mercredi 13 novembre 2019

Nouvelles de Terremer, Terremer Intégrale, Ursula K. Le Guin

Et voilà. Ça devait arriver. J'ai refermé pour de bon mon intégrale de Terremer. Après plusieurs mois à l'avoir toujours à mon chevet, elle va retrouver sa place dans la bibliothèque du salon. Commencée en juin, cette saga m'aura suivi tout l'été et l'automne. C'est assez triste que je quitte l'univers.

Nouvelles de Terremer, Terremer Intégrale, Ursula K. Le Guin

Editeur : Le livre de poche
Collection : /
Année de parution : 2018
titre en VO : Earthsea
Année de parution en VO : entre 1964 et 2001
Nombre de pages : 1800

A lire si
- Vous aimez la fantasy avec magie et dragon
- Vous ne voulez pas de violence

A ne pas lire si
- Vous vous attendez à quelque chose d'ultra violent
- Vous n'aimez pas les récits initiatiques

Présentation de l'éditeur :

Terremer est un lieu magique et ensorcelé. Une mer immense recouverte d’un chapelet d’îles où les sorciers pratiquent la magie selon des règles très strictes. On y suit les aventures de Ged, un éleveur de chèvres qui, au terme d’une longue initiation, deviendra l’Archimage le plus puissant de Terremer, mais aussi celles de Tenar, haute prêtresse du temple des Innommables de l’île d'Atuan, de Tehanu, la fille-dragon, et de Aulne le sorcier qui refait chaque nuit le même rêve terrifiant. Autour de la grande histoire gravitent des contes qui enrichissent et explorent ce monde où enchanteurs et dragons se côtoient.

Mon avis

Ce que j'appelle Nouvelles de Terremer de manière un peu arbitraire sont en fait les nouvelles qui ne font pas partie d'un recueil particulier. Elles ont été publiés dans des revues ou des anthologies. Deux d'entre elles se déroulent bien avant l'aventure de Ged, Tenar et Tehanu. Pour la Fille d'Odren, je ne sais pas trop sa position réelle, quant Au coin du feu, c'est la conclusion du cycle pour Ged.  S'ajoute à ces nouvelles une conférence, Terremer Revisitée.

Le mot de déliement
Cette nouvelle et la suivante sont les textes fondateurs de Terremer. Elles posent les principes de la magie du cycle. Dans le mot de déliement, nous suivons un mage, fait prisonnier par un autre. Le mage a perdu son bâton, une bonne partie de ses pouvoirs mais n'arrive pas à s'avouer vaincu. Pour s'en sortir, il devra user d'un seul mot, celui de déliement. C'est une nouvelle assez conventionnelle qui a pour intérêt premier de poser les bases. Elle n'en reste pas moins sympathique à lire.

La règle des noms
Comme la nouvelle précédente, la règle des noms pose les bases de ce qui va devenir Terremer. Je pense que c'est peut-être la nouvelle la plus importante des deux. Si la première pose les bases de la magie par les mots, celle-ci finit de la définir avec la fameuse règle des noms. Mais elle ne fait pas que ça. Elle introduit aussi les dragons dans Terremer. C'est une nouvelle que j'ai apprécié lire. On y trouve tout ce que j'aime dans le cycle, la "lenteur" du récit, les dragons, les légendes aussi. 

La fille d'Odren
Cette nouvelle est plus récente que les deux autres (en VF, elle n'a été édité que dans cette intégrale, idem pour la publication papier en VO, de ce que j'ai compris, elle n'avait été édité qu'en numérique jusque là). Elle m'a fait penser à de veilles légendes rustiques, cette nouvelle. C'est une histoire de trahison et de vengeance. Ce ne sont pas des thèmes que l'on trouve souvent dans les écrits de Terremer. Mais, comme souvent, l'écriture de l'autrice éclaire le tout d'un jour nouveau. 

Au coin du feu
La dernière nouvelle du recueil met en scène Ged dans la chaumière d'Ogion, vers la fin de sa vie. La nouvelle est courte mais intense. Elle clôture parfaitement l'intégrale et les aventures du sorcier. J'ai aimé la nostalgie qui s'en dégage, j'ai adoré revoir des personnages que nous n'avons pas croisé depuis longtemps, redécouvrir certains passages, même si c'est très rapidement. C'est très doux comme fin. Attention, la nouvelle est publiée à titre posthume en 2018. C'est peut-être le dernier texte qu'a écrit l'autrice. Elle met le point final à sa série et on le ressent vraiment. Il est possible que vous ayez besoin de mouchoir en la lisant.

Terremer Revisitée
Terremer Revisitée est la retranscription d'une conférence d'Ursula K. Le Guin donnée en 1992. Il revient sur l'évolution du cycle, depuis sa création en 1964 jusqu'à Tehanu. Plus qu'un essai sur cette évolution, c'est aussi une vision des changements opérées dans le monde et dans la fantasy avec pour années pivots les 70's. C'est vraiment quelque chose à lire, expliquant le tournant qu'a pu prendre la série mais aussi pourquoi elle l'a pris et finalement pourquoi c'était tellement évident. 


Et voilà, je referme ce gros pavé vert avec une certaine tristesse. Terremer est un monument de la fantasy mais pas que. Il met en scène des héros qui ne sont pas blancs, des femmes et des enfants. Il questionne aussi beaucoup sur notre propre monde. Il m'a aussi  beaucoup questionné pour des raisons qui ne regardent finalement que moi. Je crois que je ne le dirais jamais assez, mais il faut lire Terremer. 

Maintenant, je compte me lancer dès que possible (soit dès que je trouverais le premier tome), dans le cycle de SF de l'autrice, à savoir le cycle de l’Ekumen. Et je rêve de m'offrir cette intégrale de Terremer en VO pour avoir toutes les illustrations de monsieur Vess (parce que forcément, l'intégrale poche VF ne les a pas toutes)

jeudi 7 novembre 2019

Un(e)secte, Maxime Chattam

J'avais très hâte de lire le nouveau Chattam après le Signal qui avait été le premier coup de cœur de l'année. Et c'était sans parler des retours de ceux qui l'ont lu un peu avant. Je l'ai acheté dès sa sortie et lu dans la foulée. 

Un(e)secte, Maxime Chattam

Editeur : Albin Michel
Collection : 
Année de parution : 2019
Nombre de pages : 454

A lire si :
- Vous n'avez pas peur des insectes
- Vous aimez les enquêtes policières

A ne pas lire si :
- Vous n'aimez vraiment pas les insectes
- Vous vous attendez à avoir tout le long

Présentation de l'éditeur : 

Et si tous les insectes du monde se mettaient soudainement à communiquer entre eux ? À s'organiser ? Nous ne survivrions pas plus de quelques jours.
Entre un crime spectaculaire et la disparition inexpliquée d'une jeune femme, les chemins du détective Atticus Gore et de la privée Kat Kordell vont s'entremêler. Et les confronter à une vérité effrayante.
Des montagnes de Los Angeles aux bas-fonds de New York, un thriller implacable et documenté qui va vous démanger.

Mon avis

Comme je le disais, j'avais très très hâte de lire ce nouveau Chattam. J'aime beaucoup ce que fait le monsieur, et je ne résiste pas à l'idée de me faire un peu peur en lisant, surtout en cette période. Alors, je me suis un tout petit peu jeté sur le livre que j'aurais fini plus tôt si mon weekend n'avait pas été aussi occupé. En parlant de me faire peur, le prologue est assez anxiogène pour moi qui déteste les araignées et les petites bêtes (je ne leur ferais pas de mal, mais si elles pouvaient rester loin de moi, ça serait cool, hein). Il est aussi particulièrement efficace, nous faisant entrer directement dans l'histoire. Sauf que si le prologue est ultra efficace, il faut attendre un petit peu pour retrouver son ambiance. Car Un(e)secte n'est pas tout à fait un livre d'horreur. C'est surtout deux enquêtes particulièrement intéressantes à lire qui finiront pas se regrouper (je ne spoile absolument pas, on s'en doute quand même pas mal). 

La première est menée par un inspecteur du LAPD (la police de Los Angeles, donc), Atticus Gore, suite à la découverte d'un squelette sur une scène de crime remplie de cadavres d'insecte. Si déjà, la présence d'insectes est étrange que le squelette soit celui d'un homme encore vivant la veille l'est encore plus. L'enquête d'Atticus va le mener jusqu'au bas-fond de Los Angeles où ce qu'il va découvrir est bien plus gros que ce qu'il ne pense. L'autre enquête est mené par Kat Kordell, détective privée de New York, missionnée pour retrouver une jeune femme disparue. Là aussi, la privée ira jusqu'au pire endroit de sa ville afin de découvrir la vérité.

J'ai apprécié les deux enquêtes dans le sens où elles sont complémentaires mais bien différentes. On se doute d'ailleurs tout le long que les deux protagonistes vont finir par se rencontrer sans trop savoir comment. L'un enquête sur un meurtre mettant en scène des insectes, l'autre sur ce qui semblerait bien ressembler à un enrôlement dans une secte. Le rapport ? C'est le titre du roman qui nous le donne et je n'en dirais pas forcément plus pour ne pas trop spoiler. Il n'empêche que j'ai adoré voir les éléments se mettrent ne place de chaque côté, bien que j'ai eu une petite préférence pour la partie Atticus (lié au personnage, je pense, on y reviendra après). Peut-être le fait que je n'avais pas exploré Los Angeles version Chattam, ce qui n'est pas le cas de New York (où je me suis souvent demandé si Annabel ou Brady n'allaient pas faire une infime apparition)(plus Brady qu'Annabel d'ailleurs). Il n'empêche que comme toujours, l'auteur arrive à distiller ses informations sans qu'on ne s'en rende tout à fait compte (quoique j'avais deviné pour une personne). 

Mais, ce que j'ai particulièrement apprécié, c'est toute la partie un peu plus psychologique du roman (et je ne parle pas du fait que j'ai eu l'impression d'avoir des insectes sur moi au prologue et à certains moment dans le roman)(quoique). Un roman sur les sectes va forcément parler de fragilité psychologique, d'isolement ou encore d'influence. Il le fait de manière intelligente et surtout il finit par englober les protagonistes principaux. Ainsi, on a un Atticus Gore déjà marginalisé dans son travail et même dans sa vie. Le flic est gay, n'a pas de vie de famille, préférant payer ses amants d'un soir ou plus, n'a pas d'amis non plus. Il n'est pas apprécié, souvent raillé par ses confrères à cause de son orientation sexuelle. Il ne faudrait pas grand chose pour qu'il bascule dans la solitude la plus complète, voire qu'il perde son boulot. C'est un personnage qui n'en ai pas moins attachant dans ses faiblesses et qui en tire parfois une force incroyable. Surtout, ce n'est pas un super enquêteur à qui rien ne fait peur. Même son goût pour le Metal a quelque chose à voir avec ça et renforce sa personnalité. IL en va de même pour Kat. Elle vit seule, ne s'attache pas à son mec avec qui elle est depuis six ans, a peur de vieillir. Elle aussi, d'une certaine manière, s'isole du monde. Mais ils sont assez forts tous les deux pour ne pas tomber dans le pire. Ca ne tient pas à grand chose souvent. Ca les rend particulièrement humains.

Le seul petit défaut que je trouve au roman, du coup, c'est que je n'ai pas vraiment flippé. Je m'attendais, pas forcément à avoir peur, mais disons à frisonner quand même un peu plus. Or, ce n'a pas tout à fait été le cas. Les enquêtes sont efficaces, la dernière moitié du roman (dont je ne parle pas vraiment pour ne pas trop en dire) aborde des thèmes que j'apprécie assez lire mais je n'ai pas eu ce petit frisson que j'ai apprécié sur le Signal par exemple ou sur l'Âme du mal par exemple. 

Ça ne veut pas dire que je n'ai pas apprécié, loin de là. Disons juste que j'ai trouvé Un(e)secte de facture plus "banale". C'est un bon Chattam, voilà. Il est plus que sympathique à lire, il fonctionne parfaitement bien mais il lui manque un petit plus pour être parfait à mes yeux. Par contre, très hâte de revoir Atticus Gore au vu des remerciements de l'auteur à la fin.