Je n'ai peut-être pas choisi le bon moment pour lire un Virginia Woolf, pas avec de la fièvre et une somnolence accrue dut à mes traitements. J'ai mis un moment à le lire, et je ne suis pas sûre d'avoir tout compris parfois mais ce n'est pas grave, j'ai tout de même l'essentiel.
Nuit et Jour, Virginia Woolf
Editeur : Folio
Collection : Classique
Année de parution : 2017 pour cette édition
Titre en VO : Night and Day
Année de parution en VO : 1919
Nombre de pages : 720
A lire si :
- Vous aimez Virginia Woolf
- Vous voulez une chronique des jeunes anglais du début du siècle
A ne pas lire si :
-Vous n'aimez pas prendre le thé.
Présentation de l'éditeur :
Mêlant comédie de moeurs et satire de la société anglaise à la vieille de la Grande Guerre, ce deuxième roman de Virginia Woolf raconte l'éducation sentimentale de jeunes gens confrontés au choix entre une existence confortablement ancrée dans le passé et l'aventure de l'inconnue. Hésitations devant l'amour et le mariage, rapports complexes au milieu familial et aux ainés... D'une surprenante drôlerie, entre ironie et nostalgie, il dépeint un monde, celui de l'avant-guerre, qui paraissait déjà lointain en 1919.
A la violence et à la confusion du réel, Viriginia Woolf oppose la sécurité d'un univers fictif familier et la cohésion d'un récit bine agencé. Oeuvre dun sujet en miettes dans un monde en chaos, Nuit et Jour est la tentative, désespérée et superbe, de réconcilier "la part de soi qui agit à la lumière du jour, et la part contemplative et sombre de la nuit".
Mon avis
Avant de commencer, je n'avais pas lu la quatrième de couverture jusqu'à ce que je le tape ici. Et, heu, comme dire, j'ai ris pour la seconde partie de celle-ci. Je ne sais pas qui l'a écrit mais mettre de ce grand mot pour Nuit et Jour et son histoire me semble un peu trop ampoulé en fait. Et pourtant, sachant qu'elle écrivit le roman après une de ses nombreuses dépressions, qu'elle y a mit beaucoup d'elle dedans, ce n'est finalement pas si faux. Mais passons sur cela et parlons un peu du livre.
Le livre commence par la rencontre entre Katharine Hillbery, jeune femme issue d'une famille connue et reconnue dont le grand-père était un poète très connu, et Ralph Denham, jeune homme d'une famille modeste écrivant parfois pour la revue de Mr Hillbery. Une rencontre qui ne se passe pas forcément très bien entre les deux jeunes gens de prime abord mais qui portant va être le point de départ de tout le roman. Car les deux jeunes gens vont être nos guides dans ce Londre de 1919 et c'est à travers leurs yeux que nous allons suivre cette petite aventure. Viendront s'ajouter trois personnages de plus, Mary Datchet, jeune femme proche des suffragettes, William Rodney, fiancé de Katharine et poète ainsi que plus tard, Cassandra, la cousine de Katharine.
Je crois l'avoir déjà dit dans un de mes avis sur une des oeuvres de Virginia Woolf, mais j'adore particulièrement la manière dont elle dépeint les gens. C'est à souvent plein d'humour, assez critique et en même temps elle a une certaine bienveillance envers eux qui fait qu'on va de suite les apprécier à notre tour. C'est ce qu'il arrive avec Katharine, qui est basée sur bien des aspects sur la sœur de l'autrice Vanessa mais aussi sur elle-même. Alors qu'on peut la trouver froide et guindée au départ, on découvre petit à petit une femme sensible et voulant sortir de ce que sa condition (de femme et de membre de la haute société) lui impose. J'ai aimé voir la si parfaite Katharine se perdre dans le méandre de ses émotions. Il en va de même avec Ralph, qu'on pourrait trouver médisant, ingrat aussi un peu, au début du roman. Le personnage, basé sur Leonard Woolf, l'époux de Virginia, est bien plus que cela. Le voir évolué dans un monde qui n'est pas tout à fait le sien a quelque chose de rafraîchissant. Il est bien plus complexe par exemple que William Rodney (du moins pour moi), plus intéressant aussi par sa manière de voir les autres. Il en va de même pour Mary durant une partie du roman. Elle est tellement différente de Katharine et des gens qui l'entourent qu'elle offre une vrai bouffée d'air frais.
Mais Mary n'est pas que ça. Virginia Woolf était une féministe convaincue. Le personnage de Mary lui permet de passer du côté des femmes travaillant. Mary est dans une association proche du mouvement des suffragettes. Elle y écrit des tracts, y prépare des réunions, combat pour le droit de vote des femmes... Même si on est encore loin de la suffragette partant au combat (je rappelle que les suffragette n'étaient pas pacifistes, loin de là même) mais on commence à voir les luttes pour un égalité entre hommes et femmes dans les discutions qu'elle a avec les membres de son association ou dans la manière dont elle se compare parfois avec Katharine. Une Katharine qui n'est pas en reste non plus. La jeune femme est passionnée de mathématique, se pose des questions sur la vie maritale et sur sa place tout court. Elle est tout aussi passionnée par ses questions par Mary sans aller jusqu'à son engagement. Ce l'un des thèmes du roman qui forcement m'a parlé et que je trouve particulièrement bien traité par une Virginia Woolf assez critique.
En parlant de critique, c'est une chose à retenir ici. L'autrice aime à pointer du doigt les problèmes de son époque avec un certain humour. C'est encore une fois ce qu'elle fait de manière truculente. J'aime sa manière d'analyser son époque mais surtout les gens qui évoluent autour d'elle. D'ailleurs, Nuit et Jour m'a souvent fait penser à du Jane Austen dans cette manière de parler de son époque (Austen le fait aussi très bien, se moquant beaucoup des travers de son temps tout en en jouant).
Enfin, concluons donc par l'approche classique du roman. Ici, nous ne sommes pas encore dans le courant de pensée qui caractérisera les œuvres suivantes de l'autrice (la Chambre de Jacob étant le roman suivant et le dernier à suivre une approche presque conventionnelle). On le découvre un peu mais nous suivons une histoire faite de chapitres classique à l'avancée qui l'est tout autant. Ce n'en est pas moins un très bon roman qui je pense, reste accessible à beaucoup (la preuve, je sais très bien que je n'aurais jamais réussi à lire les Vagues ou Vers le Phare avec quatre jours de fièvre alors que j'ai réussi à le faire avec Nuit et Jour)(du moins que je les aurai bien moins apprécié et compris). N'ayant pas encore lu son tout premier roman, je dirais que celui-ci est très bien pour avoir une bonne approche de l'autrice. C'est donc, comme toujours, ravie d'avoir pu retrouver Virginia Woolf que j'ai lu ce long roman. Il me conforte (mais le fait-il vraiment ?) dans mon admiration pour l'autrice qu'elle était.
PS : par contre, quel dommage que cette collection Folio s'obstine à mettre les notes en fin de livre et pas en bas de pages...
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