Baricco me manquait. Du coup, je n'ai pas tiré au sort pour ma nouvelle lecture comme je peux le faire souvent, et j'ai pris le premier Baricco qui me tombait sous la main. C'est tombé sur Mr Gwyn.
Mr Gwyn, Alessandro Baricco
Editeur : Folio
Collection ; /
Année de parution : 2015
titre en VO : Mr Gwyn
Année de parution en Vo : 2011
Nombre de pages : 215
A lire si :
- Vous aimez les personnages un peu spéciaux
- Vous aimez les tranches de vies
A ne pas lire si :
- Vous avez du mal avec la grossophobie
- Vous espérez lire les portraits que dresse Gwyn
Présentation de l'éditeur :
Romancier britannique dans la fleur de l'âge, Jasper Gwyn a à son actif trois romans qui lui ont valu un honnête succès public et critique. Pourtant, il publie dans The Guardian un article dans lequel il dresse la liste des cinquante-deux choses qu'il ne fera plus, la dernière étant : écrire un roman. Son agent, Tom Bruce Shepperd, prend cette déclaration pour une provocation, mais, lorsqu'il appelle l'écrivain, il comprend que ça n'en est pas une : Gwyn est tout à fait déterminé.
Simplement, il ne sait pas ce qu'il va faire ensuite. Au terme d'une année sabbatique, il a trouvé : il veut réaliser des portraits, à la façon d'un peintre, mais des portraits écrits qui ne soient pas de banales descriptions. Dans ce but, il cherche un atelier, soigne la lumière, l'ambiance sonore et le décor, puis il se met en quête de modèles. C'est le début d'une expérience hors norme qui mettra l'écrivain repenti à rude épreuve. Qu'est-ce qu'un artiste ? s'interroge Alessandro Baricco, dans ce roman intrigant, brillant et formidablement élégant.
Pour répondre à cette question, il nous invite à suivre le parcours de son Mr Gwyn, mi-jeu sophistiqué mi-aventure cocasse. Et, s'il nous livre la clé du mystère Gwyn, l'issue sera naturellement inattendue.
Mon avis
Mr Gwyn est un personnage un peu particulier. Un matin, le voilà qui décide qu'il n'écrira plus. Et pour sceller ce pacte avec lui-même, il publie un article des choses qu'il ne fera plus jamais. La dernière, c'est donc écrire des romans. Une décision qui consterne son agent et quelques lecteurs. A partir de là, Jasper Gwyn pense qu'il va pouvoir commencer une nouvelle vie. Il s'en va pendant quelques temps avant de revenir sur Londres et au détour d'une conversation, de décider qu'il sera un copiste. Il va copier les gens. Faire leur portrait par écrit.
L'idée de départ est interessante et le déroulement du roman tout autant. Nous allons suivre Gwyn a la découverte de son nouveau métier, découvrir l'homme étrange qu'il est. En même temps, Baricco en profite pour écrire au sujet de l'écrivain, cet étrange personne, et plus particulièrement au final de l'artiste. Il fait ça avec toute la poésie que je lui connais. Cette partie-là du roman, qui finalement l'occupe tout entier est vraiment passionnante. J'ai réellement ressentie ce qui peut à un moment où un autre faire un artiste, un écrivain. Il n'y a pas à dire, Baricco aime son métier et le lui rend bien. Encore plus lorsqu'on se rend compte que les portraits qu'écrit Gwyn, et que nous ne lirons pas (sauf peut-être dans Trois Fois dès l'Aube qu'il faut que je sorte du coup de ma PAL), ressemble surement beaucoup à ce que l'auteur lui-même peut écrire.
De plus, entre le personnage de Gwyn, passablement perché quand même, celui de son agent, Tom, qui cherche à tout prix à le refaire écrire des romans et Rebecca, assistante de Tom et surtout premier modèle de Gwyn, Baricco nous offre des portraits différents et pour les deux premiers plutôt bien fait. Pour la troisième, je vais y revenir. Surtout que c'est un personnage que j'ai beaucoup aimé, la lectrice, amie, qui ferait beaucoup de chose pour l'écrivain qu'elle apprécie. Elle aurait pu être parfaite, elle l'est en réalité, si Baricco ne s'était pas "amusée" avec son physique.
Mais ce livre, plein de qualité à mes yeux, a un défaut que je n'arrive pas à laisser passer. Il faut dire que lorsque je suis tombée sur ce paragraphe-là, juste à la moitié du livre, j'ai eu une grande envie de le refermer et de ne pas le rouvrir. Ce n'est pas le physique de Rebecca en lui-même, loin de là. Rebecca est grosse. Et pour moi, c'était juste génial. Une grosse, héroïne d'un livre. C'est rare. Mais voilà, il a fallu que Baricco, cet auteur que j'apprécie, dont je loue la manière d'écrire, s'adonne à de la bonne vieille grossophobie avec elle. Sans parler d'une bonne dose de patriarcat (seul les hommes ont des noms de famille par exemple, et ce sont eux qui dominent le livre). Un paragraphe et me voilà à me demander pourquoi ?. Mais vraiment. J'aurais tellement aimer que ce paragraphe-là soit démonté juste après. Sauf que non. Du tout. Je n'arrive pas à croire que ce soit vraiment là ce que pense Baricco des gros.
Et vraiment, ce paragraphe-là a faillit gâcher toute ma lecture. Parce que plus qu'autre chose, il m'a touché et pas dans le bon sens. Ce qu'il écrit, c'est ce que j'ai pu entendre, que les grosses ne méritent pas l'amour, juste les connards. Qu'elles devraient déjà être bien contente d'avoir un homme. Ce qu'il a de très con en plus de ça, c'est qu'il n'apporte rien ce paragraphe. Du tout. Et que sans lui, l'histoire aurait été encore meilleure du coup pour moi. Parce que sans lui, Baricco dressait un parfait portrait de Rebecca, et des autres personnages. Avec la finesse et la poésie qui le caractérise. Alors, je sais très bien que ce paragraphe risque grandement de ne toucher personne d'autres que les gros et les grosses, il n'empêche que je fais partie de cette population-là et que j'aurais préféré ne pas avoir à le lire.
Pourquoi ? Parce que le livre aurait été un coup de coeur. Parce que la poésie de Baricco est toujours là, son sens de l'observation, sa vision de la nature humaine est bien là. Parce que Gwyn et lui aurait pu être les mêmes personnes. Mais voilà, pour moi, ça gâche tout. J'ai lu la fin du roman avec appréhension, me demandant ce que j'allais encore me prendre dans la tête. Et je suis surement passée à côté d'une bonne partie du roman. Alors que j'ai aimé l'histoire, la surprise de la fin aussi (qui n'en était pas vraiment une d'ailleurs). Quel dommage.
Monsieur Baricco, la prochaine fois que vous voulez utiliser une personne grosse dans vos romans, renseignez-vous avant, je vous prie. Ne nous sommes pas des Rebecca en puissance. Nous sommes comme vous et les autres personnes. Pas juste un corps gros, une difformité. Voilà, c'est tout.
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