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mardi 22 mars 2022

Circé, Madeline Miller

 Circé a fait pas mal de bruit à sa sortie et j'avais très envie de voir ce qu'il donnait. Le fait qu'il soit dans les recommandations de ce mois-ci pour le challenge SFFF 2022 m'a poussé à le sortir de la PAL où il se trouve depuis décembre.

Circé, Madeline Miller

Editeur : Pocket
Collection : 
Année de parution : 2019
Titre en VO : Circe
Année de parution en VO : 2018
Nombre de pages : 549

A lire si 
- Vous aimez les réécritures de mythe
- Vous voulez une vision féminine de Circé

A ne pas lire si :

Présentation de l'éditeur :

Helios, dieu du soleil, a une fille : Circé. Elle ne possède ni les pouvoirs exceptionnels de son père, ni le charme envoûtant de sa mère mais elle se découvre pourtant un don : la sorcellerie, les poisons et la capacité à transformer ses ennemis en créatures monstrueuses. Peu à peu, même les dieux la redoutent.
Son père lui ordonne de s'exiler sur une île déserte sur laquelle elle développe des rites occultes et croisent tous les personnages importants de la mythologie : le minotaure, Icare, Medée et Ulysse....
Mais cette existence de femme indépendante et dangereuse inquiète les dieux et effraie les hommes. Pour sauver ce qu'elle a de plus cher à ses yeux, Circé doit choisir entre ces deux mondes : les dieux dont elle descend, les mortels qu'elle a appris à aimer.

Mon avis

Comme je le disais, Circé a beaucoup fait parler de lui. Il s'est rapidement vu coller une étiquette de livre féministe, puisqu'il dépend la vie d'une sorcière et qu'en plus de cela, il est écrit par une femme. Ce sont de très bons arguments, on ne va pas se mentir. Surtout que jusqu'à maintenant, aucune femme n'avait repris le mythe de Circé. On ne connait la magicien qu'à travers des yeux masculins (exception faite, il me semble, d'un poème de Margaret Atwood) et surtout qu'à travers le mythe d'Ulysse où elle n'est pas vraiment mise à son avantage. Il était donc temps qu'elle devienne héroine de sa propre histoire.

Une histoire plutôt banale en fait niveau mythologie grecque. Circé est née des amours d'Hélios et d'une nymphe, plus précisément d'une Océanide, Persé. Elle est l'ainé des enfants que son père aura avec sa mère, à savoir Persés, Pasiphaé et Æetes. Si ses frères et sœur semblent bien avoir des pouvoirs quelconques, Circé, elle ressemble plus à une humaine. D'ailleurs, elle en a la voix. Dénigrée, elle grandit un peu à l'écart jusqu'à sa rencontre avec Prométhée. Une rencontre qui sera déterminante pour elle. Puis, un jour, folle de jalousie de se voir ravie l'homme qu'elle pense aimer par Scylla, elle va enfin développer ses pouvoirs de sorciers et transformer la nymphe en monstre. A partir de là, elle est bannie sur Æeae où va vraiment commencer sa vie. A travers Circé, nous allons redécouvrir plusieurs mythes. Celui du Minotaure, fils de sa sœur Pasiphaé, où nous découvrirons Dédale et Ariane, celui de Scylla, bien entendu, on verra aussi Médée, la fille d'Æetes et Jason et bien entendu, puisqu'il faut en passer par là, Ulysse. Chacun d'eux va la faire grandir et réfléchir à son statue, que se soit celui de femme ou celui de sorcière (surtout que les deux sont liées). 

A vrai dire, j'ai beaucoup aimé le roman jusqu'à ce qu'arrive Ulysse dans la vie de Circé, soit à peu prés à la moitié de celui-ci. Jusqu'à là, la sorcière réussit à faire ses propres choix, même quand elle se retrouve obligée de retrouver sa sœur pour la faire accouchée du Minotaure. Un passage fort appréciable d'ailleurs que celui-ci. Pasiphaé a bien compris comment fonctionne le monde, à l'inverse de sa sœur (faut dire qu'elle n'est pas exilée seule sur une île aussi). De part sa nature divine et ses pouvoirs de sorcières, la reine de Crète a pris les rênes, fait comprendre à son époux qui porte la culotte (elle a fait en sorte qu'il tue ses maitresses pendant l'acte…) et se permet de mener la vie qu'elle entend malgré son mariage arrangé. La preuve, elle donne bien naissance au Minotaure et le garde alors même qu'il s'agit d'un monstre. Si les méthodes de Pasiphaé sont discutables, elle n'en est pas moins lucide sur son sort et sur la manière dont elle peut prendre le contrôle. Circé n'approuve pas la méthode, sa sœur étant bien cruelle avec son entourage, mais elle entrevoit la manière dont elle peut vivre sa vie loin de son père et des hommes. Sa rencontre avec Médée nous prouve alors qu'elle a assimilé sa place de sorcière, mais aussi, et surtout, la peur que les hommes éprouvent contre elle. Circé est puissante, tout comme l'est Médée. Dangereuse, les hommes vont tout faire pour les mettre dans les rangs et si elles ne s'y plient pas, c'est la mise à l'écart, la chasse aux sorcières et tout ce qui va avec (en gros, dans la mythologie, Médée tue et ensorcèle pas mal de monde pour les beaux yeux de Jason qui finira par la répudier pour en épouser une autre. Elle retournera auprès de son père par la suite, on ne sait pas trop comment elle finit sa vie). 

Et puis arrive Ulysse. Dans les mythes, lorsqu'Ulysse débarque avec ses hommes, elle transforme l'équipage en cochon mais, leur capitaine, aidé par Hermès, déjoue ses plans et la menace. Pour sauver sa peau, elle accepte de coucher avec lui et de rendre leur humanité aux hommes. Il restera un an avec elle avant de foutre le camp pour Ithaque, non sans passer par l'île de Calypso où il restera sept ans dans les bras et le lit de la nymphe (tandis que Pénélope attend son retour…). Ici, Madeline Miller change le cours de l'histoire. Circé transforme bien les hommes d'Ulysse en cochon mais elle ne le laisse pas entrer direct dans son lit encore moins sous la menace d'une arme. Mais le truc, c'est qu'on commence la partie "femme" de Circé après avoir vu celle de la sorcière. Or, la femme perd beaucoup par rapport à la sorcière. C'est à partir de là que j'ai eu non du mal, mais quelques déceptions. Parce que Circé se comporte finalement de manière attendue, je dirais. Il faut attendre le départ d'Ulysse pour la retrouver sorcière. A partir de là, l'autrice évoquera une maternité plutôt mal vécu pour finalement donner une mère des plus protectrices (mais bon, y a Athéna en face qui menace la vie du fils de Circé), puis on trouvera une autre figure de la femme, en la personne de Pénélope.

En fait, Circé, ce n'est pas juste la vie de la sorcière, c'est surtout une représentation des femmes en sa personne, celle de Scylla, Pasiphaé, de Médée et de Pénélope. C'est réellement en mettant les vies de ses femmes en parallèles que l'on retrouve l'aspect féministe du roman. Si l'on ne prend que notre amie Circé, on se rend vite compte des limites de celle-ci. C'est vraiment avec les autres femmes qu'elle va croiser, même Scylla d'ailleurs, que le portrait se fait. Parce qu'avant d'être juste l'histoire de Circé, le roman est celui des femmes de l'antiquité. Madeline Miller leur offre une place de choix et surtout permet enfin d'en faire autre chose que des personnages secondaires. Elles prennent le devant de la scène et le font chacune à leur manière. Franchement, c'est vraiment ça que j'ai aimé dans le roman. Toutes ont dû supporter les affres d'un destin commandé par les dieux et font en sorte de reprendre le cours de leur vie, d'en redevenir maitresse. Cette pluralité fait la force du roman.

Alors, pour finir, oui, j'ai apprécié ma lecture. Je l'ai trouvé intéressante, assez moderne aussi. Le style est clair, parfait pour ce genre d'épopée. L'histoire s'en tient beaucoup aux mythes, l'autrice ne s'autorisant que quelques libertés mais franchement, ce niveau, ce n'est pas bien grave. Je déplore juste que la partie Ulysse soit si longue et qu'elle casse une partie du discours que l'on a pu lire avant (juste avant Circé est tout de même violée, un passage qui n'est finalement qu'évoqué pour expliquer pourquoi elle transforme les hommes en cochon). Cela reste une lecture passionnante à classer, effectivement, du côté féministe de la bibliothèque. Enfin, maintenant, je suis curieuse de lire son Chant d'Achille qui met en avant Achille et Patrocle.

mercredi 24 mars 2021

Procrastination, Les annales du Disque-Monde, tome 27, Terry Pratchett

 Vous le savez, tous les ans, en mars, je lis un Prachett en hommage à l'auteur. Cette année, je m'y suis prise pile le jour de sa mort (et accessoirement de mon anniversaire...) et j'ai commencé Procrastination. Bon, j'ai pris mon temps pour le lire (c'était de circonstance) et je dois bien dire qu'il fait déjà parti de mes préférés.
 
Procrastination, Les annales du Disque-Monde, tome 27, Terry Pratchett

Editeur : Pocket
Collection : fantasy
Année de parution : 2010
Titre en VO : Thief of time
Année de parution en VO : 2001
Nombre de pages : 448

A lire si 
- Vous aimez le cycle de la Mort
-Vous voulez quelque chose de léger (mais pas tant que ça au final)

A ne pas lire si

Présentation de l'éditeur : 

Le temps est une ressource qu’il faut gérer, chacun le sait.
Sur le Disque-monde, c’est le boulot des moines de l’Histoire, qui l’emmagasinent, le prélèvent où on le gaspille (par exemple sous la mer : de combien de temps a besoin une morue ?) et le redistribuent à de gros consommateurs comme les villes où l’on en manque toujours.
Mais la fabrication de la première horloge du monde vraiment précise donne le départ d’une course contre... disons la montre pour Lou-tsé et son apprenti Lobsang. Parce qu’elle va arrêter le temps. Et ce ne sera que le début des ennuis.
Procrastination (voir dictionnaire) s’est assuré la participation de héros et de canailles, de yétis, d’artistes martiaux et de Ronnie, le cinquième cavalier de l’Apocalypse (qui a quitté le groupe avant qu’il devienne célèbre).

Mon avis

La dernière fois que j'ai (re)lu une Annale avec la Mort, c'était en 2018 et c'était le Père Porcher, parfait roman pour la saison hivernale (et surement mon préféré même s'il n'est pas toujours parfait). La Mort et Suzanne me manquaient un peu. Et c'est avec une certaine émotion que j'ai entamé ce tout dernier tome du cycle de la Mort. Oui, le dernier. Après lui, la Mort n'a plus de roman qui lui soit consacrés (d'ailleurs, je me rends compte que j'ai aussi fini le cycle des sorcières il y a un moment de ça (en 2014 en fait, mais n'ayant pas fini le cycle de Tiphaine, ça m'a moins perturbé)). Mais revenons à notre tome.

Le boulot des Moines de l'Histoire est simple. Ils se doivent de gérer le temps afin que tout colle. Ainsi, ils peuvent emmagasiner, prélever voire même gaspiller du temps pour le bien de l'Histoire du Disque-Monde. Tout se déroule comme prévu jusqu'au jour où Dame Ligion apparait à Anck-Morpock, chez Jérémie, le meilleur horloger de la Guilde. Elle a une mission bien précise pour lui, construire une horloge de verre capable de donner l'heure précise. Or, cette horloge a déjà été créée une fois et a causé l'arrêt complet du temps. Lout-tsé, l'un des moines de l'Histoire et son apprenti Lobsang partent donc pour la capitale afin d'arrêter l'horloge de verre. Dans le même temps, la Mort, sentant. l'apocalypse arriver, charge sa petite fille Suzanne de retrouver le fils du Temps afin d'empêcher la fin du monde, tandis que lui part chercher les autres cavaliers. 

Bien que faisant parti du cycle de la Mort, j'ai trouvé le personnage assez peu présent. Comme souvent depuis Accroc du Roc, c'est surtout Suzanne qui se trouve au centre de l'histoire. Pas pour autant qu'on en oublie notre squelette à la robe noire préférée. Notre ami part à la recherche des autres cavaliers de l'apocalypse pour mener la dernière (ou pas, surtout que ce n'est pas la première dans l'histoire du Disque-Monde) chevauchée. Or, aucun n'en a vraiment envie. Et pour cause, en prenant forme humaine, ils se sont humanisés. C'est quelque chose que l'on a l'habitude de voir avec la Mort, moins avec ses collègues. Et encore moins avec les Contrôleurs de la réalité. Car oui, qui dit Mort, dit généralement Contrôleurs de la réalité. Et j'avoue que si je les trouve régulièrement un brin ennuyeux, ici, ce ne fut pas le cas. Les voir prendre forme humaine et expérimenter ce que ça fait alors qu'ils sont toujours persuadés d'être un tout, c'est assez fun en fait. Autant dire que là, ils m'ont particulièrement bien fait rire. Mais surtout, je trouve la réflexion sur ce qui fait l'humain des plus intéressantes avec ces différentes entités que sont les cavaliers ou les Contrôleurs. Ca m'a fait un peu penser au thème que l'on trouvait dans les Petits Dieux (que bien sûr, je n'ai pas chroniqué ici encore)(un jour, j'arriverai à avoir toutes les Annales sur ce blog) ou même dans le Père Porcher avec la création des Dieux par les Mages. 

A côté de ça, nous avons donc Suzanne, Lobsang et les autres personnages qui tentent de sauver le Temps. Pratchett s'attaque alors à la réécriture de l'Histoire. Ce n'est pas aussi incisif que ce qu'il a l'habitude de faire. Disons que le thème se prête moins à la critique. Mais ce n'est pas grave. Pratchett s'en tire toujours merveilleusement bien. J'ai adoré ses explications sur la manipulation du temps par les moines de l'Histoire. Et surtout, ça m'a évoqué les voyages dans le temps de la science-fiction sans les gros écueils des paradoxes temporels d'une belle manière (en gros, dans Procrastination, il est dit que les gens ne se rendent pas compte que si, si, ça ça a déjà été vécu, ou du moins, ils font en sorte de ne pas s'en rendre compte).  En tout cas, ça fait de Procrastination un tome plutôt léger alors même qu'il est parfois moins amusant que d'autres tomes.

Enfin, moins amusant. Disons qu'il ne l'est pas comme les autres. Ici, le comique va reposer sur quelques situations (l'Abbé et ses problèmes de réincarnation, la régle numéro un...) mais surtout sur certaines alliances. Voir Suzanne, toujours aussi sarcastique et pragmatique (une vraie enseignante à l'ancienne) s'allie avec une Dame Ligion, Contrôleuse de la réalité complètement barrée suite à son transfert dans un corps humain, à quelque chose d'assez amusant (Dame Ligion et les autres Contrôleurs sont de toute manière très amusant dans ce tome). Et puis, on retrouve aussi quelques personnages déjà bien connus qui ajoutent leur petit grain de sel dans tout ça (Nounou, je t'aime, même si tu es un peu en dessous de ce que tu fais d'habitude).

Au final, j'ai beaucoup mais alors beaucoup aimé ce tome. Comme je le disais, il grimpe direct dans mes préférés des Annales. Le seul défaut que je lui trouve, c'est sa fin et encore, c'est parce qu'elle est pleine de promesse qu'on aura jamais (Franchement, Suzanne et Lobsang, j'aurais voulu lire ça).




lundi 1 février 2021

Strate-à-Gemmes, Terry Pratchett

 En grande fan de Pratchett, il fallait bien que je finisse par lire ses œuvres de jeunesse et surtout les rares livres SF qu'il a pu écrire avant de se lancer dans le Disque-Monde. C'est comme ça que je me suis retrouvée avec Strate-à-gemmes dans les mains la semaine dernière.

Strate-à-Gemmes, Terry Pratchett

Editeur : Pocket
Collection : Science fiction
Année de parution : 2013 
Titre en VO : Strata
Année de parution en VO: 1981
nombre de pages : 215

A lire si :
- Vous voulez du planet opéra presque classique
- Vous aimez l'humour so british

A ne pas lire si :
- Vous vous attendez à un roman du Disque-Monde (ce n'en est pas un !)

Présentation de l'éditeur : 

Kin Arad apprend l'existence d'un monde plat et part à sa découverte accompagnée de deux extraterrestres, Marco et Silver. Là-bas ils découvrent une Terre comme on l'imaginait au Moyen Âge : plate (on tombe dans l'espace si on voyage trop près du bord), entourée d'une voûte où sont collées les étoiles, et peuplée de démons et de merveilles surnaturelles. Ce monde se révèle totalement artificiel et les machines qui le composent commencent à se détraquer.

Mon avis

Lorsque j'ai pris le livre en main, il y a une chose qui m'a énervé. Il est présenté comme faisant parti du Disque-Monde si on ne fait pas attention. En fait, Pocket table sur les Annales pour mieux vendre. C'est assez énervant surtout que Strate-à-gemmes mais en scène un monde plat, comme le disque. Or, rien à voir avec le Disque-Monde.  Ici, nous sommes sur de la Science Fiction et vous ne trouverez ni la Mort, ni Vimaire, ni Rincevent et encore moins Mémé. Sur ce, nous pouvons y aller.

Kin Arad travaille pour la Compagnie. Elle supervise la construction des nouvelles planètes où l'humanité va pouvoir venir s'installer. Pour ça, elle fait attention à ce que ses équipes ne soient pas prises d'élan de créativité. C'est qu'il ne faudrait pas que l'on retrouve dans les diverses strates des planètes des anachronismes comme un plombage dans la mâchoire d'un squelette de dinosaure par exemple. Mais si elle excelle dans son job, elle s'ennuie. Lorsqu'un homme, Jalo Jago vient lui proposer de découvrir un monde plat, elle hésite et puis finalement y va. Elle se retrouve donc à naviguer vers le disque en compagnie de Marco, un Kung, et Silver, une Shandie. Mais rien ne se passe comme prévu (on s'en serait douté). Jalo meurt en chemin et leur vaisseau s'écrase sur un monde entièrement plat  et plutôt moyen-âgeux où la voute céleste est une sorte de dome sur lequel sont collés les étoiles. Les trois extra-disque vont tout faire pour se sortir de là et repartir vers des mondes plus sphériques.

Dans ce roman, Pratchett part donc sur de la SF parodique (apparemment, il parodiait alors l'Anneau-Monde de Larry Niven, mais comme je ne l'ai pas lu, je pourrais pas totalement vous le certifier). On part sur un planet opéra, ou plutôt un disque opéra. Ce n'est pas un genre où l'on a l'habitude de le voir, Pratchett se faisant par la suite connaitre avec de la fantasy parodique, et plus particulièrement son superbe Disque-Monde. Et pourtant, autant le dire, il est bon en SF et encore plus en parodie, exercice oh combien difficile (mais ça, on le savait déjà grâce aux Annales).

Strate-à-gemmes a tout du bon planet opéra. Des personnages technologiquement plus avancés se retrouvent sur une planète (ici un disque) inconnue qu'ils vont devoir explorer afin d'en comprendre les tenants et aboutissement mais aussi pour réussir à s'enfuir. C'est un schéma assez classique et qui fonctionne sans trop de problème. L'histoire se déroule d'une traite, surtout que, comme à son habitude, Pratchett ne chapitre pas. Une habitude qui m'a d'ailleurs un peu plus dérangé que d'habitude, surtout que le texte est ultra dense dut à la mise en page du livre (je pense fortement que la dite mise en page n'a pas été modifié une seule fois depuis 1997, date de la première sortie du roman en VF). J'ai adoré la partie exploration, qui reste la plus importante, et la plus amusante aussi. Imaginer donc tomber sur un monde qui en est au début du moyen-âge sur une bonne partie de ses terres habitables. Ca donne des moments plutôt amusants, servis par l'humour de l'auteur que j'aime tant.

Pourtant, j'ai eu du mal à lire les 215 pages du livre. Déjà, j'ai eu un peu de mal avec les personnages. Je les ai trouvé assez superficiel en fait. J'avais déjà eu le problème sur les premiers tomes des Annales, je pense que c'était un défaut de l'auteur à l'époque (heureusement ça s'est amélioré). Le fait que la mise en page soit bancale n'a pas aidé (la taille des caractères changent parfois d'une ligne à l'autre pour revenir à une taille normale, c'est écrit petit et ultra serré... On y ajoute le chapitrage inexistant et ça peut en rebuter plus d'un). Ensuite, je crois que comprendre dès le départ ce que sera la fin du roman a été une sorte de frein. Je n'ai pas eu le "wahou" attendu à la fin. Enfin, que je ne connaisse pas les "modèles" de Pratchett pour ce roman a surement dut faire que j'ai manqué deux trois petites choses.

Cela n'en reste pas moins un bon bouquin de SF. Il a prit de l'âge mais se laisse parfaitement lire. Ca ne sera pas mon Pratchett préféré mais je suis ravie d'avoir pu lire celui qui aura peut-être donné l'idée de Disque-Monde à l'auteur (d'ailleurs, on retrouve en page 67 l'idée même du Disque et de la Grande A'Tuin). 

dimanche 16 août 2020

Rouille, Floriane Soulas

 J'ai énormément entendu parler de Rouille à sa sortie. J'ai longtemps hésité à le prendre et puis, je suis tombée dessus par hasard à la librairie. Du coup, ne résistant que peu à une couverture d'Aurélien Police puis à un résumé promettant du Steampunk à foison, j'ai fini par craquer.

Rouille, Floriane Soulas

Editeur : Pocket
Collection : Fantasy
Année de parution : 2020
Nombre de pages : 432

A lire si 
- Vous aimez le Steampunk
- Vous voulez une enquête dans les bas-fond parisien

A ne pas lire si :
- Vous voulez de la romance
- Vous ne voulez pas de lecture un peu sombre

Présentation de l'éditeur : 

1897, Paris. Violante est amnésique. Elle ne sait plus qui elle est ni d'où elle vient. Ses uniques indices sont son pendentifs, fait d'une étrange gemme, et son prénom. Placée dans une maison close, les Jardins Mécaniques, elle devient Duchesse, la plus courue des prostituées, dont s'entiche le comte de Vaulnay, énigmatique promoteur ayant fait fortune sur la lune. Lors d'une escapade pour percer le secret de son identité, elle retrouve sa seule amie morte, atrocement mutilée. Violante s'aperçoit vite qu'elle est la dernière d'une série de prostitutée ou d'enfants des rues dont les cadavres n'intéressent personne. La police ne semble pas même se préoccuper de cette nouvelle drogue, la rouille, qui fait rage dans les bas-fond de la capitale. Il ne reste à Violante qu'à mener sa propre enquête.

Mon avis

En tapant la quatrième de mon édition ici, je me suis dit qu'on ne pouvait pas faire plus simpliste comme résumé. On y trouve presque tous les éléments principaux du roman, Violante et son amnésie, le comte de Vaulnay, les meurtres, la rouille... Mais par contre, il manque énormément de chose. Bon, en même temps, soyons d'accord, c'est un résumé qui est là pour donner envie de lire le bouquin et il y arrive plutôt pas mal. Et en plus de ça, il me permet de ne pas en faire un vu qu'il est assez explicite. On va pouvoir entrer dans le vif du sujet.

Rouille et moi, c'est quelque chose d'assez étrange. Dans le peu de story insta que j'ai fait sur lui (je l'ai lu en une journée), j'ai mis en avant le coup de coeur que j'avais eu pour son ambiance Steampunk (qui n'est peut-être pas ma préférée mais qui est parfaitement dosée à mon gout). Il m'a un peu fait pensé à celui de Confessions d'un automate mangeur d'Opium. Mais si j'ai aimé son univers, j'ai eu un peu plus de mal avec certaines petites choses dont on va parler plus tranquillement (idem pour l'univers d'ailleurs). Du coup, oui, j'ai apprécié ma lecture, elle était bienvenue après les quelques pavés de l'été, elle a été divertissante mais pas totalement intriguante. Ce n'a pas été un coup de coeur, mais ça aurait pu. Et je vous explique pourquoi.

Rouille est un premier roman publié. Je suis toujours assez indulgente sur les premiers romans publiés. Je ne sais pas pourquoi. J'ai tendance à moins y voir les défauts ou à les minimiser. Disons que souvent, je vois plutôt les qualités à la lecture. La plus grande des qualités de Rouille, clairement, c'est son ambiance, le côté Steampunk bien présent et ce côté un peu sale des bas-fond parisien. C'est une ambiance que j'apprécie beaucoup (mais ça vous le savez très bien) et qui sert le récit. On nous vend du Steampunk, on a du Steampunk. L'uchronie qui permet d'avoir cette ambiance est par contre peu développée. Ce n'est pas elle qui compte (on apprend au détour d'une phrase que nous sommes sous Napoléon IV par exemple) et ça ne me dérange pas tant que ça, personnellement. Par contre, j'ai été un peu plus déçue de ne pas voir le Paris du roman en mode plus "voyage touristique". A part la Ferraille, immense décharge où vivent les enfants perdus, on ne voit finalement que peu les trois autres quartiers, la Souricières où vit Violante, la Foire (qui apparait sur quelques pages mais pas assez à mon gout) et finalement le Dôme. Mais encore une fois, cela ne désert pas forcément l'intrigue. Disons que c'est mon côté touriste qui me fait dire ça. Bref, l'ambiance m'a énormément plu et j'étais prête à me jeter à la suite de Violante pour découvrir ce qu'il se passait réellement.

Et c'est là qu'entre le roman et moi, on a eu quelques problèmes. Pas insurmontable, vu que le tout fonctionne plutôt bien et que j'ai même eu du mal à lâcher le livre. Comme quoi, on peut ne pas être totalement d'accord avec ce qu'écrit un auteur et aimer quand même ce qu'il a fait. Mais allons-y. Premier point, les tropes utilisés. L'héroïne amnésique à la recherche de son identité avec pour seul indice un étrange médaillon, disons que c'est un peu vu et revu. Sur le coup, j'ai même pensé à un Princesse Sarah à la sauce Steampunk. On remplace le pensionnat par une maison close, et hop, on y est (d'ailleurs, la rivale de Violante se nomme Livia, pas très loin de cette chère Lavinia). Bon, j'exagère peut-être un petit peu mais j'y ai pensé. Ensuite, le fait qu'elle mène l'enquête après la mort de sa seule amie, c'est aussi un trope vu et revu (on revient d'ailleurs sur Confessions d'un automate mangeur d'opium). Mais ça fonctionne bien ici. Sauf que si ça fonctionne, c'est à cause d'un autre problème à mes yeux. Les personnages ne vont pas tout à fait avec ce qu'ils devraient être. 

Pour rappel, Violante est une prostituée vivant dans une maison close. Elle y a atterrit après avoir été trouvé par Léon, le grand manitou des bordels de la Souricières. Pour une habitante de maison close, une femme normalement en bas de l'échelle sociale de cette société là, elle a des libertés assez étranges. Violante se permet de tenir tête à Léon mais aussi à Madeleine, la mère maquerelle. Alors, qu'elle leur rapporte à mort et qu'ils la laissent peut-être un peu plus tranquille que les autres, pourquoi pas. Mais disons que c'est un peu trop gros. Et puis, franchement, un proxénète de la réputation de Léon qui en fait est un mec avec un coeur gros comme ça, c'est un peu étrange aussi. Surtout qu'on peut le voir comme le gros bourrin qu'il devrait être (sa manière de traiter certaines choses, dont la mort de Satine, ou un passage dans un certain cimetière par exemple) et après, il fait des minauderies avec Violante, presque comme un père ou un frère affectueux. Quant au dernier personnage principal, Jules, il est peut-être un peu trop tendre pour ce qu'il se passe (par contre, j'ai adoré qu'il soit inventeur de gadget pour Léon, il donne un côté un peu espionnage, style James Bond à l'histoire). Et pourtant, si on oublie un minimum ces incohérences, les personnages sont plutôt bien foutus. J'ai aimé Violante, sa forte tête, sa détermination. J'ai apprécié Jules et son côté protecteur. Quant aux antagonistes, j'ai eu un peu plus de mal avec l'idée d'une sorte de Jack l'Eventreur s'en prenant aux prostituées et certains ficelles sont trop faciles de leur côté. 

Enfin, passons à l'intrigue. Si elle m'a été souvent prévisible, elle est agréable à suivre. La recherche du meurtrier qui va se coupler à celle du créateur de la rouille est bien menée. On ne s'ennuie pas une seconde à suivre nos trois apprentis enquêteurs. C'est d'ailleurs plutôt sympathique d'avoir des intrigues qui se rejoignent rapidement et qui ne nous mène pas vers d'innombrables mauvaises pistes (par contre, j'avoue qu'en avoir au moins une, de fausse piste, ne m'aurait pas déplu). De plus, l'intrigue met en valeur l'ambiance et ça, j'adore. Quand je dis qu'on nous vend réellement du Steampunk et pas juste trois boulons et un peu de vapeur, je ne vous mens pas. 

Au final, oui, Rouille a des défauts. Floriane Soulas ne va pas toujours au fond des choses, elle a utilisé des tropes vus et revus mais elle a réussi à y mettre sa patte et une ambiance merveilleuse. Elle a un style clair, limpide et surtout qui va droit au but, sans trop de fioritures (et des descriptions passionnantes, ce qui n'est pas toujours le cas dans les premiers romans). Alors, du coup, je lui pardonne volontiers les défauts de Rouille, surtout qu'au final, le roman est assez addictif, j'ai eu du mal à le lacher. Alors, bon, ce n'est certes pas un coup de coeur mais ça reste un bon roman. Si vous voulez une bonne ambiance Steampunk avec une intrigue plutôt agréable à lire, lisez Rouille.

mercredi 27 mai 2020

Le Régiment Monstrueux, les Annales du Disque-Monde, tome 29

Que serait un challenge fantasy sans le maître de la fantasy anglaise ? Il me fallait bien mettre au moins un livre de Terry Pratchett dans ma PAL pour le mois de la fantasy (j'aurais pu en mettre autant qu'il y a de catégorie en fait, ça aurait été cool aussi)(mais je n'y pense que maintenant, c'est dommage). Aujourd'hui, on part donc en Borogravie à la suite d'un régiment un peu particulier.

Le Régiment Monstrueux, les Annales du Disque-Monde, tome 29

Editeur : Pocket
Collection : Fantasy
Année de parution : 2012
Titre en VO : Monstrous Regiment
Année de parution en VO : 2003
Nombre de pages : 511

A lire si :

- Vous aimez l'humour anglais
- Vous avez envie d'avoir des héros qui ne se laissent pas marcher sur les pieds

A ne pas lire si :

- Vous êtes un gros macho ou vous êtes resté coincé des siècles en arrière.


Présentation de l'éditeur : 

Le frère de Margot Barrette est parti au front et ne donne plus aucune nouvelles. Qu'à cela ne tienne, la jeune femme se déguise en homme et s'engage dans l'armée. Ce qui brave tous les interdits de son pays, la Borogravie, où les femmes n'ont même pas le droit de porter des pantalons... Voilà Margot plongée en pleine guerre, entourée par de nouvelles recrues tout aussi inexpérimentées qu'elle - dont un vampire, un troll et Igor - sous la houlette d'un caporal sadique. Ce monstrueux régiment saura-t-il vaincre l'ennemi ?

Challenge mois de la fantasy

Le régiment monstrueux entre dans les catégories suivantes : 
- La fureur de Smaug, avec le troll et le vampire
- Dame Arwen puisque Margot est l'héroïne de cette aventure, et qu'elle n'est pas la seule.
- Tolkien, roi de la fantasy, Pratchett et n'importe laquelle de ses annales sont des incontournables
- Du Hobbit au SdA, les Annales, c'est pas moins de 35 tomes quand même (et il ne m'en manque plus que huit)
- Oh Gandalf, ça doit bien faire deux ans qu'il est dans ma PAL lui (comme j'essaie de lire les annales dans l'ordre de parution, les dernières restent souvent longtemps dans ma PAL)

Mon avis

Comme je le disais, j'ai ce Régiment Monstrueux depuis bien longtemps dans ma PAL. Je comptais pouvoir trouver et lire Procrastination et Ronde de Nuit avant de le lire (les deux ne sont pas encore sur mes étagères donc, mais comme j'ai lu La Vérité il n'y a pas si longtemps que ça (un an quoi), ça me paraissait normal). Enfin, vous me direz, ce n'est pas bien grave, le Régiment Monstrueux ne fait pas partie de l'une des "sous-séries" des Annales (malgré la présence de Vimaire et de quelques agents du guet)(une présence presque anecdotique en fait). Bref, il s'intégrait trop bien dans le mois de la fantasy pour ne pas le lire (et puis Pratchett me manquait). 

Margot Barrette a tout prévu. Elle a observé, s'est entrainée, a coupé ses cheveux puis enfilé les vêtements de son frère. Elle est prête à affronter le monde sous les traits d'Olivier Barrette et à retrouver Paul, son frère ainé. Sans lui, elle ne pourra jamais reprendre la succession de son père et perdra la Duchesse, l'auberge familiale. Alors, elle se lance dans la plus grande aventure de sa jeune vie. Elle devient un homme, s'enrôle dans l'armée et part à la recherche de Paul. Tout cela contre l'avis de Nuggan, le dieu de la Borogravie, qui a ordonné que les femmes vêtues en pantalon ne sont que des abominations (comme les puzzles, les cailloux et bien d'autre chose d'ailleurs). Elle ne se doute pas une seconde qu'elle n'est pas la seule dans ce cas et qu'elle et ses compagnons vont changer le court de la guerre.

Il va être compliqué de parler du Régiment sans spoiler. En même temps, si comme moi, vous avez l'édition de chez Pocket, la couverture le fait pour moi. Donc, bon, allons-y. Cette fois, Pratchett s'attaque à pas mal de chose. La place des femmes dans la société, la guerre, la propagande sont les thèmes principaux de ce tome. Comme toujours, il fait ça avec son humour si particulier mais de manière fort intelligente. Si la quatrième de couverture m'avait laissé de marbre face à ce que j'allais lire, les quelques premières pages m'ont vite fait comprendre que j'avais une pépite sous les mains (bon ça arrive souvent avec Pratchett). 

Pour faire passer son message, il utilise le bon vieux trope de la femme déguisée en homme parce qu'il lui est interdit de faire telle ou telle chose en tant que femme. Et, il l'exagère le plus possible. Ainsi, si le lecteur pense au départ que seule Margot se déguise, il va rapidement se rendre que ce n'est pas le cas. Quasiment toutes les recrues de son escouade sont des femmes. Et elles ne comptent pas faire figuration. Dès le départ, elles mettent en déroute l'ennemi et continuent sur leur lancée. Aidées par le sergent Jackrum, une légende vivante quelque peu étrange, et du lieutenant Blouse, jeune homme pas très doué avec une arme à la main, elles vont arriver jusqu'à la ligne de front et découvrir qu'on leur ment depuis le début. Car l'armée borograve ne gagne pas. C'est même plutôt l'inverse. Nuggan, leur dieu, les a abandonné, l'Alliance retient prisonniers le plus gros des troupes, dont l'état-majeur. Rien ne va plus. 

Le Régiment Monstrueux est donc une histoire de femmes. Des femmes qui se battent en ce qu'elles croient, qui veulent échapper à un destin qui n'est pas le leur, qui surpasse la place où on aimerait bien les mettre. Alors, oui, elles sont dans l'obligation de se déguiser en homme pour ça. Mais leur plus grande réussite ne se trouve pas dans ce qu'elles font lorsqu'elles portent le pantalon. Elles restent des femmes avant tout. Et surtout, elle se montre plus déterminées que les hommes dans bien des domaines. J'ai apprécié que Pratchett nous fournisse plusieurs profils de ses dames. On a Margot, personnage principal qui se rend compte que sa place n'est pas là où elle le pensait, Biroute et l'Asperge, qui sortent de maison de rééducation, tout comme Pignole qui, elle, entend la Duchesse dans sa tête (elle a un petit côté Jeanne d'Arc pour ça), Igorina qui veut prouver que les femmes font d'aussi bon Igor (chirurgien) que les hommes, Chouffe partit chercher le père de son futur enfant... Chacune a un rêve, une aspiration, qui est bloqué par les idées qu'à mis Nuggan dans la tête de ses fidèles. Dans leur pays ultra patriarcal (qui portant ne croit plus qu'en la Duchesse(mais ça donne un aperçu de l'une des révélations finalement)), elles doivent apprendre à se faire de la place. Une place égale à celle des hommes. Ça passe donc par l'armée, ce qui va permettre à l'auteur de mettre un petit coup au nationalisme et surtout à la propagande qui va avec. Et sur ce dernier point, il est plutôt fort, notre Pratchett d'ailleurs. C'est un aspect que j'ai assez apprécié, et que j'ai trouvé particulièrement moderne en fait. Encore plus avec l'arrivée de Guillaume des Mots (que l'on a découvert avec la Vérité) et de sa presse. Forcément, à une époque où les médias sont capables de faire la pluie et le beau temps, il fallait bien mettre ce cher des Mots de la partie (et ça fonctionne tellement bien).

Ce livre est quand même ultra compliqué à chronique sans tout divulgacher (et j'en ai finalement beaucoup dit, je trouve). Il est assez complexe tout en restant une parfaite satyre humoristique comme savait si bien le faire Pratchett (vous ne savez pas à quel point cet homme, que je n'ai jamais connu personnellement, me manque). Du coup, je vais m'arrêter là. Et pour vous donner envie de le lire, je vais faire un truc que je ne pense jamais à faire ici, c'est posté deux extraits (je le fais plus souvent dans les stories de mon compte instagram, si ça vous intéresse) :

"Oublies qui tu étais Margot. Pense que tu es un jeune homme, voilà l'important. Pète bruyamment avec la satisfaction d'avoir fait du bon travail, déplace-toi comme une marionnette dont on aurait coupé deux fils au hasard, ne serre jamais personne dans tes bras et, si tu croises un copain, flanque-lui un coup de poing. Quelques années à servir au bar lui avaient donnée matière à observer. Aucun souci pour se retenir de balancer les hanches, au moins. Là non plus, la nature n'avait pas été généreuse.
 Et puis, il fallait maitriser la démarche du jeune mâle. Au moins, les filles ne balançaient que les hanches. Les gars, eux, balançaient tout ce qu'ils avaient en dessous des épaules. Tu dois t'arranger pour occuper beaucoup d'espace, se dit-elle. Ca te donne l'air important, comme un matou qui s'ébouriffe la queue. Elle avait beaucoup vu ça à l'auberge. Les gars voulaient passer pour des gros bras en réaction de défense contre tous les autres costauds. Je suis mauvais, je suis féroce, je n'ai pas froid aux yeux, je voudrais un grand panaché et ma mère m'a demandé de rentrer à neuf heures..." 

"-D'être de mauvaises filles, dit Biroute. Qui serait dupe, mon commandant ? L'ennemi voulait se débarrasser tranquillement de nous, et le général veut la même chose. C'est ça l'ennui avec les gars gentils et les gars méchants. Ce sont tous des gars !
-Est-ce qu'on aurait eu des médailles si on avait été des hommes ? demanda Chouffe.
-Ouaip. Certainement. Et Blouse aurait reçu une promotion sur le champ, j'imagine. Mais nous sommes pour l'instant en guerre, et ce n'est peut-être pas le bon moment...
-... de remercier une bande de femmes abominables, suggéra Margot."


vendredi 26 avril 2019

La Chute de la Maison aux Flèches d'Argent, Dominion of the Fallen, tome 1, Aliette de Bodard

Je pense que ce livre-là va rester dans ma mémoire un bon moment. Déjà parce que je l'ai adoré, mais vraiment, mais aussi pour les circonstances de son tirage au sort dans ma PAL. J'ai tiré le roman le 15 avril au matin. Oui, le matin du jour où Notre Dame de Paris a brûlé. Parfois, les coïncidences sont bizarres quand même (Chéri a rigolé en disant que du coup, c'était ma faute quand je lui ai fait remarqué). 'Fin bref, passons à mon avis dessus

La Chute de la Maison aux Flèches d'Argent, Dominion of the Fallen; Aliette de Bodard

Editeur : Pocket
Collection : fantasy
Année de parution : 2018
Titre en VO : Dominion of the Fallen, book 1: The House of Shattered Wings 
Année de parution en VO : 2015
Nombre de pages : 544

A lire si : 
- Vous aimez l'urban fantasy qui flirte avec la dystopie
- vous aimez les univers bien foutus 
- Vous aimez les complots et les mystères

A ne pas lire si :
- Heu...

Présentation de l'éditeur : 

Paris n’est plus que ruines et décombres, après la Grande Guerre qui a opposé les Maisons qui règnent sur la capitale française. Les Maisons elles-mêmes ont perdu tout ce qui faisait leur gloire et sont tombées en décadence.
Séléné a dû prendre, sans y être préparée, la tête de la Maison aux Flèches d’Argent. Pour l’heure, Notre-Dame et les bâtiments alentours restent un abri sûr, protégés par des sorts puissants. Mais les Maisons rivales veillent, prêtes à s’engouffrer dans la moindre faille pour détruire Flèches d’Argent, au risque de briser l’équilibre de la cité.
Lorsqu’un nouvel ange déchu, Isabelle, arrive sur terre, Séléné se précipite à son secours pour empêcher qu’on lui vole ses pouvoirs. C’est là qu’elle se bat contre Philippe, un membre du gang Mamba rouge. Impressionnée par les pouvoirs de ce dernier, Séléné le retient prisonnier au sein de Flèches d’Argent avec Isabelle. Mais la maîtresse de Flèches d’Argent n’a aucune idée de ce qu’elle a fait entrer au sein de sa maison : Philippe va devenir le vecteur de la libération d’une terrible malédiction…

Mon avis

Avant de parler du livre, j'aimerais qu'on parle des couvertures de celui-ci (on peut retrouver tout ce petit monde sur la page du livre sur Livraddict). Il est assez rare que j'aime autant les couvertures VF que VO, mais je dois avouer que là, c'est un vrai régal pour les yeux et surtout qu'elles sont toutes en accord avec l'histoire qui va derrière.

Maintenant que ça c'est fait, passons au livre en lui-même. J'avoue l'avoir pris pour sa magnifique couverture et pour sa quatrième qui parle de Déchus, de complot et de malédiction. Tout était déjà là pour me plaire. Ne manquait plus qu'à découvrir l'intérieur. On commence donc par une première phrase qui va donner le ton du livre "Au début, la Chute se révèle presque agréable." Autant dire qu'avec ça, je savais déjà que j'allais me plonger dans le roman sans la moindre hésitation. J'avais raison. J'ai tout aimé dans ce roman, les personnages, le décors, l'univers, les complots, l'histoire et j'en passe. Ce fut un coup de cœur qui a été pourtant un peu long à venir. 

On entre assez lentement finalement dans l'histoire. Aliette de Bodard pose d'abord son univers et quel univers ! Imaginez-vous dans un Paris d'après guerre, quelque part au début des années 1900 (du moins, je suppose) où les Déchus sont maîtres de la ville, partagés en diverses Maisons à présent décadentes. Mais s'il n'y avait que cela. Non, l'autrice ne se contente pas de ça. Elle humanise les Déchus pour le pire. Enfin de gagner la guerre, certaines Maisons ont fait venir des peuples colonisés comme chair à canon. C'est ainsi que Philippe, l'un des trois protagonistes principaux, est arrivé à Paris. Il n'a pas été le seul, avec lui sont venus les Dragons, gardiens des éléments, et leur magie. Et tout ce petit monde ne peut rien contre la destruction de Paris dut aux ravages de la guerre, ni contre ce qui détruit lentement la plus vieille Maison de Paris, celle de Flèches d'Argent fondée par Etoile-du-Matin lui-même (pour ceux qui savent pas, il s'agit d'un des noms de Lucifer).

Car là est le centre du roman, la déchéance de la Maison aux Flèches d'Argent. Une déchéance que nous allons suivre grâce à trois personnages, Madeleine, alchimiste de la Maison, Isabelle, récemment déchue et nouvelle arrivante à la Maison et Philippe, lié à Isabelle depuis sa chute (je vous laisse découvrir le lien). Trois personnages bien différents, ayant tous une vision particulière de la Maison. Madeleine y a trouvé refuge il y a vingt ans, alors que son ancienne Maison, Aubépine, tombait entre les mains d'Asmodée. Isabelle y est liée en tant que Déchue, nouvellement arrivée sur Terre, elle fait de Flèches d'Argent son nouvel univers. Quant à Philippe, il déteste les Maisons pour des raisons qui lui sont propres et que le lecteur découvrira petit à petit (et pas complètement finalement, c'est surement le personnage le plus mystérieux du lot). A eux trois, ils font vivre le récit, l'alimente, le construise. Ce sont des personnages comme je les apprécie, ambigu, pleins de défaut mais qui mûrissent au fur et à mesure de l'histoire. Et ils ne sont pas les seuls. Les personnages secondaires sont tout aussi fouillés qu'eux, il n'y a qu'à voir Séléné, chef de la Maison ou encore Asmodée, ou même Emmanuelle, l'amante de Séléné. Et est-ce qu'il faut que je parle de la diversité ? Parce qu'elle est bien présente, que se soit au niveau des personnes de couleurs (Philippe est vietnamien, Emmanuelle est noire (en tant que Déchue, elle n'a pas de nationalité terrestre)...) ou des personnes LGBT.

J'ai parlé de l'univers génial et ultra fouillé, des personnages qui le sont tout autant, reste l'histoire, la déchéance de la Maison aux Flèches d'Argent se joue sous couvert de meurtres inexpliqués, de magies perdus et de complot. Vous le savez, j'adore les complots. C'est un truc que j'aime lire depuis très longtemps et forcément, depuis le temps, faut quand même que ce soit bien mené pour vraiment me plaire. Vous l'aurez deviné, c'est le cas ici. J'ai été plus que ravie de suivre les complots des Maisons, de tenter de deviner qui en voulait vraiment à Flèches d'Argent (à laquelle on s'attache autant qu'Isabelle ou Madeleine). Ce n'est pas la partie la plus importante de l'histoire pourtant, au du moins, c'est la forêt qui cache l'arbre, tout comme l'enquête sur les divers meurtres. Mais alors, qu'est-ce que c'est bien fait, qu'est-ce qu'on se prend au jeu. Tout ça pour en arriver à une fin que l'on attend forcément depuis le début, depuis la première phrase mais qui nous étonne pourtant.

Comme souvent avec ce genre de roman, je pourrais en parler pendant des heures, aller dans le détail, presque chapitre par chapitre tant il est dense (pour ça que j'ai mis un moment à le lire, pour pouvoir tout comprendre comme il faut). Mais ça serait spoilé et enlevé le plaisir de la lecture. N'empêche que... J'ai aimé voir les Déchus humanisés, j'ai aimé que l'autrice n'en fasse pas juste des créatures divines bannies des cieux, j'ai aimé les mélanges des magies, les questionnements sur l'avenir, ceux sur la foi, j'ai adoré les personnages, leurs doutes et leurs espoirs (si peu d'espoir pourtant). Bref, j'ai eu un vrai coup de cœur pour ce roman. J'ai très très hâte de pouvoir lire sa suite (elle sort quand en poche l’Ascension de la Maison Aubépine, quelqu'un sait ?).


jeudi 14 mars 2019

La Vérité, Les Annales du Disque-Monde, tome 26, Terry Pratchett

Le 12 mars est toujours un jour très particulier pour moi. Déjà parce que je prends un an de plus à chaque fois. Ensuite, parce que depuis 4 ans, un grand monsieur de la fantasy nous a quitté. Du coup, le 12 mars est à la fois joyeux et triste pour moi. Cette année, j'ai décidé de rentre hommage à Sir Pratchett en lisant l'un de ses livres à cette époque.

La Vérité, Les Annales du Disque-Monde, tome 26, Terry Pratchett

Editeur : Pocket
Collection : Fantasy
Année de parution : 2011
Titre en VO : The Truth
Année de parution en VO : 2000
Nombre de pages : 469

A lire si :
- Vous aimez les Annales du Disque-Monde
-Vous aimez And-Morpork et ses habitants
- Vous voulez une critique amusante du journalisme

A ne pas lire si :
- Vous n'aimez pas les Annales
- Vous n'aimez pas l'humour à l'anglaise.

Présentation de l'éditeur :

Quand un jeune homme de lettres, Guillaume des Mots, rencontre l’inventeur de l’imprimerie moderne, le nain Bonnemont, le premier journal d’Ankh-Morpork paraît : Le Disque-Monde. La presse d’investigation est née. Et si le Patricien est accusé de meurtre, si le Guet patine et si MM. Lépingle et Tulipe, médiateurs à gages d’une organisation occulte de comploteurs, sévissent dans la cité, le journaliste doit payer de sa personne. Entre un vampire iconographe à la fascination suicidaire pour le flash, la concurrence peu loyale d’une presse poubelle et la grogne du commissaire Vimaire, Guillaume part en quête de la vérité. Laquelle peut blesser et même tuer.

Mon avis

J'aime retrouver le Disque-Monde et ses occupants. C'est marrant, je crois que c'est la plus longue série que j'ai pu lire jusque là et dont je ne me lasse jamais. Surement parce que les tomes se suivent et ne se ressemblent pas. Dans la Vérité, nous allons découvrir un nouveau personnage, Guillaume des Mots, accompagné de quelques nains, d'un vampire. Nous allons aussi retrouver Vimaire (pas assez à mon goût)(dire que je n'aimais pas le guet après leur première aventure...), Vétérini et la cour des miracles. Avec tout ce beau monde, autant dire qu'il va y avoir de quoi faire. Surtout si on ajoute en plein milieu la première presse moderne et des médiateurs à gages. 

On ne s'ennuie jamais avec une Annale, on ne s'ennuie surement pas avec celle-ci. Guillaume des Mots, par un pur hasard, devient le premier journaliste d'investigation de la ville. Lui et la petite équipe qui va se composer autour de sa presse vont tout faire pour informer les citoyens d'Ankh-Morpork de ce qu'il se passe dans la ville. Au service de la vérité, le jeune homme va découvrir ce qu'il s'est réellement passé au palais du Patricien. Effectivement, il semblerait que Vétérini ait tenté de tuer son assistant puis se serait excuser de l'avoir fait avant de tenter de fuir. Une attitude trop étrange pour berner Guillaume ou Vimaire. 

Si l'enquête prend pas mal de place dans le roman, elle en est après ce qui va lier les divers personnages les uns les autres, je crois que ce que j'ai le plus apprécié, c'est vraiment la naissance de la presse écrite dans la magnifique cité d'Ankh-Morpork et tout ce qui va en découler. Une fois encore, Terry Pratchett n'y va pas par le dos de la cuillère pour se moquer des institutions et cela pour le plus grand plaisir des lecteurs. Ainsi, nous allons découvrir les légumes rigolos, les gens qui veulent à tout prix apparaitre dans le journal et la manière dont la concurrence compte bien récupérer toute la place. On retrouve l'humour d'un Pratchett en grande forme qui s'en donne à coeur joie.

Il en va de même avec les personnages. Pour la Vérité, l'auteur remet les nains sur le devant de la scène avec Bonnemont, inventeur de la presse moderne et son équipe. J'aime beaucoup les nains dans l'univers du Disque-Monde, à la fois si proche de la caricature et si éloigné. Il en va de même pour Otto, le vampire iconographe du journal le Disque-Monde. Oui, oui, un vampire qui utilise des flash... Le personnage est truculent, que se soit par son obstination à ne pas vouloir boire du mot en "s" ou par son accent de l'Uberwald. Je crois bien qu'il fait parti de mes petits chouchous. Tout comme Guillaume et Sacharissa, seuls humains du journal, tous les deux tellement obsédés par le boulot qu'il semble ne pas se rendre compte qu'ils se plaisent beaucoup mutuellement.

Enfin, il a bien sur toute l'histoire, aussi loufoque que peut l'être une Annale du Disque-Monde. Elle est bourrée de rebondissement plus insensé les uns que les autres et nous offre une nouvelle fois l'occasion de voir comment le guet résoud une affaire sans en avoir l'air. Elle permet aussi de découvrir tout plein de personnages fort sympathiques de la cité qu'on a pas toujours l'habitude de voir pour l'instant.

Au final, c'est encore une super lecture pour moi, mais en même temps, j'aime tellement le Disque-Monde qu'il ne peut en être autrement. Je regretterais tout de même une importance moindre du Guet dans ce roman mais j'ai adoré la critique des journaux qu'il nous offre. C'est d'ailleurs une critique un peu moins acerbe que certaines qu'à pu faire Pratchett pour moi. Bref, encore une très bonne Annale de mon côté.

vendredi 21 décembre 2018

Le Père Porcher, Les Annales du Disque-Monde,tome 20, Terry Pratchett

Depuis trois ans, la période des fêtes est pour moi l'occasion de lire et relire le génial Cirque des Rêves d'Erin Morgenstern. (oui, il a été lu l'année dernière, mais je n'ai pas fait une nouvelle review ici). Mais avant ça, elle était surtout l'occasion de lire et relire le Père Porcher de Sir Pratchett. D'ailleurs, je me suis rendue compte que je n'avais jamais fait la chronique de ce génial conte de Noël ici. 

Le Père Porcher, Les Annales du Disque-Monde,tome 20, Terry Pratchett

Editeur : Pocket
Collection : fantasy
Année de parution ; 2006
Titre en VO : Hogfather
Année de parution en VO : 1996
Nombre de page : 396

A lire si : 
- Vous aimez les Annales du Disque Monde
- Vous aimez la période de Noel
- Vous aimez le personnage de la Mort et ceux qui gravitent autour

A ne pas lire si :
- Vous vous attendez à quelque chose d'ultra mignon

Présentation de l'éditeur : 

Il neige, la ville est décorée, les sapins sont en place, on attend les cadeaux. Il ne manque que le père Porcher et son costume rouge. Mais où est-il ? Kidnappé, en vacances, assassiné ? En attendant, il lui faut un remplaçant : un faux costume, une hotte, une fausse barbe et un, traîneau tiré par des cochons sauvages... c'est la Mort qui s'y colle ! Suzanne, sa petite-fille, est surtout préoccupée par les deux enfants dont elle s'occupe et veut retrouver à temps le père Porcher. Les petits voient déjà suffisamment de monstres dans leur propre maison. Mais la Guilde des Assassins a signé un contrat avec d'étranges créatures...

Mon avis

Le Père Porcher a été le second livre des Annales que j'ai lu. Le premier étant Le Faucheur. Les deux m'avaient été prêté par mon ami Vivien qui avait quasiment toutes les Annales sorties avant 2008. Il m'avait proposé ces deux-là connaissant mon amour pour tout ce qui est relatif justement à la mort et à ses personnification (chacun ses passions, n'est-il pas ?). Je crois que je ne l'ai jamais réellement remercier pour m'avoir fait découvrir tout l'univers de Pratchett. Bref, Vivien si un jour par le plus grand des hasards tu passes par là, saches que tu es coupable de l’agrandissement un peu trop exagéré de ma bibliothèque... et que Laurent n'est pas content du tout du coup. Mais passons au Père Porcher à présent.

Il aura donc fallu attendre vingt tome pour que Prachett décide enfin de s'en prendre à Noël. Il était temps, j'aurais eu tendance à dire à l'époque (maintenant, je suis ultra heureuse qu'il l'est fait). En vingt tome, il a parodié beaucoup de chose mais ça, pas encore. Et autant dire que le travail n'était pas simple. Il fallait parodier la période de Noël tout en y ajoutant ce petit plus qui fait qu'on se retrouve bien dans un Pratchett et dans une annale du Disque-Monde. Et pour cela, rien de mieux que l'un des persos préférés de l'auteur, à savoir la Mort. Un personnage qui bien qu'étant la représentation de la fin de la vie adore celle-ci et ferait tout ce qu'il peut pour qu'elle et surtout l'humanité soient toujours là. Du coup, lorsque les Contrôleurs s'en prennent au Père Porcher, il n'hésite pas à prendre sa place. Et comme dans le Faucheur (dont je parlais plus haut donc), il va falloir que quelqu'un prenne sa place à lui. Suzanne, sa petite fille, va reprendre du service pour comprendre ce qu'il est arrivé au Porcher.

Il y a beaucoup à dire sur le Père Porcher. Peut-être plus que sur tout autre livre du Disque-Monde (et pas seulement parce que c'est un de mes préférés). Pratchett y parle de beaucoup beaucoup de chose. Bien sur, on retrouve la parodie de Noël et surtout la critique de notre belle société de consommation. Effectivement, la Mort est un personnage parfait pour ça puisqu'il prend tout au pied de la lettre et que pour lui, si on demande quelque chose au Porcher, et bien, on doit l'avoir, point. Le passage dans le magasin est assez représentatif de ça avec les parents qui s’inquiètent des cadeaux que demandent leurs gamins et le directeur du magasin qui lui se désespère que rien ne soit payé. Mais, là où l'on pourrait penser que ça pouvait être une bonne partie de l'histoire, en fait, pas du tout. Et c'est ça que j'ai particulièrement aimé dès ma première lecture. Oui, Pratchett parle un peu de ce phénomène qui fait que Noël est pour beaucoup devenu commercial, mais ce n'est pas le tout. En réalité, Pratchett a bel et bien gardé l'esprit de la fête, et plus particulièrement les croyances des enfants. Ça me touche pas mal d'ailleurs cette année vu que ma fille est dans la période où elle ne sait plus s'il faut croire ou pas au père Noël (et que je raconte de plus en plus de bêtise pour qu'elle continue encore un peu à y croire). 

Les croyances sont le ciment de ce roman-là des Annales. Ce sont elles qui font vivre les dieux ou non. Une idée qu'il avait déjà mis en place dans une autre Annales (les Petits Dieux il me semble)(que je n'ai pas chroniqué ici, forcément). Ainsi, alors que les enfants ne croient plus au père Porcher, ce sont les adultes et plus particulièrement les mages qui créent de nouveaux dieux, comme l'oh bon dieu de la gueule de bois qui accompagnera Suzanne, ou la fée bonne humeur et quelques autres bien sympathique (le dieu de l'indigestion par exemple)(oui, ce sont les mages qui donnent naissance à ces nouveaux dieux, faut pas non plus aller chercher bien loin quant à leurs croyances à ceux-là). Et sans parler des dieux, il y a les autres croyances de l'enfance, celle des peurs les plus primales telles le croque-mitaine, le monstre sous le lit, la peur du noir et j'en passe.

Tout cela pourrait faire de ce Père Porcher un roman plutôt lourd à digérer. Mais c'est sans compter le talent de Pratchett pour la parodie et les personnages de ces romans. La mort est toujours égal à lui-même*, bien que dans ce tome, je le trouve plus réfléchi, je dois dire. Plus humain aussi, en fait, bien plus que dans les autres tomes. J'apprécie aussi pas mal Suzanne et ses envies de normalité qui disparaissent bien vite quand son grand-père fait un peu n'importe quoi. Déjà, rien qu'avec eux, on trouve une bonne dose d'humour qui ne me déplait vraiment pas. Et puis, il y a les Mages... Je vous ai déjà dit à quel point j'aime cette bande d'incapables ? Non ? Ben voilà, c'est fait. Rien de mieux que des mages en période de Porcher pour me mettre de bonne humeur. Ils sont terribles, mais vraiment. 

Au final, j'adore ce tome-là, surement l'un de mes préférés (même si je suis capable de dire ça pour tous les tomes du Disque Monde)(sauf les premiers avec Rincevent en fait)(et pourtant, j'adore Rincevent)(j'ai parlé de ça lors de ma lecture du Dernier Continent). C'est une parfaite lecture de Noël qui met de fort bonne humeur tout en faisant un peu réfléchir quand même (bon et maintenant, je pars à la recherche du téléfilm que je n'ai pas encore eu l'occasion de voir et que j'aimerai vraiment voir)

* Pour rappel, la Mort est un mâle nécessaire.

lundi 20 août 2018

Maléfices, La Trilogie du Mal, tome 3, Maxime Chattam

Je n'aurais finalement pas mis bien longtemps pour finir cette trilogie du mal (surtout au vue de ma PAL numérique qui semble ne vouloir faire que grossir). IL faut dire que les deux premiers tomes m'avaient plutôt plu et que je suis dans une période plutôt "horreur" en numérique en ce moment. Et donc, presque six mois après avoir lu le premier tome, je lis le dernier. C'est plutôt pas mal

Maléfices, La Trilogie du Mal, tome 3, Maxime Chattam

Editeur : Pocket
Collection : trhiller
Année de parution : 2004
Format : AZW

A lire si : 
- Vous avez aimer les deux premiers tomes
- Vous n'avez pas peur des araignées
- Vous aimez les thrillers à l'américaine

A ne pas lire si 
- Vous n'aimez pas quand ça parait trop réaliste.

Présentation de l'éditeur :

Une ombre inquiétante rôde dans les forêts de l'Oregon. C'est d'abord un employé de l'environnement qui est retrouvé mort, le visage horrifié. Aucune trace du criminel... Dans le même temps, des femmes disparaissent en pleine nuit, pendant le sommeil de leur époux. Pas de trace d'effraction dans les maisons... Et puis se répand une épidémie singulière : les foyers de Portland sont envahis par des araignées aux piqûres mortelles. Les victimes s'accumulent et la psychose s'intensifie. Et s'il n'y avait qu'une seule personne derrière tout cela ?
Un être pas comme les autres. On commence à murmurer le pire : et s'il n'était pas humain ? Joshua Brolin et Annabel O'Donnel vont mener l'enquête, entrer dans la toile et faire face à l'impensable.
Une nouvelle génération de tueur.

Mon avis

Et voilà, j'en ai fini avec la trilogie du Mal (enfin pas tout à fait, me manque le prologue sur le mari d'Annabel à lire)(ça risque de pas tarder). Et je dois bien dire que j'ai particulièrement apprécié lire cette fameuse trilogie. Mais passons donc à ce troisième et dernier tome, celui qui clôt donc le tout. Un tome qui, pour moi, est peut-être un peu en dessous des deux suivants mais qui reste un très bon divertissement.

Dans Maléfices, nous retrouvons donc Joshua Brolin chez lui à Portland. Adieu New York qui n'aura servi de toile de fond que pour un tome. Ça m'arrange un peu, j'aime bien Porland et ses étendues de forets non loin (dans l'idée, Chattam aura quand même réussi à me faire aimer une ville et ses alentours sans même en avoir rien vu). Alors qu'il compte bien passer quelques jours de vacances avec Annabel, le frère de son ami Larry Salhindro est retrouvé mort en pleine forêt, avec sur son visage la peur à l'état brut. Il n'en faut pas plus pour que Brolin annule ses vacances. Heureusement pour lui, Larry fera appel à Annabel pour qu'elle vienne changer un peu les idées du privé. Et les aider dans une enquête qui va bien plus loin que la mort du frère de Larry. Attention cher lecteur, si vous êtes arachnophobe, passez votre chemin (ou comme moi, flipper bien lorsque le rideaux de douche ou vos cheveux vont vous faire croire qu'une araignée et sur vous)(je suis très impressionnable, je l'avoue), parce que les petites bêtes sont là tout le long du livre. Et elles ne sont pas vraiment gentilles. Enfin, ce ne sont pas les pires monstres du livre. L'humain, comme souvent avec Chattam, n'est malheureusement pas en reste. Et le tueur de ce tome-ci n'a pas grand chose à envier à ses prédécesseurs sur la monstruosité.

D'ailleurs, tout le tome n'a rien à envier à ses prédécesseurs au niveau de l'enquête. Si j'avais compris facilement ce qu'il se passerait dans l'Ame du Mal, j'avais eu un peu plus de mal sur In ténébris et je me suis faite roulée sur toute la ligne avec ce Maléfices. En même temps même Brolin est assez perdu dans son enquête, ce qui ajoute à la confusion du lecteur et à l'envie de toujours lire un peu plus (monsieur Chattam, mes cernes ne vous disent pas merci, mon manque de sommeil non plus). J'ai clairement apprécié voir tout le monde (moi comprise) pataugeaient un long moment dans la semoule, ça fait du bien quand tout ne tombe pas tout cuit (même si une fois encore, je trouve la fin un peu trop rapide pour ça). Bref, une enquête fort sympathique qui ne m'aura pas filer de gros frissons mais que j'ai aimé suivre. Et que j'ai même bien plus apprécié que celle d'In Tenebris par exemple.

Mais alors, pourquoi ai-je trouvé ce tome un peu en déça des précédents ? A cause des personnages. Enfin, avouons-le, surtout à cause d'Annabel. Annabel, dans ce tome, quitte le personnage de flic mal dans sa peau ayant perdu son mari depuis peu et essayant de remonter la pente avec l'aide de son ami, Jack Thayer. Elle est devenue une sorte de Brolin au féminin mais pas totalement. Si jusque là, ça m'allait plutôt bien, j'ai trouvé que la voir soudain avoir des sentiments pour Joshua (et même si ça va en droite ligne de ce qu'il a pu et se passe) était peut-être un peu trop. Enfin, non, disons que ça la transforme un peu trop. J'aime toujours le personnage sauf lorsqu'elle se pose des questions sur sa relation avec Brolin. Pourquoi à ces moments-là passe-t-elle soudain de l'Annabel du tome précédent, forte, indépendante et en même fragile à simple potiche ? Heureusement que ça n'arrive pas à toutes les pages et que le plus souvent, elle reste l'Annabel que j'ai appris à apprécier. Quant à Brolin, il reste le même durant un petit moment pour petit à petit "redevenir" un peu plus humain, plus proche du Brolin de l'Âme du mal (sans toutefois y revenir totalement). Et puis, il est appréciable de retrouver l'équipe de flic de Portland.

Au final donc, j'ai aimé, un peu moins que les deux précédents (la faute à Annabel qui se potiche donc de temps à autre et aux araignées que je n'aime mais alors pas du tout). Il complète finalement très bien la trilogie, montrant encore un autre aspect de ce que l'humain peut faire de pire. Ces trois histoires sont assez perturbantes dans le fait qu'elles pourraient être réelles et c'est vraiment là que ça fonctionne avec moi (même si on avoue qu'on sent bien la fiction dans les personnages quand même). En tout cas, chose de sure, c'est que entre les livres de Chattam et moi, ce n'est pas fini, j'en ai encore qui traine par ci par là et je compte bien replonger dans cette folie qui les habite.

mardi 10 juillet 2018

Mythologie Viking, Neil Gaiman

Si je fus incollable sur les mythologies grecques, romaine (oui bon, à part les noms, c'est quasi les mêmes) ou égyptiennes, je ne me suis jamais réellement penché sur les mythes nordiques. Je les connais, je connais les principaux dieux mais pas forcément leurs histoires. Alors quand monsieur Gaiman propose de les faire découvrir, je dis pas non.

Mythologie Viking, Neil Gaiman

Editeur : Pocket
Collection : fantasy
Année de parution : 2018
Titre en VO : Norse mythology
Année de parution en VO : 2017
Nombre de pages : 288

A lire si :
- Vous voulez une première approche de la mythologie viking
- Vous appréciez les talents de conteurs de Neil Gaiman

A ne pas lire si :
- Vous voulez du Gaiman pur et dur
- Vous pensez que les dieux nordiques sont comme dans les Marvels

Présentation de l'éditeur :

L’univers de Neil Gaiman est nourri par les légendes nordiques. Il revient à ses sources et nous raconte enfin la grande saga des dieux scandinaves qui l’ont inspiré pour son chef d’oeuvre American Gods. De la genèse des neuf mondes au crépuscule des dieux et l’ère des hommes, ils reprennent vie : Odin, le plus puissant des dieux, sage, courageux et rusé ; Thor, son fils, incroyablement fort mais tumultueux ; Loki fils d’un géant et frère d’Odin, escroc et manipulateur inégalable… Fières, impulsives et passionnées, ces divinités mythiques nous livrent enfin ici leur passionnante – et très humaine – histoire

Mon avis

Comme je le disais, plus jeune, je me suis penchée sur un certain nombre de mythologie, disons les plus proches de chez nous, la gréco-romaine (plus particulièrement la branche grecque pour tous dire) et l'égyptienne (période je veux, j'exige ma croisière au bord du Nil en relisant les Ramses de Jacq)(j'avais une douzaine d'année donc environ)(et si je n'exige plus, je rêve tout de même encore de faire cette croisière)(mais ce n'est pas le sujet). Je me suis vaguement penché sur les celtes peu après et puis plus rien. Les dieux, les mythes, tout ça, à vrai dire j'en avais peut-être un peu assez. Ça a duré un petit moment comme ça et puis, on n'oublie pas vraiment ces premiers amours, je me suis replongée un peu dans tout ça. C'est à ce moment que je me suis dis qu'il me manquait une "grande" mythologie européenne à mon arc, celle des vikings, des gens du nord. Je connais un peu, mais pas trop. Ca tombe donc bien. Et pour commencer cet apprentissage, rien de mieux que de la vulgarisation (plus longue introduction à un livre que j'ai écrite là).

Gaiman n'est pas un novice dans la mythologie nordique. Il s'en est déjà inspiré pour American Gods par exemple ou encore il me semble pour Sandman (qu'il faut réellement que je lise)(des années que je me dis ça et toujours pas sauter le pas). De plus, le monsieur apprécie la série Thor de Marvel, celle-là même qui lui a fait connaitre les dieux vikings. Il avoue dans la préface avoir lu les Eddas. Cela fait de lui non pas forcément un spécialiste mais un homme qui sait tout de même de quoi il parle et cela est appréciable. Tout comme est appréciable le fait qu'il aime ce qu'il raconte. Il a décidé de ne pas tout raconter mais de ce que "contenter" des histoires majeures. En 288 pages sur l'édition de poche, il va de la naissance des dieux à Rakgnarok et on ne s'ennuie pas une seconde.

Pour ce livre (je ne dirais pas roman, ce n'en est pas vraiment un), Gaiman oublie un peu son propre style. Il devient conteur, mais un conteur assez neutre, je dirais. Il perd un peu de sa patte si spéciale pour que le lecteur ne retienne finalement que les histoires des Ases (les dieux nordiques donc). Ce n'est pas réellement un problème. Disons que du coup, pour ceux qui veulent du pur Gaiman, il y aura un peu de déception. Pourtant, malgré cette neutralité, on arrive à retrouver l'auteur dans certains passages. Et puis, je ne le dirais jamais assez, Neil Gaiman est un véritable conteur d'histoire, il passe parfaitement bien en Skald (poète nordique).

Si le style Gaiman est là sans l'être, les histoires de cette mythologie viking sont des plus sympathiques à lire, surtout qu'elles sont assez différentes au final des autres mythologies. Ici, pas de héros humains, nous restons entre Dieux, plus particulièrement entre Ases (il existe deux races de dieux, les Ases et les Vanes). On découvre Odin, Thor, Loki et les autres grâce à leur aventures. Des aventures choisies avec soin dans toutes celles connues de nos jours puisque petit à petit, elles vont nous permettre de comprendre comment arrive Ragnarok, l'apocalypse viking. On découvre alors des dieux pas forcément très malin (Thor est un crétin en puissance la plupart du temps), sages mais pouvant se montrer cruel (hello Odin) ou encore malin, vicieux mais pas si mauvais que ça (Loki est sûrement, toutes mythologies confondues, le dieu le plus complexe et intéressant que j'ai rencontré). Ne manque que les déesses, pas assez représentées pour moi (on ne voit Sif que lorsqu'elle perd ses cheveux, Freya lorsqu'un Géant veut l'épouser (deux fois en plus de ça), ou Frigg pour sauver son fils (ce qu'elle n'arrive pas à faire)). Tout cela est fort bien écrit, avec une touche d'humour appréciable quand il y en a besoin (c'est là qu'on retrouve la patte Gaiman en fait).

Au final, cette mythologie Viking est un bon point de départ pour qui veut en découvrir un peu sur ce panthéon-là. Ce n'est bien sur pas l'Edda mais on en apprend déjà pas mal (la création des mondes, la naissance des dieux et des hommes aussi, le Ragnarok). J'avoue que j'en aurais forcément voulu un peu plus, mais c'est déjà une bonne chose. Après, ce n'est pas tout à fait du Gaiman, ce qui pourrait en déranger certains. Personnellement, j'ai apprécié qu'il écrive sur ce panthéon, ça m'a permis de m'y plonger de manière peut-être un peu plus amusante que l'Edda (ok, j'ai prévu de lire l'Edda mais je voulais effectivement passer par du plus moderne avant)

vendredi 1 juin 2018

Le Dernier Continent, les Annales du Disque-Monde, tome 22, Terry Pratchett

Je n'ai pas lu de Pratchett depuis un bon moment (deux ans quand même). Et autant vous dire que l'humour de Sir Terry me manquait terriblement surtout qu'en ce moment, dans la vie, c'est pas tant la joie que ça. Alors, rien de mieux qu'une aventure de Rincevent et des mages pour éclairer un peu mon morne quotidien.

Le Dernier Continent, les Annales du Disque-Monde, tome 22, Terry Pratchett

Editeur : Pocket
Collection : fantasy
Année de parution : 2011
Titre en VO :  The Last Continent
Année de parution en VO : 1998
Nombre de pages : 397

A lire si :
- Vous aimez le personnage de Rincevent et les mages
- Vous voulez du dépaysement
- Vous aimez l'humour à l'anglaise

A ne pas lire si :
- Vous voulez qu'il arrive plein de malheur à Rincevent.
- Vous n'aimez pas les je-sais-tout

Présentation de l'éditeur :

Rincevent a trouvé le moyen de se perdre au milieu d'un désert, sur le Dernier continent du Disque-Monde... Il fait chaud, pas une goutte de pluie à l'horizon et la nature est hostile. Et puis, que lui veut ce kangourou bizarre qui parle ? Rincevent, pro de la fuite en toute circonstance est bien coincé. Et il ne sait pas encore que l'Université de l'Invisible le recherche d'urgence car la panique y est à son comble : le bibliothécaire est atteint d'une maladie étrange et ne peut plus assurer la garde des ouvrages de magie...

Mon avis

Il me semble que c'est le second tome que je critique ici avec pour héros (si on peut appeler ça un héros, nous sommes d'accord), Rincevent (le premier étant donc Tribulation d'un mage en Aurient). Rincevent, du moins les annales où il apparaît, ont toujours pour moi un petit gout d'appréhension. Disons que j'adore Rincevent en lui-même et que généralement, je n'aime pas ses aventures. C'est assez paradoxal, surtout que généralement dans les annales, lorsque je n'aime pas un personnage, je n'aime pas non plus ses aventures. Enfin bref, je commence déjà à m'égarer. Revenons à Rincevent.

Bon, ça fait un petit moment que j'ai lu les Tribulations, du coup, je ne me souviens plus trop de comment Rincevent est arrivé sur le dernier continent, XXXX (aussi nommé Quatrixs (mais pas ici, dans l'Atlas du Disque-monde, j'ai nommé Tout le Disque-Monde, dont il faudra que je vous parle un de ces jours quand je l'aurais fini) ou encore Iksiksiksiks). N'empêche que ça fait un moment qu'il y est et que rien ne va pour lui, comme d'habitude. Il passe son temps à fuir et à essayer de ne pas mourir, deux choses qu'il fait particulièrement bien (surement les seules d'ailleurs). Durant l'une des ses fuites, il va rencontrer un kangourou qui parle et qui lui annonce qu'il est une espèce de sauveur capable de faire tomber la pluie et donc de remettre de l'eau dans ce continent. Pendant ce temps, à l'Université de l'Invisble, les mages cherchent comment soigner le bibliothécaire avant que la Mort ne vienne le chercher et donc que l'un d'eux se voit dans l'obligation de prendre sa place parmi les livres. Pour eux, une seule solution, retrouvé Rincevent, capable de leur donner le vrai nom du Bibliothécaire. Après quelques péripéties, les voilà bloqués sur une petite île (Madame Panari ayant sans le faire exprès fermé la fenêtre permettant le passage entre l'UI et l'île) des milliards d'années avant leur naissance. Et là, ils vont avoir quelques ennuis. Le premier, la plupart d'entre eux semblent un peu trop attiré par une madame Panaris qui ne semble pas s'en rendre compte, le second, un dieu de l'évolution habite ici et fait quelques expériences.

Commençons par l'arc Rincevent. Si le mage le plus malchanceux de son temps, passe sa vie à fuir, c'est bien parce qu'il lui arrive cent problèmes à la minute. Autant dire qu'on n'a pas vraiment le temps de s'ennuyer avec lui. Ni avec toutes les personnages qu'il va rencontrer dans son périple. Dans ce tome, il est donc sur un continent ressemblant à s'y méprendre à l'Australie. Du coup, on ne s'étonne pas de retrouver une sorte de Mad Max en charrette, un patron de bar du nom de Crocodile, ou encore des travestis faisant pensant à ceux du film Priscilla, folle du désert. L'entourage du mage est donc haut en couleur et en verve pour le plus grand plaisir des lecteurs, surtout que Rincevent étant ce qu'il est, il lui arrive souvent d'être à côté de la plaque quant à ceux qu'il a en face de lui. Et je dois bien avouer que c'est finalement sa partie à lui qui m'aura le plus fait rire.

Côté mages de l'UI, s'ils restent toujours aussi rigolos pour moi, je les ai trouvé un peu en dessous par rapport à d'habitude. Il faut dire que les voir se crêper le chapeau pour madame Panari n'est pas quelque chose de franchement folichon. Heureusement, reste Cogite Stibon et l'économe. Pour Cogite, c'est le fait que lui soit jeune et pas encore totalement "mage" qui permet d'en fait une sorte de contraire aux autres et l'un des personnages les plus intéressants du groupe. Pour l'économe, j'ai toujours eu un faible pour lui et je l'ai trouvé ici encore plus ailleurs que d'habitude. IL n'en reste pas moins qu'on s'amuse bien tout de même avec eux, surtout lorsqu'ils essayent d'expliquer les relations sexuelles au dieu de l'évolution (un grand moment). Il n'empêche qu'ils vont finir par quitter l'île à bord d'un bateau-fruit. Mais celui-ci va mûrir et se décomposer un peu avant le continent XXXX (ce qui va donner l'occasion à l'économe d'inventer le surf d'ailleurs). Après avoir rencontré le créateur du dernier continent, ils finiront par rejoindre Rincevent qui lui réussira à sauver le pays.

Comme je le disais, j'ai adoré la partie Rincevent pleine de rebondissement et de références géniales à la pop culture des années 80-90. Pourtant, la partie Mages de l'UI est super sympathique vu qu'elle porte sur la théorie de l'évolution et que cette théorie vu par les mages est assez amusante à lire. A vrai dire, je pense que même si j'adore les mages, ils se prennent un peu trop la tête entre eux cette fois pour que j'accroche autant que d'habitude. En fait, pour moi, ils doivent forcément interagir avec un non-mage (et un non dieu aussi, tout comme pas une femme sinon on a droit aux mages modes idiots de base) pour que ça fonctionne vraiment.

Après, j'ai l'impression que tout dépend de mon état d'esprit lorsqu'il s'agit des personnages du Disque-Monde. Par exemple, j'ai toujours eu du mal avec Rincevent, du moins avec ce qui lui arrivait alors que j'adore normalement les mages. Pourtant, cette fois, c'est l'inverse. J'ai comme l'impression que plus je vieillis plus j'apprécie les histoires un peu plus sombres de Pratchett (d'ailleurs, plus il avançait dans l'écriture des annales plus il traitait de thèmes d'actualité et surtout de thèmes un peu plus sombre que ce qu'il avait pu faire au tout début) et du coup, les personnages qui je n'apprécient pas forcément revienne sur le devant de la scène qu'est mon petit cœur de lectrice. D'ailleurs, un de ces jours, faudra que je parle de la façon dont évolue mon avis sur tel ou tel livre ou tel ou tel personnage (alors oui, j'envisage un petit changement sur le blog depuis un moment, parler d'un peu plus de chose que simplement mes avis, je travaille sur ça en ce moment).

Au final, j'ai adoré ma lecture. Elle m'a fait un bien fou alors que j'avais un peu peur de le refermer en étant un peu déçu (comme pour Eric par exemple que je n'avais pas réussi à finir). Je regrette même qu'elle soit aussi courte (enfin, elle fait quand même presque 400 pages et je trouve ça court...). C'est un très bon Pratchett.