mardi 26 janvier 2021

Stalking Jack the Ripper, Kerri Maniscalco

 J'ai réussi à chopper l'intégrale de la série de Kerri Maniscalco a un prix des plus intéressants sur la liseuse. Comme ça faisait un moment qu'elle me faisait de l'oeil, cette série, j'en ai profité. Et je me suis lancée dans le premier tome il y a peu. On va voir ce que ça donne..

Stalking Jack the Ripper, Kerri Maniscalco

Editeur : Little, Brown and company
Collection : James Patterson book
Année de parution : 2016
Format : AZW

A lire si :
- Vous appréciez l'histoire de Jack l'Eventreur.
- Vous voulez une héroine en avance sur son temps

A ne pas lire si : 
- Vous voulez que la réalité historique colle vraiment à la version romancée
- Vous voulez beaucoup de suspence
- Vous n'aimez pas la vue du sang

Présentation de l'éditeur : 

Seventeen-year-old Audrey Rose Wadsworth was born a lord's daughter, with a life of wealth and privilege stretched out before her. But between the social teas and silk dress fittings, she leads a forbidden secret life. Against her stern father's wishes and society's expectations, Audrey often slips away to her uncle's laboratory to study the gruesome practice of forensic medicine.
When her work on a string of savagely killed corpses drags Audrey into the investigation of a serial murderer, her search for answers brings her close to her own sheltered world. The story's shocking twists and turns, augmented with real, sinister period photos, will make this dazzling, #1 New York Times bestselling debut from author Kerri Maniscalco impossible to forget.

Mon avis

Je crois l'avoir déjà dit mais j'aime bien les histoires qui tournent autour de Jack l'Eventreur. Vous savez, c'est cette espèce de fascinations morbide pour ce qui dut être le plus grand mystère de l'ère victorienne en matière de crime. On en parle encore et toujours, à la recherche de qui pouvait bien se cacher derrière le surnom. Alors, oui, j'avoue que quand je trouve un roman se passant à cette époque et parlant un tant soit de l'Eventreur, j'ai un peu tendance à me diriger vers lui. C'est ça qui m'a fait loucher sur la série de Kerri Maniscalco, en plus de plusieurs avis plutôt positif dessus. 

Et dès la première page, j'ai su que j'allais apprécier le roman. C'est pas tous les jours que je tombe sur une scène d'autopsie menée par une jeune femme en pleine époque victorienne. Ca donne aussi clairement le ton du roman. Si vous n'aimez pas la vue du sang, passez votre chemin (je trouve par contre dommage de ne pas avoir eu de Trigger Warning à ce sujet, ça peut quand même être bien perturbant). Ce premier chapitre pose donc le ton et surtout nous présente parfaitement miss Audrey Rose Wadsworth, notre narratrice. Un personnage que j'ai plutôt apprécié par sa force de caractère et son envie de briser les codes (je rappelle que nous sommes en 1888, et que les femmes sont plutôt sensées, surtout dans la bonne société dont elle fait partie, être des objets de décoration). Audrey Rose ne se laisse pas marcher sur les pieds, se fiche des convenances, adore la médecine légale et son oncle qui la lui apprend, deteste les "occupations pour jeunes femmes bien élevées". Elle a un coté rebelle que j'apprécie, tout en gardant une certaine fragilité dut à son rang et à son passé. Bon par contre, il y a tout de même un gros problème avec elle, il faut toujours qu'elle soit renvoyée à sa pauvre condition de femme. C'est parfois un peu saoulant de toujours la faire voir comme la faible demoiselle qui a besoin de protection. Surtout qu'elle pourrait être un peu plus que ça. Je suppose que ça à voir avec la vision qu'à l'autrice (et pas qu'elle, on va pas se mentir) de cette époque. 

D'ailleurs, je trouve que les personnages sont parfois un peu trop empêtrer dans la vision que nous pouvons avoir des gens durant l'ère victorienne. Ainsi, les seuls personnages féminins gravitant autour d'Audrey Rose sont sa tante et sa cousine. La première ne jure que par les après-midi thé et les bonnes manières. Elle tente d'ailleurs régulièrement de "remettre" sa nièce dans le droit chemin. La seconde est le pur produit de son éducation même si parfois, elle se rebelle un minimum, aidant Audrey Rose a se soustraire à sa mère. Côté mâle, Lord Wadsworth est accroc au Laudanum et sera retrouvé dans une opiumerie (il fallait bien en mettre une), Nathaniel, le frère de la jeune femme est un futur Lord tout ce qu'il y a de plus respectable, Jonathan, leur oncle, reste le plus intéressant dans sa manière de traiter sa nièce et de la laisser faire ce qu'elle veut. Et puis, il y a Thomas Cresswell. Froid, arrogant et particulièrement séduisant, il est l'archétype du bienfaiteur victorien. Dommage qu'il manque parfois de nuance à mon gout. Il n'empêche que son duo avec Audrey Rose fonctionne plutôt bien et que certain dialogues sont des plus sympathiques (j'aime beaucoup la manière dont il la titille régulièrement).

Passons à présent à l'aspect historique du roman. J'avoue que si j'ai apprécié les descriptions de l'East End ou l'on ressent bien la crasse, le froid, l'humidité et la peur, j'ai eu plus de mal ave la vérité historique et les arrangements qu'à pris l'autrice. Arrangements qui sont expliqués à la fin du livre d'ailleurs par la dite autrice, ce qui est plutôt intéressant. Oh, on reste très proche des évènements de cet automne 1888, a quelques jours près en tout cas. Pour ceux qui connaissent parfaitement l'histoire, ça peut déranger. Après, faut aussi se souvenir qu'on lit un roman pas un exposé. Mais là où ces arrangements sont intéressant à mon sens, c'est lorsque l'autrice les utilise pour donner une vraie place aux victimes du meurtrier. Ce sont elles qui intéressent finalement le plus Audrey Rose. C'est sur elles qu'elle va enquêter, essayant de découvrir qui elles étaient avant de devenir les victimes presque anonymes de l'Eventreur. C'est une démarche que j'ai apprécié. Beaucoup même. Ca m'a d'ailleurs beaucoup fait penser à la démarche de Cindy Van Wilder dans Captive (qui est d'ailleurs dédié à Mary Ann Nichols, Annie Chapman, Elisabeth Stride, Catherine Eddowes et Mary Jane Kelly). Bien sûr Audrey Rose et Thomas chercher à arrêter Jack (et autant vous dire qu'il n'y a que peu de suspense sur son identité) mais surtout, elle cherche à comprendre qui étaient les victimes. 

Au final, j'ai plutôt apprécié ma lecture. Elle n'est pas parfaite, je lui trouve quelques défauts évidents (l'insistance sur le rôle de femme d'Audrey Rose, son manque évident de suspense quant à sa résolution, la rapidité de certains évènements aussi) mais ça reste une bonne lecture. Assez en tout cas pour que je me plonge dans peu de temps dans le second tome (qui m'entrainera donc sur les trace de Dracula, j'ai un peu hâte quand même). 

mercredi 20 janvier 2021

Les Nombreuses vies de Stephen Leeds, Légion, Intégrale, Brandon Sanderson

 Alors que je me morfonds sur le fait que le quatrième tome des Archives de Roshar sort ce mois-ci  mais que je n'en suis qu'au troisième et qu'en plus, faudra que j'attende pour le quatrième afin de ne pas dépareiller ma collection, je me lance dans une autre lecture Sandersonnienne, l'intégrale de Légion. C'est une histoire qui me faisait de l'oeil depuis bien longtemps et je suis ravie de pouvoir enfin la lire.

Les Nombreuses vies de Stephen Leeds, Légion, Intégrale, Brandon Sanderson

Editeur ; Le livre de poche
Collection : fantasy
Année de parution : 2020
Titre en VO : The Many Lives of Stephen Leeds
Année de parution : 2018
Nombre de pages : 505

A lire si 
- Vous aimez les personnages atypiques
- vous voulez des enquêtes un peu à la Sherlock Holmes.

A ne pas lire si :
- vous n'aimez pas le format novella

Présentation de l'éditeur :

« Je m’appelle Stephen Leeds et je suis parfaitement sain d’esprit. Mes hallucinations, en revanche, sont complétement cinglées. »

Stephen Leeds, surnommé Légion, est un être multiple : très intelligent, il peut apprendre n’importe quoi en très peu de temps, mais extériorise tous ses savoirs sous forme d’hallucinations, qui sont autant d’aspects de lui-même. Il vit reclus dans une grande maison, entouré de ces nombreuses entités hallucinatoires, toutes dotées de compétences hautement spécialisées. Il est riche, car il loue ses services à qui peut se les payer.

Mon avis

Comme je le disais, ça faisait un petit moment que j'avais envie de lire l'histoire de Légion. Bon, déjà parce que c'est un Sanderson, mais surtout que j'avais très envie de voir comment il allait faire d'un personnage souffrant d'un trouble de la personnalité comme la schizophrénie (salut le mot que je ne vais écrire qu'une fois parce que je sais pas l'écrire). 

Si vous êtes amateur de Marvel, vous devez déjà connaitre un Légion. Dans l'univers des X-men, les multiples personnalités du mutant possède chacune un de ses pouvoirs. Il ne peut donc les utiliser que s'il est investi par la personnalité les possédant. Dans l'idée, c'est un peu la même chose pour Stephen Leeds, le monsieur Légion de Sanderson. Chacune de ses personnalités (une bonne cinquantaine) possède un domaine de compétence. Sauf que lui n'est pas investit par elle. Non, il les imagine comme des personnes bien réelles, avec qui il communique et interagit. Il s'est parfaitement qu'elles ne sont pas réelles, cela ne l'empêche pas de le faire. Ce qui amène parfois à des situations assez étranges, quand des personnes réelles se trouvent dans la même pièce que lui par exemple. Mais attention, d'après lui, Stephen n'est pas fou (il explique plusieurs fois pourquoi) et sa schizophrénie semble être un "syndrome" allant avec une mémoire absolue et une grande capacité d'absorption des connaissances. En gros, Stephen est un génie qui compartimente ses connaissances en plusieurs aspects. Et grâce à ça, il loue ses services comme détective à qui peut se le permettre. 

C'est ainsi d'ailleurs que les trois novellas de l'intégrale s'articule autour d'une enquête. Dans la première, lui et ses aspects partent à la recherche d'un ingénieur et de son appareil photo révolutionnaire, capable de montrer le passé. Dans la seconde, c'est une histoire encore plus SF, où ils partent à la recherche d'un corps contenant des données des plus importantes. La troisième par contre est un peu plus personnelle pour Stephen et ne peut pas vraiment être lu sans les deux précédentes pour comprendre la psychologie de Leeds durant celle-ci. Car finalement, c'est surtout autour de lui et de son mental qu'on va se concentrer. Et c'est l'aspect que j'apprécie particulièrement. Je ne dis pas que les enquêtes ne sont pas interessantes, loin de là. J'ai adoré les suivre, surtout qu'elles ont chacune des sujets que j'apprécie assez, science, technologie et éthique. 

Mais avouons que les personnages restent le plus interessant. J'aime le traitement des aspects/hallucinations de Stephen. Je trouve ça plutôt bien foutu et intelligent. Les aspects ont réellement une personnalité bien différente chacun. J'ai adoré découvrir Ivy, Tobias, J.C., et les autres. Ils ont chacun un rôle bien défini, le remplisse parfaitement et interagisse de manière presque naturelle avec leur environnement (si celui-ci fait semblant de les voir et d'interagir avec eux). La plupart d'entre eux savent parfaitement qu'ils ne sont pas vraiment réels et pourtant, ils ont des familles, vivent leurs petites vies, partent en vacances etc... comme vous et moi. Tout cela semble parfaitement clair dans la tête de Stephen et plus particulièrement depuis Sandra. Or Sandra est un personnage dont nous ne savons quasiment rien si ce n'est qu'elle a aidé Stephen (et qu'il en est peut-être amoureux vu dont il en parle) durant les deux premières novellas. Elle est là, prend énormément de place (plus que les aspects parfois) mais on ne sait rien d'elle. Autant dire que son arrivée dans la troisième novella nous permet de mieux comprendre Stephen et ce qu'il se passe. Et puis, il y a Stephen, sa manière de voir le monde, à la fois réel et imaginaire, à s'intégrer au réel. Il ne voit pas forcément le monde comme une personne typique et ça fait un peu tout le sel de l'histoire. 

Je ne voudrais pas trop en dire pour ne pas spoiler les trois novellas et surtout la dernière. Du coup, je vais m'arrêter là. Mais si vous aimez les enquêtes policières bien menées, les personnages un peu particulier (les aspects ont une personnalité bien définis dont ils ne sortent jamais (ou presque), ainsi JC, par exemple est le marine de base comme on peut se l'imaginer), les dialoguent bien sentis, l'humour et une autre manière de voir les troubles de la personnalité (ici, ça aide le protagoniste, en faisant une sorte de super-héros), lisez cette intégrale (ou même juste une des novellas)(mais pas la dernières, les Illusions Dangereuses qui a besoin des deux autres pour moi). 

lundi 11 janvier 2021

Vengeresse, Alastair Reynolds

Je crois l'avoir déjà dit, j'aime la Science Fiction mais n'en lit pas assez. La faute à un genre pas toujours apprécié, avec trop de sous-genre et surtout peu d'avis dessus. Ma culture en la matière est bien moindre qu'en fantasy et je le regrette un peu. Bref, cette année, je vais essayer d'en lire un peu plus et on commence avec ce roman d'Alastair Reynolds, auteur britannique plutôt connu.

Vengeresse, Alastair Reynolds

Editeur : Bragelonne
Colleciton : science-fiction
Année de parution : 2018
Titre en VO : Revenger
Année de parution en VO :2016
Format : AZW

A lire si :
- Vous aimez les chasses aux trésors
- Vous aimez les histoires de pirates

A ne pas lire si :
- Vous voulez plusieurs intrigues

Présentation de l'éditeur : 

Le système solaire a été témoin de l’ascension et de la chute des grands empires. Les planètes ont volé en éclats avant d’être refaçonnées. Pourtant, parmi les ruines des civilisations extraterrestres, l’humanité a survécu. Et la fortune est à portée de main, si on sait où chercher...
C’est le cas du capitaine Rackamore et de son équipage. Leur spécialité consiste à localiser les mondes énigmatiques qui se cachent derrière des champs de force truffés de pièges, et à en extraire les reliques et les technologies oubliées qui y perdurent. Mais tandis qu’ils exercent ces dangereuses activités de façon la plus honnête possible, d’autres ont moins de scrupules.
Adrana et Fura Ness sont les dernières recrues de l’équipage de Rackamore, enrôlées pour sauver leur famille de la faillite. Or Rackamore a des ennemis, et, aux confins de l’espace, les deux sœurs doivent s’attendre à tout. En particulier à la légendaire pirate, Bosa Sennen...
Des ténèbres d’un avenir lointain et des débris de notre système solaire nous parvient ce récit de pirates de l’espace et de trésors enfouis, de dangers indicibles et d’héroïsme résolu. Et celui d’une redoutable vengeance...

Mon avis

J'ai pris le roman pour sa couverture et parce qu'il n'était pas cher (coucou les opérations Bragelonne). J'ai à peine lu sa quatrième de couverture (qui raconte juste la première partie du livre hein...). Vous me direz, ça m'arrive pour environ 80% des bouquins que je lis. Bref, tout ça pour dire qu'au vu de la couverture (je suis clairement fan du voilier spatial dessus), je m'attendais à du bon vieux space-opera (enfin vieux, pas tant que ça, le roman est sorti en 2016 en VO). Et je n'ai pas été déçue sur ce point.

Il y a pas mal de chose à dire sur ce Vengeresse. D'abord, j'ai beaucoup aimé l'univers. On se retrouve dans ce qui pourrait être un futur très très lointain où les empires ont vécu, chuté et ainsi de suite durant plusieurs périodes nommées "occupations". Dans ce gros fatras, l'humanité a réussi à tirer à peut près son épingle du jeu, continuant à exister. Les humains parcourent l'espace à la recherche de richesses dans les ruines des mondes extraterrestres. La chasse aux écrins est ouverte et plusieurs équipages se partagent l'espace à leur recherche. Oui, oui, nous partons sur une sorte de chasse au trésor plutôt sympathique dans l'espace où les trésors sont des technologies oubliées (et parfois dangereuses) que l'ont trouve dans les tombeaux des mondes passés. Et comme dans toute chasse au trésor, nous avons aussi des pirates. Ici, il s'agit d'une pirate surtout qui sévit depuis bien trop longtemps. Bosa Sennen et son voilier sont devenus des légendes et tout le monde la craint. 

C'est donc dans cet univers que nous faisons la connaissance de Fura Ness et de sa sœur Adrana. Les deux jeunes femmes ont fuit leur monde, se sont engagées sur la Monetta du capitaine Rackamore en tant qu'oracles et découvrent tranquillement la vie à bord. Tout se passe pour le mieux jusqu'à ce que leur route croise celle de Bosa. La pirate tue quasiment tout le monde, enlève Adrana et laisse Fura sur une Monetta dans un sale état. Commence alors pour la jeune femme une nouvelle quête, retrouver sa sœur et venger son équipage. C'est un personnage que j'ai assez apprécié. D'ailleurs, il valait mieux, puisqu'elle est la narratrice du récit. J'ai aimé la voir évoluer, la voir devenir, non pas plus forte, mais plus déterminée. Fura vit un sacré paquet d'épreuve et garde toujours en tête son objectif premier. J'ai aussi apprécié la voir "se perdre" elle-même. Elle passe de la gentille fille à une femme déterminée qui sait ce qu'elle veut. Elle prend aussi petit à petit les manières des personnes à bord des vaisseaux, chose qui se mélange parfois un peu mal avec son éducation. Bref, Fura, c'est le genre d'héroïne que j'aime assez. Côté perso secondaire, par contre, je trouve dommage qu'ils me semblent tous pour le moins interchangeable, à part pour Prozor et Adrana. Quant à Bosa, nous ne la voyons finalement pas beaucoup mais son aura hante quasiment tout le roman et en fait un personnage particulier.

Par contre, je trouve intéressant de n'avoir que le point de vue de Fura. Même si du coup, elle ne s'appesantit pas sur certain point, nous restons sur une seul intrigue. Il n'y a quasiment pas de sous-intrigue dans le roman. Cela donne un roman qui se lit rapidement et sans le moindre a coup (après la Neuvième Maison, ses intrigues et ses flashbacks à foison, ça fait du bien en fait). L'auteur a d'ailleurs un style assez direct, sans fioriture qui passe nikel avec ce qu'il raconte. La seule difficulté (et encore), c'est d'entrer dans l'univers directement, et de ne pas toujours comprendre de suite de quoi on parle.

J'ai pas mal apprécié ma lecture. Forcément, j'ai apprécié Fura mais surtout j'ai bien aimé les thèmes que l'on peut retrouver dans le roman. C'est un vrai roman d'aventure SF, avec quête initiatique, émancipation et vengeance avec un univers foisonnant. D'ailleurs, si j'ai aimé ma lecture, l'auteur a aimé l'écriture. Ce qui aurait du être un simple One-shot (quoique vu la fin, j'en doutais un peu avant de trouver l'info) est en fait une trilogie et je dois bien dire que j'ai mis la suite (en VO) dans ma wishlist.



dimanche 10 janvier 2021

La Neuvième Maison, Leigh Bardugo

 Avant toute chose, je tenais à remercier les éditions de Saxus pour m'avoir permis de gagner ce roman et surtout pour le boulot qu'elles font depuis un moment. D'ailleurs, si je n'avais pas gagné le dit roman, je ne l'aurais peut-être pas lu. J'avoue qu'il ne me disait pas grand chose de spécial à la base et qu'il n'a pas fait parti des sorties remarquables pour moi de la maison de Saxus. Disons qu'il ne faisait pas parti de mes priorités jusque là.

La Neuvième Maison, Leigh Bardugo

Editeur : De Saxus
Collection : 
Année de parution : 2020
Titre en VO :  Ninth house
Année de parution en VO : 2019
nombre de pages : 525

A lire si 
- Vous aimez le surnaturel
-Vous aimez les héroïnes qui n'en sont pas vraiment
- Vous aimez les secrets

A ne pas lire si ;
- Vous n'aimez pas les nombreux flashbacks
- Vous voulez que ça bouge de suite

Présentation de l'éditeur :

Alex "Galaxy" Stern a vécu une adolescence chaotique. Elévée à Los Angeles par une mère hippie, elle a abandonnée l'école très jeune pour se retrouver dans un monde sombre, violent et sans avenir.
A 20 ans, elle est la seule survivante d'un horrible massacre inexpliqué, et c'est sur son lit d'hôpital qu'elle se voit offrir une seconde chance : rejoindre la prestigieuse université Yale en intégrant la maison Léthé. Cette entité, appelée la Neuvième Maison, surveille les huit sociétés secrètes de Yale ; ces dernières forment les futurs décideurs ainsi que les personnes influentes et pratiquent la marine sous différentes formes, bien souvent sinistres et dangereuses. 
Alex a été choisie, car elle possède un pouvoir rare et mystérieux, elle peut voir les fantômes. Alors que son mentor a disparu, elle va devoir enquêter sur le meurtre d'une jeune fille. Ce qu'elle va découvrir va bien au delà de l'horreur...

Mon avis

Comme je le disais, la Neuvième Maison ne faisait pas partie des sorties remarquables de la maison d'édition pour moi. Sa quatrième de couverture ne me disait pas grand chose, et j'avais vu des avis assez mitigé dessus. Il faut dire que Leigh Bardugo, son autrice, a une sacrée réputation dans le domaine Young Adult avec le Grishaverse et son passage a quelque chose de plus adulte était attendue. N'ayant lu que Six of Crow de l'autrice, et l'ayant vraiment beaucoup aimé, j'avais peut-être un peu peur de ne pas apprécier. J'ai donc fait en sorte d'oublier ce que j'avais lu dans les critiques et je me suis lancée.

Le prologue m'a de suite plu. Il a ce côté mystérieux qui donne envie de lire la suite. Il permet aussi de commencer à mettre en place l'univers du Léthé sans trop en dire non plus. En quelques pages, j'étais prise au piège, je voulais savoir comment Alex Stern était arrivée dans le Clapier, ce qui l'avait mordu, pourquoi et comment elle allait bien pouvoir se sortir du bordel où elle semblait être. Autant dire qu'en quelques pages, Leigh Bardugo a réussi à m'attraper dans ses filets et me faire passer du début du printemps à l'hiver et l'automne précédent à la découverte de Yale, de ses sociétés secrètes et de la magie qui entoure le camps et la ville.

Yale est connu dans le monde entier comme étant l'une des meilleures universités des Etats-Unis. Elle est connue pour avoir eu sur ses bancs des présidents, des personnalités politiques, culturelles, scientifiques et j'en passe. Elle est aussi connu pour ses sociétés secrètes estudiantines (qui ne le sont plus tant que ça), comme la Bones and Skulls (surement la plus connue) ou encore la Scroll and Key... Ces sociétés secrètes, dans le roman, usent de la magie pour gouverner le monde dans l'ombre. La Bones and Skulls pratique par exemple la divination dans les entrailles humaines, Book and Snake la nécromancie, le Manuscrit la magie des miroirs et des glamours... Afin de préserver leur secret mais aussi la tranquilité du monde qui les entoure, une neuvième maison a été crée, le Léthé. Elle a pour mission de surveiller l'utilisation de la magie et de protéger les huit maisons du Voile. Une mission dont elle s'acquitte sans trop de mal depuis pas mal d'année. C'est dans cet univers que nous entrons de pleins pieds avec Alex Stern, jeune femme au passé trouble et à la capacité de voir les fantômes. Un univers sombre, mystérieux et violent. Alors qu'elle tente de s'accrocher à la seconde chance que lui a offert le doyen Sandow, elle doit faire face à la disparition inquiétante de son mentor, Darlington, et au meurtre d'une fille de la ville, Tara. 

J'ai beaucoup aimé l'univers du roman. Je pense que vous me connaissez assez pour savoir qu'une histoire avec des sociétés secrètes usant de magie interdites ne peut que me plaire. C'est effectivement le cas. J'ai beaucoup aimé la manière dont Bardugo se sert des sociétés (qui existent réellement), leur insuffle la magie et surtout utilise les diverses rumeurs qui ont pu courir sur elles depuis leur création. J'ai eu l'occasion de me pencher un peu sur la Skull and Bones il y a quelques temps de ça (la faute à un reportage sur Arte parlant d'une de leur île) et autant dire qu'il court autant de rumeurs sur elle que sur les loges franc maçonnique (j'ai un faible pour les sociétés secrètes, je l'avoue). Mais surtout, j'ai adoré l'ambiance que tout cela donne à Yale et à New Haven. La vie étudiante y gagne un petit quelque chose de plus. On y retrouve tout ce que l'on peut imaginer qu'un jeune américain pourrait y vivre, tout ce que les films nous ont montrés, avec une touche de morbide, de violence assez glaçante au final. Surtout que l'autrice a tendance à aller dans les coins sombre, à montrer le pire de ce que l'humain peut faire. 

Alex Stern, malgré ce qu'elle pense, parait plus qu'à sa place dans le Yale que son autrice nous montre. La jeune femme est détruite depuis bien longtemps. Sa capacité à voir les morts la mené au fond du trou depuis bien longtemps. Son ancienne vie à Los Angeles n'a fait que la noyer dedans un peu plus. Elle a envie de se fondre dans Yale, de devenir la parfaite petite étudiante. Une image qu'elle entretient durant une bonne partie du roman, la première. Alex essaie de se plier à ce qu'elle veut être et ça malgré ce qu'il se passe autour d'elle. Cela se ressent dans la lecture. Entre la présentation, assez longue de l'univers, des maisons et de ce dont elles sont capable, Alex semble aussi perdue que nous. Elle est noyée dans tout ça, se laisse aller d'un côté et de l'autre. Cette première partie en devient parfois un peu trop lente, trop descriptive, Alex trop transparente à mon gout. Seul les chapitres de Darlington m'ont semblé avoir beaucoup d'importance. C'est un personnage qui j'ai apprécié même si nous ne le voyons pas assez et que très souvent, nous sommes confrontés au souvenir qu'Alex a de lui. Mais à partir du moment où la jeune femme commence à écorcher l'image qu'elle veut faire d'elle, où elle redevient l'ancienne Alex, le roman prend un autre tournant. Tout s'accélèrent afin d'arriver au final (que je n'ai pas totalement vu venir d'ailleurs).

Enfin, un petit mot sur le style de l'autrice. Si vous détestez les flashbacks, les digressions et autres, passez votre chemin. Leigh Bardugo aime en user, et parfois en abuser. Cela peut clairement rebuter les lecteurs. Personnellement, je trouve que ça le charme du roman et que tout est plutôt bien amené. C'est d'ailleurs quelque chose que j'avais déjà remarqué chez elle en lisant Six of Crows. Ici, c'est peut-être un peu plus présent, surtout quand on sait qu'elle revient déjà dans le passé (récent) avec les chapitres de Darlington et qu'elle le fait aussi durant les chapitres d'Alex pour approfondir l'histoire de la jeune femme.

Au final, j'ai apprécié ma lecture. Vraiment. Et au vu de sa fin, j'ai très très hâte de pouvoir lire la suite (j'espère qu'il y aura une suite, il faut qu'il y est une suite). J'ai beaucoup aimé que le roman prenne son temps, qu'il nous livre ses secrets petit à petit. J'ai adoré le mélange du fantastique avec le thriller (même si j'aurais peut-être voulu un peu plus de thriller parfois). Ce fut vraiment une bonne lecture. 

samedi 2 janvier 2021

Le cartographe des Indes Boréales, Olivier Truc

Avant tout, Bonne Année à vous. Tous mes voeux de bonheurs, qu'ils soient littéraire ou non.

Ce titre me faisait envie depuis un moment. J'adore sa couverture et son résumé me semblait fort prometteur. J'ai pourtant mis un moment à me plonger dedans et un encore plus grand pour y entrer. Autant dire que mon dernier livre de 2020, premier de 2021 n'aura pas été un franc succès. Mais pas un échec non plus.

Le cartographe des Indes Boréales, Olivier Truc

Editeur : Points
Collection :
Année de parution :2020
Nombre de pages : 744

A lire si :
- Vous aimez les grandes fresques se passant sur plusieurs années
- Vous aimez les grands espaces

A ne pas lire si :
- Vous voulez un récit qui se met en place rapidement.

Présentation de l'éditeur : 

A l'image de son père, Izko rêve de chasser la baleine dans les eaux glacées des confins du monde. Pourtant, un autre destin l'attend : il devient l'espion de Richelieu. Du pays Basque à la mystérieuse Laponie, d la bouillonnante Amsterdam à la cité maudite de Pitea, le jeune homme affronte les rivalités politiques et économiques de son siècles. Il va se frôler à la mort, endurer le cachot et la torture, pour découvrir le secret de ses parents, sonder sa propre culpabilité et enfin choisir son camps.

Mon avis

Je me suis lancée plutôt contente dans ma lecture, commençant le récit en 1628 avec un jeune Izko de treize ans sur les quais de Stockholm, attendant que le Vasa prenne la mer. Or, le dit Vasa ne la prendra jamais. Il coulera avant cela (et j'ai eu la chance de pouvoir le voir lors de mon séjour d'une semaine dans la capitale suédoise alors que j'avais 17 ans)(une ville que je rêve depuis de retrouver ne serait-ce que quelques jours). Une jeune femme réussira à se sortir de la catastrophe et donnera naissance à son fils sur les quais avec l'aide d'Izko avant de s'enfuir. Cette femme, une lapone, va devenir l'obsession du garçon, persuadé qu'elle lui a lancé un mauvais sort. A partir de ce jour, la vie du jeune basque va changer à jamais. De retour dans son pays, il deviendra un des hommes de main de Pierre de Lancre, juges au parlement à Bordeaux. Celui-ci en fera un cartographe de renom (après l'avoir envoyé au Portugal où Izko connaitra son premier cachot et pas le dernier) mais surtout son espion auprès de la Suède, menaçant les parents du jeune homme s'il n'obéit pas. C'est ainsi qu'il finit par repartir en Suède, profitant de l'occasion pour rechercher la Vierge Verte du Vasa et partir en Laponie. 

C'est énervant quand même. Ce roman avait beaucoup de chose pour lui. Les grandes étendues de Laponie, des intrigues à la fois politique, religieuse et économique, de la "magie", un héros malgré lui... Autant dire qu'il aurait du me plaire. Mais, si j'ai été happé par les deux premiers chapitres, je me suis ensuite retrouvé à ramer méchamment jusqu'à arrivé vers les années 1641 et presque le second tiers du roman. Autant dire que ça fait quand même beaucoup. Olivier Truc prend son temps durant le premier tiers. Et en même temps, il va trop vite. Je ne sais pas comment expliquer ça. Disons que les chapitres s'enchainent sans avoir toujours un lien entre eux, nous brinquebalant dans l'histoire de son protagoniste sans nous donner plus d'explication que ça. J'ai été un peu perdue durant un moment, ne sachant pas vraiment où je me trouvais ni où j'allais. De plus, faut bien avouer qu'avant qu'il ne débarque en Laponie, la vie d'Izko n'est pas des plus passionnantes (enfin, si on veut, il lui arrive tout de même deux trois trucs assez particulier). Mais surtout, je ne voyais pas où l'auteur me menait. Et ça, ça m'a encore plus perturbé. Je n'aime pas ça, ne pas comprendre rapidement le coeur d'une histoire. Heureusement pour moi, une fois arrivée en Laponie, j'ai fini par comprendre et par accrocher. Peut-être aussi parce que les personnages prennent plus d'importance, qu'on comprend mieux les enjeux de la conquête lapone par les suédois. Qu'enfin deux civilisations tellement différentes entre en collision, que la religion fait réellement sa grande entrée et ne se résume plus à catholique contre protestant (bien que finalement, ça reste un peu ça jusqu'à la fin). A partir de là, j'ai vraiment pris plaisir à lire le roman même si j'ai eu encore du mal avec le découpage de l'auteur (non vraiment, ces hiatus dans le temps et l'espace ne m'ont pas aidé du tout).

Mais il n'y a pas eu que ça qui m'a dérangé. J'ai eu du mal avec Izko, souvent trop froid, trop lointain. Les personnages secondaires m'ont parfois parut totalement transparent tant il est obsédé par les lapons, Darja, la femme du Vasa, puis son fils et sa descendance. C'est assez dommage, surtout qu'on va rencontrer beaucoup de monde. Même l'antagoniste principal perd de sa saveur dans tout cela (alors qu'on avait un pasteur totalement dévoué à sa cause qu'elle finit par le rendre lui aussi totalement obsédé et en fait un inquisiteur qui n'aurait pas dépareillé avec ceux d'Espagne tel qu'on nous les dépeint). Pourtant, il y avait à faire d'après moi. Disons qu'à vouloir peintre l'Histoire de la Laponie et de l'époque elle-même, on a perdu un peu de l'humanité des personnages. 

Par contre, autant le dire, j'ai adoré l'aspect religieux/spirituel du roman. Il faut dire que la Vierge Marie a une place prépondérante dans le roman, étant la "source de discorde" entre luthérien et catholique (pour faire simple, pour les protestants, l'Immaculée conception n'existe pas, tout comme Marie ne serait pas directement monté au ciel. Pour eux, elle ne devrait pas être élevé au rang d'idole comme l'on fait les catholiques)(en gros, donc, je ne me suis jamais vraiment penchée sur ça). Or, la Laponie aurait été d'abord visité par les catholiques et certains rites des chamans lapons pourraient ressembler à un culte à Marie. Même si je trouve parfois le parallèle un peu trop utile pour l'auteur (et que je doute du dit parallèle comme il est présenté)(après, c'est une question de croyance, et je ne vais pas m'attarder la-dessus), c'est plutôt bien utilisé et c'est vraiment la partie qui m'a le plus intéressé dans ma lecture. 

Au final, j'ai été assez déçu par ma lecture qui n'a pas été à la hauteur de ce à quoi je m'attendais. C'est une fresque historique plutôt sympathique, qui se base sur des faits et des personnages réels. Mais le style de l'auteur ne m'a pas convaincu. Le roman est un peu trop long pour moi, parfois trop brouillon aussi. Dommage parce que j'ai tout de même fort apprécié une bonne moitié de celui-ci et que la découverte de la Laponie du 17° siècle fut bien sympathique.