Je le dis souvent, j'aime les Young Adult mais j'ai parfois des doutes dessus lorsqu'il s'agit de romance. J'ai toujours peur qu'on ne parte dans les bons sentiments, les clichés et j'en passe. Mais en même temps, je ne peux pas m'empêcher d'en lire et parfois, c'est justement à cause de tout ça. Parfois, j'ai juste besoin d'un truc mignon tout plein. Et je pensais que Positive Way se trouvait dans le mignon tout plein...
Positive Way, Chloé Bertrand
Editeur : Milady
Collection : Emma
Année de parution : 2014
Format : epub
A lire si :
- Vous voulez de la romance Young Adult
- Mais pas que...
A ne pas lire si :
- Vous voulez que ça aille moins vite
- Vous voulez un truc vraiment tout mignon
Présentation de l'éditeur :
— T’as perdu ta crête, remarqua-t-elle d’un ton un brin boudeur.
Ce fut à ce moment exact qu’il tomba amoureux d’elle.
Alice l’a rencontré ce soir-là, à un de ses concerts, son appareil photo dont elle ne se sépare jamais en bandoulière – c’est sa façon à elle de regarder le monde. Lui, il chantait sur scène, avec sa crête iroquoise bleue, sa béquille, son bras et sa jambe dans le plâtre. Alice a pensé que c’était un miracle qu’il tienne debout – et elle ne savait pas encore à quel point elle avait raison. Après ça... Les amis, les errances, les toits de Londres, les montages photo, les chansons, la fenêtre d’Alice. Une histoire comme une autre, peut-être – sauf que c’était la leur. Et ce qui devait arriver arriva : Alice est devenue le miracle de Thomas, son petit miracle rien qu’à lui...
Mon avis
Lorsque je fais des à lire si/à ne pas lire si aussi peu représentatif d'un texte et que de base, j'arrive pas vraiment à mettre un truc super là-dedans, c'est que j'ai beaucoup de chose à dire et que c'est pas là qu'on va comprendre pourquoi il faut (ou pas, des fois) lire un roman. C'est un peu le cas avec ce Positive Way. Je l'ai pris lors de la dernière opération Bragelonne/Milady, en me disant que caler un bouquin avec une couverte et un nom si optimiste et mignon, ça pourrait me faire du bien entre mes autres lectures. Que ça allait me reposer un peu le cerveau, que j'allais sourire bêtement devant mon écran.
Je ne vais pas mentir, oui, j'ai souvent souris bêtement devant mon écran en lisant Positive Way. Parce qu'il y a beaucoup de situation toute mignonne. Mais, personnellement, je ne vais pas retenir que ça de ce roman. Loin de là parce qu'il est tellement plus que de la mignonnerie, tellement plus que de la simple romance. C'est d'ailleurs une des raisons que je lis plus facilement de la romance Young Adult que de la romance "pour adulte". Parce qu'on trouve souvent bien plus que juste une histoire d'amour. J'ai un véritable amour pour YA, qui mérite vraiment d'être connu dans tous les genres, que se soit la romance, le SFFF ou autre. Mais là, je m'égare un peu, repassons donc au roman.
Un roman qui commence tout gentiment avec Alice, dix-sept, qui se demande bien pourquoi elle se retrouve dans un bar de Londres après avoir accepté l'invitation d'Arthur, rencontré seulement deux semaines plus tôt, plus âgé qu'elle et dont elle ne sait pas grand chose. Sauf que cette soirée-là, elle va changer pas mal de chose dans sa vie. Elle va y rencontrer Thomas, musicien de dix-neuf ans, punk à crête bleu et particulièrement mal en point. Elle va vouloir le faire remonter, lui prouver que la vie n'est pas qu'un enchaînement de mauvaise chose. Il va vouloir y croire.
Dans ce genre de roman, les personnages sont extrêmement importants, puisqu'ils portent toute l'histoire. Il est donc important que l'auteur en fasse des personnages vivants, et surtout plutôt nuancés. Alice est une adolescente presque normale. Elle n'a pas beaucoup d'amis, se passionne pour la photo, va en cours, mène une vie tranquille sans accros. Pourtant, elle va accepter l'invitation d'Arthur, découvrir un autre monde que le sien et plus encore, va s'accrocher à Thomas. Au début, elle ne sait pas trop pourquoi elle veut l'aider. Il lui plait, l'attire d'une certaine manière. Elle a juste envie d'effacer la noirceur en lui. Alice est le personnage le plus positif que j'ai rencontré jusque là. Elle vit d'une certaine manière avec une philosophie qui se rapproche de la pleine conscience. Elle semble ne voir que le bon côté des choses (elle semble juste, comme on finira par le découvrir). En face d'elle, on trouve Thomas. C'est un peu son antithèse, si elle est lumineuse, lui est obscur. Dès le départ, il passe pour le petit con de première, jusqu'à ce qu'avec Alice, on commence à le connaitre. Il n'a pas eu la vie facile, mère décédée peu après la naissance de son petit frère, père devenu alcoolique et violent. Thomas, c'est le gamin qui a du grandir trop vite et qui s'est laissé happé par un peu tout. Alors, il est dopé dans la drogue, l'alcool, les conneries. Et le suicide de l'un de ses amis n'a rien arrangé pour lui. Alors quand il rencontre Alice, et même si au début, il ne la comprend pas, il va s'accrocher à elle, à sa fraîcheur et va essayer de décrocher, pour elle. Leur duo fonctionne parfaitement, et on se prend vraiment à les suivre, à vouloir savoir si Alice va réussir à "sauver" Thomas, si lui va se laisser faire, va réussir à affronter ses démons, avec son aide à elle. Et puis, j'ai adoré les silences entre eux, parce que se sont des silences évocateurs, des silences "bruyants". Ils se parlent mais en dise finalement plus par les silences, comme dans la vraie vie en fait.
Autour d'eux, les autres personnages sont aussi intéressants. Déjà parce qu'il y a une belle représentation. On trouve des gens racisés, des handicapés, des hétéros, des homos. Dommage qu'on ne trouve pas par contre de gros.ses. Mais c'est déjà fort bien, surtout que Chloé Bertrand ne tombe pas une fois de plus dans les gros clichés. Oui, il y en a quelques uns, mais c'est infime. Elle se sert de ses personnages secondaires pour développer d'autres thèmes qu'on ne retrouve pas forcément dans l'histoire entre Alice et Thomas. Ainsi, Samia, indienne, est en fauteuil roulant. Elle a tenté de se suicider pour échapper au mariage forcé (enfin, pas que ça, disons que je simplifie). Depuis, elle s'occupe d'enfants en danger, dans un foyer. C'est un personnage fort mais qui cache beaucoup de tristesse aussi. Il y a aussi Arthur, qui prend soin de Thomas, le traitant comme un petit frère voire comme un fils. C'est un peu le père de la bande, celui sur qui pas mal de chose repose. Ils ne sont pas les seuls, disons ce que l'on apprendra le plus à connaitre.
Mais vous allez me dire, les personnages sympathiques, c'est bien gentils, mais le reste ? Parce qu'en YA, il y a le reste aussi, important, les thèmes. Et là Chloé Bertrand va parler de pas mal de chose. Déjà le passage à l'âge adulte, bien sûr. Parce que nos deux personnages principaux sont encore des adolescent, même si l'un deux a dut endossé trop vite certaines responsabilités. Il y a la dépression aussi, l'alcool, la drogue, la descente aux enfers. Une descente que connait bien Thomas, qu'il n'arrive pas à empêcher même s'il se trouve minable de faire ça, même s'il semble savoir qu'il ne faudrait pas. Il a la violence envers les enfants, et pas que physique. Il y a le handicap moteur aussi. Et presque tout est traité avec pudeur, sans trop en faire, avec les mots d'une autrice de vingt ans. Je précise son âge, oui, parce que je trouve que ça fait beaucoup à son style, à sa manière de mettre des mots sur certaines choses (je reste persuadée qu'à vingt, trente, quarante ou plus, on ne mets pas les mêmes mots sur les mêmes choses). Je ne parlerais moi-même pas de certaines choses comme j'ai pu le faire dix ans plus tôt. Et là, on a une jeune autrice qui choisit des mots qui parleront à tous tout en restant dans l'esprit de la fin de l'adolescence. Du coup, personnellement, ça m'a bien parlé, j'ai pas trouvé ça surfait, pas non plus "donneur de leçon". On ne tombe pas dans le moralisateur.
Mais là, je dis beaucoup de biens du roman. Il m'a plu, et j'ai envie d'en dire que du bien. Sauf que non. Il y a une chose qui m'a déplu, un truc qui passe un peu moins bien que tout le reste. Le problème étant que ça se situe à la fin du roman. Et que je vais donc spoiler. Parce qu'il faut que j'en parle. Donc, si vous n'avez pas encore lu le roman, évitez le paragraphe suivant (parce que ça gâcherait un peu la fin pour vous). Pour ne pas vous tendez, je mettrais le paragraphe en blanc, il suffira de le souligner pour le lire. Bref, ça commence maintenant :
A la fin du roman, ou presque, le père de Thomas entre à l’hôpital et on annonce à son fils qu'il va mourir. Thomas va alors péter un câble, s'enfermer chez lui, retomber dans ses vieux démons. Alice va alors le retrouver pour l'aider. Une aide dont il ne veut pas. Et ça, il va essayer de le lui faire comprendre violemment (l'alcool n'aide jamais, le fait d'être parfois un petit con non plus) par la parole. Alice étant ce qu'elle est, elle va rester, jusqu'à ce qu'il se mette presque à l'insulter. La réaction de la jeune femme ne se fait pas attendre, elle le gifle. Il répond par un coup de poings. Pour tout dire, le problème n'est pas cette violence. Ce n'est même pas le fait qu'il se soit revu à l'époque où son père le frapper et où il répliquait (le passage est franchement dur mais en même temps super bien écrit). Le problème, c'est après. Parce qu'après, Alice revient, parce qu'elle lui pardonne. Parce qu'on ne sait pas pourquoi elle va lui pardonner. Et ça, j'ai du mal. Ce genre de geste n'a rien de banal, d'anodin. On ne peut pas pardonner comme ça. Et pourtant, c'est l'impression que l'on a. Et du coup, le message passe mal ou pas du tout. Heureusement, il y a le passage chez le psy, où enfin Thomas va parler de ce qu'il a fait. Et où le psy va avoir une très bonne réaction pour moi. D'ailleurs, que Thomas puisse en parler, qu'il voit la faute, qu'il veuille corriger ça, c'est très bien. Mais putain, qu'Alice lui pardonne comme ça, même si c'est par amour, j'ai du mal. Alors après, j'ai été confrontée tôt aux femmes battues, parce qu'il y en avait une dans l'entourage de ma mère. J'ai vu à quel point ces femmes sont fragiles, à quel point elles sont seules et surtout à quel point elles peuvent être aveugles parce que leur tortionnaire les a aveuglé. Le coup du "pardonne-moi, je t'aime" dès la première baffe, le premier coup de poings, c'est non pour moi. Si le geste a été fait, c'est que derrière, il y a une raison, il y a un problème. Ça peut se soigner, je dis pas, mais souvent, c'est pas le cas. Et là, sur un roman qui a un public plutôt jeune, il aurait été bon qu'Alice ne pardonne pas, pas comme ça. Et franchement, pour moi, c'est le gros point noir du roman. Le discours est là, il est bon du côté de Thomas, lorsqu'enfin il en parle à son psy, lorsqu'il prend conscience de son geste, de sa responsabilité, mais pas la réaction d'Alice. On ne peut pas pardonner comme ça. J'ai trente ans et le recul pour voir le problème, je ne suis pas sûre que des adolescents puissent avoir le dit recul.
Voilà fin du spoiler. Concluons cet avis.
J'ai donc beaucoup aimé le roman, les personnages, leurs histoires. J'ai apprécié le style de l'autrice, l'alternance entre les points de vue de Thomas et d'Alice qui permet vraiment d'entrer dans leur histoire. J'ai trouvé un point négatif (mon bon gros spoiler) qui aurait pu me gâcher tout le reste à un moment donné, mais qui au moins fut traiter à moitié. Et je dois dire que la conclusion du roman est pour moi presque parfaite, nous laissant encore un peu avec Thomas et Alice dans la tête, nous imaginant l'après (et peut-être laissant à Chloé Bertrand la possibilité d'un second tome)(je le dis direct, je ne veux pas de second tome tant je trouve cette fin bien pour eux. Mais en même temps, je serais pas contre de les retrouver). C'est un bon YA avec des thèmes déjà vu parfois mais bien abordés, sans cliché, sans voyeurisme, avec pudeur.
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