Affichage des articles dont le libellé est belge. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est belge. Afficher tous les articles

samedi 14 novembre 2020

Captive, Cindy Van Wilder

J'adore les écrits de Cindy Van Wilder, et ça, depuis les Outrepasseurs. Alors, lorsqu'elle a proposé en précommande sur sa newsletter sa dernière novella, je me suis dit, c'est parti. Dès que j'ai eu fini mon livre en cours, je me suis jetée dessus. 

Captive, Cindy Van Wilder

Editeur : Cindy Van Wilder
Collection : /
Année de parution : 2020
format : mobi

A lire si :
- Vous aimez bien Alice aux Pays des Merveilles
- Vous voulez frissonner un peu

A ne pas lire si :
- Vous aimez beaucoup Alice aux Pays des Merveilles 
- Vous n'aimez pas quand il y a de la violence

Présentation de l'éditeur :

Passer de l’autre côté du Miroir ne donne pas toujours accès au Pays des Merveilles…
Addie, jeune Londonienne, est brutalement enlevée un soir d’octobre. Propulsée dans un univers étrange, à la merci de créatures menaçantes qui la considèrent comme une « expérience », elle va devoir trouver le moyen de s’en sortir.
Pour elle-même comme pour son enfant à naître.

Mon avis

Je parlais en introduction des Outrepasseurs, et pour tout dire, nous n'en sommes pas tout à fait très éloigné. Si Captive ne se déroule pas dans le même univers, on y retrouve un élèment en commun qui n'est pas pour me déplaire et que je sais plutôt bien maitrisé par l'autrice. Bienvenu chez les fées, ces créatures cruelles et avides qui vivent de l'autre côté du miroir. Et mieux encore, d'après ce que j'ai compris, Captive n'est que le début de ce nouvel univers (j'ai hâte hâte de voir ce que ça va donner). Mais passons donc à la novella en elle-même.

Premier chose qui marque, et que je trouve super, ce sont les triggers warnings. Je fais parti des personnes qui apprécient savoir ce que je vais trouver dans un roman, surtout si ça touche certains points, certaines formes de violence. Alors, oui, je sais, trouver du sang, des meurtres et tout ça ne me dérange pas forcément dans un roman, par contre, lire un viol alors que je ne suis pas préparée, ou des scènes de tortures peu ragoûtantes, je suis moins pour. Sans parler du fait que certaines situations peuvent renvoyer le lecteur à sa propre souffrance. Du coup, avoir des avertissements (ici avant chaque chapitre, c'est aussi faisable avant le roman en lui-même comme le font les Editions de Saxus par exemple), je trouve ça particulièrement top. Et j'aimerai bien le voir plus souvent.

Addie est une jeune londonienne qui a déjà vécu l'enfer avec un compagnon violent. Elle s'en est sortie, à refait sa vie avec Idriss, est tombée enceinte. Tout va pour le mieux pour elle, loin de son ex, loin d'une vie dont elle ne voulait pas. Mais voilà qu'un soir d'Octobre, son passé lui revient méchamment à la gueule. Son ex s'est vengé, la livrant à une étrange organisation. Tout tourne soudain au cauchemar pour elle. On la fait passer à travers un miroir et la voilà dans un univers sombre et menaçant où le maitre des lieux la considère comme une expérience... Terrifiée, elle va pourtant tout tenter pour sauver son enfant à naitre.

Cindy Van Wilder nous livre une novella parfaite pour la saison. L'ambiance y est des plus flippantes, surtout, qu'à l'instar d'Addie, nous passons une bonne partie de notre lecture dans le noir, à entendre, entr'apercevoir, ressentir les mêmes choses qu'elle. Nous sommes plongés dans l'horreur avec elle, et ça fonctionne vraiment très très bien. L'univers dépeint n'a rien à voir avec Alice aux Pays des Merveilles et en même temps... Je trouve que ça correspond finalement assez à ce que l'on pourrait y trouver. Après tout, ne sommes nous pas chez les fées ? Avec l'autrice, on se doute bien qu'on n'a pas à faire à de gentilles créatures ailées et toutes mignonnes. Non, ce sont celles des vieilles légendes, celles de la Chasse Sauvage, des Cours souterraines, des elfes cruels. Personnellement, ce sont celles que je préfère et j'en suis plus que ravie. 

Mais surtout, ce qui m'a plus, c'est Addie. Addie et la manière dont elle va vivre tout ça, dont elle va s'en sortir. Parce qu'une fois passé de l'autre côté, elle va changer, forcément. Addie, ce n'est pas la femme forte qui affronte les choses droit dans les yeux. Non, elle est comme moi, comme vous. Elle n'a rien demandé, a peur plus qu'à son tour, est en détresse, est la victime de son histoire, pas son héroïne.  Elle fait partie de ces femmes que l'on n'entend encore que trop peu. Qui finisse par disparaitre même derrière le nom de leur meurtrier ou kidnappeur. D'ailleurs, l'autrice rend hommage à certaines victimes dans sa préface, que ce soit des personnes dont l'histoire a été effacé derrière celle de leur meurtrier ou simplement celles dont on n'entend pas ou trop peu parler. 

J'ai vraiment beaucoup aimé ce que j'ai lu. Je savais que ça me plairait (j'aime ce qu'écrit Cindy Van Wilder, j'aime aussi beaucoup la personne pour la suivre sur twitter). J'ai tout apprécié et j'en redemande encore (je pense que je pourrais être exaucée dans quelques temps, et j'en suis ravie). C'est une novella vraiment plaisante à lire (et flippante un peu aussi) et qui en plus, peut-être lu sur AO3 mais encore en le demandant à l'autrice (je vous met la page de Captive sur son site, pour plus de clarté la dessus). 

mardi 9 juin 2020

Contes Imaginaires, Cindy Van Wilder

Il y a quelques temps, Cindy Van Wilder a proposé de poster les nouvelles qui dorment dans son disque dur sur Wattpad. Aimant beaucoup les romans de l'autrice, il était temps de lire les nouvelles.
Petite précision, j'ai lu le recueil petit à petit, sur une période plus ou moins longue, sachant que Cindy Van Wilder poste une nouvelle ou partie de nouvelle tous les vendredis ou presque.

Contes Imaginaires, Cindy Van Wilder

Editeur : Cindy Van Wilder
Collection : /
Année de parution : 2019
Format  : Wattpad

A lire si :
- Vous aimez les nouvelles
- Vous aimez la SFFF

A ne pas lire si :
- Vous n'aimez pas les nouvelles

Présentation de l'éditeur :

Bienvenue dans mes Contes Imaginaires !
Ici, vous trouverez :
- Beaucoup d'imaginaire
- Des créatures fantastiques
- Des personnages ambigus, voire amoraux
- Pas mal d'action
...
- et peut-être quand même, bien caché entre les mots, un zeste de douceur !

Mon avis

Forcément, comme Contes Imaginaires est un recueil de nouvelles, je vais parler de chacune d'elles (ou presque, l'une a déjà été lue il y a quelques années).

Avis de Tempête
La première nouvelle du recueil est une nouvelle parlant de super-héros. Mais ici, pas de mégalopole, pas de super-méchant non plus. On se déplace à la campagne, dans une petite ville où Tara, la Tueuse de Tornade, doit affronter le divorce de ses parents sur médiatisés, le regard des autres sur elle et ses pouvoirs et une tornade destructrice. J'ai beaucoup apprécié le traitement de la nouvelle, qui ne s'attarde pas sur les pouvoirs de super-héroïne de Tara mais bien sur ce qu'elle peut ressentir, tiraillée de toutes parts par la manière dont les gens peuvent la voir (monstre pour certains, héroïnes pour d'autre, futur animal de labo pour d'autres...). C'est écrit avec beaucoup de sensibilité (venant de l'autrice, on ne s'attend pas forcément à moins) et je trouve vraiment que la manière d'aborder le thème du super-héros change beaucoup dans cette nouvelle de ce que l'on peut voir d'habitude. Bref, j'ai beaucoup aimé.

Un dîner entre gentlemen
Je ne vais pas trop en dire sur cette courte nouvelle pour ne pas la spoiler. Disons que c'est un hommage bien foutu à Lewis Caroll, Maurice Blanc et même Neil Gaiman. C'est fort agréable à lire et à la hauteur de l'hommage.

Au service des Insectes
Je n'ai pas relu la nouvelle, l'ayant déjà fait il y a quelques années. Vous pouvez retrouver l'avis par ici.

Le Chandelier
Cette nouvelle traite d'un sujet peu simple à la base et surtout se base sur un anti-héros. Lepelletier est hanté depuis des années. Il est temps pour lui d'expier ses fautes, et plus particulièrement une. L'autrice nous amène alors aux heures sombres de l'histoire, celles de la seconde guerre mondiale et de la dénonciation des juifs. Une fois encore, c'est la sensibilité de Cindy Van Wilder qui me touche ici. Elle ne tombe jamais dans la surenchère des sentiments, qu'ils soient bons ou mauvais. C'est toujours très juste. Cela rend le récit assez prenant ici, alors qu'il est tout de même court. Bref, ce Chandelier est une petite pépite.

IB-340-X-547
Cette petite nouvelle est plutôt agréable à lire bien qu'assez prévisible. On y découvre un androïde faisant face à des sentiments qu'il ne devrait pas ressentir dans une société où les machines ont pris la tête du pouvoir. Ça se laisse bien lire mais la nouvelle est peut-être bien, pour moi en tout cas, le moins marquant de l'autrice.

Dernier défi
Cette nouvelle est un peu plus dure que les précédentes. Il y est fait mention de scène de sexe (c'est pas énorme, hein non plus, mais ça mérite d'être dit)(et puis l'autrice prévient, alors je peux aussi) et de la violence (là non plus, ce n'est pas un texte ultra violent mais déjà plus que les autres). Je ne voudrais pas trop en dire pour ne pas trop spoiler, mais disons qu'on va découvrir un mythe grec d'une autre manière. La relecture est intéressante, elle transforme le mythe sans le dénaturer. Ce n'est peut-être pas ma préférée mais elle fait son petit effet.

Due Cadaveri
J'ai beaucoup aimé ce texte. Il est terriblement poétique et en même temps terriblement grave et triste. C'est aussi une nouvelle pleine d'espoir. L'histoire de cette petite Nora, dont la famille se retrouve en plein drame, est touchante. C'est merveilleusement écrit et prenant et elle est surement l'une des mes préférées du recueil pour l'instant.

Le chat de Jul
Cindy Van Wilder nous plonge cette fois dans les festivités de fin d'années et dans la mythologie scandinave. Appréciant grandement la dite mythologie, j'ai été ravie de voir le magnifique Jólakötturinn (dans l'idée, c'est donc un chat géant qui mange ceux qui n'ont pas reçu de nouveau vêtement lors de la fête de Yule). J'ai adoré l'ambiance du récit, la manière dont le tout est mené. Et puis, ça m'a un peu rappelé les Outrepasseurs, alors du coup, elle a tout bon cette nouvelle avec moi.

Joyeux Anniversaire !
J'ai pas mal apprécié cette nouvelle que j'ai trouvé amusante. Un homme vient dans le Dédale pour commander un monstre pour l'anniversaire de sa fille. Il faut dire qu'il a inventé une histoire de monstre pour qu'elle se calme mais que ça n'a pas beaucoup marché. Or, le monstre n'est peut-être pas celui qui vient du Dédale... 

Le secret de l'Ourthe
Cette nouvelle est la réécriture d'un conte assez connu, celui des Farfadets réparant les objets cassés. Je crois qu'il doit être connu dans une bonne partie du monde, du moins de l'Europe. D'ailleurs, en bonne autrice belge, Cindy Van Wilder le situe non loin du rocher Bayard et de l'Ourthe, rivière ardennaise. C'est un conte plutôt sympathique à lire sans toutefois être d'une grande originalité (après tout, c'est une réécriture)

Nous ne serons plus jamais seuls
Cette fois, nous embarquons pour Venise et malgré ce décors que j'apprécie toujours autant, la nouvelle ne fait pas partis de mes préférées. Je la trouve un peu trop rapide et surtout, je n'arrive pas, personnellement, a en voir la finalité. Pourtant, elle commence plutôt bien, avec un élément que j'apprécie assez.

Tryamour
La dernière nouvelle du recueil nous entraîne dans les légendes arthuriennes. Le jeune Lanval est amoureux de la reine Guenièvre. Un amour qu'il refuse, comme on peut le comprendre. Malheureusement pour lui, il ne peut s'y soustraire comme il le voudrait. Sa rencontre avec Tryamour, une Fay va changer bien des choses pour lui. Mon amour des légendes arthurienne et de tout ce qui tourne autour va forcément parler pour moi ici. J'ai beaucoup apprécié ma lecture.


Pour conclure l'avis sur ce petit recueil, j'ai apprécié quasiment toutes les nouvelles. Je trouve qu'il donne un très bon aperçu de ce que fait Cindy Van Wilder. J'ai plus particulier apprécié pour la suivre sur les réseaux, retrouver ses valeurs dans ses écrits. Si vous ne connaissez pas encore l'autrice, je pense vraiment que c'est une parfaite mise en bouche.

jeudi 28 septembre 2017

La Lune est à Nous, Cindy Van Wilder

Mon autrice belge préférée a encore frappé. A peine quelques mois après la sortie du quatrième tome des Outrepasseurs, elle revient avec un nouveau roman YA. Un roman qui comme vous allez le découvrir par la suite ne m'a pas du tout laissé indifférente.

La Lune est à Nous, Cindy Van Wilder

Editeur : Scrineo
Collection : /
Année de parution : 2017
Nombre de pages : 377

A lire si : 
- Vous voulez des héros hors-normes
- Vous en avez marre de ne jamais réussir à vous identifier réellement aux personnages

A ne pas lire si : 
- Aucune raison de ne pas le lire.

Présentation de l'éditeur : 

Max et Olivia n’ont pas grand-chose en commun. Max, solitaire et complexé, peine à s’intégrer dans son nouveau lycée. Olivia, sociable et hyperactive, vient d’être recrutée par la très populaire chaîne YouTube « Les Trois Grâces » et s’investit dans le milieu associatif. Ils n’ont rien en commun, si ce n’est qu’ils sont en surpoids, et que le monde le leur fait bien payer. Lorsqu’ils se rencontrent, ils se comprennent instantanément. Et décident de réagir – chacun à sa manière. L’habit ne fait pas le moine, dit-on… Ni Max ni Olivia ne s’attend aux défis qu’ils vont rencontrer. Et si l’aiguille de la balance n’était pas le seul challenge ? Et s’il était possible de décrocher la lune, même après être tombé à terre… ?

Mon avis

Je tiens à vous avertir avant de commencer. Cet avis risque d'être décousu et surement un peu long. J'ai énormément de chose à dire sur ce livre. De très bonnes choses d'ailleurs. La Lune est à nous est un coup de cœur. Un de ces livres qui se lit en passant par trop d'émotion pour en sortir indemne. Je vais surement beaucoup parlé de moi, de mon ressenti ici. Parce qu'il faut bien le dire, Olivia et Max ont fait plus que me toucher. Ils m'ont rappelé beaucoup de chose. Trop parfois. 

Olivia est une étoile montante d'Instagram. Elle vient même d'être recruté par une chaine Youtube, les Trois Graces afin de remplacer l'une des membres. Dis comme cela, la vie semble lui sourire. Sauf qu'Olivia est noire, et grosse. Et ça, pour beaucoup ça ne passe pas. Son succès lui vaut toutes les jalousies, allant jusqu'au pire. Dès le début du roman, elle se voit confronter au harcèlement, que se soit sur les réseaux sociaux ou IRL. Max, lui, vient d'arriver en Belgique suite au divorce de ses parents. Mal dans sa peau, gros et homosexuel, il se replie sur lui-même. Jusqu'à ce qu'il rencontre Olive et se porte à son secours. Tous les deux vont affronter le monde et leur peur.

Cindy Van Wilder se penche dans ce roman sur un thème important, celui de la différence. Un thème qui me touche d'autant plus que ses deux personnages principaux sont gros. Comme moi. Qu'ils subissent leur corps et les injonctions de la norme, comme moi. Si à présent que je suis bien adulte, j'ai réussi à aimer la plupart du temps mon corps, à l'adolescence, c'était bien moins le cas (une série d'article sur mon blog perso explique un peu tout le chemin vers l'acceptation et l'amour de mon corps, elle se trouve là si ça intéresse). Et dès le début du roman, une boule s'est formée dans ma gorge, dans mon ventre aussi, à lire ce qui avait pu m'arriver, ce qui m'arrive encore. Autant dire que j'ai passé une bonne partie de ma lecture en apnée, les souvenirs resurgissant et les larmes aux yeux durant un bon moment. J'ai trouvé très dur de me retrouver confronter à ça. Dur mais tellement vrai en fait. Ce que subisse Olive et Max, à cause de leur poids, c'est ce que j'ai pu subir. Leurs réactions, en grande partie, ont été les miennes. Et rien que pour ça, le roman est génial, en fait. Ok, ce qui est remonté dans mon esprit ne l'était pas mais pouvoir enfin le lire, avoir des personnages qui me ressemblent, que c'est bon.

Et ce qui est encore mieux, c'est qu'il n'y a pas que les gros qui peuvent enfin s'identifier à un personnage. L'autrice a pris pour partie d'intégrer une bonne partie de la population non normée, soit non blanche, non hétéro et j'en passe. Max est homosexuel, tout comme Seb, Olivia est racisée tout comme Imane, sa meilleure amie mulsumane et portant le hijab, ou Joy, asiatique. Certains "cumulent", d'autres non. Mais tous sont particulièrement bien décrit, surtout au niveau "mental". Tous ont une situation compliquée par rapport à leur différence qu'ils gèrent plus ou moins bien. Il y a des discours que j'ai adoré sur cela (le meilleur c'est celui d'Imane sur son hijab et sa foi pour moi). J'ai réellement apprécié ce mélange qui reflète tant la société de maintenant. Mais surtout la solidarité qui se dégage du groupe d'amis. Une solidarité qui va les aider à un moment ou un autre à affronter ce qui leur tombe dessus. La Lune est à Nous, c'est une leçon de vie pour beaucoup. Une leçon de solidarité, de tolérance. 

Parce que si durant un bon moment, j'ai eu envie (ok, j'ai même pleuré pour de vrai) de pleurer à cause de mes souvenirs et de ce qu'il arrivait aux personnages, il y a ce message d'espoir qui resurgit de tout cela. Celui que j'aurais voulu entendre à l'époque de mon adolescence. Que j'existe, que j'en ai le droit, que personne n'a le droit de me dire qui je suis, ce que je dois faire. Que ma voix est aussi importante que celle des autres. Et putain, c'est beau.

Je sais pour la suivre sur Twitter que Cindy Van Wilder est très accrochée aux valeurs qu'elle partage dans ce roman, qu'elle s'y intéresse vraiment. Et cela se ressent du coup énormément. Comme se ressente ses lectures (elle parle d'Americanah (qu'il faut vraiment que je lise) ou encore de King Kong Theory dont le début va si bien à Olivia et ses amis). On retrouve aussi l'écriture inclusive qu'elle avait déjà expérimenté dans le quatrième tome des Outrepasseurs. Van Wilder est une autrice engagée et féministe qui n'hésite pas à faire passer ses idées par ses livres. Et qui le fait très bien. 

Sur Twitter et instagram, je l'ai déjà dit mais je le refais ici parce que pour moi, c'est important. Merci Cindy pour ce livre. Merci de l'avoir écrit, de redonner un peu de courage à toutes les personnes qui ne sont pas normés, de nous permettre enfin de nous identifier à des personnages, de voir que le monde n'est pas tout noir pour nous, que d'autres sont là pour nous soutenir. Merci d'avoir écrit ce livre. J'aurais voulu le lire quinze ans plus tôt, lorsqu'adolescente, je n'ai pas su répondre à ceux qui me brimaient, que se soit mes parents, les médecins, les autres adolescentes, les injonctions aux régimes, les "t'as pas ta place ici", "grosse vache" et j'en passe. Je sais que ce n'est pas juste un seul roman qui pourra changer notre société mais il peut y aider. Parce que notre voix compte, et parce qu'il est bon de le dire, de le faire comprendre, de se le rappeler. 

Les gens, lisez ce roman. Il le faut. Vraiment.

mardi 30 mai 2017

Ferenusia, Les Outrepasseurs tome 4, Cindy Van Wilder

L'annonce de Ferenusia sur twitter il y a déjà quelques temps m'avait plus qu'émoustillait. Il faut dire que les Outrepasseurs, la série dont il est quatrième tome et spin-off, m'avait fait forte impression en 2015 (déjà ?). J'avais hâte de le lire.

Ferenusia, Les Outrepasseurs tome 4, Cindy Van Wilder

Editeur : Gulf Stream
Collection : /
Année de parution : 2017
Nombre de pages : 382

A lire si :
- Vous voulez le fin mot de l'histoire des Outrepasseurs
 Vous ne voulez pas de fés à la Disney
- Vous voulez de l'action

A ne pas lire si : 
- Vous voulez des gros monstres
 - Vous voulez de la fée gentille
- Vous n'avez pas lu la trilogie d'origine.

Présentation de l'éditeur : 

" Qui étaient ces êtres, si semblables et pourtant si différents des hommes ? On ne pouvait pas nier leur peau grise, qui se détachait délicatement de la structure de fer à laquelle ils s'accrochaient avec toute l'aisance d'alpinistes chevronnés. Soudain, la caméra bascula sur le buste de la statue de la Liberté. En lettre majuscules, vert sombre, s'étalait le mot : "FERENUSIA" " 
Privé de la magie presque disparue, l'empire des Outrepasseurs se disloque de toutes parts. Seul survivants dans cette débâcle, les Ferreux, des fés réduits à l'esclavage, s'échappent de leurs prisons. Soutenus par Ferenusia, un réseau clandestin, ils n'ont qu'un seul objectif : obtenir les mêmes droits que les humains, dans un monde qui ignore tout de leur existence. Mais leurs anciens maîtres sont prêts à tout pour protéger leurs secrets, quitte à éliminer le moindre témoin de leurs forfaits passés...

Mon avis

Ferenusia est un tome à part des Outrepasseurs. S'il est présenté comme un quatrième tome et une fin définitive de la série, il en est aussi un spin-off. Pas tout à fait hors série donc, mais pas non plus totalement dedans. Du coup, je préfére avertir dès le début, sans avoir lu la dite-série, il vaut mieux ne pas le lire sous peine de ne pas tout comprendre, voire même de se sentir totalement perdu dans l'histoire et avec les personnages. Pourquoi ? Parce qu'il commence quelques semaines après la fin du Libérateur et que l'autrice a décidé que nous avons déjà lu la trilogie et donc qu'il n'est pas totalement nécessaire de nous rappeler qui est qui. Une décision que j'apprécie puisque nous plongeons ainsi dans le vif du sujet mais que d'autres peuvent peut-être voir comme un inconvénient. 

Mais passons à l'histoire. Celle des Ferreux. Car ce tome se concentre sur ce peuple que nous avons pu découvrir dans les tomes précédents. Un peuple de fés qui bien que touché par la disparition de la magie continue de vivre, ou plutôt de survivre. Libérés des Outrepasseurs, les voilà qui plongent dans le monde des humains, un monde qu'ils ne connaissent pas et qui ne les connait pas. Passés du statut d'esclave à celui de Ferreuses et Ferreux libres n'a rien de simple. Encore moins lorsque les Outrepasseurs restant, bien que privés de la malédiction, décident de les poursuivre pour les faire taire, et cela de manière définitive. 

Cindy Van Wilder nous entraîne donc à la suite des Ferreuses et des Ferreux dans leur quête de liberté. Pour cela, elle a choisit de nous faire suivre Red Wing et Smokey, que nous connaissions déjà mais aussi Kalinda, Elween et Owen, qui eux se trouvent en Australie. Des personnages vraiment intéressants et surtout assez différents les uns des autres pour en apprendre plus sur leur peuple. J'ai d'ailleurs beaucoup apprécié les passages australiens, la quête de liberté de ces personnes qui ne comprennent pas ce qu'il se passe. Une opposition assez forte avec Red Wing et les londoniens qui eux ont déjà vu le monde et sont un peu plus apte, grâce à Smokey, a le comprendre. 

Ce qu'il y a de fortement intéressant à prendre les Ferreux comme héros, c'est de pouvoir voir tout ce que peut offrir ce peuple en terme de tolérance mais aussi la manière dont leur nouvelle liberté peut-être vu. Les voilà avec un statut de réfugiés et avec tout ce que cela implique. Si vous avez en tête ce qu'il se passe avec les réfugiés syriens, vous n'êtes finalement pas très loin. Heureusement, l'autrice leur offre une fin qui semble bien plus sympathique que pour les syriens et que personnellement, j'aimerais voir pour ces gens. Même si l'intégration ne se fait pas dans la douceur, après tout les Outrepasseurs essayent toujours de les faire disparaître, les gens "normaux" ont peur de ces êtres différents, elle se fait. Et cela grâce à des personnes qui croient en la différence, en la diversité. C'est un beau message que transmet Cindy Van Wilder dans ce roman.

Et ce n'est pas le seul. L'un des personnage, S., est genderfluid. Je ne sais pas très doué en explication mais en gros, c'est un personnage qui ne se sent ni homme ni femme mais de genre neutre. J'ai apprécié que l'autrice utilise la langue neutre (pronom iel par exemple, conjugaison des adjectif au pluriels pour ne pas mégenrer le personnage). Ce genre de personnage est encore rare et il est appréciable d'en trouver, surtout uns comme S., qui doit faire face à ce qu'iel est mais aussi aux regards des autres et au sien. D'ailleurs, la communauté LGBT+ est plutôt bien représenté avec des personnages bi et homosexuels. Ce qui est encore mieux, c'est que les personnages ne sont pas des représentations stéréotypés de la communauté et que leur orientation sexuelle et leur genre ne fait pas tout le personnage. Ainsi, je ne définis pas S que comme genderfluid, mais comme la personne qui remonte le réseau Ferenusia, qui a une dent contre les Outrepasseurs et une envie immense que tout le monde puisse être libre et égaux. Cindy Van Wilder approfondit plus les relations entre personnages, qu'elles soient amicales ou non, que les relations amoureuses (même si nous en trouvons une dans le lot).

Qu'ajouter de plus pour finir cet avis ? Je suis contente de voir que je n'avais pas "fabulé" une certaine relation qui vient tout en douceur au cours du Libérateur et de ce tome. J'ai encore une fois beaucoup apprécié l'écriture de Cindy Van Wilder, toujours aussi poétique et en même temps percutant. Ce dernier tome est riche, en personnage, en représentativité et en action. J'ai apprécié retrouvé d'anciens compagnons, d'en redécouvrir certains et de découvrir d'autres membres des Ferreux. Au final, le roman aura été un nouveau coup de coeur, comme les autres tomes de la série.

Et je finirais réellement sur un petit avis sur la nouvelle qui accompagne parfaitement le roman, Tsimoka, paru dans l'anthologie Fées et Automates des Imaginales 2016. Une nouvelle qui permet de mettre en lumière une partie du texte du roman, puisqu'elle raconte un événement important de l'histoire des Ferreux. Je les beaucoup apprécié même si elle manque d'un petit quelque chose en plus. Disons que je l'aurais peut-être moins apprécié si je l'avais lu avant Ferenusia.

mercredi 6 mars 2013

Entre chien et louve, Gudule

Et voilà, premier avis de cette nouvelle année du blog. Un nouveau livre de Gudule qui je dois dire change pas mal des trois que j'ai déjà lu.

Entre Chien et Louve, Gudule

Editeur : Bragelonne
Collection :  Ombre
Année de parution : 2011
Format : Epub

A lire si :
- Vous aimez les histoires de réincarnations
- Vous ne cherchez pas de l'horreur à l'état pur

A ne pas lire si :
- Vous voulez de l'horreur
- Vous voulez beaucoup de fantastique

Présentation de l'éditeur :

Je suis mort, d'accord, mais qu'est-ce que je fais dans ce chien ? Ou plutôt, pourquoi SUIS-JE un chien, avec un passé de chien, un instinct de chien, et cependant, intacts, mes souvenirs d'homme ? Le souvenir d'Astrid, surtout, la jeune noire qu'il a jadis ramenée d'Afrique, quand il était Jean. L'amour de sa vie. Astrid, sa veuve qu'il lui faut retrouver, même si elle n'est plus qu'une sexagénaire usée par les outrages de la vie. Et il la retrouve. Un chien a ce genre de capacité. Et le voilà adopté par une femme désormais en mal de compagnie qui, bien loin de se douter de la véritable nature de l'animal qu'elle a recueilli, lui parle, lui fait des confidences... Pour Jean, devenu « Fidèle », c'est alors comme un voile qui se déchire. S'ouvrant sur un enfer insoupçonné... 

Mon avis

J’ai été quelque peu surprise en lisant ce livre de Gudule. Je m’étais habituée à lire de l’horreur, qu’elle soit à l’état pure (Gargouille) ou plus subtile (Dancing Lolita et la Petite fille aux Araignées). Dans ce Entre chien et Louve, rien de tout cela. On trouve très peu d’élément fantastique et beaucoup mais alors beaucoup moins d’horreur. Malgré tout, j’ai apprécié cette lecture qui m’a fait découvrir Gudule dans un autre registre.

Entre chien et louve est l’histoire de Jean et d’Astrid. Jean est mort. Il se réincarne dans un chien de cimetière. Attiré par une forte odeur de chienne, il se trouve devant ce qui fut sa maison durant sa vie humaine. Là, il trouve Astrid, sa femme, une “nègre” (attention, l’histoire se passe il y a déjà quelques temps, où les africains étaient encore vu comme des sauvages par les européens (je préfère le dire)). Elle le recueille bien malgré elle au début et commence à lui raconter sa vie. Jean se rend alors compte que tout ce qu’il pensait être vrai n’était que pur mensonge, que finalement sa femme ne l’aimait pas autant qu’il le pensait.

Grâce au monologue d’Astrid, on en apprend beaucoup sur elle, sur ce qu’elle pense des blancs, de sa vie. On découvre aussi un peu de sa culture africaine, une chose que j’ai bien aimé (parce que j’avoue que la culture africaine et moi on fait un peu deux). Par les réactions de Jean, on découvre comment lui voyait tout cela, comme on peut se tromper si lourdement sur une personne. J’ai vraiment aimé voir cela. Petit à petit, Astrid se révèle, au grand dam de Jean. On sent monter en lui la colère dut à ses révélations. Et puis l’angoisse (parce qu’il y en a tout de même) monte en même temps que les révélations. Et on arrive alors sur une fin dont on se doute depuis un moment mais qui nous étonne tout de même un peu dans la manière dont elle est traitée (mais que je vous laisse découvrir).

Donc bien que je m’attendais à autre chose au départ et que la fin m’est apparue très vite, je n’ai pas été trop déçu par ce livre. L’écriture de Gudule y a beaucoup aidé. J’aime toujours autant la manière dont elle joue avec les mots, les phrases, dont elle mélange l’écrit et l’oral dans ses histoires. C’est vraiment la force de Gudule et c’est ça que j’apprécie quand je lis une histoire de sa plume.
 

lundi 28 janvier 2013

Gargouille, Gudule

On commence cette semaine avec la review de Gargouille de Gudule, soit le troisième livre que j'ai lu d'elle grace à l'opération 300k de Bragelonne.

Gargouille, Gudule

Editeur  : Bragelonne
Collection : Ombres
Année de parution : 2011 pour l'édition numérique, 1995 pour la première édition papier chez Fleuve Noir
Format : Epub

A lire si
- Vous aimez les histoires d'horreur
- Vous aimez les huit-clos

A ne pas lire si
- Vous voulez des personnages dévellopés
- Vous avez peur dans les vieilles ruines églisiastiques

Présentation de l'éditeur 

Des femmes quinquagénaires qui ont fréquenté le même internat, sont victimes d'une hallucination collective : la photo de leur classe de 7e les représente vieillies ou absentes pour les mortes. Elles se retrouvent avec peine, et retournent au couvent désaffecté où elles avaient fait leurs classes. Elles avaient promis solennellement de se retrouver quarante ans après, signant un parchemin de leur sang. Les souvenirs reviennent, et les regrets d'avoir martyrisé Marie-Rose, fillette coupable d'être amoureuse d'une sœur... Combien échapperont à la vengeance de Marie-Rose ?

Mon avis

Je crois que je suis définitivement fan de Gudule et de ses récits. Il m'en aura fallu trois, seulement trois pour en être sure. J'aime la manière dont cette auteure met en scène ses histoires. Gargouille ne déroge pas à la règle bien que je l'ai trouvé plus faible (de pas grand chose) aux deux précédents lus. 

Gargouille est donc l'histoire de plusieurs femmes dont le seul point commun a été d'être dans la même classe de 7ième. Un jour l'une d'elle retrouve une vieille photo de classe où toutes ses camarades sauf elle ont vieilli. Elle commence alors à vouloir réunir tout le monde pour refaire cette photo comme elles se l'étaient promis quarante ans plus tôt. Mais voilà, une fois dans leur vieux couvent/pensionnat, rien ne se passe comme prévu et nos quinquagénaires sont victimes d'un étrange spectre.

L'histoire est "coupée" en deux, si je puis dire. On suit d'abord les petites vieilles (enfin, elles n'ont que cinquante ans en même temps). Au fur et à mesure qu'on les découvre, chacune d'elle racontera un passage de son enfance au couvent des Ursulines. On découvre dans ces passages toute la cruauté dont sont capables des enfants de dix ans. Petit à petit, on se rend compte qu'elles avaient un souffre douleur, bien qu'on mette un moment à savoir de qui il s'agissait. On en vient à plaindre la pauvre enfant, victime de ses camarades, se retrouvant humiliée régulièrement. 

Mais l'horreur, la vraie, la sanglante (enfin la vraie, si on veut) arrive lorsque notre groupe d'amies se rend dans le couvent afin d'y passer la nuit avant de faire la photo. Petit à petit l'angoisse monte jusqu'au premier meurtre. J'ai eu l'impression d'ailleurs à un moment de lire un film dans le style de Scream (mort qui monte en puissance, on ne voit jamais le tueur...), jusqu'à l'apothéose, la rencontre entre les survivantes et leur souffre douleur, complétement folle et ayant fait un pacte avec le diable. 

J'ai beaucoup aimé la manière dont les meurtres sont mis en scène. Tous ont un rapport avec les supplices qu'a vécu Marie-Rose, ancienne souffre douleur, supplices que nous avons découvert grâce au retour dans les souvenirs de ses victimes. La petite fille qu'on était venu à plaindre de tous notre coeur durant les premiers chapitres devient un monstre odieux et pourtant, j'ai eu du mal à me dire qu'elle était la méchante de l'histoire, qu'elle devait payer pour ce qu'elle faisait. La vengeance de cette enfant est terriblement mais en même temps, on la comprend un peu. Nous avons tous été le souffre douleur de quelqu'un... 

Outre la vengeance de Marie-Rose, il y a aussi un aspect fantastique dut aux souvenirs enfermés dans le couvent, souvenirs qui expliquent l'état de la pauvre enfant. En effet, comme dans toutes bonnes histoires sur un endroit aussi fermé que celui-ci, des meurtres ont eu lieu bien avant notre histoire. Les spectres du passés prennent possession de Marie-Rose alors qu'elle est sévérement punie et la plonge dans la folie. J'ai par contre trouver dommage cette explication, bien trop courte et qui finalement, si elle n'avait pas été là, n'aurait pas manqué du tout.

Du coup, j'ai donc trouvé le livre un peu en dessous de ce que j'avais pu lire avant parce que je l'ai trouvé prévisible. Mais en même temps, c'est aussi le problème que je trouve souvent dans ce genre de littérature (ou même dans les films y ressemblant). Mais il reste un très bon livre, à ne pas lire le soir seule dans son lit et qui fait frissonner plus qu'on ne le voudrait.

lundi 21 janvier 2013

La Petite Fille Aux Araignées, Gudule

Suite à Dancing Lolita que j'ai vraiment beaucoup aimé, je me suis jetée sur la petite fille aux araignées qui m'a encore plus plu. 

/! \Spoiler
La Petite Fille Aux Araignés, Gudule

Editeur : Bragelonne
Collection : Ombres
Année de parution : 2011 pour l'epub, 2005 en livre chez Fleuve Noir pour la première parution
Format : Epub

A lire si
- Vous aimez les vieilles recettes de sorcière
- Vous n'avez pas peur des araignée

A ne pas lire si
- Vous avez déjà peur des acupuncteurs
- Vous ne voulez pas lire la détresse d'une petite fille

Présentation de l'éditeur

Miquette refuse de communiquer avec autrui, mais elle parle dans sa tête, se raconte... Elle raconte pourquoi elle élève des araignées, les nourrit de mouches qu'elle attrape en compagnie de Gogol, son « pote » mongolien, à l'hôpital où elle a fini par échouer... Elle raconte comment, un jour, sa mère a commencé à vieillir à toute allure pendant que sa tante rajeunissait. Elle raconte comment la première se retrouve finalement dans la tombe où devrait reposer la seconde... Comment son chien Titus, qu'on lui a enlevé, avait compris bien des choses, tout chien qu'il est... Elle nous confie le secret du contenu de cette poupée dont elle ne s'est jamais séparée... L'histoire de Miquette n'est-elle que la fabulation d'une petite fille traumatisée, ou a-t-elle pénétré dans un territoire où la magie vaudou se moque bien de la psychanalyse ?

Mon avis

Suite à ma lecture de Dancing Lolita, je me suis jetée sur la Petite Fille Aux Araignées du même auteur donc. Ici, adieu anticipation bonjour vie de tous les jours. Enfin si on veut. Miquette, l'héroine a onze ans et elle est en hôpital psychiatrique suite au décès brutal de sa mère. Traumatisée, elle ne parle plus, sauf à Gogol, son ami trisomique, et encore, avec les yeux seulement. Elle élève des araignées et nous raconte pourquoi.

Miquette a vu sa mère vieillir à une folle allure durant 10 semaines. Dix semaines durant lesquelles elle a fait de l'acupuncture, dix semaines durant lesquelles la tante Madeleine, elle a rajeuni. Jusqu'à l'inévitable, la mort de sa mère. La petite fille va nous raconter tout cela au fur et à mesure que monsieur Quiquequoi va lui poser des questions pour l'aider à sortir de sa "folie". On découvre alors une petite fille horrifiée par ce qu'il arrive à sa mère et qui ne sait que faire devant tout cela. Et on découvre à nouveau de quoi est capable l'espèce humaine pour rajeunir.

Car si la mère de Miquette veillit, s'est bien à cause de la tante Madeleine. Elle veut redevenir jeune et pompe à l'aide de l'acupuncteur dont elles sont toutes les deux amoureuses l'énergie vitale de sa nièce. Tant pis pour les conséquences que cela a sur la fillette et sa mère. Seul le chien Titus semble comprendre vraiment ce qu'il se passe. 

Au fur et à mesure, Miquette ne reconnait plus sa mère et va tenter de la faire rajeunir grâce à l'almanach des sorcières qu'elle a reçu à Noël et à son élevage d'Araignées. Mais sa mère meurt trop tôt. La tante Madeleine prend sa place pourtant Miquette compte toujours mettre son projet à exécution. Sauf que le jour J, elle vole à sa tante le dernier instrument qu'il lui faut et tout dérape. Titus tue Madeleine et Miquette est envoyée en hôpital psy. Pourtant, même là, elle continue, espérant toujours ressusciter sa mère.

Nous retrouvons une nouvelle fois le thème de la vieillesse et surtout de la recherche de la jeunesse en la présence de la tante Madeleine mais aussi dans la quête folle de Miquette pour ressusciter sa mère. Mais c'est surtout tout le mysticisme qui tourne autour de cette histoire qui m'a plu. Et puis, on se demande vraiment si tout cela peut être vrai ou si c'est juste une invention de la pauvre fillette. La réalité semble se mêlait au fantastique ou alors l'inverse. On a du mal à savoir ce qui est vrai ou non dans ce que nous raconte Miquette. Et puis on se met à espérer avec elle, alors qu'on sait très bien qu'elle n'y arrivera jamais. 

La fin du livre ne se finit pas si mal que cela. Enfin, si on veut. J'y ai pourtant trouvé une petite note d'espoir pour la petite fille. Pas pour sa quête, mais vraiment pour elle. Comme si elle allait pouvoir se sortir de là, portée par un mensonge lu dans un almanach. La fin reste tout de même déroutante, comme tout le roman. Gudule a vraiment le talent pour mener ses histoires de manière à ce que la tension monte petit à petit, que le lecteur se trouve complètement pris dans l'histoire et qu'il en sorte complétement dérouté, sans savoir si le coté fantastique existait vraiment ou si ce n'était que l'imagination d'une petite fille perturbée.

Dancing Lolita, Gudule

J'ai profité de l'opération 300K de Bragelonne ce week end pour faire le plein en ebook. Parmi mes achats, on trouve du Gudule, une auteure que j'avais vraiment envie de découvrir depuis un moment. 

/!\ Spoiler

Dancing Lolita, Gudule

Editeur : Bragelonne
Collection : Ombre
Année de parution  : 2011 pour l'édition Epub, 2008 pour le roman
Format : Epub

A lire si
- Vous aimez la SF sans voyage spaciaux et outils ultra moderne
- Vous aimez l'anticipation

A ne pas lire si
- Vous n'aimez pas la violence

Présentation de l'éditeur (attention c'est la présentation du Club des Petites Filles Mortes dont est tirés cette novella)

Oyez, bonnes gens, le club des petites filles mortes ouvre ses portes. Au menu: sang frais, frissons, peurs bleues et nuits blanches à gogo. Avis aux amateurs ! Car ces gamines, elles en ont, de belles et terribles choses à vous raconter... Des contes modernes, effrayants et bouleversants, où elles se vengent des adultes avec une cruelle innocence. Avec un humour qui arrache le sourire et un style incisif unique en son genre, teinté de poésie et d'émotion. Bienvenue dans l'horreur des contes de fées qui ont mal tourné, au pays des enfances brisées dont les rescapées sont d'autant plus attachantes qu'elles peuvent devenir très, très méchantes...

Mon avis

J'avais envie de découvrir Gudule sans trop savoir à quoi m'attendre. Je savais qu'elle était d'abord un auteur pour enfant mais que parfois, elle écrivait des textes dit "horreur". Comme j'ai envie de découvrir un peu plus ce genre et que l'opération 300k de Bragelonne mettait Gudule à l'honneur si je puis dire, je me suis lancée.

Dancing Lolita commence dans le dancing du même nom par la mort d'une personne âgée dans le corps d'une adolescente. On découvre que dans ce futur proche, les vieux prennent des médocs et font des cures pour retrouver leur jeunesse. Du coup, on croise dans la rue autant de vrais enfants que de vieux ressemblant à des enfants. Et au milieu de tout cela, on trouve Mina, onze ans, violée tous les soirs par son beau-père qui après une nouvelle agression s'enfuit de chez elle, on trouve Abel, (vrai) vieux qui cherchent sa mère. Les deux personnages vont se trouver, s'adopter et essayer de vivre malgré ce qu'il a pu arriver dans le passé plus ou moins proche.

Je ne me suis pas tellement attachée aux personnages de ce livre, je le dis de suite. J'ai souvent eu l'impression de survoler ce qu'ils sont qu'autre chose. Mais le livre est court et il y a tellement de chose à apprendre et à lire. Finalement, ils ne sont là, pour moi, que pour humaniser un peu l'histoire. Parce qu'on entre dans l'horreur de l'humanité. Pour rajeunir les vieux (et boucher le trou de la sécu en même temps), il y a d'abord un médoc. Qui a fait des petits contrefaits, qui eux ont causé énormément de dégats, comme on le verra rapidement dans le roman. Les difformes, ces vieux prêts à tout pour rajeunir et qui finalement sont devenus pire que des monstres de foires. Et puis, il y a le marché noir et surtout la traite des jeunes. Parce que les vieux mâles veulent pouvoir se faire des vraies jeunes, même si la pédophilie est passible de la peine de mort. Alors on met en place des bordels avec des vraies enfants, tout ça dans la clandestinité. Du coup, on a toute la pègre qui se colle. On voit très peu des bons côtés de se rajeunissement des vieux et à vrai dire, on a vraiment l'impression qu'il n'y en a pas.

Et donc dans tout ça, on a Mina et Abel qui essaie de fuir tout ça et de le dénoncer aussi. Mais rien ne va vraiment dans le royaume de France. Et alors qu'on a l'impression que le bonheur va enfin arriver, c'est la chute qui vient à sa place. Parce que Gudule n'a pas envie d'écrire un happy end et qu'à vrai dire dans l'horreur qu'elle nous conte, ça aurait fait tache. Elle mène d'ailleurs tellement bien sa barque que j'y ai presque cru, moi, au Haapy End. Mais non. Et là est pour moi le talent de la dame, en plus de son écriture qui m'a vraiment bien plu. Dancing Lolita se lit d'une traite et avec l'envie de toujours aller plus loin dans la lecture pour savoir, pour comprendre comment tout cela est agencé, pourquoi les destins de deux personnes que tout oppose vont se lier ainsi et si tout va se passer comme ils le voudraient. 

J'ai donc beaucoup aimé ce petit roman, bien construit et terriblement prenant. A tel point qu'à peine fini, j'ai entamé (et fini, la chronique arrive), un second Gudule et que j'en ai un troisième sur le feu.