lundi 16 mai 2022

D'Hiver et D'Ombres, Rozenn Illiano

 Un nouveau Rozenn, ça ne se refuse pas vraiment, surtout après le coup de cœur que j'ai eu pour Erèbe. Surtout quand ce nouveau roman se déroule du côté des Reveurs, et plus particulièrement ici de la guilde des Voyageurs dont j'ai déjà entendu parlé et que j'ai à peine croisé.

D'Hiver et D'Ombres, Rozenn Illiano

Editeur : Rozenn Illiano
Collection :/
Année de parution : 2022
Format : AZW

A lire si :
- Vous connaissez un peu le Grand Projet de l'autrice (mais c'est pas une obligation du tout)
- Vous voulez de l'oniro-fantasy

A ne pas lire si :
- Vous voulez quelque chose de très linéaire.

Présentation de l'éditeur 

Loin, très loin, un monde solitaire plongé dans les ténèbres s’efface peu à peu, dévoré par un arbre couvert d’épines, ne laissant aucune trace derrière lui.
Ailleurs, une rêveuse perd le contact avec son dieu qu’elle entend pleurer chaque nuit, hantée par un hiver éternel qui menace de fondre sur son royaume.
À Mahéra, Filius, un éminent scientifique, construit un instrument lui permettant de se rendre en chair et en os dans les mondes qu’il voit dans ses rêves, et réunit une compagnie autour de lui afin d’explorer ces univers.
Partout, de tout temps, des Oniromanciennes édictent une prophétie depuis des milliards d’années, un message perdu puis retrouvé qu’elles se transmettent entre elles, annonçant la plus grande des menaces : le Rêve se meurt, et il entraînera avec lui la fin de tous les mondes.

Mon avis

L'histoire que conte Rozenn Illiano avec son Grand Projet devait bien avoir une sorte de début. D'Hiver et D'Ombres semblent en être un. Peut-être pas le début début, mais un début en tout cas. Celui de la guilde des Voyageurs. Une guilde dont j'ai entendu parlé, déjà dans certains romans. Parfois à demi-mot, parfois pas. Avec d'Hiver et d'Ombres, l'autrice nous raconte donc la création de la guide et aussi autre chose. Un autre chose qui risque de spoiler un peu donc, désolée.

Je vous ferais bien un résumé, j'ai commencé d'ailleurs, et puis j'ai tout effacé. Je crois que, premièrement, la quatrième de couverture suffit pas mal pour comprendre ce que nous allons lire sans trop en dire, deuxièmement, que je vais en parler par la suite de manière à ne pas faire de redite, troisièmement, que ça sera un peu bête de résumer le roman tant il est vaste et plein de surprises. Nous y suivons bien entendu Filius et la guilde des Voyageurs, mais aussi un certain nombre d'Oniromanciennes, certaines plus que d'autres. Tous les personnages, toutes les histoires sont liées entre elles d'une manière ou d'une autre et ce sont ses liens qui font avancé le lecteur. 

Autant le dire, le roman est dense. Sûrement le plus dense pour le moment de l'autrice, du moins dans ceux que j'ai déjà lu. C'est aussi le plus compliqué à suivre si on a du mal avec une narration non linéaire dans le temps (et aussi l'espace). Personnellement, c'est quelque chose qui ne me dérange pas des masses. J'aime me perdre dans les récits et ici, je suis servie. Si l'histoire de Filius et de ses compagnons est bien raconté de manière chronologique, ce n'est pas le cas des histoires des Sœurs du Silence, les Oniromanciennes qui prophétisent dans leurs rêves la fin des mondes. On ajoute à ça des univers à foison (certains provenant d'autre œuvres mais parfaitement intégré à l'histoire de Rozenn Illiano)(dois-je dire que j'ai sauté de joie en découvrant les cavernes de la Mer sans Etoiles ?)(nous partageons une même passion pour les œuvres d'Erin Morgenstern, ça aide), avec leur propre histoire (je vous raconte pas le boulot de dingue qu'il doit y avoir derrière tout ça), celles des Voyageurs et celles des Sœurs du Silence et la recherche d'une cohérence certaine entre les diverses parties du roman mais aussi une partie du Grand Projet et nous avons là un roman des plus ambitieux et passablement casse-gueule. 

Or, l'autrice réussit le pari d'avoir quelque chose de cohérent, passionnant, contemplatif et parfaitement onirique. Et franchement, moi, sur ça, je lui tire clairement mon chapeau. Surtout qu'en plus, si elle s'était déjà attaqué à la littérature vampirique, fantastique ou encore apocalyptique (voire les trois en même temps), elle n'avait encore jamais la fantasy. Enfin, de la fantasy... Disons que oui et non. D'hiver et d'Ombres en suit les contours de ce genre-là. Mais on le sait, la fantasy c'est vaste, ça le devient de plus en plus et franchement, j'aurais du mal à classer le roman dans un des sous-genres. Tout comme j'ai toujours du mal à vraiment qualifier le Grand Projet. Laird Fumble, sur son blog, a décidé d'appeler le travail de l'autrice "Oniro-fiction", je pense qu'il a trouvé le bon mot. Parce que vraiment, outre le fait que le Rêve soit au centre d'une bonne partie des ouvrages du Grand Projet, il a à effectivement quelque chose de très onirique à les lire. Cela se voit encore plus ici, où les Voyageurs ne rêvent plus pour aller de monde en monde mais le fond de manière physique. Parce que l'on perd tout ce que nous pouvons imaginer d'un rêve (les incohérences, les "pouvoirs" que le rêveur peut avoir etc...) mais pas la magie qui en découle.

Les personnages ne sont pas en reste non plus dans tout ça. J'ai beaucoup apprécié Filius, qui doute, qui ne sait pas toujours si ce qu'il fait est bien ou pas, qui n'a rien d'un véritable héros mais qui tente, tant bien que mal, de réaliser son rêve et de peut-être sauver le Rêve sans trop savoir comment faire. J'ai aimé ces compagnons même si je trouve dommage que parfois, ils s'effacent un peu trop pour lui laisser la place à lui.  J'ai aimé Layelis qui sait ce qui l'attend et qui y va quand même, comme la plupart des Soeurs du Silence.  Et que dire des trois personnages que nous découvrons réellement à la fin du roman (je peux pas en parler mais franchement, eux, je les ai vraiment adoré pour tout ce qu'ils représentent) ? 

Enfin, je parlerai un peu de l'ambiance et du style du roman. Vous vous souvenez peut-être quand je disais qu'Erèbe a la même aura que les romans d'Erin Morgenstern ? Ben voilà. Une fois encore, on est à ce niveau-là. Franchement, l'ambiance est juste folle. Le style de Rozenn Illiano s'affine encore un peu plus sur ce roman. Elle nous embarque à sa suite en quelques mots, nous faisant rêver en quelques lignes sur les divers univers que nous rencontrons. C'est beau, voilà. Même dans les pires moments du roman, ceux où tu sais que la catastrophe arrive, c'est beau. 

Alors oui, j'ai encore eu un coup de cœur pour un roman de Rozenn. Encore une fois, il m'a parlé, très fort. Ca a résonné en moi, un peu moins fortement que pour Erèbe, j'avoue, mais ça résonne. Franchement, je ne peux que vous conseiller de la lire. D'ailleurs, même s'il est dense, qu'on y trouve pas mal d'échos à d'autres romans, et qu'il peut paraitre je pense qu'il fait une bonne entrée en matière dans le Grand Projet. Il en est un début. En plus de ça, il peut tout aussi bien se lire seul (comme tous les romans de Rozenn d'ailleurs). 

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