lundi 27 juin 2022

Sanctuaire, James Herbert

James Herbert n'est certes pas un de mes auteurs préférés mais j'avais tout de même apprécié (du moins dans mes souvenirs)(parce que quand je relis mes avis, c'est pas tout à fait le cas) les deux derniers bouquins que j'avais lu de lui. Je partais donc plutôt confiante avec Sanctuaire. Trop peut-être.

Sanctuaire, James Herbert

Editeur : Milady
Collection : Terreur
Année de parution : 2009
Titre en VO : Shrine
Année de parution en VO : 1983
Format : AZW

A lire si : 
- Vous voulez voir le pire de l'humanité
- Vous voulez avoir peur mais pas trop

A ne pas lire si :
- Vous voulez avoir peur

Présentation de l'éditeur : 

 Il fallait quelqu'un de totalement innocent pour entrouvrir les portes de l'enfer.
Alice, une petite fille sourde et muette, retrouve soudain la parole après être restée fascinée devant un chêne centenaire. Elle dit avoir été visitée par l'Immaculée Conception et se met à opérer des miracles. Très vite le chêne devient un lieu de pèlerinage pour des milliers d'incurables et Alice acquiert une réputation de sainteté? Néanmoins le mystère reste entier? Jusqu'au jour ou le prêtre du village est menacé dans sa propre église par une force inconnue. Le doute germe alors dans les esprits. D'ou provient réellement le pouvoir d'Alice.

Mon avis

Comme je le disais, je partais plutôt confiante avec ce roman. Je sentais venir l'histoire de très loin avec cette gamine qui, d'un coup, accompli des miracles et dit avoir été visité. Mieux, je voyais déjà le coup de la sorcière et de sa vengeance (oui, je spoile direct, mais en même temps, tout le monde sait que ça va parler de ça). Je m'attendais donc à quelque chose dans la veine Crickley Hall, le premier roman que j'ai lu de l'auteur. Bref, ça aurait du être sympa. Et ça ne l'a pas été tant que ça. En fait, j'aurais du me souvenir du gros point noir de Crickley Hall quand j'ai commencé Sanctuaire (et dont je me suis souvenue qu'à la fin du roman, bien entendu). Herbert est très bon pour faire ressortir le pire de ses personnages. Il capte rapidement leur psychologie et le lecteur aussi. Par contre, il a un gros problème pour distiller la partie horrifique/fantastique de son récit. Elle est quasi absente la plupart du temps et souvent, elle finit par arriver comme un cheveu sur la soupe. C'est clairement casse-bonbons, surtout que personnellement, c'était cette partie-là qui m'intéressait.

Non parce qu'imaginez donc, une petite fille sourde et muette suite à une maladie, semble être visitée par l'Immaculée Conception et recouvre ses sens perdue. Forcément, tout le monde va crier au miracle, et ça peut se comprendre. Mais quand même l'église semble vouloir prendre du recul devant ça, on se doute qu'il y a anguille sous roche. Alors quand, malgré d'autres guérisons, on assiste aussi à des évènement étranges et dangereux, on ne peut que se poser des questions. Enfin, le lecteur, parce que les personnages du roman ne voient pas grand chose et les seuls qui remarquent les incidents semblent particulièrement sceptique. Et perso, c'est là que ça a commencé à me déranger. Parce que finalement, tout l'aspect surnaturel/horrifique va passer à la trappe dans le roman. Même les miracles, c'est pour dire. 

Herbert va se pencher sur les personnages, sur l'humain. Il va prendre un certain nombre de personnage et nous montrer comment ils veulent, d'une manière ou d'une autre, se servir d'Alice et de ses miracles. J'ai parfois eu l'impression de me retrouver dans Fog (que j'avais moyennent apprécié d'ailleurs)(ça aurait du me mettre la puce à l'oreille ça). L'auteur use de l'élément étrange pour décrire le pire de l'humain. On se retrouve à suivre l'un des membres du conseil municipal, directeur d'un magasin, qui rêve déjà de s'agrandir par tous les moyens. On suit aussi sa maitresse qui, elle, rêve de s'élever dans le monde (et ça finit mal pour les deux). Le père d'Alice, non croyant, voit dans la vision de sa fille l'opportunité de se faire du fric (et ça finit mal aussi). Ils ne sont pas les seuls, bien entendu. Et ça finit toujours mal pour eux d'une manière ou d'une autre. Côté religieux, c'est plus sympathique (si on veut). Etrangement, c'est l'église qui est la plus sceptique (idée que j'ai beaucoup apprécié). Faut dire que le prêtre en fonction sent son église perdre de sa sainteté (mais ça finit mal lorsqu'il s'en ouvre aux autres) et que son remplaçant a la même impression que lui (et devenez quoi, ça va mal finir aussi). Il n'y a que du côté du "héros", le journaliste Fenn que ça va pas trop mal se passer, et encore. 

Si normalement, j'apprécie voir le pire de l'humain en roman, là, j'ai très peu accroché. Le problème, pour moi, c'est qu'ici, il n'y a rien de nouveau et que l'auteur arrive même à se répéter. Tous les hommes sont les mêmes, mauvais, cupides, égoïstes, sexistes. Pour les femmes, c'est plus simple, on a soit la putain soit la mère. Il n'y a pas de juste milieu. Alors, oui, ayant déjà lu Herbert, je savais que je tomberais sur ça. Mais là, j'aurais cru que vu le thème, il aurait fait un minimum d'effort. Ben, non, pas du tout. Il n'y a qu'à voir les deux femmes qui gravitent autour du héros. La première, Sue, est toujours montrée sous le prisme de la mère, celui de la gentille femme. Elle va même redécouvrir sa foi en Dieu et, encore mieux (oui je vais spoiler), c'est elle qui va d'une certaine manière sauvé Fenn quand la sorcière va se déchainer. La seconde, Nancy, journaliste, arrive alors que Fenn est brouillé avec Sue. Elle a droit à sa scène de sexe (ou c'est elle qui prend les devants en plus), se mêle de tout, fouille les affaires de son coup du soir et pour bien la punir de tout ça, elle va quasi devenir folle en découvrant celle qui a prit possession d'Alice (et bien sûr, ce ne sera pas vers elle que Fenn ira, hein). De même, la fameuse entité qui prend possession d'Alice est une nonne parjure, couchant avec le prêtre de l'époque et bien pire, avec une novice. Oui, l'auteur a décidé de ne pas faire dans la demi-mesure sur ce point. Et qu'on aille pas me dire que c'était l'époque qui voulait ça, hein (le livre date de 1983). 

Bref, du coup, j'en suis où dans le bouquin. Je l'ai fini sans même me souvenir comment ça finit… (Superstore étant plus sympa à regarder que Sanctuaire à finir). J'ai été déçue par le manque d'horrifique sur un sujet qui aurait pu être super dessus. J'ai encore moins supporté la place des femmes dans le roman alors qu'elles auraient pu être centrale et tellement moins patriarcale. Je n'ai pas aimé, même si je me suis forcée à le lire (j'espérais je ne sais quel revirement de situation). Il devient clair que je ne lirais plus de livres de James Herbert (et ça même si les Rats me faisaient grave envie). 

jeudi 9 juin 2022

Le Voleur de Foudre, Percy Jackson, tome 1, Rick Riordan

 Quand j'étais adolescente, je ne m'intéressais pas vraiment à la littérature de l'imaginaire de mon âge. La faute à Tolkien, lu très tôt qui me donnait l'impression que les livres jeunesses n'étaient pas assez bien pour moi (bonjour l'élitisme à cet âge-là). En plus de ça, j'étais plus branché mythologie égyptienne que grecque. Du coup, je n'ai jamais lu Percy Jackson. Comme je cherche toujours des romans qui pourraient plaire à ma fille, j'ai ramené le premier tome de la médiathèque pour le laisser trainer pendant un mois à la maison. Et finalement, j'ai fini par le lire.

Le Voleur de Foudre, Percy Jackson, tome 1, Rick Riordan

Editeur : le livre de poche
Collection : Jeunesse
Année de parution : 2006
Titre en VO : Percy Jackson and the Olympians, book 1: The lightning thief 
Année de parution en VO : 2005
Nombre de pages : 480

A lire si 
- Vous aimez la mythologie grecque (mais que vous n'êtes pas ultra exigeant)
- Vous voulez un héros souffrant de trouble de l'attention avec hyperactivité

A ne pas lire si :
- Vous n'aimez pas les récits à la première personne
- Vous ne voulez pas de voyage initiatique

Présentation de l'éditeur : 

Etre un demi-dieu, ça peut être mortel... Attaqué par sa prof de maths qui est en fait un monstre mythologique, injustement renvoyé de son collège et poursuivi par un minotaure enragé, Percy Jackson se retrouve en plus accusé d'avoir dérobé l'éclair de Zeus ! Pour rester en vie, s'innocenter et découvrir l'identité du dieu qui l'a engendré, il devra accomplir sa quête au prix de mille dangers.

Mon avis

Ne nous mentons, je ne suis pas la cible type pour la série. Je suis trop vieille et j'ai beau aimé lire du jeunesse, il y a des choses qui me font tiquer. Comme un texte écrit avec la moitié de ces verbes au passé composé. Oui, je préfère, et de loin, un texte au présent ou au passé simple/imparfait que ce maudit passé composé. Pire, ici, on a souvent un beau mélange imparfait/passé composé. J'ai toujours du mal à comprendre ce mélange. Personnellement, ça me dérange d'ailleurs dans ma lecture. Un exemple ? 
la capture d'écran ci-jointe (prise depuis la page "feuilleter" du format kindle sur amazon)(le passage est au début du roman, comme ça pas de spoiler)
Non, vraiment, moi, ça me gène. Pourquoi ne pas mettre les verbes au passé simple plutôt qu'au composé ? Les jeunes ne sont pas bêtes et comprennent très bien le passé simple, hein. De plus, ça aurait rendu la lecture plus fluide d'après moi. 
Enfin, vous me direz que je chipote un peu mais perso, c'est quelque chose qui me dérange (et qui me donne envie de passer en VO pour ne plus le rencontrer, ce problème). Passons donc à l'histoire.

Percy est donc un gamin de douze ans souffrant de trouble de l'attention avec hyperactivité (c'est clairement dit et je trouve ça juste génial vu qu'il y a finalement peu de roman qui ont ce genre de personnages et surtout qui le disent). Plutôt rebelle, avec une tendance a attiré les catastrophes sur lui, il se fait régulièrement viré des écoles qu'il fréquente. Le jour d'une sortie scolaire, il va être attaquer par sa prof de math. A partir de cet instant, la vie de Percy va se trouver bouleverser. Car Percy est un demi-dieu, le rejeton de Poséidon. Poursuivi par le Minautore, le voilà contraint de se réfugier dans la colonie des Sang-mêlées, lieu de villégiature des enfants des dieux grecs. Là, il va découvrir qu'on l'accuse d'avoir volé l'éclair de Zeux et qu'il va devoir partir en quête pour le retrouver. Accompagné de Grover, un satyre, et d'Annabeth, une fille d'Athéna, il va parcourir les Etats-Unis pour accomplir sa première quête et en découvrir un peu plus sur les dieux.

J'ai plutôt apprécié Percy. C'est un gamin plutôt agréable à suivre. J'ai clairement apprécié qu'il soit TDAH (le trouble de l'attention)(surtout qu'il y a de forte chance pour que je le suis aussi) et dyslexique (ce que je suis aussi). J'aurais adoré le découvrir quand j'avais une dizaine d'années parce qu'il me ressemble (et j'aurais donc pu ajouter "demie-déesse" à mon palmarès imaginaire). En tout cas, il s'avère que Percy, c'est un des rares héros jeunesse qui ne m'exaspère pas à tout bout de champs (salut Harry Potter). Il en va de même pour ses acolytes. J'ai bien aimé Grover, son manque d'assurance certain et son envie de bien faire. En plus de ça, il a un vrai passé qui joue beaucoup sur son évolution, ce qui en fait quelque chose d'un peu plus que le simple acolyte (coucou Ron)(oui, je ne vais pas me faire d'ami, j'ai eu beaucoup de mal avec Harry Potter pour plein de raison, dont les personnages). Quant à la fille de l'équipe, il est intéressant qu'elle ne soit pas (encore)(parce que je sais qu'elle va l'être) le love interest du héros. Mieux encore, elle est écoutée de Percy même si parfois, ils se mettent un peu sur la tête tous les deux (dois-je réellement faire un coucou Hermione ?). Je pense que Riordan a eu tout le loisir de voir ce qui ne fonctionnait pas avec certains livres jeunesses et surtout avec les trios que l'on peut y trouver. Et c'est rafraichissant (après j'ai pas énormément de point de comparaison vu que je ne me suis jamais réellement intéressé à des séries jeunesses même en étant jeune)(a 11 ans, je lisais la saga Ramses de Christian Jacq, pour vous donnez une idée de mes lectures). On a donc un trio de personnages totalement imparfaits et finalement bien humains. 

Passons à présent côté mythologie. On est bien d'accord, Riordan a simplifié pas mal de chose. J'ai bien aimé l'idée des dieux qui vont là où se trouve le pouvoir occidental et l'explication qui va avec. Il y a un côté American Gods bien dosé dans tout ça (ça m'a aussi rappelé Vegas Mytho de Christophe Lambert)(que je n'ai pas chroniqué ici d'ailleurs). Bon par contre, j'ai failli hurlé sur certaines choses dont le background de Méduse. Non, elle n'a pas été transformé pour avoir eu un rendez-vous romantique avec Poséidon dans le temple d'Athéna. C'était pas sa petite amie. Elle a été violé par Poséidon. Mais après, ça reste un livre jeunesse, c'était peut-être un peu trop à faire avaler aux enfants (mais ça n'aurait rien changé à ce passage en fait). Ca reste bon enfant au final et les dieux sont à peu prés respectés. D'ailleurs, c'est assez marrant de voir comment l'auteur imagine les divinités dans notre monde tout en gardant leurs attributs. C'est toujours interessant à voir, cette manière de retranscrire cet imaginaire-là (Arès en biker, c'est plutôt sympa, Poséidon en chemise style hawaïenne et trône en forme de siège de pécheurs par contre, je trouve ça moyen (surtout le trône en fait)).

Bref, au final, c'était plutôt sympa à lire. J'ai bien aimé et je suis sûre que j'aurais bien plus apprécié si j'avais eu plusieurs années de moins. Je vais lire la suite, par curiosité (et parce que j'avoue que j'aime bien, maintenant, les livres jeunesses (fallait bien que ça arrive un jour)). 



mardi 7 juin 2022

Onirophrénie, Rozenn Illiano

 Avant toute chose, merci à l'autrice pour le service presse. Je n'en demande presque jamais voire, jamais, mais là, j'ai pas pu résister. Il faut dire que déjà, j'adore les romans de Rozenn et qu'Onirophrénie me fait de l'œil depuis très longtemps. Et puis, cela permet, à mon humble niveau, de la faire connaitre un peu plus. Alors, je joins l'utile (la faire connaitre un peu plus) à l'agréable (pouvoir la lire et avoir un nouveau coup de coeur). C'est parti.

Onirophrénie, Rozenn Illiano

Editeur : Rozenn Illiano
Collection : /
Année de parution : 2018
Nombre de pages : 352

A lire si :
-Vous avez déjà lu Tueurs d'Ange de l'autrice (enfin, c'est pas obligatoire, mais disons que ça vous permettra de un, pas vous le spoiler, deux, mieux comprendre certains points)
- Vous aimez les romans en pleine apocalypse

A ne pas lire si : 

Présentation de l'éditeur :

Un jour de janvier, une tempête cataclysmique s’abat sur le monde. La lumière descendue du ciel ravage la Terre et lance un funeste compte à rebours, à la fin duquel il ne restera plus rien. Par chance, les marcheurs de rêves l’avaient prédit grâce à leur pouvoir si particulier, et la plupart d’entre eux ont pu se mettre à l’abri.
Comme eux, Lili survit à la catastrophe. Mais pour un temps seulement : son don ne lui obéit plus depuis longtemps. Démunie et tourmentée, elle rencontre alors Fañch, un adolescent jeté à la rue en raison de son homosexualité. Ensemble, ils errent au hasard, à la recherche d’une destination peut-être, d’un but, au gré de leurs failles et de leurs blessures?; des douleurs qui, tour à tour, font avancer ou reculer, paralysent, donnent de l’espoir ou découragent. Qu’espérer, en réalité, quand il n’y a que la fin au bout de la route ?

Mon avis

Onirophrénie : “Syndrome caractérisé par la présence d’un état confusionnel avec cauchemars, impression d’irréalité, désorientation, associé à des troubles sensoriels et à des troubles métaboliques (Méd. Biol. t.3 1972)”.

Comme je le disais, Onirophrénie me faisait de l'œil depuis un moment. Déjà parce qu'il a une couverture de fou, signée, comme toujours par Xavier Collette. C'est une de mes préférées du Grand Projet (avec celle d'Erèbe et d'Hiver et d'Ombres). Ensuite, parce que j'avais beaucoup aimé Tueurs d'Ange (et Oracles aussi, ensuite, je n'ai pas pu finir de lire la série, mais c'est pas grave parce qu'elle va être réécrite cette année) et que le roman en est une sorte de spin-off. Mais surtout, il y a Lili, son pouvoir déréglé et tout le mystère qui l'entoure pour moi. Lili, je sais que c'est l'un des perso préféré de l'autrice, je sais qu'elle est importante et elle m'intrigue. Mais vraiment. Alors, je me suis jetée dans le roman, et je n'en suis ressortie que quelques jours plus tard, avec une sensation étrange, du vide mais pas que. Je ne pourrais pas vraiment vous expliquer, mais effectivement, connexion il y a eu entre Lili et moi, entre Fañch et moi aussi. Et finalement, ça donne que je vais en chier pour donner mon avis. Parce que je m'arrêterais bien à un simple : ceci est un énorme coup de coeur, mais je sens que vous en voulez quand même un peu plus.

Lili se réveille en pleine nuit, le 18 janvier 2016, suite à un rêve où une voix lui crie de faire attention. Juste à temps pour éviter de se faire écraser par les débris du mur de sa résidence. Cette nuit-là, une tempête sans précédent détruit tout. Et pour cause, le 18 janvier 2016 sonne le début de l'apocalypse. L'humanité n'en a plus que pour 600 jours avant que les anges ne la détruise complètement. Or, Lili le sait, ça, car elle est une Marcheuse de Rêves, elle est capable de voyager dans les rêves mais aussi d'y voir passé et futur. Alors qu'elle ne semble pas vraiment savoir ce qu'elle va faire de ces derniers jours, elle va rencontrer Fañch, un ado de dix sept ans. Les deux décident de rejoindre Paris, pour retrouver la mère du gamin et peut-être d'autres marcheurs de rêves. Commencent alors pour eux le voyage qui les mènera au bout de ces 600 jours. 

Comme je le disais, j'ai beaucoup aimé Lili. Lili, elle est pleine de faille : dépressive, absolument pas optimiste, solitaire... C'est un peu le personnage type de Rozenn (elle m'a fait pensé à Ana, mais aussi (vous ne la connaissez pas encore) à Isabelle (dans Inéluctable qui sort en aout)), ceux que j'aime beaucoup chez elle. Elle ne fait que très peu confiance aux autres, elle s'enferme en elle-même, parle peu, encore moins de ses pouvoirs et passe pas mal de temps à se dénigrer, surtout en ce qui concerne son oniromancie. Mais  côté de ça, quand elle finit par accorder sa confiance, elle le fait pleinement, sans rien attendre en retour. Fañch, lui, est un gamin solaire, presque toujours de bonne humeur, optimiste comme pas possible malgré ce qu'il a pu vivre jusqu'à la. Leur duo fonctionne tellement mais tellement bien. J'ai aimé voir leur amitié naitre, grandir. Petit à petit, la relation semble devenir quelque chose de très proche d'une relation de fratrie et c'est juste beau. Parce qu'ils ont leur failles, parce qu'ils font avec, qu'ils se protègent et s'épaulent quoi qu'il arrive. Parce qu'il ait bien question d'amour entre eux, de celui qui pourrait presque tout renversé et surtout qui pourrait bien les aider à guérir, l'un comme l'autre. Onirophrénie, c'est aussi ça comme histoire, plus que celle de la fin du monde annoncée. C'est une histoire d'êtres humain. On le voit très bien avec le duo principal mais pas que. Lili et Fañch vont croiser plusieurs groupes, des personnes qui tentent d'aller de l'avant aux premiers jours de l'apocalypse, encore plein d'espoir quant à la suite, des fanatiques religieux doublés de militaires qui n'en ont que le nom, des personnages qui vont chercher à les aider, d'autres à les détruire à cause des pouvoirs de Lili. On finit par retrouver tout le microcosme qu'on attend dans le genre apocalypse/postapo mais avec la sensibilité de son autrice. Ainsi, on s'attache à beaucoup de monde, alors même que l'on se doute que leur futur va s'éteindre très rapidement, d'une manière ou d'une autre. 

D'ailleurs, cette sensibilité, on la ressent beaucoup dans les divers évènements. Rozenn ne s'attarde jamais sur l'action elle-même mais plus sur ses conséquences. Le plus intéressant, reste la psyché des personnes, ceux qu'ils ressentent. Onirophréhie est un texte à la première personne, nous entrons directement dans les doutes de Lili. Personnellement, j'adore ça, quand on entre vraiment dans la tête du personnage. Après, ça peut paraitre des fois répétitifs (Lili peut parfois tourner en boucle sur certaines choses) et lents pour des lecteurs qui n'ont pas l'habitude. Lili et Fañch vivent pourtant beaucoup de péripétie et le roman est loin d'être lent ou sans "action" (dans le sens truc qui fout l'adrénaline parce qu'il faut courir). Alors, oui, on voit très peu les Anges (qui restent les ennemis) et quand ça arrive, ça ne dure pas des plombes. Non, comme dans Tueurs d'anges, d'ailleurs, la violence n'est pas forcément spectaculaire ou fantastique. Elle est bien plus humaine. Elle se cristallise dans le beau-père de Fañch qui l'a foutu à la rue parce que le garçon est homosexuel, dans les militaires qui vont s'en prendre à lui pour les mêmes raisons, dans la dépression de Lili et sa propre manière de se voir durant des années, 

Enfin, j'ai adoré pouvoir relier le roman à d'autres. C'est quelque chose que je n'aurais pas pu faire il y a quelques années, à la sortie du roman, parce que je n'aurais pas eu le bagage pour. Mais franchement, c'est toujours génial de voir les liens. Alors, forcément, il y a ceux avec Tueurs d'Anges et Town, puisque le roman en est un spin-off (mais franchement, j'aime pas le mot, pour moi, Onirophrénie est bien plus que ça) mais il y a aussi des liens avec d'autres romans, dont d'Hiver et d'Ombres (et j'ai eu une réponse à une de mes questions sur la fin du roman, ce qui du coup, me convient parfaitement. De même, j'ai eu un éclairage différent sur un personnage de Town que je n'avais pas du tout imaginer comme un marcheur de rêve du passé (et ça change un peu tout ce que j'ai pu croire sur lui en fait, ce qui en soit est génial, mais me déroute un peu).

Au final, c'est donc un gros coup de coeur. Pour Lili et Fañch que j'ai hâte de retrouver (watch me lire les nouvelles sur Lili dispo sur le site de Rozenn), pour ce moyen-là de tenter de vivre jusqu'à la fin. Et comme il faut en finir avec cet article, je n'aurais plus qu'une dernière chose à dire, la même qu'à chaque fois, lisez Rozenn Illiano.