mercredi 28 septembre 2016

Le Jour Où..., Paul Béorn

Cela faisait un moment que j'avais envie de découvrir Paul Béorn. Mais j'ai jamais trouvé le temps. Voilà, maintenant, c'est fait. Et je dois dire que j'ai assez apprécié.

Le Jour Où..., Paul Béorn

Editeur : Castelmore
Collection : /
Année de parution : 2014
Format : AWZ

A lire si :
- Vous voulez un bon jeunesse à la limite du YA
- Vous voulez des personnages attachants
- Vous n'avez pas peur de la violence

A ne pas lire si :
- Vous avez moins de 15 ans (recommandation Castelmore et je suis assez d'accord)
- Vous n'aimez pas la violence, surtout lorsque se sont des enfants et ados qui la vivent

Présentation de l'éditeur : 

Tous les adultes se sont endormis... que la fête commence ! Pendant une journée que les enfants baptisent « le jour du marchand de sable », tous les adultes sombrent les uns après les autres dans un mystérieux coma... Enfants et adolescents se retrouvent livrés à eux-mêmes. Dans une petite ville, Léo et Marie, deux lycéens de seize ans, rassemblent autour d'eux quelques amis pour vivre ensemble dans un vieil immeuble. Mais des gangs profitent de la situation, s'accaparent les réserves de nourriture et deviennent de plus en plus violents. La bande de Léo doit apprendre à se battre pour défendre leur liberté quand d'autres voudraient imposer la loi du plus fort. Léo et sa bande parviendront-ils à survivre jusqu'au réveil des adultes ? Et si les adultes ne se réveillaient jamais ?

Mon avis :

Imaginez, vous êtes un enfant, ou un adolescent, en tout cas pas plus vieux que dix-sept ans. Un jour, tous les adultes autour de vous tombent dans le coma. Qu'allez-vous faire, livrez à vous même ? Surtout que le coma dure... Que peuvent donc faire des enfants dans un monde où personne ne leur à vraiment appris à vivre seul ? C'est à cette question que Paul Béorn va essayer de répondre. Pour ce faire, il n'a pas choisi la voix de la facilité, celle où les enfants sont sages, où ils vont s'organiser gentiment espérant un retour à la normale. Non, comme d'autres avant lui (Sa Majesté des Mouches en est un bon exemple), il va préférer montrer le pire. Et peut-être finalement, ce qu'il adviendrait réellement dans un cas pareil.

Si le premier jour après le Jour du Marchand de Sable a été un jour de fête, la suite n'a pas été la même. Les enfants se sont regroupés par bande, plus ou moins organisées afin de survivre. Un comportement assez normal en somme, on se regroupe toujours avec les voisins, des gens que l'on connait, auxquels on peut s'identifier, ayant les mêmes idées ou encore ceux du même âges ou de la même couleur (je schématise hein). Parmi ces bandes, on retrouve la Cantine, une bande d'adolescent qui a récupéré pas mal de bébés et tout autant d'enfants pour les aider. Ils les nourrissent, les hébergent, les protègent autant qu'ils le peuvent. Nous allons suivre le chef de la Cantine, Léo et son adjointe, Marie, durant quelques jours.

Léo était un adolescent plutôt normal, un peu timide peut-être, mais déjà avec un certain charisme. Il n'est pas chef parce qu'il l'a voulu, il l'est parce que les autres l'ont voulu. Ce rôle, il l'accepte le plus possible même s'il lui pèse. Mais Léo, c'est un chef né, un de ces chefs que l'on peut suivre confiant, qui sera le plus possible juste. Marie a suivi Léo parce qu'elle amoureuse de lui, parce qu'elle a vu le chef en lui aussi. Elle s'occupe de tout ce qui peut être logistique mais aussi de la récolte de rumeurs voire de l'espionnage. Tous les deux pensent que les parents finiront par se réveiller mais que d'ici là, il faut pouvoir protéger les plus faibles. Leur seul point de divergence est d'ailleurs là, lui pense que la violence ne doit pas avoir court, qu'il faut rester du bon côté de la ligne. Marie aimerait penser comme lui, mais elle se rend compte qu'elle et les autres devront peut-être un jour franchir la ligne.

Cette ligne a toute son importance dans le roman. Parce que si à la Cantine, l'entraide est reine, ce n'est pas le cas partout. Beaucoup de bandes se sont organisés autour de la violence. Une violence plus que palpable dès le début du roman. Et cette violence là n'est pas que physique. C'est l'une des raisons de l'avertissement des éditions Castelmore quant à l'âge des lecteurs, au moins quinze ans. Parce que les scènes violentes sont bien là et que l'auteur ne fait pas dans la dentelle. C'est parfois, parfois dérangeant (ce sont des gamins quand même). Si Léo et Marie, ainsi que leurs amis, ne sombrent pas dans la violence, ce n'est pas le cas de tous. Dès le départ, des jeunes filles sont violées, des enfants martyrisés, plus loin, nous assisterons à bien pire, allant jusqu'au meurtre. 

La violence de ces enfants et adolescents fait particulièrement peur. Elle fait peur parce qu'on voit les jeunes comme des personnes innocentes. Or le monde où ils vivent, sans adulte, sans limite, où ils peuvent faire ce qu'ils veulent, le meilleur comme le pire. Et personnellement, je ne m'étonnes pas que certains créent des groupes ultra violent, asservissent les "faibles" (filles et plus jeunes), allant jusqu'au pire. Et cela n'a rien à voir avec les jeux vidéos ultra violents, les films qui le sont tout autant ou autres paramètres culturels. La société, actuelle ou non, veut ça. Parce que notre société est basée sur la loi du plus fort, parce qu'elle est patriarcale aussi. Les gamins, libre de toutes limites, vont reproduire ceux qu'ils ont toujours connu, à savoir que le mâle est le plus fort, qu'il a droit à tout et que les faibles ne sont là que pour les servir. Il y a derrière le texte du Jour Où... un vrai discours politique super intéressant que beaucoup risque de ne pas voir à cause de la violence (qui parfois semble gratuite alors que pas du tout), mais aussi de leurs propos opinions. Notre société patriarcale a créée les enfants monstres du roman. 

Heureusement, Léo, Marie et leur groupe permettent de montrer que tout cela peut être éviter. L'approche de Léo de son statut de chef est particulièrement intéressante sur ce point-là. la société qu'il crée autour de lui est égalitaire, réellement, démocratique et laisse une belle place à tous. Il va devoir malheureusement affronté son total opposé et se rendre compte à quel point le monde est pourri. Mais il ne va pas tomber dans le piège, il ne va pas devenir comme eux. Et ça, ça fait de Léo un personnage fort. A l'inverse Marie voit directement que tout va changer. Ça va commencer lorsqu'elle veut demander de l'aide où enfants réunis dans une église (il le fallait le petit groupe de fanatique) et que cette aide va lui être refuser, ça va continuer petit à petit, lorsqu'elle va découvrir la nature de certaines personnes. Marie, croyante, va basculer de l'autre côté de la ligne, pour sauver son groupe. Mais elle n'en est pas non plus devenue une méchante pour autant. Le truc de bien avec elle, c'est qu'elle se rend compte de son erreur, de son changement et sans l'accepter pour autant, elle sait qu'elle devrait vivre avec et tout faire pour revenir du bon côté. Elle sait aussi que dans cette situation-là, elle avait le choix et qu'elle n'a pas fait le bon. Il en va de même pour d'autres personnages, mais c'est vraiment avec elle que cela se voit (faut dire qu'elle est narratrice, ça aide). 

Au final, j'ai donc beaucoup aimé le livre et son discours. Le thème abordé m'a plu, vraiment beaucoup et je pourrais en parler encore des heures (je commence à me dire que je vais finir par ouvrir un blog où je pourrais parler pendant des heures justement des thèmes des romans qui me touchent comme celui-ci avec une approche plus "personnellement" et pas juste l'approche livresque). Et en plus de ça, ça se lit super facilement avec un style sympathique, mature sans toutefois faire passer ces adolescents pour des adultes en puissance. Il a quelques défauts tout de même, une approche trop masculine de certaines choses, surtout lorsque Marie est la narratrice, quelques lenteurs, des répétitions aussi, mais ce n'est finalement pas grand chose. Au final, je recommande vraiment ce livre aux jeunes et même aux moins jeunes, histoire de les faire réfléchir un peu sur les actes et les conséquences.



vendredi 23 septembre 2016

Emmaüs, Alessandro Baricco

Depuis Ocean Mer, je voulais à tout prix retrouver la plume de Baricco. Le choix était compliqué parmi ses autres livres. Ils me semblaient tous tellement intéressant. Et puis, j'ai fini par choisir, en aveugle, et c'est tombé sur Emmaüs.

Emmaüs, Alessandro Baricco

Editeur : Folio
Collection : /
Année de parution : 2014
Titre en VO :  Emmaus
Année de parution en VO : 2009

A lire si :
- Vous voulez quelque chose de court mais intense
- Vous aimez la poésie des mots
- Vous voulez un roman dans la veine de Virgin Suicides 

A ne pas lire si :
- Vous voulez un roman linéaire
- Vous n'êtes pas dans une bonne période

Présentation de l'éditeur : 

Quatre garçons, une fille : d’un côté, le narrateur, le Saint, Luca et Bobby, et, de l’autre, Andre. Elle est riche, belle, et elle distribue généreusement ses faveurs ; ses parents, eux, sont des parvenus qui ne croient qu’au travail et à l’argent. Quant aux garçons, ils ont dix-huit ans comme elle, mais c’est là leur seul point commun. Car ils sont avant tout catholiques, fervents voire intégristes. Musiciens, ils forment un groupe qui anime les services à l’église, et ils passent une partie de leur temps à rendre visite aux personnes âgées de l’hospice, les «larves». Alors qu’elle incarne la luxure, Andre les fascine, ils en sont tous les quatre amoureux. La tentation est forte, mais le prix à payer sera lui aussi considérable. 
Roman intime et habité par une authentique douleur, Emmaüs est un texte à part dans l’œuvre d’Alessandro Baricco, sans doute le plus personnel à ce jour.

Mon avis

Je ne sais pas comment commencer mon avis. J'ai du mal à donner un avis clair sur un livre comme celui-ci. Parce qu'ils ne sont pas communs, parce qu'il est compliqué souvent de les décrire parfaitement. Ca m'arrive souvent, vu que j'aime beaucoup les romans comme ça, ceux qui mêlent une histoire (pas forcément si importante que ça), un concept, un thème et la poésie. Ocean Mer avait été compliqué à chroniquer de part sa structure, Emmaus va l'être de part son histoire. Baricco ne m'aide pas...

Emmaüs, c'est l'histoire avant tout de quatre jeune hommes, le narrateur, Bobby, Luca et le Saint. Tous les quatre ont été élevés dans l'amour de Dieu, vont à l'église, aider les miséricordieux. Mais arrive un âge où le reste prend aussi de l'importance, où la vie n'est pas justement que religion. Ou ils veulent peut-être aller voir autre chose. C'est là qu'Andre arrive. La jeune fille est riche, belle et surtout complètement perdue. Andre les obsède, elle est tout ce qu'ils ne semblent pas vouloir être. Et pourtant. Pourtant, il y aura cette rupture avec ce qu'ils ont été jusque là, une descente aux enfers rapide et dure. Finalement, la jeune femme ne sera qu'un prétexte pour eux. Ils vont succomber aux tentations et connaitre le pire.

Chez Baricco, ce sont souvent plus les idées qui prennent de l'importance, bien plus que les personnages. Ils ne sont là que pour servir ses propros. Du coup, le lecteur n'arrive jamais à s'identifier à eux. C'est une chose qui peut perturber la lecture, et qu'y en rebutera beaucoup. Je ne fais pas partie du nombre, vu que ce sont des textes qui me plaisent. Sur un roman comme celui-ci, c'est par contre un peu dommageable, surtout avec une narration à la première personne. On ne sait rien ou presque du narrateur, à peine un peu plus sur ses amis, et encore. C'est d'ailleurs un narrateur très philosophique que nous avons là. D'après ce que j'ai pu lire, le roman est assez personnel. Peut-être est-ce pour cela que le narrateur se perd parfois dans des concepts religion et philosophique ? 

Au niveau du discours, je dois bien dire que j'ai été happé. C'est dense mais si merveilleusement écrit. Baricco. De plus, une bonne partie de son discours a trouvé des échos en moi. Il n'y a pas que son narrateur qui peut se poser des questions sur ce qu'il se passe autour de lui, qui d'un coup sort de sa bulle et découvre que le monde n'est pas simple. Voir sans comprendre que ses amis sont en train de tomber (on retrouve quand même drogue, suicide et assassinat), devoir supporter finalement d'être le seul à réussir à se maintenir à flots d'une manière ou d'une autre, rien n'est simple, surtout pas lorsqu'on a dix-huit ans. Alors quand tout cela est vu en plus avec le spectre de la religion, ça devient plus compliqué. 

Dans le "à lire si", je parle de Virgin Suicides de Eugenides qui été le récit de la descente aux Enfers des quatre Lisbon jusqu'à la mort de celles-ci. C'était une vision extérieure de celle-ci vu par quatre garçons. Emmaüs m'y a fait pensé dans un certain sens. Ici aussi, ça parle de descente aux Enfers, mais finalement vu de l'intérieur. Pourtant, la construction est la même. Au final, on se doutera juste de ce qui a pu amener les trois amis du narrateur à se droguer pour Bobby, se suicider pour Luca et assassiner quelqu'un pour le Saint. Comme le narrateur, on va rester spectateur. Mais là où Emmaüs se distingue de Virgin Suicides, c'est bien par le raisonnement que tient Baricco, quelque chose de plus métaphysique, je dirais, là où Eugenides restait dans les faits. 

Au final, j'ai beaucoup aimé ce roman, court mais en même temps long à lire (il faut pouvoir digérer les mots dans ces cas-là). Il n'a pas eu le même impact pour moi qu'Ocean Mer, surement parce que son discours est différent (et qu'il manque la mer, et quand ce moment, je lis tout de même pas mal de livre ayant le même thème). Il m'a marqué tout de même, par sa poésie, par son histoire, par la tristesse qui s'en dégage aussi. Bref, c'est beau, c'est triste et moi, ça me plait terriblement.


jeudi 22 septembre 2016

Positive Way, Chloé Bertrand

Je le dis souvent, j'aime les Young Adult mais j'ai parfois des doutes dessus lorsqu'il s'agit de romance. J'ai toujours peur qu'on ne parte dans les bons sentiments, les clichés et j'en passe. Mais en même temps, je ne peux pas m'empêcher d'en lire et parfois, c'est justement à cause de tout ça. Parfois, j'ai juste besoin d'un truc mignon tout plein. Et je pensais que Positive Way se trouvait dans le mignon tout plein...

Positive Way, Chloé Bertrand

Editeur : Milady
Collection : Emma
Année de parution : 2014
Format : epub

A lire si :
- Vous voulez de la romance Young Adult
- Mais pas que...

A ne pas lire si :
- Vous voulez que ça aille moins vite
- Vous voulez un truc vraiment tout mignon

Présentation de l'éditeur : 

— T’as perdu ta crête, remarqua-t-elle d’un ton un brin boudeur. 
Ce fut à ce moment exact qu’il tomba amoureux d’elle. 
Alice l’a rencontré ce soir-là, à un de ses concerts, son appareil photo dont elle ne se sépare jamais en bandoulière – c’est sa façon à elle de regarder le monde. Lui, il chantait sur scène, avec sa crête iroquoise bleue, sa béquille, son bras et sa jambe dans le plâtre. Alice a pensé que c’était un miracle qu’il tienne debout – et elle ne savait pas encore à quel point elle avait raison. Après ça... Les amis, les errances, les toits de Londres, les montages photo, les chansons, la fenêtre d’Alice. Une histoire comme une autre, peut-être – sauf que c’était la leur. Et ce qui devait arriver arriva : Alice est devenue le miracle de Thomas, son petit miracle rien qu’à lui...

Mon avis

Lorsque je fais des à lire si/à ne pas lire si aussi peu représentatif d'un texte et que de base, j'arrive pas vraiment à mettre un truc super là-dedans, c'est que j'ai beaucoup de chose à dire et que c'est pas là qu'on va comprendre pourquoi il faut (ou pas, des fois) lire un roman. C'est un peu le cas avec ce Positive Way. Je l'ai pris lors de la dernière opération Bragelonne/Milady, en me disant que caler un bouquin avec une couverte et un nom si optimiste et mignon, ça pourrait me faire du bien entre mes autres lectures. Que ça allait me reposer un peu le cerveau, que j'allais sourire bêtement devant mon écran. 

Je ne vais pas mentir, oui, j'ai souvent souris bêtement devant mon écran en lisant Positive Way. Parce qu'il y a beaucoup de situation toute mignonne. Mais, personnellement, je ne vais pas retenir que ça de ce roman. Loin de là parce qu'il est tellement plus que de la mignonnerie, tellement plus que de la simple romance. C'est d'ailleurs une des raisons que je lis plus facilement de la romance Young Adult que de la romance "pour adulte". Parce qu'on trouve souvent bien plus que juste une histoire d'amour. J'ai un véritable amour pour YA, qui mérite vraiment d'être connu dans tous les genres, que se soit la romance, le SFFF ou autre. Mais là, je m'égare un peu, repassons donc au roman.

Un roman qui commence tout gentiment avec Alice, dix-sept, qui se demande bien pourquoi elle se retrouve dans un bar de Londres après avoir accepté l'invitation d'Arthur, rencontré seulement deux semaines plus tôt, plus âgé qu'elle et dont elle ne sait pas grand chose. Sauf que cette soirée-là, elle va changer pas mal de chose dans sa vie. Elle va y rencontrer Thomas, musicien de dix-neuf ans, punk à crête bleu et particulièrement mal en point. Elle va vouloir le faire remonter, lui prouver que la vie n'est pas qu'un enchaînement de mauvaise chose. Il va vouloir y croire.

Dans ce genre de roman, les personnages sont extrêmement importants, puisqu'ils portent toute l'histoire. Il est donc important que l'auteur en fasse des personnages vivants, et surtout plutôt nuancés. Alice est une adolescente presque normale. Elle n'a pas beaucoup d'amis, se passionne pour la photo, va en cours, mène une vie tranquille sans accros. Pourtant, elle va accepter l'invitation d'Arthur, découvrir un autre monde que le sien et plus encore, va s'accrocher à Thomas. Au début, elle ne sait pas trop pourquoi elle veut l'aider. Il lui plait, l'attire d'une certaine manière. Elle a juste envie d'effacer la noirceur en lui. Alice est le personnage le plus positif que j'ai rencontré jusque là. Elle vit d'une certaine manière avec une philosophie qui se rapproche de la pleine conscience. Elle semble ne voir que le bon côté des choses (elle semble juste, comme on finira par le découvrir). En face d'elle, on trouve Thomas. C'est un peu son antithèse, si elle est lumineuse, lui est obscur. Dès le départ, il passe pour le petit con de première, jusqu'à ce qu'avec Alice, on commence à le connaitre. Il n'a pas eu la vie facile, mère décédée peu après la naissance de son petit frère, père devenu alcoolique et violent. Thomas, c'est le gamin qui a du grandir trop vite et qui s'est laissé happé par un peu tout. Alors, il est dopé dans la drogue, l'alcool, les conneries. Et le suicide de l'un de ses amis n'a rien arrangé pour lui. Alors quand il rencontre Alice, et même si au début, il ne la comprend pas, il va s'accrocher à elle, à sa fraîcheur et va essayer de décrocher, pour elle. Leur duo fonctionne parfaitement, et on se prend vraiment à les suivre, à vouloir savoir si Alice va réussir à "sauver" Thomas, si lui va se laisser faire, va réussir à affronter ses démons, avec son aide à elle. Et puis, j'ai adoré les silences entre eux, parce que se sont des silences évocateurs, des silences "bruyants". Ils se parlent mais en dise finalement plus par les silences, comme dans la vraie vie en fait. 

Autour d'eux, les autres personnages sont aussi intéressants. Déjà parce qu'il y a une belle représentation. On trouve des gens racisés, des handicapés, des hétéros, des homos. Dommage qu'on ne trouve pas par contre de gros.ses. Mais c'est déjà fort bien, surtout que Chloé Bertrand ne tombe pas une fois de plus dans les gros clichés. Oui, il y en a quelques uns, mais c'est infime. Elle se sert de ses personnages secondaires pour développer d'autres thèmes qu'on ne retrouve pas forcément dans l'histoire entre Alice et Thomas. Ainsi, Samia, indienne, est en fauteuil roulant. Elle a tenté de se suicider pour échapper au mariage forcé (enfin, pas que ça, disons que je simplifie). Depuis, elle s'occupe d'enfants en danger, dans un foyer. C'est un personnage fort mais qui cache beaucoup de tristesse aussi. Il y a aussi Arthur, qui prend soin de Thomas, le traitant comme un petit frère voire comme un fils. C'est un peu le père de la bande, celui sur qui pas mal de chose repose. Ils ne sont pas les seuls, disons ce que l'on apprendra le plus à connaitre.

Mais vous allez me dire, les personnages sympathiques, c'est bien gentils, mais le reste ? Parce qu'en YA, il y a le reste aussi, important, les thèmes. Et là Chloé Bertrand va parler de pas mal de chose. Déjà le passage à l'âge adulte, bien sûr. Parce que nos deux personnages principaux sont encore des adolescent, même si l'un deux a dut endossé trop vite certaines responsabilités. Il y a la dépression aussi, l'alcool, la drogue, la descente aux enfers. Une descente que connait bien Thomas, qu'il n'arrive pas à empêcher même s'il se trouve minable de faire ça, même s'il semble savoir qu'il ne faudrait pas. Il a la violence envers les enfants, et pas que physique. Il y a le handicap moteur aussi. Et presque tout est traité avec pudeur, sans trop en faire, avec les mots d'une autrice de vingt ans. Je précise son âge, oui, parce que je trouve que ça fait beaucoup à son style, à sa manière de mettre des mots sur certaines choses (je reste persuadée qu'à vingt, trente, quarante ou plus, on ne mets pas les mêmes mots sur les mêmes choses). Je ne parlerais moi-même pas de certaines choses comme j'ai pu le faire dix ans plus tôt. Et là, on a une jeune autrice qui choisit des mots qui parleront à tous tout en restant dans l'esprit de la fin de l'adolescence. Du coup, personnellement, ça m'a bien parlé, j'ai pas trouvé ça surfait, pas non plus "donneur de leçon". On ne tombe pas dans le moralisateur.

Mais là, je dis beaucoup de biens du roman. Il m'a plu, et j'ai envie d'en dire que du bien. Sauf que non. Il y a une chose qui m'a déplu, un truc qui passe un peu moins bien que tout le reste. Le problème étant que ça se situe à la fin du roman. Et que je vais donc spoiler. Parce qu'il faut que j'en parle. Donc, si vous n'avez pas encore lu le roman, évitez le paragraphe suivant (parce que ça gâcherait un peu la fin pour vous). Pour ne pas vous tendez, je mettrais le paragraphe en blanc, il suffira de le souligner pour le lire. Bref, ça commence maintenant :

A la fin du roman, ou presque, le père de Thomas entre à l’hôpital et on annonce à son fils qu'il va mourir. Thomas va alors péter un câble, s'enfermer chez lui, retomber dans ses vieux démons. Alice va alors le retrouver pour l'aider. Une aide dont il ne veut pas. Et ça, il va essayer de le lui faire comprendre violemment (l'alcool n'aide jamais, le fait d'être parfois un petit con non plus) par la parole. Alice étant ce qu'elle est, elle va rester, jusqu'à ce qu'il se mette presque à l'insulter. La réaction de la jeune femme ne se fait pas attendre, elle le gifle. Il répond par un coup de poings. Pour tout dire, le problème n'est pas cette violence. Ce n'est même pas le fait qu'il se soit revu à l'époque où son père le frapper et où il répliquait (le passage est franchement dur mais en même temps super bien écrit). Le problème, c'est après. Parce qu'après, Alice revient, parce qu'elle lui pardonne. Parce qu'on ne sait pas pourquoi elle va lui pardonner. Et ça, j'ai du mal. Ce genre de geste n'a rien de banal, d'anodin. On ne peut pas pardonner comme ça. Et pourtant, c'est l'impression que l'on a. Et du coup, le message passe mal ou pas du tout. Heureusement, il y a le passage chez le psy, où enfin Thomas va parler de ce qu'il a fait. Et où le psy va avoir une très bonne réaction pour moi. D'ailleurs, que Thomas puisse en parler, qu'il voit la faute, qu'il veuille corriger ça, c'est très bien. Mais putain, qu'Alice lui pardonne comme ça, même si c'est par amour, j'ai du mal. Alors après, j'ai été confrontée tôt aux femmes battues, parce qu'il y en avait une dans l'entourage de ma mère. J'ai vu à quel point ces femmes sont fragiles, à quel point elles sont seules et surtout à quel point elles peuvent être aveugles parce que leur tortionnaire les a aveuglé. Le coup du "pardonne-moi, je t'aime" dès la première baffe, le premier coup de poings, c'est non pour moi. Si le geste a été fait, c'est que derrière, il y a une raison, il y a un problème. Ça peut se soigner, je dis pas, mais souvent, c'est pas le cas. Et là, sur un roman qui a un public plutôt jeune, il aurait été bon qu'Alice ne pardonne pas, pas comme ça. Et franchement, pour moi, c'est le gros point noir du roman. Le discours est là, il est bon du côté de Thomas, lorsqu'enfin il en parle à son psy, lorsqu'il prend conscience de son geste, de sa responsabilité, mais pas la réaction d'Alice. On ne peut pas pardonner comme ça. J'ai trente ans et le recul pour voir le problème, je ne suis pas sûre que des adolescents puissent avoir le dit recul. 

Voilà fin du spoiler. Concluons cet avis. 

J'ai donc beaucoup aimé le roman, les personnages, leurs histoires. J'ai apprécié le style de l'autrice, l'alternance entre les points de vue de Thomas et d'Alice qui permet vraiment d'entrer dans leur histoire. J'ai trouvé un point négatif (mon bon gros spoiler) qui aurait pu me gâcher tout le reste à un moment donné, mais qui au moins fut traiter à moitié. Et je dois dire que la conclusion du roman est pour moi presque parfaite, nous laissant encore un peu avec Thomas et Alice dans la tête, nous imaginant l'après (et peut-être laissant à Chloé Bertrand la possibilité d'un second tome)(je le dis direct, je ne veux pas de second tome tant je trouve cette fin bien pour eux. Mais en même temps, je serais pas contre de les retrouver). C'est un bon YA avec des thèmes déjà vu parfois mais bien abordés, sans cliché, sans voyeurisme, avec pudeur. 


lundi 19 septembre 2016

Une Etude en Soie, L'affaire Baskerville, tome 1, Emma Jane Holloway

Je ne résiste jamais bien longtemps à l'appel du mois du cuivre, surtout quand j'en ai pas mal sur la Kindle. Cette fois, je m'attaque donc à une aventure féminine (oui, c'est assez rare dans la collection pour le dire), mélange d'enquête, de romance (oui, oui) et de magie.

Une Etude en Soie, L'affaire Baskerville, tome 1, Emma Jane Holloway

Editeur : Bragelonne
Collection : Le mois du Cuivre
Année de parution : 2015
Titre en VO :  Baskerville Affair, book 1: A Study in Silks
Année de parution en VO : 2013
Format : AZW

A lire si :
- Vous aimez l'ambiance victorienne 
- Vous voulez une enquête à la Sherlock Holmes 
- Vous voulez des machines et de la magie

A ne pas lire si :
- Vous ne voulez pas du tout de romance
- Vous voulez beaucoup beaucoup d'action

Présentation de l'éditeur 

Evelina Cooper, la nièce de Sherlock Holmes, s’apprête à vivre sa première saison dans la haute société londonienne. Mais quand de terribles meurtres secouent le manoir de son amie et hôte, la jeune femme se retrouve plongée au cœur d’un complot remettant en question le monopole des barons de la vapeur sur la ville. Une enquête à hauts risques. D’autant qu’Evelina cache un dangereux secret et qu’elle ignore auquel de ses compagnons elle peut vraiment se fier : le beau et brillant aristocrate débauché qui fait battre son cœur ou son meilleur ami forain, qui ferait n’importe quoi pour elle.

Mon avis

Il y a une chose de bien avec le steampunk, c'est qu'on ne trouve que rarement les mêmes histoires. Alors oui, le décors est souvent le même, on retrouve les "ficelles" du genre, mais surtout, il se marie avec tellement d'autres choses qu'on trouve toujours un petit truc inédit dedans. C'est un genre qui se renouvelle de plus en plus et propose des romans pour tout le monde. 

Nous allons suivre durant le roman la jeune Evelina Cooper. La jeune femme va entamer sa première saison mondaine avec toute l'exitation que cela engendre. Surtout pour une femme qui ne vient pas forcément de l'aristocratie. Dès le début du roman nous découvrons qu'elle peut utiliser la magie et qu'elle est passionnée par la mécanique. Nous découvrons aussi que son univers est partagé en deux, d'abord le monde du cirque côté paternel puis celui de l'aristocratie côté maternel. Un double univers pour elle qui ne va pas être des plus simples à gérer dans une société où les classes sociales sont des plus importantes, où la magie est interdite et surtout où une jeune lady doit faire décoration plutôt que mécanicienne. Cela va être encore plus compliqué lorsqu'en plus un meurtre est commis dans la demeure où elle vit, que son ancien amour va faire sa réapparition et qu'en digne nièce de Sherlock Holmes, elle va décider de mener l'enquête.

L'univers de cette Etude en Soie (petit clin d'oeil à l'ami Holmes que nous retrouverons dans le roman) pourrait ressembler à s'y méprendre à la Londres victorienne que nous connaissons tous. Elle a décidé pour pimenter un peu tout ça d'y adjoindre les Barons de la Vapeur, hommes et femmes magnat de la vapeur (ça ne s'invente pas) qui ont réussi à s'approprier un peu tout l'Empire. Ils sont les seuls à avoir le droit d'utiliser et surtout de revendre l'énergie, se sont enrichis sur cela et ne comptent surtout pas perdre leur monopole. Cet ajout est particulièrement sympathique, surtout que nous apprendrons au fur et à mesure de notre lecture (et cela grâce au nom de la série elle-même aussi) qu'il a toute son importance. Autre petit plus, la magie, bien présente. J'aime bien moi lorsque le steampunk se mêle à la magie, je trouve que les deux se mélangent fort bien.

Mais l'univers du roman mêlant donc politique, saison mondaine, invention méchanique et magie n'est pas la seule chose à m'avoir plu. Les personnages sont tous intéressants, surtout le trio de tête et cela malgré le triangle amoureux qu'ils forment. Bon, ça faisait un moment que j'avais pas lu de triangle amoureux et j'avoue que j'avais un peu peur de ce que ça aller donner. En fait, le dit triangle sert parfaitement le personnage d'Evelina. Un personnage que j'ai beaucoup apprécié, incapable de renier qui elle a pu être pour qui il faudrait qu'elle soit. Elle est curieuse de tout ou presque, intelligente, sait presque ce qu'elle veut (oui presque). Une jeune femme comme je peux les apprécier, ni trop forte ni pas assez. Face à elle, on trouve Tobias Roth, le frère de sa meilleure amie. Noble, dilletante, passionné de machine et en conflit avec son père, il a tout pour plaire. Il a surtout au début pas mal de chose qui en font un bon stéréotype. Sauf que non. Tobias Roth est un personnage complexe que j'ai apprécié. On trouve aussi Nick, ami d'enfance d'Evelina et premier amour aussi. Si Tobias est un personnage complexe, Nick, sur ce tome en tout cas, est un vrai stéréotype du début à la fin. C'est d'ailleurs bien dommage, il aurait pu être fort sympathique. Et c'est assez dommage pour lui qu'il est vraiment le personnage le plus stéréotypé du roman. Même les secondaires le sont moins que lui. D'ailleurs on trouve des personnages vraiment sympathiques dans les dits secondaires, comme Imogen, la meilleure amie d'Evelina qui souhaite à tout prix l'aide malgré les risques que sa santé et sa réputation encourent, ou encore Sherlock Holmes qui bien qu'il n’apparaît que peu est bien comme on se le représente normalement. 

Mais si j'ai aimé le décors, l'univers et les personnages, j'ai eu un peu plus de mal avec le déroulement du roman. En réalité, je pense que nous sommes biaisé par la quatrième de couverture qui met l'accent sur le drame et l'enquête et pas assez sur ce qui va nous occuper un bon moment, la romance. Alors, je n'ai rien contre la romance, encore moins dans ce livre, vu qu'elle sert pas mal les propros d'Evelina quant à l'orientation de sa vie, le choix (impossible) entre les deux univers qu'elle connait. Sauf que pourquoi, pourquoi c'est si long ? Dès qu'il s'agit de Tobias ou de Nick, la plupart du temps, elle part carrément ailleurs et en oublie son enquête (voire même parfois son intelligence). Surtout que bien souvent, la romance finit par éclipser l'enquête. En parlant d'enquête, j'ai été un peu déçue par une chose. Sa résolution. Evelina se débrouille pas trop mal, même plutôt bien quand les jeunes hommes ne sont pas à côté d'elle, surtout qu'elle arrive à faire coexister l'enquête et sa vie mondaine. Elle bloque sur deux trois trucs, ce qui est normal, on va dire. Mais dès que son oncle Sherlock se pointe, alors qu'elle a quasiment tous les éléments en main, ben c'est lui qui a tous les honneurs. Alors on va me dire que dans une société comme celle de l’Angleterre victorienne, c'est normal. Mais zut quoi. Je trouve ça dommage, mais vraiment. Surtout qu'on a l'impression que le boulot d'Evelina passe vraiment à la trappe. Le grand détective arrive et tout se met en place comme il faut.

Au final, j'ai aimé ma lecture (quoique le début m'a semblé un peu lent) qui s'est révèle assez addictive en avançant dans les chapitres. J'ai beaucoup apprécié avoir une héroïne "normale", pas forcément super forte mais qui use de ses capacités comme il faut dans un monde où la femme est censée juste servir de pot de fleur dans un coin. J'ai aussi apprécié voir un triangle amoureux qui n'était pas là juste pour la forme, même si l'un des membres auraient pu avoir une place plus importante dedans. Je lui ai trouvé des défauts mais cela n'a pas empêcher de prendre du plaisir à la lecture. D'ailleurs, je pense que les dits défauts sont plus le fait qu'il s'agit d'un bon gros tome d'introduction qu'autre chose. Une introduction donc qui m'a plu et qui me donne envie de lire la suite (la série est une trilogie entièrement paru en VO, j'espère que Bragelonne publiera rapidement les deux autres donc).

jeudi 15 septembre 2016

L'Attrape-Coeurs, J.D. Salinger

Je l'annonce dès le départ, j'ai abandonné le livre. C'est seulement le second à qui ça arrive depuis le début du blog, autant dire que ça me fait tout bizarre. Mais, vraiment, après une moitié de livre assez ennuyeuse, je n'ai plus eu le courage de l'ouvrir. Et je vais donc expliquer pourquoi.

L'Attrape-Coeurs, J.D. Salinger

Editeur : Pocket
Collection : /
Année de parution : 2002 pour cette édition
Titre en VO : The Catcher in the Rye
Année de parution en VO : 1951
Nombre de pages : 253

A lire si :
- Vous avez encore l'âme d'un adolescent rebelle
- Vous aimez les livres en flux de pensée

A ne pas lire si :
- Vous voulez une histoire vraiment mais vraiment passionnante
- Vous avez du mal avec le "parler" adolescent des années 1950

Présentation de l'éditeur : 

Le roman, écrit à la première personne, relate la période où Holden Caulfield, expulsé du collège Pencey Preparatory trois jours avant les vacances de Noël, retourne à la maison familiale, à New-York. Il déambulera en ville avant de devoir annoncer la nouvelle à ses parents.
Âgé de dix-sept ans, Holden est plein d’incertitudes et d’anxiété, à la recherche de lui-même. Il vit son passage à l'âge adulte et comprend qu'il perd l'innocence de l'enfance. L'une des plus belles images de l'auteur pour exprimer ce passage est lorsque Holden demande au chauffeur de taxi où vont les canards lorsque l'étang gèle. Salinger dans ce roman décrit avec ironie et justesse la société américaine des années 1950.

Mon avis

Il est toujours un peu compliqué pour moi de donner un avis sur quelque chose que je n'ai pas fini. C'est comme ça pour tout, les cosmétiques, un repas, un jeux vidéo et un livre. Parce que parfois, l'interêt de la chose se trouve à la fin. C'est aussi une des raisons qui me pousse à lire un bouquin jusqu'au bout même si j'ai du mal. Et pourtant, pour cet Attrappe-coeurs, j'ai arrêté alors que j'en arrivais à peine à la moitié, au bout d'une semaine.

Si j'ai voulu le lire, c'était au départ pour combler une lagune. Saligner est souvent étudié au lycée. Il s'avère que j'ai rarement lu les livres "souvent étudiés", à croire que tous mes prof de français avait un avis bien différent sur la question. Et puis, il s'agit d'un roman culte, souvent cité et que j'avais envie de découvrir. Parce que sa quatrième (inexistante d'ailleurs dans mon édition) me plaisait, parce que ça avait l'air sympa comme tout. Avait l'air, c'est là le problème.

Or, dès le début, j'ai su que Salinger et moi, ça allait pas vraiment le faire. Pourtant, si on reprend les élèments, flux de pensée, langage "parlé", un peu vulgaire, ça n'aurait pas du me déplaire. Sauf qu'il me semble avoir oublié un détail, le narrateur. Je n'ai pas aimé Holden Caufield. Du tout. L'impression d'avoir un petit con en face de moi tout le long, de vouloir le baffer à presque chaque ligne. En fait, je n'ai pas trouvé le personnage intéressant, extrêmement banal, extrêmement crétin ainsi. Malheureusement, je crois que le but de Salinger était justement de rendre son antihéros comme ça, le gars qu'on pourrait croiser n'importe où. Mais j'ai eu l'impression que tout cela n'était pas du tout naturel. Le personnage n'a rien de banal parce que trop étudié pour l'être. J'ai perdu la véracité de Holden qui en fait bien trop.

Et cette impression vient du style du livre (ou de la traductrice, c'est plus que possible)(d'ailleurs, on va en parler, ne vous inquiétez pas). J'ai eu l'impression de trop. Saligner voulait trop en faire. Et ça donne un style quelque peu brouillon malgré un plutôt sympathique flux de pensée. Bref, j'ai eu l’impression de lire un adulte qui se prend pour un ados. Et ça sonne faux la plupart du temps pour moi. Autre chose, la traduction qui emploie des mots comme bicause (au moins l'écrire comme il faut même en anglais, merci) ou d'autre sorte de mot anglais traduit phonétiquement pour faire parler jeune de l'époque du roman. J'avoue que c'est assez peu objectif, mais je n'apprécie pas vraiment ça. Pourquoi ne pas simplement garder le mot anglais ? 

Du coup, un style qui ne passe pas vraiment, un personnage finalement caricatural et un récit qui ne m'a pas du tout inspiré. Ah oui, j'en ai pas parlé, parce que j'aurais eu l'impression de me répéter (histoire qui aurait pu être sympa mais qui en fait trop, beaucoup trop). J'ai fini par m'ennuyer en lisant L'Attrape-Coeurs (ce qui est dommage, parait que la fin est la meilleure chose du roman). Et si vraiment je m'ennuie trop et que je n'arrive pas à rouvrir un livre au bout de cinq jours, je sais que c'est mort pour moi. Et ce fut le cas pour le seul roman de Salinger. Un rendez-vous manqué certes mais qui m'aura tout de même marqué. Dommage que ce ne soit pas dans le bon sens.

lundi 5 septembre 2016

Le Silence des Dragons, Dracaenars, tome 1, Alizée Villemin

Avant toute chose, je tiens à remercier Alizée Villemin, dont j'ai déjà chroniqué Lady Falkenna, pour m'avoir fait parvenir le premier tome de sa nouvelle série. Une série qui s'inscrit dans la fantasy et qui aura semble-t-il deux tomes., éditée chez Lune Ecarlate. Une série qui rien que parce que ça parle de dragon aurait surement rejoins ma PAL rapidement vu que j'avais beaucoup apprécié Lady Falkenna. 

Le Silence des Dragons, Dracaenars, tome 1, Alizée Villemin

Editeur : Lune Ecarlate
Collection : Fantasy Lunaire
Année de parution : 2016
Format : epub

A lire si :
- Vous voulez un roman court
- Vous voulez des personnages bien foutus
- Vous voulez des dragons mais pas que

A ne pas lire si :
- Vous voulez beaucoup mais alors beaucoup d'action
- Vous voulez du bourrin

Présentation de l'éditeur : 

Lorsqu’une fille d’aubergiste fougueuse et sans le sou découvre un artefact aussi ancien que mystérieux ; lorsqu’une jeune noble délicate, en quête d’amour-propre, part à la recherche d’un peuple éteint depuis des siècles… Alors peut-être tout n’est-il pas perdu ? Peut-être réussiront-elles à mettre fin au Silence des Dragons…

Mon avis

D'Alizée Villemin je n'ai donc lu jusque là que sa série Steampunk. J'avais adoré, c'était frais, bien écrit et assez addictif. Je n'ai pas douté une seconde que je n'accrocherais pas avec cette nouvelle série même si elle ne fait pas partie du même genre. Je connais assez bien mes goûts en fantasy pour savoir ce qui va me plaire ou non en lisant la quatrième de couverture. J'ai eu raison. J'ai accroché, et même plutôt bien.

L'univers de Le Silence des Dragons est un univers médiéval plutôt classique. D'ailleurs, le roman commence de manière classique avec Maelys, jeune fille de quinze dont les parents sont aubergistes. Sauf que la jeune fille ne veut pas de la même vie qu'eux et qu'elle rêve de grandes aventures. Il en va de même pour l'autre héroïne de l'histoire Elenn, fille de noble, qui va partir à la recherche d'allié pour mettre fin à une guerre. Autant le dire, elles partent toutes les deux avec pas mal de problème dut à leur condition. Aucune d'elles n'est prise au sérieux. Et pourtant, ça va bien changer. Maelys va découvrir un temple dans la forêt où elle vit et surtout faire la connaissance de la reine des Dragons, afin plutôt de son esprit. Sa grande aventure débutera à partir de là, accompagné par son père. Tous les trois vont partir à la recherche des fils de la Dragonne. Pour Elenn, elle va bien rencontrer le peuple qu'elle désire trouver, mais elle va sortit en découvrir plus sur elle-même et ses capacités.

Au niveau de l'univers, on pourrait penser qu'il est plutôt identique à pas mal d'autres univers fantasy. Ce serait une petite erreur. Oui, ça ressemble à pas mal de monde fantasy. Mais avec une petite touche en plus agréable. Oui, on a des royaumes (qu'on ne voit pas beaucoup), un empereur (qui semble belliqueux) et autres mais il y a aussi la Forêt d'Amarante et ses habitants. Des habitants qui font tout le sel de l'univers de Dracaenars et qui donne leur nom à la série. Un peuple humain étroitement lié aux dragons. Et c'est toute une mythologie qu'elle met en place par rapport aux dragons et l'étrange peuple des Deacaenars.

Pour les personnages, c'est un peu la même chose, on pense avoir affaire à des stéréotypes dans les premières phrases alors que pas du tout. Maelys est une jeune fille de quinze ans qui rêve d'aventure, comme beaucoup. Mais l'aventure ne va pas lui tomber sur le coin de la figure comme ça et elle ne va pas se révéler être super badass d'un coup. Mieux encore, si elle n'avait pas du subir le harcelement d'un homme, elle ne serait jamais tomber sur la mère des Dragons. Elle n'a rien d'une élue et n'en ait pas une. Elenn, elle, tiens plus le rôle de l'élue alors qu'elle n'a rien demandé si ce n'est prouvé au monde que même si elle est femme, grosse (dans un monde en guerre où la famine règne, ça à une certaine importance) et globalement élevé pour servir de décoration, elle peut réussir à faire de grande chose. Et elle va y arriver, malgré ses propres peurs et toujours cette maudite vision des autres sur elle. Une vision qui me rappelle forcément celle qu'on la plupart des personnes sur les personnes grosses. Et à laquelle se frotte l'auteure avec malheureusement quelques écueils si on prend ça au premier degrés (la description d'Elenn par elle-même et surtout d'après la vision des autres est assez horripilante pour la peine (grosse=moche pour les autres donc) mais malheureusement tellement représentative de trop de monde)(je suis moi-même grosse, je sais de quoi je parle hein). Elenn ne se définit pas juste par son tour de taille, et c'est là que personnellement j'ai adoré le personnage et la manière dont l'autrice le traite. Elle est plus que ça, même si pour les autres, il est compliqué parfois de le voir. Côté hommes de l'histoire, Faor, le père de Maelys est par contre un peu trop "cliché" pour moi. Ancien de l'armée devenu ivrogne, il va pourtant partir avec sa fille et redevenir un homme fringuant et courageux. Le second, Yalcor, un dracaenar, est plus intéressant. Jeune conseiller du peuple dracaenar, il est particulièrement odieux avec les autres. Mais il cache aussi pas mal de chose que je serais ravie de découvrir un peu plus.

J'ai trouvé des petits défauts de rien du tout par rapport au reste. L'un des plus gros concerne Elenn et certaines choses (je dirais pas quoi pour pas trop spoiler) qui lui arrive un peu trop vite. Le roman est assez court, mais parfois, certaines choses vont un peu trop vite. Oui, l'autrice n'a pas vraiment le temps de faire en sorte qu'Elenn en apprenne plus sur un temps bien plus long mais tout de même. Il en va de même avec les transformations sur Faor et Maelys qui semblent là aussi très rapides. Mais ce n'est qu'un petit détail et vu la longueur du roman (que j'aurais tellement voulu plus long tant j'ai apprécié), ces défauts là n'en sont finalement pas.

Afin, Alizée Villemin a une écriture que j'apprécie beaucoup. On pourrait reprocher parfois le manque d'action (attention, d'action, pas de ryhtme) au roman, c'est aussi, je pense, son choix. On se concentre vraiment sur les personnages et sur l'univers. Après tout, un premier tome de série se veut généralement introductif et il n'est pas forcément besoin de grosses batailles de bourrin pour faire de la bonne fantasy. Parce que oui, c'est de la bonne fantasy et bien écrite avec tout ça.


Le livre sort le 17 septembre, est franchement, je ne peux que vous le conseillez. J'avoue que maintenant, j'attends la suite avec impatience (apparemment en février 2017). Si vous voulez de la fantasy avec des dragons, des personnages bien foutus, un univers sympathique et qui ne soit pas bourrine, alors lisez-le !

La Journée d'un journaliste américain en 2889, Jules Verne

Cela faisait un moment que je n'avais pas lu du Verne. Il faut dire que j'ai quand même un bon paquet de gros bouquin dans la PAL pour ne pas en rajouter un de plus. Par contre, j'avais cette nouvelle qui trainait sur l'iphone.

 La Journée d'un journaliste américain en 2889, Jules Verne

Editeur : Châpal et Panoz
Collection : /
Année de parution : 2012
Année de parution orignelle : 1889
Format : epub

A lire si
- Vous voulez une lecture courte
- Vous voulez une critique de la société (et pas seulement celle de 1889 finalement)

A ne pas lire si :
- Vous voulez quelque chose de moins critique

Présentation de l'éditeur : 

/

Mon avis

Il est toujours marrant de lire des textes antèrieur à notre époque qui parle d'un temps postèrieur à celle-ci. Personnellement, j'adore voir comme on pouvait imaginer ce que serait la vie dans le futur. Parfois on trouve des choses totalement folles et puis souvent, on retrouve ce qui existe à présent.Et puis surtout, amener le lecteur dans le futur permet de critiquer gentiment l'époque où l'on se trouve sans trop que ça se remarque.

Mais la Journée d'un journaliste américain en 2889, outre le fait, et l'on y reviendra, qu'elle critique de trois trucs, a une autre particularité dont je ne me doutais pas avant de commencer ma lecture. Il s'avère qu'on commanda cette nouvelle à Jules Verne. Qui refusa. Quelques années plus tard, elle sera pourtant écrite par un Verne, sauf qu'il s'agirait plus de Michel, le fils. Ou pas. En fait, personne ne le sait vraiment, du moins maintenant. Michel a très bien pu l'écrire, aider par son père, ou alors Jules l'aurait finalement fait. Mystère. Alors, oui, j'avoue la petite histoire de la nouvelle ne change finalement pas grand chose à la nouvelle elle-même. Mais j'aime bien savoir ce qu'il peut y avoir derrière un écrit et j'avoue que là, je suis servie dans le mystère. 

Passons enfin à la nouvelle en elle-même. Verne (Jules ou Michel donc) expose sur quelques pages une journée d'un journaliste en 2889 (comme le dit donc le titre). Notre journaliste, mr Bennett est en fait le patron du Earth Herald, le plus grand journal de cette époque. En le suivant dans sa journée, nous allons découvrir les inventions de 2889 dont certaines existent à notre époque et d'autres ne devraient peu-être pas tarder (je pense aux tubes permettant de rallier rapidement USA et europe dont quelque chose d'approchant avec un train dans un tube devrait voir le jour aux Etats-Unis (ça a tilté quand j'ai entendu ça aux infos hier)). Il est assez amusant de lire que l'espérance de vie passe de 35 à 68 ans, que la vision conférence n'a été inventé que depuis peu et j'en passe...

Mais outre les inventions parfois un peu farfelu que l'on découvre (certaines même en gravure), il y a aussi la critique d'une certaine époque. Et beaucoup de chose y passe, la course à l'énergie, les guerres bactériologique (il y était presque, le Verne), la justice sommaire et totalement arbitraire, l'influence des médias sur la vie des hommes et femmes, même les plus importants, l'omniprésence de la publicité (projeté sur nuage, histoire que tout le monde puisse la voir, et avec des scientifiques cherchant comme faire fuir le beau temps pour ne pas perdre de temps de vue des publicités). A croire que depuis le temps (de 1889 à maintenant donc), on n'a pas énormément évolué. Enfin si mais pas en bien. Le Verne était donc plutôt bon visionnaire, il n'y a pas à dire. 

Un petit bémol par contre sur la nouvelle, elle a beau être courte, je me suis quand même un peu ennuyé en la lisant. Elle manque de cet effet un peu épique de ce que pouvait écrire Jules Verne. En même temps, que ce soit Jules ou son Michel qui l'est écrite, je suppose que tout cela est fait exprés, après tout ce n'est qu'une nouvelle et en plus c'était une demande bien précise.

L'Antre des Voleurs, les Sept Lames, tome 1, David Chandler

J'aime bien les séries fantasy qui ne prennent pas la tête, surtout quand j'ai eu des lectures pas super folichonnes pour moi juste avant. L'Antre des voleurs fait parti de ce genre là, pas de prise de tête mais une bonne histoire.

L'Antre des Voleurs, les Sept Lames, tome 1, David Chandler

Editeur : Milady
Collection : Fantasy
Année de parution : 2012
Titre en VO : The ancient blades, book 1: Den of thieves
Année de parution en VO : 2011
Format : AZW

A lire si :
- Vous voulez de la fantasy qui ne se prend pas la tête
- Vous voulez des personnages stéréotypes mais pas ininteressant
- Vous voulez de l'action

A ne pas lire si :
- Vous voulez du bon gros complot
- Vous voulez du très complexe

Présentation de l'éditeur : 

Dans les bas-fonds de la redoutable Cité Libre de Ness, Malden a survécu en devenant un voleur doué. Son bien le plus précieux reste pourtant son indépendance. Jusqu’à ce qu’il tombe sous l’emprise du maître tout-puissant d’une impitoyable guilde de voleurs… S’il veut retrouver sa liberté, Malden doit accomplir pour lui une mission improbable. Il lui faut voler la fameuse couronne du burgrave, protégée par de terrifiants démons, bien décidés à dévorer l’âme de tout intrus trop audacieux. Rejoint par un chevalier rebelle et une mystérieuse fille aux tatouages vivants, Malden est loin d’imaginer que, s’il s’en sort, ce ne sera que la première épreuve…

Mon avis

Dans les divers genre de fantasy, il y a en une qui tient ses principes du jeu de rôle Donjon et Dragon. Facilement reconnaissable aux classes des personnages (mages, voleurs, chevaliers...), à l'apparition de "donjon" (qui ne sont pas forcément des donjons justement) et à diverses autres petites choses (les peuples nains et elfes ou encore orc, une autre dimension accueillant les Dieux, Démons et j'en passe). Plus jeune, j'ai eu l'occasion de lire une série s'inspirant de l'un des jeux additionnel de D&D, les chroniques du Chevalier-Dragon de Thorarinn Gunnarsson (j'avais adoré, par contre, j'hésite à les relire, c'était quand même de la fantasy jeunesse et parait que ça a pas super bien veillie)(n'empêche que je les ai dans la bibliothèque et que j'ai quand même bien envie de relire tout ça). Depuis, ben plus rien ou presque. Du moins quelques livres fortement inspirés mais pas tout à fait des D&D. Pourquoi je vous parle de ça ? Parce que l'Antre des Voleurs a une forte connotation D&D pour moi, sans toutefois pouvoir être réellement attaché au genre.

David Chandler se sert donc des D&D pour écrire son histoire. Il va se servir des personnages et classes de personnages qu'on retrouve régulièrement dans le jeu, de donjons à vaincre et de bestioles venant de la Fosse. Tout cela pourrait se révéler un peu ennuyeux (surtout pour ceux qui ont déjà lu des livres dans le même genre ou jouer au jeu de rôle). Sauf que Chandler semble avoir décidé de se jouer de tous ses stéréotypes pour mon plus grand plaisir.

La cité libre de Ness, véritable ville pays où l'on peut retrouver quartiers riches, pauvres, fumeries, tannerie, rivière, marécage, forêt et j'en passe, est le décors de notre aventure. Une ville qui par ses divers paysage permet au lecteur de ne jamais s'ennuyer à l'intérieur. Je dois avouer que même si les noms des divers quartiers sont peu original, on arrive facilement à se reconnaître dedans. C'est dans cette ville qu'est né Malden, voleur de son état. Le jeune homme veut conquèrir sa liberté totale et pour cela, il va devoir entrer dans la Guilde des Voleurs. Mais voilà, il doit pour cela payer un droit d'entrée des plus exorbitants. Alors quand Bisbille, un guerrier gigantesque, et Cythère, une étrange femme aux tatouages vivants, lui proposent de l'aider à voler la couronne du Burgrave (le chef de la ville) en échange de l'argent nécessaire pour faire parti de la Guilde, il accepte. A partir de là, la vie du voleur va totalement changer...

Oui, au résumé vite fait que je viens de faire, on peut avoir l'impression de partir sur une "bête" histoire de fantasy. Et oui, ça en prend vraiment la tournure. Du moins, si les personnages de Chandler était aussi stéréotypé que son histoire. Parce que la force du roman, c'est bien les personnages. Malden est un simple voleur, bien que fort intelligent. Il ne voit jamais plus loin que son prochain coup, coup qui doit lui rapporter gros. Sire Croy lui est un chevalier aux idéaux très chevaleresque je dirais. A tel point qu'il vit dans un monde totalement différent de la réalité où l'honneur est roi et les gentes dames doivent forcément être sauvé par lui. Cythère et ses tatouages vivants a tellement de problème plus personnel que la quête qu'elle inflige à la fois à Malden et à Croy semble parfois lui passer totalement au dessus, tant elle veut réussir à se sortir de sa propre galère. Bisbille est un ancien chevalier qui s'est vendu au plus offrant... Bref, malgré les stéréotypes du début, on comprend vite que les personnages n'ont finalement rien à voir avec tout ça. Et personnellement j'apprécie beaucoup cette espèce de satyre d'une fantasy somme toute trop classique à présent. Même les personnages secondaires n'échappent pas à ça, on y retrouve les poncifs du genre (fantôme, ogre, sorcier, maître de guilde et j'en passe) mais à chaque fois, il y a ce petit quelque chose qui fait qu'on sort de l'ordinaire.

L'histoire est elle plus banale, comme je le disais, mais elle n'en reste pas moins sympathique à suivre, surtout qu'elle est quand même bourré d'action et que la résolution des donjons n'est pas si évidente que ça (quoique le second m'a semblé bien simple au final, là où ça aurait du être le plus compliqué). On ne s'ennuie que fort peu à suivre les aventures de Malden. Petit bémol par contre, quelques passages sont un peu lent à mon coup. Heureusement, il n'y en a pas des masses et on finit par les oublier rapidement. En plus de ça, le style de Chandler est agréable à lire.

Au final, c'est un roman que j'ai lu rapidement et que j'ai apprécié. Ca fait du bien parfois de revenir au début de la fantasy, sans grosses séries où les complots sont tellement énormes qu'on ne sait plus où on est et où tout semble si complexes. Ici, pas de prises de tête, juste de la lecture sympathique. Sans être un chef d'oeuvre ni un coup de cœur, ce premier tome m'a beaucoup plu et je pense fortement lire la suite dans quelques temps. 


jeudi 1 septembre 2016

Snobs, Julian Fellowes

Ce roman n'aura pas vraiment eu de chance avec moi. Entre les vacances qui m'ont fait délaissé la lecteur sur smartphone au profit de la Kindle, l'écran du dit smartphone qui n'a pas apprécié de tomber par terre et les parutions des épisodes de Toxic de Stéphane Desienne, j'ai mis un peu beaucoup de temps à le lire.

 Snobs, Julian Fellowes

Editeur : JC Lattès
Collection : roman
Année de parution : 2007
Titre en VO : Snobs
Année de parution en VO : 2004
Format : epub

A lire si :
- Vous aimez les histoires se déroulant chez la noblesse
- Vous aimez les narrateurs à la première personne mais qui ne sont pas le centre de l'histoire

A ne pas lire si :
- Vous pensez trouver une belle histoire d'amour
- Vous ne supportez pas les nobles de notre époque

Présentation de l'éditeur : 

Le narrateur est un comédien de second plan qui navigue avec beaucoup d'aisance dans les classes privilégiées tout en dénonçant leurs travers. Il va suivre les aventures de son amie, Edith Lavery, la jolie fille d'un expert comptable ayant relativement bien réussi, et de sa femme, éblouie par la haute société. Lors d'une visite au château Broughton Hall, Edith, standardiste dans une agence immobilière de Chelsea, fait connaissance du fils de la maison, Charles, comte Broughton et héritier du marquis de Uckfield. Célibataire, Charles gère les propriétés de sa famille dans le Sussex et le Norfolfk. D'après les chroniqueurs mondains, c'est un des célibataires les plus enviables, et enviés, de l'aristocratie anglaise. Quand il la demande en mariage, Edith accepte, mais est-elle vraiment amoureuse de lui ? N'est ce pas plutôt de son titre, de son rang et de tout ce qui va avec ?

Mon avis :

Julian Fellowes est un auteur/acteur/scénariste/producteur anglais fort connu. Surtout depuis qu'il est à l'origine de Downey Abbey (qu'il faut que je regarde). Les histoires des nobles anglais, ça le connait plutôt pas mal, lui-même faisant partie de la noblesse par alliance. Il semble assez "obsédé" par cette classe-là mais tout autant par le mélange (ou non mélange d'ailleurs) entre eux et les autres. C'est donc un auteur sachant de quoi il parle qui nous offre un roman plutôt critique sur la noblesse actuelle mais aussi sur ceux qui gravitent autour.

Pour ce faire, il utilise une sorte de double en tant que narrateur, un acteur plutôt "bien né" au vu des nobles, ayant fréquenté les débutantes, Eton et j'en passe. Mais de part son métier, il entre aussi dans le milieu du spectacle, des nouveaux riches et finalement des classes moyens. Il a ainsi une vision globale, même si parfois un peu faussée, des diverses classes mise en avant dans Snobs. Ce qui en fait un narrateur critique sur plein de chose, et finalement assez sympathique à suivre. Ce qui n'est pas le cas de tous les personnages.

Si j'ai apprécié la critique, parfois fort cynique d'ailleurs, du gratin de la société anglaise, j'ai eu plus de mal avec tout le reste. Le problème étant que tout le reste est ce qui englobe la dite critique et parfois elle-même. Sans ce tout le reste, pas de critique. Le style de Fellowes est simple et particulièrement plaisant à lire. Forcément, il va à l'essentiel, ne s'embête pas avec les fioritures. Seul bémol dessus, les descriptions très sommaires (un peu de vie dans les descriptions de lieux qui doivent être plutôt beau à voir n'aurait pas fait de mal)(la description des bureaux étant je pense les pires). Le problème ne vient donc ni de là, ni du narrateur et de sa vision du monde. 

On va commencer par les personnages. J'ai eu beaucoup de mal avec eux. Enfin pas avec tous. Pour la plupart, ils ne sont là que pour montrer à quel point les nobles sont enfermés dans une vie qui n'a pas tellement changé depuis des siècles, où les apparences sont plus importantes que tout le reste et surtout où il ne faut pas se mélanger. Les acteurs et autres gens de classe moins aisés sont là eux pour montrer à quel point ils envient les nobles, leurs maisons et leur argent. Du coup, ils sont tous interchangeables, sans le moindre intérêt. Seules sortent du lot pour moi deux femmes : Edith, celle par qui tout arrive, qui même si je n'ai pas apprécié le personnage en lui-même, offre un vent de fraîcheur à tout cela et permet d'avoir cette si parfaite critique qui fait le sel du bouquin et sa belle-mère Lady Uckfield, tellement prise dans son monde, tellement marquise dans l'âme, qu'elle en devient attachante. Sans ces deux femmes et le narrateur, j'avoue que j'aurais lâché le bouquin bien vite. 

Et je trouve fort dommage d'avoir un livre qui aurait pu être interessant parce qu'il n'est pas que du distrayant, deviennent ennuyeux parce que les personnages et surtout le contexte ne m'ont pas plu. D'ailleurs, je n'ai pas encore parlé du dit contexte. Quoi de mieux pour parler des différences de classes et du snobisme nobles que le mariage ? J'avoue je ne sais pas trop. Mais autant le rendre un peu plus intéressant que ça le dit mariage, tout comme la séparation qui va suivre et le revirement qui n'en est pas un où Edith va revenir, queue entre les jambes vers Charles. A l'image de la jeune femme, je me suis clairement ennuyée dans ses aventures sentimentales. C'est plat, sans la moindre passion (même avec son amant), tout est trop intellectualisé pour mettre en avant la critique. 

Si j'ai apprécié cette critique des classes, du non mélange, elle est parfois trop présente finalement et ne sert plus vraiment le texte qui devient répétitif. Alors ça plus des personnages sans âme (à part deux donc si je ne prends pas en compte le narrateur) et des situations pour le moins ennuyeuses même dans la vraie vie ont fait d'une partie de ma lecture quelque chose de pas forcément ultra plaisant. C'est bien dommage, mais ce sont des choses qui arrivent. Je pense aussi que le roman est trop long. Cette histoire en film ou en mini-série serait surement mieux passé pour moi.