vendredi 1 mai 2020

Un long voyage, Claire Duvivier

Ce livre aurait pu entrer dans le mois de la fantasy si je ne l'avais pas lu un jour avant (catégorie Dame Arwen). Je remercie les éditions Aux Forges du Vulcain de m'avoir fait confiance et de m'avoir permis de le lire.

Un long voyage, Claire Duvivier

Editeur : Aux Forges du Vulcain
Collection : Fiction
Année de parution : 2020
Format : mobi

A lire si :
- Vous aimez les livres de type mémoire
- Vous aimez quand l'histoire prend son temps

A ne pas lire si :
- Vous voulez de la fantasy rapide avec des guerres et des monstres

Présentation de l'éditeur :

Issu d’une famille de pêcheurs, Liesse doit quitter son village natal à la mort de son père. Fruste mais malin, il parvient à faire son chemin dans le comptoir commercial où il a été placé. Au point d’être pris comme secrétaire par Malvine Zélina de Félarasie, ambassadrice impériale dans l’Archipel, aristocrate promise aux plus grandes destinées politiques. Dans le sillage de la jeune femme, Liesse va s’embarquer pour un grand voyage loin de ses îles et devenir, au fil des ans, le témoin privilégié de la fin d’un Empire.
Dans ce conte merveilleux, relatant une vie entière avec un art consommé du suspense, et un talent inouï pour mêler humour et lyrisme, naît une nouvelle voix majeure de la fantasy.

Mon avis

J'ai demandé ce livre sur NetGalley parce que je trouvais la couverture jolie. Parfois, il n'en faut pas plus. Je ne saurais pourquoi mais elle m'a fait pensé à Terremer. D'ailleurs, son résumé aussi, d'une certaine manière. Hors, j'avais envie de retrouver le coté contemplatif de l'oeuvre d'Ursula K. Le Guin. Est-ce que je l'ai retrouvé ? Nous allons voir ça (spoiler alert : on en est quand même pas si loin que ça).

Le roman commence plutôt lentement. Liesse, un vieil homme, raconte à une amie sa vie, ou du moins, devrait-il lui raconter celle de Malvine Zélina de Félarasie dont il a été proche. Mais, en bon insulaire, il ne peut s'empêcher de lui parler des détails, même lorsque Malvine n'y est pas. Il faut dire que leurs vies est étroitement mêlées. On commence donc par découvrir Liesse alors qu'il est venu au comptoir commercial par sa mère pour payer les dettes de son père défunt. On le découvre faire sa place, se lier d'amitié et vivre jusqu'à l'arrivée de Malvine. A partir de là, la vie de Liesse va petit à petit se modifier jusqu'à ce qu'il parte avec en Solmeri en tant que secrétaire de la jeune femme. Là, une nouvelle vie commence à  nouveau, loin de l'Empire et de l'Archipel.


J'ai beaucoup apprécié la partie de l'Archipel grâce à ses personnages. Déjà Liesse est un protagoniste appréciable, qui ne se plaint pas trop (il aurait de quoi, surtout à certains passages), n'en fait pas trop non plus. Son discours est agréable à suivre, remplie d'une certaine poésie qui nous laisse parfois rêveur. A ses côtés, les impériaux semblent toujours meilleurs. J'ai une petite préférence pour Merle, peut-être aussi parce que c'est le mentor de Liesse et qu'on le voit plus souvent. Et puis, il y a Malvine, personnage central du récit qu'on apprend à connaitre petit à petit avec Liesse. Intelligente, parfois têtue, ayant de la suite dans les idées, elle fait tout ce qu'elle peut pour améliorer la vie des autres. C'est un personnage très altruiste, qui pense plus à ceux qui l'entourent qu'à elle-même. Bien qu'assez mystérieuse, on s'attache vite à elle, tout comme le fait Liesse. La partie Solmeri  (qui couvre de la moitié à la fin du roman) est tout aussi interessante mais pour d'autres raisons. Durant la partie Archipel, le texte est assez contemplatif, je dirais. Il se passe des choses, l'arrivée de Malvine, la construire de PortImpérial, mais c'est assez lent. Surtout, c'est fait pour qu'on comprenne comment fonctionne l'Empire et ses hommes.  A partir de l'arrivée à Solmeri, on commence à sentir le déclin de ce fameux Empire. Cela commence lentement, avec la disparition puis la réapparition de Malvine, puis l'arrivée des Statues, êtres étranges dont la femme semble connaitre quelques moeurs. D'ailleurs, ce sont elles qui marquent plus ou moins la fin d'une époque dans le roman. Elles amènent aussi l'élément fantastique du roman, que j'aurais voulu voir un peu plus détaillée (peut-être un jour, dans un autre roman ?).

Il y a quelque chose de très nostalgique dans ce roman. Déjà parce que c'est un vieux Liesse qui se fait narrateur. On sent que ce qu'il raconte le touche, pas seulement parce qu'il est le personnage central de son histoire. Il raconte la fin d'une époque, celle de l'Empire qu'il a tant aimé mais pas que. On ressent vraiment les sentiments de l'homme sur ses souvenirs. Forcément, les évènements qu'il relate aide aussi à la nostalgie. Parler de lui, des gens qu'il a côtoyé plus que de la vie de Malvine aide en cela. Mais ce n'est pas de la nostalgie triste, loin de là (enfin pas toujours). Il y a beaucoup de passage joyeux dans le roman, tout comme on se retrouve avec d'autres qui le sont beaucoup moins. Mais surtout, j'ai aimé que l'on suive l'Histoire de cet Empire, non pas avec un de ses grands représentants, mais avec Liesse, simple secrétaire. Liesse est une personne du peuple, un être comme vous et moi. Il ne fait pas l'Histoire, il la vit. Et cela ajoute un plus à toute cette histoire. Parce qu'il la rend plus humaine, à la portée de n'importe qui. C'est en ça que le livre m'a beaucoup fait penser à Terremer. Claire Duvivier a préféré faire parler un homme du peuple plutôt qu'un roi, ou une gouverneure. Je trouve, personnellement, que cela rend le récit bien plus interessant. Liesse devient un témoin presque privilégié de ce qu'il se passe (enfin, privilégié n'est peut-être pas le mot pour une partie du roman non plus). C'est là la force du roman pour moi

Et puis, il y a les thèmes du livre. Celui qui fait que l'on comprend mieux le titre, qui mène Liesse d'enfant Tabou à secrétaire de Malvine puis à celui qui va nous raconter son histoire. On y retrouve aussi celui de l'étranger. Car, toute sa vie, Liesse se sentira ainsi et on le lui fera sentir aussi. Etranger à sa famille à cause du tabou, à l'Empire, à Solmeri jusque ce qu'il trouve un port d'attache. Celui de la rédemption et de la réhabilitation aussi. Le long voyage est plus spirituel que physique au final.

Au final, j'ai beaucoup aimé le roman. S'il n'y a pas de grandes batailles, de créatures étranges et j'en passe, il n'en reste pas moins un bon roman de fantasy pour moi. Je le mets vraiment sur la même étagère que Terremer. Il y en les qualités en tout cas. C'est le genre de fantasy où l'être humain est mis en avant d'une belle manière.

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