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dimanche 28 juillet 2019

La Jeune Epouse, Alessandro Baricco

Vous le savez, j'apprécie Baricco. J'aime la poésie de ses mots, celle des thèmes qu'il choisit. Et même si parfois, il me déçoit (Mr Gwyn), je ne peux m'empêcher de le lire. C'est ainsi que la Jeune Epouse s'est retrouvé sur ma table de chevet.

La Jeune Epouse, Alessandro Baricco

Editeur : Folio
Collection : /
Année de parution : 2016
Titre en VO : La Sposa Giovane
Année de parution en VO : 2015
Nombre de pages : 256

A lire si ; 
- Vous voulez quelque chose d'assez érotique
- Vous aimez les histoires un peu décousues

A ne pas lire si :
-Vous n'aimez pas les changements de narrateur intempestif

Présentation de l'éditeur : 

'Là où elle avait imaginé entrer comme une épouse, elle se retrouva soeur, fille, invitée, présence appréciée et objet décoratif.
Y a-t-il des règles qui m'on échappé ? demanda la Jeune Epouse.
Si vous m'y autorisez, je n'en mentionnerai que quatre, histoire de ne pas courir trop de lièvre à la fois.
Soit."
Italie, début du XXe siècle. La Jeune Epouse doit se marier avec le Fils. En attendant qu'il rentre d'Angleterre, elle va faire la connaissance de la Famille et de ses secrets bien gardés.

Mon avis

La Jeune Epouse débarque un beau matin dans la Famille. Elle doit épouser le Fils, qui est absent. La Famille, le Père, la Mère, la Soeur et l'Oncle, l'accueillent comme si de rien n'était et attendent le Fils avec elle. Elle va alors découvrir leurs secrets les plus intimes et s'ouvrir par la même occasion à ses propres désirs. Et toujours, ils vont attendre un Fils qui ne vient pas. 

Je m'attendais à deux trois choses dans ce roman mais peut-être pas à tout ce que j'ai pu lire dedans. Comme toujours avec Baricco, je sais que les apparences peuvent être trompeuses et que la poésie sera présente. Je me doutais que j'aurais une approche du métier d'écrivain dans l'histoire, parce qu'il en va ainsi depuis un moment avec Alessandro Baricco. Ses romans sont là pour parler de son travail peut-être finalement plus que du reste, ce qui en soi, n'est peut-être pas si dérangeant que ça. Ici, le plus dérangeant pour le lecteur, c'est que tout se mêle. L'histoire de la Jeune Epouse, celle de l'écrivain, presque celle du lecteur aussi. Parfois, celui-ci se perd, souvent même. Qui parle ? Bonne question souvent. Il m'a fallut revenir sur mes pas pour comprendre. 

La Jeune Epouse est un labyrinthe qui se joue dans un temps qui n'en est pas un. L'auteur pose une époque qui pourrait presque être maintenant. Il joue sur l'intemporalité, sur la longueur d'une minute qui dure des siècles, sur l'attente qui efface le temps. Cette intemporalité, il l'a crée d'abord en ne donnant pas de nom à ses personnages mais des fonctions : la Jeune Epouse, la Mère, la Soeur, le Père... Ils pourraient être n'importe quel père, n'importe quelle soeur, n'importe quelle jeune épouse (qui d'ailleurs n'en est pas une du coup). Il l'a crée aussi par l'absence du Fils et l'attente. Celles des jours qui passent et se ressemblent, celle de la Jeune Epouse qui attend son Epoux. C'est doux, agréable. On se perd dans cette temporalité et on apprécie finalement de suivre cette jeune femme dans ses découvertes d'elle et de ses désirs.

Parlons-en d'ailleurs, des désirs. Ils sont le coeur du roman. Désirs érotiques d'abord, qui émaillent le récit tout du long, désirs de se connaitre aussi, et puis les autres, ceux dont on ne parlent pas forcément mais qui sont bien là. Le désir de l'écrivain aussi, de raconter le plus justement possible son histoire. Je ne pensais pas du tout tomber sur autant de scène érotique dans le livre. Je ne pensais pas non plus y trouver un parallèle avec les désirs des écrivains. Mais Baricco y arrive et il fait ça de manière presque naturelle (bien que je trouve les scènes érotiques un peu trop forcées pour ma part)(et pas si réaliste que ça pour certaines). Je trouve personnellement ce parallèle un peu exagéré mais pas tant que ça au final. 

Pourtant, il manque pour moi quelque chose au livre. Il est sympa à lire, on s'y perd sans le moindre problème mais il ne reste pas. Du tout. A l'inverse d'un Ocean Mer ou d'un Novecento, on oublie rapidement ce qu'on a lu. Ça ne reste pas, pas même une toute petite sensation. C'est assez dommage, puisque finalement, j'aurais aimé en gardé quelque chose de ce roman. Mais non. Il se lit vite et s'oublie tout aussi facilement. Je me demande si ce n'est pas un de ces livres qui doivent souvent être relu pour en extraire vraiment quelque chose. Cela ne m'étonnerait presque pas de l'auteur.

Au final, c'est donc un livre interessant mais qui ne reste pas. C'est un peu dommage au vu de la poésie qui le peuple mais aussi des personnages dont on aimerait en savoir un peu plus. Il reste au final, pour moi, dans la même lignée des deux derniers livres de Baricco (Trois fois dès l'Aube et Mr Gwyn), bon mais sans ce petit truc qui fait que j'ai tant aimé Ocean Mer. 

lundi 16 octobre 2017

Trois fois dès l'aube, Alessandro Baricco

Trois fois dès l'aube est à la base un roman imaginaire qui apparaît dans Mr Gwyn du même auteur. Baricco trouva amusant de l'écrire pour de vrai. Et il y a eu bien raison de le faire.

Trois fois dès l'aube, Alessandro Baricco

Editeur : Folio
Collection : /
Année de parution : 2015
Titre en VO : Tre volte all'alba
Année de parution en VO : 2011
Nombre de pages : 128

A lire si : 
- Vous aimez les histoires courtes
- Vous n'avez pas peur des dialogues sans tiret
- Vous voulez de belles rencontres

A ne pas lire si : 
- Vous voulez une seule et même histoire
- Vous voulez du long

Présentation de l'éditeur : 

Deux personnages se rencontrent à trois reprises. Un homme commence à parler avec une femme dans le hall de son hôtel et, quand celle-ci a un malaise, il l'héberge dans sa chambre. Leur conversation se poursuit, l'homme s'ouvre à elle mais mal lui en prend. Un portier d'hôtel aide une jeune cliente à s'enfuir afin d'échapper à son compagnon, un individu violent et dangereux. Plus âgé qu'elle, il lui révèle qu'il a passé treize ans en prison à la suite d'un meurtre. Malcolm, le personnage de la première rencontre, est encore enfant quand ses parents meurent dans l'incendie de leur maison. Pour le soustraire aux suites de ce drame et l'emmener dans un endroit sûr, une inspectrice de police le conduit chez un de ses amis. 
Trois histoires nocturnes qui se concluent à l'aube et qui marquent, chacune à sa façon, un nouveau départ. Trois facettes qu'Alessandro Baricco rassemble en un récit hypnotique et puissant, non dépourvu d'élégance et même de sensualité.

Mon avis

Pour tout vous dire, je ne me souviens pas vraiment de ce qu'il est dit sur Trois fois dès l'aube dans Mr Gwyn. Il me semble qu'il y a une histoire d’hôtel et de rencontre à l'aube. De toute façon, cela n'a aucune importance. Si vous n'avez pas lu Mr Gwyn, vous pouvez très bien lire Trois fois dès l'aube. Ils n'ont, narrativement parlant, aucun lien. Baricco a juste voulu donner vie à un roman imaginaire, une idée plutôt sympathique d'ailleurs. 

Trois fois dès l'aube est en fait une sorte de recueil sans en être un. On y trouve trois textes, qui de premier abord semble indépendants les uns des autres malgré des faits similaires dans les trois. Et pourtant, ils sont tous les trois liés entre eux. Parce que les deux personnages principaux, la femme et l'homme sont toujours les mêmes à des moments différents de leur vie et surtout des âges qui ne correspondent pas vraiment à chaque fois. Mais cela est voulu, comme l'explique Baricco dans la préface du roman.

Chaque histoire commence de la même manière, un hôtel, de nuit, presque à l'aube. Un homme rencontre une femme. Alors commence un dialogue entre les deux où ils vont petit à petit se dévoiler à l'autre et aux lecteurs. Nous allons découvrir des personnages tout en nuance, des personnages qui ne sont pas épargnés par la vie. Pour cela, Baricco usera surtout de dialogue à courtes répliques souvent. Quelques descriptions vont parsemer le récit, mais quasi jamais des personnages. Et les trois histoires fonctionnent de la même manière.

Le premier, la première rencontre des deux personnages, la dernière aussi peut-être, nous présente les personnages adultes. Une rencontre où ils livrent une bonne partie de leur histoire. Dans la seconde, on comprend que le vieil homme est l'homme de la première et la jeune fille la femme. On découvre du coup le passé de la femme et le futur de l'homme. Et ça fonctionne. Tout comme dans la troisième histoire c'est le passé de l'homme et le futur de la femme. Alors oui, ça peut paraître étrange. Mais en même temps, les trois histoires peuvent se lire de manière totalement indépendante. Et franchement, je trouve ça vraiment sympathique. C'es lié, réellement, et en même temps pas du tout. Je ne sais pas trop comment dire ça.

Et puis, bien sur, il y a l'écriture du Baricco. Elle semble simple et en même temps complexe. Comme toujours, on ressent la poésie dans les situations banales. On ressent aussi dans certains passages, surtout dans la première histoire, de la sensualité, voire même une certaine tension sexuelle. Mais surtout, au final, la presque banalité des histoires (presque parce que bon faut pas non plus abusé vu ce qu'il arrive aux deux personnages) devient quelque chose bien plus beau. 

Au final, j'ai donc adoré ce roman/recueil. J'ai aimé le temps qui n'est pas linéaire, les histoires, les mots choisis, la poésie de ces trois histoires. J'ai apprécié aussi le fait que le roman soit court et qu'il se suffit parfaitement comme cela. 

mercredi 28 juin 2017

Novecento : pianiste, Alessandro Baricco

Je ne pouvais pas rester avec un sentiment désagréable pour Baricco. J'aime trop son écriture. Alors, je me suis lancée rapidement dans ce monologue musical. Et j'ai eu raison. Si je n'oublie pas le fameux paragraphe de Mr Gwyn, je reste une inconditionnelle de cette écriture-là.

Novecento : pianiste, Alessandro Baricco

Editeur : Folio
Collection : /
Année de parution : 1997
Titre en Vo : Novecento : un monologo
Année de parution en VO : 1994
Nombre de pages : 87

a lire si :
- Vous aimez les monologues
- Vous voulez une histoire courte

A ne pas lire si :
- Vous voulez quelque chose de linéaire
- Vous n'aimez pas le théatre

Présentation de l'éditeur : 

Né lors d'une traversée, Novecento, à trente ans, n'a jamais mis le pied à terre. Naviguant sans répit sur l'Atlantique, il passe sa vie les mains posées sur les quatre-vingt-huit touches noires et blanches d'un piano, à composer une musique étrange et magnifique, qui n'appartient qu'à lui: la musique de l'Océan dont l'écho se répand dans tous les ports.
Sous la forme d'un monologue poétique, Baricco allie l'enchantement de la fable aux métaphores vertigineuses.

Mon avis

Novecento est une oeuvre à part dans la création littéraire de Baricco. Effectivement, c'est sa seule incursion dans le monde du théâtre. Ce n'est pas une pièce à plusieurs personnages, c'est un monologue. D'ailleurs, je conseille vivement de le lire à haute voix pour apprécier encore plus le travail de Baricco dessus.

Novecento, c'est l'histoire d'un homme né sur un bateau et qui ne le quittera jamais. Trouvé sur le piano de la salle du bal du Virginian, il deviendra pianiste, ayant un réel don pour cet instrument. Nous allons le découvrir par l’intermédiaire du trompettiste de navire, Tim Tooney. L'histoire qu'il nous raconte semble un peu décousu, disons qu'il suit sa pensée et que parfois, elle peut amener un peu loin. Mais petit à petit, le portrait de Novecento se forme devant nous. Un portrait parfois loufoque, parfois tendre, d'un homme étrange et surtout de sa musique. Il ne faut pas oublier que Baricco est avant tout un musicologue.

Comme toujours, je me suis retrouvée embarquer par la poésie et la musique des mots. C'est vraiment une chose que j'aime chez Baricco, cette utilisation des mots. Et je dois bien dire que son traducteur est tout aussi bon pour que l'on retrouve en français la musicalité de l'italien (pour tout vous dire, j'ai même bien envie d'apprendre l'italien pour lire Baricco en VO)(et pour me rapprocher de mes racines aussi un peu). On en oublie parfois l'histoire que Tooney nous raconte pour ne se concentrer que sur la musicalité des mots. C'est un défaut du livre d'ailleurs parce que l'histoire mérite quand même qu'on s'y attarde dessus un peu plus. Et finalement, on ressort de la lecture avec du jazz dans la tête, des mots merveilleux mais sans réellement se souvenir de tout. Novecento est une musique avant d'être une histoire. C'est surement l'effet recherché par l'auteur mais je trouve cela un peu dommage. En fait, je l'ai trouvé un peu moins "philosophique" que les autres romans que j'ai pu lire de Baricco.

Au final, j'ai beaucoup aimé, ce qui n'a rien d'étonnant avec un Baricco. Je trouve un peu dommage par contre que ce que j'aime justement chez lui prenne parfois un peu trop le pas sur ce qu'il raconte. Mais franchement, qu'est-ce que c'est bien à lire à haute voix. Un monologue interessant, musical mais peut-être pas inoubliable. 

dimanche 4 juin 2017

Mr Gwyn, Alessandro Baricco

Baricco me manquait. Du coup, je n'ai pas tiré au sort pour ma nouvelle lecture comme je peux le faire souvent, et j'ai pris le premier Baricco qui me tombait sous la main. C'est tombé sur Mr Gwyn.

Mr Gwyn, Alessandro Baricco

Editeur : Folio
Collection ; /
Année de parution : 2015
titre en VO : Mr Gwyn
Année de parution en Vo : 2011
Nombre de pages : 215

A lire si :
- Vous aimez les personnages un peu spéciaux
- Vous aimez les tranches de vies

A ne pas lire si :
- Vous avez du mal avec la grossophobie 
- Vous espérez lire les portraits que dresse Gwyn

Présentation de l'éditeur :

Romancier britannique dans la fleur de l'âge, Jasper Gwyn a à son actif trois romans qui lui ont valu un honnête succès public et critique. Pourtant, il publie dans The Guardian un article dans lequel il dresse la liste des cinquante-deux choses qu'il ne fera plus, la dernière étant : écrire un roman. Son agent, Tom Bruce Shepperd, prend cette déclaration pour une provocation, mais, lorsqu'il appelle l'écrivain, il comprend que ça n'en est pas une : Gwyn est tout à fait déterminé. 
Simplement, il ne sait pas ce qu'il va faire ensuite. Au terme d'une année sabbatique, il a trouvé : il veut réaliser des portraits, à la façon d'un peintre, mais des portraits écrits qui ne soient pas de banales descriptions. Dans ce but, il cherche un atelier, soigne la lumière, l'ambiance sonore et le décor, puis il se met en quête de modèles. C'est le début d'une expérience hors norme qui mettra l'écrivain repenti à rude épreuve. Qu'est-ce qu'un artiste ? s'interroge Alessandro Baricco, dans ce roman intrigant, brillant et formidablement élégant.
Pour répondre à cette question, il nous invite à suivre le parcours de son Mr Gwyn, mi-jeu sophistiqué mi-aventure cocasse. Et, s'il nous livre la clé du mystère Gwyn, l'issue sera naturellement inattendue.

Mon avis

Mr Gwyn est un personnage un peu particulier. Un matin, le voilà qui décide qu'il n'écrira plus. Et pour sceller ce pacte avec lui-même, il publie un article des choses qu'il ne fera plus jamais. La dernière, c'est donc écrire des romans. Une décision qui consterne son agent et quelques lecteurs. A partir de là, Jasper Gwyn pense qu'il va pouvoir commencer une nouvelle vie. Il s'en va pendant quelques temps avant de revenir sur Londres et au détour d'une conversation, de décider qu'il sera un copiste. Il va copier les gens. Faire leur portrait par écrit.

L'idée de départ est interessante et le déroulement du roman tout autant. Nous allons suivre Gwyn a la découverte de son nouveau métier, découvrir l'homme étrange qu'il est. En même temps, Baricco en profite pour écrire au sujet de l'écrivain, cet étrange personne, et plus particulièrement au final de l'artiste. Il fait ça avec toute la poésie que je lui connais. Cette partie-là du roman, qui finalement l'occupe tout entier est vraiment passionnante. J'ai réellement ressentie ce qui peut à un moment où un autre faire un artiste, un écrivain. Il n'y a pas à dire, Baricco aime son métier et le lui rend bien. Encore plus lorsqu'on se rend compte que les portraits qu'écrit Gwyn, et que nous ne lirons pas (sauf peut-être dans Trois Fois dès l'Aube qu'il faut que je sorte du coup de ma PAL), ressemble surement beaucoup à ce que l'auteur lui-même peut écrire. 

De plus, entre le personnage de Gwyn, passablement perché quand même, celui de son agent, Tom, qui cherche à tout prix à le refaire écrire des romans et Rebecca, assistante de Tom et surtout premier modèle de Gwyn, Baricco nous offre des portraits différents et pour les deux premiers plutôt bien fait. Pour la troisième, je vais y revenir. Surtout que c'est un personnage que j'ai beaucoup aimé, la lectrice, amie, qui ferait beaucoup de chose pour l'écrivain qu'elle apprécie. Elle aurait pu être parfaite, elle l'est en réalité, si Baricco ne s'était pas "amusée" avec son physique.

Mais ce livre, plein de qualité à mes yeux, a un défaut que je n'arrive pas à laisser passer. Il faut dire que lorsque je suis tombée sur ce paragraphe-là, juste à la moitié du livre, j'ai eu une grande envie de le refermer et de ne pas le rouvrir. Ce n'est pas le physique de Rebecca en lui-même, loin de là. Rebecca est grosse. Et pour moi, c'était juste génial. Une grosse, héroïne d'un livre. C'est rare. Mais voilà, il a fallu que Baricco, cet auteur que j'apprécie, dont je loue la manière d'écrire, s'adonne à de la bonne vieille grossophobie avec elle. Sans parler d'une bonne dose de patriarcat (seul les hommes ont des noms de famille par exemple, et ce sont eux qui dominent le livre). Un paragraphe et me voilà à me demander pourquoi ?. Mais vraiment. J'aurais tellement aimer que ce paragraphe-là soit démonté juste après. Sauf que non. Du tout. Je n'arrive pas à croire que ce soit vraiment là ce que pense Baricco des gros.

Et vraiment, ce paragraphe-là a faillit gâcher toute ma lecture. Parce que plus qu'autre chose, il m'a touché et pas dans le bon sens. Ce qu'il écrit, c'est ce que j'ai pu entendre, que les grosses ne méritent pas l'amour, juste les connards. Qu'elles devraient déjà être bien contente d'avoir un homme. Ce qu'il a de très con en plus de ça, c'est qu'il n'apporte rien ce paragraphe. Du tout. Et que sans lui, l'histoire aurait été encore meilleure du coup pour moi. Parce que sans lui, Baricco dressait un parfait portrait de Rebecca, et des autres personnages. Avec la finesse et la poésie qui le caractérise. Alors, je sais très bien que ce paragraphe risque grandement de ne toucher personne d'autres que les gros et les grosses, il n'empêche que je fais partie de cette population-là et que j'aurais préféré ne pas avoir à le lire. 

Pourquoi ? Parce que le livre aurait été un coup de coeur. Parce que la poésie de Baricco est toujours là, son sens de l'observation, sa vision de la nature humaine est bien là. Parce que Gwyn et lui aurait pu être les mêmes personnes. Mais voilà, pour moi, ça gâche tout. J'ai lu la fin du roman avec appréhension, me demandant ce que j'allais encore me prendre dans la tête. Et je suis surement passée à côté d'une bonne partie du roman. Alors que j'ai aimé l'histoire, la surprise de la fin aussi (qui n'en était pas vraiment une d'ailleurs). Quel dommage. 

Monsieur Baricco, la prochaine fois que vous voulez utiliser une personne grosse dans vos romans, renseignez-vous avant, je vous prie. Ne nous sommes pas des Rebecca en puissance. Nous sommes comme vous et les autres personnes. Pas juste un corps gros, une difformité. Voilà, c'est tout.


vendredi 23 septembre 2016

Emmaüs, Alessandro Baricco

Depuis Ocean Mer, je voulais à tout prix retrouver la plume de Baricco. Le choix était compliqué parmi ses autres livres. Ils me semblaient tous tellement intéressant. Et puis, j'ai fini par choisir, en aveugle, et c'est tombé sur Emmaüs.

Emmaüs, Alessandro Baricco

Editeur : Folio
Collection : /
Année de parution : 2014
Titre en VO :  Emmaus
Année de parution en VO : 2009

A lire si :
- Vous voulez quelque chose de court mais intense
- Vous aimez la poésie des mots
- Vous voulez un roman dans la veine de Virgin Suicides 

A ne pas lire si :
- Vous voulez un roman linéaire
- Vous n'êtes pas dans une bonne période

Présentation de l'éditeur : 

Quatre garçons, une fille : d’un côté, le narrateur, le Saint, Luca et Bobby, et, de l’autre, Andre. Elle est riche, belle, et elle distribue généreusement ses faveurs ; ses parents, eux, sont des parvenus qui ne croient qu’au travail et à l’argent. Quant aux garçons, ils ont dix-huit ans comme elle, mais c’est là leur seul point commun. Car ils sont avant tout catholiques, fervents voire intégristes. Musiciens, ils forment un groupe qui anime les services à l’église, et ils passent une partie de leur temps à rendre visite aux personnes âgées de l’hospice, les «larves». Alors qu’elle incarne la luxure, Andre les fascine, ils en sont tous les quatre amoureux. La tentation est forte, mais le prix à payer sera lui aussi considérable. 
Roman intime et habité par une authentique douleur, Emmaüs est un texte à part dans l’œuvre d’Alessandro Baricco, sans doute le plus personnel à ce jour.

Mon avis

Je ne sais pas comment commencer mon avis. J'ai du mal à donner un avis clair sur un livre comme celui-ci. Parce qu'ils ne sont pas communs, parce qu'il est compliqué souvent de les décrire parfaitement. Ca m'arrive souvent, vu que j'aime beaucoup les romans comme ça, ceux qui mêlent une histoire (pas forcément si importante que ça), un concept, un thème et la poésie. Ocean Mer avait été compliqué à chroniquer de part sa structure, Emmaus va l'être de part son histoire. Baricco ne m'aide pas...

Emmaüs, c'est l'histoire avant tout de quatre jeune hommes, le narrateur, Bobby, Luca et le Saint. Tous les quatre ont été élevés dans l'amour de Dieu, vont à l'église, aider les miséricordieux. Mais arrive un âge où le reste prend aussi de l'importance, où la vie n'est pas justement que religion. Ou ils veulent peut-être aller voir autre chose. C'est là qu'Andre arrive. La jeune fille est riche, belle et surtout complètement perdue. Andre les obsède, elle est tout ce qu'ils ne semblent pas vouloir être. Et pourtant. Pourtant, il y aura cette rupture avec ce qu'ils ont été jusque là, une descente aux enfers rapide et dure. Finalement, la jeune femme ne sera qu'un prétexte pour eux. Ils vont succomber aux tentations et connaitre le pire.

Chez Baricco, ce sont souvent plus les idées qui prennent de l'importance, bien plus que les personnages. Ils ne sont là que pour servir ses propros. Du coup, le lecteur n'arrive jamais à s'identifier à eux. C'est une chose qui peut perturber la lecture, et qu'y en rebutera beaucoup. Je ne fais pas partie du nombre, vu que ce sont des textes qui me plaisent. Sur un roman comme celui-ci, c'est par contre un peu dommageable, surtout avec une narration à la première personne. On ne sait rien ou presque du narrateur, à peine un peu plus sur ses amis, et encore. C'est d'ailleurs un narrateur très philosophique que nous avons là. D'après ce que j'ai pu lire, le roman est assez personnel. Peut-être est-ce pour cela que le narrateur se perd parfois dans des concepts religion et philosophique ? 

Au niveau du discours, je dois bien dire que j'ai été happé. C'est dense mais si merveilleusement écrit. Baricco. De plus, une bonne partie de son discours a trouvé des échos en moi. Il n'y a pas que son narrateur qui peut se poser des questions sur ce qu'il se passe autour de lui, qui d'un coup sort de sa bulle et découvre que le monde n'est pas simple. Voir sans comprendre que ses amis sont en train de tomber (on retrouve quand même drogue, suicide et assassinat), devoir supporter finalement d'être le seul à réussir à se maintenir à flots d'une manière ou d'une autre, rien n'est simple, surtout pas lorsqu'on a dix-huit ans. Alors quand tout cela est vu en plus avec le spectre de la religion, ça devient plus compliqué. 

Dans le "à lire si", je parle de Virgin Suicides de Eugenides qui été le récit de la descente aux Enfers des quatre Lisbon jusqu'à la mort de celles-ci. C'était une vision extérieure de celle-ci vu par quatre garçons. Emmaüs m'y a fait pensé dans un certain sens. Ici aussi, ça parle de descente aux Enfers, mais finalement vu de l'intérieur. Pourtant, la construction est la même. Au final, on se doutera juste de ce qui a pu amener les trois amis du narrateur à se droguer pour Bobby, se suicider pour Luca et assassiner quelqu'un pour le Saint. Comme le narrateur, on va rester spectateur. Mais là où Emmaüs se distingue de Virgin Suicides, c'est bien par le raisonnement que tient Baricco, quelque chose de plus métaphysique, je dirais, là où Eugenides restait dans les faits. 

Au final, j'ai beaucoup aimé ce roman, court mais en même temps long à lire (il faut pouvoir digérer les mots dans ces cas-là). Il n'a pas eu le même impact pour moi qu'Ocean Mer, surement parce que son discours est différent (et qu'il manque la mer, et quand ce moment, je lis tout de même pas mal de livre ayant le même thème). Il m'a marqué tout de même, par sa poésie, par son histoire, par la tristesse qui s'en dégage aussi. Bref, c'est beau, c'est triste et moi, ça me plait terriblement.


lundi 21 mars 2016

Ocean Mer, Alessandro Baricco

J'aime passionnément la mer. Surement parce que je suis née juste à côté. Lorsque je tombe sur un livre où elle est l’héroïne principale, le personnage le plus présent, je ne peux m'empêcher de le prendre. 

Ocean Mer, Alessandro Baricco

Editeur : Folio
Collection : /
Année de parution : 2002
Titre en VO : Oceano mare
Année de parution en VO : 1993
Nombre de pages : 282

A lire si :
- Vous voulez un livre poétique et beau
- Vous voulez un livre transgenre

A ne pas lire si :
- Vous n'aimez pas les livres qui donnent l'impression de partir en tout sens
- Vous n'aimez pas la mer

Présentation de l'éditeur 

Au bord de l'océan, à la pension Almayer, « posée sur la corniche ultime du monde », se croisent sept personnages au destin étrange et romanesque, sept naufragés de la vie qui tentent de recoller les morceaux de leur existence. Mais leur séjour est bouleversé par le souvenir d'un hallucinant naufrage d'un siècle passé et la sanglante dérive d'un radeau. Et toujours, la mer, capricieuse et fascinante...

Mon avis

Je sens qu'il va être dur de parler d'Ocean Mer. Comme souvent avec ce genre de livre, qu'on aime énormément, ce fut un vrai coup de cœur, et dont on ne sait vraiment comment le vendre aux autres sans avoir à dire juste : lisez-le. Je pourrais m'arrêter là si vous êtes amoureux de la mer, de la poésie et des histoires de naufrages-rédemption. Je ne le ferais pas, forcément. 

Océan mer, c'est le destin croisé de sept hommes et femmes. Pour une raison ou une autre, ils se retrouvent à la pension Almayer, une pension étrange qui semble presque irréelle au bord de la mer. Tous ont des fêlures qu'ils viennent ici soigner, parfois sans le savoir. La première partie nous permet de les découvrir, ces sept-là. De découvrir aussi la pension et son fonctionnement. La seconde partie nous entraîne dans un naufrage qui n'est pas sans rappeler celui du radeau de la Méduse, enfin la troisième partie comporte le dénouement pour tous. 

Ce qui frappe en premier dans Océan Mer, c'est le texte, la manière dont Alessandro Baricco joue avec les mots, les styles, les genres. Pas un chapitre qui ne se ressemble réellement. Un peu comme la mer qui elle-même change tout le temps. Cela peut dérouter, perturber. L'impression de ne jamais lire le même livre alors que si. Tout est changeant, éphémère et pourtant bien là. Baricco s'attarde autant sur les mots que sur les sentiments et petit à petit nous fait découvrir ses personnages. Des personnages qui sont tous des naufragés de la vie, des personnages étranges et souvent complémentaires. Il y a cette fille qui a peur de tout, trop sensible, l'homme d'église qui la suit et dont les mots dépassent souvent sa pensée, ce peintre ancien portraitiste qui ne trouve pas le commencement de la mer, ce professeur qui lui en cherche la fin, cette femme que son mari a envoyé pour la guérir de son adultère, cet homme qui en a trop vu et les deux naufragés du radeaux (dont l'un est en fait l'homme qui en a trop vu). Et puis, il y a les enfants de la pension, êtres tout aussi étrange dont nous ne saurons pas grand chose mais qui ajoute une touche fantastique à l'ouvrage.

Et puis, il y a la mer. La mer ici est au cœur de tout, tout est mer. En grande amoureuse de celle-ci, je n'ai pu qu'apprécier son rôle. Un rôle particulier, à la fois bourreau, docteur, amie et ennemie. Une mer qui révèle et se révèle, un personnage à part entière. Elle est toujours là, bien présente, elle rythme les mots et les pages de l'auteur, elle plante le décors, même lorsqu'elle n'est pas réellement présente. Elle est Le personnage du roman, réellement.

Tout cela fait d'Océan Mer un roman merveilleux, un roman étrange et terriblement prenant. Toutes ces histoires qui semblent être si différentes et qui pourtant se croisent et s’entremêlent nous offre une vision plutôt philosophique de la vie en général. C'est beau, ça prend souvent aux tripes et ça nous emmène ailleurs, dans un monde qui est là sans l'être, une pension irréelle qui ne tient qu'à un fil. C'est un vrai coup de cœur pour moi, à bien des égards.

"Tu sais ce qui est beau, ici ? Regarde : on marche, on laisse toutes ces traces sur le sable, et elles restent là, précises, bien en ligne. Mais demain tu te lèveras, tu regarderas cette grande plage et il n'y aura plus rien, plus une trace, plus aucun signe, rien. La mer efface, la nuit. La marée recouvre. Comme si personne n'était jamais passé. Comme si nous n'avions jamais existé. S'il y a, dans le monde, un endroit où tu peux penser que tu n'es rien, cet endroit, c'est ici. Ce n'est plus la terre, et ce n'est pas encore la mer. Ce n'est pas une vie fausse, et ce n'est pas une vie vraie. C'est du temps. Du temps qui passe. Rien d'autre"
"Quand tu la regardes, tu ne t'en rends pas compte : le bruit qu'elle fait. Mais dans le noir… Toute cette infinitude n'est plus que fracas, muraille de sons, hurlement lancinant et aveugle. Tu ne l'éteins pas, la mer, quand elle brûle dans la nuit."