est particulièrement agréable. Les intrigues se font toujours aussi nombreuses, tout comme les divers complots. Ça manque peut-être un peu de bataille, de Mat et de Nynaeve à mon gout mais ça va venir.

Au final, comme toujours, c'est un vrai plaisir de retrouver la Roue du Temps et ses personnages. C'est marrant, ça va faire presque vingt ans que je lis et relis cette saga et je ne m'en lasse toujours pas. Même si je connais le déroulement de l'aventure, j'arrive toujours à être surprise par mes lectures. Je suis persuadée que ça sera toujours le cas dans dix ans ou dans vingt (et j'avertis déjà que le jour où j'ai tous les tomes en main, je me refais une relecture complète de la série)(ou comment me perdre pendant plusieurs mois :) ).




jeudi 21 mai 2020

Anasterry, Les Rhéteurs, tome 1, Isabelle Bauthian

On continue tranquillement le challenge du mois de la fantasy avec cet ebook chopé lors de ConfinementLecture. C'est une découverte fort sympathique d'ailleurs qui me donne envie de récupérer le second tome (qui est d'ailleurs indépendant)

Anasterry, Les Rhéteurs, tome 1, Isabelle Bauthian

Editeur : ActuSF
Collection :Bad Wolf
Année de parution : 2016
Format : Mobi

A lire si
- Vous aimez les complots
- Vous voulez de belles joutes orales

A ne pas lire si :
- Vous n'aimez pas être direct plongés dans un univers dont vous ne comprenez pas tout
- Vous voulez une héroïne

Présentation de l'éditeur :

Rien ne saurait ébranler Anasterry, la plus riche, intellectuelle et libertaire baronnie de Civilisation, qui place la maîtrise de soi au rang de vertu suprême. Rien… sauf peut-être un défi de gamins. Quand Renaldo, fils du baron de Montès, et son meilleur ami Thélban Acremont, entreprennent, pour séduire une jeune fille, de trouver la faille de cette utopie, ils ignorent qu’ils vont déterrer de sombres secrets. Et les secrets des puissants ne leur appartiennent pas. Quels sont ces monstres découverts dans les marais ? En quoi sont-ils liés à la tolérance d’Anasterry pour ces mi-hommes que, partout ailleurs, on opprime jusqu’à les réduire en esclavage ? Après trente ans de paix, Civilisation risque-t-elle d’être si facilement bouleversée ? Pour réparer ses erreurs, Renaldo va devoir choisir entre son patriotisme, sa fidélité amicale, ses idéaux héroïques et ses simples responsabilités d’homme libre. Une aventure de dark fantasy politique et sensible, portée par des personnages d’une grande humanité.

Challenge mois de la fantasy

Ce roman a été tout spécialement prit pour aller dans la catégorie Dame Arwen. Il entre aussi dans celles-ci :
- La Fureur de Smaug (mais je ne dirais pas pourquoi, ça spoile)
- Dame Arwen puisqu'il est écrit par une autrice
- Du Hobbit au Seigneur des Anneaux, les Rhéteurs comportent déjà deux tomes et trois autres sont prévus. 

Mon avis

Bienvenus à Anasterry, baronnie utopique où rien ni personne ne peut venir gâcher le calme ! Ici, le peuple a autant le droit à la parole que les nobles et même les mi-hommes peuvent espérer vivre une vie tranquille. Et c'est bien la seule de Civilisation d'ailleurs. Depuis la dernière guerre, trente ans plus tôt, il n'y a qu'ici que les mi-hommes ne sont pas réduits en esclavage. Pourquoi, comment ? C'est ce qu'aimerait bien savoir le baron de Montès. Et pour ça, il y envoie son fils cadet, Renaldo, jeune homme qui a bien besoin de voir le monde histoire d'arrêter de faire des conneries chez lui. Il faut dire que Renaldo est un séducteur dans l'âme mais aussi un guerrier. Rien ou presque ne semble lui faire peur. Pas même les paris un peu débiles qu'il fait avec son meilleur ami, Thélban, héritier de la Guilde des épiciers. Or, quoi de mieux pour pimenter une mission quelque peu décevante pour eux que de parier sur qui séduira Constance, leur guide à Anasterry ? Sauf que d'un coup, tout s'emballe et ce qui devait être un pari stupide va bientôt devenir bien plus que ça, peut-être même un moyen de faire tomber la baronnie de son piédestal.

Je dois l'avouer, la quatrième de couverture d'Anasterry ne me plaisait pas tant que ça. J'avais peur de tomber sur un roman avec beaucoup de romance à cause du pari entre Ren et Thélban mais aussi à pas mal de parlotte. J'ai tout de même choisi de sortir de le livre de ma PAL (où il ne sera pas resté longtemps finalement) parce qu'ActuSF m'a habitué à sortir un peu des sentiers battus des quatrièmes de couverture et que, bon, on me promettait quand même un peu de dark fantasy (même si sensible). Je dois avouer que si je m'étais seulement fié à la dite quatrième (et que je n'avais pas reçu le livre durant le confinement), je ne me serais peut-être pas attarder sur ce premier tome des Rhéteurs. Ça aurait quand même été bien dommage si vous voulez mon avis.

Parce qu'il ne faut jamais se fier aux apparences. D'ailleurs, Renaldo aussi va finir par s'en rendre compte (ce qui en soit est assez amusant pour moi). Alors, oui, la série porte un nom qui fait bien comprendre que ça va parler et pas qu'un peu. Mais la réthorique n'est pas l'entière maitresse du roman. Politique par contre... Et du coup, je suis contente. Parce que le roman parle bien de politique, de la mise en place de la parfaite utopie qu'est Anasterry, de son maintien et de tous les non-dits derrière. Le tout est porté par une histoire à l'intrigue fort sympathique et des personnages que j'ai beaucoup aimé (comme j'aime bien les petits cons, Renaldo m'a beaucoup plu, on s'en doute).

On se retrouve donc avec un Renaldo, fils cadet de baron, envoyé à Anasterry suite à une énième connerie (à savoir, coucher avec une bonne soeur au sein même du couvent, le tout pousser par son meilleur ami, présent dans la pièce lorsqu'ils sont découverts). Le jeune homme est voué à une carrière militaire depuis son plus jeune âge et, forcément, il pense que les armes sont la réponse contre Outre-Civilisation et les monstres qui viennent de là-bas. Thélban, son meilleur ami, héritier d'une guilde, est plus modéré. Là où Ren serait plus enclin à casser des gueules (même si finalement, on ne le voit que très peu faire), lui parlemente. Il est le penseur du duo et s'en sort fort bien (par contre, c'est aussi un bon petit con, mais d'une autre manière). Leur rencontre avec Constance, filleule du baron d'Anasterry, va les faire changer petit à petit, bien plus, finalement, que ce qu'il va leur arriver. La jeune femme croit en Anasterry et fait tout son possible pour leur ouvrir les yeux. Elle a un coté assez raffraichissant face à nos deux mâles. 

D'ailleurs, même si j'ai apprécié l'intrigue, je dois bien dire que ce sont les personnages et leur évolution qui m'a le plus plu dans le roman (et je parle peu de l'intrigue pour pas trop divulgacher, ça serait dommage). Les discutions entre eux sont particulièrement interessantes et j'apprécie voir les divers points de vue se faire face de manière non-violente la plupart du temps. Mieux, j'apprécie avoir des héros pas trop bornés, qui réfléchisse à ce qu'on leur dit (même si parfois, il faut du temps pour ça) et qui intègre petit à petit la philosophie de l'autre tout en conservant ce qui fait qu'il est lui. 

Mais le livre souffre tout de même de quelques défauts. Des longueurs déjà. Certains passages sont longs et un peu ennuyeux. Il ne s'y passe pas grand chose et ne font pas toujours avancé l'histoire (ou les personnages). C'est un peu dommage parfois. Ensuite, il y a la fin, du moins l'épilogue. J'ai pas compris ce qu'il foutait là (et c'est quand même rare quand ça m'arrive). En y repensant, ce n'est pas forcément le seul passage qui parait ne pas être totalement à sa place (certains de la jeunesse de Renaldo n'apporte pas grand chose, même au personnage). 

Au final, Anasterry a été une bonne lecture et une découverte fort fort sympathique. J'apprécie beaucoup le mélange entre la fantasy à monstre (parce que oui, il y a des monstres dedans) et la fantasy plus accès sur la politique et les complots (même si pour l'instant, on a pas forcément toutes les réponses sur certaines choses en Civilisation). 

mercredi 13 mai 2020

Bilbo le Hobbit, J.R.R. Tolkien

L'avantage du mois de la fantasy, c'est que je ressors des bouquins que je voulais relire depuis pas mal de temps. Bilbo en fait parti. C'est un des plus vieux livres de ma bibliothèque personnelle. D'ailleurs, je peux vous dire que je l'avais payé 35 francs et que la dernière fois que je l'ai lu était en 1999. Autant dire que ça me rajeunit pas du tout.

Bilbo le Hobbit, J.R.R. Tolkien

Editeur : le Livre de poche
Collection : Jeunesse
Année de parution  : 1992
Titre en VO : The Hobbit
Année de parution en VO : 1937
Nombre de pages : 400

A lire si :
- Vous aimez les grandes aventures
- Vous aimez les nains

A ne pas lire si :
- Vous n'aimez pas les voyages
- Vous voulez voir des elfes

Présentation de l'éditeur : 

Bilbo, comme tous les Hobbits, est un petit être paisible qui n'aime pas être dérangé quand il est à table. L'aventure tombe chez lui comme la foudre : un magicien et treize nains barbus viennent lui parler de dragon, de trésors et d'expédition périlleuse au-delà des montagnes.
Le miracle, c'est qu'il les suivra et qu'il affrontera tous les dangers, sans jamais perdre son humour, même s'il tremble plus d'une fois !

Challenge mois de la fantasy

Un livre de Tolkien ne peut que prendre place dans le challenge et remplir un bon nombre de catégorie. Bilbo entre donc dans : 
- La fureur de Smaug, qui porte le nom du dragon du livre
- Tolkien, roi de la fantasy, je suppose qu'il n'y a pas besoin d'expliquer pourquoi
- Peter Jackson et sa trilogie (que je n'ai toujours pas vu)
-Elfe, Nain, chevalier, choisis ton camps, et pour moi, ici ça sera les nains, bien sûr
- Le Chant de Pippin grâce aux nombreuses chansons du livre

Mon avis

Je n'ai pas lu le Hobbit depuis des années. La dernière fois, c'était donc en 1999 et j'avais treize ans (et déjà lu au moins deux fois son ainé, le Seigneur des Anneaux). D'ailleurs, c'était aussi la seule fois (alors que j'ai lu et relu le SdA). Lorsque j'ai relu la trilogie il y a quelques temps, je m'étais dit qu'il serait sympa de relire aussi ce roman-là et puis, j'ai oublié. Il faut dire qu'il m'a beaucoup moins marqué que le SdA. Il était temps de le relire.

Le Hobbit raconte donc l'histoire de Bilbo. Une histoire que l'on connait un peu si l'on a déjà lu le SdA, puisque les évènements de ce roman y sont parfois relaté, dont un, le plus important, celui qui a fait que Bilbo se retrouve en possession de l'Anneau Unique. Mais le Hobbit ne s'arrête pas juste à cette aventure là. D'ailleurs, elle est presque anecdotique par rapport à tout ce qu'il se passe durant cette aventure. 

S'il existe bien un livre qui illustre la maxime "l'important c'est le voyage et non la destination", je crois que c'est bien le Hobbit. C'est un livre de voyage (initiatique) où l'arrivée compte finalement très peu. Imaginez donc, vous êtes une personne tranquille, qui ne rêve que de passer sa vie dans sa maison, son petit village sans jamais en sortir, sans jamais avoir le moindre problème, la moindre péripétie. Et puis, un vieux magicien se pointe chez vous, y amène treize nains et vous annonce que vous allez les suivre parce que, ben, il en a décidé ainsi. Sans trop savoir pourquoi, vous les suivez, tout en vous demandant si l'idée était bien bonne, surtout qu'au bout du chemin, il y a un dragon féroce. Et bien, c'est ce qu'il arrive à Bilbo Baggins (alors, ma traduction par Francis Ledoux garde les noms VO des persos et des lieux, ce qui en soit n'est pas plus mal). Et durant ce voyage, il va découvrir ce qu'il est réellement au fond de lui (et qui n'est pas un Hobbit tranquille rêvant de passer sa vie à la maison). 

Il y a beaucoup de chose que j'aime dans le roman. La plume de Tolkien, même si elle me semble moins compliqué que dans le SdA. Il faut dire qu'il a été écrit pour divertir les enfants de l'auteur. Et il arrive parfaitement à remplir sa mission. On y ressent bien la partie un peu "conte de fées" avec les péripéties du Hobbit et des nains contre le dragon (mais sans princesse à la clef). L'aventure s'y prête terriblement, avec ses trolls, ses gobelins, ses aigles géants et j'en passe. Mais il n'y a pas que le côté jeunesse à prendre en compte. D'ailleurs, comme dans un certain nombre de livre fantasy (et une bonne partie des livres SFFF), on se rend compte que la limite entre jeunesse et adulte est tout de même bien faible. On s'en rend compte de part les thèmes que traitent le Hobbit, l'initiation du héros durant son voyage, la découverte de soi, mais aussi la renonciation à la convoitise. On s'en rende compte aussi si l'on connait un tant soit peu les légendes nordiques et plus précisément celle de Beowulf (que Tolkien a longuement étudié, sur laquelle il y a aussi pas mal écrit et qui finira donc par beaucoup l'inspirer. 

Mais si j'aime beaucoup ce qu'il se passe dans le roman, j'ai un peu plus de mal avec les personnages. On commence par les nains, qui, si on oublie Thorïn, sont tous les mêmes ou presque. J'ai toujours du mal à savoir qui et qui, et le fait qu'ils soient treize n'aident en rien (l'un d'eux est tout de même roi, un autre est le père de Gimli, un autre tentera de reconquérir la Moria (et on retrouvera sa tombe dans le SdA))(mais tout cela ne sera finalement dévelloper que plus tard, avec l'écriture du SdA). Je trouve d'ailleurs qu'à part Bilbo, Gandalf et Thorïn, fortement reconnaissable, la plupart des personnages n'ont rien de bien remarquables. C'est pour moi un défaut, surtout que Tolkien n'est pas avare en nom. On se trouve souvent perdu entre qui et qui. 

Cela n'en reste pas moins un classique à lire et à apprécier. Il est bourré d'humour, d'aventures, de chansons, de nains et de trésors. Pour moi qui est souvent lu le SdA, il est aussi amusant de voir à quel point ce Hobbit semble être une sorte de brouillon. Un brouillon bien foutu qui ne fait que présager de ce que sera sa plus grande suite. C'est aussi un parfait livre en plein confinement (alors oui, je sais, nous sommes en déconfinement mais, j'ai la chance de pouvoir continuer à rester chez moi en télétravail alors du coup, j'en profite et je reste à la maison encore un moment). En conclusion, lisez donc le Hobbit. 


lundi 11 mai 2020

Elric des Dragons, Elric, tome 1, Michael Moorcock


Tout le monde ou presque connait Elric (surtout les lecteurs de fantasy et les amateurs de Metal)(ça tombe bien, je suis les deux). Bien que je connaisse le personnage, je ne m'étais encore jamais plongé dans les romans qui lui sont consacrés. Il était temps de combler cette lacune.

Elric des Dragons, Elric, tome 1, Michael Moorcock

Editeur: 12-21 (oui, je sais, j'ai pris la couverture de chez Pocket)
Collection : fantasy
Année de parution : 2014 pour l'édition numérique
Titre en VO : Elric, book 1: Elric of Melniboné
Année de parution en VO : 1972
Format : AZW

A lire si :
- Vous aimez la High Fantasy à l'ancienne
- Vous aimez les personnages atypiques

A ne pas lire si :
- Vous voulez des combats de gros bourins

Présentation de l'éditeur :

Melniboné, l'île aux Dragons, régnait jadis sur le monde. Désormais les Dragons dorment et Melniboné dépérit. Sur le trône de Rubis siège Elric, le prince albinos, dernier de sa race, nourri de drogues et d'élixirs qui le maintiennent tout juste en vie. La menace plane ; alors il rend visite au Seigneur du Chaos, Arioch, et conclut un pacte avec lui. Il s'engage ainsi sur le chemin de l'éternelle aventure : le Navire des Terres et des Mers le porte à la cité pestilentielle de Dhozkam, et son destin le pousse à franchir la Porte des Ténèbres ; au-delà, deux épées noires attendent leur maître et leur victime...

Challenge mois de la fantasy

Comme tous les livres de ce mois de mai, Elric des Dragons fait parti de ma PAL du mois de la fantasy. Il entre dans les catégories suivantes :
- Tolkien, roi de la fantasy
- Du Hobbit au Seigneur des Anneaux
- Galadriel l'elfe aux immenses pouvoirs
- Peter Jackson (Elric fait l'objet d'une adaptation en BD)(qui m'intéresse fort fort beaucoup)(il aura du aussi être adapté en film au début des années 2000 mais le projet ne s'est finalement pas fait)(et je ne compte pas le nombre de chansons qui lui sont consacré)

Mon avis

Elric est un personnage un peu à part à l'époque de sa création. Nous sommes en pleine apogée de roman de l'Heroic-Fantasy dans le style de Conan le Cimmérien de Robert E. Howard. Il faut des héros forts, quasi invincibles et qui tapent fort sur l'adversaire. Et forcément, quand un style de héros prend le dessus sur les autres, il faut qu'un auteur aille en contresens total. C'est ce qu'il s'est passé pour Michael Moorcock. Il a créé Elric en opposition aux héros d'alors et c'est tant mieux.

Elric est l'empereur de Menilboné, l'île aux Dragons. Il est arrivé sur le trône suite à la mort de son père. Une ascension qui n'est pas du gout de tout le monde. Le jeune homme est de faible constitution et doit consommer potions et elixirs pour rester en vie. Son cousin Yyrkoon complote contre lui afin de prendre sa place. Il profite d'une attaque de pirate contre Imrryr, la capitale de Menilboné, pour mettre son plan à exécution. Mais malgré sa constitution, Elric n'est pas si simple à abattre.

Comme je le disais, Elric est un personnage à contrecourant de ce que l'on a pu voir jusque là en héroic-fantasy. Il est d'ailleurs aussi à contrecourant des gens qui peuplent son île. Faible physiquement, il a eu le temps de lire toute la bibliothèque de son père avant d'accéder à son trône. Il en conçoit un caractère assez lointain de ses contemporains, romantique et mélancolique. Il n'est pas forcément porté sur la guerre, ni sur les coutumes de son pays. Versé dans les arts de la magie, il est ami avec les Elementaires de l'eau et maitrise la magie du Chaos. C'est un personnage complexe, bien plus qu'on ne le pense de prime abords. Personnellement, je n'arrive pas à le voir comme un anti-héros comme on peut le voir décrit. Peut-être parce que pour l'instant, il n'a pas encore Stormbringer , l'épée noire, à ses côtés. J'aime énormément le personnage pour l'instant, et je pense que la suite devrait me confirmer cela. J'ai aussi apprécié ceux qui gravitent autour de lui. Ils ne sont pas aussi développé que lui mais leur interaction permet de mieux connaitre le jeune empereur.  J'ai d'ailleurs eu un petit faible pour Yyrkoon, méchant de service. Disons que l'on comprend bien pourquoi il en veut tant à son cousin et qu'on arriverait presque à être d'accord avec lui parfois. Il fait un très bon antagoniste. 

J'ai aussi apprécié l'univers. L'île de Menilboné a l'air merveilleuse avec ses cavernes remplies de Dragons (quel dommage qu'on ne les voit pas d'ailleurs)(ils dorment durant ce tome, peut-être une autre fois), son labyrinthe de falaise protégeant Imrryr et justement la Cité des Rêves et ses nombreuses tours. Mais il n'y a pas que ça. On commence un peu à découvrir les Jeunes Royaumes et la politique des divers lieux (sur ce point, j'ai hâte de lire les tomes suivants marquant le voyage d'Elric dans les Jeunes Royaumes). Même si on reste sur un univers fantasy classique, avec monstres, dragons, chevaliers et j'en passe, il reste interessant à découvrir. Encore plus grâce aux divers niveaux de celui-ci. Parce que oui, ce n'est pas vraiment un univers, mais un multivers que nous avons là (on n'en voit que quelques niveaux pour l'instant, celui de Menilboné et celui des démons, il en manque, que l'on peut découvrir dans la série Elric et dans les autres séries de l'auteur)(grave envie de voir ce que ça donne en vrai). Et puis, on ajoute à ça une magie qu'on voit peut-être moins de nos jours, celle du Chaos qui, je trouve, et particulièrement interessante avec ses démons et ses pactes.

On s'en doutera, j'ai beaucoup aimé et j'ai très très envie de lire déjà les deux tomes qui se trouvent dans ma PAL.  Je me demande clairement pourquoi j'ai mis autant de temps à lire pour commencer à lire ce classique de la fantasy. 

jeudi 7 mai 2020

Une histoire naturelle des Dragons, Mémoires de Lady Trent, tome 1, Marie Brennan

J'avais très envie de lire ce roman depuis sa parution mais ne le trouvant pas forcément dans ma librairie, je n'avais pas encore mis la main dessus. Le Confinement aidant, son éditeur le proposant gratuitement dans la box confinementlecture, j'ai enfin pu le lire.

Une histoire naturelle des Dragons, Mémoires de Lady Trent, tome 1, Marie Brennan

Editeur : l'Atalante
Collection : dentelle du Cygne
Année de parution: 2016
Titre en VO : A Memoir by Lady Trent, book 1: A Natural History of Dragons
Année de parution en VO : 2013
format : mobi

A lire si :
- Vous aimez les dragons
- Vous aimez les expéditions scientifiques

A ne pas lire si :
- Vous n'aimez pas les récits type mémoires


Présentation de l'éditeur :

« Soyez avertis, cher lecteur : les volumes de cette série contiendront des montagnes gelées, des marais fétides, des étrangers hostiles, des compatriotes hostiles et à l'occasion des membres de ma famille hostiles, de mauvaises décisions, des mésaventures géographiques, des maladies dépourvues d'attrait romantique et une abondance de boue. Vous poursuivrez votre lecture à vos risques et périls. » Les mémoires de lady Trent, mises en scène par Marie Brennan, racontent la vie et les recherches d'Isabelle Trent, naturaliste mondialement connue et désormais vieille dame, dont l'esprit et le style empreints d'humour s'avèrent sans pitié pour les imbéciles. Dans ce premier volume, Isabelle, petite fille puis jeune femme, brave les conventions de sa classe et de son temps pour satisfaire sa curiosité scientifique et accompagner son mari lors d'une expédition à la recherche des dragons de Vystranie...

Challenge Mois de la Fantasy

On s'en doute, ce roman était dans ma PAL du mois de la fantasy et il occupe plusieurs catégories : 
- La Fureur de Smaug puisqu'il parle tout de même de dragon
- Dame Arwen avec une autrice et une héroïne
- Du Hobbit au Seigneur des Anneaux vu qu'il s'agit d'un premier tome

Mon avis

Comme je le disais, j'avais très envie de lire ce roman depuis un moment. Etrangement, je n'avais pas la moindre idée de ce que je pourrais trouver à l 'intérieur réellement. Il fait partit de ces romans qui donnent envie rien qu'avec un titre et une couverture. Je n'ai lu la quatrième qu'une fois ou deux, surement à sa sortie et puis, j'avais un peu zappé tout ça. J'étais ravie de le voir dans la box confinement lecture. Le challenge du mois de la fantasy me l'aura fait sortir de la PAL un peu plus tôt que prévu (mais c'est pas grave du tout ça).

J'aime bien les romans dans le genre mémoires (j'aime bien les mémoires tout court d'ailleurs en fait). D'ailleurs, c'est le second que je lis en peu de temps (Un long Voyage de Claire Duvivier fait partie du même genre). Je ne saurais pas trop vous dire pourquoi, mais j'apprécie toujours avoir les commentaires du protagoniste une fois qu'il a bien vieilli. Je ne sais pas vous, mais ça me permet de mieux me faire une idée de la "personne" qui écrit. Et ici, j'ai beaucoup apprécié Lady Trent, que se soit par ses commentaires, justement, ou par son histoire de jeunesse. 

Dans le Scirland, pays imaginaire basé sur l'Angleterre victorienne, une femme comme Isabelle est une exception. Dès son plus jeune âge, elle s'intéresse à la naturalisation. Elle commence doucement, avec des Lucions, sorte de dragon-insectes, pour se retrouver face à un dragon-loup vers l'âge de quinze ans. Un évènement qui mettra fin, pour un temps, à sa passion. Mais, alors qu'elle entre dans le monde, elle fait la connaissance de Jacob Camherst, aussi passionné qu'elle. Les deux se marieront. Ce n'est que quelques temps plus tard, alors qu'elle sort d'une grave dépression, qu'elle va entendre parler de l'expédition de Lord Hilford. Elle réussira à convaincre noble et mari de partir avec eux, en tant que dessinatrice et secrétaire.  On devine déjà le caractère fort trempée de la dame, qui ne semble pas s'être amélioré avec le temps au vu des commentaires. 

Si le début du roman peut paraitre un peu longuet, je dois bien dire qu'à partir du moment où l'expédition commence, j'ai eu du mal à lâcher le roman. J'adore ce genre d'histoire, et je regrette de ne pas en lire plus souvent. Je crois que c'est mon esprit scientifique qui revient à la charge à chaque fois, même lorsque l'autrice ne parle pas vraiment science d'ailleurs. Mon côté aventurier aussi apprécie (j'aurais adoré ce genre de voyage). Il faut dire que Marie Brennan use d'un peu tout les éléments que l'on imagine parfaitement dans ce genre de mémoire : le pays au climat plutôt hostile (il y fait parfaitement froid), les habitants qui ne sont pas mieux, les légendes qui font peur, le folklore, les contrebandiers et puis les dragons. Avec tout ça, je me suis vu dans une sorte de Transylvanie imaginaire sans les vampires et c'était plutôt sympa, même si parfois, on tombe tout de même dans les poncifs du genre (le coup des ruines maudites, comment dire, on a déjà vu, non ?). Mais perso, comme j'adore tout ça, je me suis plongée à coeur joie dans le récit.

De plus, les personnages de cette partie sont bien plus interessant que ceux de l'enfance d'Isabelle. J'ai beaucoup apprécié Jacob, son époux, et le regard qu'ils posent l'un sur l'autre. Ils sont particulièrement adorables. J'ai un peu regretter par contre qu'elle est moins d'interaction avec les deux autres membres de l'expédition, Lord Hilford et monsieur Wilker. Je suis sûre que ça aurait pu donner de très bons dialogues. Par contre, j'ai apprécié la place des femmes dans le récit. Forcément, Isabelle est une femme moderne pour son époque, qui n'en fait un peu qu'à sa tête (et qui parfois se trompe lourdement), mais aussi Dagmira, sa dame de chambre un peu forcée. Leur relation est houleuse au départ, à cause de la barrière de la langue et de leur caractère respectif, pour devenir petit à petit une relation de confiance. C'est à l'aune de cette relation là que l'on remarque vraiment les changements qui s'opèrent petit à petit chez Isabelle, surement plus qu'avec les autres. 

Et puis, il y a les dragons. J'aime les dragons. Alors, un livre qui parle d'une expédition pour voir des dragons dans leur habitat naturel, imaginez. Malheureusement, je trouve qu'on ne les voit pas assez. Isabelle (du moins l'autrice) va bien nous en décrire un ou deux, on a même des attaques de créatures ailés mais c'est un peu tout. Heureusement par contre qu'on se retrouve avec quelques pages sur les moeurs des veurs des rochers (l'espèce qu'étudie notre expédition) et que l'on a un bon passage sur l'observation de l'un d'eux. C'est peut-être le petit défaut pour moi, trop d'humain, pas assez de dragons. Ils n'en restent pas moins le centre du roman et même si on ne les voit finalement pas beaucoup, ils habitent complètement le roman.

Pour finir, j'ai beaucoup aimé, malgré quelques défauts (la lenteur de la première partie et le manque de dragons à mon gout). Ça se lit parfaitement, avec des touches d'humour bienvenue de la part de la vieille Lady Trent et un style agréable. Je pense que je lirais les autres tomes de la série pour voir ce qu'il va se passer par la suite. Une bien sympathique découverte, donc.




mardi 5 mai 2020

Le Louvetier, Gallica, Tome 1, Henry Loevenbruck

Le premier livre du challenge le mois de la fantasy est arrivé ! Il s'agit de la seconde saga fantasy de Henry Loevenbruck qui est d'ailleurs une suite de la première. Bref, passons à ce premier tome de Gallica.


Le Louvetier, Gallica, Tome 1, Henry Loevenbruck

Editeur : France Loisir
Collection : Fantasy
Année de parution : 2005
Nombre de pages : 514

A lire si : 
- Vous avez aimé la Moïra (il s'agit de sa suite)
- Vous voulez une france moyenâgeuse revissée
- Vous aimez les légendes

A ne pas lire si :
- Vous n'avez pas aimé la Moïra
- Vous n'aimez pas les voyages initiatiques

Présentation de l'éditeur : 

1154 : Imaginez une France de légende nommée Gallica... Dans le comté de Tolsanne, on raconte que, pendant la nuit de la Saint-Jean, un jeune homme marcha dans les flammes pour sauver un loup du bûcher. Son nom était Bohem, le fils du louvetier. Quatre ans plus tard, sa vie bascule : son village et sa famille sont massacrés par de mystérieux guerriers. Terrorisé, il s'enfuit, traqué par des forces sanguinaires dont il ne sait rien. Il doit échapper au roi de Gallica, à la Milice du Christ et à un ennemi inconnu qui semble tout savoir de ses origines : le Sauvage...

Challenge mois de la fantasy 

Ce livre fait partie de ma PAL pour le challenge. Mieux encore, il entre dans trois catégories de celui-ci : 
- La fureur de Smaug grâce aux Brumes
- Du Hobbit au Seigneur des Anneaux puisqu'il s'agit du premier tome d'une série
- Une relecture 

Mon avis

Dois-je vous dire qu'avec un loup sur la couverture, je ne pouvais que lire ce roman ? C'est un peu ce qu'il sait passé en 2005 quand je l'ai vu sur le catalogue de France Loisir (j'ai beau critiqué leur système pour l'avoir subit, je dois avouer que j'ai fait quelques découvertes sympa avec eux). J'avais déjà lu la Moïra avant mais je n'avais pas tout à fait compris avec la quatrième de couverture que Gallica en était la suite (on ne s'inquiète pas, on le comprend facilement dans le roman, hein). Bref, je me souviens que j'avais été super contente de savoir ce qu'il se passe après l'histoire d'Aléa et surtout que j'avais eu une préférence pour Gallica par rapport à sa grande soeur. Et pour le moment, ben ça n'a pas l'air de changer.

Gallica, c'est la France du dixième siècle en plus légendaire (preuve s'il en est, la carte en début de roman ressemble beaucoup à celle de la France a la même époque, seul les noms changent). Un pays morcelé entre le roi de Gallica et celui de Britta où les légendes sont encore bien vivantes. Parmi elles, on retrouve les Brumes, les animaux tels que les chimères, les bayards, les vouivres, les licornes ou encore les loups. Or, depuis vingt ans, les Brumes disparaissent petit à petit, chassé par les louvetiers et incapables de se reproduire. C'est au sud de Gallica, dans le comté de Tolsane, que commence notre histoire. Bohem n'a alors que quinze ans et il sauve un loup du bucher de la Saint-Jean. Cet incident marque le début de son aventure. Car Bohem est lié d'une manière ou d'une autre au sort des Brumes.

Je ne sais pas trop par quoi commencé. J'aime trop de chose dans ce roman. Il y a bien sur les personnages, Bohem en premier. Henry Loevenbruck fait parti de ces auteurs qui me font aimer tous leurs personnages, même les pires. J'aime beaucoup Bohem, Vivienne, La Rochelle et ceux qui gravitent autour du jeune homme. Le groupe qu'il se constitue petit à petit autour de lui, souvent sans le vouloir, fonctionne bien. J'apprécie aussi les parties des figures politiques de Gallica, qui jouent le destin de leurs pays sans se préoccuper de ce qu'il peut se passer. Mais mieux encore, j'apprécie les passages sur les "méchants" de l'histoire, que se soit la Milice du Christ (l'inquisition, quoi) qui n'est tendre avec personne ou le troisième camps qui ne nous est pas inconnu. Parce qu'en plus de nouveaux personnages, nous allons retrouver de vieilles connaissances. Parmi elles, des druides, venus de Gaelia pour retrouver Bohem. Ou un vieil ami dont je tairais le nom pour l'instant.

Ensuite, il y a la partie légende. J'ai toujours aimé les légendes, plus encore les animaux légendaires. Ici, l'histoire tourne autour d'eux grâce à Bohem et à l'un de ses ennemis. Ici, je suis servie. Entre les loups, les chimères et autres créatures, le lecteur est charmé. J'apprécie aussi de voir que l'auteur n'en fait pas des monstres mais bien des créatures magiques extraordinaires. Elles sont pourtant chassées par les hommes sous la pulsion de l'église (qui ici a un rôle bien plus important que dans la Moïra). Tout comme Bohem, on les pourchasse souvent par ignorance et peur. Elles cristallisent l'un des thèmes récurent dans les deux sagas fantasy de l'auteur, la peur de l'autre et l'apprentissage de ce même autre aussi (sans parler de la partie écologique que l'on retrouve aussi dans les deux trilogies pour moi). 

Et puis, il y a toute l'Histoire qui se trouve reprise et arrangée pour le besoin du livre. Je ne pourrais pas dire si c'était aussi le cas avec Gaelia, qui me semble plus fantaisiste à ce niveau (mais je ne connais pas l'histoire de l'Irlande aussi bien que la notre, forcément), mais ici, c'est très marqué. On garde le côté fantasy avec Bohem et les Brumes mais on se rapproche de ce qu'il a pu se passer au niveau des puissances politiques. On reconnait Aliénor d'Aquitaine dans Hélène de Quienne, tout comme son premier époux, Livain, roi de Gallica est le portrait de Louis VII tandis que le second Emmer, n'est autre qu'Henry II d'Angleterre. On y retrouve les mariages, alliances et guerres qui ont émaillés cette époque (par contre, il y a des différences, Hélène ne donne pas d'enfant à Livain et il la répudie alors qu'Aliénor donnera deux filles à Louis et il est plus que possible que ce soit elle qui est décidé de faire annuler son mariage).

Au final, vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aimé relire ce premier tome. Beaucoup de chose me sont revenus au fur et à mesure de ma lecture et je suis ravie de retrouver de vieux amis. J'y retrouve ce que j'avais apprécié dans la Moïra (les loups, la côté légendes, les complots politiques aussi) avec un personnage principal que j'apprécie un peu plus qu'Aléa. J'ai hâte de me replonger dans la suite.


vendredi 1 mai 2020

Un long voyage, Claire Duvivier

Ce livre aurait pu entrer dans le mois de la fantasy si je ne l'avais pas lu un jour avant (catégorie Dame Arwen). Je remercie les éditions Aux Forges du Vulcain de m'avoir fait confiance et de m'avoir permis de le lire.

Un long voyage, Claire Duvivier

Editeur : Aux Forges du Vulcain
Collection : Fiction
Année de parution : 2020
Format : mobi

A lire si :
- Vous aimez les livres de type mémoire
- Vous aimez quand l'histoire prend son temps

A ne pas lire si :
- Vous voulez de la fantasy rapide avec des guerres et des monstres

Présentation de l'éditeur :

Issu d’une famille de pêcheurs, Liesse doit quitter son village natal à la mort de son père. Fruste mais malin, il parvient à faire son chemin dans le comptoir commercial où il a été placé. Au point d’être pris comme secrétaire par Malvine Zélina de Félarasie, ambassadrice impériale dans l’Archipel, aristocrate promise aux plus grandes destinées politiques. Dans le sillage de la jeune femme, Liesse va s’embarquer pour un grand voyage loin de ses îles et devenir, au fil des ans, le témoin privilégié de la fin d’un Empire.
Dans ce conte merveilleux, relatant une vie entière avec un art consommé du suspense, et un talent inouï pour mêler humour et lyrisme, naît une nouvelle voix majeure de la fantasy.

Mon avis

J'ai demandé ce livre sur NetGalley parce que je trouvais la couverture jolie. Parfois, il n'en faut pas plus. Je ne saurais pourquoi mais elle m'a fait pensé à Terremer. D'ailleurs, son résumé aussi, d'une certaine manière. Hors, j'avais envie de retrouver le coté contemplatif de l'oeuvre d'Ursula K. Le Guin. Est-ce que je l'ai retrouvé ? Nous allons voir ça (spoiler alert : on en est quand même pas si loin que ça).

Le roman commence plutôt lentement. Liesse, un vieil homme, raconte à une amie sa vie, ou du moins, devrait-il lui raconter celle de Malvine Zélina de Félarasie dont il a été proche. Mais, en bon insulaire, il ne peut s'empêcher de lui parler des détails, même lorsque Malvine n'y est pas. Il faut dire que leurs vies est étroitement mêlées. On commence donc par découvrir Liesse alors qu'il est venu au comptoir commercial par sa mère pour payer les dettes de son père défunt. On le découvre faire sa place, se lier d'amitié et vivre jusqu'à l'arrivée de Malvine. A partir de là, la vie de Liesse va petit à petit se modifier jusqu'à ce qu'il parte avec en Solmeri en tant que secrétaire de la jeune femme. Là, une nouvelle vie commence à  nouveau, loin de l'Empire et de l'Archipel.


J'ai beaucoup apprécié la partie de l'Archipel grâce à ses personnages. Déjà Liesse est un protagoniste appréciable, qui ne se plaint pas trop (il aurait de quoi, surtout à certains passages), n'en fait pas trop non plus. Son discours est agréable à suivre, remplie d'une certaine poésie qui nous laisse parfois rêveur. A ses côtés, les impériaux semblent toujours meilleurs. J'ai une petite préférence pour Merle, peut-être aussi parce que c'est le mentor de Liesse et qu'on le voit plus souvent. Et puis, il y a Malvine, personnage central du récit qu'on apprend à connaitre petit à petit avec Liesse. Intelligente, parfois têtue, ayant de la suite dans les idées, elle fait tout ce qu'elle peut pour améliorer la vie des autres. C'est un personnage très altruiste, qui pense plus à ceux qui l'entourent qu'à elle-même. Bien qu'assez mystérieuse, on s'attache vite à elle, tout comme le fait Liesse. La partie Solmeri  (qui couvre de la moitié à la fin du roman) est tout aussi interessante mais pour d'autres raisons. Durant la partie Archipel, le texte est assez contemplatif, je dirais. Il se passe des choses, l'arrivée de Malvine, la construire de PortImpérial, mais c'est assez lent. Surtout, c'est fait pour qu'on comprenne comment fonctionne l'Empire et ses hommes.  A partir de l'arrivée à Solmeri, on commence à sentir le déclin de ce fameux Empire. Cela commence lentement, avec la disparition puis la réapparition de Malvine, puis l'arrivée des Statues, êtres étranges dont la femme semble connaitre quelques moeurs. D'ailleurs, ce sont elles qui marquent plus ou moins la fin d'une époque dans le roman. Elles amènent aussi l'élément fantastique du roman, que j'aurais voulu voir un peu plus détaillée (peut-être un jour, dans un autre roman ?).

Il y a quelque chose de très nostalgique dans ce roman. Déjà parce que c'est un vieux Liesse qui se fait narrateur. On sent que ce qu'il raconte le touche, pas seulement parce qu'il est le personnage central de son histoire. Il raconte la fin d'une époque, celle de l'Empire qu'il a tant aimé mais pas que. On ressent vraiment les sentiments de l'homme sur ses souvenirs. Forcément, les évènements qu'il relate aide aussi à la nostalgie. Parler de lui, des gens qu'il a côtoyé plus que de la vie de Malvine aide en cela. Mais ce n'est pas de la nostalgie triste, loin de là (enfin pas toujours). Il y a beaucoup de passage joyeux dans le roman, tout comme on se retrouve avec d'autres qui le sont beaucoup moins. Mais surtout, j'ai aimé que l'on suive l'Histoire de cet Empire, non pas avec un de ses grands représentants, mais avec Liesse, simple secrétaire. Liesse est une personne du peuple, un être comme vous et moi. Il ne fait pas l'Histoire, il la vit. Et cela ajoute un plus à toute cette histoire. Parce qu'il la rend plus humaine, à la portée de n'importe qui. C'est en ça que le livre m'a beaucoup fait penser à Terremer. Claire Duvivier a préféré faire parler un homme du peuple plutôt qu'un roi, ou une gouverneure. Je trouve, personnellement, que cela rend le récit bien plus interessant. Liesse devient un témoin presque privilégié de ce qu'il se passe (enfin, privilégié n'est peut-être pas le mot pour une partie du roman non plus). C'est là la force du roman pour moi

Et puis, il y a les thèmes du livre. Celui qui fait que l'on comprend mieux le titre, qui mène Liesse d'enfant Tabou à secrétaire de Malvine puis à celui qui va nous raconter son histoire. On y retrouve aussi celui de l'étranger. Car, toute sa vie, Liesse se sentira ainsi et on le lui fera sentir aussi. Etranger à sa famille à cause du tabou, à l'Empire, à Solmeri jusque ce qu'il trouve un port d'attache. Celui de la rédemption et de la réhabilitation aussi. Le long voyage est plus spirituel que physique au final.

Au final, j'ai beaucoup aimé le roman. S'il n'y a pas de grandes batailles, de créatures étranges et j'en passe, il n'en reste pas moins un bon roman de fantasy pour moi. Je le mets vraiment sur la même étagère que Terremer. Il y en les qualités en tout cas. C'est le genre de fantasy où l'être humain est mis en avant d'une belle manière.