lundi 22 juin 2020

Le Guerrier des Altaii, Robert Jordan

En grande fan de la Roue du Temps, je ne pouvais que lire ce Guerrier des Altaii. Un livre de l'auteur, jamais publié et récemment retrouvé, c'est un véritable trésor. Mais outre l'aura de son auteur, est-il bon, ce roman ?

Le Guerrier des Altaii, Robert Jordan

Editeur : Bragelonne
Collection : Fantasy
Année de parution : 2020
Titre en VO : Warrior of Altaii
Année de parution en VO : 2019
Nombre de pages : 384

A lire si : 
- Vous voulez de la fantasy somme toute assez classique
- Vous voulez un one-shot (pa négligeable quand il s'agit de Jordan)

A ne pas lire si 
- Vous vous attendez à quelque chose qui ressemble à la Roue du Temps.
- Vous ne voulez pas de roman sexiste

Présentation de l'éditeur : 

Approchez et écoutez, sinon les temps bientôt connaîtront leur fin…
Dans la Plaine, les points d’eau sont à sec, les cruels cornes-crocs se font de plus en plus nombreux et les mauvais présages abondent. Comptant parmi les chefs des fiers Altaii, Wulfgar doit faire face à deux reines, à des seigneurs de la guerre, à des prophètes et à des sorciers qui menacent la sécurité de son peuple et son avenir.
Venue d’un autre monde, la Vagabonde Elspeth détient toutes les réponses – à condition que Wulfgar apprenne d’abord à lui poser les bonnes questions.
Mais qu’arrivera-t-il si les connaissances capables de sauver les Altaii risquent en même temps de les détruire ?

Mon avis

Avant toute chose, je préfère prévenir, je vais essayer de faire court, mais je ne vais peut-être pas y arriver. Le pire, c'est que je vois pas mal de chose à dire pas forcément sur le bouquin lui-même, mais sur Jordan, ce livre et la Roue du Temps. Bref, je vais essayer de faire court. 

Commençons par le commencement. Ceci est donc le premier roman de Jordan. Le tout premier, avant qu'il n'écrive 6 tomes de Conan le Barbare (tome que je me procurerai un jour en bonne fangirl) et surtout bien avant la Roue du Temps. Or, ce livre n'a jamais trouvé preneur à l'époque. Et Jordan ne voulait pas qu'il soit exhumé, même après sa mort. Pourquoi ? Parce qu'il ne le trouvait pas si bon que ça. Normal, c'est un premier roman. Par contre, j'aurais bien voulu savoir si entre temps, il s'est rétracté (ou si Tor Book a décidé que balec, ils font ce qu'ils veulent). Perso, j'ai appris ça durant ma lecture la semaine dernière. Et j'avoue que je comprends parfaitement pourquoi l'auteur ne voulait pas qu'on lise son bouquin. 

Le Guerrier des Altaii aurait pu être un très bon one-shot fantasy. Imaginez donc une société nomade et guerrière qui doit survivre comme elle peut alors que tout est contre elle. Pour se faire, il va falloir prendre la ville de Lanta qui complote contre la dite société avec l'aide des Très-Haut, des être semblables à des Dieux. Pour sauver les Altaii, il semble n'y avoir que Wulfgar, fils adoptif du roi, protégé de Mayra, la Sœur de la sagesse. S'il meurt, tout est fini. Mais s'il réussit, alors son peuple vivra encore bien longtemps. Classique, mais normalement plutôt efficace. Or, le roman est un roman de jeunesse (et pas jeunesse hein) et ça se sent. 

Le Guerrier aurait pu se contenter de conter l'histoire de Wulfgar dans un monde de fantasy classique. L'auteur décide pourtant d'y ajouter Elspeth, une Vagabonde venant d'un autre monde (proche du notre si on en croit ce qu'elle en dit). Or, le rôle de la jeune femme se résume à peau de chagrin et je me demande encore pourquoi mettre en avant les Vagabondes si elles ne sont pas plus utilisée que ça (peut-être avait-il l'idée d'un second tome ou d'un livre dans le même univers expliquant ça). Or, des choses avancées qui ne servent pas à grand chose ou presque au final, il y en a quelques unes (mais moins importantes que le cas Elspeth). C'est un peu dommage, on a l'impression que le lecteur va avoir plein de chose à découvrir et comprendre et puis finalement, non, c'est juste Wulfgar qui va sauver son peuple.

D'ailleurs, on en parle du bonhomme ? L'archétype du barbare qui passe sa vie à cheval. On est vraiment pas loin de Conan le Barbare avec lui : grand, musclé, sanglant, violent, impulsif. La nuance n'est pas vraiment pour lui dans tout ce qu'il fait. Idem pour ses hommes. Quant aux femmes, le bat blesse énormément. Soient ce sont des esclaves juste là pour le plaisir des hommes, soient des reines et nobles parfaitement lubriques, soient de grandes sorcières usant de leur magie complètement nues. Je ne vais pas vous mentir, Jordan est un auteur quelque peu sexiste (même sur la Roue du Temps). Ici, c'est puissance mille. La femme n'est là que pour le plaisir des yeux alors même qu'elles sont les instruments de la victoire de Wulfgar (sans Elspeth ou Mayra, il serait mort quand même...). 

Enfin, on passe à l'intrigue elle-même. Si on pouvait oublier tout un passage (Wulfgar dans le palais des Trônes Jumeaux) qui n'apporte pas grand chose de plus à tout le bordel, on trouve quelque chose de pas trop mal. Pas trop mal si on exclue des raccourcis un peu trop rapide et un deus ex machina à la fin. En même temps, rien de bien catastrophique puisque je rappelle que c'est un premier roman.

Le plus gros soucis de ce Guerrier des Altaii outre son sexisme particulièrement présent, c'est bel et bien sa comparaison avec la Roue du Temps. On oublie facilement que ce one-shot a été écrit bien avant, qu'il fut le tout premier et que oui, il a des défauts comme peut l'avoir tout premier roman. Or, si on oublie deux secondes la série, on peut voir que le jeune Jordan a écrit un roman peut-être un peu trop ambitieux mais finalement assez bon (si on oublie son sexisme, mais en même temps, dans les années 70, la place des femmes dans la fantasy n'étaient pas vraiment enviable, il est loin d'être le seul sexiste du lot). Par contre, on commence à trouver des choses que l'on reverra dans la Roue du Temps. Ça commence dès la carte avec une Echine du Monde placé sur la gauche (là où elle ferme la droite de la carte de la Roue du Temps). Ensuite, les Altaii m'ont fait pensé pour certaines choses aux Aels. Quant aux Sœurs de la Sagesse, en un sens, elles sont les ancêtres des Aes Sedai et des Sagettes (alors, je m'excuse d'avance pour les lecteurs de la Roue du Temps version Bragelonne, moi, j'ai l'ancienne traduction et se sont les termes de celle-ci que j'utilise).

Au final, je suis mitigée sur ma lecture. Je suis ravie d'avoir ce livre entre les mains même si apparemment Jordan ne voulait pas vraiment que ce soit le cas. Je fangirlise un peu. Par contre, oui, c'est un premier roman et sans être totalement mauvais, il  n'est pas aussi bon qu'on pourrait l’espérer venant du gars dont tout le monde ne connait que la Roue du Temps (après, ça démontre que ton premier roman peut ne pas être génial, tu peux toujours t'améliorer). je regrette franchement le côté ultra sexiste et macho du roman. Est-ce que je le recommande ? Franchement, je pense que oui, pour tout ce qui aime Jordan mais à lire avec des pincettes quand même. Pour les autres, je pense qu'il existe de bien meilleur roman de fantasy (j'arrive pas à croire que je suis en train de dire ça d'un Jordan quand même)

vendredi 19 juin 2020

De Mars à Paris, le Chateau des Etoiles, tome 5, Alex Alice

Vous le savez, je lis très peu de bande dessinée.S'il y en a une dont je ne rate pas la sortie d'un tome, c'est bien le Château des Etoiles que j'aime énormément. Le confinement avait retardé un peu la sortie du cinquième et son entrée dans ma bibliothèque, voilà chose réparée. Et bien sûr aussitôt acheté, aussitôt lu.

De Mars à Paris, le Château des Etoiles, tome 5, Alex Alice

Editeur : Rue de Sèvres
Collection : /
Année de parution : 2020
Nombre de pages : 68

A lire si :
- Vous avez aimé le tome 1
- Vous aimez le steampunk et Jules Verne
- Vous voulez de beaux dessins accompagnent une bonne histoire

A ne pas lire si :
- Vous ne voulez pas de jeunes héros

Présentation de l'éditeur :

Planète Mars, 1873 : Séraphin et ses amis escortent la Princesse et son peuple à travers les hauts plateaux. La colonne de martiaux fuit l'invasion prussienne, et espère trouver refuge au-delà des terres interdites du pôle de Mars. Mais les phénomènes étranges se multiplient, et les aigles de guerre de Bismarck menacent... Poussés au bord du désespoir, leur salut viendra-t-il des reliques d'une antique civilisations martienne, ou d'une alliance plus pragmatique avec le tout nouvel empire interplanétaire de Napoléon III ?

Mon avis

J'avais très hâte de lire ce cinquième tome. Le quatrième m'avait beaucoup plus et franchement, j'adore la vision de Mars qu'a l'auteur. Sans parler que la magnifique couverture avec ce château bavarois entouré de planète a beaucoup fait fonctionner mon imagination fertile entre le moment où j'ai pris la BD à la librairie et celui où je l'ai lu (quelques heures quand même, fallait bien que je bosse).

Commençons par le plus simple, les illustrations. Je crois que je me répète vachement quand il s'agit des tomes du Château des Etoiles, mais il le faut bien. C'est toujours aussi beau. Je suis fan des aquarelles d'Alex Alice. C'est beau, tout simplement (et j'aimerai grave réussir à faire comme lui quand je touche à mes pinceaux, surtout pour les personnages et la lumière). Mieux encore, j'adore le contraste entre Mars et ses tons rouges et chaud et toute la partie plus terrienne avec des tons bien plus froids (parce que comme l'indique le titre mais aussi la couleur verte de la couverture, on retourne sur Terre dans ce tome).

En ce qui concerne l'histoire, nous continuons notre découverte de Mars. Et autant dire qu'après les événement de Un français sur Mars, rien n'est simple. Les Martiaux sont en exil après la destruction de leur cité. Avec Séraphin, Sophie et les autres, ils fuient vers le pole, dans l'espoir de retrouver le roi et un havre de paix. Mais Brismack est toujours là, pire, les officiers de l'Empire mettent en place un dispositif pour faire des martiaux leurs esclaves. Pour les contrer et sauver la population pacifique de Mars, la petite troupe, accompagnée de la Princesse martiale, retourne sur Terre, essayé de convaincre Napoléon III de les aider.

J'ai adoré le retour sur Terre. Si nos aventurier de l'Ether sont partis seulement un an, sur Terre, trois ans se sont réellement écoulés. Et en trois ans, il s'est passé énormément de chose, dont la conquête de Venus. En parlant de conquête de Venus, sachez (et je l'ai découvert avec ce tome donc) qu'il existe maintenant une série parallèle au Château des Etoiles, Les chimères de Venus d'Alain Ayroles et Etienne Jung(je pense d'ailleurs qu'il est possible que je m'offre le premier tome dans quelques temps). Mais surtout, Napoleon III possède le moyen d'utiliser Séraphin comme il le souhaite (ou presque, notre ami étant de plus en plus indépendant).

En parlant de Séraphin, je l'ai trouvé un peu effacé dans ce tome, tout comme Hans. L'auteur met beaucoup plus en avant Sophie (ce qui, personnellement ne me déranger pas du tout) et Loïc (arrivé durant le tome 3). J'aime toujours autant la jeune femme et découvrir Loïc est des plus intéressant. Surtout qu'ici, il n'est pas juste l’élément perturbateur enter Sophie et Séraphin.

Au final, j'ai apprécié, une fois encore. C'est vraiment une bande dessinée que je recommande, autant pour la beauté de ses planches que pour le côté très Jules Verne de son aventure (avec des femmes, et qui, en plus, ne se laisse pas marcher sur les chaussures). Maintenant, y a plus qu'à attendre avec impatience le sixième tome.

mardi 16 juin 2020

Les Enfants de la Veuve, Gallica, tome 3, Henry Loevenbruck

Et voilà, il est temps de clôturer le cycle commençait avec le premier tome de la Moira. Ma relecture est donc terminée et j'ai été ravie de la faire. Les deux séries sont vraiment de très bonnes séries de fantasy française qui m'héritent d'être plus connu.

Les Enfants de la Veuve, Gallica, tome 3, Henry Loevenbruck

Editeur : France Loisir
Collection : Fantasy
Année de parution : 2005
Nombre de pages : 654

A lire si :
- Vous avez aimé le premier tome
- Vous voulez de la fantasy moyenâgeuse avec créatures fantastiques
- Vous aimez les voyages initiatiques

A ne pas lire si :
- Vous n'avez pas aimé le premier tome

Présentation de l'éditeur : 

Les Brumes, ces créatures de légende, ont quitté le monde. Ce sont les hommes, à présent, qui meurent les uns après les autres, emportés par cette épidémie dont nul ne connait le nom.
Bohem saura-t-il trouver le remède à cette malecdiction ? Trouvera-t-il la troisième voie ? Lui, l'Enfant de la Veuve, le passeur des mondes qui, pendant que les rois et les soldats du Christ se déchirent, cherche le chemin d'une nouvelle chance.
S'il échoue, Gallica, à jamais, échappera à nos mémoires...

Mon avis

J'avoue que je me souvenais pas vraiment de ma première lecture de ce dernier tome. C'est assez étonnant, vu que d'habitude, je me souviens au moins d'un ou deux points. Là, c'était comme si mon cerveau voulait que je redécouvre la fin comme si c'était la première fois que je la lisais. Ou qu'il avait voulu que j'oublie à quel point je la trouve rapide et parfois un peu trop facile. Oui, lecteur, ce dernier tome n'ait pas celui que je préfère. Après un second tome que j'ai trouvé très bon, plus particulièrement dans l'évolution de Bohem, celui-ci semble presque fade. Oui, fade. Et pour un tome qui se veut finir en beauté un cycle comprenant deux trilogies, c'est quand même un peu dommage.

IL faut dire que le roman commence par des passages que je trouve un peu trop long. La recherche de l'Armensul prend trop de temps pour moi. C'est long, ça rabâche pas mal et j'ai eu l'impression de ne pas avancer. Heureusement, ce passage est entrecoupé par la guerre entre Emmer et Livain. Une guerre faite pour montrer l'absurdité de la chose alors que les hommes se meurent. Ce parallèle-là fonctionne parfaitement durant tout le roman d'ailleurs. Il faut dire qu'entre un Livain au plus mal et un Emmer qui ne pense plus qu'à gagner la guerre alors que, sans déconner, c'est finalement déjà fait, l'absurdité de la situation est bien là. Qu'on y ajoute la religion en plein milieu, avec un Abbé de Cerly qui tente de persuader tout le monde que Bohem n'est rien de moins que l'antéchrist, est on se demande bien qui va finir par prendre au sérieux le vrai problème, à savoir l'étrange épidémie qui met à mal le pays.

Or, il faut attendre que Bohem se rende à l'Armensul et revienne à Pierre-Levée pour qu'enfin on prenne le problème vraiment au sérieux. Et à partir de là, le lecteur va aller de révélation en révélation. Ce que l'on apprend va finir de lier les deux séries, la Moïra et Gallica. On va retrouver quelques personnages phares de la Moïra, qui viennent enfin aider le fils d'Aléa. Bien qu'ils balancent deux trois révélations, leur rôle reste assez minimes. En fait, j'ai eu l'impression qu'ils étaient là pour faire le pont, comme je l'ai dit, mais aussi parce que l'auteur ne savait peut-être pas comment amener les révélations sans en faire trois tonnes (on a déjà l'étape Armensul qui prend énormément de temps, je le rappelle). Le problème, c'est que pour moi, certaines choses tombent un peu comme un cheveu sur la soupe. Ça sort presque de nulle part, encore plus si on n'a pas lu la Moïra avant. 

Mais ce n'est pas tout. La fin va trop vite pour moi. Le problème reste la longueur de l'épisode Armensul en fait. Par rapport à ça, tout va trop vite. Beaucoup trop. Mais ce n'est pas tout à fait ce qui me dérange. Le problème, c'est Bohem. Après sa super évolution durant le second tome, il stagne complet et il rabâche pas mal de chose. De plus, il prend soudainement une sorte de statut de super-héros assez étrange (son dernier dialogue avec Emmer ...) qui ne va pas réellement avec ce qu'il était jusque là. Ca se voit encore plus que les autres personnages que nous avons pu suivre jusque là sont plus effacés (Fidélité fait beaucoup mais on ne le voit finalement pas des masses, Mjolln continue son rôle de faire-valoir, Loeva semble n'être qu'une belle plante posée à côté de Bohem, quant à Vivienne, son rôle a grandement diminué depuis son passage dans l'Armensul).

Vraiment, je trouve tout ça dommage tant ce tome aurait pu, pour moi, être une véritable apothéose. Il souffre malheureusement trop de ses longueurs. Les idées qu'il véhicule sont particulièrement bonnes (et vu les temps qui courent, trouver une troisième voie est plus qu'évident), j'ai adoré le parallèle entre le rôle de Bohem et la manière dont le voit l'Eglise (le coup de l'antéchrist, sachant ce qu'il va faire par la suite, c'était vraiment bien foutu). Du coup, ma lecture n'a pas eu l'effet escomptée, je me suis même un peu ennuyée. 

Au final, je suis un peu déçue de cette fin. Pas que j'en attendais plus, disons que j'aurais aimé qu'elle aille moins vite sur sa seconde partie, que les explications soient aussi moins expédier (je veux dire  que qui est Camille, comment réussir à empêcher les hommes de mourir et qui est réellement le Sauvage et qu'elle est sa place, on apprend tout ça en moins d'un chapitre par un Conseil, style, "merde j'ai oublié de dire plein de chose, on va tout remettre à plat d'un coup"). 

Cela n'empêche pas le fait que Gallica est une bonne trilogie de fantasy, qui mêlent le genre à l'historique et qui permet, peut-être, de faire un peu réfléchir sur la violence et son emploi (et on en a bien besoin en ce moment). D'ailleurs, je continuerai de la recommander, elle et la Moïra à qui veut découvrir la fantasy à la française. 

samedi 13 juin 2020

Le Nouveau Monde, Iridium, tome 1, Karine Vitelli

Lorsque j'ai lu la quatrième de ce roman, je me suis dit "chouette de la dystopie post-apo". Ca fait longtemps que j'en ai pas lu et ça me manquait un peu. Du coup, je me suis lancée, histoire de voir ce que ça allait donner. D'ailleurs, je remercie les éditions  Bookmark de l'avoir proposé sur Netgalley.

Le Nouveau Monde, Iridium, tome 1, Karine Vitelli

Editeur : Bookmark
Collection : Reine-beaux
Année de parution : 2020
Format : mobi

A lire si 
- Vous voulez du post-apo
- Vous aimez les récits avec pas mal de péripétie

A ne pas lire si :
- Vous voulez une héroïne censée
- Vous n'aimez pas les récits dystopiques au passé


Présentation de l'éditeur : 

Suite à une catastrophe inconnue qui a plongé le monde à l’ère préhistorique, des enfants et adultes triés sur le volet se sont enfermés dans des bunkers souterrains durant vingt-deux années. Deux décennies durant lesquelles une dictature s’est érigée en maître absolu, asservissant la population à des tâches strictes et malsaines. 
Quand, sortant pour la première fois de son abri, les survivants du bunker font la rencontre de survivants, tout est remis en question. Contrairement à ce qu’ils ont appris, la vie a persisté hors des murs du bunker. 
Espoir.
 Lana et ses amis vont découvrir que la catastrophe n’a pas seulement ravagé les terres, mais a aussi modifié certains spécimens. Entre le confinement des sous-sols et la vie dans les grands espaces, chacun essaie de survivre à sa façon. 
Solidarité.
 Face à l’adversité, le groupe devra se serrer les coudes et parcourir les continents décharnés pour espérer trouver un nouveau refuge. Mais est-ce encore possible ?
Amour

Mon avis

Comme je le disais, c'était l'idée de lire une dystopie flirtant bon le post-apo qui m'a donné envie de me lancer dans le roman. Sur ce point, d'ailleurs, on est plutôt pas mal. L'idée d'une dictature asservissant les rares survivants me paraissaient fort bien, celle de la rencontre avec des personnes libres aussi. Je sais pas, je me voyais avec un truc dans le style des 100 (la série, et plus particulièrement la saison deux avec le Mont Weather) ou pas loin. Bref, mon imagination était au taquet et elle a été un peu déçue pour tout vous avouer (mais pas tant que ça, je crois).

Lana vit depuis vingt-deux dans l'arche. Ce bunker a permis de lui sauver la vie, à elle mais aussi à tous ce qui y vivent depuis la catastrophe. Depuis, elle n'a pas vit une seule fois la surface de la terre. Pire, comme elle est encore jeune et fertile, elle est devenue porteuse pour la communauté. Tous les jours, elle est violée afin de perpétuer l'espèce (et elle n'est pas la seule dans ce cas). Du coup, lorsque Tyler, récemment capturé et tout aussi récemment promu chef d'une escouade de chasseur, fomente une évasion avec son groupe, elle n'hésite pas une seconde. Pour échapper à son statut de porteuse, elle va fuir avec eux. Mais ce qui l'attend dehors n'est peut-être pas tout à fait mieux. La Terre est dévastée, inhospitalière et pleine de danger. Elle va découvrir des personnes aux dons incroyables, les N.A. (pour noyaux atomique), et va en faire sa nouvelle famille. 

Commençons par ce que j'ai aimé, l'univers. J'aime les univers post-apo bien foutu et je trouve celui-ci plutôt bon. On a une terre qui semble avoir changé d'axe de rotation, où le jour durent six mois et la nuit tout autant, la météo fait des siennes, avec un soleil plus que brûlant par exemple et des froids glaçant. La végétation a pris mal, l'eau tout autant, les villes sont des ruines. Pour survivre, les hommes ont créé des arches vingt deux ans plus tôt et la vie n'est pas rose à l'intérieur, ce qui, en fait, me semble presque logique (autant de confinement ne peut qu'engendrer des problèmes). Ceux qui sont restés sur la surface et qui ont survécu ne sont pas mieux loti, là aussi, ça parait logique. Le tout tient donc debout, même si j'ai trouvé quelques petits défauts (le coup du changement de météo juste en passant une frontière par exemple). Ça reste du classique en post-apo mais je trouve que c'est bien foutu et qu'en plus de ça, c'est surtout bien utilisé.

D'ailleurs, l'intrigue, elle aussi assez classique, m'a plu. On se retrouve avec un groupe de survivants qui ne se connaissent pas tous à la recherche d'un endroit plus calme où vivre. Derrière ça, il y a la menace de mercenaires et plus particulièrement d'un ennemi qui reste invisible dans ce premier tome, l'Aigle, un N.A. un peu particulier qui tente de se prendre pour Dieu. J'ai adoré les moments de doutes du groupe, les explorations et les dangers qu'ils vont devoir affronter. La nature tout entière semble être contre Lana et les autres. Alors oui, le déroulé est classique mais il est maitrisé. Et puis, l'ajout de personnes ayant des pouvoirs n'est pas gratuit. Je veux dire par là qu'aucun N.A. (et ils sont tout de même six) n'est là pour faire "le beau". Leurs pouvoirs sont utiles et bien utilisés dans l'histoire. Mention spéciale d'ailleurs à Hang sous la pluie, où on se rend compte que oui, ils semblent sur-humains par rapport à ceux de l'arche, mais en fait pas du tout. Et, franchement, ça, ça fait plaisir.

En fait, mon gros problème avec ce premier tome, c'est clairement Lana, la narratrice. Lana, c'est la fille qui veut être la meilleure et qui clairement ne l'est pas. Elle essaie, se rate, recommence. Jusque là, ça aller entre elle et moi. Et puis, régulièrement, elle m'a énervée. Parce qu'elle ne veut pas voir certaine évidence, parce qu'elle n'en fait qu'à sa tête, parce qu'elle peut régulièrement être une abrutie face aux autres. Alors, oui, je sais, pour matcher avec Tyler, il fallait une personne à fort caractère. Mais elle en fait trop. C'est dommage, parce que j'ai assez apprécié les autres personnages (malgré quelques stéréotypes qui ne sont pourtant pas si gênant que ça).

Je n'oublie pas non plus que c'est un premier tome. Et je le trouve plutôt bien. Il met pas mal de chose en place et fini avec un cliffhanger plutôt angoissant (mais cette fin, quoi). Il est plutôt efficace pour faire découvrir le monde post-apo de l'autrice, et franchement, même avec Lana, j'ai bien envie de lire la suite. Au final, j'ai apprécié ma lecture malgré sa narratrice (et le temps de narration, au passé)(en fait, c'est surtout que je n'ai plus l'habitude de lire ce genre de roman au passé je crois). Je lirai la suite pour voir ce que ça donne (surtout que je suis curieuse et que je veux savoir deux trois choses dont je ne vais pas parler ici pour cause de spoiler)

mardi 9 juin 2020

Contes Imaginaires, Cindy Van Wilder

Il y a quelques temps, Cindy Van Wilder a proposé de poster les nouvelles qui dorment dans son disque dur sur Wattpad. Aimant beaucoup les romans de l'autrice, il était temps de lire les nouvelles.
Petite précision, j'ai lu le recueil petit à petit, sur une période plus ou moins longue, sachant que Cindy Van Wilder poste une nouvelle ou partie de nouvelle tous les vendredis ou presque.

Contes Imaginaires, Cindy Van Wilder

Editeur : Cindy Van Wilder
Collection : /
Année de parution : 2019
Format  : Wattpad

A lire si :
- Vous aimez les nouvelles
- Vous aimez la SFFF

A ne pas lire si :
- Vous n'aimez pas les nouvelles

Présentation de l'éditeur :

Bienvenue dans mes Contes Imaginaires !
Ici, vous trouverez :
- Beaucoup d'imaginaire
- Des créatures fantastiques
- Des personnages ambigus, voire amoraux
- Pas mal d'action
...
- et peut-être quand même, bien caché entre les mots, un zeste de douceur !

Mon avis

Forcément, comme Contes Imaginaires est un recueil de nouvelles, je vais parler de chacune d'elles (ou presque, l'une a déjà été lue il y a quelques années).

Avis de Tempête
La première nouvelle du recueil est une nouvelle parlant de super-héros. Mais ici, pas de mégalopole, pas de super-méchant non plus. On se déplace à la campagne, dans une petite ville où Tara, la Tueuse de Tornade, doit affronter le divorce de ses parents sur médiatisés, le regard des autres sur elle et ses pouvoirs et une tornade destructrice. J'ai beaucoup apprécié le traitement de la nouvelle, qui ne s'attarde pas sur les pouvoirs de super-héroïne de Tara mais bien sur ce qu'elle peut ressentir, tiraillée de toutes parts par la manière dont les gens peuvent la voir (monstre pour certains, héroïnes pour d'autre, futur animal de labo pour d'autres...). C'est écrit avec beaucoup de sensibilité (venant de l'autrice, on ne s'attend pas forcément à moins) et je trouve vraiment que la manière d'aborder le thème du super-héros change beaucoup dans cette nouvelle de ce que l'on peut voir d'habitude. Bref, j'ai beaucoup aimé.

Un dîner entre gentlemen
Je ne vais pas trop en dire sur cette courte nouvelle pour ne pas la spoiler. Disons que c'est un hommage bien foutu à Lewis Caroll, Maurice Blanc et même Neil Gaiman. C'est fort agréable à lire et à la hauteur de l'hommage.

Au service des Insectes
Je n'ai pas relu la nouvelle, l'ayant déjà fait il y a quelques années. Vous pouvez retrouver l'avis par ici.

Le Chandelier
Cette nouvelle traite d'un sujet peu simple à la base et surtout se base sur un anti-héros. Lepelletier est hanté depuis des années. Il est temps pour lui d'expier ses fautes, et plus particulièrement une. L'autrice nous amène alors aux heures sombres de l'histoire, celles de la seconde guerre mondiale et de la dénonciation des juifs. Une fois encore, c'est la sensibilité de Cindy Van Wilder qui me touche ici. Elle ne tombe jamais dans la surenchère des sentiments, qu'ils soient bons ou mauvais. C'est toujours très juste. Cela rend le récit assez prenant ici, alors qu'il est tout de même court. Bref, ce Chandelier est une petite pépite.

IB-340-X-547
Cette petite nouvelle est plutôt agréable à lire bien qu'assez prévisible. On y découvre un androïde faisant face à des sentiments qu'il ne devrait pas ressentir dans une société où les machines ont pris la tête du pouvoir. Ça se laisse bien lire mais la nouvelle est peut-être bien, pour moi en tout cas, le moins marquant de l'autrice.

Dernier défi
Cette nouvelle est un peu plus dure que les précédentes. Il y est fait mention de scène de sexe (c'est pas énorme, hein non plus, mais ça mérite d'être dit)(et puis l'autrice prévient, alors je peux aussi) et de la violence (là non plus, ce n'est pas un texte ultra violent mais déjà plus que les autres). Je ne voudrais pas trop en dire pour ne pas trop spoiler, mais disons qu'on va découvrir un mythe grec d'une autre manière. La relecture est intéressante, elle transforme le mythe sans le dénaturer. Ce n'est peut-être pas ma préférée mais elle fait son petit effet.

Due Cadaveri
J'ai beaucoup aimé ce texte. Il est terriblement poétique et en même temps terriblement grave et triste. C'est aussi une nouvelle pleine d'espoir. L'histoire de cette petite Nora, dont la famille se retrouve en plein drame, est touchante. C'est merveilleusement écrit et prenant et elle est surement l'une des mes préférées du recueil pour l'instant.

Le chat de Jul
Cindy Van Wilder nous plonge cette fois dans les festivités de fin d'années et dans la mythologie scandinave. Appréciant grandement la dite mythologie, j'ai été ravie de voir le magnifique Jólakötturinn (dans l'idée, c'est donc un chat géant qui mange ceux qui n'ont pas reçu de nouveau vêtement lors de la fête de Yule). J'ai adoré l'ambiance du récit, la manière dont le tout est mené. Et puis, ça m'a un peu rappelé les Outrepasseurs, alors du coup, elle a tout bon cette nouvelle avec moi.

Joyeux Anniversaire !
J'ai pas mal apprécié cette nouvelle que j'ai trouvé amusante. Un homme vient dans le Dédale pour commander un monstre pour l'anniversaire de sa fille. Il faut dire qu'il a inventé une histoire de monstre pour qu'elle se calme mais que ça n'a pas beaucoup marché. Or, le monstre n'est peut-être pas celui qui vient du Dédale... 

Le secret de l'Ourthe
Cette nouvelle est la réécriture d'un conte assez connu, celui des Farfadets réparant les objets cassés. Je crois qu'il doit être connu dans une bonne partie du monde, du moins de l'Europe. D'ailleurs, en bonne autrice belge, Cindy Van Wilder le situe non loin du rocher Bayard et de l'Ourthe, rivière ardennaise. C'est un conte plutôt sympathique à lire sans toutefois être d'une grande originalité (après tout, c'est une réécriture)

Nous ne serons plus jamais seuls
Cette fois, nous embarquons pour Venise et malgré ce décors que j'apprécie toujours autant, la nouvelle ne fait pas partis de mes préférées. Je la trouve un peu trop rapide et surtout, je n'arrive pas, personnellement, a en voir la finalité. Pourtant, elle commence plutôt bien, avec un élément que j'apprécie assez.

Tryamour
La dernière nouvelle du recueil nous entraîne dans les légendes arthuriennes. Le jeune Lanval est amoureux de la reine Guenièvre. Un amour qu'il refuse, comme on peut le comprendre. Malheureusement pour lui, il ne peut s'y soustraire comme il le voudrait. Sa rencontre avec Tryamour, une Fay va changer bien des choses pour lui. Mon amour des légendes arthurienne et de tout ce qui tourne autour va forcément parler pour moi ici. J'ai beaucoup apprécié ma lecture.


Pour conclure l'avis sur ce petit recueil, j'ai apprécié quasiment toutes les nouvelles. Je trouve qu'il donne un très bon aperçu de ce que fait Cindy Van Wilder. J'ai plus particulier apprécié pour la suivre sur les réseaux, retrouver ses valeurs dans ses écrits. Si vous ne connaissez pas encore l'autrice, je pense vraiment que c'est une parfaite mise en bouche.

La Forteresse de la Perle, Elric, tome 2, Mickael Moorcock

Lors du mois de la fantasy, j'avais eu envie d'enfin découvrir Elric de Menilboné. C'était une saga qui me faisait de l'oeil depuis très longtemps, un de ses classiques de la fantasy que je n'avais pas encore lu (il m'en manque encore tellement). J'ai aimé ma découverte (beaucoup beaucoup) et il était temps de voir (oui déjà) si c'était pareil avec le tome deux.

La Forteresse de la Perle, Elric, tome 2, Mickael Moorcock

Editeur : 12 21 (oui, j'ai encore pris la couv de chez pocket, mais on s'en fiche, c'est la même)
Collection : 
Année de parution : 2014
Titre en VO : Elric, book 2: The Fortress of the Pearl 
Année de parution à VO : 1989
Format : AZW

A lire si 
- Vous avez aimé le premier tome
- Vous voulez une sorte d'Alice aux pays des merveilles aillant rencontrer Lovecraft.

A ne pas lire si 
- Vous n'aimez pas les divagations onirique
- Vous voulez du bon gros combat

Présentation de l'éditeur : 

Elric s'est perdu dans le Désert des Soupirs, le voici à Quarzhasaat, ville engloutie par la marée des dunes. Trop tard peut-être: Elric délire, Elric agonise. Où est l'élixir qui lui rendra ses forces ? Et s'il boit l'élixir, où trouver l'antidote? Finalement il accepte un pacte: il va quérir la Perle au cœur du Monde. Le voilà donc parti pour l'Oasis Fleur d'Argent, où Varadia, la Sainte Fille des nomades bauradim, dort d'un sommeil surnaturel. De là part le chemin vers les royaumes du Rêve, où se dresse, dit-on, la Forteresse de la Perle. Un voyage inouï attend le prince albinos: il explore des domaines où nul ne s'était risqué avant lui.

Mon avis

Première chose à savoir, ceci n'est le tome deux que par ordre chronologique de l'histoire (il en va de même d'ailleurs pour Elric des dragons, qui n'est le un que par cet ordre là). Si on suit l'ordre de publication, La Forteresse est le septième tome paru (et Elric des Dragons le cinquième). Ils font parti, avec Le Navigateur sur la mer des destins (qui est dans ma PAL et prêt à être lu), de la jeunesse d'Elric. On ne commencera le cycle principal qu'au quatrième tome, Elric le Nécromancien. Est-ce un problème ? Non, pas vraiment. Juste qu'il fallait le dire, ce que j'ai oublié de faire pour le tome un et que je trouve interessant de savoir ça. 

Passons à présent à cette Forteresse de la Perle.

Après avoir découvert Elric dans le premier tome, nous quittons Menilboné et Ymrrir pour les Jeunes Royaumes. On se souvient que notre Prince Albinos a laissé son royaume à son traitre de cousin afin de découvrir le monde. Or, le voyage n'est pas de tout repos pour Elric. A court des elixirs le maintenant en vie, il attérit mal en point dans la cités de Quarzhasaat. Faible, il n'a pas vraiment le choix lorsque un noble influant lui file un elixir capable de lui rendre sa force mais aussi de le tuer petit à petit. Pour survivre, il doit trouver la Forteresse de la Perle et en rapporter son trésor. Or, la Forteresse se trouve dans une étrange contrée, celle des Rêves. 

Autant le dire de suite, ce tome ne fait pas vraiment avancé l'histoire d'Elric, ni même sa psychologie. J'ai surtout eu l'impression qu'il était là juste pour le plaisir d'avoir un nouveau tome de l'Albinos (et ça, on s'en rend bien compte avec l'ordre de parution des tomes et surtout celui de l'écriture, dont je parle plus haut). C'est une aventure qui se veut classique par son déroulement. Elric doit trouver un fabuleux trésor. Une quête comme on en trouve souvent dans les sagas de Sword and Sorcery. Perso, ce n'est pas pour me déplaire, j'aime assez ça. Ajoutons-y la découverte des sept royaume du plan onirique et on devrait avoir quelque chose de pas trop mal.

 La première partie sur les trois que compte le roman, est, à mon gout, trop longue et avec trop de lenteur. Elric est affaibli, il divague pas mal (et c'est long). Il faut attendre qu'il quitte Quarzhasaat pour l'Oasis Fleur d'Argent pour que ça commence enfin à être un peu intéressant. Ça reste long et lent mais c'est mieux. Il faut réellement attendre la rencontre avec Oone, une Voleuse de Rêve, pour qu'enfin l'histoire avance réellement dans la second partie. Une partie qui m'a fait pensé à un Alice au Pays des Merveilles ayant rencontré Lovecraft et régit par le Chaos. Le plan onirique de Moorcock est particulièrement sympathique à visiter avec ses sept royaume tous plus déprimant les uns des autres. Chez l'auteur, pas de merveilles mais des ambitions et des désirs perdus. Les tentations sont partout et bien plus dangereuse que les ennemis que l'on peut y trouver. Et j'ai adoré cette vision du monde onirique. Malheureusement, l'auteur ne s'y attarde finalement que peu et de manière peut-être un peu trop brouillonne par moment. Je trouve ça un peu dommage, ça aurait permis de mieux comprendre notre albinos préféré. Surtout que le roman a été publié après le cycle principal. Moorcock savait donc ce qu'il allait advenir de son personnage. Je pense qu'il aurait pu s'en servir (mais sans trop en faire non plus) pour l'évolution d'Elric durant son voyage onirique. Je pense que c'était clairement faisable dans certains royaumes sans toutefois trop en dire. 

Après cette seconde partie, on passe au dénouement (et donc troisième partie) et là, c'est le drame. C'est expéditif (là où tout le roman fut long et parfois laborieux comme dans la première partie) et je ne suis pas sûre que finalement, ça amène vraiment quelque chose. Alors, oui, ça clôture l'histoire de manière presque satisfaisante (et je parle même pas des dernières lignes d'Oone qui annonce un truc qui pourrait être énorme mais je n'ai pas la moindre idée de si c'est exploité ou  non par la suite)(le problème donc de lire par ordre chronologique que par ordre de parution) mais pour moi, il manque un truc et je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Pourtant, on peut remarquer une chose dans cette fin qui est importante. Tout le long du roman, Elric nous rappelle bien son attachement au Chaos. Or, à la fin, il semble qu'il commence à se poser des questions sur cela et surtout à pencher un peu vers l'Ordre. C'est subtil mais bien là. 

Au final, je dois dire que je reste perplexe face à cette Forteresse de la Perle. Il y a de très bonne choses dans ce roman. L'univers onirique en est une, les explications sur le Chaos, l'Ordre et surtout la Balance, des passages particulièrement sympathique à lire. Et en même temps, je l'ai trouvé brouillon et souvent laborieux (et je vous parle même pas de la traduction qui est extrêmement lourde (c'est surement l'une de celles que j'aurais le moins apprécié et je peux vous dire que j'en ai lu des pas mal depuis le temps)). Après, il faut voir avec les autres tomes s'il apporte vraiment quelque chose de plus qu'une simple aventure d'Elric.

vendredi 5 juin 2020

Les Sorcières de la République, Chloé Delaume

J'avais très très envie de lire ce bouquin depuis quelques temps. Ça devait bien faire deux ans qu'il était dans ma Wishlist. Je trouvais l'idée d'une uchronie où des sorcières avaient gagné les élections présidentielles puis avaient fait quelque chose de si horrible dans la tête des français que leur mémoire avaient été effacé juste géniale. Je ne m'attendais pas à ce que j'ai pu lire. Et j'ai adoré (à tel point que j'ai déjà un nouveau Delaume dans la PAL)

Les Sorcières de la République, Chloé Delaume

Editeur : Points
Collection : 
Année de parution : 2019
Nombre de pages : 384

A lire si :
- Vous aimez être un peu chamboulé
- Vous aimez les uchronies
- Vous voulez un texte féministe

A ne pas lire si :
- Vous voulez un texte assez linéaire
- Vous n'aimez pas les sorcières ou la mythologie

Présentation de l'éditeur :

En 2020, la France choisit l’amnésie collective. Les trois années écoulées sont effacées des mémoires : la prise de pouvoir du Parti du Cercle, émanation d’une secte féminisme, la contre-attaque des femmes invisibles après des millénaires de domination masculine. Quarante-deux plus tard s’ouvre le procès de la fondatrice du Parti. Les Français vont enfin connaître la vérité sur le Grand Blanc…

Mon avis

J'ai découvert l'existence de ce texte en 2017 ou 2018 dans une liste de livre féministe à lire. Je l'ai mis dans ma wishlist rapidement et puis, comme souvent, j'ai fini par oublier qu'il s'y trouvait vu que je ne le trouvais pas chez ma libraire (et que ma wishlist fait des kilomètres de longs). Et puis, il est sorti en poche, et il faut avouer qu'on ne peut pas le rater avec sa couverture aux couleurs pop. Ca n'a pas raté, il était là, un peu avant le confinement chez ma libraire. Je l'ai vu, je l'ai pris et puis avec le confinement, j'ai eu envie de chose moins "politique" à lire. Le déconfinement est arrivé, j'ai lu de la fantasy pendant un mois, c'était le moment. 

Je m'attendais à beaucoup de chose, mais pas vraiment à la forme du roman. Nous voici en plein Live. Celui du procès de la Sybille, l'une des figures du parti du Cercle, âgée de quelques 2900 ans. Elle est la seule survivante du Parti du Cercle (ou la seule qu'on est réussit à retrouver), qui a prit le pouvoir à la suite des élections présidentielles de 2017. Le dit parti a été au pouvoir durant trois ans, trois ans dont on ne sait plus rien. En 2020, après un référendum (sans la moindre abstention), les français ont voté pour le Grand Blanc, une amnésie collective. En 2062, date du procès, la question qui est sur toutes les lèvres reste "qu'est-ce qu'il a pu se passer". Et la Sybille est la seule à pouvoir y répondre.

On commence donc par la forme du roman. Comme je le disais, nous voici en plein live, comme si nous y étions (ou presque). Le procès dure une semaine, quasi 24h/24. Ainsi, outre le témoignage de la Sybille, nous avons aussi des passages de la présentatrice de Canal National qui nous permette de découvrir le monde de 2063. Un monde où la publicité a pris place absolument partout, où le français est plus patriotique que jamais. Un monde où la greffière est une égérie mode, ou l'on n'hésite pas à commenter les tenues des uns et des autres, où tout est ramené à son pays, où le président est adulé (et peut se présenter au premier tour après avoir eu 5000 likes sur les réseaux)... Cette vision futuriste de la France parait plutôt juste. Après tout, vu comment les réseaux sociaux prennent de l'importance dans nos vies, ça pourrait fort bien arriver. Pire encore, ce genre de dérive ne m'a pas beaucoup perturber, pour dire à quel point ça s'ancre pas mal dans les tendances contemporaines. Seule dérive de cette VIIième République gênante pour moi, que l'Etat puisse nous dire ce qu'on doit faire et que l'on soit puni si on ne le fait pas. La France d'après le Grand Blanc a quelque chose de trop autoritaire à mon gout, surtout que c'est bien caché derrière de beaux discours publicitaire. 

Et dans tout ça, on a donc le témoignage de la Sybille qui commence avec l'histoire du parti du Cercle. Et plus précisément la naissance du Premier Cercle, un peu avant ce qui aurait dut être l'apocalypse de 2012. Ce jour-là, les Déesses Grecques prennent leur indépendance. Elles reviennent sur le devant de la scène après s'être débarrassées de Zeus frères & fils. Après des millénaires à avoir été flouée, oubliée, jetée aux orties, elles ont bien l'intention de se faire à nouveau entendre. Et grâce à la Sybille, capable de voir l'avenir, elles vont arriver en France pour ce faire. Pour moi, chaque déesse représente une facette du féminisme. Elles se battent chacune pour une cause, se ressemblant ensemble lorsqu'il y a besoin (et se prenant la tête régulièrement aussi entre elles). Avec elles, l'autrice fait passer son message. Un message sur le besoin croissant d'une vraie sororité (sujet de son essai Mes biens chères sœurs que j'ai très hâte de sortir de ma PAL), que le féminisme est pluriel et intersectionnel. Et ça fonctionne dans le roman. Ça fonctionne même trop bien, en réalité. Les femmes se libèrent de l'emprise masculine. Elles cassent leurs chaines, se libèrent. Mais on ne sort pas indemne de siècles d'emprise patriarcale.  Alors, on peut penser que le côté féministe du livre est plutôt étrange. Merde alors, les femmes n'ont été aux pouvoirs que trois ans et en plus de ça, soixante piges plus tard, c'est encore pire côté patriarcat, ultra nationalisme et couverture médiatique. Ce serait ne pas avoir lu le livre, ne pas avoir vu la critique en dessous. Ce livre est bien une critique du patriarcat, des médias, du système politique français (et pas que français d'ailleurs). Cela se ressent particulièrement lorsqu'on découvre enfin le pourquoi du Grand Blanc et dans le dénouement du livre. 

Autre chose avant de finir, parlons un peu du style. J'ai adoré l'écriture de Chloé Delaume. J'ai adoré qu'elle mélange politique et pop culture comme elle l'a fait. J'ai surtout apprécié retrouver des références que je maîtrise (Buffy est souvent cité, mais on retrouve Indochine aussi par exemple, Katniss Everdeen). C'est appréciable d'avoir des romans aux thèmes assez lourd et violent avec un langage plus léger. Le décalage est intéressant et rend la lecture moins lourde, plus facile (je pense surtout à l'échange mail entre Jesus et Artémis durant le mariage pour tous qui est juste généralissime). 

Pour finir, j'ai beaucoup aimé ma lecture, vous vous en doutez. J'ai aimé le divertissement et plus encore le discours derrière. La critique est bien amenée, l'uchronie encore plus. J'ai apprécié le mélange féministe intersectionel et sorcellerie (il est dommage peut-être de ne pas les avoir encore plus lié). C'est un livre à découvrir et à mettre entre pas mal de mains.

mardi 2 juin 2020

La Chanteuse-Crystal, La transe du Crystal, tome 1, Anne McCaffrey

Cela faisait un petit moment que j'avais envie de lire cette petite série d'Anne McCaffrey. J'ai beaucoup aimé les premiers tomes de Pern (je prévoie d'ailleurs de revenir dans l'univers de Pern dans peu de temps) et j'avais entendu du bien de la Transe de Crystal. Comme les trois livres étaient dans ma PAL numérique depuis pas mal de temps, je me suis dit qu'il était temps de les sortir.

La Chanteuse-Crystal, La transe du Crystal, tome 1, Anne McCaffrey

Editeur : 12 21
Collection : /
Année de parution : 2014
Titre en VO : The Crystal Singer
Année de parution en VO : 1982
format : mobi

A lire si :
- Vous voulez un roman de science fiction calme
- Vous appréciez les "tranches de vies"
- Vous aimez les univers développés

A ne pas lire si
- Vous n'aimez pas les personnages égocentriques
- Vous voulez des combats

Présentation de l'éditeur :

Dans le crystal noir, tout est pur : les voix qui le font vibrer, les traces indélébiles qu'il laisse au cœur des chairs blessées. Voici l'histoire de Killashandra Ree, de sa voix et de ses blessures. D'emblée, son professeur de chant lui enlève tout espoir de devenir professionnelle : son défaut vocal a résisté à tous les traitements. première blessure. Alors elle part pour la planète Ballybran, où l'attend le spore qui va la contaminer. Elle y gagnera des siècles de jeunesse et y perdra la mémoire. deuxième blessure. Elle devra escalader des chaînes de montagnes, errer dans des déserts métamorphiques, affronter des ouragans. Troisième, quatrième, cinquième blessure. Elle trouvera le filon de crystal noir, qui ne se laissera tailler qu'au son de sa voix. Et qui assure la communication instantanée entre les mondes. La réussite, enfin. 
Mais les blessures ?

Mon avis

Avant de commencer autant vous dire que la quatrième de couverture n'est pas ce qui se fait de mieux (elle date de la première traduction en français). Disons que ce n'est pas elle qui va vous dire précisément ce que vous allez lire. Le coup des blessures, par exemple, est un peu de trop (la première, je suis bien d'accord, pour les autres, c'est plus compliqué que ça). Disons qu'il me semble qu'elle donne plutôt le ton de la trilogie elle-même que de ce premier tome.

Sur fuerte, Killashandra Ree vient d'être refoulée aux portes de la carrière qu'elle rêve de faire. Elle ne sera jamais chanteuse vedette d'opéra malgré des années et des années d'études et d'entraînement au conservatoire. Elle a un défaut, un vibrato trop marqué pour ça. Folle de rage de se voir orienter dans les chorales, elle décide de fuir. C'est ainsi qu'elle va rencontrer Carrick, un chanteur-crystal de la planète Ballybran. Une carrière qui semble attirer la jeune femme malgré les mises en garde de Carrick et de son maitre du conservatoire. La voilà partit pour Ballybran afin de devenir Chanteuse-crystal, coute que coute.

On va commencer par le point négatif de ce roman. Killashandra Ree. Oui, oui, le personnage principal de la série. Killashandra est un personnage quelque peu égocentrique (ironie inside hein, son égo est plus gros que notre système solaire). Soit on l'apprécie de suite, soit on la prend en grippe de suite. Je fais partie de ceux qui l'ont prise en grippe. Normalement, les problèmes d'égo des personnages ne me dérangent pas. Ici, outre le fait qu'elle se pense clairement supérieure à tous, elle a aussi tendance à s'apitoyer sur elle quand elle se rend compte que ce n'est pas toujours le cas. Ce sont des traits de caractères qui ont tendance à me déplaire dans un roman surtout quand les deux se retrouvent dans la même personne. Heureusement, Killa évolue quelque peu au fur et à mesure de l'avancée du roman, la rendant un peu moins énervante. Il n'empêche que cela a eu des répercussions sur ma lecture. J'ai failli arrêter le livre plusieurs fois tellement elle m'exaspérait. 

Mais heureusement que je en l'ai pas fait. Parce que l'univers mis en place ici par Anne McCaffrey est  des plus interessants à découvrir. C'est vraiment ce qui m'a retenu de refermer le Kindle à chaque fois. On est ici sur de la science fiction sans confrontation. Pas de méchant contre des gentils mais une planète entière à découvrir et un univers tournant autour de la ressource la plus importante de la dite planète. Oui, dit comme ça, on se penserait presque sur Arakis avec son épice (Dune, pour ceux qui connaissent pas). Mais ce n'est pas du tout le cas, puisqu'il n'y a pas de conflit tournant autour des cristaux de Ballybran. Les dits cristaux servent à beaucoup de chose. Certains sont utilisés comment moyen de propulsion sur les navettes, d'autres comme système de communication entre les divers systèmes planétaires, d'autres encore servent sur des instruments de musique... Tous ont la même particularité : ils chantent. Cette particularité est des plus importantes et elle conditionne tout ce qu'il se passe autour d'eux. Ainsi, il faut avoir l'oreille absolue pour pouvoir les tailler et entrer en résonance avec eux. Mais cela implique aussi que les chanteurs-crystal sont très sensibles aux cristaux et aux moindres variation autour d'eux. D'ailleurs, la planète semble elle-même les acclimater à tout cela en générant un spore qui viendra parasiter tous les organismes présents afin de les adapter aux cristaux. Le spore offre donc longue vie, amélioration de certaines capacités (la vue pour les trieurs, un peu tout pour les chanteurs...) mais tout cela vient avec des contreparties. Les chanteurs perdent petit à petit la mémoire, les autres ne peuvent pas partir de la planète... 

J'ai adoré lire tout ce système, découvrir en même temps que Killashandra ses particularités. C'est réellement passionnant. Moi qui adore les univers foisonnant, je dois dire que j'ai été servi ici. Tout le système de Ballybran et de la Ligue est super interessant à découvrir, même avec la mauvaise de Killashandra et le fait que forcément, elle est sensible au cristal noir, le cristal le plus important et rare de la planète. J'avais déjà pas mal apprécie l'univers de Pern, et je peux dire maintenant que c'est vraiment le fort de l'autrice, créé des mondes étonnants qui fonctionnent à merveille. On ajoute d'ailleurs à cela une dimension assez onirique dans cette Transe du Crystal dut, justement aux transes qui vont émailler les coupes de Killashandra et ses découvertes des cristaux. Le fait que la musique soit un élément essentiel de l'histoire y ajoute aussi sa touche d'onirisme. 

J'ai donc tenu bon malgré le caractère de Killashandra Ree et j'ai eu bien raison. J'ai beaucoup apprécié l'univers, donc, et les autres personnages aussi (même si certains sont assez proche de Killa, mais je crois que c'est aussi dut au fait d'être chanteurs-crystal, ça n'aide pas). Et même si elle m'insupporte la plupart du temps, j'ai envie de voir comment elle va évoluer dans les prochains tomes (parfois, je suis un peu maso, je dois bien l'avouer). De plus, il est agréable de lire de la SF qui se base plus sur l'univers que sur de potentiels conflits. 

lundi 1 juin 2020

La Voix des Brumes, Gallica, tome 2, Henry Loevenbruck

Et voilà le dernier livre papier lu durant le mois de la fantasy. Il ne faisait pas partie de la PAL de base, et j'aurais pu lire à la place un bouquin en numérique (puisqu'il m'en manque un sur ceux que j'avais prévu) mais j'avais trop hâte de revenir à Gallica.

 La Voix des Brumes, Gallica, tome 2, Henry Loevenbruck

Editeur : France Loisir
Collection : J'ai lu
Année de parution : 2005
Nombre de pages: 551

A lire si :
- Vous avez aimé le premier tome
- Vous voulez de la fantasy moyenâgeuse avec créatures fantastiques
- Vous aimez les voyages initiatiques

A ne pas lire si :
- Vous n'avez pas aimé le premier tome

Présentation de l'éditeur :

Les Brumes, ces créatures merveilleuses qui peuplent les légendes, sont en train de disparaitre dans les forets de Gallica. Bohem, pour tenir la promesse qu'il a faite à la Licorne, doit rapidement trouver les portes du Nid pour y conduire les Brumes. Mais les ennemis de Bohem sont sur ses pas. Le Sauvage réunit les druides et les terribles guerriers aïshans pour l'arrêter et voler son bien le plus précieux...

Challenge mois de la fantasy

Comme le tome 1, La Voix des Brumes remplit un certain nombre de catégorie pour le challenge.
- La fureur de Smaug grâce aux Brumes
 - Du Hobbit au Seigneur des Anneaux puisqu'il s'agit du second tome d'une série 
 - Une relecture

Mon avis

Attention, je vais spoiler

Nous avions laissé Bohem juste après sa rencontre avec la Licorne à la fin du Louvetier. Celle-ci lui a demandé de trouver les portes du Nid (que les lecteurs de la Moira connaissent bien) afin de sauver les Brumes. Mais le temps file, et surtout il en manque à Bohem qui n'a pas la moindre idée de là où se trouve les dites portes. Alors, sur les conseils de Chrétiens de Troyes, il part pour Carnutes, à la recherche du Temple d'Ariel. Au même moment, les Milices du Christ s'en prennent aux Bons Hommes dans le comté de Tolsanne. L'un d'eux, Bernard de Laroche, réussit à s'enfuir et part retrouver le jeune louvetier, espérant que celui-ci pourra, d'une manière ou d'une autre les sauver. Et encore en même temps, Livain et Emmer finissent leurs dernières préparatifs pour la guerre qu'ils comptent bien se livrer.

Ce tome deux de Gallica nous amène un peu plus loin par rapport à son tome un. Après avoir posé tranquillement ses bases (et nous avoir rafraîchi un peu la mémoire sur certains points de la Moïra), l'auteur commence enfin à rentrer dans le vif du sujet. Parce que, avouons-le, sauver les Brumes, bien qu'étant une partie de l'intrigue principale, n'est pas la dite intrigue. Et qu'en plus de ça, monsieur Loevenbruck se permet aussi de nous mettre le nez dans l'un des pires moments qu'a pu connaitre l'occitanie et le pays catalan, à savoir le massacre des cathares (même s'il se permet de "rajeunir" cela de quelques 50 ans pour le bien de son histoire). Ainsi, la quête de Bohem prend une autre ampleur. Le jeune homme devient un étendard pour les exclus et les persécutés. Or, notre louvetier n'est pas prêt à tout ça. 

Au début de ce tome, Bohem ne compte que sauver les Brumes. Il ne voit pas plus loin que ce que la Licorne a pu lui dire. S'il prend de plus en plus conscience que sa cause est relayée par beaucoup, il reste bloqué sur son idée. D'ailleurs, pendant une bonne partie du roman, il sera bloqué sur ça et seulement sur ça. Mais, au fur et à mesure de ses rencontres, il va se rendre compte de ce qu'il pourrait/peut représenter. Le parallèle avec Aléa est de plus en plus fort (et il n'a pas le choix, puisqu'il s'agit de sa mère et qu'il semble marcher dans ses pas). Tout comme elle, Bohem va devenir un symbole, quelque chose qui unit les hommes. L'évolution du jeune homme est particulièrement interessante dans ce tome de part les personnes qu'il va rencontrer et la manière dont on le voit. De l'enfant solitaire qu'il était à apprenti compagnon, sauveur des Brumes (et peut-être plus, mais ça, on le verra dans le dernier tome), il y a un véritable processus que j'ai trouvé vraiment sympathique à lire. Mais si Bohem évolue bien, ce n'est pas le cas de tout le monde. Je regrette parfois que l'auteur se focalise seulement sur lui alors que ses compagnons pourraient être tout aussi interessant. Mon gros regret restera le personnage de Bastian qui, pour moi, aurait pu faire tellement plus. De même, on voit très peu Vivienne et la Rochelle dans ce tome (pourtant, leurs rôles restent essentiels). Quant à Mjolln, j'ai aimé ce que j'ai vu de lui, et surtout, je retrouve le nain que j'aimais dans la Moïra. 

De même que Bohem évolue, la situation de Gallica fait de même dans ce tome et pas pour le meilleur. La milice du Christ, sur ordre de la papauté, s'attaque aux Bons Hommes dans le comté de Tolsane (avec 50 à 60 ans d'avance sur la réalité historique ici, puisqu'il s'agit ni plus ni moins des croisades albigeoises contre les cathares). Livain et ses alliés avancent sur Pierre-Levée afin de prendre Emmer par surprise dans la ville de son épouse. Epouse qui d'ailleurs ne veut pas de la dite guerre mais n'arrive pas à faire entendre sa voix. La situation politique du pays est donc particulièrement tendue, voire même explosive à la fin du tome. Et dans tout ça, on retrouve toujours Bohem, pris à parti d'un côté et de l'autre pour justifier les actions des uns et des autres même lorsque le concerné ni ni d'accord ni au courant. Le plus interessant restant que les divers conflits émaillant Gallica sont totalement en désaccord avec la philosophie qui caractérise le jeune homme et sa lutte pour sauver les Brumes. Les deux idéologies s'affrontent de manière assez brutales (encore plus que dans la Moïra qui amorçait déjà cet affrontement dans son dernier tome).

J'avais dit il y a quelques temps (sur une story instal il me semble) qu'il n'était pas obligatoire d'avoir lu la Moïra pour lire Gallica. Je continue à le dire, vu que les parties parlant de la Moïra sont bien expliquées, en y ajoutant un bémol. On ne comprend pas tout sans cette première trilogie. Autant dans le premier tome, ce n'est pas ultra présent. Autant ici, si on ne connait pas la trilogie, on peut rater quelques subtilités (mais ça ne dérange pas la lecture). 

Au final, c'était une fantastique relecture. Je crois que je l'ai encore plus apprécié qu'à ma première lecture. Gallica et la Moïra font parties de ses séries géniales (et pas forcément assez connues) qui méritent vraiment d'être lu.