Depuis Ocean Mer, je voulais à tout prix retrouver la plume de Baricco. Le choix était compliqué parmi ses autres livres. Ils me semblaient tous tellement intéressant. Et puis, j'ai fini par choisir, en aveugle, et c'est tombé sur Emmaüs.
Emmaüs, Alessandro Baricco
Editeur : Folio
Collection : /
Année de parution : 2014
Titre en VO : Emmaus
Année de parution en VO : 2009
A lire si :
- Vous voulez quelque chose de court mais intense
- Vous aimez la poésie des mots
- Vous voulez un roman dans la veine de Virgin Suicides
A ne pas lire si :
- Vous voulez un roman linéaire
- Vous n'êtes pas dans une bonne période
Présentation de l'éditeur :
Quatre garçons, une fille : d’un côté, le narrateur, le Saint, Luca et Bobby, et, de l’autre, Andre. Elle est riche, belle, et elle distribue généreusement ses faveurs ; ses parents, eux, sont des parvenus qui ne croient qu’au travail et à l’argent. Quant aux garçons, ils ont dix-huit ans comme elle, mais c’est là leur seul point commun. Car ils sont avant tout catholiques, fervents voire intégristes. Musiciens, ils forment un groupe qui anime les services à l’église, et ils passent une partie de leur temps à rendre visite aux personnes âgées de l’hospice, les «larves». Alors qu’elle incarne la luxure, Andre les fascine, ils en sont tous les quatre amoureux. La tentation est forte, mais le prix à payer sera lui aussi considérable.
Roman intime et habité par une authentique douleur, Emmaüs est un texte à part dans l’œuvre d’Alessandro Baricco, sans doute le plus personnel à ce jour.
Mon avis
Je ne sais pas comment commencer mon avis. J'ai du mal à donner un avis clair sur un livre comme celui-ci. Parce qu'ils ne sont pas communs, parce qu'il est compliqué souvent de les décrire parfaitement. Ca m'arrive souvent, vu que j'aime beaucoup les romans comme ça, ceux qui mêlent une histoire (pas forcément si importante que ça), un concept, un thème et la poésie. Ocean Mer avait été compliqué à chroniquer de part sa structure, Emmaus va l'être de part son histoire. Baricco ne m'aide pas...
Emmaüs, c'est l'histoire avant tout de quatre jeune hommes, le narrateur, Bobby, Luca et le Saint. Tous les quatre ont été élevés dans l'amour de Dieu, vont à l'église, aider les miséricordieux. Mais arrive un âge où le reste prend aussi de l'importance, où la vie n'est pas justement que religion. Ou ils veulent peut-être aller voir autre chose. C'est là qu'Andre arrive. La jeune fille est riche, belle et surtout complètement perdue. Andre les obsède, elle est tout ce qu'ils ne semblent pas vouloir être. Et pourtant. Pourtant, il y aura cette rupture avec ce qu'ils ont été jusque là, une descente aux enfers rapide et dure. Finalement, la jeune femme ne sera qu'un prétexte pour eux. Ils vont succomber aux tentations et connaitre le pire.
Chez Baricco, ce sont souvent plus les idées qui prennent de l'importance, bien plus que les personnages. Ils ne sont là que pour servir ses propros. Du coup, le lecteur n'arrive jamais à s'identifier à eux. C'est une chose qui peut perturber la lecture, et qu'y en rebutera beaucoup. Je ne fais pas partie du nombre, vu que ce sont des textes qui me plaisent. Sur un roman comme celui-ci, c'est par contre un peu dommageable, surtout avec une narration à la première personne. On ne sait rien ou presque du narrateur, à peine un peu plus sur ses amis, et encore. C'est d'ailleurs un narrateur très philosophique que nous avons là. D'après ce que j'ai pu lire, le roman est assez personnel. Peut-être est-ce pour cela que le narrateur se perd parfois dans des concepts religion et philosophique ?
Au niveau du discours, je dois bien dire que j'ai été happé. C'est dense mais si merveilleusement écrit. Baricco. De plus, une bonne partie de son discours a trouvé des échos en moi. Il n'y a pas que son narrateur qui peut se poser des questions sur ce qu'il se passe autour de lui, qui d'un coup sort de sa bulle et découvre que le monde n'est pas simple. Voir sans comprendre que ses amis sont en train de tomber (on retrouve quand même drogue, suicide et assassinat), devoir supporter finalement d'être le seul à réussir à se maintenir à flots d'une manière ou d'une autre, rien n'est simple, surtout pas lorsqu'on a dix-huit ans. Alors quand tout cela est vu en plus avec le spectre de la religion, ça devient plus compliqué.
Dans le "à lire si", je parle de Virgin Suicides de Eugenides qui été le récit de la descente aux Enfers des quatre Lisbon jusqu'à la mort de celles-ci. C'était une vision extérieure de celle-ci vu par quatre garçons. Emmaüs m'y a fait pensé dans un certain sens. Ici aussi, ça parle de descente aux Enfers, mais finalement vu de l'intérieur. Pourtant, la construction est la même. Au final, on se doutera juste de ce qui a pu amener les trois amis du narrateur à se droguer pour Bobby, se suicider pour Luca et assassiner quelqu'un pour le Saint. Comme le narrateur, on va rester spectateur. Mais là où Emmaüs se distingue de Virgin Suicides, c'est bien par le raisonnement que tient Baricco, quelque chose de plus métaphysique, je dirais, là où Eugenides restait dans les faits.
Au final, j'ai beaucoup aimé ce roman, court mais en même temps long à lire (il faut pouvoir digérer les mots dans ces cas-là). Il n'a pas eu le même impact pour moi qu'Ocean Mer, surement parce que son discours est différent (et qu'il manque la mer, et quand ce moment, je lis tout de même pas mal de livre ayant le même thème). Il m'a marqué tout de même, par sa poésie, par son histoire, par la tristesse qui s'en dégage aussi. Bref, c'est beau, c'est triste et moi, ça me plait terriblement.
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