mardi 24 mars 2020

La guerre des loups, La Moïra, tome 2, Henry Loevenbruck

Déjà une semaine de confinement et je dois dire que je n'ai pas plus lu que d'habitude. Disons qu'entre la découverte du télétravail à longue durée, ma fille et ses cours, la vie de famille, le confinement, le stress (surtout lui), je n'ai pas vu le temps passé. Je suppose que ça va finir par changer, surtout qu'on se prend quinze jours de plus (ce que j'avais déjà prévu, sachant que la maitresse de ma fille m'avait dit pas avant le 4 mai pour le retour en classe si tout va bien). Bref, passons à la lecture. Je continue ma relecture de la Moïra avec le second tome. Je suis toujours joie de me plonger là-dedans et ça fait du bien.

La guerre des loups, La Moïra, tome 2, Henry Loevenbruck

Editeur : J'ai lu
Collection : Fantasy
Année de parution : 2004
Nombre de pages : 418

A lire si 
- Vous voulez de la fantasy "typée jeunesse"
- Vous aimez les loups
- Vous voulez de la fantasy à la Seigneur des Anneaux, mais en français et moins loin

A ne pas lire si :
- Vous voulez de gros complot
- Vous n'aimez pas les voyages initiatiques

Présentation de l'éditeur : 

La destinée d'Aléa se complique. L'île entière semble dépendre de ses actes. Et tous sur l'île veulent mettre la main sur la jeune fille : Maolmordha, qui lance à ses trousses un mystérieux guerrier revenu d'entre les morts ; le Conseil des Druides, plus impliqué encore depuis le décès de Phelim ; le Grand-Druide Finghin, qui cherche à la protéger ; le comte Ferne Al'Roeg, avide de la convertir... Même Imala, la louve blanche, à la tête d'une meute grandissante, semble suivre Aléa.
Aléa, la fille de la Terre. Aléa, qui a accepté son destin de Samildanech. Aléa, entre les mains de qui résident l'avenir et les souffrances de milliers de vies humaines et animales. Car la guerre est proche et gronde...

Mon avis

Il me semble l'avoir dit dans le second tome de Renégat, La lame Noire, mais les tomes intermédiaires comme ceux-ci ont souvent quelques défauts que j'apprécie peu. Le premier d'entre eux étant de, souvent, vouloir trop en dire. Ils ont le désavantage d'être le liant entre la découverte de l'univers et des personnages et la fin. Ils doivent donc combler tout ce qu'ils se passent pour arriver à la dite fin et parfois, il y a beaucoup trop à raconter. C'est un peu ce qu'il se passe ici. Beaucoup de chose, pour plusieurs personnages, et une focalisation presque exclusivement sur certains sans qu'on sache vraiment ce qu'il se passe totalement pour les autres. En plus de cela, l'auteur introduit de nouveaux personnages, ce qui pourrait perdre un peu le lecteur. Pourrait, donc. Parce qu'il faut bien avouer que j'ai l'habitude des trilogies en fantasy et que j'ai réussi à ne pas me trop me perdre dans les personnages du Trône de Fer. Ici, nous sommes sur de la fantasy plutôt jeunesse (même si ce n'est pas que de la jeunesse, on va pas se mentir) et ce n'est pas quelques personnages en plus qui me font peur. D'ailleurs, ce sont des personnages que j'attendais (je rappelle que je relis le bouquin)(et que mes souvenirs étaient bien plus frais sur ce second tome que sur le premier). 

Mais revenons un peu à ce qu'il se passe dans ce second tome, donc. Le petit groupe de compagnon a été dispersé suite à l'attaque du Seigneur des Herlilims. Phelim n'est plus, Galiad et Erwan sont ailleurs et ne reste auprès d'Aléa que Faith et Mjolln. La jeune fille est désorientée par les évènements, en plein deuil et déboussolée (on le serait pour moins que ça). Pourtant, elle sait qu'elle doit relever la tête rapidement et suivre le chemin que la Moïra lui présente. Elle est le Samildanach, la fille de la Terre. Mais elle doit en apprendre plus sur ce qu'elle est et les conséquences qui vont avec. La voilà donc parti vers Mont-Tombe (magnifiquement calqué sur le mont Saint-Michel). Mais avant cela, elle tente de rassembler un peu son groupe. Elle envoie Imala retrouver les Magistels et fait passer un message à Finghin par l'intermédiaire du réseau des bardes. Tous devront se rejoindre à Mont-Tombe. Mais forcément, rien ne se passe totalement comme prévu (sinon, ça ne serait pas drôle).

On va plus particulièrement suivre Aléa, Finghin et Samael (un druide renégat) dans ce tome. Pendant une bonne partie, il ne se passe finalement pas grand chose à part du voyage du côté d'Aléa. Il faudra attendre qu'elle retrouve son petit monde pour afin avoir un peu plus d'action de son côté. Durant ce temps, elle va surtout se poser des questions sur qui elle est. Tagor, fils du chef des Thuatanns va lui apporter quelques réponses. C'est plutôt côté Finghin et Samael que beaucoup de chose se passent, dont une magnifique critique de la religion et plus particulièrement de ses extrêmes, que se soit du côté chrétien ou païen. Il est rare de se trouver avec ce genre de thème dans du jeunesse et c'est particulièrement interessant à lire du coup. L'auteur ne tombe pas dans le piège de l'une est mal, l'autre bien, loin de là. Il laisse au lecteur se faire sa propre opinion. C'est agréable à lire, et quelque peu philosophique. On y ajoute aussi des enjeux politiques forts. Les divers comté entre en guerre l'un contre l'autre, les alliances se nouent (et la question religieuse n'est pas loin là non plus) et se dénouent. Ici aussi, c'est assez jeunesse mais pas enfantin non plus. On n'est pas sur du Trône de Fer par exemple, mais pas si loin que ça.

Côté personnages, on a découvre trois nouveaux, Mel et sa soeur Kaitlin, des cheminants, et Tagor. J'aime assez les trois, même si je trouve que pour l'instant Kaitlin n'a qu'un petit rôle. Chez ceux que l'on connait déjà, les caractères s'affirment un peu plus. Et cela me pose un problème du côté d'Aléa. Je suis d'accord qu'elle est le Samildanach et que, du coup, elle garde en mémoire les autres. Cette particularité fait qu'elle est bien plus mature que son âge sur beaucoup trop de point. Elle devient aussi encore plus orgueilleuse. Bref, elle me fait penser à une bonne tête à claque. Je trouve ça dommage, parce qu'on oublie souvent qu'elle n'a que 14 ans et que son comportement pourrait être justifié par ce point. Autre chose, certains personnages sont trop en retrait, Imala, la première. La louve a un rôle minime dans ce tome (il me semble que ça s'améliore dans le dernier) et ça me rend assez triste. Idem pour Galiad et Erwan qui restent bien en retrait. Pour moi, c'est vraiment l'un des points faibles de ce tome, cette mise à l'écart de certains personnages qui sont pourtant importants.

Ce second tome n'en reste pas moins bon et essentiel pour le reste de la série. On y découvre les méandres de la politique de Gaelia et celle de la religion, deux choses dont Aléa ne peut pas se passer, même si elle le voulait. Car, si elle a son combat contre Maolmardha, l'île a le sien aussi, et les deux sont liés d'une manière ou d'une autre. Alors, oui, je lui trouve des défauts que n'avaient pas le premier tome et, parfois, je le trouve un peu trop flou dans ce qu'il veut nous dire, mais il n'en reste pas moins un très bon tome avec des thèmes qu'on ne retrouve pas tant que ça en jeunesse et qui sont, pour moi, plutôt bien traité. Bref, pas un coup de coeur, mais une très bonne relecture.



lundi 16 mars 2020

Le Prieuré de l'Orange, Samantha Shannon

J'ai commencé celui que je surnomme effectueusement "la Brique" sur instagram, il y a presque un mois. Et puis, j'ai été opéré de l'appendicite et pendant une semaine et demie, je n'ai pas pu le lire parce que j'étais incapable de trouver une position adéquate pour ça. Cela ne m'a pas empêcher de le dévorer dès que j'ai pu le reprendre.

Le Prieuré de l'Orange, Samantha Shannon

Editeur : De Saxus
Collection : fantasy
Année de parution : 2019
Titre en VO : The Priory of the Orange Tree
Année de parution en VO : 2019
Nombre de pages : 958

A lire si :
- Vous voulez de la bonne fantasy
- Vous voulez un mélange entre notre vision du médiéval et une vision orientaliste
- Vous voulez des dragons

A ne pas lire si :
- Vous ne voulez pas de dragons

Présentation de l'éditeur

Un monde divisé. Un reinaume sans héritière. Un ancien ennemi s'éveille. La maison Berethnet règne sur l'Inys depuis près de mille ans. La reine Sabran IX qui rechigne à se marier doit absolument donner naissance à une héritière pour protéger son reinaume de la destruction, mais des assassins se rapprochent d'elle... Ead Duryan est une marginale à la cour. Servante de la reine en apparence, elle appartient à une société secrète de mages. Sa mission est de protéger Sabran à tout prix, même si l'usage d'une magie interdite s'impose pour cela. De l'autre côté de l'Abysse, Tané s'est entraînée toute sa vie pour devenir une dragonnière et chevaucher les plus impressionnantes créatures que le monde ait connues. Elle va cependant devoir faire un choix qui pourrait bouleverser son existence. Pendant que l'Est et l'Ouest continuent de se diviser un peu plus chaque jour, les sombres forces du chaos s'éveillent d'un long sommeil...Bientôt, l'humanité devra s'unir si elle veut survivre à la plus grande des menaces.

Mon avis

J'avoue que lorsque j'ai vu la brique qu'était ce roman à la librairie, j'ai un peu hésité à me le prendre. Surtout qu'à ce moment-là, on commençait à peine à avoir des avis dessus. J'étais quasiment sûre que j'allais aimer. Alors, finalement, je l'ai pris et j'ai bien eu raison.

Le prieuré de l"Oranger pourrait être un quelconque roman de fantasy. On y trouve des dragons, un ennemi quasiment invincible, une prophétie, des royaumes que tout opposent, des personnages que tout opposent aussi. Mais, résumé le livre à juste ça serait ne pas lui rendre hommage. Parce que le Prieuré n'est pas un quelconque roman de fantasy. C'est un roman comme j'aimerai en lire plus souvent, où les femmes ne sont pas justes des demoiselles en détresse, où les LGBT et les personnes de couleurs ne font pas juste parti du décors. Rien que pour ça, il vaut plus que le coup d'être lu. Mais de quoi ça parle précisément ?

Samantha Shannon a créé un monde menacé par le Sans-Nom, un immense dragon. Mais au lieu de se dresser comme une seule personne, les divers renaudes et royaumes de ce monde ne communiquent pas entre eux. La faute au Sans-Nom, et à la peste draconique apparut avec lui qui a déjà faillit détruire une partie du monde. Ainsi, l'ouest et l'est sont séparés par un immense océan, l'Abysse, mais aussi par un embargo de la part de l'est. Les deux mondes sont donc séparés de plusieurs façons et nous allons suivre deux personnages par point cardinaux, à chaque fois une femme et un homme. 

Côté Est, nous allons découvrir la jeune Tané, qui rêve de devenir dragonnière. Mais l'arrivée d'un étranger sur la plage alors qu'elle ne devrait pas s'y trouver va bouleverser son univers. Elle va enfreindre plusieurs lois de la Seiiki afin de parvenir à réaliser son rêve. C'est ainsi que nous allons faire la connaissance du docteur Roos, homme de l'ouest exilé dans l'est par la reine de l'Inys. Lui ne rêve que de revenir chez lui et cela par tous les moyens. Côté Ouest, nous rencontrons Ead, membre du Prieuré de l'Oranger envoyée à la cour d'Inys pour protéger la reine. Sa mission s'avère plus compliquée que prévue à cause de la dite reine, Sabran, et des intrigues de cours. Nous allons aussi découvrir Lord Artheloth Ru, envoyé en territoire draconique parce que trop ami avec sa majesté. Et oui, bienvenu à la cour d'Inys où les complots sont bien présents et où il faut à tout prix que la reine se marie et surtout enfante pour ne pas voir revenir le Sans-Nom. On va croiser une magnifique galerie de personnages à la suite de nos quatre narrateurs. J'ai été ravie de les découvrir, tous autant qu'ils sont. J'ai aimé voir les différences entre eux, la représentation des personnages de couleurs (Loth, sa soeur et d'autres sont noirs, à l'est, les personnages sont plutôt typés asiatiques et j'en passe) et celle de personnages LGBT (je ne veux pas trop en dire pour ne pas spoiler mais pas mal de couples sont non-mixes). Ça fait parti de ce qui fait le charme du Prieuré pour moi. Pouvoir avoir autant de personnages aussi variés, que se soit dans leurs rôle (on va de la reine aux pirates en passant par des dragonniers et des roturiers), dans leur couleur de peau, dans leur religion ou encore dans leur orientations sexuelles. 

J'ai aussi beaucoup aimé la manière dont l'autrice a su s'approprier diverses cultures et en à fait non pas des copies mais quelques choses de plus que ça. Ainsi, la Seiiki et l'Empire des douze-Lacs m'ont fait pensé à la Chine. On y trouve d'ailleurs des dragons basé sur le modèle chinois et des légendes qui pourraient venir de ses pays. Mais ce n'est pas non plus une Chine idéalisée que nous avons là. Tout comme la partie Ouest n'est pas une Europe/Afrique (on y retrouve des pays comme l'Inys qui font penser à nos cours moyenâgeuse et des déserts qui pourraient être africains) idéalisé. L'autrice se sert des cultures et des légendes pour façonner son monde et le fait particulièrement bien. Du coup, on se retrouve avec quelque chose d'à la fois familier et pas du tout. Après, j'ai eu une préférence pour l'Est et sa culture plus asiatique parce qu'elle m'est moins connue (et que ça m'a donné envie d'en découvrir un peu plus, que se soit en fantasy ou même en blanche ou IRL). Peut-être aussi parce que ce qui se passe du côté Ouest, et plus particulièrement à la cour de la reine Sabran, m'a semblé plus prévisible (alors attention quand je dis ça, disons que pour moi, la partie complot de cours était prévisible, la partie découverte du Prieuré et ce qui va avec un peu moins quand même). 

Enfin, il y a les divers thèmes, ceux sur quoi va appuyer le livre. On va retrouver des thèmes assez classiques, le deuil, la perte, l'acceptation de la différence (que se soit culturelle ou sexuelle), la modernisation de la pensée. Tout est traité de manière douce, sans trop en faire, et souvent des deux côtés du monde. Cette pluralité est rafraîchissante, je trouve. Et puis, surtout, beaucoup de chose sont vus par le prisme des femmes. C'est un vrai plus sur beaucoup de sujets, dont celui de la modernisation des peuples (Sabran est une reine des plus modernes quand on y repense bien)(mais idem, pour pas spoiler, je ne peux pas en dire plus). On trouve ainsi une approche féministe qui me parle énormément.

Je pourrais passer des heures à parler de ce roman mais malheureusement, je pourrais aussi passer des heures à le spoiler, ce qui serait un peu dommage. Je vais donc m'arrêter là pour ce qui est de l'avis par ici. Vous l'aurez compris, c'est un bon gros coup de coeur pour moi que ce Prieuré de l'Oranger. Sous des couverts de fantasy assez classiques, on découvre un texte passionnant, féministes et moderne, le tout avec des dragons, des complots et une bonne grosse bataille finale (d'ailleurs, il n'y a pas tant de bataille que ça, ce qui est plaisant aussi). 

dimanche 15 mars 2020

La lame Noire, Rénégat, tome 2, Miles Cameron

Je continue tranquillement ma lecture de la saga Rénégat avec ce second tome, à peine un peu plus petit que son prédécesseur. J'avais assez apprécié ma lecture du premier tome, en est-il autant du second ? C'est ce qu'on va voir

La lame Noire, Rénégat, tome 2, Miles Cameron

Editeur : Bragelonne
Collection : Fantasy
Année de parution : 2015
Titre en VO : Traitor Son Cycle, book 2: The Fell Sword
Année de parution en VO : 2014
Format : AZW

A lire si :
- Vous aimez la fantasy médiévale
- Vous aimez les romans choraux
- Vous voulez de belles batailles

A ne pas lire si : 
- Lire un pavé n'est pas ce que vous préférez 
- Vous n'aimez pas vous perdre avec trop de personnages

Présentation de l'éditeur : 

La loyauté coûte cher. La trahison, elle, est gratuite. Lorsque l'empereur de Morée est pris en otage, le Chevalier rouge et ses hommes sont soudain très demandés... et voient leurs ennemis se multiplier. Le pays est plongé dans la révolte, la capitale assiégée, et la moindre victoire devra être chèrement conquise. Cependant, le Chevalier rouge a un plan, et une arme secrète. Saura-t-il l'emporter tout à la fois sur les champs de bataille de la politique, de la magie, de la guerre et de l'amour ?

Mon avis

A la fin du premier tome, le Chevalier Rouge et sa troupe de mercenaire partaient pour la Morée dont l'Empereur venait de se faire enlever. Nous reprenons donc à cet instant là, avec l'enlèvement du dit Empereur et l'arrivée de la Compagnie devant Liviapolis, capitale de l'Empire. En même temps que nous allons suivre leur campagne d'hiver, nous nous tournerons aussi vers le Mur et ses occupants. Car si Thorn a été battu durant le siège de Lissen Carak, le Monde Sauvage, lui, est toujours bien là. Quant à la reine, la voilà de plus en plus isolée par les manigances des Galliens.

J'avais apprécié le fait que le premier tome soit un bon roman choral. Ce second tome l'est aussi et il est tout aussi bon dans cet exercice. Outre le fait de nous faire voyager dans l'univers créé par Cameron, il est agréable de voir ce que deviennent divers personnages outre la troupe du Capitaine. Sur un tome comme celui-ci, qui se veut l'intermédiaire entre le siège de Lissen Carak et ce qu'il se passera dans le troisième tome (on sait qu'on aura un tournoi, mais pas forcément plus pour l'instant)(même si on devine), autant ne pas perdre de vue les divers personnages. Je suis ravie de continuer à suivre Amicia, même si elle a un rôle des plus secondaires au final ou de savoir ce qu'il se passe du côté de Desiderata, qui devrait être en première ligne dans le tome suivant. Ca permet de garder un lien avec eux et aussi de faire avancer des intrigues qui semblent plus secondaires (mais mon petit doigts me dit que ça ne sera pas tout à fait le cas par la suite). Mais bien entendu, le plus gros de l'intrigue se passe en Morée, là où se trouve notre cher Capitaine.

Si le premier tome nous présentait presque exclusivement un siège, ce n'est pas le cas ici. C'est d'ailleurs un bon point, j'avais un peu peur d'avoir une répétition de Lissen Carak. D'ailleurs, par rapport au premier, nous avons un peu moins de bataille, grosse ou petite. Et je dois dire, que ça m'a un peu manqué (oui, je suis ce genre de femme qui aime les bonnes batailles, surtout quand elles sont bien écrites). Cette fois, nous avons un peu plus de passage sur la vie quotidienne de la Compagnie. Cela offre des avantages, comme suivre un peu plus des personnages qu'on a fait qu'effleuré jusque là. Les archers de la troupe sont un peu plus mis en avant et les chevaliers un peu plus "humanisés" (plus particulièrement avec le mariage de Mickael et Kaitlin). Mais surtout, ça permet de voir notre cher Capitaine sous un autre angle.

J'ai beaucoup apprécié la manière dont il évolue dans ce tome. Oh, il reste la plupart du temps le petit con prétentieux qu'il est. Son nouveau titre moréen lui monte un peu à la tête. Bon, en même temps, il peut aussi se le permettre, après tout, il est là pour sauver l'Empereur. Mais c'est surtout sa relation avec les autres qui changent. Avoir Harmodius avec lui ne l'aide en rien, Arnaud, le nouvel aumônier de la Compagnie, tente de lui faire cracher le morceau sur qui il est (ce qu'on va d'ailleurs finir par découvrir avec Desiderata vers la fin du tome)(moment où j'ai failli crier que j'en étais sûre alors que tout le monde dormait...)... J'ai trouvé le Capitaine plus "fréquentable", on dira. J'apprécie voir cette évolution. Le Capitaine reste un personnage complexe mais que l'on découvre encore un peu plus. Ce qui reste dommage, c'est qu'il est peut-être le seul à réellement évolué comme ça. Les personnages restaient en Alba n'évoluent que très peu (et je trouve ça dommage), tandis que les membres de la troupe sont souvent là pour permettre au Capitaine de se montrer sous ses divers jours. C'est un petit défaut que je ne pensais pas trouver dans un roman choral comme celui-ci. Enfin, on finit vite par l'oublier tant les histoires sont interessantes.

En parlant des diverses histoires que l'on lit, j'apprécie beaucoup voir de quelle manière elles sont souvent imbriquées. Les intrigues permettent à ce second tome d'être plus qu'il n'y parait au départ. Si dans le premier tome, tout ramener à Lissen Carak et à sa bataille finale, ce n'est pas le cas ici. Certaines intrigues n'ont pas encore de fin. Tout amène au troisième tome qui s'annonce particulièrement épique si on en croit les indices disséminés par l'auteur. Autant vous dire que j'ai très hâte de commencer ce troisième tome.

Au final, j'ai apprécie mais peut-être un tout petit peu moins que le premier tome. Disons que je regrette un peu que l'auteur donne autant d'importance à son personnage principal tout en nous donnant à lire d'autres histoires que la sienne. Je rajouterai un aspect un tout petit peu plus brouillon (mais peut-être que cela vient plus de l'ebook et de son formatage qui oublie parfois de bien séparer un point de vue d'un autre et m'a parfois un peu perdue sur quelques lignes...). Cela n'en reste pas moins un bon second tome et une histoire fantasy des plus sympathiques à lire. 

lundi 2 mars 2020

Roses Mécaniques, Stéphane Desienne

J'ai été opéré de l'appendicite mardi dernier en urgence. Sans parler du mal de chien que ça fait, ça me pose un problème auquel je n'avais absolument pas penser, je ne peux pas lire la "Brique" (aka le Prieuré de l'Oranger) sans avoir mal. Du coup, je me rabats sur le Kindle et Netflix (j'ai enfin fini the 100 et il ne me reste qu'un épisode de The Witcher à voir). Bref, c'était l'occasion de me replonger dans un livre pas trop prenant, avec une touche de pulp et de la SF sympathique, récupéré il y a peu.

Roses Mécaniques, Stéphane Desienne

Editeur : Edition du 38
Collection : du fou
Année de parution : 2019
Format : AWZ

A lire si :
- Vous voulez un roman court
- Vous voulez de la SF d'anticipation
- Vous aimez les thrillers

A ne pas lire si
- Vous n'aimez pas le pulp

Présentation de l'éditeur

Futur proche, quelque part sur la planète Terre. Les robots occupent une place de choix dans notre société. L’utilisation d’androïdes sexuels se généralise, voire se banalise. Pour le proxénète Yuri, c’est l’occasion ou jamais de se faire un paquet de fric avec des machines à sexe toujours au top et opérationnelles 24h/24. C’est sans état d’âme qu’il s’est débarrassé de ses prostituées de chair et d’os. Margot, Cendrillon, Sandra, Safyah et Vicky ont été ses premières victimes. Larguées comme de vieilles paires de chaussettes dans un camp minable, les cinq filles ont décidé de se venger avec pour seul objectif : pourrir le business florissant de Yuri. Seulement, on ne s’attaque pas à Yuri et à « ses roses mécaniques » sans en payer le prix !

Mon avis

Mon amour pour les textes de Stephane Desienne n'est plus à démontrer il me semble. J'aime ce qu'il écrit pour plein de raison. Ça me fait souvent rire (même si parfois, c'est un peu jaune), ça me distrait facilement et je les trouve particulièrement dans l'air du temps. Depuis ma rencontre avec l'auteur en territoire zombie, j'apprécie lire ce qu'il fait. Or, depuis la fin des Editions Walrus (une perte pas possible pour moi en numérique), j'ai un peu, je l'avoue, arrêter de lire l'auteur. Il y a plein de raison à ça, et je ne les explique pas toutes. Il était temps que je le retrouve, parce que faut bien avouer qu'il m'avait manqué.

Roses Mécaniques ne m'avaient pas parlé de suite. Le thème m'intéressait bien moins que les zombies de Toxic ou la religion des Dividendes de l'Apocalypse. Disons que je le trouvais un peu trop racoleur. Or, en y réfléchissant bien, je me suis dis pourquoi pas et j'ai fini par l'ajouter à ma PAL il y a quelques temps. J'avais de plus en plus envie de savoir comment ce thème allait être abordé. Et puis, comme je le disais, lire Stéphane Desienne me manquait. 

Le roman commence par une scène des plus glaçantes et marquantes. L'auteur sait marquer les esprits, il y arrive fort bien ici. Puis, on passe à quelques années plus tard, avec Margot, ancienne pute devenue snipeuse, démontait la tête d'une prostituée androïde. Le ton est donné. Les "naturelles" contre les mécaniques. Un combat qui pourrait être une "querelle de trottoir" entre putes. Or, l'auteur va aller plus loin que ça. Dans les romans de monsieur Desienne, il y a toujours une réflexion sur la technologie, l'humanité et ce que tout cela risque d'entrainer. Ses romans d'anticipations ont toujours quelque chose de gênants dans le fait qu'on ne semble jamais vraiment loin de ce qu'il dit. La critique n'y est jamais facile. Ici, ne nous trompons pas, ce n'est pas la critique des prostituées qui est faite. C'est celle des mac, en premier lieu, du système autours de cette forme-là de prostitution et puis, plus loin, celles des plaisirs virtuels et de "l'avénement des machines". La prostituée mécanique n'est plus vraiment un simple rêve, c'est presque à notre époque une réalité. Le remplacement de l'humain par le robot est une réalité aussi. C'est en suivant les cinq ex-putes (alors, avant de continuer vu que j'emploie plusieurs fois le mot, ceci n'est pas une insulte, et il est assez employé dans le texte pour que je le fasse aussi)(d'ailleurs, pute ne devrait pas être considérée comme une insulte, jamais) mais aussi leur ancien mac, Yuri, que nous pouvons nous faire, nous lecteur, notre propre opinion. 

C'est marrant, ça. J'ai du mal à parler du roman, de ses personnages, de son histoire, bref de ce dont je parle d'habitude. J'ai en tête tout ce que j'ai pu pensé de ma lecture plus qu'elle-même. Peut-être parce que l'auteur nous laisse nous faire notre propre opinion sur tout cela. J'ai trouvé Stéphane Desienne assez neutre dans son discours surtout en ce qui concerne la partie anticipation de son récit. L'impression en vient aussi du fait que les personnages, plus particulièrement les filles, me semblent quelque peu stéréotypés. On y retrouve la princesse, la guerrière, la mère, la bricoleuse (qui contre doute attente est bien Cendrillon)... Le mac, lui, est ce qu'on peut s'en peine imaginer, quelqu'un venant d'un pays de l'est quelconque (il s'appelle Yuri), violent et avide d'argent. Même les robots n'échappent pas à la règle. L'histoire aussi est assez simple au final. Non, vraiment, ce qu'il reste, c'est le discours d'arrière. Et c'est pour cela que je vous invite vraiment à lire ce bouquin.

Alors, oui, Roses Mécaniques n'est pas mon préféré de Stéphane Desienne pour les raisons évoquées au dessus. Malgré un humour toujours bien présent, une partie pulp que j'apprécie et une histoire qui se laisse lire sans problème, j'ai été un peu déçue par les personnages eux-mêmes. Cela n'en reste pas un bon petit roman d'anticipation où la place des androïdes est questionnée de manière intelligente.