Cela fait plusieurs années que je n'ai pas lu de roman de Nathalie Dau dont j'aime pourtant particulièrement les thèmes et la poésie de ses écrits. Source des Tempêtes me faisait envie depuis un bon moment et j'ai enfin franchi le pas.
Source des tempêtes, le livre de l'énigme, tome 1, Nathalie Dau
Editeur : Les Moutons Electriques
Collection : La bibliothèque voltaïque
Année de parution : 2016
format : AZW
A lire si :
- Vous aimez les écrits type mémoires
- Vous voulez un récit qui prend son temps (mais n'est pas dépourvu d'action)
- Vous voulez un univers mystérieux
A ne pas lire si :
- Vous voulez beaucoup beaucoup d'action et de combat
Présentation de l'éditeur :
Les ténèbres ont un cœur de lumière.Je l’ai su quand j’ai vu l’enfant dans la tempête. J’ai entraperçu l’azur de sa magie étrange et intense, mon univers s’est métamorphosé. Moi qui me sentais si seul, si désespéré, j’ai découvert soudain pourquoi j’étais venu au monde : pour protéger celui qu’on m’a donné pour frère. Un frère pas tout à fait humain, pas tout à fait possible. Le protéger des autres et de lui-même : des décisions qu’il voudrait prendre afin de résoudre sa maudite Énigme. Car ce petit est doué pour se mettre – nous mettre – en péril ! Mais j’ai la faiblesse de croire que je suis plus têtu que lui.
Mon avis
Comme je le disais, cela fait longtemps que je n'ai pas lu de romand de Nathalie Dau. Pourtant, j'aime beaucoup ses univers et la manière dont elle a de me faire rêver rien qu'en la lisant. Source des Tempêtes ne déroge pas à la règle. J'ai été prise dans le récit rapidement, et même si j'ai mis du temps à le lire, j'ai pleinement profité de celui-ci.
Nous y suivons le jeune Cerdric, fils de Dame Nérasia et du magicien brulé, le dernier membre des magiciens bleus. L'ordre auquel appartenait son père a été pourchassé, détruit mais pas totalement. Une prophétie annonce qu'un nouveau bleu apparaitra et qu'il sera la somme des Rêves, le plus puissant magicien voué à l'Equilibre. Kéral Asulen disparait juste après avoir engendré son fils. Un fils qui va se révéler Réfractaire (incapable de magie) qui plus est. Elévé loin de sa mère qui lui vaut une haine farouche, sans amour, Cerdric connait un début dans le monde pour le moins compliqué. Ce n'est que lorsqu'il va découvrir qui est son père et surtout rencontré celui-ci que sa vie va changer. Car, bien que rendu magiquement stérile, il a engendré l'enfant de la prophétie avec une femme rive (une autre race d'humain (que j'ai un peu assimilé à des elfes personnellement même si pas tout a fait physiquement ressemblant), que les hommes assimilent d'ailleurs ici à des sous-hommes, juste bon pour être esclaves (et fort souvent esclaves sexuels surtout puisque l'union rive-homme n'est pas sensé être féconde)). Le jeune Ceredwan va alors tout devenir pour Cerdric. Il va se faire protecteur de son petit frère et tout faire pour rester avec lui...
Le roman est assez long à se mettre en place. Il est écrit sous forme de mémoires, celle de Cerdric, et commence par la naissance de celui-ci. Autant dire que la première partie peut être un peu ennuyeuse et notre protagoniste assez pleurnichard. Bon la vie n'a pas été non plus totalement tendre avec lui, on pourrait le comprendre. Tout s'emballe vraiment lorsqu'il rencontre enfin son père et surtout son jeune frère. Ceredwan est un enfant surdoué, possédant en lui les âmes des derniers mages bleus. Son drac (ce qui donne la magie aux gens) est surement l'un des plus puissants du monde mais il n'arrive pas du tout à le contrôler. A partir de leur rencontre, l'histoire se met réellement en place.
Alors, oui, c'est un premier tome et oui, comme nous sommes sur de la fantasy avec de jeunes protagonistes, c'est (j'allais dire forcément) un tome initiatique. Vous savez à quel point je peux avoir du mal avec ça, vu que je trouve souvent que c'est du vu et revu. Ici, c'est effectivement quelque chose qu'on a pu déjà voir, et pas n'importe où. L'histoire de Cerdric, le personnage aussi m'a parfois fait pensé à Fitz de Robin Hobb. Attention, ils sont bien différent l'un de l'autre, hein. Mais il y a quelque chose dans son évolution qui m'a fait pensé à l'Assassin Royal. Cerdric n'en reste pas moins un personnage plutôt sympathique à suivre, sauf qu'en il pleurniche sur son sort, ce qui lui arrive quand même régulièrement (je pense que c'est pour ça qu'il me fait penser à Fitz d'ailleurs, c'est un de ses pires défauts dans les trois trilogies).
Mais surtout, l'histoire est "calme". Il n'y a pas de guerres, pas de batailles (quelques escarmouches quand même), pas de gros complots politique (une bonne grosse prophétie quand même). C'est une fantasy assez douce, parfois comtemplative que nous avons là. De quoi se plonger réellement dans l'univers, mieux le comprendre, le contempler. C'est assez appréciable en fait. Surtout que Nathalie Dau nous offre là quelque chose de fort sympathique à découvrir que se soit par la magie, le décors mais aussi la violence sourde qui y règne. J'ai adoré toute la mythologie qu'elle a mise en place dans ce premier roman et j'ai très envie de voir ce que ça va donner dans sa suite. Et puis, il y a toute une histoire de dualité et d'équilibre fort appréciable aussi. La dualité, on la ressent beaucoup entre le monde des hommes qu'a connu Cerdric, très froid, ordonné et souvent cruel, et celui où évolue son frère, plus proche de la magie avec ses fées, sa liberté, sa sauvagerie. De même, elle est présente dans les religions qui gouvernent le monde, puisqu'elles sont coupées en deux entre les déités du Chaos et celle de l'Ordre. C'est aussi le cas entre les humains et les rives (qui comme je l'ai dit, sont considéré comme des objets par les premiers). Et dans tout ça, on a Ceredawn qui doit incarner l'Equilibre, le point médian entre tout cela. Autant dire que le pauvre gamin a le poids du monde sur ses épaules et que ni son apparence (il est à moitié rive et ça se voit), ni son pouvoir ne vont l'aider.
Pourtant, si j'ai apprécié l'histoire et l'univers, il reste deux trois points qui m'ont un peu dérangé. Le premier, c'est Ceredawn lui-même. Enfin, plutôt sa façon d'être et de penser. Il a neuf ans. Alors, ok, il a en lui les âmes de six vieux mages morts mais tout de même. Sa manière de parler ne va pas avec lui. Il est trop mature, trop réfléchi, pas assez gamin. C'est perturbant à certain moments où il se conduit comme un gosse de son âge pour ensuite nous sortir une tirade d'un vieux de soixante pige. Parfois, Cerdric fait franchement gamin face à lui alors qu'il est le plus vieux. Ensuite, il y a quelques scènes qui m'ont un peu dérangé, une entre les deux frères, où la réaction de Ceredawn n'était pas celle attendu, une autre entre trois autres personnages qui m'a vraiment mise mal à l'aise. Si la première m'a semblé presque trop gratuite, la seconde, je peux la comprendre mais ça reste violent et perturbant (alors, oui, je parle justement d'un viol là et j'aurais apprécié y être un peu plus "préparée" avec un TW par exemple ou avoir une scène moins explicite).
Au final, c'est un premier tome que j'ai apprécié. J'ai aimé l'univers, sa mise en place et les personnages. J'ai aussi apprécié que malgré la présence certaine d'une notion de dualité ultra présente, le roman ne fasse finalement pas dans le manichéisme (on aurait pu s'y attendre pourtant avec l'Ordre et le Chaos, et ben pas du tout). J'espère pouvoir lire prochainement la suite (mais étrangement, je ne trouve pas le roman en numérique alors que ça fait bien un an qu'il est sorti dans la collection Hélios, je trouve ça bizarre).
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