lundi 9 décembre 2019

De Meute à Mort, tome II-1, Rois du Monde, Jean Philippe Jaworski

Dites bonjour à la sublime erreur de débutante en lecture de saga. J'ai oublié le plus gros de ce qu'il s'était passé dans le tome 1 de Rois du Monde et je ne l'ai pas relu avant de commencer la première partie du second tome (alors, oui, ça a l'air un peu compliqué la numérotation, sachant que Chasse Royale comporte pour l'instant 4 partie, soit quatre livres). Bref, j'ai un peu galéré au départ et puis, c'était parti pour une lecture des plus passionnantes

De Meute à Mort, tome II-1, Rois du Monde, Jean Philippe Jaworski

Editeur : Folio
Collection : SF
année de parution : 2018
Nombre de pages : 465

A lire si : 
- Vous aimez l'histoire Celte
- Vous aimez les batailles
- Vous 

A ne pas lire si : 
- Vous n'aimez pas les histoires imbriquées.
- Vous n'aimez pas vous perdre avec trop de noms

Présentation de l'éditeur : 

Voici neuf ans que le haut roi Ambigat m’a admis à la cour du Gué d’Avara. Voici neuf ans que j’ai trouvé ma place parmi les héros bituriges.
Toutefois, quoiqu’il demeure redoutable, le souverain vieillit. Sa force vitale s’épuise et les royaumes de la Celtique déclinent. Nos troupeaux sont malades. Nos blés pourrissent sur pied. Les jeunes fils du souverain meurent… La disette et le mécontentement grondent au sein des tribus. Si les dieux se sont détournés du haut roi, que feront les chefs des nations clientes ? Certains ne rêvent-ils pas de renverser Ambigat, de s’emparer du pouvoir, de restaurer la prospérité ?
Et moi, Bellovèse ! Moi qu’Ambigat a jadis privé de son père et de son royaume ! Moi qu’Ambigat a naguère voué à la mort ! Moi qu’Ambigat a fini par admettre parmi les siens ! Quel parti épouserai-je ? Deviendrai-je un chasseur de roi ? Ou serai-je le jeune roi traqué par la meute ?

Mon avis

Comme je le disais, j'ai fait l'erreur de ne pas relire le premier tome de la série, à savoir Même pas Mort, que j'avais lu en 2015. Quatre ans, ça fait quand même beaucoup, surtout qu'entre temps, j'ai lu beaucoup beaucoup. C'était une erreur donc. Si je me suis souvenue des grandes lignes de l'histoire et de quelques personnages, j'ai quand même oublié beaucoup de celle-ci. Heureusement pour moi, ce n'a finalement pas grande influence sur ma lecture (je m'adapte facilement la plupart du temps à ce problème-là, je ne remercierai d'ailleurs jamais assez la Roue du Temps pour ça...).  Bref, ce fut une erreur mais elle n'a pas porté préjudice à ma lecture. Par contre, je m'en souviendrais pour les prochains tomes. Car, si entre Même pas mort et De Meute à Mort, cela dérange peu, d'après moi, ça ne sera pas le cas avec les suites. Bref, on va pouvoir commencer maintenant.

Depuis neuf ans, Bellovèse fait partie de la cour d'Ambigat, son oncle, mais aussi l'assassin de son père. Il a fait son trou, et devenu un héros biturige. Tout semble allait pour le mieux pour lui et pour son frère, Ségovèse. Pourtant, alors que les troupes du roi se rendent à Autricon pour fêter l'arrivée de l'été. Là sera rassemblé le gradin du monde Celte, les rois sous les ordres d'Ambigat et leurs héros. Mais en neuf ans, la Celtique a du supporter nombre famines et malheurs. Les rois n'ont plus confiances en leur chef et projettent de le destituer. Bellovèse se retrouve pris entre deux feux. De part sa lignée, il devrait être contre son oncle mais sa fidèlité va au Haut-Roi. Quel camps va-t-il choisir ?

Avec cette première partie, Jean-Philippe Jaworski promet du très très lourd. Alors que le premier tome prenait son temps, ici, nous ne l'avons plus. Et nous comprenons parfaitement pourquoi l'auteur a divisé son second tome en plusieurs livres. Seulement trois jours s'étalent dans ce roman mais quel trois jours. Le livre commence par une chasse, celle d'un magnifique dix cornes (un cerf donc), vu par Ségovèse. La jeune cour, fidèle au prince, part à sa poursuite, laissant la cour d'Ambigat en plan. Ce sont des prémices, une sorte de prophétie sur ce qu'il va se passer par la suite. Dès le départ, on voit donc le talent de l'auteur quant à la mise en place de son histoire. Un talent déjà aperçu dans ses autres livres. La chasse permet aussi de remettre un peu tout en place, notre ami Bellovèse étant bavard (heureusement, parce que sinon, j'aurais été bien perdue moi). Suite à cette chasse, on se retrouve à Autricon pour fêter le nouvel été. A partir de là, j'avoue avoir eu du mal à lâcher mon bouquin. 

Tout l'art de l'auteur se déploie. Imaginez donc quelques trois cents pages de batailles, de ruse, de combats, mais aussi de culture celte, de magie... Forcément, c'est tout ce que j'aime et j'ai pris grand plaisir à suivre tout ça. Mais surtout, je me suis sentie rapidement prise dans l'univers grace à l'écriture de monsieur Jaworski. C'est quelque chose dont je parle presque toujours dans mes avis sur ses livres mais il faut dire que c'est vraiment ce qui me marque chez lui, cette manière de faire parler ses personnages et, du coup, d'embarquer le lecteur avec lui. Dans les scènes d'actions, c'est encore plus vrai. Bellovèse (et son auteur donc) ne nous épargne pas grand chose (mais ne tombe jamais dans le gore, me faites pas dire ce que j'ai pas dit). Dans les scènes plus calmes, il prend le temps d'expliquer, de revenir sur certaines choses. On découvre alors un personnage rusé, pas forcément sûr de lui mais pas naïf non plus. Par rapport à ce que je me rappelle de lui, il y a une réelle évolution sur le personnage qui n'est pas pour me déplaire. 

Mais, il faut avouer que le roman a aussi quelques points faibles pour moi. Son début, bien que passionnant est un peu lent. Il faut remettre deux trois choses en place, pas mal de nom sont cités (gros défaut pour moi qui n'est pas la mémoire des noms, surtout quand en plus de ça, ils sont soit compliqué, soit ressemblant à d'autres (et quand on passe les généalogies, c'est pire). Arrivé à Autricon, ça va mieux, même si un passage, celui où Articnos raconte sa version de la guerre des Sangliers (passage ultra important dans le roman pourtant) m'a fait pas mal baillé (disons que j'ai moins acroché à sa façon de parler qu'à celle de Bellovèse). Pas grand chose au final, comme vous le voyez.

Au final, je me suis encore bien régalé avec ce roman. J'aime tellement la manière dont l'auteur met en place ses histoires, dont il fait parlé ses personnages. J'aime aussi me plonger dans la culture celtique que je ne connais pas tant que ça (pourtant c'est une mythologie que j'apprécie mais elle est particulièrement dense et d'ailleurs parler de culture celtique n'est pas tout à fait juste, tout dépendant de l'endroit où l'on se trouve dans la Celtique). J'ai très très envie de me lancer dans le troisième tome des Rois du Monde (si toi aussi tu as la chanson dans la tête, ne me remercie surtout pas)(compliqué de lire un roman dans ce genre avec la chanson titre de la comédie musicale Roméo et Juliette quand même). Une fois de plus Jaworski réussit à me tenir en haleine et j'en suis plus que ravie.  

vendredi 6 décembre 2019

Necroscope, Brian Lumley

Je me suis attaquée à ce qui semble être un petit monument du fantastique avec ce premier tome de Necroscope. Il s'agit du début d'une série de 18 tomes en VO mais dont seuls les trois premiers ont été traduit en français pour le moment (d'après ce que j'ai compris). J'ai mis un bon moment pour le lire (à cause du NaNo surtout mais aussi pour une autre raison qu'on verra plus tard) mais j'en suis venu à bout. 

Necroscope, Brian Lumley

Editeur : Bragelonne
Collection : 
Année de parution : 2013
Titre en VO : Necroscope, book 1 
Année de parution en VO : 1986 (ce roman a donc mon âge)
Format : AZW

A lire si : 
- Vous aimez les histoires de vampires mais pas que
- Vous aimez les histoires d'espionnages
- Vous aimez bien quand l'auteur prend son temps

A ne pas lire si : 
- Vous voulez avoir très peur
- Vous aimez quand ça va vite.

Présentation de l'éditeur : 

Les morts ne racontent pas d'histoires. Sauf à Harry Keogh, Nécroscope. Et ce qu'ils lui disent est terrifiant. Dans les montagnes des Balkans, un mal effroyable se relève. Depuis longtemps enfoui en terre sacrée, le maître vampire complote et intrigue : Thibor Ferenczy a faim de liberté et de revanche. Pour arriver à ses fins, il a un instrument humain : issu d'une agence ultrasecrète d'espions russes, Dragosani est un élève passionné, impatient de sonder les profondeurs démoniaques de l'esprit du vampire. Ferenczy lui enseigne les horribles techniques de la nécromancie, lui donnant le pouvoir d'arracher leurs secrets aux esprits et aux corps des morts. Le seul à se dresser contre lui : Harry Keogh. Pour le protéger, les morts mettront tout en oeuvre, jusqu'à se lever de leurs propres tombes 

Mon avis

J'ai commencé ce bouquin pour Halloween. Entre le titre et la couverture, je trouvais qu'il allait terriblement bien avec l'ambiance. Sauf qu'entre tremps, je me suis lancée dans le NaNoWriMo qui m'a prit beaucoup de temps, j'ai eu un nouveau jeu The Legend of Zelda et, le début du livre fut un peu  laborieux. Du coup, j'ai mis plus d'un mois à lire ce roman. En réalité, j'ai mis un mois pour lire la première moitié et quelques jours pour le finir. 

Ce premier tome a la lourde tâche de mettre l'univers de toute la série en place. Ce n'est jamais très simple, surtout quand la série est d'envergure. Imaginez donc, nous sommes en pleine guerre froide. Les services d'espionnages du monde entier s'observent les uns et les autres, attendant de savoir si un pays aura l'audace d'utiliser l'arme nucléaire ou non. On ajoute à ça les services d'agences ultra secrète, des espions d'un autre genre, possédant des dons psychiques sur-développés et des vampires. Dans tout ça, nous allons suivre Dragosani, ESPion russe, nécromancien de nature et fasciné par les Vampires côté russe, et Harry Keogh, jeune homme parlant aux morts côté anglais. Il faut donc présenter et les personnages et le contexte. Et ça peut s’avérer un peu long. 

C'est d'ailleurs ce que je reproche au roman, personnellement. Il est long à se mettre en place. On va découvrir nos deux protagonistes et cela depuis l'enfance ou presque. Certains passages sont intéressants pour comprendre les deux hommes, d'autres beaucoup moins (ou alors sont bien trop long pour ce à quoi ils servent)(perso, le coup de la tante et des cousines nympho de Dragosani m'a paru terriblement long pour expliquer que le gars est vierge parce que traumatisé par les trois femmes). Si j'apprécie assez pouvoir découvrir les protagonistes et comprendre ce qui fait qu'ils sont comme ils sont, j'ai tout de même trouvé ça un peu long. Et parfois ennuyeux. Du coup, on comprend mieux pourquoi j'ai mis autant de temps à lire la première partie du roman. Heureusement la seconde partie est bien moins lente. Une fois que la mythologie vampirique est mise en place, que l'on comprend ce que sont plus précisément les dons de Harry Keogh, on entre dans le vif du sujet. 

Et autant dire qu'à partir de là, tout ce qui a été mis en place, même dans la jeunesse des deux protagonistes, a son importance (bon pas tout tout mais presque). Le plus intéressant étant finalement ce qui m'a paru le plus long, la mythologie du vampire, ou plutôt du Wamphir. Avec un personnage d'origine valaque, il était presque sur que cela viendrait. Lumley reprend ce que l'on sait du vampire pour mieux créer sa propre créature. On retrouve donc la créature avide de sang, qui ne supporte pas la lumière du soleil mais avec une touche plus personnelle de la part de l'auteur. Une touche qui fonctionne parfaitement avec les vampires et l'univers mis en place dans le roman. Je dois bien dire que j'aime assez le vampire de Necroscope et que j'ai très envie de voir ce qu'il va devenir par la suite. De même, j'ai grandement apprécié le don de Harry Keogh et la manière dont l'auteur s'en sert pour faire avancer son histoire. Rien n'est fait au hasard et j'apprécie beaucoup. Keogh parle avec les morts. Il peut aussi utiliser leur savoir. Un pouvoir qu'il apprend à maîtriser petit à petit et dont il se sert de manière parfois un peu égoïste jusqu'à un certain point du roman (dur de pas trop spoiler). Autant dire que si je n'ai pas tout tout compris à certain moment (lorsque Harry use ou apprend les pouvoirs de certains scientifiques), j'ai trouvé ça plutôt cool de voir l'utilisation que l'on peut faire d'un tel don selon l'auteur.

Autre chose que j'ai apprécié, c'est clairement la place que prend Dragosani dans le roman. On sait dès le départ qu'il est le "méchant" du roman. Or, il prend toute la place dans le livre. C'est un traitement qu'on voit rarement, les auteurs se focalisant plus facilement sur les "gentils". Or, j'ai grandement apprécié voir Dragosani évoluer et comprendre comment il devient ce qu'il est à la fin du roman. Ça change assez de "il est méchant, pourquoi ? ben parce que c'est comme ça !" (oui, je caricature beaucoup, je sais). Et moi, j'aime beaucoup. Par contre, il est dommage du coup qu'on perte de l'espace pour Harry qui est tout aussi passionnant que son antagoniste.

Au final, ce premier tome de Necroscope aura fini par me passionner et (merci les grèves) j'aurais lu la seconde partie en moins de deux jours. Une fois tout en place et le roman fini, je comprends bien mieux la lenteur de la première partie et à quel point j'ai eu raison de m'accrocher (mais il faut que je me souvienne de choisir des lectures plus simples pour novembre, parce qu'avec le NaNo, j'ai toujours du mal à suivre)(mon livre papier a subi le même sort, et pourtant, j'adore Jaworsky). C'est un très bon premier tome qui me donne très très envie de connaitre la suite (même si la suite n'est pas complète en VF donc). 


mercredi 13 novembre 2019

Nouvelles de Terremer, Terremer Intégrale, Ursula K. Le Guin

Et voilà. Ça devait arriver. J'ai refermé pour de bon mon intégrale de Terremer. Après plusieurs mois à l'avoir toujours à mon chevet, elle va retrouver sa place dans la bibliothèque du salon. Commencée en juin, cette saga m'aura suivi tout l'été et l'automne. C'est assez triste que je quitte l'univers.

Nouvelles de Terremer, Terremer Intégrale, Ursula K. Le Guin

Editeur : Le livre de poche
Collection : /
Année de parution : 2018
titre en VO : Earthsea
Année de parution en VO : entre 1964 et 2001
Nombre de pages : 1800

A lire si
- Vous aimez la fantasy avec magie et dragon
- Vous ne voulez pas de violence

A ne pas lire si
- Vous vous attendez à quelque chose d'ultra violent
- Vous n'aimez pas les récits initiatiques

Présentation de l'éditeur :

Terremer est un lieu magique et ensorcelé. Une mer immense recouverte d’un chapelet d’îles où les sorciers pratiquent la magie selon des règles très strictes. On y suit les aventures de Ged, un éleveur de chèvres qui, au terme d’une longue initiation, deviendra l’Archimage le plus puissant de Terremer, mais aussi celles de Tenar, haute prêtresse du temple des Innommables de l’île d'Atuan, de Tehanu, la fille-dragon, et de Aulne le sorcier qui refait chaque nuit le même rêve terrifiant. Autour de la grande histoire gravitent des contes qui enrichissent et explorent ce monde où enchanteurs et dragons se côtoient.

Mon avis

Ce que j'appelle Nouvelles de Terremer de manière un peu arbitraire sont en fait les nouvelles qui ne font pas partie d'un recueil particulier. Elles ont été publiés dans des revues ou des anthologies. Deux d'entre elles se déroulent bien avant l'aventure de Ged, Tenar et Tehanu. Pour la Fille d'Odren, je ne sais pas trop sa position réelle, quant Au coin du feu, c'est la conclusion du cycle pour Ged.  S'ajoute à ces nouvelles une conférence, Terremer Revisitée.

Le mot de déliement
Cette nouvelle et la suivante sont les textes fondateurs de Terremer. Elles posent les principes de la magie du cycle. Dans le mot de déliement, nous suivons un mage, fait prisonnier par un autre. Le mage a perdu son bâton, une bonne partie de ses pouvoirs mais n'arrive pas à s'avouer vaincu. Pour s'en sortir, il devra user d'un seul mot, celui de déliement. C'est une nouvelle assez conventionnelle qui a pour intérêt premier de poser les bases. Elle n'en reste pas moins sympathique à lire.

La règle des noms
Comme la nouvelle précédente, la règle des noms pose les bases de ce qui va devenir Terremer. Je pense que c'est peut-être la nouvelle la plus importante des deux. Si la première pose les bases de la magie par les mots, celle-ci finit de la définir avec la fameuse règle des noms. Mais elle ne fait pas que ça. Elle introduit aussi les dragons dans Terremer. C'est une nouvelle que j'ai apprécié lire. On y trouve tout ce que j'aime dans le cycle, la "lenteur" du récit, les dragons, les légendes aussi. 

La fille d'Odren
Cette nouvelle est plus récente que les deux autres (en VF, elle n'a été édité que dans cette intégrale, idem pour la publication papier en VO, de ce que j'ai compris, elle n'avait été édité qu'en numérique jusque là). Elle m'a fait penser à de veilles légendes rustiques, cette nouvelle. C'est une histoire de trahison et de vengeance. Ce ne sont pas des thèmes que l'on trouve souvent dans les écrits de Terremer. Mais, comme souvent, l'écriture de l'autrice éclaire le tout d'un jour nouveau. 

Au coin du feu
La dernière nouvelle du recueil met en scène Ged dans la chaumière d'Ogion, vers la fin de sa vie. La nouvelle est courte mais intense. Elle clôture parfaitement l'intégrale et les aventures du sorcier. J'ai aimé la nostalgie qui s'en dégage, j'ai adoré revoir des personnages que nous n'avons pas croisé depuis longtemps, redécouvrir certains passages, même si c'est très rapidement. C'est très doux comme fin. Attention, la nouvelle est publiée à titre posthume en 2018. C'est peut-être le dernier texte qu'a écrit l'autrice. Elle met le point final à sa série et on le ressent vraiment. Il est possible que vous ayez besoin de mouchoir en la lisant.

Terremer Revisitée
Terremer Revisitée est la retranscription d'une conférence d'Ursula K. Le Guin donnée en 1992. Il revient sur l'évolution du cycle, depuis sa création en 1964 jusqu'à Tehanu. Plus qu'un essai sur cette évolution, c'est aussi une vision des changements opérées dans le monde et dans la fantasy avec pour années pivots les 70's. C'est vraiment quelque chose à lire, expliquant le tournant qu'a pu prendre la série mais aussi pourquoi elle l'a pris et finalement pourquoi c'était tellement évident. 


Et voilà, je referme ce gros pavé vert avec une certaine tristesse. Terremer est un monument de la fantasy mais pas que. Il met en scène des héros qui ne sont pas blancs, des femmes et des enfants. Il questionne aussi beaucoup sur notre propre monde. Il m'a aussi  beaucoup questionné pour des raisons qui ne regardent finalement que moi. Je crois que je ne le dirais jamais assez, mais il faut lire Terremer. 

Maintenant, je compte me lancer dès que possible (soit dès que je trouverais le premier tome), dans le cycle de SF de l'autrice, à savoir le cycle de l’Ekumen. Et je rêve de m'offrir cette intégrale de Terremer en VO pour avoir toutes les illustrations de monsieur Vess (parce que forcément, l'intégrale poche VF ne les a pas toutes)

jeudi 7 novembre 2019

Un(e)secte, Maxime Chattam

J'avais très hâte de lire le nouveau Chattam après le Signal qui avait été le premier coup de cœur de l'année. Et c'était sans parler des retours de ceux qui l'ont lu un peu avant. Je l'ai acheté dès sa sortie et lu dans la foulée. 

Un(e)secte, Maxime Chattam

Editeur : Albin Michel
Collection : 
Année de parution : 2019
Nombre de pages : 454

A lire si :
- Vous n'avez pas peur des insectes
- Vous aimez les enquêtes policières

A ne pas lire si :
- Vous n'aimez vraiment pas les insectes
- Vous vous attendez à avoir tout le long

Présentation de l'éditeur : 

Et si tous les insectes du monde se mettaient soudainement à communiquer entre eux ? À s'organiser ? Nous ne survivrions pas plus de quelques jours.
Entre un crime spectaculaire et la disparition inexpliquée d'une jeune femme, les chemins du détective Atticus Gore et de la privée Kat Kordell vont s'entremêler. Et les confronter à une vérité effrayante.
Des montagnes de Los Angeles aux bas-fonds de New York, un thriller implacable et documenté qui va vous démanger.

Mon avis

Comme je le disais, j'avais très très hâte de lire ce nouveau Chattam. J'aime beaucoup ce que fait le monsieur, et je ne résiste pas à l'idée de me faire un peu peur en lisant, surtout en cette période. Alors, je me suis un tout petit peu jeté sur le livre que j'aurais fini plus tôt si mon weekend n'avait pas été aussi occupé. En parlant de me faire peur, le prologue est assez anxiogène pour moi qui déteste les araignées et les petites bêtes (je ne leur ferais pas de mal, mais si elles pouvaient rester loin de moi, ça serait cool, hein). Il est aussi particulièrement efficace, nous faisant entrer directement dans l'histoire. Sauf que si le prologue est ultra efficace, il faut attendre un petit peu pour retrouver son ambiance. Car Un(e)secte n'est pas tout à fait un livre d'horreur. C'est surtout deux enquêtes particulièrement intéressantes à lire qui finiront pas se regrouper (je ne spoile absolument pas, on s'en doute quand même pas mal). 

La première est menée par un inspecteur du LAPD (la police de Los Angeles, donc), Atticus Gore, suite à la découverte d'un squelette sur une scène de crime remplie de cadavres d'insecte. Si déjà, la présence d'insectes est étrange que le squelette soit celui d'un homme encore vivant la veille l'est encore plus. L'enquête d'Atticus va le mener jusqu'au bas-fond de Los Angeles où ce qu'il va découvrir est bien plus gros que ce qu'il ne pense. L'autre enquête est mené par Kat Kordell, détective privée de New York, missionnée pour retrouver une jeune femme disparue. Là aussi, la privée ira jusqu'au pire endroit de sa ville afin de découvrir la vérité.

J'ai apprécié les deux enquêtes dans le sens où elles sont complémentaires mais bien différentes. On se doute d'ailleurs tout le long que les deux protagonistes vont finir par se rencontrer sans trop savoir comment. L'un enquête sur un meurtre mettant en scène des insectes, l'autre sur ce qui semblerait bien ressembler à un enrôlement dans une secte. Le rapport ? C'est le titre du roman qui nous le donne et je n'en dirais pas forcément plus pour ne pas trop spoiler. Il n'empêche que j'ai adoré voir les éléments se mettrent ne place de chaque côté, bien que j'ai eu une petite préférence pour la partie Atticus (lié au personnage, je pense, on y reviendra après). Peut-être le fait que je n'avais pas exploré Los Angeles version Chattam, ce qui n'est pas le cas de New York (où je me suis souvent demandé si Annabel ou Brady n'allaient pas faire une infime apparition)(plus Brady qu'Annabel d'ailleurs). Il n'empêche que comme toujours, l'auteur arrive à distiller ses informations sans qu'on ne s'en rende tout à fait compte (quoique j'avais deviné pour une personne). 

Mais, ce que j'ai particulièrement apprécié, c'est toute la partie un peu plus psychologique du roman (et je ne parle pas du fait que j'ai eu l'impression d'avoir des insectes sur moi au prologue et à certains moment dans le roman)(quoique). Un roman sur les sectes va forcément parler de fragilité psychologique, d'isolement ou encore d'influence. Il le fait de manière intelligente et surtout il finit par englober les protagonistes principaux. Ainsi, on a un Atticus Gore déjà marginalisé dans son travail et même dans sa vie. Le flic est gay, n'a pas de vie de famille, préférant payer ses amants d'un soir ou plus, n'a pas d'amis non plus. Il n'est pas apprécié, souvent raillé par ses confrères à cause de son orientation sexuelle. Il ne faudrait pas grand chose pour qu'il bascule dans la solitude la plus complète, voire qu'il perde son boulot. C'est un personnage qui n'en ai pas moins attachant dans ses faiblesses et qui en tire parfois une force incroyable. Surtout, ce n'est pas un super enquêteur à qui rien ne fait peur. Même son goût pour le Metal a quelque chose à voir avec ça et renforce sa personnalité. IL en va de même pour Kat. Elle vit seule, ne s'attache pas à son mec avec qui elle est depuis six ans, a peur de vieillir. Elle aussi, d'une certaine manière, s'isole du monde. Mais ils sont assez forts tous les deux pour ne pas tomber dans le pire. Ca ne tient pas à grand chose souvent. Ca les rend particulièrement humains.

Le seul petit défaut que je trouve au roman, du coup, c'est que je n'ai pas vraiment flippé. Je m'attendais, pas forcément à avoir peur, mais disons à frisonner quand même un peu plus. Or, ce n'a pas tout à fait été le cas. Les enquêtes sont efficaces, la dernière moitié du roman (dont je ne parle pas vraiment pour ne pas trop en dire) aborde des thèmes que j'apprécie assez lire mais je n'ai pas eu ce petit frisson que j'ai apprécié sur le Signal par exemple ou sur l'Âme du mal par exemple. 

Ça ne veut pas dire que je n'ai pas apprécié, loin de là. Disons juste que j'ai trouvé Un(e)secte de facture plus "banale". C'est un bon Chattam, voilà. Il est plus que sympathique à lire, il fonctionne parfaitement bien mais il lui manque un petit plus pour être parfait à mes yeux. Par contre, très hâte de revoir Atticus Gore au vu des remerciements de l'auteur à la fin.


mercredi 30 octobre 2019

Vampires ! Une histoire sanglante, Richard D. Nolane et Elisabeth Campos

Halloween approche à grand pas et j'avais envie de lecture allant dans le thème. J'ai commencé Nécroscope sur le Kindle (que je finirais bien après Halloween je sens, il est assez long comme bouquin) et j'ai enfin sorti de ma PAL cet essai sur le Vampire ! sorti dans la collection Bibliothèque des Miroirs des Moutons Electrique que j'apprécie assez (et dont je lorgne d'autres titres depuis un moment).

Vampires ! Une histoire sanglante, Richard D. Nolane et Elisabeth Campos

Editeur : Les Moutons Electrique
Collection : Hélios
Année de parution : 2018 (2010 dans la Bibliothèque des Miroirs)
Nombre de pages : 288

A lire si : 
- Vous voulez vous penchez sur la mythologie vampirique
- Vous appréciez les essais

A ne pas lire si :
- Vous ne voulez pas voir mélanger vampire littéraire et meurtriers en série

Présentation de l'éditeur : 

Né il y a très longtemps, le démon buveur de sang n’a cessé de poursuivre son chemin dans notre imaginaire. Sous le nom de vampire, il est devenu un des personnages favoris du genre fantastique et présente le cas unique d’une superstition ayant acquis le statut de mythe mondial par l’intermédiaire des arts populaires. Une superstition dont les racines, pas toujours bien connues, sont examinées ici en détail.
Pour la première fois, un ouvrage qui présente un panorama complet du vampirisme, sans se cantonner comme ses prédécesseurs à ses seuls aspects légendaires, artistique et historique. En effet, il aborde aussi en profondeur ce que l’on peut appeler la « réalité vampirique », incarnée par des personnages convaincus d’être d’authentiques vampires.
Un livre de référence, largement illustré, destiné à tous ceux qui s’intéressent à l’imaginaire fantastique, aux ombres de l’histoire et à la criminologie.

Mon avis

J'ai déjà deux livres de la collection Bibliothèque des Miroirs, Sorcières ! et Steampunk !. J'aime beaucoup les deux, avec leur format carré et les illustrations qui les parsèment. Ce sont des bouquins agréables à lire et aérés. Le passage de cette collection en poche est agréable pour le porte-monnaie, mais par contre, on y perd un peu de qualité visuelle. Adieu les illustrations et les encarts. Est-ce gênant pour la compréhension du discours des auteurs ? Non. Mais je trouve dommage de perdre les illustrations qui dans les deux précédents ouvrages que j'ai eu en main apporté aussi des éclairages sur la représentation des thèmes. Sur ce, passons au texte.

Nous connaissons tous le Vampire. La figure de Dracula est particulièrement présente dans l'univers fantastique, et il ne se passe pas une année sans qu'un nouveau livre/série/film ne mette en scène la créature à dents longues d'une manière ou d'une autre. Mais que savons-nous réellement du vampire ? Les deux auteurs se sont penchés sur la figure vampirique, que ce soit dans le domaine de l'imaginaire ou celui, bien plus réel, de l'histoire ou même de la criminologie.

Forcément, tout ne nous est pas inconnu. On va passer sur l'histoire de Vlad Tepes, sur le Dracula de Bram Stoker et j'en passe. Même si je connais les deux, je dois dire que j'ai assez apprécié me replonger un peu dedans (l'histoire de Tepes a quelque chose d'assez passionnant en soi, dans le fait qu'il n'a rien d'un vampire mais tout d'un véritable tueur en série sociopathe). Toute la partie sur les folklores ayant un vampire est aussi particulièrement intéressante. Le vampire n'est pas qu'une invention roumaine ou européenne de l'est, il s'avère qu'il est quasiment universel et ça depuis fort fort longtemps. On le retrouve en suceur de sang, d'âme ou d'énergie sur presque tous les continents. 

Forcément, j'ai aimé lire tout ce qui concerne le vampire "médiatique", voire comment, au fils des ans, les auteurs ont pu le faire évoluer. Nous passons tout de même du monstre sanglant à une sorte de séducteur (on pensera à Twilight et à quelques vampires de la Bit-Lit) pour le faire revenir à son aspect monstrueux de temps en temps. On le voit aussi par le prisme du lieux, le vampire dans les mangas japonais semblant par exemple très proche d'un Dracula et plus encore du Vatican (du coup, je me demandais s'il n'existait pas quelque part des essais ou article sur la vision japonaise des mythes occidentaux). C'est une créature qui évolue avec le temps, qui n'est jamais totalement figé et c'est surement pour cela qu'il est le personnage favoris du fantastique depuis tellement d'années (et de siècles).

Mais je dois avouer que la partie que j'ai préféré, c'est celle qui replace le vampire dans notre réalité. On n'en parle pas forcément assez, et souvent, l'image du gothique qui s'affuble de canines longues et dort dans un cercueil vient à l'esprit des gens quand on le fait. Cette image, sans être totalement erronée, n'est pas celle qui nous intéresse ainsi. Elisabeth Campos, qui coécrit le livre, est spécialiste en criminologie, plus particulièrement en secte et crime pathologique. C'est donc naturellement qu'elle et Richard Nolane vont parler des tueurs en série s'appuyant sur les mythes vampirique. C'est la partie la plus sombre de l'essai de part les crimes qu'elle traite mais aussi l'une des plus documentées pour moi (on y retrouve plusieurs exemples dont le connu Vampire de Dusseldorf). Mais elle ne parle pas que de meurtrier. On y retrouve aussi par exemple toute l'enquête au sujet du vampire de Highgate qui se déroula au début des années 70 (une histoire à rebondissements multiples et parfois grand guignolesque à découvrir) ainsi que quelques histoire de vampiroïdes (des personnes qui se pensent vampire, agissent comme telle mais ne font de mal à personne). Comme je le disais, cette partie touchant plus notre réalité est fort intéressante à lire et permet de comprendre un peu mieux le mythe du vampire lui-même.

Au final, même si je déplore le manque d'illustration de cette version poche de l'ouvrage, j'ai été vraiment ravi de le sortir de ma PAL. Comme les deux autres essais de la collection déjà lu, il est passionnant, bien écrit et aborde son sujet selon plusieurs angles, ce qui n'est vraiment pas pour me déplaire. J'ai découvert deux trois choses que je ne connaissais pas et est allongée ma liste de livres, films et série à voir. 

Pour aller un peu plus loin, avec l'ouverture de l'expo à la cinémathèque "Vampires, de Dracula à Buffy", la BNF en profite pour parler de la créature et ressortir des vieux documents. Ca se passe sur le site de la BNF et c'est plutôt sympa à découvrir

lundi 28 octobre 2019

Pétales de Rose et rameau d'Olivier, Susi-Petruchka

J'ai, pour l'instant, toujours assez bien choisi mes lectures sur Wattpad. Celle-ci ne déroge pas à la règle. Mêlant romance, humour et fantastique, Pétales de Rose et rameau d'Olivier est une bien sympathique découverte.

Pétales de Rose et rameau d'Olivier, Susi-Petruchka

Editeur : Susi-Petruchka
Collection /
Année de parution : 
Format : Wattpad

A lire si 
- Vous voulez de la romance
- Vous aimez l'humour 
- Vous voulez des licornes et des bulldozers

A ne pas lire si : 
- Vous voulez une romance toute mignonne

Présentation de l'éditeur : 

« Jamais Rose Phorbe-Nascorie n'avait connu situation plus insolite que celle dans laquelle elle se retrouva piégée en ce soir de juillet : à califourchon sur un muret, quelques deux mètres au-dessus du sol. En robe de bal, évidemment. La situation aurait perdu de son mordant, sans la robe de bal. »
Lorsqu'elle rencontre plus ou moins par accident le bel Olivier, Rose tombe immédiatement sous le charme. N'incarne-t-il pas tout ce qu'une damoiselle à l'esprit romanesque puisse souhaiter ? Malheureusement pour elle, les obstacles sont nombreux sur la route qui mène à l'amour : alligators, bulldozers, petites sœurs, fin du monde, vernis à ongle qui s'écaille, et la liste est encore longue...

Mon avis

J'ai choisi ce livre-là totalement au hasard. Sa quatrième m'a fait rire en la voyant et je me suis dit pourquoi pas. J'avais envie d'une lecture sans prise de tête (je lis les textes sur Wattpad le matin, en buvant mon café juste avant d'aller travailler). Je suis tombée sur la bonne, je crois. 

Rose vit sur une île paradisiaque. Du moins jusqu'à ce que Donatien de Tantale décide d'y construire une mine à ciel ouvert afin de soit-disant assuré l'indépendance de l'endroit. Un projet qui ne plait pas beaucoup à Edelweiss, la demi-sœur de Rose. C'est en essayant de l'empêcher de faire un mauvais coup que Rose se retrouve embarquée dans une histoire qui la dépasse complètement. C'est aussi le moment que choisi l'amour pour frapper à sa porte. Rose va devoir tenter de concilier histoire d'amour naissante et fin du monde. Heureusement (ou pas, c'est suivant le point de vue), pour la seconde, elle va pouvoir compter sur sa sœur, sa cousine Chardon et Valerian.

Pétales de Rose et rameau d'Olivier se présente à la base comme une romance dans la pure tradition du conte de fée disney. Une jeune femme rencontre celui qui semble être l'homme de sa vie durant un bal. Tout devrait d'ailleurs se passait comme un disney, quelques péripéties sur fond d'écologisme et puis un grand et beau final où les gentils gagnent. Sauf que... Sauf que Susi-Petruchka a un humour bien à elle et que la romance, c'est finalement pas vraiment totalement son truc. 

La première chose qui m'a donc marqué dans ma lecture, c'est l'humour de son autrice. Un humour auquel j'adhère complètement, entre l'absurde et le second degrés (voire même troisième ou quatrième parfois). Je suis généralement peu sensible à ça, du coup, que je rigole en lisant est très rare. Or, c'est arrivé, et rien que pour ça, j'ai adoré le roman. Le style de l'autrice a quelque chose d'assez addictif qui fait que j'ai enchaîné les chapitres. Il faut dire qu'outre l'humour dévastateur du roman, on a aussi une histoire aux multiples rebondissements souvent assez improbables d'ailleurs. On va alors côtoyer des alligators, des licornes, des indiens et j'en passe. Autant dire que pour Rose, la vie n'est pas de tout repos et qu'elle va bien avoir du mal dans tout ça à vivre pleinement ce qu'elle ressent pour Olivier. Si l'histoire d'amour entre les deux jeunes gens est le point de départ du roman et qu'elle reste bien présente tout le long, ce n'est finalement pas elle qui marquera le plus (du moins pour moi).

La seconde chose que j'ai adoré, ce sont les personnages. Mais pas les principaux. J'ai aimé Rose et Olivier, je ne dis pas le contraire, juste qu'ils sont un peu lisses quand même par rapport aux autres. Bon il faut dire que face à une Edelweiss maniant la mauvaise foi comme personne et ayant des idées bien particulières sur la manière de stopper Donatien de Tantale, Rose parait presque insipide. Mais Edel n'est pas le seul personnage que j'ai aimé. Le duo Chardon/Valerian est délicieux aussi à suivre, et une fois de plus, relègue un peu le duo Rose/Olivier en arrière plan. Et je n'arrive pas à me dire que c'est dommage. Parce que les personnages secondaires sont tellement présents et vivants qu'on s'éclate à les suivre, parce que sans eux, l'histoire aurait été bien plate. 

Au final, j'ai pris grand plaisir à lire cette romance qui n'en est pas tout à fait une. Elle est parfois un peu trop prévisible mais on lui passera ce petit défaut. C'est une histoire qui se lit facilement et qui met de bonne humour. J'ai beaucoup aimé la plume de son autrice et je pense que me pencherais sur ses autres écrits wattpadiens (dont Le cadavre sexy du monsieur tout nu sur la peau d'ours de la bibliothèque)(ça c'est du titre NaNowrimesque ou je ne m'y connais pas)




mercredi 23 octobre 2019

Sur les ruines du passé, Eden, tome 3, Blandine P. Martin

J'ai fini hier soir la trilogie Eden de Blandine P. Martin. J'ai profité d'un léger problème au travail (inondation et coupure courant et réseau, quand tu bosses dans l'informatique, c'est pas le top) pour ça. Et puis, la pluie, le gros plaid et un livre, c'est quand même ce qui se fait de mieux en cette période (parce que du coup, ça y est, le sud est enfin en automne).

Sur les ruines du passé, Eden, tome 3, Blandine P. Martin

Editeur : Milady
Collection : Emma 
Année de parution : 2018
Format : AZW

A lire si : 
- Vous aimez les romans dans le style des Divergentes
- Vous voulez de la romance

A ne pas lire si : 
- Vous ne voulez pas du tout de romance

Présentation de l'éditeur : 

L’heure du retour sur Terre a-t-elle sonné ?
Le GUN est tombé. Les habitants de Gemma organisent l’élection d’un gouvernement démocratique. Mais avant de se tourner vers l’avenir, il faut tirer un trait sur le passé et, pour cela, revenir sur Terre, où le GUN a abandonné tant de gens avant le grand départ.
Drago y est envoyé pour organiser le sauvetage des réfugiés. Mais l’atterrissage se passe mal et sur Gemma on est bientôt sans nouvelles de lui et de son équipe. Aussitôt, un nouveau convoi s’organise, et cette fois Eden est de la partie. Bien décidée à secourir l’amour de sa vie, la jeune femme devra encore faire ses preuves, sur un monde en ruines dont certains survivants ont perdu jusqu’à leur humanité.
La mission de sauvetage sur cette terre dévastée risque bien de tourner au traquenard…

Mon avis

Le tome deux s'arrêtait alors que le nouveau gouvernement de Gemma découvrait que la Terre était encore habitée malgré les guerres qui la ravageait des années plus tôt. Nous commençons par un chapitre pour le moins angoissant, alors que l'un des vaisseaux de Gemma tente, tant bien que mal (surtout mal en fait) de se poser sur la planète mère. Après ce chapitre, nous revenons six mois plus tôt pour suivre la préparation de tout cela mais pas que.

La première partie du roman fait la part belle à la dystopie. Il faut dire qu'il a beaucoup à faire sur Gemma avec l'instauration de la nouvelle république. Emeric tente d'être un bon président mais surtout de mettre en place la paix que lui et les anciens rebelles souhaitent par dessus tout pour la planète. Pour cela, il faut déjà rattraper les anciens du GUN qui ont réussi à s'échapper, mettre en place les lois de la nouvelle république et j'en passe. Dans tout ça, Eden a un peu de mal à trouver sa place. En tant qu'ex Alpha, Rudy et elle partent chasser les anciens du GUN. Elle doit aussi faire face au départ de Drago pour la Terre à bord du Grand Phénix. C'est une partie plutôt sympa à lire et qui m'a bien fait penser au premier tome. Si la romance est bien là, elle se fait tout de même assez discrète pour se concentrer un peu plus au changement qui se déroule sur la planète. La donne change un peu lorsqu'on arrive à nouveau à la partie atterrissage du Grand Phénix.  Eden, Rudy et Henri embarque sur le second vaisseau disponible pour retrouver les naufragés sur Terre. Là-bas, la situation est bien pire que ce qu'ils ne le pensaient. La mission sauvetage va se transformer en contre la montre pour sauver le plus de personnes possibles. La Terre connue des habitants de Gemma n'est plus mais il reste tout de même un peu d'espoir. 

Même si la partie dystopie refait son grand retour, on oublie pas la romance entre Eden et Drago. Je l'ai tout de même trouvé bien moins présente que dans le tome 2, les deux tourtereaux arrêtant de se tourner autour. Et c'est tant mieux pour moi. J'apprécie voir comment leur relation évolue, surtout qu'elle ne tombe pas dans la mièvrerie sans nom. Faut dire qu'Eden est toujours assez instable. Son évolution, la manière dont elle apprend petit à petit à faire confiance aux autres est plutôt bien rendu. C'est un personnage que j'aurais finalement pas mal apprécié depuis le début, que se soit lorsqu'elle était la machine à tuer du GUN ou maintenant qu'elle a complètement embrassé la cause de Drago et Emeric. Elle a avoir évolué d'ailleurs. Forcément, Drago aussi et je dois dire que j'apprécie beaucoup en savoir enfin un peu plus sur lui. Il reste le ténébreux norvégien du premier tome mais gagne enfin en profondeur grâce à Eden. Malheureusement, ils sont peut-être les seuls à avoir ce genre de traitement. Bien que présents tout le long de ce troisième tome, Rudy et Henri semblent passer en arrière plan. Il en va de même pour Emeric ou Samuel qui restent sur Gemma. C'est un défaut que j'avais déjà relevé dans le tome deux. Il se confirme. Après, je sais que quand j'apprécie des personnages, j'aime bien les voir un peu plus, et comme c'est le cas de Samuel par exemple, ça m'ennuie un peu.

Par contre, j'ai grandement apprécié le retour sur Terre et ce qu'il s'y passe. L'histoire de ce troisième tome se tient quand même beaucoup plus que celle du second pour moi. Je pense que le fait que la romance étant établie pour de bon, ça aide un peu à revenir à ce qu'il se passe autour. Revenir à un récit moins romance et plus dystopique est agréable. Et finalement, je crois que ça fait partie de la force de cette trilogie, réussir à ne pas oublier que ce n'est pas juste une histoire d'amour entre deux personnages et que le discours derrière n'est pas oublié. L'idéal d'Emeric et des rebelles n'est pas juste là pour faire joli.

Au final, j'ai pas mal apprécié ce dernier tome et la série au complet. Le mélange dystopie/romance fonctionne bien, la seconde ne prenant pas trop le pas sur le premier, ce qui personnellement me va parfaitement. C'est donc une découverte fort sympathique de mon côté.


mardi 22 octobre 2019

La fameuse invasion de la Sicile par les ours, Dino Buzzati

Parfois, j'ai des envies de lecture subite. Ça donne un SMS à mon frère le dimanche soir, récupèration du livre le lundi midi et lecture le soir. La bibliothèque du frangin est bien moins remplie que la mienne mais je sais pouvoir y trouver les livres qui ont marqué mon enfance. La Fameuse invasion de la Sicile par les ours en fait partie et c'est avec un plaisir non dissimulé que j'ai relu pour la énième fois ce petit roman.

La fameuse invasion de la Sicile par les ours, Dino Buzzati

Editeur : Folio
Colleciton : Junior
Année de parution : 1996
Titre en VO : La Famosa invasione degli orsi in Sicilia
Année de parution en VO : 1945
Nombre de pages : 115

A lire si :
- Vous aimez les contes
- Vous aimez les ours

A ne pas lire si :

Présentation de l'éditeur :

Tout commence le jour où Tonin, le fils du roi des ours, est enlevé par des chasseurs dons les montagnes de Sicile... Profitant de l'hiver qui menace son peuple de famine, le roi décide d'envahir la plaine où habitent les hommes. Avec l'aide de son armée et d'un magicien, il réussit a vaincre et à retrouver Tonin. Mais il comprend vite que le peuple des ours n'est pas fait pour vivre au pans des hommes...

Mon avis

Il est toujours un peu compliqué de donner un avis sur un livre que l'on a chéri pendant des années et qu'on redécouvre avec le même entrain qu'à dix ans. Forcément, les souvenirs s'en mêlent et c'est tout autant la nostalgie qui parle que la redécouverte du livre. J'ai souvent lu et relu la fameuse invasion enfant. Le livre appartenait à mon frère (qui ne le trouve plus mais sa femme l'avait aussi, du coup, c'est le sien que j'ai lu)(et sur lequel j'ai râlé, elle a mit des bulles à quasi toutes les illustrations...) et a posé beaucoup de temps dans ma propre bibliothèque. Je l'ai usé jusqu'à la trame, lisant et relisant certain passage plus que d'autre. C'est en découvrant qu'un dessin animé avait été crée récemment que j'ai eu envie de relire le bouquin. Je remercierais donc mon frangin et sa femme pour m'avoir refilé le livre.

La Fameuse invasion de la Sicile par les ours raconte donc, vous n'allez pas le croire, l'invasion de la sicile par les ours mais pas que. La première partie du roman se concentre bien sur la dite invasion. Suite à l'enlèvement du fils du roi Léonce et à un hiver des plus rigoureux, les ours partent envahir la capitale des hommes. Des montagnes jusqu'à la ville, nous allons les suivre, bataillant contre les armées du Grand Duc et déjouant les pièges que leur tend le Professeur de Ambrosiis (qui finira par devenir leur grand ami). La seconde partie du livre se passe plusieurs années plus tard (13 pour être exacte). Léonce gouverne la Sicile et ses ours se sont mêlés à la population humaine sans trop de difficulté. Or, le calme n'est qu'apparemment et certains ours ont fini par succomber aux vices...

Il y a plusieurs choses que j'adore vraiment dans ce petit roman. La première, c'est l'alternance texte "normal"/poème. Buzzati fait ça de manière tellement fluide (et le traducteur a vraiment été très bon aussi) qu'on passe de l'un à l'autre sans même s'en rendre compte. Pour moi, la FIDLSPLO est un énorme poème mélange vers et prose. La seconde, ce sont les illustrations qui parsèment le récit et en font intégralement partie. J'ai passé des heures enfant à les observer toutes, lisant une histoire pas tout à fait pareille à ceux que les mots racontés (on découvre quelques différences entre les deux). Du coup, on comprend un peu mieux pourquoi j'ai râlé que ma belle-sœur ait gribouillé dessus.

Et puis, bien sûr, il y a l'histoire. Leur de mes premières lectures, j'adorais pouvoir me confronter à des peurs enfantines comme le croquemitaine ou les fantômes avec les ours. J'apprécie moins par contre la seconde partie, trouvant aux péripéties de la première plus de charme. J'avoue continuer à aimer cette première partie, que je trouve plus amusante à lire de par l'étrange naïveté des ours. Je comprends aussi beaucoup mieux la seconde et ce qui se cache derrière. J'ai grandi, ma vision du monde avec moi et ma compréhension de cette partie avec. Forcément, mon niveau de lecture n'est plus le même et c'est tant mieux, je dirais, puisque j'ai apprécié ma lecture d'une manière différente. 

Comme tout conte qui se respecte, La FIDLSPLO a plusieurs niveaux de lecture. Il y a l'enfantine, qui parle bravoure et courage, qui montre que le bien triomphe du mal, et puis il y a le niveau plus adulte que je n'avais pas tout à fait vu jusque là. Oh, je n'étais jamais passé bien loin mais forcément à trente ans passés, je ne lis plus le livre comme à dix. La satire est plus évidente à présent, forcément, surtout dans la seconde partie, celle que j'appréciais le moins à l'époque. 

Au final, j'aime toujours autant ce roman, mélange de théâtre, de conte et de poésie. J'aime qu'il soit si étrange dans sa forme. J'aime son histoire, simple de prime abord mais qui ne l'est pas tant que ça. J'avais peur que ma nouvelle lecture ne me le ternisse un peu, ce n'est pas du tout le cas. Il est sûr que je le relirais encore, en appréciant encore et toujours l'humour qui s'en dégage et le message qu'il fait passer.


lundi 21 octobre 2019

Le Vent d'ailleurs, Terremer Intégrale, Ursula K. Le Guin

J'arrive doucement à la fin de mon intégrale de Terremer (et autant je déprimais de ne pas me voir avancer dedans alors que j'en étais au troisième roman, autant là, je déprime de savoir que je vais quitter l'univers). J'ai fini le dernier roman. Il ne me manque que quatre nouvelles à lire avant de refermer mon gros pavé vert pour un temps.

Le Vent d'ailleurs, Terremer Intégrale, Ursula K. Le Guin

Editeur : Le livre de poche
Collection : /
Année de parution : 2018
titre en VO : Earthsea
Année de parution en VO : 2001 pour le Vent d'ailleurs
Nombre de pages : 1800

A lire si
- Vous aimez la fantasy avec magie et dragon
- Vous ne voulez pas de violence

A ne pas lire si
- Vous vous attendez à quelque chose d'ultra violent
- Vous n'aimez pas les récits initiatiques

Présentation de l'éditeur :

Terremer est un lieu magique et ensorcelé. Une mer immense recouverte d’un chapelet d’îles où les sorciers pratiquent la magie selon des règles très strictes. On y suit les aventures de Ged, un éleveur de chèvres qui, au terme d’une longue initiation, deviendra l’Archimage le plus puissant de Terremer, mais aussi celles de Tenar, haute prêtresse du temple des Innommables de l’île d'Atuan, de Tehanu, la fille-dragon, et de Aulne le sorcier qui refait chaque nuit le même rêve terrifiant. Autour de la grande histoire gravitent des contes qui enrichissent et explorent ce monde où enchanteurs et dragons se côtoient.

Mon avis

Le Vent d'ailleurs est le dernier tome de Terremer. C'est avec une petite émotion que je l'ai lu, sachant à quel point j'ai aimé l'univers. Heureusement pour moi, l'intégrale comporte trois nouvelles de plus et quelques bonus. D'ailleurs, l'un de ceux-ci sera aussi présenté ici, à savoir la toute petite description de Terremer. Mais avant ça, parlons du roman.

Le sorcier Aulne débarque un jour sur Gont. Il se présente à Ged et lui raconte son étrange histoire. Toutes les nuits, il va jusqu'au mur qui délimite la Contrée Aride. Toutes les nuits, les morts l'appellent. Pourquoi ? Il ne sait pas. Mais Ged ne peut pas lui donner de réponse. Alors, il l'envoie à Havnor, où se trouve Tenar et Tehanu ainsi que Lebannen. Là, peut-être aurait-il ses réponses. Mais en Havnor, d'autres problèmes se posent. Déjà, Lebannen doit compenser avec la fille du Roi Kargue, ensuite, les dragons viennent de plus en plus vers l'ouest, causant pas mal de trouble. Et si l'étrange comportement des dragons et les rêves d'Aulne étaient en fait lié ? Si Terremer était en train de changer ?

Avec Tehanu, on l'avait senti venir, le changement. Un peu plus encore en lisant la nouvelle Libellule. La magie de Terremer changeait. Les morts revenaient de la Contrée Aride, les dragons vivaient parmi les hommes, en prenant même l'apparence. La magie n'est plus stable, et ça, les mages de Roke l'ont bien compris. Pourtant, ils ne font pas grand chose, encore perturbé par ce qu'il s'est passé durant Libellule (et c'est là qu'on comprend pourquoi les contes de Terremer sont réellement un quatrième tome et pas juste un recueil tout simple). C'est donc du côté de Tehanu, du roi et d'un simple Raccommodeur que l'on va se tourner.

Une nouvelle fois, le roman semble prendre son temps sans toutefois le faire. J'apprécie vraiment ces chapitres calmes, où l'on regarde la vie passée simplement. Les premiers chapitres, où l'on découvre Aulne à Gont sont particulièrement reposant. Et pourtant, il se passe peut-être autant de chose que dans le reste du roman. C'est dès ces chapitres que l'on se rend compte que quelque chose change en Terremer. Un changement qui se confirme à l'arrivée en Havnor. C'est d'abord juste une impression, qui se confirmera petit à petit, au grès des discutions entre personnages. Des personnages assez divers, d'ailleurs. Si on en connait déjà certains, comme Lebannen, Tenar et Tehanu, on en découvre d'autres, comme Aulne ou la princesse Kargue. En fait, pour ce dernier roman, l'autrice a décidé de rassembler tous les peuples de Terremer. Le choc des cultures a bien lieu, mais de manière douce, comme a pu l'être tout Terremer. Oui, il y a des incompréhension, la plus grosse étant entre Lebannen et la princesse, mais rien d'insurmontable lorsqu'on reçoit les bons conseils (Tenar se fait "mère" pour les deux, et, comme toujours, elle est formidable de par sa tolérance et sa bienveillance). Le changement se fait aussi par les personnages. Les Kargues vont se rapprocher des Hardiques, les mages vont prendre conseils auprès des dragons, des sorciers et des Pelniens. Cette entende a quelque chose de merveilleux (on pourrait pas avoir un truc vaguement ressemblant en ce moment ?). 

Comme je le disais, le roman prend son temps, une fois encore. Et une fois encore, on ne le voit pas passer. Il est prenant, ce Vent d'Ailleurs. Il est dense aussi, peut-être plus que les précédents. Il faut dire qu'il aborde un thème qui peut-être vu de bien des manières, à savoir la vie et la mort. Forcément, il est toujours question d'un certain équilibre, comme toujours dans les romans de Terremer. Après tout, l'équilibre est un des piliers de l'archipel. Or, depuis l'Ultime Rivage, on sait qu'il est en danger. Là où l'autrice fait fort, c'est d'inverser la donne. Alors que dans l'Ultime Rivage, on est sur un sorcier cherchant l'immortalité, ici, on va découvrir qu'en fait, Cygne, et les hardiques, l'avaient déjà, la dite immortalité (c'est un peu alambiqué, mais en lisant le Vent d'ailleurs, on comprend bien mieux). C'est en mettant en parallèle légendes et contes que l'on va comprendre ce qu'il se passe, pourquoi Aulne rêve des morts et du mur, pourquoi les dragons envahissent l'ouest et ce qu'il faut faire pour que cela cesse. C'est du passé que vienne les réponses, et j'aime particulièrement cette vision-là. Terremer et les personnages qui l'occupent, ont toujours eu un œil sur le passé pour mieux comprendre ce qui leur arrive. Je trouve que ça va aussi parfaitement avec cette idée de réincarnation qu'on retrouve souvent dans les autres romans (et surtout lorsque Tenar est présente dans les dits romans)

Le Vent d'ailleurs marque une fin. C'est marrant, je n'ai pas envie de dire la fin (alors qu'avec le décès de son autrice, Terremer n'aura jamais de suite). C'est la fin du monde tel qu'il était connu durant les précédents romans. On la sentait venir, cette fin, entre un Ged ayant perdu ses pouvoirs, une Irien ou une Tehanu parcourant le monde sous forme humaine et surtout un nouveau roi sur le trône d'Havnor. Le Vent d'ailleurs est une belle fin. 


Description de Terremer
Comme je le disais, l'intégrale ne finit pas avec le Vent d'Ailleurs. Si je compte chroniquer les trois nouvelles supplémentaires prochainement, j'ai lu la petite description de Terremer à la suite du Vent d'ailleurs. Ces quelques pages sont là pour remettre un peu tout en place, que se soit l'Histoire de Terremer, ses peuples ou encore son système de magie.

Je dois bien dire qu'on apprend finalement peu de chose dans cette description. Tout ce qui est dit dedans a déjà été dit, si ce n'est une petite partie sur le premier archimage (qui devait beaucoup en vouloir aux femmes vu qu'il les dégage complètement de l'école de Roke et en fait de viles sorcières). Pour moi, cette description de Terremer n'est finalement pas si interessante que ça (comme souvent avec certains bonus dans ce genre)(heureusement que c'est pas un lexique comme on peut en trouver souvent). Ça reste du bonus fort sympathique.


mercredi 16 octobre 2019

Nuit et Jour, Virginia Woolf

Je n'ai peut-être pas choisi le bon moment pour lire un Virginia Woolf, pas avec de la fièvre et une somnolence accrue dut à mes traitements. J'ai mis un moment à le lire, et je ne suis pas sûre d'avoir tout compris parfois mais ce n'est pas grave, j'ai tout de même l'essentiel.

Nuit et Jour, Virginia Woolf

Editeur : Folio
Collection : Classique
Année de parution : 2017 pour cette édition
Titre en VO : Night and Day
Année de parution en VO : 1919
Nombre de pages : 720

A lire si :
- Vous aimez Virginia Woolf
- Vous voulez une chronique des jeunes anglais du début du siècle

A ne pas lire si :
-Vous n'aimez pas prendre le thé.

Présentation de l'éditeur :

Mêlant comédie de moeurs et satire de la société anglaise à la vieille de la Grande Guerre, ce deuxième roman de Virginia Woolf raconte l'éducation sentimentale de jeunes gens confrontés au choix entre une existence confortablement ancrée dans le passé et l'aventure de l'inconnue. Hésitations devant l'amour et le mariage, rapports complexes au milieu familial et aux ainés... D'une surprenante drôlerie, entre ironie et nostalgie, il dépeint un monde, celui de  l'avant-guerre, qui paraissait déjà lointain en 1919.
A la violence et à la confusion du réel, Viriginia Woolf oppose la sécurité d'un univers fictif familier et la cohésion d'un récit bine agencé. Oeuvre dun sujet en miettes dans un monde en chaos, Nuit et Jour est la tentative, désespérée et superbe, de réconcilier "la part de soi qui agit à la lumière du jour, et la part contemplative et sombre de la nuit".

Mon avis

Avant de commencer, je n'avais pas lu la quatrième de couverture jusqu'à ce que je le tape ici. Et, heu, comme dire, j'ai ris pour la seconde partie de celle-ci. Je ne sais pas qui l'a écrit mais mettre de ce grand mot pour Nuit et Jour et son histoire me semble un peu trop ampoulé en fait. Et pourtant, sachant qu'elle écrivit le roman après une de ses nombreuses dépressions, qu'elle y a mit beaucoup d'elle dedans, ce n'est finalement pas si faux. Mais passons sur cela et parlons un peu du livre.

Le livre commence par la rencontre entre Katharine Hillbery, jeune femme issue d'une famille connue et reconnue dont le grand-père était un poète très connu, et Ralph Denham, jeune homme d'une famille modeste écrivant parfois pour la revue de Mr Hillbery. Une rencontre qui ne se passe pas forcément très bien entre les deux jeunes gens de prime abord mais qui portant va être le point de départ de tout le roman. Car les deux jeunes gens vont être nos guides dans ce Londre de 1919 et c'est à travers leurs yeux que nous allons suivre cette petite aventure. Viendront s'ajouter trois personnages de plus, Mary Datchet, jeune femme proche des suffragettes, William Rodney, fiancé de Katharine et poète ainsi que plus tard, Cassandra, la cousine de Katharine. 

 Je crois l'avoir déjà dit dans un de mes avis sur une des oeuvres de Virginia Woolf, mais j'adore particulièrement la manière dont elle dépeint les gens. C'est à souvent plein d'humour, assez critique et en même temps elle a une certaine bienveillance envers eux qui fait qu'on va de suite les apprécier à notre tour. C'est ce qu'il arrive avec Katharine, qui est basée sur bien des aspects sur la sœur de l'autrice Vanessa mais aussi sur elle-même. Alors qu'on peut la trouver froide et guindée au départ, on découvre petit à petit une femme sensible et voulant sortir de ce que sa condition (de femme et de membre de la haute société) lui impose. J'ai aimé voir la si parfaite Katharine se perdre dans le méandre de ses émotions. Il en va de même avec Ralph, qu'on pourrait trouver médisant, ingrat aussi un peu, au début du roman. Le personnage, basé sur Leonard Woolf, l'époux de Virginia, est bien plus que cela. Le voir évolué dans un monde qui n'est pas tout à fait le sien a quelque chose de rafraîchissant. Il est bien plus complexe par exemple que William Rodney (du moins pour moi), plus intéressant aussi par sa manière de voir les autres. Il en va de même pour Mary durant une partie du roman. Elle est tellement différente de Katharine et des gens qui l'entourent qu'elle offre une vrai bouffée d'air frais.

Mais Mary n'est pas que ça. Virginia Woolf était une féministe convaincue. Le personnage de Mary lui permet de passer du côté des femmes travaillant. Mary est dans une association proche du mouvement des suffragettes. Elle y écrit des tracts, y prépare des réunions, combat pour le droit de vote des femmes... Même si on est encore loin de la suffragette partant au combat (je rappelle que les suffragette n'étaient pas pacifistes, loin de là même) mais on commence à voir les luttes pour un égalité entre hommes et femmes dans les discutions qu'elle a avec les membres de son association ou dans la manière dont elle se compare parfois avec Katharine. Une Katharine qui n'est pas en reste non plus. La jeune femme est passionnée de mathématique, se pose des questions sur la vie maritale et sur sa place tout court. Elle est tout aussi passionnée par ses questions par Mary sans aller jusqu'à son engagement. Ce l'un des thèmes du roman qui forcement m'a parlé et que je trouve particulièrement bien traité par une Virginia Woolf assez critique. 

En parlant de critique, c'est une chose à retenir ici. L'autrice aime à pointer du doigt les problèmes de son époque avec un certain humour. C'est encore une fois ce qu'elle fait de manière truculente. J'aime sa manière d'analyser son époque mais surtout les gens qui évoluent autour d'elle. D'ailleurs, Nuit et Jour m'a souvent fait penser à du Jane Austen dans cette manière de parler de son époque (Austen le fait aussi très bien, se moquant beaucoup des travers de son temps tout en en jouant).

Enfin, concluons donc par l'approche classique du roman. Ici, nous ne sommes pas encore dans le courant de pensée qui caractérisera les œuvres suivantes de l'autrice (la Chambre de Jacob étant le roman suivant et le dernier à suivre une approche presque conventionnelle). On le découvre un peu mais nous suivons une histoire faite de chapitres classique à l'avancée qui l'est tout autant. Ce n'en est pas moins un très bon roman qui je pense, reste accessible à beaucoup (la preuve, je sais très bien que je n'aurais jamais réussi à lire les Vagues ou Vers le Phare avec quatre jours de fièvre alors que j'ai réussi à le faire avec Nuit et Jour)(du moins que je les aurai bien moins apprécié et compris). N'ayant pas encore lu son tout premier roman, je dirais que celui-ci est très bien pour avoir une bonne approche de l'autrice. C'est donc, comme toujours, ravie d'avoir pu retrouver Virginia Woolf que j'ai lu ce long roman. Il me conforte (mais le fait-il vraiment ?) dans mon admiration pour l'autrice qu'elle était. 

PS : par contre, quel dommage que cette collection Folio s'obstine à mettre les notes en fin de livre et pas en bas de pages...

mardi 15 octobre 2019

Lame Exilée, Assassini, tome 3, Jon Courtenay Grimwood

J'ai une angine pas possible. Depuis une semaine, c'est la catastrophe à la maison niveau maladie. Après un beau virus pour moi, ma fille a eu une angine qu'elle a fini par me filer. Forcément, comme j'étais déjà affaiblie, ça a empiré. Le plus amusant ? (si on veut), ma mère a aussi une angine pour avoir gardé la demoiselle mardi... Bref, j'ai pas pu lire pendant trois jours à cause de la fièvre et autant dire que reprendre mon Virginia Woolf en court n'était pas possible. J'ai donc fini la saga Assassini.

Lame Exilée, Assassini, tome 3, Jon Courtenay Grimwood

Editeur : Bragelonne
Collection : fantasy
Année de parution : 2015
Titre en VO : Vampire assassin trilogy, book 2: The exiled blade 
Année de parution en VO : 2013
Format : AZW

A lire si : 
- Vous aimez les histoires un brin sanglante
- vous aimez les complots et jeux de pouvoirs

A ne pas lire si :
- Vous n'aimez pas les histoires à ellipse
- Vous voulez des personnages complexes

Présentation de l'éditeur :

L’hiver recouvre Venise de ténèbres, la glace fige les canaux et un millier de fantômes errent à la lisière des ombres. L’attentat brutal qui frappe le fils de dame Giulietta replonge Tycho dans les dangereuses intrigues de cour. Pour Giulietta, il traquerait les responsables jusqu’au bout du monde. Alors que Venise se trouve à deux doigts de la guerre civile, les querelles intestines se multiplient et la lutte pour le pouvoir s’intensifie. Quelles sont les forces à l’oeuvre dans ce jeu de dupes ?

Mon avis

Rappelez-vous, j'avais eu de grand doute à la fin de ma lecture du premier tome qui avait été presque totalement balayé par celle du second tome. Je découvrais alors une saga qui était bien meilleure que ce que je n'aurais pensé une fois que son auteur avait pris ses aises. Quand est-il donc de ce troisième tome ?

Venise s'apprête à affronter le pire hiver qu'elle connaisse. Les eaux de la lagune commence à geler, à tel point que l'on peut y marcher dessus. Le duc Alonzo s'apprête à partir de la ville, bannie par sa belle-soeur, la duchesse Alexa. Mais l'homme ne compte pas se laisser faire. Le jour de son départ, il épouse Maria di Dolphini, l'une des plus riches héritières de la ville, qui semble être enceinte de lui. Mais surtout, il va kidnapper le prince Leo, l'échangeant contre un autre gamin qu'il fait assassiner. Guiletta sombre, droguée par sa tante qui tente de trouver une solution. Tycho part pour le Montenegro à la recherche d'Alonzo et de Leo en compagnie d'Amelia. Pendant ce temps, à Venise, le prince Frederick va petit à petit redonner espoir à Guiletta avec l'aide d'un duc Marco pas si Niais que cela. Dans l'ombre, Alexa continue de tirer les ficelles, espérant réussir à offrir un avenir à son fils et à sa nièce, quoiqu'il arrive.

Si le second tome m'avait plu pour les nombreux complots qu'ils s'y tramaient, ce troisième tome parait presque plus simple. Nous avons bien du complot, après tout, nous sommes toujours à Venise (ou presque, disons que nous restons en territoire vénitiens). Mais bien qu'important par rapport au déroulement de ce troisième tome, il est passe presque au second plan, que se soit côté Alonzo (qui kidnappe Leo pour le faire passer pour l'enfant qu'il aurait eu avec Maria) ou côté Alexa (plus compliqué celui-ci et spoilant un peu trop pour le sortir noir sur blanc ici), ils sont finalement bien terne par rapport à ce que nous avons déjà pu voir. Disons surtout qu'ils sont cousus de fils blanc ce qui est étonnant vu les précédents tomes. Est-ce si important ? Et bien, pour le coup, cela m'a un peu fait penser au premier tome et à ses ficelles un peu trop brouillonnes. Heureusement pour moi, il n'y a pas que ça.

Une fois encore, les personnages prennent une grande place dans le roman. C'était quelque chose que j'avais apprécié dans le second tome et que j'apprécie toujours autant. Bien que la série devrait s'intéresser à Tycho (je dis ça par rapport au nom de la série), j'ai eu l'impression que ce dernier tome était celui de Guiletta. Tout  ce qu'il va se passer dans ce tome va se passer pour et par elle. A tel point qu'elle va carrément éclipser ce cher Tycho pendant une bonne partie du roman. Ça n'aurait pas été pour me déplaire d'ailleurs si elle ne passait pas une bonne partie de son temps à se morfondre pour tel ou telle raison, celle revenant plus souvent étant son choix entre Tycho et le prince Frederick. Un Frederick que j'ai bien aimé découvrir mais qui reste tout de même assez lisse par rapport aux autres personnages. Peut-être parce qu'il est le plus candide de tous (pour un loup-garou, ça reste quand même étrange). Et puis, il y a Marco. Le jeune duc se révèle enfin comme nous l'avons toujours pensé, c'est à dire bien plus sain d'esprit que ce qu'il en donne l'air.  On finira par Tycho, toujours égal à lui-même et un peu plus torturé qu'à l'habitude. Mais, comme je le disais, il est moins présent et finalement a réussi à me manquer la plupart du temps. Quant aux autres, comme Amelia, Alexa ou même Alonzo, ils restent presque anecdotique dans ce tome-ci (et je ne parle pas de Rosalyn qui offre l'entrée en scène la plus deux ex machina du bouquin pour ne finalement pas servir à grand chose).

Je rapproche par contre au roman une fin assez tirée par les cheveux à mon avis. Grimwood a semblé vouloir se servir de toutes les idées lui passant par la tête sans jamais y aller à fond ou jusqu'au bout. Une remarque déjà faite dans le tome un d'ailleurs. Mais là, durant les deux batailles de fin, c'est encore plus énorme. Alors, je comprends qu'il faille remplir des pages et mettre du suspens mais là, c'est un peu trop. Du coup, j'avoue avoir été un peu lassé par la plupart des rebondissements durant le dernier tiers du livre (mention spéciale pour Rosalyn donc). Sans parler que les deux derniers chapitres sont tellement mais tellement prévisibles. 

Du coup, je finis quand même avec un petit gout d'inachevé pour Tycho et surtout un sentiment assez mitigé pour cette saga. Pourquoi ne pas avoir continué dans la même veine que le second tome, tellement mieux que le premier et celui-ci ? Mais surtout, pourquoi en avoir fait autant autour de Guiletta et de la dernière bataille, au point de revenir à cet aspect si brouillon et fourre-tout qui m'avait tant déplu dans le premier tome ? Assassini aurait vraiment pu être une très bonne saga, alliant vampirisme, gothique, Venise, complot et amour, son auteur en fait malheureusement parfois (souvent) un peu trop.