jeudi 29 avril 2021

A vow so bold and deadly, Cursebreakers, tome 3, Brigid Kemmerer

 J'ai fini hier soir la trilogie de Cursebreakers et je dois avouer que je ne suis pas tout à fait satisfaite de ma lecture. A croire qu'en ce moment, les fins de trilogie, c'est pas mon truc...

A vow so bold and deadly, Cursebreakers, tome 3, Brigid Kemmerer


Editeur : Bloombury
Collection :
Année de parution : 2021
Format : AZW

A lire si :
- Ca ne vous dérange pas d'avoir de nouveaux narrateurs
- Vous voulez une suite qui s'éloigne du conte d'origine

A ne pas lire si :
- Vous espérez voir souvent Rhen et Harper

Présentation de l'éditeur 

Face your fears, fight the battle.
Emberfall is crumbling fast, torn between those who believe Rhen is the rightful prince and those who are eager to begin a new era under Grey, the true heir. Grey has agreed to wait two months before attacking Emberfall, and in that time, Rhen has turned away from everyone—even Harper, as she desperately tries to help him find a path to peace.
Fight the battle, save the kingdom.
Meanwhile, Lia Mara struggles to rule Syhl Shallow with a gentler hand than her mother. But after enjoying decades of peace once magic was driven out of their lands, some of her subjects are angry Lia Mara has an enchanted prince and magical scraver by her side. As Grey's deadline draws nearer, Lia Mara questions if she can be the queen her country needs.
As two kingdoms come closer to conflict, loyalties are tested, love is threatened, and an old enemy resurfaces who could destroy them all, in this stunning conclusion to bestselling author Brigid Kemmerer’s Cursebreaker series.

Mon avis

J'avais très très hâte de retrouver cette trilogie pour son dernier tome. J'espérais grandement retrouver des chapitres narrées par Rhen et Harper, personnages que j'adore et que je n'ai que trop peu vu dans le second tome. Et puis, je voulais savoir ce qu'il allait se passer, maintenant que la guerre entre Grey et Rhen semblait sur le point d'éclater et que dans l'ombre, l'ennemie veillait. 

On reprend donc à peu prés où l'on s'était arrêté. Grey et Lia Mara laissent à Rhen soixante jours pour décider de oui ou non entrer en guerre contre eux. De son côté, Rhen doit aussi faire face à sa plus grande peur, Lilith, à nouveau présente derrière qui et prête à tout pour le détruire. Autant dire que la vie du jeune prince n'a rien d'un long fleuve tranquille. Surtout qu'en plus de tout ça, entre lui et Harper, ce n'est pas tout à fait la grande joie non plus. Ils se reprochent tous deux leurs actions envers Grey et cela envenime un peu la situation déjà compliquée. Du côté de Grey, ce n'est pas tout à fait mieux. A Syhl Shallow, il est un intrus. On ne lui fait pas confiance, on lui reproche même de vouloir commander à Lia Mara, la nouvelle reine. Une rôle qu'elle a d'ailleurs un peu de mal à appréhender. Trop différente de sa mère, amoureuse d'un magicien, beaucoup aimerait bien ne pas la voir sur le trône. Pour chacun des personnages, la situation n'a rien de rose, et ça ne va pas s'arranger lorsque Lilith va mettre son grain de sel dans tout ça.

Le roman se partage en deux parties assez distinctes. La première concerne les préparatifs à la guerre qui se profile de plus en plus, et ça, des deux côtés. Enfin, des deux côtés... L'autrice semble avoir une légère préférence pour Grey et Lia Mara ce qui n'est pas tout à fait mon cas, je dois l'avouer. Cela reste intéressant dans le fait que la jeune femme est une toute nouvelle reine et qu'elle a du mal à se faire entendre face à Nola Verin ou certains de ses officiers. De plus, elle est la cible d'attentat préoccupant. La présence de Grey à ses côtés l'aide beaucoup mais la met aussi dans une position de faiblesse face à sa cour. Lui n'est pas beaucoup apprécié parce qu'il est prince d'Emberfall mais surtout parce qu'il est mage. Il doit se battre pour prouver qu'il est avec Shyl Shallow auprès de quasi tout le monde là-bas. Ca donne des moments assez tendus. Mais la plupart du temps, l'autrice se répète pas mal dans cette partie. Et c'est bien là quelque chose qui m'a dérangé tout au long de ma lecture. Parce que du côté Rhen et Harper, dans cette première partie, c'est un peu la même chose qui se produit. L'autrice se répète souvent. Comme si elle avait tenté de combler pleins de pages pour réussir à finir son roman. Rhen se rend à Silvermoon où une fois de plus il est mis en danger, Rhen se retrouve torturer par Lilith etc... J'ai parfois où l'impression de relire le premier tome. Heureusement, la seconde partie échappe un peu à tout ça. Je ne vais pas trop en parler ici pour ne pas trop spoiler (je l'ai déjà assez fait je crois).

Mais surtout, ce qui m'a un peu dérangé dans ce tome, c'est clairement le traitement de Rhen. J'avais apprécié qu'il passe pour le "méchant" face à Grey dans le second tome. C'était logique vu ce qu'il avait pu vivre. D'ailleurs, j'avais salué l'évolution des personnages durant le second tome. Bon ben là, on oublie tout. Entre des personnages qui tournent en rond sans évoluer le moins du monde et un Rhen qui devient une sorte de pleurnichard pas du tout dans son rôle, j'ai eu un peu de mal. A mes yeux, seule Harper réussit à se défaire un peu du lot. Encore une fois, je n'ai pas vraiment compris ce qu'il se passait avec les personnages. Kemmerer a fait un super boulot dans les deux premiers tomes et là, elle semble un peu tout laisser tomber. En fait, je me dis de plus en plus que le problème, c'est que le second tome ait été centré sur Grey et qu'il est devenu le personnage principal de la série là où, personnellement, je voyais plutôt Rhen ou Harper dans ce rôle là. Je ne suis pas sûre que ça a été voulu par l'autrice de manière intentionnelle. Il n'empêche qu'il lui a fallu gérer les attendes de ses lecteurs et ses envies à elle. Or, pour moi, ça n'a pas fonctionné. 

Bien que j'ai apprécié ma lecture, j'aurais peut-être préféré que le premier tome reste un one-shot (il aurait pu), ou que ce troisième tome revienne réellement à Rhen et Harper et non pas en majorité à Grey et Lia Mara. C'est bien dommage parce qu'il y a de bonnes idées dans ce dernier tome (le retour de Lilith, les attentats contre Lia Mara (même si on passe dessus à vitesse grand V finalement), les préparatifs de la guerre, les questionnements de Rhen etc...). Trop de chose ont été survolés pour moi dans ce tome. Peut-être aurait-il fallut plus d'approfondissement (et moins de parlotte entre personnages) ? Je ne saurais le dire.

Au final, je sors un peu déçue de ma lecture. Tout comme avec le troisième tome de Grisha, mes attentes ne correspondaient pas vraiment à ce que j'ai lu. C'est vraiment dommage de rester sur une note négative sur deux séries presque coup sur coup quand même. Je me demande si en ce moment, je n'en demande pas un peu trop à mes lectures.



vendredi 23 avril 2021

L'oiseau de Feu, Grisha, tome 3, Leigh Bardugo

 Hier soir, le 22 avril, j'ai fini l'intégrale de Grisha. Pile le jour avant sa sortie sur Netflix (et non, pour le moment, je ne me suis pas encore jeté dessus, mais ça ne saurait tarder, hein). Je suis vraiment contente d'avoir découvert la saga qui m'a fait passé un fort bon moment de lecteur. 

L'oiseau de Feu, Grisha, tome 3, Leigh Bardugo

Edition : France Loisir
Collection : /
Année de parution : 2020
Titre en VO du tome 1: The Grisha, book 2 : Ruin and Rising 
Année de parution en VO : 2014 pour le tome 3
Nombre de pages : 1152

a lire si 
- Vous aimez le Young-Adult peut-être pas si youg que ça

A ne pas lire si 
- Vous ne voulez pas trop de romances

Présentation de l'éditeur 

Le royaume de Ravka est une terre maudite, divisée par le Shadow Fold, une épaisse nappe de ténèbres peuplée de monstres sanguinaires.
Jeune apprentie cartographe, Alina y est envoyée en mission avec son ami Mal pour accompagner de puissants magiciens, les Grisha. Alors qu’ils sont attaqués par d’horribles créatures, elle les repousse en émettant une déferlante de lumière.
Dès lors, son destin prend une autre tournure : Alina est l’Invocatrice de lumière, celle qui pourrait vaincre le Shadow Fold. Pour cela, elle doit rejoindre les Grishas et apprendre à maîtriser ce don qu’elle ignorait posséder.
Mais dans la capitale, les pièges sont nombreux...

Mon avis

La fin du second tome avait été pour le moins éprouvante suite à l'attaque du Darkling sur le Little Palace. Alina, Mal et les rares Grisha survivant de la Seconde armée se retrouvent sous terre, dans la Cathédrale Blanche commandé par l'Apparat tandis que Nikolai est on ne sait trop où, essayant de contrer l'adversaire comme il peut. Sous terre, Alina dépérit. Elle n'a plus accès à ses pouvoirs d'invocatrice de lumière mais que cela ne tienne, l'Apparat se sert d'elle comme Sainte, la gardant isolée de ses amis et sous sa coupe. Mais la jeune femme n'a pas dit son dernier mot dans la guerre qui l'oppose aux ténèbres. Elle doit encore trouver le troisième amplificateur et défaire le Darkling pour sauver Ravka. Grace à Mal et aux Grishas, elle réussit à s'enfuir de la Cathédrale Blanche et retrouve même Nikolai. Mais rien n'est simple et la guerre loin d'être terminée.

J'avoue que je m'attendais peut-être à un peu plus spectaculaire pour ce troisième tome. Je ne sais pas pourquoi, je voyais une grande bataille, un final à couper le souffle, un oiseau de feu spectaculaire, une Alina flamboyante et en même temps envahie par ses ténébres, un Darkling au commun de sa gloire puis de sa chute. Et en fait, ben j'ai pas eu grand chose de tout ça. Le plus amusant, c'est que j'aurais dû m'en douter. Grisha fut bien moins spectaculaire que Six of Crows sur bien des points et si la série ne m'a pas déçue jusque là, elle ne m'a pas non plus autant éblouie que la duologie qui la suit (non mais vraiment, par contre, faite pas comme moi, lisez d'abord Grisha puis les aventures des Crows, c'est mieux). Mais pas d'inquiétude, j'ai aimé ma lecture et cela, même si elle n'a pas été à la hauteur de mes attendes (suivant bien trop hautes, je dois l'avouer).

Ce tome, comme les précédents, a pourtant quelques défauts. D'ailleurs, ce sont les mêmes que pour les deux autres. Il est trop rapide sur certains points, pas assez sur d'autres. Ses lenteurs servent à mettre en place la psychologie des personnages, et ici, il y en a bien besoin. Alina est encore plus perdue qu'avant. C'est d'ailleurs un trait de caractère que j'aime chez elle, ce manque certain de certitudes sur ce qu'elle doit faire, cette façon qu'elle a de ne pas croire en elle. C'est parfois un peu énervant. J'ai eu envie de lui mettre deux trois gifles bien senties. A elle et à Mal aussi. Mal qui reste le personnage dont j'ai adoré la manière d'évoluer tout le long, moins sa relation avec la jeune femme. Mal qui ici prend une ampleur à laquelle je n'aurais finalement pas penser. Mal qui, finalement, malgré ses défauts, malgré ses manières envers Alina dans les deux premiers tomes (et aussi un peu dans celui-ci), et surement le personnage que j'aurais le plus apprécié dans la série (oui, j'ose, et je sais qu'il n'est pas vraiment aimé des lectrices) avec le Darkling. Un Darkling que j'ai d'ailleurs trouvé bien peu présent cette fois. Il en va de même pour Nikolai, mais l'autrice prépare pleinement ici la duologie qui lui sera consacré par la suite (et que j'ai hâte de découvrir). J'ai aimé aussi les rapports d'Alina avec les autres Grisha. La petite orpheline se crée une famille avec Genya, David, Zoya, Nadia, Adrick et Harshaw. Leur petit groupe parait presque naturel alors que même pas un tome plus tôt, on aurait eu du mal à les voir ne serait-ce que se tenir les uns à côté des autres. 

Mais si les lenteurs nous permettent de mieux comprendre les personnages, elles restent trop présentes pour moi. Surtout qu'elles sont contrebalancés par des phases bien trop rapide sur des points qui, pour moi, n'aurait peut-être pas du l'être autant. La rencontre avec l'oiseau de feu fut encore plus rapide que celle avec le dragon des glaces du second tome, la bataille finale, comme vous dire. Tout ça pour ça ? Un Darkling qui s'est montré tellement vicieux, combattif, etc... durant deux tomes finit vraiment comme ça ? Et que dire de ce qu'il s'y passe. Trois tomes pour en arriver à un épilogue tout droit sorti d'un conte de fée (je m'en remets toujours pas de lui). J'ai trouvé ça trop simple, comme si l'autrice avait voulu finalement plus se concentrer sur ses personnages (ce qu'elle a fort bien fait) a tel point qu'elle en a oublié ce qu'elle racontait autours d'eux. 

Et malgré ses défauts, j'ai aimé ma lecture. Parce que c'est prenant, malgré les lenteurs, parce que je me suis attachée à Alina et sa petite troupe, parce que l'écriture (et la traduction aussi) est agréable, pas prise de tête pour un sous. C'est une bonne série jeunesse pour moi, qui m'a beaucoup parlé. J'ai adoré l'univers des trois tomes, la magie qui en découle, les doutes d'Alina, les complots et le Darkling. Ce fut un plaisir de découvrir Grisha et ça même si elle n'est pas parvenue au niveau de Six of Crows pour moi (que je trouve plus Young-Adult que jeunesse, surement pour ça). 

jeudi 22 avril 2021

Source des tempêtes, le livre de l'énigme, tome 1, Nathalie Dau

 Cela fait plusieurs années que je n'ai pas lu de roman de Nathalie Dau dont j'aime pourtant particulièrement les thèmes et la poésie de ses écrits. Source des Tempêtes me faisait envie depuis un bon moment et j'ai enfin franchi le pas.

 Source des tempêtes, le livre de l'énigme, tome 1, Nathalie Dau

Editeur : Les Moutons Electriques
Collection : La bibliothèque voltaïque
Année de parution : 2016
format : AZW

A lire si :
- Vous aimez les écrits type mémoires
- Vous voulez un récit qui prend son temps (mais n'est pas dépourvu d'action)
- Vous voulez un univers mystérieux

A ne pas lire si : 
- Vous voulez beaucoup beaucoup d'action et de combat

Présentation de l'éditeur :

Les ténèbres ont un cœur de lumière.Je l’ai su quand j’ai vu l’enfant dans la tempête. J’ai entraperçu l’azur de sa magie étrange et intense, mon univers s’est métamorphosé. Moi qui me sentais si seul, si désespéré, j’ai découvert soudain pourquoi j’étais venu au monde : pour protéger celui qu’on m’a donné pour frère. Un frère pas tout à fait humain, pas tout à fait possible. Le protéger des autres et de lui-même : des décisions qu’il voudrait prendre afin de résoudre sa maudite Énigme. Car ce petit est doué pour se mettre – nous mettre – en péril ! Mais j’ai la faiblesse de croire que je suis plus têtu que lui.

Mon avis

Comme je le disais, cela fait longtemps que je n'ai pas lu de romand de Nathalie Dau. Pourtant, j'aime beaucoup ses univers et la manière dont elle a de me faire rêver rien qu'en la lisant. Source des Tempêtes ne déroge pas à la règle. J'ai été prise dans le récit rapidement, et même si j'ai mis du temps à le lire, j'ai pleinement profité de celui-ci.

Nous y suivons le jeune Cerdric, fils de Dame Nérasia et du magicien brulé, le dernier membre des magiciens bleus. L'ordre auquel appartenait son père a été pourchassé, détruit mais pas totalement. Une prophétie annonce qu'un nouveau bleu apparaitra et qu'il sera la somme des Rêves, le plus puissant magicien voué à l'Equilibre. Kéral Asulen disparait juste après avoir engendré son fils. Un fils qui va se révéler Réfractaire (incapable de magie) qui plus est. Elévé loin de sa mère qui lui vaut une haine farouche, sans amour, Cerdric connait un début dans le monde pour le moins compliqué. Ce n'est que lorsqu'il va découvrir qui est son père et surtout rencontré celui-ci que sa vie va changer. Car, bien que rendu magiquement stérile, il a engendré l'enfant de la prophétie avec une femme rive (une autre race d'humain (que j'ai un peu assimilé à des elfes personnellement même si pas tout a fait physiquement ressemblant), que les hommes assimilent d'ailleurs ici à des sous-hommes, juste bon pour être esclaves (et fort souvent esclaves sexuels surtout puisque l'union rive-homme n'est pas sensé être féconde)). Le jeune Ceredwan va alors tout devenir pour Cerdric. Il va se faire protecteur de son petit frère et tout faire pour rester avec lui...

Le roman est assez long à se mettre en place. Il est écrit sous forme de mémoires, celle de Cerdric, et commence par la naissance de celui-ci. Autant dire que la première partie peut être un peu ennuyeuse et notre protagoniste assez pleurnichard. Bon la vie n'a pas été non plus totalement tendre avec lui, on pourrait le comprendre. Tout s'emballe vraiment lorsqu'il rencontre enfin son père et surtout son jeune frère. Ceredwan est un enfant surdoué, possédant en lui les âmes des derniers mages bleus. Son drac (ce qui donne la magie aux gens) est surement l'un des plus puissants du monde mais il n'arrive pas du tout à le contrôler. A partir de leur rencontre, l'histoire se met réellement en place.

Alors, oui, c'est un premier tome et oui, comme nous sommes sur de la fantasy avec de jeunes protagonistes, c'est (j'allais dire forcément) un tome initiatique. Vous savez à quel point je peux avoir du mal avec ça, vu que je trouve souvent que c'est du vu et revu. Ici, c'est effectivement quelque chose qu'on a pu déjà voir, et pas n'importe où. L'histoire de Cerdric, le personnage aussi m'a parfois fait pensé à Fitz de Robin Hobb. Attention, ils sont bien différent l'un de l'autre, hein. Mais il y a quelque chose dans son évolution qui m'a fait pensé à l'Assassin Royal. Cerdric n'en reste pas moins un personnage plutôt sympathique à suivre, sauf qu'en il pleurniche sur son sort, ce qui lui arrive quand même régulièrement (je pense que c'est pour ça qu'il me fait penser à Fitz d'ailleurs, c'est un de ses pires défauts dans les trois trilogies). 

Mais surtout, l'histoire est "calme". Il n'y a pas de guerres, pas de batailles (quelques escarmouches quand même), pas de gros complots politique (une bonne grosse prophétie quand même). C'est une fantasy assez douce, parfois comtemplative que nous avons là. De quoi se plonger réellement dans l'univers, mieux le comprendre, le contempler. C'est assez appréciable en fait. Surtout que Nathalie Dau nous offre là quelque chose de fort sympathique à découvrir que se soit par la magie, le décors mais aussi la violence sourde qui y règne. J'ai adoré toute la mythologie qu'elle a mise en place dans ce premier roman et j'ai très envie de voir ce que ça va donner dans sa suite. Et puis, il y a toute une histoire de dualité et d'équilibre fort appréciable aussi. La dualité, on la ressent beaucoup entre le monde des hommes qu'a connu Cerdric, très froid, ordonné et souvent cruel, et celui où évolue son frère, plus proche de la magie avec ses fées, sa liberté, sa sauvagerie. De même, elle est présente dans les religions qui gouvernent le monde, puisqu'elles sont coupées en deux entre les déités du Chaos et celle de l'Ordre. C'est aussi le cas entre les humains et les rives (qui comme je l'ai dit, sont considéré comme des objets par les premiers). Et dans tout ça, on a Ceredawn qui doit incarner l'Equilibre, le point médian entre tout cela. Autant dire que le pauvre gamin a le poids du monde sur ses épaules et que ni son apparence (il est à moitié rive et ça se voit), ni son pouvoir ne vont l'aider.

Pourtant, si j'ai apprécié l'histoire et l'univers, il reste deux trois points qui m'ont un peu dérangé. Le premier, c'est Ceredawn lui-même. Enfin, plutôt sa façon d'être et de penser. Il a neuf ans. Alors, ok, il a en lui les âmes de six vieux mages morts mais tout de même. Sa manière de parler ne va pas avec lui. Il est trop mature, trop réfléchi, pas assez gamin. C'est perturbant à certain moments où il se conduit comme un gosse de son âge pour ensuite nous sortir une tirade d'un vieux de soixante pige. Parfois, Cerdric fait franchement gamin face à lui alors qu'il est le plus vieux. Ensuite, il y a quelques scènes qui m'ont un peu dérangé, une entre les deux frères, où la réaction de Ceredawn n'était pas celle attendu, une autre entre trois autres personnages qui m'a vraiment mise mal à l'aise. Si la première m'a semblé presque trop gratuite, la seconde, je peux la comprendre mais ça reste violent et perturbant (alors, oui, je parle justement d'un viol là et j'aurais apprécié y être un peu plus "préparée" avec un TW par exemple ou avoir une scène moins explicite).

Au final, c'est un premier tome que j'ai apprécié. J'ai aimé l'univers, sa mise en place et les personnages. J'ai aussi apprécié que malgré la présence certaine d'une notion de dualité ultra présente, le roman ne fasse finalement pas dans le manichéisme (on aurait pu s'y attendre pourtant avec l'Ordre et le Chaos, et ben pas du tout). J'espère pouvoir lire prochainement la suite (mais étrangement, je ne trouve pas le roman en numérique alors que ça fait bien un an qu'il est sorti dans la collection Hélios, je trouve ça bizarre).

vendredi 16 avril 2021

Le dragon de Glace, Grisha, tome 2, Leigh Bardugo

 J'avance plutôt pas mal dans ma lecture de Grisha. J'ai fini le tome deux entre midi et deux et je ne tarderais normalement pas à lire le troisième (moi qui avait prévu de lire autre chose entre les deux, c'est raté, je compte toujours finir mon intégrale avant l'arrivée de la série sur Netflix).

Le dragon de Glace, Grisha, tome 2, Leigh Bardugo

Edition : France Loisir
Collection : /
Année de parution : 2020
Titre en VO du tome 1: The Grisha, book 2 : Siege and storm
Année de parution en VO : 2013 pour le tome 2
Nombre de pages : 1152

a lire si 
- Vous aimez le Young-Adult peut-être pas si youg que ça

A ne pas lire si 
- Vous ne voulez pas trop de romances

Présentation de l'éditeur 

Le royaume de Ravka est une terre maudite, divisée par le Shadow Fold, une épaisse nappe de ténèbres peuplée de monstres sanguinaires.
Jeune apprentie cartographe, Alina y est envoyée en mission avec son ami Mal pour accompagner de puissants magiciens, les Grisha. Alors qu’ils sont attaqués par d’horribles créatures, elle les repousse en émettant une déferlante de lumière.
Dès lors, son destin prend une autre tournure : Alina est l’Invocatrice de lumière, celle qui pourrait vaincre le Shadow Fold. Pour cela, elle doit rejoindre les Grishas et apprendre à maîtriser ce don qu’elle ignorait posséder.
Mais dans la capitale, les pièges sont nombreux...

Mon avis

Le premier tome finissait avec une Alina en fuite, seulement aidé par Mal. Les deux jeunes gens ont quitté Ravka, prit la mer et se sont réfugiés le plus loin possible de leur pays et surtout du Darkling. Mais rien n'est simple dans la vie (et surtout dans les romans). Alors qu'ils pensent réussir à couler une vie presque tranquille, ils sont rattrapés par leur ennemi. Un ennemi qui a se révèle bien plus puissant que ce qu'il n'était jusque là. Son passage dans le Fold semble avoir décuplé ses pouvoirs. Il arrive d'ailleurs facilement à bout d'Alina et l'embarque avec lui sur un baleinier à la recherche d'un second amplificateur, le dragon de glace. Alors qu'il est sur le point d'obtenir ce qu'il veut, il est contré par le capitaine du Baleinier qui se mutine contre lui et ses Grishas, embarquant avec lui Mal et Alina. 

Ce second tome de Grisha commence plutôt sur les chapeaux de roues, comme le premier d'ailleurs. Il va continuer comme ça durant une bonne partie, le temps que l'on découvre le dragon de glace et surtout le capitaine corsaire Sturmhond, qui n'est autre que le second fils du roi de Ravka, le prince Nikolai. A partir de là, dès qu'Alina revient en Ravka et plus précisément au Little Palace, le livre recommence à prendre son temps, parfois un peu trop à mon gout. Je l'ai trouvé lent, plus que le premier. Peut-être parce que maintenant, on connaît l'univers. Heureusement pour moi, cette partie-là est axée sur quelque chose que j'aime beaucoup, les intrigues, les complots et les préparatifs de guerre. Ici, j'ai été servie avec Nikolai et la cour de Ravka. Il est juste dommage qu'Alina se tienne un peu trop à l'écart de tout ça, et ne nous en montre pas autant que je l'aurais voulu. La jeune femme est pourtant au centre de tout, que se soit la stratégie mise en place par le prince pour sauver son pays, l'adoration que lui vaut plusieurs réfugiés qui, grâce à l'Apparat, la pense Sainte, ou encore les intrigues de court n'ayant rien à voir avec la guerre contre le Darkling mais tout avec Nikolai et son frère, qui se livrent une guerre froide pour remporter le trône de Ravka. Il se passe beaucoup de chose dans le roman, parfois peut-être un peu trop. Mais connaissant déjà l'univers de l'autrice, je me doute que rien n'est laissé au hasard. Et c'est effectivement le cas. Pourtant, l'impression de lenteur ne m'a pas quitté durant une bonne moitié du roman. Moitié qui a été sauvé par les personnages.

Parce que oui, les personnages, ça restent le point fort de l'autrice. Alina, ici, est bien plus interessante que dans le premier tome. Elle commence à peine à comprendre ce qu'elle représente pour le peuple Ravka, ainsi que pour les dirigeant du royaume. Elle est plus que l'Invocatrice de Lumière. Elle est aussi un symbole. Mais elle ne veut pas forcément de cette charge, bien trop lourde et qui l'éloigne de Mal. De plus, alors qu'elle se soit dans ses responsabilités, le Darkling lui apparait régulièrement, la faisant douter de sa propre santé. J'ai aimé cette Alina qui oscille entre la femme forte commandant la Seconde Armée (ou essayant du moins) et celle qu'elle est réellement, hantée par son destin, par le Darkling. Par contre, j'ai beaucoup moins apprécié la manière dont évolue sa relation avec Mal. En fait, l'évolution est en elle-même est assez logique. Juste que Mal passe vraiment pour un gros con (pardon). Sa jalousie (que l'on a déjà vu au tome un) augmente (et on comprend pourquoi facilement) et il se comporte vraiment comme un idiot. Du coup, la relation entre les deux devient pour le moins toxique, plus particulièrement pour Alina et n'arrange en rien la jeune femme. Enfin, passons sur les petits nouveaux, et plus particulièrement sur Nikolai. Comment vous dire. Nikolai, pour moi, c'est un petit con. Donc forcément, je l'apprécie beaucoup beaucoup. C'est un personnage qui est tout en apparence, tout en vantardise mais qui cache pas mal de chose. Autant dire que j'ai de suite apprécié (et que j'ai très très hâte de pouvoir lire la série qui lui est consacré pour la peine). J'ai aussi pas mal apprécié revoir David et Zoya, ainsi que Genya. Et puis, forcément, il y a le Darkling qu'on ne voit pas assez à mon gout. 

Au final, je trouve dommage que le roman se concentre peut-être un peu trop sur la romance, que se soit la relation entre Mal et Alina qui s'envenime quand même pas mal ou les avances des princes et l'attirance pour le Darkling. Le roman a beaucoup à apporter dans la série, il soulève quelques questions, apporte de rares réponses mais se focalise parfois trop sur les sentiments amoureux de son héroïne. Certains passages auraient pu être plus développé (la partie avec le dragon de glace, tellement rapide que je me demande encore pourquoi on a donné son nom à ce tome en français (les titres VO sont tellement mieux)), la fin, qui me semble presque bâclée (et en même temps qui nous laisse avec tellement de questions sur l'avenir des personnages dans le troisième tome). Pourtant, malgré ça, j'ai aimé. Bon moins que le premier tome. Mais ça fait souvent ça dans les trilogies. J'espère que le troisième tome sera mieux.

Oh, j'allais oublier. Ce tome est suivi d'une petite nouvelle du point de vue de Genya qui se déroule lors des premiers pas d'Alina au Little Palace dans le premier tome. C'est une nouvelle assez courte mais plaisante qui permet de peut-être un peu mieux comprendre la positon de la jeune Grisha face au Darkling mais aussi à Alina. 

mercredi 14 avril 2021

Le Lion, la Sorcière Blanche et l'armoire magique, le Monde de Narnia, tome 2, C.S. Lewis

 Qui dit nouveau mois, dit nouveau tome de Narnia dans le cadre du Readathon. Pour avril, c'est donc le second tome, sûrement le plus connu grâce au film. C'est aussi le tout premier tome écrit par l'auteur, celui qui finalement, pose les bases du mythe de Narnia. 

Le Lion, la Sorcière Blanche et l'armoire magique, le Monde de Narnia, tome 2, C.S. Lewis

Editeur : Gallimard
Collection : Jeunesse
Année de parution : 2005
Titre en VO :The Chronicles of Narnia 
Année de parution en VO : 1998
Nombre de pages : 869

A lire si :
- Vous voulez de la fantasy jeunesse

A ne pas lire si :
-Vous voulez un roman long
- Vous n'aimez pas le manque de nuance


Présentation de l'éditeur :

Guidés par le Lion Aslan, découvrez dans son intégralité la saga fantastique du grand romancier, ami de Tolkien.
Grâce à la langue limpide et énergique de C. S. Lewis, à son génie du suspense, l’univers du "Monde de Narnia", où s’accomplissent conflits héroïques et quêtes magiques, peut séduire un large public, quel que soit son âge.

Mon avis

Je suis presque certaine que quasiment tout le monde connait plus ou moins l'histoire de ce second tome. Pour rappel, alors que la seconde guerre mondiale s'endurcit, les enfants londoniens sont envoyés dans les campagnes (dans des conditions plus ou moins bonnes d'ailleurs). C'est ainsi que les enfants Pevensie, Peter, Susan, Edmund et Lucy, arrivent dans le manoir d'un vieux professeur. Un jour de pluie, Lucy va entrer dans une armoire afin de se cacher durant un jeu. Elle va alors découvrir un monde sous la neige et sous un réverbère, un faune. A partir de cet instant va commencer la plus magique des aventures pour les quatre enfants.

Si je devais commencer par les défauts de ce tome (oui, pour une fois, faisons comme ça), je dirais qu'il a le malheur d'avoir une adaptation cinématographique de plutôt bonne qualité et qui en rajoute quand même un peu pour réussir à faire presque deux heures de spectacle. C'est un léger défaut mais il n'empêche qu'il est présent. Parce qu'on s'attend à certaines choses qui n'arrivent pas ou qui arrivent bel et bien me ne sont pas montré. IL ne faut pas oublier que le roman est un conte pour enfant, un livre jeunesse qui se doit d'être bienveillant. Or, de bienveillant, il passe souvent à trop de bon sentiments. Et personnellement, ça m'ennuie toujours un peu quand les héros sont justes gentils. Heureusement que nous avons Edmund dans le lot, seul personnage à avoir un mauvais côté (qui sera malheureusement vite effacé dans la fin du roman)(mais on va y revenir).  L'autre défaut, c'est que le livre est court. Il m'a fallut quelques deux heures pour le lire, or, je serais bien resté un peu plus longtemps dedans.

Passons maintenant à ses qualités. La première, c'est d'être un formidable premier point d'entrée à Narnia. Il est tellement plus interessant que le neveu du magicien. Attention, je ne dis pas que le neveu du magicien n'est pas interessant. Mais ici, on découvre vraiment Narnia. Alors, oui, il s'est passé quelques années (voir siècle) depuis la création du monde mais sa mythologie est bien présente. De plus, le découvrir en même temps que les enfants Pevensie apporte un certain charme qu'on a moins dans le tome précédent. Narnia est juste magique, que se soit sous la neige ou lorsque le printemps vient (et forcément, je ne peux m'empêcher de voir le décors des films, qui reste, somme toute, assez fidèle à ce que l'on peut lire). 

Ensuite, il y a l'histoire et ses références. La sorcière blanche m'a toujours fait penser à la Reine des Neiges (celle d'Anderson, pas celle de Disney, hein). Je reste persuadé que Lewis a utilisé le conte pour créer le sien. Du moins une partie. Il arrive à intégrer la dite partie à sa propre histoire et à ses propres idées. Comme pour le Neveu du Magicien, on trouve ici aussi pas mal de références à la bible (plus précisément au second testament alors que le neveu est plutôt côté premier) : la trahison d'Edmund (celle de Judas), le sacrifice d'Aslan (celui du christ), l'appellation fils d'Adam et fille d'Eve, le fait que Jadis soit fille de Lilith... C'est toujours aussi amusant pour moi de trouver ses références et de voir le message que tente de faire passer son auteur aux jeunes et aussi aux moins jeunes. Malheureusement, ça reste un peu trop simpliste pour moi et souvent trop plein de bons sentiments comme j'ai pu le dire plus haut. Surement parce que j'ai l'habitude de lire des romans plus adultes et plus sombres...

Enfin, il y a les personnages. Bon, je ne vais surement pas me faire des amis, mais j'ai du mal avec Peter et Lucy. Lui est trop tout, elle est trop gentille, trop naïve. Je ne dis pas qu'ils sont de mauvais personnages, juste que pour moi, ils manquent tous les deux cruellement de défauts (c'est un point qui est partiellement gommé pour Peter dans le film d'ailleurs). Susan pourrait être interessante mais elle est parfois trop maternelle avec les autres. Reste Edmund. Edmund, c'est mon petit chouchou parce que justement, il est nuancé. C'est un gentil garçon qui se donne des airs, un gamin finalement normal par rapport à ses trop parfaits frères et soeurs. C'est à lui qu'on va peut-être plus s'identifier. Et c'est interessant vu qu'il vit les choses différemment des autres. Sa trahison permet d'en voir plus du côté de Jadis (et j'aime toujours autant la sorcière Blanche). Enfin, parlons un peu d'Aslan. Le Lion n'arrive pas à me faire grande impression. Pour moi, il a le même défaut que les trois enfants Pevensie, il est trop parfait, trop "dieu". Il fait parti de ces personnages qui font avancer l'histoire en abolissant tous les obstacles d'un simple coup de baguette magique et je trouve ça parfois un peu ennuyeux. Forcément, là, c'est l'adulte qui parle, je suppose que pour un enfant, Aslan sera mieux vu. Il n'en reste pas moins un personnage majestueux, avec cette touche de magie si chère à mon coeur de fillette. 

Enfin, parlons en de la magie du roman. C'est vraiment ce qui en fait tout le charme et qui ravit petit et grand. Parce que j'ai beau dire, mais c'est quand même quelque chose qui fait rêver que d'entrer à Narnia.Tout le talent de conteur de l'auteur se fait ressentir dans ce tome. Le lecteur est immergé dans le monde, il veut savoir, connaitre, vivre les même aventures que les enfants Pevensie. Et on en arrive facilement à oublier les défauts du roman pour suivre Peter, Susan, Edmund et Lucy derrière Aslan.

Au final, j'ai passé deux heures agréable dans Narnia. Et pour tout dire, j'aurais bien continué un peu plus. C'est vraiment un roman que j'apprécie et qui m'entraine facilement ailleurs sans trop en faire. Il reste très jeunesse à mon gout (ce qui en soit est normal) mais tellement agréable à lire. Et puis, comme le dit la dédicace à la nièce de l'auteur : "un jour viendra où tu seras suffisamment âgée pour recommencer à lire des contes" et finalement, il n'y pas d'âge pour le faire.


dimanche 11 avril 2021

These Violent Delights, Chloé Gong

 Ce roman me faisait envie depuis sa sortie. Il faut dire qu'entre la réécriture de Roméo et Juliette, le Shangai des années 20 et le fait que l'autrice soit d'origine chinoise, il avait vraiment tout pour me plaire. Est-ce que ce fut le cas ? C'est ce qu'on va voir.

These Violent Delights, Chloé Gong

Editeur : Margaret K. McElderry Book
Collection : 
Année de parution : 2020
Nombre de pages : 464

A lire si 
- Vous aimez Roméo et Juliette et les réécritures
- Vous voulez une histoire de gangster des années 20

A ne pas lire si ;
- Votre niveau d'anglais est plutôt "simple"
- Vous ne voulez pas de romance (en même temps, c'est Roméo et Juliette, hein)

Présentation de l'éditeur :

The year is 1926, and Shanghai hums to the tune of debauchery.
A blood feud between two gangs runs the streets red, leaving the city helpless in the grip of chaos. At the heart of it all is eighteen-year-old Juliette Cai, a former flapper who has returned to assume her role as the proud heir of the Scarlet Gang—a network of criminals far above the law. Their only rivals in power are the White Flowers, who have fought the Scarlets for generations. And behind every move is their heir, Roma Montagov, Juliette’s first love…and first betrayal.
But when gangsters on both sides show signs of instability culminating in clawing their own throats out, the people start to whisper. Of a contagion, a madness. Of a monster in the shadows. As the deaths stack up, Juliette and Roma must set their guns—and grudges—aside and work together, for if they can’t stop this mayhem, then there will be no city left for either to rule.

Mon avis

Commençons par le commencement, ce livre est beau. J'ai pris l'édition reliée avec jaquette et franchement, il est trop classe. La jaquette a un touché velours fort sympa et une illustration magnifique, la couverture du roman a une épée argenté avec une rose sur fond noir. C'est beau, pas trop lourd (toujours peur du poids avec les reliés, moi) et ça tient parfaitement en main. Il n'y a pas à dire, les reliés, c'est quand même la classe, édition française, entre le toi dans la tête. Bref, rien que pour ça, je suis ravie de l'avoir dans ma bibliothèque. 

Passons ensuite à ce qu'on trouve à l'intérieur. J'aime l'histoire de Roméo et Juliette depuis le film délicieusement kitch et lumineux de Lhurmann, Roméo + Juliet. Et pas seulement à cause de mon amour d'adolescente pour Di Caprio. Ce film, c'est un pur bonheur à voir. C'est aussi lui qui a prouvé que Shakespeare était jouable autrement qu'en collant moulant et avec des flingues à la place des épées. Je suis presque sûre que l'autrice doit l'aimer autant que moi. Mais passons sur mon amour pour le film et revenons à ce qui nous intéresse, à savoir ce roman.

Imaginez donc une ville coupée en deux par une guerre de gang. D'un côté, les chinois du Scarlet Gang de Lord Cai, de l'autre, les russes des White Flowers de Lord Montagov. Imaginez deux jeunes gens amoureux, que cette guerre a séparé. Mais le destin est souvent cruel. Alors qu'elle a passé quatre ans en exil à New York, le retour de Juliette Cai ne se déroule pas tout à fait comme elle l'aurait souhaité. Sa ville est en proie à une étrange folie, une maladie tuant systématiquement les victimes. Il se raconte qu'un mystérieux monstre serait sorti de la rivière juste avant que l'épidémie ne commence. Voulant sauver sa ville, Juliette n'a d'autre choix que de s'allier avec Roma Montagov, son premier amour, mais aussi celui qui l'a un jour trahi. Mettant sa haine pour lui de côté, elle va enquêter sur ce qui décime la ville.

Il y a quelque chose de souvent étrange avec les réécritures. On a beau savoir comment ça va se passer pour les personnages, on ne peut pas s'empêcher de s'attacher à eux. Tout comme on ne peut pas s'empêcher de chercher les éléments importants de l'histoire d'origine. Du moins, je ne peux pas. C'est ainsi que je me suis tout de suite attaché à Marshall (dont l'alter ego shakespearien a toujours eu ma préférence) ou que j'ai frétillé d'avance à l'idée du bal masqué ou que j'ai cherché une certaine réplique. Il n'empêche que c'est à cela que l'on voit que la réécriture est bonne. J'ai été clairement embarqué dans l'histoire de Chloé Gong et pas seulement parce qu'elle nous raconte celle de Roméo et Juliette à Shangaï. Parce qu'elle aurait pu ne pas l'être. L'autrice a réussi le pari de moderniser l'histoire, de la faire entrer dans un contexte historique et géographie tout de même assez fort, d'y ajouter une touche de fantastique appréciable et tout ça en gardant les éléments clefs de la pièce de théâtre. C'est une réécriture vraiment géniale que nous avons là. 

Les personnages sont tous interessants. Un cri merci d'abord à l'autrice pour avoir remis Juliette au centre du récit comme elle l'a fait. Pourquoi je dis ça ? Parce que Juliette est souvent vu juste comme le love interest alors que c'est le personnage le plus intelligent de la pièce. Elle l'a toujours été. Ici, Juliette gagne beaucoup à avoir un vrai backround. C'est une jeune femme qui vit tiraillée entre ce qu'elle est et ce qu'elle voudrait être (elle s'habille et vit à l'américaine mais reste chinoise, et surtout shanganaise), elle doit faire ses preuves devant tout le monde pour prouver qu'elle est bien l'héritière du Scarlet Gang etc... C'est une femme de tête, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. C'est aussi une femme blessée à qui la vie n'a pas épargné grand chose. Face à elle, Roma n'est pas en reste non plus. J'ai apprécié qu'il garde le côté un peu fleur bleue de la pièce, qu'il veuille plus la paix que la guerre mais qu'il finisse par faire la seconde sous ordre de son père. C'est un jeune homme sensible, tourmenté, pas un héros à gros bras. Les personnages secondaires sont eux aussi passionnant. Forcément, il y a Marshall que j'ai adoré. Ce garçon est l'excentricité même. Il fait un duo parfait avec Benedikt, le cousin de Roma, plus calme, plus posé. Côté Cai, les soeurs Kathleen et Rosalind m'ont semblé un peu plus effacées (bon face au duo Marshall Benedikt, tout le monde est effacé, vous me direz). Par contre, j'aurai voulu en voir plus de Tyler Cai, le cousin de Juliette, ou encore des deux patriarches. 

Et puis, il y a le côté fantastique qui se colle parfaitement à celui plus historique. Shangaï est ici plus qu'un décors. La ville est historiquement très riche d'évènement, surtout aux alentours de la période en question, les années 1926. J'apprécie beaucoup le travail effectué par l'autrice pour la rendre vivante et coller aux évènements réels tout en y ajoutant donc cette maladie étrange qu'est la folie et le monstre dont elle semble la fille. Je n'aurais pas cru que ça fonctionnerait si bien, surtout avec la réécriture de la pièce de Shakespeare. Et pourtant, si. 

Par contre, autant le dire, il faut un niveau d'anglais plutôt bon pour le lire. J'ai un peu galéré sur certain passage, sortant même le traducteur pour être sûre de comprendre (ce que je n'avais pas encore fait sur des lectures en VO). Le livre est exigeant, même si c'est du Young Adult (perso, je ne l'aurais pas tout à fait mis dans cette catégorie-là, je le trouve un peu trop violent pour ça)

Au final, j'ai vraiment beaucoup aimé cette histoire. J'ai très très hâte de lire la suite qui devrait sortir à l'automne il me semble (après tout, nous n'en somme "qu'à" la mort de Mercutio là). C'est une très bonne réécriture de Roméo et Juliette comme on n'en voit pas assez à mon gout.