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lundi 1 avril 2019

D'Après une histoire vraie, Delphine de Vigan

Cela fait un petit moment que ce livre est dans ma PAL, il était temps que le hasard l'en fasse sortir et que je me replonge dans les mots de Delphine de Vigan, autrice que j'apprécie beaucoup.

D'Après une histoire vraie, Delphine de Vigan

Editeur : Le livre de poche
Collection : /
Année de parution : 2017
Nombre de pages : 380

A lire si : 
- Vous aimez quand les genres se mélangent.
- Vous aimez quand c'est étrange mais pas trop quand même

A ne pas lire si : 
- Vous voulez quelque chose d'original dans la forme

Présentation de l'éditeur : 

"Ce livre est le récit de ma rencontre avec L. L. est le cauchemar de tout écrivain. Ou plutôt le genre de personne qu'un écrivain ne devrait jamais croiser."
Dans ce roman aux allures de thriller psychologique, Delphine de Vigan s'aventure en équilibriste sur la ligne de crête qui sépare le réel de la fiction. Ce livre est aussi une plongée au cœur d'une époque fascinée par le Vrai.

Mon avis

Rien ne s'oppose à la nuit, le roman paru avant celui-ci, a été un coup d'éclat pour son autrice. Elle se faisait connaitre suite à l'histoire de sa mère, à la quête de vérité pour une femme qu'elle a toujours connu mais qui lui échappait. Le roman a été un succès. Mais que se passe-t-il après avoir écrit un tel livre pour l'autrice ? D'après une histoire vraie va tenter de répondre à cette question, tout en abordant un thème peut-être aussi intime que celui de Rien ne s'oppose à la nuit, celui de la dépression et de la vérité dans la fiction.

Delphine de Vigan nous parle de ce qu'il s'est passé entre les deux romans, et plus particulièrement de sa renconter avec L. Le lecteur ne saurait pas grand chose de L., juste ce que de Vigan veut bien nous en dire. Ou juste ce qu'elle sait elle-même. Alors que l'autrice commence un burn-out suite à la sortie de Rien ne s'oppose à la nuit, elle va rencontrer L. et va rapidement se lier à elle. Petit à petit, L. va prendre de plus en plus de place dans la vie de Delphine (je me permets de ne mettre que son prénom ici en tant que personnage du livre). Et tandis que L. s'installe, Delphine continue son burn-out jusqu'à ne plus pouvoir tenir un stylo dans les mains, ne plus pouvoir écrire une seule ligne. Alors, L. va prendre la place de Delphine pour donner le change, elle va écrire les mails, les articles... à sa place, jusqu'à prendre sa place.

La forme du roman n'est pas vraiment original. L'autrice qui se fait vampiriser par une personne tierce n'est pas nouvelle. On la retrouve dans pas mal de textes ou de films.Le dénouement final n'a rien n'ont plus d'original. On le voit venir de loin et il rappelle grandement celui de la nouvelle Vue imprenable sur jardin secret de Stephen King (qui a inspiré le film Fenêtre Secrète). Une partie fait aussi penser à Misery (que je n'ai toujours pas lu). D'ailleurs, pour les influences, on retrouvera King plusieurs fois, l'une dans un exergue, l'autre dans une liste de titre de livre (Misery pour le premier, Sac d'Os pour le second). Pourtant, on prend un certain plaisir à lire la version de Vigan de cette histoire-là. L'autrice ne tire pas totalement sur le thriller psychologique dans cette histoire. Elle s'en sert pour faire passer son message tout en gardant une partie fiction dans son texte.

C'est d'ailleurs tout le message du texte, comment user de la réalité et de la fiction dans un roman, comment mélanger les deux. Ou se trouve finalement la frontière. Et sur ce point, de Vigan réussit parfaitement. La forme du roman, son intrigue, se prête parfaitement au propos. Et ça, du début à la toute fin du roman. Effectivement, elle se questionne et questionne en même temps le lecteur sur la place du réel et de la fiction dans le livre. Qu'est-ce que le lecteur attend vraiment, qu'est-ce qu'il aime, peut-on le duper facilement ? Et bien, je vous laisse lire le livre pour découvrir ce qu'en pense finalement l'autrice.

Le thème de la depression est aussi abordé de manière très douce finalement. Il fait parti intégrante de l'histoire (à tel point qu'on se demande si oui ou non, Delphine de Vigan a fait un burn-out suite à Rien ne s'oppose)(et du coup, elle a réussi son coup puisqu'on s'interroge sur le réel dans le récit). C'est la partie peut-être la plus intime du récit du roman, celle qui touche un peu plus à la psychologie de l'auteur et à tout ce qui peut tourner autour. Et à partir de là, on peut rapidement se poser la question de la schizophrénie de l'écrivain. Et si L. était en fait Delphine ? Cette partie n'est pas non plus nouvelle mais elle a le mérite d'être traité ici à la manière de son autrice.

Au final, j'ai apprécié cette nouvelle incursion dans l'oeuvre de Delphine de Vigan. J'ai aimé me prendre au jeu, découvrir les effets de réels comme ceux de fiction et suivre son raisonnement sous couvert de roman. J'ai aussi apprécié qu'elle s'attaque à un genre qui n'est pas forcément le sien et qu'elle le fasse à sa manière, sans trop chambouler son lecteur. Je vous le recommande si vous vous poser des questions sur toutes les questions d'effet de réel dans une fiction.

vendredi 7 décembre 2018

Un soir de Décembre, Delphine de Vigan

Parfois, j'ai des idées un peu connes. Comme vouloir lire ce bouquin forcément en décembre. Ben oui, vu le titre, je voulais faire ça en décembre. Mais j'ai zappé l'année dernière. Du coup, il est resté un an dans ma PAL juste pour le lire à ce que je considère le bon moment. Alors qu'en fait, ben j'aurais pu le lire à n'importe quel moment de l'année, ce livre.

Un soir de Décembre, Delphine de Vigan

Editeur : Points
Collection : /
Année de parution : 2007
Nombre de pages : 195

A lire si : 
- Vous voulez une lecture assez courte
- Vous connaissez et appréciez l'écriture de l'autrice

A ne pas lire si : 
- Vous n'aimez pas rester à l'écart

Présentation de l'éditeur : 

Quarante-cinq ans, une femme, deux enfants, une vie confortable, et soudain l’envie d’écrire, le premier roman, le succès, les lettres d’admirateurs… Parmi ces lettres, celles de Sara, empreintes d’une passion ancienne qu’il croyait avoir oubliée. Et qui va tout bouleverser. Au creux du désir, l’écriture suit la trajectoire de la mémoire, violente, instinctive et trompeuse.

Mon avis

Voilà un roman dont je vais avoir du mal à parler, je crois. Déjà parce que j'écris l'avis avant d'avoir rempli le "à lire si/à ne pas lire si". Ce n'est jamais bon signe. Ça veut dire que je n'ai pas la moindre idée de si j'ai aimé ou pas le livre. Et effectivement, je sors un peu dubitative de ma lecture. Et je vous explique pourquoi.

J'aime l'écriture de Delphine de Vigan. Je le dis à chacun de ses romans et je les ai presque tous lu. C'est une autrice que je connais donc "bien", avec laquelle je me sens bien en tant que lectrice. Je sais à quoi m'attendre avec elle. Du coup, je pars en terrain conquis, sachant que forcément, je vais apprécier au moins l'écriture. Et ça ne rate pas. J'aime la poésie des phrases de de Vigan. J'aime la manière dont elle agence les mots, dont les sonorités me parviennent. L'histoire pourrait n'avoir ni queue ni tête que j'aimerais quand même la manière dont elle est écrite.  Bon, heureusement, l'histoire a un sens, hein.

Mais elle ne m'a pas tant touché que ça, cette histoire. Nous suivons Matthieu, écrivain qui vient de publier son premier roman et qui se retrouve bloqué pour écrire le second. Un syndrome de la page blanche qui ne le perturbe pas tant que ça. Il a un bon job, une vie de famille tranquille et confortable. Que demander de plus ? Sauf que tout va changer rapidement. Une lettre et voilà notre écrivain qui se remet à écrire. Et surtout, il revit une passion d'il y a dix ans qu'il pensait fini. Sauf que... Sauf que je n'ai pas réussi à ne serait-ce qu'apprécier un peu Matthieu. J'ai eu l'impression de rester sur le pas de la porte sans jamais réussir à entrer dans l'histoire. Et pour tout dire, je crois que ça vient aussi de la manière d'écrire de l'autrice.

Pourtant, il y a des moments où j'ai réussi à entrer dans l'histoire. Quatre pour être précise. A chaque lettre de Sara. Parce que le texte s'adresse autant à Matthieu qu'au lecteur. Il n'y a pas la distance que met la narration à la troisième personne ici. Sara se livre, livre son histoire. On est loin des rapports froids que l'on trouve dans la partie Matthieu. Du coup, c'est un peu dommage que ça ne prenne pas le tiers du roman.

Parce que la romance qu'on trouve, enfin, si je peux appeler ça romance, est tout de même bien foutu. La fin de l'histoire entre Matthieu et sa femme aussi. J'ai particulièrement apprécié aussi le parallèle que l'autrice crée entre l'écriture et les deux histoires d'amour de son personnage. Ca peut paraitre un peu gros, mais ça fonctionne pas mal. Avec le retour de la passion pour Sara, Matthieu se remet à écrire. A tel point, qu'obsédé par son nouveau roman, il en oublie sa femme, la trompe finalement avec son manuscrit (en gros hein). Cela devient si pesant pour Elise qu'elle finira par partir avec les gamins, le laissant seul avec son fantasme (il ne cherchera finalement pas à voir Sara) et son roman.

Et puis, il y a cette fin. Matthieu et Elise ne vivent plus ensemble. Et on découvre enfin la dernière lettre de Sara. Cette lettre m'a marqué. Parce que quand je parle du fantasme de Matthieu, finalement, je n'en suis pas loin du tout. Et c'est là que j'en arrive à réfléchir à la facilité avec laquelle l'esprit humain peut aller très loin pour pas grand chose au final.

Pour finir, je dirais donc que je ne sais pas trop quoi penser du livre. L'ai-je aimé ? Je crois, oui. Je n'en suis pas sûre. C'est étrange. Je crois qu'il plaira aux amateurs de l'autrice. Peut-être pas aux autres.

mercredi 12 novembre 2014

Les Heures Souterraines, Delphine de Vigan

J'ai mis longtemps à me lancer dans ces Heures Souterraines. Le sujet ne m'étant, malheureusement, pas inconnu et ayant un peu peur de ce que cela ferait ressortir.

Les Heures Souterraines, Delphine de Vigan

Editeur : Le livre de Poche
Collection : /
Année de parution : 2011 pour cette édition
Nombre de pages : 248

A lire si : 
- Vous voulez découvrir la violence au travail

A ne pas lire si : 
- Vous ne voulez pas de personnages déprimés, qui se laissent aller
- Vous voulez continuer à fermer les yeux.

Présentation de l'éditeur : 

Chaque jour, Mathilde prend la ligne 9, puis la ligne 1, puis le RER D jusqu’au Vert-de-Maisons. Chaque jour, elle effectue les mêmes gestes, emprunte les mêmes couloirs de correspondance, monte dans les mêmes trains. Chaque jour, elle pointe, à la même heure, dans une entreprise où on ne l’attend plus. Car depuis quelques mois, sans que rien n’ait été dit, sans raison objective, Mathilde n’a plus rien à faire. Alors, elle laisse couler les heures. Ces heures dont elle ne parle pas, qu’elle cache à ses amis, à sa famille, ces heures dont elle a honte.

Thibault travaille pour les Urgences Médicales de Paris. Chaque jour, il monte dans sa voiture, se rend aux adresses que le standard lui indique. Dans cette ville qui ne lui épargne rien, il est coincé dans un embouteillage, attend derrière un camion, cherche une place. Ici ou là, chaque jour, des gens l’attendent qui parfois ne verront que lui. Thibault connaît mieux que quiconque les petites maladies et les grands désastres, la vitesse de la ville et l’immense solitude qu’elle abrite.

Mathilde et Thibault ne se connaissent pas. Ils ne sont que deux silhouettes parmi des millions. Deux silhouettes qui pourraient se rencontrer, se percuter, ou seulement se croiser. Un jour de mai. Autour d’eux, la ville se presse, se tend, jamais ne s’arrête. Autour d’eux s’agite un monde privé de douceur.

Les heures souterraines est un roman sur la violence silencieuse. Au cœur d’une ville sans cesse en mouvement, multipliée, où l’on risque de se perdre sans aucun bruit.

Mon avis :

Il est rare que je parle de moi par ici, et encore moins de cette expérience qu'a été mon premier travail, de la souffrance de devoir s'y rendre chaque matin, de celle de devoir faire face alors qu'on en peut plus, qu'on a juste envie de pleurer, de s'enfoncer, de disparaitre. Je savais parfaitement que les Heures Souterraines parlait de cela. Je le savais et je voulais voir si quelqu'un arrivait à mettre des mots sur cela. Je me pose d'ailleurs la question, Delphine de Vigan a-t-elle vécu cela pour en parler de cette manière ?

Mathilde a la quarantaine, trois enfants, un boulot. Elle pourrait être heureuse, elle l'a déjà été. Mais voilà, depuis huit mois, quelque chose s'est brisé et elle avec. Huit mois plus tôt, à cause d'une remarque, d'un fait insignifiant à la base, son chef l'a prise en grippe, pire, il semble avoir décidé de la détruire. Et petit à petit il y arrive. Ce 20 mai, journée que nous allons suivre du début à la fin, Mathilde est à bout, elle découvre qu'on la placardé dans le bureau sans fenêtre à côté des toilettes, aux murs si fin qu'elle entend ce qu'il se passe dedans, sans poste de travail, sans rien. Une dernière humiliation, une de plus. Thibault doit avoir le même âge, sans enfant, un boulot. IL vient de quitter sa copine, qui ne l'a jamais aimé. Toute la journée, il voit la détresse des hommes et des femmes, il est médecin urgentiste. Il soigne les autres sans être capable de se soigner lui.

Je vais commencer par Thibault, qui prend le moins de place dans le roman mais qui nous permet déjà de voir tout ce que l'humain peut endurer, souffrir. En tant que médecin, il voit de tout, des malades, des gens pressés, des personnes qui craquent, qui ne tiennent plus. Il est témoin de tout cela, fait en sorte d'arranger les choses comme il peut. Pourtant, lui aussi va mal mais lui, personne ne peut l'aider. Je dois avouer que sa partie m'a un peu moins touché, parce qu'en fait, Mathilde, sa souffrance, prend tellement de place que l'histoire de Thibault semble anecdotique. Elle ne l'est pourtant pas. Parce que cette souffrance ordinaire existe et pourtant peu la voit.

Mais voilà, pour moi, l'histoire de Mathilde a des relents de déjà vécu et forcément m'a beaucoup plus touché. Parce qu'on a beau se dire que ça n'arrive qu'aux autres, ce n'est pas vrai, et surtout que cette descente aux enfers peut arriver à n'importe quel moment, pour un rien, trop souvent. Delphine de Vigan va nous décrire ce monde impitoyable de l'entreprise, celui où tout n'est pas rose et où l'ont peu tomber pour un rien avec justesse, sans tomber dans le voyeurisme, dans le trop, comme elle sait si bien le faire. On ressent toute la détresse de Mathilde sans jamais que cela soit trop, sans que cela soit exagéré. Et tout cela est tellement juste pour moi. Parce qu'il faut voir comment, petit à petit, on en vient à être écartée, réduite à rien, transparente pour les autres qui ne veulent pas se mouiller plus que ça, même si un jour, ils se sont dit nos amis.

Delphine de Vigan a, pour moi, toujours le mot juste lorsqu'il s'agit de parler de la souffrance psychologique que peuvent endurer les gens. Son écriture est fluide, vivante et surtout elle ne tombe pas dans le voyeurisme malsain que ce genre d'histoire pourrait avoir. Elle n'en fait ni trop peu ni pas assez. Et si l'histoire m'a remué les tripes, me faisant me souvenir de moment que j'aurais voulu oublier depuis longtemps, elle m'a aussi rappelé qu'il y a toujours un espoir, quelque part, pour que tout s'arrête et que surtout, il ne faut pas se laisser faire, il faut prendre les devants, combattre.

Au final, j'ai apprécié le livre, même si parfois, j'avais envie de le refermer brutalement parce que je ne voulais pas revivre les trois ans de mon premier boulot, parce que j'avais mal de penser que cela m'était arrivée et que j'aurais pu y rester, d'une façon ou d'une autre. Il décrit vraiment le harcèlement moral que l'on peut subir en entreprise, et dans la vie tout court ainsi que la manière dont on se retrouve perdu suite à cela. C'est un bon livre à ce niveau et il offre une fin plutôt ouverte, ou l'on peut imaginer ce qu'il va advenir après cette journée du 20 mai pour Mathilde et Thibault. Bref, je le recommande à qui veut comprendre tout cela, qui veut bien y jeter un œil et aussi à qui a vécu ce qu'il arrive à Mathilde, pour se dire que nous ne sommes pas seul, qu'il faut que ça s'arrête.

mercredi 9 avril 2014

Les Jolis Garçons, Delphine de Vigan

Lorsque je commence à faire une indigestion de littérature SFFF, je me tourne très rapidement vers les auteurs que j'aime beaucoup en blanche et contemporain. Bref, je me tourne vers Despentes ou De vigan très souvent. Et ce fut Delphine de Vigan qui l'a remporté (puis comme ça, ça me permet de faire descendre ma PAL un peu plus rapidement, les livres étant courts et se lisant vites)

Les Jolis Garçons, Delphine de Vigan

Editeur : Le livre de poche
Collection : /
Année de parution : 2010
Nombre de pages : 149

A lire si :
- Vous connaissez de Vigan et appréciez son style
- Les histoires d'amour vous plaise.

A ne pas lire si :
- Vous aimez les histoires linéaires
- Vous ne voulez pas de schéma répetitif
- Vous voulez être surpris.

Présentation de l'éditeur :

Prenez un homme qui aime les femmes, le corps des femmes surtout. Il a une quarantaine d'années, il est beau mais fatigué. Prenez une femme qui aime les hommes, la peau des hommes mais pas seulement. Elle va avoir trente ans, elle est jolie quand elle y prête attention, parfois on se retourne sur elle, on la dévisage, parfois elle est grise, on ne la voit pas. 
Trois hommes dans la vie d'Emma. Trois rencontres sur des musiques différentes, basses et douloureuses, rieuses et légères, hantées par un même motif : l'illusion. Combien de fois faut-il rejouer la fable pour être capable de s'en défaire ?

Mon avis 

L'idée de départ du livre était intéressante, raconter trois histoires d'amour dans la vie d'une femme. Je m'attendais à des histoires un peu ordinaire avec un élément qui sort de l'ordinaire. Je ne m'attendais pas vraiment à ce que j'ai pu lire. Déjà parce que notre héroïne, Emma Pile ne tombe pas amoureuse de n'importe qui. Les trois hommes sont connus, même très connus pour certain. Du gout, on perd carrément l'ordinaire des histoires, pour en venir à du people. Bon, on se dit tant pis, cela reste tout de même sympa à lire, surtout que le talent de Delphine de Vigan est bien présent.

Mais voilà, la première histoire est brouillonne dans sa conception. On n'y comprend pas grand chose durant un bon moment. Emma parle à un docteur de son premier amour. Pourquoi ? Comment ? Nous ne le saurons que vers la fin. Et bien que l'auteure nous abreuve de bonnes phrases, de moments charmant ou dérangeant comme elle sait si bien le faire, on finit par s'ennuyer de ne pas tout comprendre. De plus, j'ai rapidement compris qui était le grand premier amour d'Emma et du coup, la fin qui se veut chute n'en est plus une. C'est vraiment dommage, parce que le thème de cette histoire-là était, je pense, une très bonne idée mais pas assez exploitée.

La seconde histoire d'Emma est moins brouillonne. Cette fois, l'amour d'Emma, ou du moins celui qui va tomber amoureux d'elle, est un auteur à succès. Elle le rencontre presque par hasard, va vivre avec lui des mois de passion. Mais l'impression de redite arrive très rapidement. Il faut dire qu'Emma n'est pas forcément une jeune femme très inventive et qu'elle a tendance à répéter les mêmes schémas dans sa vie. C'est un peu ce qui la rend finalement plus normale. Sauf que moi, lectrice, je me suis à nouveau ennuyée. Or, cela reste tout de même la nouvelle où le talent de l'auteure se fait le plus fort. 

La troisième histoire d'Emma aurait donc du être mieux. Cette fois, la demoiselle tombe amoureuse d'un animateur télé. Quand je disais qu'on tombait dans le people... Effectivement, cette nouvelle est très people. L'auteure plonge son héroïne dans un univers que peu d'entre nous connaisse, à base de magazines à scandale, d'amour mis en scène et de faux semblant. Si le sujet est une nouvelle interessant, je l'ai encore une fois trouvé mal exploité et la seule scène que je garde en souvenir reste la tirade d'Emma durant l’émission de Milan.

Je reproche vraiment à ces Jolis Garçons de n'être qu'une répétition dans la vie d'Emma. J'aurais voulu vraiment découvrir trois amours différents, et non trois façons de vivre le même amour. A chaque fois, Emma va de bonheur en désillusion de la même manière. Et puis son personnage n'a malheureusement rien d'attachant. Elle est arrivée à me gonfler à vitesse grand V, ce qui n'est pas mal pour elle qui aime aller vite. Les hommes de sa vie sont tous exaspérants et surtout très archétypés. C'est vraiment dommage parce que les histoires sont bourrées de bonnes idées, de bons mots aussi. Mais voilà, cela n'a pas fonctionné autant que voulu avec moi.

Reste l'écriture de Delphine de Vigan, qui permet de relever le niveau du livre. Reste ses phrases percutantes, souvent proche de la réalité dans des histoires qui ne le sont pas vraiment. D'ailleurs, voici quelques citations du livre :

"J'étais pour ma part convaincue d'une chose : par définition l'amour emporte, accapare, renverse, et rien d'autre ne vaut la peine."

 "Je n'étais ni dans l'attente ni dans le désir, j'étais dans l'avant, quand rien n'est encore joué. J'aime ce moment où les mots sont rares, qui ont été prononcés, où le visage de l'autre échappe à la mémoire, où tout semble possible et peut-être rien du tout. De ce peut-être naît parfois le vertige, lorsqu'on ne se méfie plus."

"Nous sommes des enfants du silence, c’est la faim qui nous dévore, et le rêve aussi."

jeudi 16 janvier 2014

Jours sans faim, Delphine de Vigan

J'ai lu ce livre en une soirée, en début de semaine. Je n'avais pas encore pris le temps de venir donner mon avis par ici. Disons qu'il m'a fallu le digérer, parce que ce n'est pas forcément un livre simple sur un sujet qui ne l'est pas non plus.

Jours sans faim, Delphine de Vigan

Editeur : J'ai lu
Collection : /
Année de parution : 2009
Nombre de pages : 125

A lire si :
- Vous voulez vous plonger dans le quotidien d'une anorexie durant ses soins.
- Vous ne voulez pas du pathos

A ne pas lire si :
- Vous voulez voir une descente aux Enfers
- Vous voulez du pathos

 Présentation de l'éditeur : 

C’était quelque chose en dehors d’elle qu’elle ne savait pas nommer. Une énergie silencieuse qui l’aveuglait et régissait ses journées. Une forme de défonce aussi, de destruction.
Cela s’était fait progressivement. Pour en arriver là. Sans qu’elle s’en rende vraiment compte. Sans qu’elle puisse aller contre. Elle se souvient du regard des gens, de la peur dans leurs yeux. Elle se souvient de ce sentiment de puissance, qui repoussait toujours plus loin les limites du jeûne et de la souffrance. Les genoux qui se cognent, des journées entières sans s’asseoir. En manque, le corps vole au-dessus des trottoirs. Plus tard, les chutes dans la rue, dans le métro, et l’insomnie qui accompagne la faim qu’on ne sait plus reconnaître.
Et puis le froid est entré en elle, inimaginable. Ce froid qui lui disait qu’elle était arrivée au bout et qu’il fallait choisir entre vivre ou mourir.
 
Mon avis

J'avais aimé lire No et moi et Rien ne s'oppose à la nuit de l'auteure. Dans rien ne s'oppose, j'avais eu un aperçu de ce que pouvait être Jours sans faim. Cet aperçu m'avait donné envie de lire le bouquin. Alors quand il m'a fallut choisir entre lui ou Les Heures Souterraines dans ma PAL, c'est donc lui que j'ai pris.

Je m'attendais un peu à tout et n'importe quoi. Je pensais bêtement que nous aurions une belle partie sur le pourquoi du comment, sur la descente aux Enfers de l'anorexie, comment ça s'est passé, comment. En fait, j'avais tout faux, ou presque, puisque je savais que l'auteure nous parlerait aussi guérison. Elle nous parle surtout du parcours, long et dur pour sortir de la maladie. 

Et elle fait ça avec talent. Déjà parce que son écriture reste poétique, bien qu'ici, les phrases sont plus rudes, plus courtes. D'ailleurs, le texte est dur en lui-même. L'anorexie n'est pas une chose à prendre à la légère, je rappelle que c'est une vraie maladie, pas juste un effet de mode comme les médias voudraient bien nous le faire croire. Mais c'est aussi un texte d'espoir, puisqu'il parle de rémission. Tout cela est raconté sans tomber dans le pathos, sans en faire des caisses.Que se soit l'histoire de Laure (et donc celle de l'auteure) ou celle des patients du service, elles sont racontées sans fioriture, sans excès, même dans les moments durs.

J'ai vraiment aimé voir tous les sentiments que Laure pouvait ressentir face à sa guérison et face à sa maladie. Ce n'est pas un chemin droit, sans problème. Nous passons de l'envie de guérir au désespoir de perdre le contrôle, de l'envie de faire plaisir à tout le monde à celle de maigrir à nouveau... Et puis, il y a aussi les autres histoires, toutes aussi touchantes, même celle de la bleue à qui j'ai eu envie de mettre une baffe à sa première intervention. J'ai découvert un autre monde avec ce livre, celui de la maladie, de l’hôpital. C'est écrit de mettre juste. Surement parce que Delphine de Vigan a vécu tout cela (ce que j'ai donc appris en lisant Rien ne s'oppose à la nuit).

Je ne sais quoi dire de plus sur le roman. J'ai été touché par celui-ci, très. Trop pour bien en parler peut-être, pour donner un avis plus détaillé. De plus, il est court. Je vous conseille donc de le lire. Je pense que sur ce genre de bouquin il vaut mieux se faire son avis soi-même.

mardi 12 novembre 2013

Rien ne s'oppose à la nuit, Delphine de Vigan

Depuis que j'ai lu No et Moi, j'avais envie d'en découvrir plus sur son auteure. J'avais hésité entre Rien ne s'oppose à la nuit et les Heures Souterraines pour finalement prendre le plus récent des deux, dont l'histoire sur la quatrième de couverture me plaisait un peu plus.

Rien ne s'oppose à la nuit, Delphine de Vigan

Editeur : Le livre de poche
Collection : /
Année de parution : 2013 pour mon édition, 2011 pour l'originale
Nombre de pages : 408  

A lire si :
- Vous aimez les biographies/autobiographies
- Vous aimez pouvoir lire les réfléxions de l'auteur

A ne pas lire si :
- Vous voulez de la pure fiction

Présentation de l'éditeur :

« La douleur de Lucile, ma mère, a fait partie de notre enfance et plus tard de notre vie d’adulte, la douleur de Lucile sans doute nous constitue, ma sœur et moi, mais toute tentative d’explication est vouée à l’échec. L’écriture n’y peut rien, tout au plus me permet-elle de poser les questions et d’interroger la mémoire. La famille de Lucile, la nôtre par conséquent, a suscité tout au long de son histoire de nombreux hypothèses et commentaires. Les gens que j’ai croisés au cours de mes recherches parlent de fascination ; je l’ai souvent entendu dire dans mon enfance. Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l’écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd’hui je sais aussi qu’elle illustre, comme tant d’autres familles, le pouvoir de destruction du Verbe, et celui du silence. Le livre, peut-être, ne serait rien d’autre que ça, le récit de cette quête, contiendrait en lui-même sa propre genèse, ses errances narratives, ses tentatives inachevées. Mais il serait cet élan, de moi vers elle, hésitant et inabouti. » Dans cette enquête éblouissante au cœur de la mémoire familiale, où les souvenirs les plus lumineux côtoient les secrets les plus enfouis, ce sont toutes nos vies, nos failles et nos propres blessures que Delphine de Vigan déroule avec force.

Mon avis :

Je lis rarement de biographie, encore moins d'autobiographie. A la base, c'est un genre que je n'aime pas beaucoup. Mais ici, c'était autre chose. Oui il y a l'aspect biographie, l'aspect autobiographie mais pas que. Ici, Delphine de Vigan nous offre aussi sa vision de ce qu'elle écrit, ses doutes, ses peurs, le pourquoi elle fait ça.

Passons d'abord sur l'aspect biographique, que se soit lorsqu'elle nous conte l'histoire de Lucile, sa mère, à la troisième personne ou qu'elle passe à la première, une fois qu'elle est née. J'ai apprécié ces parties pour leur histoire. Car l'histoire de Lucille n'est pas simple. La famille de Lucile vit dans la souffrance, celle de la mort d'un enfant, de l'autorité du père, de la vie en générale. Outre cela, on découvre aussi une époque, une ambiance, que Delphine de Vigan a su rentrer sans tomber dans le patho, et cela aurait été très facile pour elle. J'ai aimé découvrir les personnages, voir comment toute la famille évolue à partir d'un évènement qui chamboulera à tous leur vie. J'ai apprécié suivre Lucile, ses frères et sœurs dans leur vie grâce à toutes les anecdotes que nous livre Delphine de Vigan. J'ai eu l'impression de lire un vrai roman, non pas une biographie (le fait que la mère de Delphine de Vigan ne soit pas une personne connue y joue aussi).

Mais ce que j'ai vraiment le plus aimé dans le livre, ce sont toutes les parties entre l'histoire, celle où l'auteure nous livre le pourquoi. Pourquoi elle écrit ça, pourquoi l'histoire de Lucile l'a hante, pourquoi il lui fallait écrire, pourquoi au final, elle comprendra les gestes de sa mère ou pas. J'ai aimé lire son cheminement. On découvre plus que la femme Lucile, on découvre aussi comment elle était vu par sa fille, comment elle a été mère, malgré sa maladie. C'est un témoignage fort que nous livre l'auteure dans cette partie qui s'entremêle avec l'histoire de sa mère. Mais c'est aussi une leçon sur l'écriture. Ce qu'elle apporte, ce qu'elle fait ressortir. C'est vraiment une partie particulièrement intéressante par son contenu mais aussi par son placement dans le texte. En effet, elle coupe le texte, le structure. Elle nous donne des indications que Delphine de Vigan ne donne pas dans l'histoire, les réactions de ses proches face à son initiative, ce qu'elle pense de toute ça.

Au final, j'ai aimé lire le livre, autant pour la partie "histoire biographique" que pour celle "pourquoi ?". La vie de Lucille et de sa famille n'étant pas faite que de petits bonheurs, mais de beaucoup de petits et grands malheurs qui la rendront comme elle est et qui lui feront faire son dernier geste. Et puis, toute la partie du pourquoi, qui documente parfaitement tout ça, qui donne sa dimension à ce livre.

lundi 19 août 2013

No et moi, Delphine de Vigan

J'ai eu un grand week end, puisque j'ai fait le pont et j'en ai donc profité pour lire un peu. Du coup, deux bouquins y sont passés, voici l'avis sur le premier

No et moi, Delphine de Vigan

Editeur : Le livre de poche
Collection : /
Année de parution : 2009 pour mon édition (2007 pour l'originale)
Nombre de pages : 256

A lire si : 
- Vous aimez les romans à la première personne
- Vous n'avez pas peur de vous mettre dans la tête d'une fille de treize ans

A ne pas lire si : 
- Vous avez des idées préconçues sur les SDF
- Vous ne voulez pas une histoire triste

Présentation de l'éditeur

Lou Bertignac a 13 ans, un QI de 160 et des questions plein la tête. Les yeux grand ouverts, elle observe les gens, collectionne les mots, se livre à des expériences domestiques et dévore les encyclopédies.
Enfant unique d’une famille en déséquilibre, entre une mère brisée et un père champion de la bonne humeur feinte, dans l’obscurité d’un appartement dont les rideaux restent tirés, Lou invente des théories pour apprivoiser le monde. A la gare d’Austerlitz, elle rencontre No, une jeune fille SDF à peine plus âgée qu’elle.
No, son visage fatigué, ses vêtements sales, son silence. No, privée d’amour, rebelle, sauvage.
No dont l’errance et la solitude questionnent le monde.
Des hommes et des femmes dorment dans la rue, font la queue pour un repas chaud, marchent pour ne pas mourir de froid. « Les choses sont ce qu’elles sont ». Voilà ce dont il faudrait se contenter pour expliquer la violence qui nous entoure. Ce qu’il faudrait admettre. Mais Lou voudrait que les choses soient autrement. Que la terre change de sens, que la réalité ressemble aux affiches du métro, que chacun trouve sa place. Alors elle décide de sauver No, de lui donner un toit, une famille, se lance dans une expérience de grande envergure menée contre le destin. Envers et contre tous.

Mon avis

Il y a quelques temps maintenant que No et moi est sorti et pourtant, nous en entendons toujours parler. C'est un livre dont beaucoup de monde dit du bien et qui a reçu le prix des libraires en 2008. Mais à vrai dire, je ne l'ai pas pris pour ça. Je l'ai pris parce que après avoir demandé conseil sur une future lecture à ma libraire qui me connait bien, c'est lui qui me fut conseillé. Je l'ai donc pris et il a trainé un moment dans ma PAL.


Le roman nous conte l'histoire de Lou Bertignac, jeune surdouée dont la vie n'est pas si simple, entre des relations avec ses camarades de classe qui lui font peur et sa mère qui vit dans un autre monde depuis la mort de sa petite sœur. Un jour, elle décide de prendre pour sujet d'exposer les SDF, plus particulièrement les femmes. C'est comme ça qu'elle va rencontrer No. Elle pensait alors ne faire qu'une interview de la jeune fille, cela va se muer en amitié jusqu'à un certain point. 

Les personnages de No et moi sont particuliers. Lou m'a beaucoup plus. Elle se pose des tonnes de question, ne s'arrete jamais. En même temps, elle est timide, a peur des relations avec les autres. C'est une enfant de treize ans presque normale. Ce que j'ai apprécié c'est surtout le mélange surdouée/enfant plutôt bien représenté. No est moins typée, si je puis dire. SDF, perdue, en fait, elle est comme je me la représentais, loin des préjugés mais en même temps assez prêts tout de même. On la sens fatiguée par la vie qu'elle mène mais parfois, j'ai eu l'impression qu'elle s'y complaisait. Un personnage vraiment interessant finalement que nous ne faisons qu'effleurer du bout des doigts, comme Lou en fin de compte.

Dans les personnages secondaires, j'ai beaucoup aimé la mère de Lou qui sort doucement de son mutisme avec l'apparition de No dans sa vie. En fait, j'ai beaucoup aimé la manière dont Lou voit cette femme, sa propre mère qui lui semble si loin d'elle. J'ai moins apprécié le père par contre, trop "je feins la bonne humeur", trop moraliste aussi. Et puis, il a le personnage dont je ne sais trop que penser, Lucas, l'ami de Lou, trop je m'en foutiste, trop beau aussi.

Outre les personnages, j'ai été touché par l'écriture de Delphine de Vigan. C'est fluide, simple et ça va droit au but. J'ai trouvé la manière dont elle écrit très poétique malgré des sujets pas simples du tout (les SDF, la maladie de la mère de Lou, les questionnements de Lou sur la vie...). Son écriture m'a un peu fait penser à du Despentes en moins trash, fidèle à la réalité, sans en rajouter des tonnes. Juste, quoi. Une écriture que j'apprécie beaucoup donc et qui m'a fait dévoré ce livre.

En conclusion, même si ce n'est pas un coup de cœur, j'ai clairement aimé ce livre pour tout ce qu'il y a dedans, de l'histoire au style. Cette première immersion dans l'univers de Delphine de Vigan m'a vraiment plu et je compte bien découvrir un peu plus de celui-ci prochainement (me lirais bien Les heures souterraines ou  Rien ne s'oppose à la nuit)