lundi 16 mars 2020

Le Prieuré de l'Orange, Samantha Shannon

J'ai commencé celui que je surnomme effectueusement "la Brique" sur instagram, il y a presque un mois. Et puis, j'ai été opéré de l'appendicite et pendant une semaine et demie, je n'ai pas pu le lire parce que j'étais incapable de trouver une position adéquate pour ça. Cela ne m'a pas empêcher de le dévorer dès que j'ai pu le reprendre.

Le Prieuré de l'Orange, Samantha Shannon

Editeur : De Saxus
Collection : fantasy
Année de parution : 2019
Titre en VO : The Priory of the Orange Tree
Année de parution en VO : 2019
Nombre de pages : 958

A lire si :
- Vous voulez de la bonne fantasy
- Vous voulez un mélange entre notre vision du médiéval et une vision orientaliste
- Vous voulez des dragons

A ne pas lire si :
- Vous ne voulez pas de dragons

Présentation de l'éditeur

Un monde divisé. Un reinaume sans héritière. Un ancien ennemi s'éveille. La maison Berethnet règne sur l'Inys depuis près de mille ans. La reine Sabran IX qui rechigne à se marier doit absolument donner naissance à une héritière pour protéger son reinaume de la destruction, mais des assassins se rapprochent d'elle... Ead Duryan est une marginale à la cour. Servante de la reine en apparence, elle appartient à une société secrète de mages. Sa mission est de protéger Sabran à tout prix, même si l'usage d'une magie interdite s'impose pour cela. De l'autre côté de l'Abysse, Tané s'est entraînée toute sa vie pour devenir une dragonnière et chevaucher les plus impressionnantes créatures que le monde ait connues. Elle va cependant devoir faire un choix qui pourrait bouleverser son existence. Pendant que l'Est et l'Ouest continuent de se diviser un peu plus chaque jour, les sombres forces du chaos s'éveillent d'un long sommeil...Bientôt, l'humanité devra s'unir si elle veut survivre à la plus grande des menaces.

Mon avis

J'avoue que lorsque j'ai vu la brique qu'était ce roman à la librairie, j'ai un peu hésité à me le prendre. Surtout qu'à ce moment-là, on commençait à peine à avoir des avis dessus. J'étais quasiment sûre que j'allais aimer. Alors, finalement, je l'ai pris et j'ai bien eu raison.

Le prieuré de l"Oranger pourrait être un quelconque roman de fantasy. On y trouve des dragons, un ennemi quasiment invincible, une prophétie, des royaumes que tout opposent, des personnages que tout opposent aussi. Mais, résumé le livre à juste ça serait ne pas lui rendre hommage. Parce que le Prieuré n'est pas un quelconque roman de fantasy. C'est un roman comme j'aimerai en lire plus souvent, où les femmes ne sont pas justes des demoiselles en détresse, où les LGBT et les personnes de couleurs ne font pas juste parti du décors. Rien que pour ça, il vaut plus que le coup d'être lu. Mais de quoi ça parle précisément ?

Samantha Shannon a créé un monde menacé par le Sans-Nom, un immense dragon. Mais au lieu de se dresser comme une seule personne, les divers renaudes et royaumes de ce monde ne communiquent pas entre eux. La faute au Sans-Nom, et à la peste draconique apparut avec lui qui a déjà faillit détruire une partie du monde. Ainsi, l'ouest et l'est sont séparés par un immense océan, l'Abysse, mais aussi par un embargo de la part de l'est. Les deux mondes sont donc séparés de plusieurs façons et nous allons suivre deux personnages par point cardinaux, à chaque fois une femme et un homme. 

Côté Est, nous allons découvrir la jeune Tané, qui rêve de devenir dragonnière. Mais l'arrivée d'un étranger sur la plage alors qu'elle ne devrait pas s'y trouver va bouleverser son univers. Elle va enfreindre plusieurs lois de la Seiiki afin de parvenir à réaliser son rêve. C'est ainsi que nous allons faire la connaissance du docteur Roos, homme de l'ouest exilé dans l'est par la reine de l'Inys. Lui ne rêve que de revenir chez lui et cela par tous les moyens. Côté Ouest, nous rencontrons Ead, membre du Prieuré de l'Oranger envoyée à la cour d'Inys pour protéger la reine. Sa mission s'avère plus compliquée que prévue à cause de la dite reine, Sabran, et des intrigues de cours. Nous allons aussi découvrir Lord Artheloth Ru, envoyé en territoire draconique parce que trop ami avec sa majesté. Et oui, bienvenu à la cour d'Inys où les complots sont bien présents et où il faut à tout prix que la reine se marie et surtout enfante pour ne pas voir revenir le Sans-Nom. On va croiser une magnifique galerie de personnages à la suite de nos quatre narrateurs. J'ai été ravie de les découvrir, tous autant qu'ils sont. J'ai aimé voir les différences entre eux, la représentation des personnages de couleurs (Loth, sa soeur et d'autres sont noirs, à l'est, les personnages sont plutôt typés asiatiques et j'en passe) et celle de personnages LGBT (je ne veux pas trop en dire pour ne pas spoiler mais pas mal de couples sont non-mixes). Ça fait parti de ce qui fait le charme du Prieuré pour moi. Pouvoir avoir autant de personnages aussi variés, que se soit dans leurs rôle (on va de la reine aux pirates en passant par des dragonniers et des roturiers), dans leur couleur de peau, dans leur religion ou encore dans leur orientations sexuelles. 

J'ai aussi beaucoup aimé la manière dont l'autrice a su s'approprier diverses cultures et en à fait non pas des copies mais quelques choses de plus que ça. Ainsi, la Seiiki et l'Empire des douze-Lacs m'ont fait pensé à la Chine. On y trouve d'ailleurs des dragons basé sur le modèle chinois et des légendes qui pourraient venir de ses pays. Mais ce n'est pas non plus une Chine idéalisée que nous avons là. Tout comme la partie Ouest n'est pas une Europe/Afrique (on y retrouve des pays comme l'Inys qui font penser à nos cours moyenâgeuse et des déserts qui pourraient être africains) idéalisé. L'autrice se sert des cultures et des légendes pour façonner son monde et le fait particulièrement bien. Du coup, on se retrouve avec quelque chose d'à la fois familier et pas du tout. Après, j'ai eu une préférence pour l'Est et sa culture plus asiatique parce qu'elle m'est moins connue (et que ça m'a donné envie d'en découvrir un peu plus, que se soit en fantasy ou même en blanche ou IRL). Peut-être aussi parce que ce qui se passe du côté Ouest, et plus particulièrement à la cour de la reine Sabran, m'a semblé plus prévisible (alors attention quand je dis ça, disons que pour moi, la partie complot de cours était prévisible, la partie découverte du Prieuré et ce qui va avec un peu moins quand même). 

Enfin, il y a les divers thèmes, ceux sur quoi va appuyer le livre. On va retrouver des thèmes assez classiques, le deuil, la perte, l'acceptation de la différence (que se soit culturelle ou sexuelle), la modernisation de la pensée. Tout est traité de manière douce, sans trop en faire, et souvent des deux côtés du monde. Cette pluralité est rafraîchissante, je trouve. Et puis, surtout, beaucoup de chose sont vus par le prisme des femmes. C'est un vrai plus sur beaucoup de sujets, dont celui de la modernisation des peuples (Sabran est une reine des plus modernes quand on y repense bien)(mais idem, pour pas spoiler, je ne peux pas en dire plus). On trouve ainsi une approche féministe qui me parle énormément.

Je pourrais passer des heures à parler de ce roman mais malheureusement, je pourrais aussi passer des heures à le spoiler, ce qui serait un peu dommage. Je vais donc m'arrêter là pour ce qui est de l'avis par ici. Vous l'aurez compris, c'est un bon gros coup de coeur pour moi que ce Prieuré de l'Oranger. Sous des couverts de fantasy assez classiques, on découvre un texte passionnant, féministes et moderne, le tout avec des dragons, des complots et une bonne grosse bataille finale (d'ailleurs, il n'y a pas tant de bataille que ça, ce qui est plaisant aussi). 

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