lundi 28 décembre 2020

A Curse so dark and lonely, The Cursebreakers, tome 1, Brigid Kemmerer

 Oh, encore un livre en VO et encore une réécriture de conte. Il faut croire que j'ai envie d'enchantement en cette fin d'année (et on a pas fini, ma wishlist VO comporte pas mal de réécriture en fait). Celui-ci me faisait envie depuis un petit moment et il était temps que je saute dessus.

A Curse so dark and lonely, The Cursebreakers, tome 1, Brigid Kemmerer

Editeur : Bloomsbury
Collection : 
Année de parution : 2019
Format : AZW

A lire si :
- Vous aimez les réécritures de contes, et plus particulièrement celui de la Belle et la Bête
- Vous voulez une romance qui ne soit pas calcul

A ne pas lire si ;
- Vous voulez voir un monstre tout le temps

Présentation de l'éditeur :

It once seemed so easy to Prince Rhen, the heir to Emberfall. Cursed by a powerful enchantress to repeat the autumn of his eighteenth year over and over, he knew he could be saved if a girl fell for him. But that was before he learned that at the end of each autumn, he would turn into a vicious beast hell-bent on destruction. That was before he destroyed his castle, his family, and every last shred of hope.
Nothing has ever been easy for Harper Lacy. With her father long gone, her mother dying, and her brother barely holding their family together while constantly underestimating her because of her cerebral palsy, she learned to be tough enough to survive. But when she tries to save someone else on the streets of Washington, DC, she's instead somehow sucked into Rhen's cursed world.
A prince? A monster? A curse? Harper doesn't know where she is or what to believe. But as she spends time with Rhen in this enchanted land, she begins to understand what's at stake. And as Rhen realizes Harper is not just another girl to charm, his hope comes flooding back. But powerful forces are standing against Emberfall . . . and it will take more than a broken curse to save Harper, Rhen, and his people from utter ruin.

Mon avis

Je ne sais pas si je vous l'ai dit, mais la Belle et la Bête est mon conte de fées préférés, et ça, toutes versions confondues, depuis que je suis toute petite et avant que Disney n'en fasse le meilleur dessin animé ever (je ne suis pas objective, et je m'en fiche). C'était le conte que je faisais lire et relire à ma mère avant de savoir moi-même lire. Belle était le personnage qui me parlait le plus, et quand, à l'âge de cinq ans (ça ne me rajeuni pas dites donc), je découvrais la princesse Disney et son amour pour les livres, ça a fait boom dans mon petit coeur. Enfin bref, tout ça pour dire qu'entre le conte et moi, c'est une belle histoire qui dure depuis toujours. Et que je suis très exigeante quant à ses réécritures. Surtout que j'ai clairement adoré A deal with the Elf King qui en fait parti.

A curse so dark and lonely est donc une de ces réécritures. A Emberfall, le prince Rhen a été maudit par Lilith (on aurait pu faire un peu plus original pour l'enchanteresse quand même). Il est obligé de revivre sans cesse l'automne de ses dix-huit ans. A la fin de celui-ci, il se transforme en monstre et tout recommence, encore et encore. Sous cette forme, il a détruit tout ce qui se trouvait dans le château familial, sa famille, ses gens, et tout espoir de se sauver un jour. Seul reste avec lui Grey, le commandant de la Garde Royale, seul survivant du premier automne maudit. Or, Grey est capable de passer d'un monde à l'autre. C'est ainsi que pour la dernière saison de son prince, il se rend à Washington et y kidnappe Harper. La jeune femme est le dernier espoir pour Rhen de briser la malédiction. Mais pour ça, il faut qu'elle tombe amoureuse de lui avant qu'il ne devienne un monstre, et avant que son royaume ne soit envahi par son voisin. Autant dire que ça ne va pas être aussi simple que ça.

Je ne vais pas vous faire patienter plus longtemps, j'ai aimé cette réécriture et c'est surtout grâce à Harper et Rhen. J'ai adoré les personnages de ce roman. Harper est une jeune femme réfléchie qui bien qu'elle se retrouve dans un monde qui est loin d'être le sien ne se laisse pas aller. Depuis son enfance, elle doit se battre (elle est atteinte de paralysie cérébrale, chose que nous savons mais qui ne la définit clairement pas), et elle ne va pas arrêter maintenant. Surtout que lorsque Grey la kidnappe, sa mère est au plus mal, en phase terminale du cancer, et son frère est dans de mauvais draps.  Elle n'aspire qu'à une chose, pouvoir les retrouver, et ceux par tous les moyens. Sa rencontre avec Rhen va un peu changer sa manière de voir les choses. Le prince est digne de celui du conte, arrogant, égoïste. Du moins, c'est l'impression qu'il donne au premier abord. Il est très proche du personnage de parfait petit con que j'adore. Petit à petit, elle va percer sa carapace et on va découvrir un tout autre personnage particulièrement attachant. J'ai vraiment beaucoup aimé Rhen durant ma lecture. Sous ses abords de petit con arrogant, ce sont ses faiblesses qui m'ont touché. Par contre, j'ai moins apprécié Grey, trop froid et parfois trop parfait face à lui. Quant à Lilith, l'enchanteresse est telle qu'on peut se l'imaginer, froide, sans coeur et prête à tout pour se venger de Rhen. 

L'univers est assez sympathique lui aussi. Surtout, il permet d'avoir un peu plus qu'une simple réécriture du conte. Si j'ai aimé Ironrose, le château maudit de Rhen, j'ai aussi apprécié en sortir pour découvrir un monde plus vaste. La malédiction de Rhen et le massacre de sa famille amène forcément un plus, puisque depuis cinq ans, son peuple est sans la moindre défense et Emberfall périclite méchamment. Rapidement, on va découvrir que le royaume voisin compte d'ailleurs s'élargir en prenant les terres de Rhen. Cela amène une autre dimension à l'histoire, nous éloignant un peu de la réécriture du conte originel, C'est quelque chose que j'ai apprécié (et qui fait comprendre pourquoi on se retrouve avec une trilogie et non un simple one-shot) et qui donne son petit coté original à A curse. 

Du coup, parlons donc de l'intrigue. Forcément, il y a toute la partie réécriture qui suit parfaitement le conte. Si Rhen ne se transforme pas de suite en monstre, tout y est, la malédiction, la jeune femme enlevée, la découverte des deux jeunes gens, la tension amoureuse qui se met en place petit à petit etc... Si on attend forcément le moment où Harper va tomber amoureuse de Rhen et qu'on connait le dérouler de la chose, ça reste toujours sympathique à lire. Surtout que l'histoire d'amour naissante n'en fait pas trop et même si elle est le centre du roman, elle ne prend pas le pas sur tout. Parce qu'outre la romance, il y a aussi la guerre latente entre Emberfall et son voisin, les doutes de Rhen sur sa capacité à gouverner son royaume (surtout qu'il fait croire que son père est toujours vivant mais ailleurs), ceux d'Harper sur ce q'elle est en train de vivre etc... On se retrouve finalement avec une histoire bien plus vaste que celle du conte et j'ai assez apprécié ça. 

Au final, j'ai donc aimé ma lecture. Je m'y attendais un peu (je rappelle que la Belle et la Bête est mon conte préféré) et je n'ai pas été déçue. Enfin, si, un peu. La fin m'a laissé sur ma faim et j'ai fermé le kindle avec la méchante envie de m'acheter direct le second tome (mais non, faut que j'attende un peu, j'ai une PAL numérique longue comme le bras qui n'attend que moi). 


vendredi 18 décembre 2020

Que passe l'hiver, David Bry

 Voilà un titre qui me semblait parfait pour ce début d'hiver. Je n'en avais pas du tout entendu parler jusque là, mais franchement, il avait l'air bien sympathique. Il n'en fallait pas plus pour que je le glisse dans la liseuse.

Que passe l'hiver, David Bry

Editeur : L'homme sans nom
Collection : 
Année de parution : 2017
Format : AZW

A lire si :
- Vous aimez les huis-clos
- Vous aimez les vieilles légendes

A ne pas lire si :
-Vous accordez une grande importance aux personnages

Présentation de l'éditeur : 

Stig vient d'avoir vingt ans, l'âge de porter une épée et de se rendre - enfin ! - sur le Wegg, l'étrange montagne où réside son souverain, le roi de la Clairière. Mais son premier solstice d'hiver ne se déroule pas comme il l'avait imaginé. À peine le jeune seigneur est-il arrivé que la mort répond aux augures néfastes et que les fils enchevêtrés du destin tissent un avenir que personne, ni homme ni dieu, semble pouvoir prédire. Menacé sans qu'il en comprenne la raison, Stig aura fort à faire pour découvrir ce qui se trame dans l'ombre des festivités, protéger ceux qu'il aime... et même survivre. Y parviendra-t-il ?
À la croisée de l'ode initiatique et du huis-clos, Que passe l'hiver raconte le destin d'un jeune homme au pied bot et d'un roi aux longs bois de cerf, pris dans le maelström d'un monde qui se meurt, peut-être...

Mon avis

J'avais très envie de découvrir ce roman. Sa quatrième avait ce petit côté mystérieux qui m'inspirait énormément. J'aime les vielles légendes, tout ce qui peut se rapporter au petit peuple, aux faes etc... Et avec un roi possédant des bois de cerf sur le crane, je savais que j'en étais pas tout à fait loin.

Stig se rend pour la première fois sur le Wegg où réside le souverain de la Clairière. Il a hâte de découvrir les rites du solstice, le roi lui-même et de pouvoir prêter serment avec les autres clans, comme cela se fait tous les ans.  Mais dès le début du voyage quelque chose ne va pas. Sa selle se détache, manquant de le tuer, et Anasie, la prophétesse de son clan, déclare que les augures ne sont pas bonnes. Le premier soir, alors que la fête bat son plein, le chef du Clan Dewe meurt, probablement empoissonné. Stig va alors mène l'enquête pour découvrir ce qu'il se passe sur le Wegg, surtout qu'il est à nouveau la cible d'un ennemi inconnu.

David Bry nous offre un one-shot pour le moins poétique et hivernal avec un univers à la fois vaste et ultra concentré. Concentré parce que nous ne bougeons pas du Wegg, la montagne sacré au cœur de la Clairière. Vaste pour tout ce qu'il montre autour, par les divers clans et leurs coutumes. Il créé une mythologie commune à tous, où les clans sont les descendants des enfants du Dieux Sombre et où chacun a reçu un pouvoir. Ainsi, les Feyren peuvent se transformer en animaux (Stig par exemple prend la forme du corbeau, son frère celle d'un loup et son père celle d'un ours), les Dewe se fondent dans les ombres, les Lugen peuvent passer à travers le Voile et les Oren lisent toutes les nuits les fils du destin. J'ai beaucoup aimé voir qu'aucun de ses pouvoirs ne prend le dessus sur l'autre, chacun ayant ses forces et ses faiblesses. J'ai aussi aimé la mythologie qui va avec tout ça, le Dieu Sombre qui règne sur le Monde Souterrain (ça fait très Tuatha Dé Danann tout ça, n'est-ce pas ?), le passage de l'hiver, importante cérémonie dans la Clairière, le Voile qui sépare les mondes. En grande fan de tout ce qui est mythologie celte, je ne peux qu'adhérer à tout ça. Surtout quand le tout sert une bonne intrigue, ce que nous avons ici.

Une intrigue que j'ai donc assez apprécié. A la suite de Stig, nous allons petit à petit comprendre ce qu'il se trame sur le Wegg. Petit à petit, parce que rien n'est révélé trop vite. L'histoire prend son temps. En réalité, la résolution de l'intrigue n'est pas tout à fait la chose la plus primordiale. On se penche plus sur les personnages, leur relation, les clans, les pouvoirs (politique et magique) que sur qui a bien pu tuer les autres. Par contre, autant le dire de suite, je n'ai pas été étonné par les révélations à ce sujet. On s'en doute presque dès le départ en fait. Mais le style de David Bry, cette manière de doser ses effets, de rythmer son récit, entre les chants, les poèmes, les diverses actions, est particulièrement immergeant. Du coup, même si on se doute de ce qu'il va se passer, on reste tout de même à l'affut. 

Arrive finalement le point faible du récit, du moins pour moi, les personnages. Déjà, il y en a pas mal et certain avec des noms ultra ressemblant. C'est un peu gênant pour savoir qui est qui, et ça, malgré un petit glossaire par clan au début du roman. Ensuite j'ai eu du mal à m'attacher à ceux qui gravitent autour de Stig et même au jeune héros. Ils m'ont paru un peu froid et distant en fait. Je pense que ça vient du style du roman, qui ressemble à un immense poème, une épopée des temps ancien. On se concentre plus sur ce qu'il se passe, les fils du destin, que sur ceux qu'ils manipulent. Et franchement, c'est un côté qui m'a un peu déçu ça, de ne pas m'attacher aux personnages (sans parler que beaucoup disparaissent au fil du roman).

Au final, ce fut une lecture en demi-teinte à cause des personnages. Tout était presque parfait, l'univers vraiment intéressant, l'intrigue plutôt bien menée mais quel dommage que je n'ai pas pu accroché à Stig et aux autres. Je le recommande surtout pour son ambiance emplie de magie.




mardi 15 décembre 2020

N'oublie jamais, Nevernight, tome 1, Jay Kristoff

J'ai un peu craquer sur Nevernight à force de le voir. Bon, faut dire aussi que la campagne de teaser de De Saxus avait déjà fait un très bon travail. Et puis, les couvertures étaient top aussi (celle de la reliée est juste wahoo mais il l'avait pas à la librairie)(et puis, les reliés, c'est joli tout plein mais pas pratique)(n'empêche que je cracherais pas dessus). Bref, j'ai craqué et je pense fortement avoir eu raison. 

N'oublie jamais, Nevernight, tome 1, Jay Kristoff

Editeur : de Saxus
Collection : 
Année de parution : 2020
Titre en VO : The Nevernight Chronicle, book 1: Nevernight
Année de parution en VO : 2016
Nombre de pages : 768

A lire si 
- Vous voulez de la dark fantasy
- La violence ne vous fait pas peur, le sang non plus d'ailleurs

A ne pas lire si :
- Vous voulez quelque chose de soft.
- Vous voulez des personnages adultes
- Vous n'aimez pas les notes de bas de page.

Présentation de l'éditeur : 

Dans un pays où trois soleils ne se couchent presque jamais, une tueuse débutante rejoint une école d'assassins, cherchant à se venger des forces qui ont détruit sa famille.
Fille d'un traître dont la rébellion a échoué, Mia Corvere parvient de justesse à échapper à l'anéantissement des siens. Livrée à elle-même et sans amis, elle erre dans une ville construite sur les ossements d'un dieu mort, recherchée par le Sénat et les anciens camarades de son père.
Elle possède un don pour parler avec les ténèbres et celui-ci va la mener tout droit vers un tueur à la retraite et un futur qu'elle n'a jamais imaginé.
À 16 ans, elle va devenir l'une des apprentis du groupe d'assassins le plus dangereux de toute la République : L'Église rouge. La trahison et des épreuves l'attendent dans les murs de cet établissement où l'échec est puni par la mort. Mais si elle survit à cette initiation, elle fera partie des élus de Notre-Dame du Saint-Meurtre, et elle se rapprochera un peu plus de la seule chose qu'elle désire : la vengeance.

Mon avis

Bon, on va pas se mentir, Nevernight a beaucoup trop de chose que j'aime pour ne pas me plaire. Rien que la quatrième de couverture me fait baver, et je ne parle donc pas des couvertures des deux versions publiée par de Saxus. C'était une évidence, entre lui et moi, ça allait coller. Est-ce que ce fut bien le cas ? C'est ce que l'on va voir.

Mia Corvere a dix ans lorsque son père est exécuté pour trahison et familia anéantie avec lui. Ce jour-là, elle perd sa famille et gagne un étrange pouvoir, celui d'utiliser les ombres. Depuis, elle rêve de vengeance. Elevé par Mercurio, un ancien membre de l'Eglise Rouge, sa vie se résume à sa vengeance et au moyen d'y parvenir. Pour se faire, elle doit intégrer elle-même l'Eglise de la Déesse Nyah, notre Dame du Saint-Meurtre et devenir la meilleure assassin de sa génération. La voilà donc partit pour le désert d'Ashkah et l'Eglise Rouge.

Commençons par le début, l'univers que nous laisse entrevoir ce premier tome de la trilogie. Nous découvrons en premier Sepulcra, la capitale de la république d'Itreya, où la nuit n'apparait que tous les trois ou quatre ans à cause des trois soleils qui brulent dans le ciel. La cité donne le ton, construite dans les ossements d'un dieu mort. Grace à ses trois soleils, elle semble lumineuse, mais ne nous leurrons pas, comme toute cité qui se respecte dans un monde penchant méchamment vers la dark fantasy, c'est pour mieux cacher la puanteur et l'obscurité de ses habitants. Si Sepulcra ressemble beaucoup à Venise par sa géographie, elle m'a fait penser à la Rome antique par sa politique ; une république dirigée par un Sénat qui semble fort bien corrompu, un sénateur qui a réussi à se faire élire durant six ans grâce à une belle entourloupe etc... Forcément, ça me plait beaucoup, autant géographiquement (même si finalement pour l'instant, on a peu vu la ville) que politiquement. Côté Eglise Rouge, on est pas mal non plus. Forcément, comme elle est vouée à la méchante déesse Nyah qui représente la nuit, il y fait toujours très sombre, une ambiance bien pesante y règne et le sang et la violence sont partout de manière bien visible. Un environnement finalement bien moins oppressant que Sepulcra, vu que là, tout est dit, et qu'on s'attend à tout. Tout est donc fait pour faire de l'Eglise Rouge et de sa Déesse l'ennemie du bien dans le roman et ça fonctionne assez bien. Peut-être trop d'ailleurs. Pendant une bonne partie du roman, une méchante impression de manichéisme dans la construction de l'univers ne m'a pas lâché. Ca reste une impression, parce que ce n'est pas le cas. N'empêche que c'était là. 

Ensuite passons aux personnages. J'ai adoré Mia, c'est dit. La jeune femme a un côté très frais en fait. J'ai adoré son irrévérence, sa quête de vengeance, ses peurs, sa façon de voir le monde, son pouvoir et la manière dont elle tente de le gérer, sa quête d'identité… Sa manière de faire peut-être un peu tâche parfois à l'Eglise Rouge aussi. Mia est un personnage plein de gris, de nuances. Et dans l'univers qu'à mis en place Kristoff c'est un vrai petit bonheur. Et surtout, ça semble presque naturel, ça en faire trop, particulièrement lorsqu'on découvre ses professeurs qui manquent, eux, parfois de nuances. Ce n'est pas le cas de tous les personnages secondaires, heureusement. Disons pas de tous. Tric et Ashlinn sont eux-aussi tout en nuance, même si c'est moins voyant que pour Mia. Ce sont d'ailleurs les seuls à qui je me suis attachée en plus de la jeune femme (aussi les seuls à être vraiment en contact avec elle, les autres faisant souvent plus parti du décors qu'autre chose). Pour les autres, c'est plus compliqué. Disons que parfois, l'auteur en fait un peu trop avec son idée de secte d'assassins gavés de meurtre et de sang. Oh, et il y a Gentilhomme. J'ai adoré Gentilhomme qui est surement mon personnage préféré de tout le roman. Il est juste génial.

Je pense que vous voyez déjà se profiler le défaut que j'ai trouvé au roman. Un défaut que l'on retrouve aussi dans le style du narrateur, personnage à lui tout seul, qui, à l'instar de Pratchett dans bon nombre de ses annales, s'amusent à nous donner des courts d'histoires ou des anecdotes dans les notes de bas de pages. Si vous n'aimez pas ça, passer votre chemin. Il y en a un nombre conséquent. Perso, ça ne me dérange pas du tout, surtout que le dit narrateur a un humour plutôt agréable et plein de sarcasme et d'ironie. Oui, le roman en fait trop. Trop sombre, trop violent, trop de note, trop de tout, parfois tellement qu'on tombe un peu dans la caricature de ce qu'il voudrait être. Et vraiment pour moi, c'est là que ça ne va pas. Parce que même si je comprends parfaitement l'effet qu'a voulu donner Jay Kristoff avec cette exagération, que se soit dans l'univers ou les personnages, pour moi, ça manque clairement de nuance. Or la dite nuance, on ne la retrouve qu'avec Mia. Alors, oui, ça en fait un personnage hors du commun dans le roman, mais a-t-elle besoin de ça ? Pas vraiment. Elle est déjà hors du commun de part sa nature. Du coup, pour moi, ce n'est donc pas assez nuancé. Après, c'est un parti pris de l'auteur que je comprends. Pourquoi faire dans la nuance lorsque le trop réussit à être pour le moins spectaculaire et qu'il permet de montrer la singularité de son héroïne ? Non parce que bon, je critique mais je ne peux m'empêcher de m'avouer que ça fonctionne super bien en fait sur ce tome. Ca manque de nuance mais l'ambiance est là, oppressante, sombre, violente et va parfaitement avec ce que l'auteur écrit.

Donc, Nevernight est passé à pas grand chose du coup de cœur. Ce fut une lecture appréciable, dans un univers riche et des personnages qui ont su me plaire. Ce début de trilogie m'a plut et j'ai très très hâte que de Saxus publie la suite (j'espère vraiment ne pas avoir à attendre trop longtemps, sachant que toute la série a déjà été publié en VO)




lundi 7 décembre 2020

Le Royaume Assassiné, Alexandra Christo

 Ce livre fait parti de ce que j'attendais avec une impatience non feinte (et que j'aurais lu plus tôt si j'avais eu plus confiance en moi en VO à sa sortie). Du coup, j'étais hyper contente lorsque de Saxus l'a enfin publié. Et même si je n'ai pas l'édition reliée que j'aurais bien voulu (mais j'ai préco trop tard à ma librairie pour l'avoir...) je suis ravie de l'avoir enfin entre les mains.

Le Royaume Assassiné, Alexandra Christo

Editeur : De Saxus
Collection : 
Année de parution : 2020
Titre en VO : To Kill a Kingdom
Année de parution en VO : 2018
Nombre de pages : 499

A lire si :
- Vous vous une revisite de la Petite sirène
- Vous aimez les histoires de pirates
- Vous voulez un One-shot

A ne pas lire si : 
- Vous n'aimez pas les sirènes

Présentation de l'éditeur : 

La princesse Lira fait partie de la royauté des sirènes, et c'est la plus létale de tous. Elle possède le cœur de dix-sept princes dans sa collection et est vénérée à travers les mers. Jusqu'à ce qu'un coup du sort la force à tuer l'un des siens. Pour punir sa fille, la Reine des Mers transforme Lira en ce qu'elle hait le plus au monde : une humaine. Privée de sa voix, Lira a jusqu'au solstice d'hiver pour délivrer le cœur du Prince Elian de la Reine des Mers, au risque de rester humaine pour toujours.
L'océan est le seul lieu que le Prince Elian considère comme chez lui, même s'il est l'héritier du plus puissant royaume au monde. Chasser les sirènes est davantage pour lui qu'un répugnant passe-temps, c'est sa vocation. Lorsqu'il vient en aide à une femme sur le point de se noyer, elle se révèle être bien plus que son apparence ne le laisse supposer. Elle fait la promesse de l'aider à trouver le moyen de détruire les sirènes pour de bon. Mais peut-il lui faire confiance ? Et à combien de pactes Elian va-t-il devoir consentir pour éliminer le pire ennemi de l'humanité ?

Mon avis

Autant le dire dès le début, la Petite Sirène n'est pas mon conte préféré. Sa version Disney encore moins. Pourtant, j'aime particulièrement tout ce qui touche à la mer et j'apprécie certaines des adaptations qui ont pu être faite du conte (mention spéciale à cette version là, Rusalochka qui date de 1968). Et pourtant, je voulais à tout prix lire le Royaume Assassiné. Peut-être justement parce que c'est une relecture à la fois du conte originel et de la version Disney (disons que certains éléments font partie de la version animé bien connue quand la plupart d'entre eux viennent du conte). Est-ce que j'ai eu raison ? C'est ce qu'on va voir.

Lira est la fille de la Reine des Mers. Princesse sans cœur du royaume des mers, elle est la Dévoreuse de Princes, une sirène qui ne prend que les cœurs des princes des cent royaumes. Mais après désobéit à sa mère, elle doit prendre le cœur d'un simple marin pour son dix-huitième anniversaire. Incapable de s'y plier, elle va essayer de prendre la vie du prince Elian, le chasseur de sirène. Un nouvel affront que la Reine des Mers ne laisse pas passer. Elle transforme sa fille en humaine, lui prend son chant et l'envoie à la surface avec un ultimatum. Lira doit prendre le cœur d'Elian avant le Solstice d'hiver. Repêchée par Elian sur son navire pirate, elle va partir avec lui à la recherche de la seule chose pouvant encore la sauver, l'Œil de Keto, un mystérieux cristal pouvant mettre un terme à la vie de sa mère mais aussi à la guerre entre les sirènes et les humains.

Comme souvent avec un livre que j'ai aimé, j'ai trois mille trucs en tête à raconter et beaucoup de mal à mettre le tout en ordre. Alors, commençons par le commencement et la réécriture. Elle est fort bien faite. On garde à l'esprit pas mal de chose venant du conte d'origine (les sirènes qui se transforment en écumes à leur mort, Lira doit prendre le cœur du prince pour redevenir une sirène, elle perd son chant, il est question d'un mariage arrangé du côté d'Elian) tout en empruntant beaucoup à Disney (la Reine des Mers a l'apparence d'Ursula, le chant de Lira est enfermée dans un coquillage que sa mère porte au cou et quelques autres petites choses) (heureusement, il n'y a pas de sidekick dans le genre de Polochon ou Sébastien dans le Royaume Assassiné). Mais surtout, on retrouve aussi des sirènes bien plus proches des mythes scandinaves (et même de la sirène grecque, mi-femme mi-oiseaux), des sirènes sanguinaires qui perdent les marins grâce à leur chant. Et je dois dire que revenir à ces origines fait un bien fou. Adieu la sirène qui rêve du prince charmant. D'ailleurs, adieux aussi le prince charmant dans le Royaume Assassiné, Elian est loin du prince Eric. Bref, tout ça pour dire que cette réécriture a du bon, évitant tout ce que je n'aime pas chez Disney tout en se basant quand même bien dessus.

L'histoire, du coup, devient vachement plus plaisante que celle des contes. Nous voilà avec une guerre entre sirènes et humains qui durent depuis fort longtemps, une princesse sirène qui se retrouve à devoir vivre avec les humains pour survivre et un prince qui ne veut pas l'être et préfère largement parcourir les océans avec son équipage. Le tout sans aucune niaiserie (ou presque) et avec pas mal d'action, de combat (il ne manque qu'un vrai abordage, le seul qu'il y a n'est pas assez "voyant" à mon gout). On y trouve forcément beaucoup de chose que j'aime et apprécie, avec en premier lieu la mer, les pirates et les combats. Le tout avec des personnages haut en couleur qu'on ne peut qu'apprécier. 

 D'abord, il y a Lira, qui porte le roman. Même si elle partage l'affiche et surtout les chapitres point de vue avec Elian, elle reste le centre du roman. C'est autour d'elle qu'il tourne, et plus particulièrement sur son évolution. J'ai surtout beaucoup apprécié le caractère de la demoiselle, qui ne s'en laisse pas du tout conter même dans son corps frêle d'humaine. Puis, il y a Elian. J'ai adoré le personnage. Mais vraiment. Déjà son introduction est juste géniale. Ensuite, j'ai aimé voir son dilemme entre ce qu'il est et ce qu'il devrait être. Elian est un pirate avant tout, quoique le monde voudrait qu'il soit. J'apprécie vraiment qu'il n'est pas grand chose du prince charmant, il a tout du pirate. De plus, la relation qu'il a avec Lira m'a beaucoup plu. Les deux jeunes gens se lancent des piques quasi tout le temps, tout en apprenant à se connaitre, se faire confiance et surtout se respecter. Quant à leur romance, elle fonctionne fort bien pour moi justement grâce à tout ça. Le côté ennemies to lovers fonctionne toujours bien sur moi, et là, je suis ravie. Côté personnages secondaires, on reste aussi sur du haut en couleur, avec des pirates gouailleurs et baratineurs tout en restant fidèle à leur capitaine, des familles royales qui complotent à tout va etc... Seul petit bémol, une Reine des Mers peut-être un peu trop caricaturale et finalement assez absente. 

Je pense que je vais m'arrêter là, parce que sinon je vais vous raconter tout le roman, en spoilant bien entendu et que ça serait moins drôle pour vous. Bref, j'ai donc beaucoup aimé, assez même pour vous dire que ceci est un coup de cœur (mais je pense que vous vous en étiez douté). J'ai tout apprécié, même la fin qui m'a paru peut-être un peu rapide quand même. En plus de ça, et je sais que pour beaucoup, ça compte, c'est un one-shot (mais j'aurais tellement voulu pouvoir suivre Elian et Lira plus longtemps). 

mercredi 2 décembre 2020

A deal with the Elf King, Elise Kova

Oui, oui, je commence à apprécier lire en VO, surtout quand ça me permet de mettre la main sur des romans qui me font de l'oeil mais que je ne suis pas sûre de voir un jour traduit chez nous (ou qui le seront mais dans des années). A deal with the Elf King est sorti il y a un mois et j'avoue que j'ai eu très envie d'y mettre la main dessus rapidement. Du coup, je n'ai pas résisté bien longtemps.

A deal with the Elf King, Elise Kova

Editeur : Silver Wings Press
Collection : 
Année de parution : 2020
Format : AZW

A lire si 
- Vous voulez de la romance
- Vous aimez le mythe d'Hades et Persephone

A ne pas lire si 
- Vous voulez de la romance érotique
- Vous n'aimez pas les elfes

Présentation de l'éditeur :

The elves come for two things: war and wives.
 In both cases, they come for death. Three-thousand years ago, humans were hunted by powerful races with wild magic until the treaty was formed. Now, for centuries, the elves have taken a young woman from Luella's village to be their Human Queen. 
 To be chosen is seen as a mark of death by the townsfolk. A mark nineteen-year-old Luella is grateful to have escaped as a girl. Instead, she's dedicated her life to studying herbology and becoming the town's only healer. 
 That is, until the Elf King unexpectedly arrives... for her. 
 Everything Luella had thought she'd known about her life, and herself, was a lie. Taken to a land filled with wild magic, Luella is forced to be the new queen to a cold yet blisteringly handsome Elf King. Once there, she learns about a dying world that only she can save. 
 The magical land of Midscape pulls on one corner of her heart, her home and people tug on another... but what will truly break her is a passion she never wanted.

Mon avis

J'ai vu passé plusieurs avis sur ce roman sur instagram et je dois bien avouer que j'ai eu très envie de le lire. Déjà parce que les avis venaient de personne ayant des gouts fort similaires aux miens, ensuite parce que la couverture me plaisait vraiment beaucoup et enfin parce que j'aime le mythe de Persephone et que les avis me renvoyaient souvent dessus. J'ai donc mis peu de temps à me décider pour le prendre.

A Capton, ville situé à la lisière de la foret menant au Fade (je ne sais pas comment bien le traduire, le "fondu" sonne ultra mal en fait), une jeune fille est régulièrement choisi pour devenir la Reine Humaine afin de respecter un vieux traité fait avec les elfes. A dix neuf ans, Luella est heureuse de ne pas être celle qui sera choisi. Elle a pu ainsi faire des études et devenir l'herboriste de sa ville. Tout semble allait pour le mieux pour elle. Alors que la Reine Humaine aurait du rejoindre le Fade depuis au moins une bonne année, elle n'est toujours pas apparu. Le roi des Elfes va donc venir la chercher lui-même. A sa grande horreur, Luella découvre qu'elle est la Reine Humaine. Elle n'a d'autre choix que de suivre le roi afin de préserver les deux mondes. 

Nous voilà donc sur une histoire assez classique qui n'est donc pas sans rappeler Perséphone et Hades ou la Belle et la Bête (qui finalement n'est pas loin du tout du mythe grec quand on y pense)(plus particulièrement sa version d'origine et pas celle de Disney, hein)(d'ailleurs on est vraiment assez proche ici du conte de base mais si je vous dis pourquoi, je vais spoiler). Et personnellement, j'adore ça. Bon, il faut dire que les tropes ennemies to lovers font parti de mes préférés en romance et qu'ici, outre un trope plutôt bien utilisé, on a surtout une protagoniste qui ne se laisse pas faire. Car, pour moi, l'attrait premier de ce roman, c'est bien Luella, la Reine Humaine. 

Luella, tout comme Eldas, le roi Elfe, est un peu beaucoup obsédée par ce qu'elle pense être son devoir. Or, pour elle, il n'a rien à voir avec Midscape et les elfes, surtout au départ. Elle doit beaucoup aux habitants de Capton qui lui ont permis de poursuivre ses études d'herboriste. Pour elle, rien n'est plus important que de faire ce pour quoi ils l'ont aidé, soit devenir l'herboriste de Capton et les soigner. D'ailleurs, c'est un choix qu'elle a sciemment fait (ou presque) et qu'elle ne veux pas changer. Alors, devenir la Reine Humaine, épouse du Roi des Elfes, juste parce que le destin l'a décidé et pas elle, autant dire qu'elle n'apprécie que très peu. Encore plus avec un mari aussi glacial qu'Eldas. Or, elle va petit à petit s'ouvrir à sa propre magie et à Midscape. L'évolution de Luella est interessante à partir du moment où elle va décider de briser le cycle des Reines Humaines, parce qu'il me semble que c'est à partir de là qu'elle commence à comprendre que son "devoir" (il est beaucoup question de devoir dans ce roman") n'est pas que de s'occuper de Capton mais bien du monde naturel et du Fade afin de les sauver du Voile (le monde de la mort). C'est aussi à partir de là que sa relation avec Eldas va réellement commencer et où ils vont commencer à se connaitre un peu plus. C'est aussi à partir de là que j'ai commencé à un peu plus apprécié le roi des Elfes qui jusque là n'avait pas fait grand chose pour que ce soit le cas. 

Les personnages secondaires ne sont pas en reste. J'ai apprécié qu'on ne se focalise pas seulement sur la romance naissante de Luella et Eldas. Ses amitiés avec les quelques elfes qu'elle va rencontrer, ou ses déboires avec certains, comme Harrow, le petit frère de son époux, permettent de mettre Luella un peu plus en lumière. J'aime beaucoup la voir évoluer dans le château. Mais surtout, ce sont ces relations-là qui nous permettent de mieux connaitre et comprendre le roi des elfes. C'est vraiment un personnage complexe et je suis ravie de ne pas le voir que par les yeux de Luella (même si, étant la narratrice, ça reste un peu compliqué).

Et puis, si on sort un peu de la romance (qui reste quand même le gros du roman, n'est-ce pas), il y a tout l'univers qui est plutôt cool. Bon, il a beaucoup pour me plaire, cet univers. Inspiré des mythes et légendes que l'on peut connaitre sur les elfes, avec un petit enfer grec qui se mêle parfaitement à tout ça, Midscape m'a fait une bonne impression. Mais surtout, c'est la magie et son fonctionnement que j'ai apprécié. Les Elfes et plus particulièrement leur roi sont capables d'user de la magie du Fade. C'est une magie qui leur est propre, tout comme les Faes ont la leur. Chez les humains, la magie existe mais elle a été comme effacé et finalement, seule la Reine peut l'utiliser. Or magie naturelle (celle de la reine) et magie sauvage (celle du monde du Fade) sont fortement liés et finalement assez complémentaire. Effectivement, on se doute que les deux ont beaucoup à faire dans l'histoire et j'apprécie vraiment de voir à quel point ce que l'on pense si différent peut se mêler. Un peu comme les personnages qu'elles représentent en fait. 

Au final, j'ai beaucoup apprécié et pas seulement pour la romance. Oui, elle m'a plu, surtout que j'ai adoré voir l'autrice la mettre doucement en place sans en faire des tonnes. J'ai aimé Luella, son désir de liberté, ses questionnements sur sa place dans les deux mondes qu'elle connait et la manière dont elle évolue malgré tous ses doutes. J'ai aimé Eldas, sa froideur et puis la manière dont il se laisse lentement aller face à sa reine. J'ai aimé la réécriture du mythe de Perséphone, et celle, un tant soit peu plus subtile à mon gout (mais je peux me tromper) du conte d'origine de la Belle et la Bête. C'est un joli conte et j'ai très hâte d'être à mars pour découvrir le second tome dans le même univers. 
Et puis, faut bien avouer que parfois, les Happy Endings ça fait un bien fou.