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lundi 24 avril 2023

La maison hantée, Shirley Jackson

 Oui, je ne m'éloigne jamais beaucoup de la SFFF, même quand je dis que j'ai besoin de lire autre chose. Bref, il y a un moment, j'ai récupéré une liste de livres sur des maisons hantées, et bien sûr, la maison hantée en faisaient partie (le Tour d'écrou de Henry James aussi, mais j'ai oublié de faire la chronique ici)(d'ailleurs, merci à Malone Silence pour les recommandations). Alors, ça donne quoi, la maison hantée ?

La maison hantée, Shirley Jackson

Editeur : Rivages/Noir
Collection : 
Année de parution : 2016
Titre en VO : The Haunting of Hill House
Année de parution en VO : 1959
Nombre de pages : 288

A lire si : 
- Vous aimez les romans psychologiques
- Vous voulez de la maison hantée mais pas trop

A ne pas lire si : 
- Vous vous attendez à avoir très peur

Présentation de l'éditeur : 

Construite par un riche industriel au XIXe siècle, Hill House est une monstruosité architecturale, labyrinthique et ténébreuse, qui n’est plus habitée par ses propriétaires. On la dit hantée. Fasciné par les phénomènes paranormaux, le docteur Montague veut mener une enquête et sélectionne des sujets susceptibles de réagir au surnaturel. C’est ainsi qu’Eleanor arrive à Hill House avec ses compagnons. L’expérience peut commencer. Mais derrière les murs biscornus, les fantômes de la maison veillent et les cauchemars se profilent…

Mon avis

Je ne vais pas vous mentir, je m'attendais à un roman un minimum plus terrifiant. Je ne sais pas trop pourquoi, d'ailleurs. J'avais eu la même chose avec le Tour d'écrou de Henry James. Je crois que c'est à cause de la série the Haunting of, sur Netflix, qui reprend librement les deux romans (mais que je n'ai toujours pas vu). Mais la Maison Hantée, sans être terrifiant, n'est pas forcément de tout repos. Et finalement, j'en suis plutôt contente, parce que je préfère ce genre là de roman.

Un été, le docteur Montagu décide de faire venir des gens ayant subi des phénomènes paranormaux à Hill House, une étrange maison perdu dans les collines et dite hantée. Il invite donc Eleanor Vance, qui aurait subi déjà subi un épisode de poltergeist alors qu'elle était enfant, Theodora qui serait télépathe ainsi que Luke Sanderson, qui lui fait parti de la famille de la propriétaire de la demeure. Tous les quatre doivent passer plusieurs semaines dans la maison et y noter toutes leurs impressions. Mais, entre les dimensions étranges de la maison qui la rendent inconfortable et son étrange ambiance, les esprits vont vite s'échauffer.

J'ai adoré l'ambiance du roman. On est sur du néo gothique, avec cette maison biscornue, âgé de plus de 80 ans et construite par un industriel qui ne semblait pas tout à fait saint d'esprit. Dès le départ, Hill House fait peur, mais étrangement, elle n'apparait pas tout à fait comme un cauchemar. Plutôt une sorte de parenthèse dans la vie bien trop rigide d'Eleanor, notre personnage point de vue. Les deux se répondent, d'une certaine façon. C'est assez compliqué à expliquer, mais en fait, la maison et la jeune femme ont peut-être plus de point en commun qu'on ne veut bien le croire. D'ailleurs, l'autrice va plus se pencher sur la psychologie de son héroïne que sur le fait que la maison ne soit hantée. Petit à petit, on va découvrir Eleanor par elle-même, ce qui va peut-être nous enduire en erreur parfois. Car nous avons là un personnage complexe, que nous avons parfois du mal à comprendre. Eleanor est comme une enfant, une enfant parfois capricieuse. Et si "l'ennemie" est la maison pour les trois autres locataires, ce sont eux, qui petit à petit vont devenir les ennemis d'Eleanor. On comprend alors, que si Hill House n'est pas hantée au sens propre du terme, elle hante et possède ceux qui y viennent. 

Autre chose que j'ai apprécié, c'est le côté maison hantée pas si hantée que ça, avec l'apparition de Mrs Montagu, l'épouse du docteur. Jackson part vraiment sur cette idée que la maison n'est peut-être pas si hantée que ça, et que vraiment, ce sont les personnes qui y vivent qui la rende si terrifiante et particulière. Alors que Eleanor, Luke, Theodora et le docteur sont témoins de phénomènes étranges, Mrs Montagu et son acolyte qui se disent tous deux mediums ne sont témoins de rien. Leurs interactions sont même plutôt amusantes, détendant l'atmosphère, avant la fin du roman. En fait, leur présence et leurs expériences surnaturelles (ils utilisent une planchette par exemple), ne semble pas affecté le moins du monde ce qui se trouve dans la maison. Et pendant qu'ils font "les zouaves", les quatre autres, eux, vivent toujours des choses étranges. Le contraste est assez saisissant à partir de là. Et je crois vraiment que c'est à partir de là que j'ai commencé à frissonner un peu.

Au final, le roman n'est pas aussi terrifiant que je l'aurais cru, mais il fonctionne particulièrement bien. J'ai adoré l'aspect psychologique que l'on retrouve tout le long. Le fait qu'Eleanor semble si connecté à la maison aussi. Bref, ce fut un roman vraiment sympa à lire, que j'ai d'ailleurs dévoré en deux jours. 


lundi 16 janvier 2023

La Maison des Epines, Rozenn Illiano

 Bonne année !

Pour tout vous dire, la Maison des Epines n'est pas le premier roman que je lis cette année, mais je vous épargne un nouvel avis sur la Mer sans Etoiles d'Erin Morgenstern (tout comme j'ai arrêté de le faire pour le Cirque des Rêves). Il n'en reste pas moins que c'est la première lecture et que si je me fie à elle, mon année 2023 ne devrait pas être mauvaise niveau lecture.

La Maison des Epines, Rozenn Illiano

Editeur : Rozenn Illiano
Collection : 
Année de parution : 2023
Format : mobi

A lire si : 
- Vous aimez les ambiances un brin gothique
- Vous n'avez pas peur de plonger dans les rêves (ou les cauchemars)
- Vous avez apprécié le mime d'Erèbe.

A ne pas lire si :
- Un jour, je trouverais peut-être une raison. Mais pas aujourd'hui.

Présentation de l'autrice

Ne réveillez pas ce qui dort sous la Maison des Épines…
Novembre 1900. Mime au cœur brisé, Sonho assiste à la fin du légendaire cirque Beaumont, qui ferme ses portes après des décennies à sillonner les routes d’Europe. Le cirque représentait tout pour lui – sa maison, sa famille, ses rêves. Sa mission, aussi, confiée à la troupe par sa fondatrice : le père de cette dernière avait prophétisé la venue d’un orphelin qui changerait le monde, un enfant que Sonho espérait plus que tout retrouver.
Résigné, perdu, le mime abandonne tout derrière lui. Il suit alors sa sœur Augusta, qui souhaite ouvrir un orphelinat afin de mettre les enfants du cirque à l’abri. Et quoi de mieux que la demeure dont elle a hérité de ses ancêtres pour y installer tout ce petit monde ? Situé au cœur d’une forêt non loin de Londres, le domaine de Blackthorn Hill ressemble à un paradis.
Mais comme dans toutes les vieilles bâtisses, l’on y croise des ombres et des rumeurs, des mystères insondables, des vérités qu’il ne faut surtout pas exhumer. Que cache la Maison des Épines ? Quels secrets renferme-t-elle, ainsi protégée par son armée de prunelliers ? Qu’y a-t-il derrière cette porte fermée à clef dans le sous-sol ?

Mon avis

Un jour, sur twitter, Rozenn a parlé du mime d'Erèbe (que je n'avais alors pas encore lu) et de ce que pourrait être son histoire. Elle disait qu'elle finirait par l'écrire, mais pas de suite. Alors, j'ai attendu, parce que je savais que cette histoire-là allait me plaire. L'année dernière, j'ai eu l'occasion de recroiser Blackthorn Hill aux grès des pages d'un roman qui ne sera peut-être pas publié et l'envie de lire cette histoire-là c'est faite plus forte. J'ai eu de la chance, Rozenn a finit par se pencher dessus et par écrire la Maison des Epines. 

Nous voici en 1900. Le cirque Beaumont (que nous avons donc déjà croisé dans Erèbe) est de retour en Angleterre après plusieurs années passées aux USA. Mais la joie n'est pas là. Endeuillé par la mort de plusieurs d'entres eux lors du voyage retour, rien ne va. Le cirque se brise, petit à petit. Lorsque Grace, sa directrice, meurt à son tour, les membres se séparent, pas toujours dans la bonne entende. Augusta et Sonho partent pour Blackthorn Hill, la résidence familiale. Isaac, leur frère, et d'autres, tentent de continuer à faire vivre le cirque. Mais que se soit d'un côté comme de l'autre, rien n'est simple. 
A Blackthorn Hill, demeure entouré de Prunellier, quelque chose s'éveille. La maison cache quelque chose et Augusta et Sonho vont avoir bien du mal à découvrir quoi. A Londres, Isaac va découvrir Mary, une marcheuse de rêve qui tente de fuir son père. Et si tout était lié, la maison, Mary et surtout cette étrange prophétie de l'enfant-clé qui a tant couté à la famille de Sonho ? 

Je crois vraiment que j'ai quelque chose avec les romans de la partie "Rêve" du Grand Projet. J'aime tous les romans que j'ai pu lire jusqu'à maintenant, hein, mais dès qu'on part sur le Rêve, il se passe forcément quelque chose. J'aime ces romans-là plus que tout et j'aurais bien du mal à expliquer pourquoi. Il y a l'ambiance, déjà. Il serait facile de dire qu'ils sont oniriques, et en plus, ça serait presque faux. Parce que le rêve de l'autrice, surtout ici, n'est pas forcément très sympathiques. On est plus proche du cauchemars la plupart du temps. Mais attention, pas d'horreur à proprement parler. Non, les cauchemars de la Maison des Epines explorent le rêveur, tirent leur puissance et leur substance de ce qu'il ressent. Il y a un certain côté introspectif, nostalgique et mélancolique dans les rêves du Grand Projet. Une ambiance qu'on retrouve déjà dans Erèbe et qui, ici, est plus développée. Or, vous le savez, je suis extrêmes attachée aux ambiances et ici, elle m'a beaucoup plus.

Tout comme les personnages. Je connaissais déjà Sonho (que j'avais retrouvé un peu avant le début de ma lecture, puisque j'ai relu Erèbe en fin d'année et que je ne l'avais pas encore fini en commençant la Maison des Epines) et je dois dire que le découvrir bien plus ici m'a plu. C'est un personnage comme l'autrice (et moi) l'aime, cassé, déboussolé souvent, mais qui essaie, malgré tout de vivre. Parfois, il m'a fait pensé à Oxyde pour tout vous dire. Et puis, il y a sa famille, Augusta, Isaac, les gens du cirque, Little Jack, Anabel, la petite Alma. Ils sont tous reliés entre eux, formant une véritable famille avec les bons et mauvais moment. l'alchimie entre eux est juste parfaite, sans en faire trop. J'ai eu un peu plus de mal par contre avec la jeune Mary, peut-être parce qu'elle est extérieure au cirque, je ne sais pas trop.

Mais si j'ai adoré la partie 1900, que dire de l'autre partie, celle qui se découvre entre les deux ? Celle qui relie le tout à Erèbe et aux autres marcheurs de rêve ? On se retrouve quelque décennies plus tôt, en compagnie d'Arthur, le grand-père d'Augusta. Lui et Oonagh, sa meilleure amie, cherchent à découvrir ce qui est enfouie sous la maison. J'aime beaucoup les retours dans le passé comme ça. Pas la première fois que l'autrice le fait et j'apprécie avoir plusieurs chronologies. Surtout, j'aime comme les deux se mélangent, l'un fournissant la matière à l'autre et inversement. C'est encore plus présent ici avec un joli hommage à la Mer sans Etoiles (amusant d'ailleurs de les avoir lu tous les deux quasi en même temps et d'être tombé sur cet hommage alors que j'étais dans le bon passage de la Mer)(c'est d'ailleurs pas la seule réf à l'oeuvre d'Erin Morgestern et j'adore, parce que j'aime énormément Erin Morgenstern). C'est aussi dans cette partie, plus précisément, qu'on découvre le lien entre Erèbe et la Maison des Epines, et donc entre les trois familles concernées. Mais, ne vous en faites pas, pas besoin d'avoir lu le premier pour comprendre le second.

Enfin, je dois vous avouer quelque chose. J'ai pleuré en lisant la Maison des Epines. La faute à l'un des thèmes du roman, que je connaissais. La faute à la période aussi (mes fins d'années sont marqués par le deuil et le souvenir). J'ai failli refermé le livre et me dire tant pis, Rozenn comprendra que je ne puisse le lire avant sa sortie. Et puis, en réalité, j'ai continué, et je crois qu'il s'est passé quelque chose. Une sorte de lueur dans la douleur que je partage avec les personnages. Je n'arrive pas à l'expliquer et je sais que ça a fait beaucoup dans ma perception du roman. Alors, oui, d'habitude j'essaie d'être la plus objective possible, mais pas ici. J'ai eu besoin d'en parler parce que ça fait aussi partie de ce que j'ai pu ressentir dans ma lecture, c'est aussi ça qui a fait que j'ai aimé. On le sait, il y a des livres qui font du bien. Je ne suis pas sûre que ce soit l'idée première de la Maison des Epines. On ne va pas se mentir, il n'est pas feel-good, ce roman à la base. Il est sombre, mélancolique, nostalgique, il fait parfois peur et moi, il m'a fait pleurer. Et il m'a fait du bien. 

La Maison des Epines fait parti de ces romans qui m'ont marqué. Il rejoint le mon panthéon personnel des romans de Rozenn Illiano avec Erèbe, Onirophrénie et Migdnight City (tiens, tous avec des rêveurs, y a un truc, je vous dit). C'est une merveille, autant dans l'intrigue, le style (oh, j'en ai pas parlé, mais j'ai adoré les passages à la seconde personne, rare mais très intense), les personnages que par ses thèmes. Il y a un truc assez lumineux finalement. En plus, comme toujours, il y a l'avantage d'être lu seul. 


lundi 12 décembre 2022

Les Hurlements Noyés, Stanley n'est pas mort, tome 1, Malone Silence

 Je suis Malone Silence depuis un bon moment sur tweeter et j'ai enfin pu m'offrir son tout premier roman, Les Hurlements Noyés il y a peu. J'ai mis un certain temps à le lire, parce qu'il le demande vraiment ce temps, et j'ai clairement beaucoup aimé. 

Les Hurlements Noyés, Stanley n'est pas mort, tome 1, Malone Silence


Editeur : Malone Silence
Collection : 
Année de parution : 2022
Format : AWZ

A lire si : 
- Vous voulez un roman inclusif
- Vous voulez un roman très axé sur la psychologie de ses personnages

A ne pas lire : 
- Vous n'aimez pas la violences sous ses diverses formes

Présentation de l'éditeur : 

Le monde rend malade. A vingt-huit ans, Stanley Ellington se débat dans un océan de traumatismes. Il sort le nez de l’hôpital psychiatrique sans savoir s’il est prêt à affronter la vie, telle qu’elle l’attend. Au fond de son cerveau se tapissent toujours ses pires ennemies : sa dépression, et ses capacités médiumniques. Ce don qui n’en est pas un, cette malédiction qui suscite fascination, terreur ou envie.
Pour Allison Griggs, cette envie a depuis longtemps tourné à la convoitise. Elle aussi attend Stanley, affûtant ses couteaux dans le secret d’une forêt qui change sans cesse de visage. Et les enjeux du vol des dons de Stanley dépassent largement ces deux âmes, les dernières dont le monde souhaite la rencontre.
C’est l’histoire de gorges qui ont trop crié, de cœurs broyés, de hurlements assourdis et de solitudes qui se fracassent les unes contre les autres. Parfois, de l’espoir qui subsiste, naît une relation bancale embellie par la sincérité. Parfois, il semble que l’empathie et l’humanité aient une chance de l’emporter. Mais au-dehors, l’Apocalypse menace d’éclater, et les chiens ne cessent de hurler.

Mon avis 

Les hurlements noyés n'est pas un roman à prendre à la légère. Du tout. Je préfère le dire dès maintenant, Stanley, le héros souffre de dépression et l'auteurice ne nous épargne pas grand chose à ce sujet. D'ailleurs, iel ne nous épargne pas grand chose sur d'autres sujets qui peuvent être autant de Trigger Warning (dans l'idée, il est sujet ou l'on retrouve mention de violence, violence conjugale, viol, mutilation et d'autres, mais il y a aussi des scènes assez graphiques de violence). Même si d'habitude, ça ne me dérange pas vraiment de lire ce genre de sujet, j'avoue qu'ici, j'ai parfois été mal à l'aise devant ce que j'ai pu lire, parce que ça fait vraiment "vrai".  Il y a une raison à ça, le vécu de son auteurice et la manière dont iel raconte son histoire.

Comment vous décrire les hurlements noyés ? C'est un premier roman qui tape fort, dans l'horrifique, dans le psychologique et dans l'imaginaire de sae lecteurice. C'est un roman qui reste après lecture, parce qu'il est perturbant sur bien des points, parce qu'il a aussi un côté étrangement lumineux sur d'autre. Les personnages qui le peuplent sont fascinants à suivre, nous entrons directement dans leur psyché, nous apprenons à les aimer, à les détester, à avoir peur pour eux etc... Malone Silence use du flux de pensée à la manière d'une Virginia Woolf et iel fait ça parfaitement. C'est un des points que j'ai beaucoup aimé. Déjà parce que j'aime ce genre, mais surtout parce qu'ici il est parfaitement utilisé, je trouve. Je veux dire, nous voilà directement dans l'esprit, les pensées des personnages. Ils ont tous leur voix, leur manière de vivre, de penser et il n'est quasiment pas possible de se tromper sur celui que nous suivons au moment de la lecture. Ce n'est pas toujours facile à mettre en place, ça. Là, c'est bien géré et ça nous immerge toujours plus.

Autre chose de marquant, ensuite, ce sont les thèmes abordés dans le roman. Nous en avons quelques uns, pas des plus simples, comme la dépression, le deuil, la mort, le suicide, l'emprise physique et mentale etc... Tout cela pourrait donner un roman très sombre, et il l'est. Oh, oui, les Hurlements Noyés est sombre. Et dur. Or, étrangement, et même si nous sommes forcément pris par tout ça, même si nous tremblons pour qu'Allison ne trouve pas les membres de la Famille enfuis ou Stanley, même si nous tremblons à l'idée que Stanley ne finisse par tout laisser tomber, nous gardons espoir. Pour moi, un personnage y est pour beaucoup là-dedans, à savoir Vicky. Ne pensez pas qu'elle respire la joie de vivre, ce n'est pas le cas. Elle aussi à ses démons. Mais c'est pour moi le personnage le plus lumineux du bouquin, celle qui finalement comprend peut-être le mieux Stanley, la moins intéressée par ses pouvoirs et ce qu'il peut offrir. 

Un autre personnage que j'ai beaucoup aimé, c'est Allison, qui est l'antagoniste. Allison, c'est un peu la somme de tout les maux que l'on peut trouver. La Lumière de la Famille (la Famille, j'ai oublié de le préciser, étant une secte) apparait comme une femme au-dessus de tout, les sentiments, les autres êtres humains, elle-même. Et pourtant, pourtant Allison a une certaine fragilité. Bon, il faut creuser très profond pour la voir. En fait, Allison n'est pas le seul personnage comme ça, dans un sens, ielles le sont tous-tes, mais chez elle, ça ressort encore plus je trouve. Et puis, bien sûr, il y a Stanley, a qui j'ai eu envie de faire des câlins (de loin par contre) presque tout le roman. Il a ses traumatismes, son pouvoir, son empathie, sa gentillesse. Sous la dépression qui prend beaucoup de place, on y trouve un personnage qui ne se définie que par ça. Autant dire qu'il est rare de tomber sur ce genre de personnage là. D'habitude, comme pour Allison d'ailleurs, on tombe plus sur un bon vieux cliché (le dépressif qui n'a de goût pour rien ni personne, qui se fiche du monde autour de lui parce que La Dépression, ou l'antagoniste qui n'a pas le moindre sentiment et qui se fiche de tout et tout le monde), ici, rien de tout cela donc, et des personnages finalement plus vrais que nature (le fait l'auteurice connaisse la dépression n'y est pas pour rien, soyons bien d'accord). 

Je pense que je vais finir là mon avis, parce que sinon, je vais spoiler (il y a des passages dont j'aimerai bien parlé un peu plus, l'interlude entre Stan et Vicky sur le toit ou la première confrontation entre Stanley et Allison, mais ça pourrait spoiler je crois). Je finirais donc en vous disant que clairement, j'ai aimé. Le roman est prenant, exigeant aussi. Il n'est pas à mettre entre toutes les mains, ça je l'accorde. Mais si vous pouvez le lire, lisez-le (d'ailleurs, la liste des TW se trouve sur le site de l'auteurice).

lundi 28 novembre 2022

Mexican Gothic, Silvia Moreno-Garcia

 Ce roman a pas mal fait parlé de lui depuis sa sortie. Il me faisait pas mal envie du coup, surtout que beaucoup y on vu des attaches Lovecraftiennes. Or, vous le savez, j'aime bien Lovecraft moi. J'ai fait en sorte de ne pas lire les avis des uns et des autres et me voilà à présent avec le mien. On y va ?

Mexican Gothic, Silvia Moreno-Garcia

Editeur : Bragelonne
Collection : 
Année de parution : 2022
Titre en VO : Mexican Gothic
Année de parution en VO : 2020
Nombre de pages : 360

A lire si : 
- Vous aimez les huis-clos
- Vous appréciez les femmes qui ne se laissent pas faire
- Vous voulez effectivement quelque chose qui se rapproche de Lovecraft

A ne pas lire si :
- Vous voulez du pur Lovecraft

Présentation de l'éditeur : 

Après avoir reçu un mystérieux appel à l’aide de sa cousine récemment mariée, Noemí Taboada se rend à High Place, un manoir isolé dans la campagne mexicaine. Elle ignore ce qu’elle va y trouver, ne connaissant ni la région ni le compagnon de sa cousine, un séduisant Anglais.
Avec ses robes chic et son rouge à lèvres, Noemí semble plus à sa place aux soirées mondaines de Mexico que dans une enquête de détective amateur. Elle n’a pourtant peur ni de l’époux de sa cousine, un homme à la fois troublant et hostile, ni du patriarche de la famille, fasciné par son invitée… ni du manoir lui-même, qui projette dans les rêves de Noemí des visions de meurtre et de sang.
Car High Place cache bien des secrets entre ses murs. Autrefois, la fortune colossale de la famille la préservait des regards indiscrets. Aujourd’hui, Noemí découvre peu à peu d’effrayantes histoires de violence et de folie.

Mon avis

Je n'aime pas des masses quand on me dit "tu vas voir, c'est un mix entre tel et tel auteur à la sauce ça". J'ai tendance, dans ce cas, à me faire beaucoup trop d'idée sur un texte. Alors forcément, quand on me dit que je vais avoir du Lovecraft, à la sauce des sœurs Brontë et dans les années cinquante, j'ai quand même du mal à voir les liens. Et pour tout dire, en commençant le roman, j'ai continué à ne pas voir tous les liens. Disons que, perso, je n'aurais pas mis une telle phrase d'accroche, mais que voulez-vous, ça fait vendeur. Bref, passons sur ce point. 

Noemi est la fille d'un riche d'affaire de Mexico. Sa vie, elle la passe à dans les soirées mondaines, les magasins et aux bras de charmants jeunes hommes. Mais, suite à une lettre étrange provenant de sa cousine Catalina, elle doit se rendre à High Place, manoir isolé dans la campagne mexicaine. Là, elle va mener l'enquête pour son père, découvrir ce qu'il se passe. Or, High Place n'a rien de charmant, c'est même plutôt l'inverse et Noemi va rapidement comprendre que quelque chose ne va pas. En découvrant l'histoire familiale, emplie de violence et de folie, elle va mettre le doigt sur quelque chose de bien pire que ce qu'elle n'aurait jamais imaginé.

Par où commencer ? L'introduction a l'histoire m'a paru un peu farfelue. Je ne pense pas que dans les années cinquante, un père envoie sa fille mener une enquête comme celle qui est confié à Noemi. Ca m'a parut un peu étrange, mais soit. Ca donne aussi une indication importante dans le roman, les femmes ont un place importante. Parce que là où on se retrouve avec un roman gothique dans un manoir bien flippant, on va surtout avoir une histoire de femmes. Pour tout dire, pour moi, le roman est un roman féministe avant tout. Et ce début en est la preuve. Ce n'est pas la seule, du tout, mais pour le reste, il vous faudra découvrir l'histoire des Doyle. On est vraiment sur un patriarcat dominant et des femmes qui vont, à leur façon, tenter de s'en débarrasser, du moins, de celui des Doyle. 

Une histoire que j'ai adoré découvrir en même temps que Noemi. High Place fait parti de ces lieux que j'adore, sombre, délabré, gothique à souhait et plein d'Ouroboros dans la déco. Il a un côté vieux manoir anglais (la famille étant anglaise, hein) qui n'est pas pour me déplaire. Son histoire est forcément liée à celle de la mine d'argent, à présent désaffectée, qui le jouxte. C'est un endroit typiquement Lovecraftien, qui  n'est pas sans rappeler la demeure des Rats dans le mur par exemple. D'ailleurs, si ici ce ne sont pas des rats qui vivent dans les murs, il y a bien quelque chose que je vous laisse découvrir. Il en va de même pour une partie des habitants, d'ailleurs. Les Doyle pourraient très bien faire un tour dans les nouvelles de Lovecraft, ou même de Poe. Ils ont ce côté bien dérangeant et froid tout en restant pourtant parfaitement humain que j'aime. A côté d'eux, Noemi fait presque biche égarée, du moins si on oublie son caractère bien trempée. L'autrice joue beaucoup sur cela, la différence entre une Noemi très vivante, au sang chaud et la famille Doyle, plus particulièrement Virgil, le mari de Catalina, et sa sœur. 

J'ai aussi beaucoup aimé les ambiances que va créer l'autrice tout au long du roman. Il y a bien sûr tout ce qui concerne High Place qui m'ont fait adoré l'endroit, ou encore le cimetière, bien flippant avec son brouillard. Mais on a aussi toute les évocations des années cinquante, les robes de Noemi, les tenues des personnages, leur manière de faire aussi. Tout comme il y a une grande différence entre le tempérament de Noemi et les Doyle, il y en a une aussi dans les lieux. High Place est très gothique, Mexico ou même le village non loin du manoir, sont très fifties. Cela permet vraiment de faire ressortir les lieux et les histoires. Le style de l'autrice y est aussi pour quelque chose, forcément. J'ai aimé la manière dont elle met l'accent sur les différences entre son héroïne et le manoir. Enfin, il y a bien sûr, tout le surnaturel. Et là, l'autrice s'en donne à cœur joie, tout dans le subtil. Ca commence lentement, quelques bruits dans le manoir, des plaintes, et puis on va crescendo, mettant les nerfs de Noemi et du lecteur a rude épreuve.

Au final, j'ai beaucoup aimé. Le roman se lit assez vite et je trouve que sa longueur est d'ailleurs parfaite à mon goût. Sous l'aspect fantastique gothique, on trouve un discours qui se rapproche assez d'un certain féminisme, ce qui n'est pas pour me déplaire. Je pense que je vais aller voir un peu ce que l'autrice a pu écrire d'autre (Mexican Gothic est le premier traduit en français, mais pas son premier roman) parce que j'ai bien bien accroché. 





vendredi 18 novembre 2022

Midnight City, Rozenn Illiano

 Midnight City avait une sacré aura pour moi avant même de le lire. C'est peut-être l'un des romans les plus documentés de Rozenn Illiano puisque son univers lui a servi dans son activité de bijoutière, pour créer des énigmes et encore plein d'autres choses. C'est simple, j'avais l'impression de le connaitre avant même de l'avoir lu, chose assez étrange. Or, ce genre de chose, ça peut être à double tranchant, comme on s'en doute. Est-ce que ça a été le cas ici ? C'est ce qu'on va voir.

Midnight City, Rozenn Illiano

Editeur : Rozenn Illiano
Collection : /
Année de parution : 2022 
Format : mobi

A lire si : 

- Vous voulez de l'onirisme 
- Vous voulez des héros qui n'en sont pas tout à fait.

A ne pas lire si :

Présentation de l'éditrice 

Deux mondes, deux héros, deux rêves… Un seul cauchemar.
Écrivain inconnu, Samuel rencontre le succès par hasard, et son existence change du jour au lendemain – pas forcément pour le mieux, d’ailleurs. Introverti et grand timide, il se plie à sa nouvelle célébrité sans rechigner, rêvant pourtant de retrouver la quiétude de son anonymat, jusqu’à ce qu’il perde toute inspiration.
Dans la Cité de Minuit, ville plongée dans la nuit et le songe, Cyan se languit de son ancienne vie : magicien du rêve, il protégeait les siens et affrontait les cauchemars. Mais depuis un terrible accident qui lui a pris tout ce qu’il aimait, il a perdu son pouvoir, et s’avère désormais piégé dans un morne quotidien qu’il voudrait fuir plus que tout.
Un jour, tout change. Un énigmatique mécène vient à Samuel, lui offrant ressources et tranquillité afin de pouvoir écrire de nouveau ; le Temps s’arrête au cœur de la Cité de Minuit, plongeant ses habitants, les Nocturnes, dans un étrange sommeil de pierre, dont Cyan est mystérieusement épargné.
Les cauchemars se réveillent, les peines d’autrefois quittent l’Abyme dans lequel elles avaient été oubliées, et Samuel et Cyan, à un monde de distance, devront se mesurer à leurs ombres.

Mon avis

La première fois que j'ai eu envie d'avoir ce romand dans les mains, il voyageait. C'était en 2019 et il n'en existait qu'un seul exemplaire. Un seul livre, format papier, qui passait donc de lecteur en lecteur. J'aurais voulu avoir cet exemplaire entre les mains, le destin en a décidé autrement. L'expérience tourna court, malheureusement. L'autrice décida alors de l'éditer et de le faire connaitre par des voix plus "normale". Cette année, Midnight City ouvre une nouvelle page à son histoire, puisqu'il débarque en numérique et à droit à une seconde édition papier. Et franchement, un conseil, ne le ratez pas. C'est une pépite.

Bon, j'ai beaucoup de mal à organiser ce que je veux dire pour ce roman. C'est rare quand ça m'arrive, mais ça arrive. Le truc, c'est que Midnight City m'a parlé. Beaucoup, énormément. Il m'a fait me questionner sur certains points, m'a conforté sur d'autres. Il a réveillé de vieux rêves et aussi quelques cauchemars, il faut l'avouer. C'est un roman comme on n'en croise pas beaucoup, un de ceux qui va rester longtemps. Alors, oui, c'est compliqué d'en parler et de la faire comme je fais d'habitude. Parce que le truc, c'est que Midnight City interroge le métier d'auteurice, beaucoup, et que je suis moi-même autrice (même si j'en parle jamais ou presque ici). Ca a beaucoup d'importance ici. Je n'ai pas lu Midnigth City comme une simple lectrice. L'écrivaine en moi a beaucoup absorbé ce que j'ai lu. Je me suis émerveillée devant les descriptions de la Cité de Minuit, et je me suis perdue dans les méandres de mes propres pensées en suivant Sam. Vous la voyez du coup la difficulté ? Elle est là, et je ne sais toujours pas comment vous parlez du roman (j'avais cru qu'en écrivant ça, ça se débloquerait, mais non). Bref, du coup, on va y aller comme d'hab et puis on verra bien donc.

Samuel est auteur. Son premier roman publié, les Larmes D'Aquarius est un best-seller. Forcément, on lui demande toujours à quand le second. Sauf que le succès d'Aquarius semble avoir tari la source de l'inspiration. Sam n'y arrive plus. Il n'écrit plus, la page reste blanche, quoiqu'il fasse. Jusqu'à sa rencontre avec Adam Remington. L'homme lui propose de devenir son mécène. S'il hésite, Sam finit par accepter. Et à peine cela fait, il recommence à écrire. Mieux, il reprend enfin Midnight City, un roman qu'il pensait ne jamais écrire. Ailleurs, quelques parts dans les rêves peut-être, la Cité de Minuit s'arrête d'un coup. ses habitants figés. Seul Cyan, le pilote de l'Oniropostale semble ne pas être atteint par cette étrangeté. Il est peut-être le seul à pouvoir se confondre aux cauchemars qui se réveillent et à sauver la Cité. 

Le roman ne se divise pas totalement en deux. On va beaucoup plus suivre Samuel, dans la vie est basculé par l'arrivée d'Adam. Sam, c'est un presque monsieur tout  le monde. En fait, s'il n'y avait le succès de son roman, il continuerait tranquillement sa petite vie, allant sur son forum d'écriture où il est modo, bossant la journée dans un atelier de sérigraphie. Sam, c'est vous, c'est moi, un mec qui vit sa passion dans son coin ou presque et qui d'un coup se retrouve sur le devant de la scène. Et là, c'est la dégringolade. Alors qu'il pensait vivre son rêve, ça se transforme en fait en cauchemar. Il perd l'inspiration. Jusqu'à l'arrivée d'Adam donc. Or, si tout lui revient, les rêves, les cauchemars et l'envie d'écrire, cela ne se fait pas sans heurts. Sam se questionne beaucoup, un point qu'il a en commun avec beaucoup de personnages de son autrice, et par là même, il va questionner l'autrice en moi. Je me suis beaucoup reconnue dans les questionnements de Sam, et ceux de Roya, son amie, aussi. Les deux ont une certaine vision de l'écriture, pas toujours commune d'ailleurs. J'ai tellement aimé suivre leurs échanges, me voir dans l'un ou dans l'autre suivant les cas. Et puis, forcément, je les ai aimés, eux. Et Remington aussi. Parce qu'ils ne sont pas tout blanc, ou tout noir. Parce que même Remington n'est pas un "méchant" alors qu'il est l'antagoniste de Samuel. Même lui, je crois que je l'ai compris. D'ailleurs, il fait parti ces personnages que j'aime parce qu'ils sont presque normaux et qu'il n'y a qu'une chose, parfois infime, qui peut les faire basculer. Ce qu'il fait, il ne le fait pas par méchanceté. C'est un besoin qu'il a, quelque chose qui le fait vivre et que, peut-être des fois, il ne contrôle pas tout à fait.

Et pendant que Sam se bat contre ses démons, que Roya essaie de le maintenir à flot tout en faisant de même, on va découvrir Cyan, la Cité de Minuit et les Nocturnes. La Cité de Minuit et son ambiance onirique, m'a beaucoup fait penser à Erèbe (et vous savez à quel point j'aime le livre et le monde). Elle a un côté victorien qui n'est pas du tout pour me déplaire et elle éveille grandement l'imagination. Mais surtout j'aime beaucoup ce qu'elle représente (aussi bien en tant qu'autrice que lectrice d'ailleurs). Sur ce point, j'ai très envie d'en parler ici mais je pense que ce n'est pas l'endroit. Je crois que je préfére largement vous laisse découvrir ce qu'est la Cité de Minuit, et vous faire votre propre opinion dessus. Alors, oui, du coup, je ne vais pas en dire beaucoup, mais vraiment, découvrez Cyan, la Funambule et les autres Nocturnes, leurs rêves et leurs cauchemars par vous-même. Vous ne serez pas déçu de ce voyage-là. On y retrouve toute la magie de la plume de l'autrice, les descriptions magnifiques, l'onirisme aussi. Chose que l'on trouve aussi dans la partie "Samuel" mais en moins "beau" ou merveilleux. 

J'ai lu le roman lentement, prenant mon temps pour le faire. J'ai dû le poser parfois parce qu'il me parlait trop et que j'avais besoin de réfléchir à ce que j'ai lu. J'ai lâché le roman avec une méchante poussière dans l'œil. Oui, j'avoue, j'ai pleuré en le refermant. J'étais émue. J'étais émue parce que la fin est parfaite pour le roman et que j'étais heureuse pour les personnages. Ce n'était pas de la tristesse, mais de la joie. Bien entendu, Midnight City est un coup de cœur. 

Autre chose, je trouve que c'est le roman qui montre le plus ce que Rozenn fait, il parle aussi bien onirisme que "vie réelle". Il montre ces deux facettes importantes de son travail, le fait très bien et en plus de ça, même s'il a un tome deux, il se lit tel un one-shot. 







mardi 25 octobre 2022

L'heure du loup, Robert McCammon

 J'ai ce roman dans ma pal numérique depuis un bon moment. A vrai dire, je ne me souvenais plus du tout de son résumé ni même du pourquoi je l'avais récupéré. Il était donc temps qu'il sorte.

L'heure du loup, Robert McCammon

Editeur : Milady
Collection : terreur
Année de parution : 2011
Titre en VO : Wolf's hour
Année de parution en VO : 1989
Format : AZW

 A lire si : 
- Vous aimez les romans d'espionnage type James Bond
- Vous aimez les loups-garous

A ne pas lire si : 
- Vous n'aimez pas la violence

Présentation de l'éditeur : 

Michael Gallatin est un as de l’espionnage, un séducteur, mais surtout un loup-garou. Capable de se transformer à la vitesse de l’éclair, de tuer silencieusement et avec une incroyable férocité, il a déjà donné un aperçu de ses talents en Afrique contre Rommel. Il doit maintenant s’acquitter de la plus dangereuse et de la plus délicate des missions : découvrir qui se cache derrière l’opération « Poing d’Acier », le mieux gardé des plans secrets nazis.

Mon avis

Après avoir relu la quatrième de couverture (il fallait bien) et m'être dit que "super, ça passe pour amasser un peu plus de point sur le challengeSFFF2022", je me suis lancée dans l'Heure du loup. On commence avec un premier chapitre qui nous met direct dans l'ambiance, en pleine campagne d'Afrique du nord, non loin du Caire. On découvre rapidement Michael Gallatin (sous forme lupine, ce que j'apprécie assez), son métier et sa manière de vivre. Il faut quelques pages à l'auteur pour poser son personnage et quelques autres pour me faire lever les yeux au ciel. Ce qu'il y a de bien, c'est que du coup, il ne m'a pas fallu beaucoup de temps pour savoir à quoi m'en tenir lorsque notre personnage se retrouve en présence de dame. Mais revenons à notre histoire.

Mickael Gallatin est un homme loup (le terme loup garou n'est pour ainsi dire jamais utilisé, ce qui n'est pas plus mal, je pense). Il travaille comme espion pour le Royaume-Uni et se voit confier une mission des plus importants : empêcher les allemands de saboter le débarquement, prévu pour début juin. D'abord, réticent, il finit par se faire parachuter en France. La mission l'amènera de Paris à Berlin, à la recherche de "Poing d'Acier" quoique cela puisse être. Les diverses parties sont entrecoupés par la jeune de Michael, lorsqu'il s'appelait encore Mikhaïl. Fils d'un ami du tsar, il est mordu par un loup alors qu'il tente d'échapper aux assassins de ses parents. Commence alors pour lui une nouvelle vie au sein de la meute, où il a tout à apprendre.

Je dois avouer que j'ai parfois du mal avec deux récits qui s'entremêlent, surtout quand ce sont des récits passé/présent. J'ai failli avoir le problème ici, ne comprenant pas tout à fait pourquoi l'auteur nous entrainé dans le passé de son héros. J'ai toujours la méchante impression que les auteurs en ajoutent juste pour ajouter des pages en plus à un récit qui manque parfois d'enjeux ou même d'action. Or, ici, ce n'est pas le cas. La partie "présent" se suffit à elle-même, largement. Elle est rythmée, pleine de rebondissements et d'actions. Et vous savez quoi ? la partie "passé" aurait pu elle-aussi se suffire à elle-même. Elle aurait fait une parfaite novella à mon gout. Or, si au départ je me demandais pourquoi avoir mêlé les deux, j'ai fini par le comprendre petit à petit. La partie "passé" apporte beaucoup pour comprendre Michael. Et clairement, je pense que ça valait le coup de couper les deux récits ainsi. 

Parce que Michael, à première vue et si on oublie sa lycanthropie, ressemble à James Bond. C'est le type a faire tomber toutes les femmes qu'ils croisent (et qui le fait d'ailleurs…), qui se sort de toutes les situations, même les pires (et il va en connaitre des bien gratinées, des situations) et qui réussit tout ce qu'il entreprend. A vrai dire, si ce genre de récit ne me déplait pas, ce n'est pas non plus ce que j'aime le plus. L'ajout de la lycanthropie est plutôt bien foutu, Michael ne se transformant pas pour un oui ou un non (c'est même d'ailleurs l'inverse) et les transformations sont toujours utiles et pas juste là pour faire jolie. Or, en découvrant comment il a été transformé mais surtout les années qu'il a passé avec la meute et surtout l'enseignement que lui a dispensé Wiktor, l'alpha. Toute la profondeur du personnage se trouve dans ces passages. C'est ce qui le fait bouger, l'incite à agir alors qu'il pourrait être bien tranquillement dans sa maison du pays de Galles. C'est aussi, finalement, ce qui fait le plus ressortir le thème principal du roman. 

Mais si j'ai fini par apprécier Michael, je dois dire que j'ai été un peu déçue par les personnages qui gravitent autours de lui, surtout dans la partie "présent". Les femmes, toutes résistantes, s'effacent trop souvent pour devenir love-interest. Heureusement, Chesna, l'espionne qu'il rencontre à Berlin est un peu plus que la belle blonde juste bonne à être à son cou (même si elle n'en reste pas moins une damzel in destress alors qu'elle aurait pu être bien plus que ça, vraiment). Les hommes sont des faire valoir et rien de plus. Quant aux ennemis, ils sont dépend comme de pur produit du nazisme, sans la moindre nuance. Oui, ils sont méchants mais ils sont surtout ultra archétypaux. Je trouve ça dommage quand même. Côté "passé", on est pas forcément mieux mais l'aspect meute étant pris en compte, ça efface un peu les défauts côté homme. Côté femme, on se retrouve avec des personnages qui sont vu comme des reproductrices et puis c'est un peu tout… Bref, c'est pas la panacée de ce côté, ce que, de toute façon, j'avais bien compris dès le départ. N'empêche que j'aimerai bien lire ce genre de roman avec des femmes ayant un autre rôle.

Au final, ce fut une lecture sympathique. Le roman a assez de rebondissement pour que les pages se tournent sans problème et, bon, faut avouer que parfois, un roman d'espionnage à la James Bond, c'est plutôt sympa (même si c'est pas ce que je préfère). Par contre, âme sensible s'abstenir, parfois l'auteur apprécie aller dans ce que l'homme a fait de pire, surtout vu la période de son histoire (et les descriptions sont peu ragoutante)

lundi 10 octobre 2022

Santa Mondega, Anonyme

 Vous voulez savoir comment mon intérêt pour une saga que j'adorais il y a encore quelques temps baisse ? Quand j'achète le GF à sa sortie et que je le lis quand le format poche arrive en librairie... Ce n'est jamais bon, ça et ça se confirme à la lecture.

Santa Mondega, Anonyme

Editeur : Sonatine
Collection : 
Année de parution : 2021
Titre en VO : Showdown With the Devil
Année de parution en VO : 2021
Nombre de pages : 496

A lire si : 
- Vous aimez la saga
- Vous aimez le pulp
- Vous aimez quand ça part dans tous les sens

A ne pas lire si 
- Vous avez vraiment du mal avec l'humour pipi caca
- Vous n'aimez pas la violence gratuite

Présentation de l'éditeur : 

" Je suis la Mort, personne ne peut me tuer. "
L'heure est grave à Santa Mondega. Après avoir réglé son compte à Dracula, le Bourbon Kid est de retour, plus en colère que jamais. Sanchez, le patron du Tapioca, vient d'être nommé maire de la ville. Et une tempête de neige à l'intensité biblique s'apprête à s'abattre dans les rues. Simple coïncidence, ou ruse du diable ? Justement, celui-ci a réuni les meilleurs tueurs à gages qui existent pour éliminer le Kid. Parmi eux, un homme à la hache complètement cinglé, une sorcière, une tribu de cannibales et une armée de squelettes. Et pour couronner le tout, il a convoqué la Grande Faucheuse en personne...
Pour le Bourbon Kid et les Dead Hunters, l'heure de la traque a sonné.

Mon avis

Bon, on ne va pas se mentir longtemps. J'ai un problème avec la série depuis le tome précédent, peut-être même un peu avant. J'aime beaucoup le Bourbon Kid. J'aime de moins en moins les Dead Hunters. Voilà, mon problème vient des personnages qui gravitent autour de lui. Et pourtant, si on relit mes avis sur les tomes précédents, on peut voir que j'aimais toute la bande (ou presque). Mais je ne sais pas, quelque chose s'est passé et voilà que lire certain point de vue m'ennuie. 

En réalité, le gros problème, celui qui déjà était présent sur les derniers tomes, c'est l'humour du texte. On est sur quelque chose de très "pipi-caca-cul" et personnellement, c'est très loin d'être ma came. Alors, ça fait longtemps que j'ai lu les quatre premiers livres de la série, mais il me semble qu'il n'y en avait pas autant. Là, c'est à toutes les pages et, franchement, je ne trouve plus ça amusant (je n'ai jamais trouvé ça amusant d'ailleurs). Or, pour moi, la série, c'était surtout quelque chose qui me faisait bien trippée. Oui, il y avait des blagues qui ne me faisaient pas rire mais derrière, entre les références, l'ambiance et le Kid, ben ça m'allait parfaitement. Or, je me rends compte que depuis l'arrivée de Jasmine dans le groupe, ça va moins bien de mon côté. 

Parce que Jasmine cristallise pour moi tout ce que je n'aime pas dans la série depuis un moment. Enfin, non pas juste elle mais disons qu'elle ne fait partie. Et c'est dommage parce que le personnage peut être intéressant. Or, l'auteur s'en sert pour en faire une potiche pas très intelligente mais trop serviable qui lui permet, bien plus que Flake ou Beth, de sortir des trucs bien débiles et/ou répétitifs (sans déconner, le coup du téléphone, ça fait je ne sais combien de tomes qu'on y a droit et ça ne fait pas rire). C'est con parce qu'en plus, cette fois, elle a un rôle qui aurait pu être pas mal sur la fin. Dans le même genre, Sanchez me sort par le nez. Mais vraiment. Il n'apporte plus rien. Pour moi, son seul intérêt, c'est d'avoir Flake pas lui. Ils sont pour moi les personnages problématiques et malheureusement, ce sont aussi ceux qui apparaissent peut-être le plus. L'autre problème donc, c'est que clairement, les persos que j'apprécient le plus sont trop souvent mis à l'arrière plan. Rex est KO durant une bonne partie du roman, Elvis a quelques chapitres vraiment sympa mais c'est tout. Quant au Kid, il n'apparait lui aussi que peu. Et pourtant, il a tant à faire. Déjà, j'ai apprécié qu'on continue dans son humanisation. Il est affecté par ce qu'il se passe (et c'est passé) et certaines discussions (entre autre avec Flake ou Jasmine (comme quoi, Jas peut être plus utile que ce que l'on pense)) étaient plutôt pas mal. Par contre, côté tuerie, je l'ai trouvé un peu effacé en fait. Comme pour Elvis ou Rex, en fin de compte. L'auteur met le paquet côté Jas, Flake et Sanchez (et heureusement qu'il y a Flake) et laisse les trois autres un peu sur le bas de la route. 

Malgré ça, il y a un peu de bon tout de même dans le bouquin (sinon, je l'aurais pas fini, vous vous doutez). Déjà, je voulais voir comment le Kid allait réagir à tout ce qui se passe (bon par contre, je suis déçue sur un point, à savoir ce qu'il est arrivé à Beth ne semble plus l'affecter ou du moins, il n'en parle pas). Une fois encore, l'auteur a prit le pari de l'humaniser encore un peu plus et j'apprécie (mais je l'ai déjà dit). Ensuite, malgré les blagues pas drôle et l'humour d'un gamin de cinq ans, il y a assez de rebondissement pour que je tourne les pages. Oui, j'ai levé les yeux au ciel mainte fois mais oui, j'ai continué parce que, oui, je voulais savoir comment le Kid allait s'en sortir, et ça même si au bout de tant de tome, je sais à peu prés comme ça va se passer. 

Pour finir cet avis, je n'ai pas pris mon pieds autant que d'habitude. Je trouve que la saga n'arrive pas à se renouveler (et je prie presque pour qu'Arizona disparaisse rapidement histoire de ne pas avoir une Jas bis) Et vous savez ce qui est le pire dans tout ça ? Je sais que l'auteur prépare un nouveau tome et je sais aussi que je finirais par le lire (et peut-être même, comme celui-ci, à l'acheter dès sa sortie). Parce que j'aime énormément le personnage du Kid depuis le début (il y a quelque chose d'assez fascinant a apprécier un personnage comme lui, je trouve). Et du coup, ça m'énerve de voir la série devenir ce qu'elle est en ce moment. Bref, je crois que je vais relire les quatre premiers tomes bientôt, ça me fera du bien, tiens.

jeudi 6 octobre 2022

Le livre jaune, Michael Roch

 De Michael Roch, je connais surtout les textes pulps qu'il a fourni à Walrus (la maison d'édition me manque d'ailleurs, j'aimais énormément ce qu'elle proposait)(et ça même si la plupart des auteurs et de leurs ouvrages ont retrouvé une maison). Il était temps que je m'attaque à ces autres textes et c'est donc chose faite avec ce Livre Jaune qui n'est pas du tout comme je le pensais.

Le livre jaune, Michael Roch

Editeur : Mü
Collection :  /
Année de parution : 2020
Nombre de pages : 142

A lire si : 
- Vous aimez l'univers Lovecraftien
- Vous aimez l'introspection 

A ne pas lire si :
- Vous vous attendez à de l'horrifique (à cause du Roi en jaune)

Présentation de l'éditeur : 

Un pirate s’échoue sur les rivages de Carcosa, la Cité d’Ailleurs. Persuadé d’être mort, il est amené au Roi en jaune, hanté par le souvenir de ses amours. Ce dernier lui propose de revenir à la vie s’il parvient à le débarrasser de sa malédiction.

Mon avis

Autant le dire de suite, je n'ai pas lu ce à quoi je m'attendais. Et c'est peut-être tant mieux. En fait, je ne sais pas trop quoi penser de ma lecture à cause de ça. Le problème vient de la quatrième de couverture qui met l'accent sur Carcosa et le Roi en Jaune. Les deux proviennent d'un recueil de nouvelles de fantastique et d'horreur de  Robert W. Chambers. Lovecraft y fait souvent allusion, et on retrouve dans ses textes Hastur, le roi en jaune ou le signe jaune. Il n'a pas été le seul d'ailleurs à y faire allusion, on retrouve certains point et personnages des nouvelles de Chambers chez d'autres. Souvent, c'est dans un registre plutôt horrifique d'ailleurs. Donc, pour moi, on allait avoir une novella allant dans le même sens. Ca me paraissait logique. Bon, il s'avère que la logique et moi, ça fait souvent deux et que Michael Roch a prit un tout autre parti, tout aussi intéressant.

Sauf que, le truc, c'est que je ne sais pas comment vous décrire tout ça. Déjà, je ne m'amuserais pas à en faire un résumé comme je le fais d'habitude parce que ça serait gaché votre lecture. Ensuite, j'ai comme l'impression que le texte ne sera pas tout à fait le même pour chaque lecteur. L'auteur nous entraine vers une certaine introspection avec son histoire. Ce n'est pas juste celle de ce pirate qui va tenter de revenir à la vie . Non, c'est une sorte de conte philosophique qui va entrainer le lecteur à se questionner sur plusieurs notions, l'amour, la vie, la mort mais aussi l'enferment, la solitude et j'en passe. Du coup, le récit se fait intime, aussi bien pour son personnage principal que pour le lecteur. Et j'avoue que parfois, j'ai eu un peu de mal à suivre les concepts que l'auteur met en avant. Par contre, comme souvent avec ce genre de texte, l'état d'esprit du lecteur entre en compte et je n'avais peut-être pas la concentration nécessaire. 

Mais si je n'ai parfois pas été d'accord avec ce que voulait dire l'auteur, je dois avouer que j'ai adoré sa plume. Clairement, pour moi, c'est un des gros points forts du roman. Le récit est poétique, enlevé, rythmé comme il faut. C'est super sympa à lire et je regrette presque de ne pas l'avoir fait à voix haute. Et je ne parle même pas de la richesse du langage. Franchement, ce sont quasiment 150 pages maitrisé de bout en bout qu'on lit là. Et vu le voyage que l'on va suivre, c'est des plus agréables. On entre dans l'onirisme sans toutefois se perdre dans le récit. Non, vraiment, la maitrise est là. Peut-être parfois un peu trop, rendant parfois le récit trop linéaire pour moi surtout dans les parties purement onirique. Mais ce n'est qu'un détail, vraiment.

Et puis, il y a l'univers de la novella et les références qui s'y trouvent. Bien entendu, il y a Chambers, avec le Roi en jaune, Carcosa ou encore le signe jaune (qui sépare les diverses parties du texte)(d'ailleurs, il n'y a pas de partie un à ce texte, chose que je trouve plutôt amusante en fait)(pour moi, c'est parce que la partie un, c'est la mort du capitaine). Mais il n'y a pas que ça et je suis sûre que j'en ai raté un paquet mais forcément, on retrouve Lovecraft, Dante aussi. Et puis il y l'identité de notre pirate qui m'a forcément bien fait plaisir (je n'en dirais pas plus mais ceux qui me connaissent doivent savoir pourquoi) et qui font apparaitre sa figure sous une autre lumière plutôt appréciable, je dois dire.

Au final, ce fut une découverte intéressante. Je pense que je le relirais dans quelques temps, pour mieux le comprendre. Je pense d'ailleurs qu'il fait parti de ces textes qui ont besoin d'être relu pour mieux les appréhender.

lundi 5 septembre 2022

Par dela le mur du sommeil, H.P.Lovecraft

 Ca fait un petit moment que je n'ai pas lu Lovecraft. J'ai ce recueil qui traine non loin de ma table de chevet depuis quelques mois et il est temps de le sortir de la PAL.

Par delà le mur du sommeil, H.P.Lovecraft

Editeur : Folio SF
Collection : SF
Année de parution du recueil : 2002
Titre en VO : /
Année de parution en VO : /
Nombre de pages : 333

A lire si :
- Vous aimez les nouvelles
- Vous aimez les ambiances bien sombres

A ne pas lire si :
- Vous aimez les dialogues

Présentation de l'éditeur : 

" Je t'en dirai davantage plus tard - à présent j'ai besoin d'un long repos. Je te parlerai des horreurs interdites qu'elle m'a fait pénétrer - des horreurs séculaires qui suppurent encore aujourd'hui dans des coins perdus, entretenues par quelques prêtres monstrueux. Il y a des gens qui savent sur l'univers des secrets que nul ne devrait connaître, et qui sont capables de choses que nul ne devrait pouvoir faire. J'y étais plongé jusqu'au cou, mais c'est fini. A présent, je brûlerais ce maudit Necronomicon et tout le reste... "

Mon avis

Bon, premier point, j'ai regardé la liste des nouvelles avant de lire le recueil et j'ai été déçue de me rentre compte que je ne serais pas complétement dans la Contrée du Rêve malgré le nom de la première nouvelle. Le recueil reprend donc une seule nouvelle de cette période, une des "histoires macabres" et le reste du mythe de Cthulhu. 

Passons à présent aux nouvelles. Sur les cinq présentes, je n'en ai lu que quatre puisque j'ai déjà lu Le monstre sur le seuil (qui a été traduit par la Chose sur le seuil dans le recueil du lien). Comme toujours, on va les passer une par une.

On commence donc avec la nouvelle éponyme du recueil, Par-delà le mur du sommeil. On y découvre l'histoire de Slater, un montagnard simple d'esprit qui, durant son sommeil, a de violente crise. L'une d'elles où il va tuer ses voisins, le conduira dans un asile. Un des interne qui le suit va essayer de percer le mystére qui entoure Slater, ses crises et l'étrange créature qui le possède. Autant le dire, heureusement qu'elle est courte, cette nouvelle. Je n'ai pas du tout accroché. A vrai dire, je m'y suis même ennuyée et je l'ai trouvé plate.

Heureusement, elle est suivie par les rats dans les murs que j'ai aimé découvrir. Dans une ambiance très gothique, nous suivons l'histoire d'un homme aux prises avec la mémoire de ses ancêtres alors qu'il restaure la vieille demeure familiale. La nouvelle, bien que classique dans son ensemble m'a filé parfois un peu froid dans le dos. Elle est sombre, assez angoissante et sa fin, même si attendu, m'a bien plut.

Elle est suivie par le Monstre sur le seuil que je n'ai donc pas relu. Je vous laisse cliquer sur le lien plus haut si vous voulez voir mon avis dessus.

On continue avec Celui qui hantait les ténèbres. Dans celle-ci, nous allons suivre Robert Drake, écrivain de son état et surtout fasciné par une église ayant abritait un sombre culte. Forcément, le gars va aller l'explorer et sa visite va libérer celui qui hante les ténèbres. Tout comme pour les rats dans les murs, j'ai adoré l'ambiance qui se dégage de la nouvelle. Il faut dire que les descriptions des lieux y sont pour beaucoup. Ca reste là aussi classique, mais avec Lovecraft, c'est normal (après tout, les nouvelles ont été écrite entre 1919 et 1940).

On finit donc avec l'Affaire Charles Dexter Ward qui est plus une novella qu'une nouvelle d'ailleurs. L'affaire fait partie des plus longs récits de l'auteur et j'avais un peu peur de m'y ennuyer au vu du style de Lovecraft. Eh ben, pas du tout. La novella nous explique comment le pauvre Charles Ward a petit à petit sombré dans la folie. Pour cela, il faut remonter 157 ans en arrière, lorsque son ancêtre, Jospeh Curwen tenta d'appeler d'étranges forces sur Terre. Franchement, c'est prenant du début à la fin. Je n'ai pas vu les pages passées. Toujours d'une mouture très classique, la novella fonctionne parfaitement avec une fin qui n'étonne personne (on la vu venir de loin) et une partie un peu plus horrifique que le reste.

Voilà donc pour les nouvelles. Au final, j'ai plutôt apprécié le recueil dans son ensemble. J'ai adoré la novella, que je souhaitais lire depuis longtemps et qui était même mieux que ce que je pensais. Je n'ai pas tout aimé, je fais toujours un énorme tri dans ce que je lis de lui (on oublie pas que c'était pas l'auteur le plus cool du monde, c'est un raciste notoire (et ça se sent bien bien, comme dans Par delà le mur du sommeil) qui se rapprochait de l'idéologie fasciste) mais il reste un maitre dans le genre et ces quelques nouvelles nous le prouvent encore. Après, on peut lui reprocher un certain manque de modernité du au fait que les nouvelles ont maintenant une centaine d'années mais quand on s'attaque à Lovecraft, on se doute un peu de la chose. Personnellement, j'aime beaucoup ses textes et sa manière de décrire ce qu'il s'y passe et je ne suis pas encore prête à m'arrêter de le lire (mais que ça aurait été mieux si l'auteur lui-même avait été moins lui…)



lundi 22 août 2022

Appartement 16, Adam Nevill

 Je voulais continuer dans ma lancée horrifique, après la lecture de Je suis ta nuit. J'aurais peut-être dû me douter que ce n'était pas une bonne idée. Je ne vais pas faire durer le suspens, je n'ai pas aimé. 

Appartement 16, Adam Nevill

Editeur : Bragelonne
Collection : Terreur
Année de parution : 2012
Titre en VO : Apartment 16
Année de parution en VO : 2010
Format : AZW

A lire si : 
- Vous aimez le gore
- Vous voulez quelque chose qui change un peu du manoir hanté

A ne pas lire si :
- Vous voulez un auteur qui sait où il va
- Vous ne voulez pas du gore pour du gore

Présentation de l'éditeur 

Certaines portes devraient toujours rester fermer...
A Barrington House, un immeuble de grand standing dans un quartier chic de Londres, un appartement est inoccupé. Personne n'y entre, personne n'en sort. Et c'est comme ça depuis cinquante ans.
Jusqu'au jour où April, une jeune Américaine, débarque à Barrington House pour visiter l'appartement que lui a légué une mystérieuse grand-tante. Cette dernière, morte dans d'étranges circonstances, a laissé un journal intime où elle révèle avoir été impliquée dans des événements atroces et inexplicables, plusieurs décennies auparavant.
Résolue à découvrir la vérité sur ce qui est arrivé à sa tante, April commence à reconstituer l'histoire secrète de Barrington House. Une force maléfique habite l'immeuble et l'entrée de l'appartement seize donne sur quelque chose de terrifiant et d'inimaginable...

Mon avis

J'étais plutôt emballée par ce roman en lisant sa quatrième. Je trouvais sympa d'avoir un appartement hanté, et non un vieux manoir comme on peut avoir l'habitude de lire et puis, ça avait quand même l'air bien sympa. C'est vrai, quoi, un appartement hanté (mais attention, ce n'est pas celui dont la protagoniste hérite), de vieux secrets et une entité maléfique, ça a tout pour plaire non ? C'était sans compté sur un récit qui tire sur le gore pour le plaisir et dont l'auteur m'a trop souvent perdu dans ses élucubrations. J'aurais dû le sentir dès les premières pages. 

Le prologue ne m'a pas plus. J'ai mis ça sur le compte de la fatigue, je l'ai lu vite fait avant de me coucher. Le lendemain, le premier chapitre est un peu mieux et me voilà à continuer. Sans être happée par l'histoire, je lis tranquillement. Puis, arrive à nouveau un chapitre avec Seth, protagoniste masculin qui partage le roman avec Apryl. Et là, je sais que je vais pas apprécié. Car, si tous les chapitres d'Apryl ont permis de relever à chaque fois le niveau, ceux de Seth l'enfonce méchamment. 

Apryl est américaine. Elle débarque à Londres suite au décès de sa grand tante Lilian. Sa mission : vendre rapidement l'appartement de celle-ci dans un quartier huppé. Mais quand elle découvre le bien et ce qu'il renferme, elle change d'avis. Elle veut d'abord savoir qu'elle a été la vie de cette femme qu'elle ne connait pas. C'est en trouvant les carnets de celle-ci qu'elle comprend que quelque chose ne va pas. Petit à petit, elle commence même à se sentir mal dans l'immeuble. D'après sa tante, tout ça viendrait d'un peintre fasciste ayant des accointances avec le diable, un certain Hessen. Apryl va mener sa petite enquête sur lui et ce qu'elle va découvrir est bien pire que ce qu'elle aurait pensé. En même temps, on suit aussi Seth, donc, gardien de nuit de l'immeuble. Parce qu'il s'est aventuré non loin de l'appartement 16, le voilà à faire des cauchemars et à être hanté par un étrange gamin. Petit à petit, il va sombrer dans la folie...

Comme je le disais, les parties avec Apryl ont été celles qui m'ont fait tenir, et encore. A vrai dire, tout aller bien jusqu'à ce qu'on commence à parler d'Hensen, le "méchant" de l'histoire. A partir de là, l'auteur part dans un délire que je n'ai que peu compris. On se retrouve avec un peintre maudit, fasciste, complétement obsédé par la mort et le mysticisme. Un bon gros fourre-tout de croyance qui finit par en faire une entité complétement hors sol. C'est trop, beaucoup trop. Et que dire des Amis de Hessen, qu'Apryl va rencontrer ? Je crois que ce chapitre-là a finit par m'achever tellement il est "trop" et cela même si j'avais décroché déjà avant. Car le problème du roman, c'est que comme son antagoniste, ça part un peu trop dans le trop, trop gore, trop malsain, trop de directions différentes aussi. Et on s'y perd sans prendre le moindre plaisir. 

On ajoute à ça du gore qui ne m'a pas plu. Bon d'habitude, je suis pas contre. J'aime bien même. Mais là, heu, non. Déjà parce que les descriptions sont pas oufs, mais alors pas du tout. C'est décousu, comme le reste du roman, en fait. Du coup, oui, y a du sang, des tripes et des boyaux (surtout dans les peintures) mais jamais rien qui finalement ne me fasse peur. Quant à l'intrigue, oui, elle est cousu de fils blanc et rien ne m'a étonné (à part que j'ai continué à lire en réalité).

Au final, je n'ai pas eu peur, je me suis même bien ennuyée. Le roman est aussi peu attrayant que mon avis dessus (je crois que je n'ai jamais fait aussi décousu, mais c'était tellement pas bon). Rien n'a sauvé ce roman du désastre, ni Apryl (et surtout pas son traitement par l'auteur)(oui, non, j'en ai pas parlé mais comment dire...), ni la conclusion. Bref, j'ai pas aimé du tout et je ne recommande pas.

jeudi 18 août 2022

Je suis ta nuit, Loïc le Borgne

 Vendu comme un Stephen King pour la jeunesse, Je suis ta nuit m'attiré un minimum grâce à sa belle couverture. Mais j'ai oublié que la couverture ne fait pas toujours le livre (et que parfois, même si j'aime pas, ça peut marquer).

Je suis ta nuit, Loïc le Borgne

Editeur : ActuSF
Collection : les trois souhaits
Année de parution : 2008 (mais 2020 chez actusf)
Format : AZW

A lire si :
- Vous aimez l'horreur
- Vous voulez un énorme reveaval année 80

A ne pas lire si :
- Vous ne voulez pas d'un énorme reveaval année 80

Présentation de l'éditeur : 

Été 1980, dans un village de Bretagne... Ils sont six copains, inséparables, rêvant à Star Wars, Goldorak et aux filles. Lors d'une partie de casse-bouteilles, ils découvrent le cadavre mutilé d'un vagabond.
C'est le début d'une cascade d'évènements terrifiants, mystérieux, dont les enfants sont l'épicentre. La peur s'installe dans le village et peu à peu, la bande comprend qu'une force maléfique rôde et qu'elle cherche à les détruire. Le Mal est-il de retour?

Mon avis

Je n'ai pas encore lu mon Stephen King estival (qui va probablement devenir un Stephen King automnal) et j'avais ce roman dans ma PAL numérique. Je me suis dit que comme on le comparait au Maitre, ça serait pas mal de le lire. Je suis donc partie le cœur léger dans ma lecture. Le résumé est plutôt pas mal, le début assez mystérieux pour tourner les pages : "Après le suicide de la meilleure amie de son fils, Pierre va se remémorer l'été de ses dix ans où suite à la découverte d'un cadavre, lui et sa bande d'amis vont découvrir ce qu'est le Mal". Franchement, ça m'a botté durant les premières minutes de ma lecture. Et puis, on est passé au récit en lui-même. Et j'ai un peu tiqué.

Le gros problème du roman, c'est la comparaison avec King. Mais vraiment. On est sur un livre qui ressemble beaucoup à Ca. Peut-être même un peu trop. Ben oui, on a une bande de copains qui entre dans l'adolescence (ils sont six, il n'y a qu'une fille) et qui vont devoir faire avec une entité qui peur prendre le contrôle de leur peur, des animaux et des êtres humains. Alors, perso, ma dernière lecture de Ca remonte à loin (très loin même, faudrait que je le reprogramme tiens), tout comme le visionnage de l'adaptation de 1990. IL n'empêche que quand j'ai lu certain passage, j'ai eu une impression de déjà vu. Il me semble que ça reste voulu par l'auteur, j'ai lu quelque part (mais où ? je n'arrive pas à m'en rappeler) qu'il y avait une volonté de s'en inspirer, de créer quelque chose de plus contemporain et peut-être aussi un peu plus accessible aux adolescents. Malheureusement, si l'hommage est là, je le trouve peut-être un peu trop appuyé. 

L'autre problème, c'est le reveaval 80. Oui, je n'aurais jamais cru écrire ça parce que perso, j'adore me repencher dans ces années-là. Mais là, j'ai eu l'impression d'avoir un inventaire de la pop-culture de cette année 1980, un amoncellement de noms de dessin animé, séries, jouets, films etc... Je trouve que c'est d'ailleurs un problème parfois récurant sur ce genre de roman, écrit bien après les années concernés par les nostalgiques, vouloir tout mettre, même si ça ne sert pas toujours l'histoire. Et ici, c'est bel et bien le cas. Des références sont utiles, mais d'autres sont juste là pour la nostalgie. Plus ennuyeux pour moi qui est connu la plupart des références (pas toute, je suis de 86), avoir droit pour beaucoup à une explication de ce qu'était quoi. Je trouve que ça coupe le récit. 

Voilà pour les deux problèmes que j'ai eu avec le roman. J'y ajouterais une narration qui ne m'a pas forcément emballée plus que ça mais qui ne m'a pas non plus posé plus de problème que ça. Bon, je me suis parfois ennuyée en lisant le roman, mais il n'y a pas que du mauvais et on va passer aux trucs sympa dedans. Et la première, c'est l'horreur. Des romans horrifiques pour ado, ça fait longtemps que je n'en ai pas lu. Ici, Loïc le Borgne part d'une légende réelle de Bretagne, celle du Bonhomme Nuit (créature qui vient la nuit pour punir les enfants turbulents) pour nous faire frissonner. Il a tendance à rester à la limite du fantastique, faisant en sorte que le lecteur s'interroge beaucoup sur la véracité de ce qu'il voit à travers les écrits et souvenirs de Pierre. Après tout, l'imaginaire enfantin est vaste, non ? D'ailleurs, il joue aussi beaucoup avec cette idée. Peut-être trop parfois. A vrai dire, ça m'a dérangé sur la fin du roman, qui donne une explication à tout ce qu'il a pu se passer tout en restant bien trop vague pour qu'on l'accepte réellement. 

L'autre bon point, c'est le déroulement du récit. Si je me suis ennuyée sur certains passages, je dois bien avouer que tout est fait pour que le lecteur ne quitte pas le roman. Moment de calme et de joie pure pour les enfants se mêlent à l'horreur la plus complète. D'ailleurs, c'est souvent en alternance, comme la scène dans la rivière ou même celle de l'église. Ce rythme, bien que répétitif, est plutôt agréable. Il permet surtout de faire monter la tension jusqu'à environ la moitié du roman. A partir de là, oubliez les moments joyeux, il n'y en aura pour ainsi dire plus, menant ainsi le lecteur dans une sorte de course contre la montre jusqu'à la fin de l'été. 

Mais vous savez ce qui fait que je sais que chez moi, le roman a bien fonctionné, finalement ? Entendre une porte grincée chez les beaux-parents alors qu'il faisait nuit noire m'a valu une bonne heure d'insomnie. Alors, oui, j'ai tendance à avoir peur pour pas grand chose souvent mais ça, généralement, ça ne me fait pas grand chose (je vis dans une maison qui passe son temps à grincer en tout sens, donc bon). Et c'est finalement cette réaction-là qui me fait dire que malgré ses défauts, le livre est plutôt pas mal. Il n'est certes pas à la hauteur d'un Ca, mais il fait le taff et c'est déjà pas mal.

mardi 16 août 2022

Into the Deep, Sophie Griselle

 Je rentre de vacances où je n'ai pas touché à mon ordinateur pendant presque quinze jours. Forcément, durant ce temps, j'ai lu, forcément. On va donc rattraper le retard que j'ai pu prendre dans les avis, surtout que depuis la dernière, j'ai fini trois romans (et que je ne devrais pas tarder à en finir un quatrième). Bref, comme souvent dans ces cas, je risque d'oublier certains points et autres et je m'en excuse. Et on commence avec Into the Deep, lecture parfaite pour les fortes chaleurs.

Into the Deep, Sophie Griselle

Editeur : Snag
Collection : 
Année de parution : 2022
Format : AZW

A lire si  
- Vous voulez une histoire de sirène 
- Vous aimez les profondeurs marines

A ne pas lire si 
- Vous n'aimez pas les romans où il y a beaucoup d'introspection

Présentation de l'éditeur : 

À plus de onze mille mètres de fond, la fosse océanique des Mariannes, au large de l'océan Pacifique : l'endroit le plus profond sur Terre…
C'est là que Sam Luzarche, jeune océanologue, découvre une créature qui pourrait bien remettre en question tout ce qu'il croyait savoir sur la science, sur les fonds marins et, en définitive, sur lui-même.

Mon avis

Je ne vais pas vous mentir, je n'aurais probablement pas mis les mains sur ce roman s'il n'avait été dans les recommandations du challenge SFFF2022. La faute a une couverture pas vraiment engageante à mon goût et à un résumé des plus laconiques. En vrai, et ça ce ne sont que mes gouts, je n'aime pas la police du titre. C'est couillon quand même comme un détail peut nous faire passer à côté d'un bouquin, surtout en numérique. Enfin bref, je ne suis pas non plus là pour débattre des choix de couvertures (enfin pas totalement). 

Le roman commence par un prologue expliquant le mystère de l'île Blackney. Se trouvant sur la fosse des Mariannes, elle est interdite depuis plus de vingt ans, suite à la disparition brutale de tous ses habitants, du jour au lendemain. D'après les membres de l'expédition ayant permis de les connaitre un peu plus, ils se seraient tous jeté dans la mer, ne laissant rien à part un immense vide. Depuis, Henry Luzarche, chef de l'expédition de l'époque, voue sa vie à découvrir ce qu'il a pu vraiment se passer. Plus de vingt ans plus tard, c'est son fils, Sam, chef de l'expédition Deep Challenger, qui fait une étrange découverte. Lors d'une nuit de tempête, il aperçoit une étrange créature dans la mer. La créature va rapidement l'obséder et lorsqu'il réussit enfin à mettre la main dessus, sa vie va basculer… 

J'étais super contente de me trouver face à une histoire de créature marine, qui plus est de sirène, qui n'allait pas m'offrir une histoire d'amour entre elle et son "découvreur". Mieux encore, j'allais avoir une approche scientifique de la chose et ça me bottait énormément. En plus de ça, le personne principal, aussi narrateur, Sam, semble aimer autant que moi la mer et les profondeurs. Bref, les premières pages m'ont beaucoup plu. En fait, tout allait bien jusqu'à ce que Sam capture la créature. A partir de là, j'ai commencé à avoir bien plus de mal à lire le roman, et cela jusqu'à sa fin. Pourtant, j'ai apprécié ma lecture. Oui, je sais, ça à l'air bizarre dit comme ça. Surtout que je n'ai pas tout à fait apprécier n'ont plus les personnages. Mais attendez, je vous explique.

On commence par les personnages. Sam est donc notre narrateur. C'est aussi un personnage dépressif, attiré par les abysses. Alors, forcément, notre Sam, il est pas joyeux joyeux. On ajoute à ça qu'il se trouve obsédé par la créature, au point d'accepter tout et n'importe quoi pour la garder avec lui, même la faire souffrir. Devant sa lâcheté, surtout face à son père ou face à Ophélie, sa compagne, j'ai souvent levé les yeux au ciel. Son côté "moi et les petits oiseaux" m'a aussi énervé. Il semble ne penser qu'à lui et à rien d'autre. Ce qui est d'ailleurs aussi le cas de son père, qui en plus de ça, est particulièrement méchant avec tout le monde. En réalité, son caractère correspond assez à son histoire et me dérange bien moins que celui de son fils. Il reste pour moi un personnage intéressant qui aurait mérité de ne pas être aussi marqué méchant de l'histoire (même si, il est bien l'un des antagonistes). Quant à Ophélie, la seule femme à faire  partie des personnages principaux (si on excepte la créature), elle ne prend de la consistance que lorsqu'elle se dresse enfin contre l'homme qu'elle aime pour la perdre presque aussitôt et ne devenir que la femme amoureuse qu'elle est. Pourtant, Ophélie sera le seul personnage à se faire voix de la raison et à parler bioéthique et éthique tout court. Or, j'aurais voulu que l'affrontement à ce sujet soit plus présent. En tout cas, il aurait pu prendre plus de place. Ce n'est pas le cas, puisque ce sont surtout les questionnements de Sam sur le mystère de l'île, son identité ou ses envie suicidaires qui auront le haut du panier. Et je trouve ça bien dommage en fait. Attention, je ne dis pas que ce n'est pas essentiel à l'histoire, ça serait faux mais ça prend bien trop de place par rapport à l'idée que je m'étais faite de la dite histoire.

Parce qu'effectivement, je crois que le problème entre Into the Deep et moi, c'est l'idée que je me suis faite de l'histoire assez rapidement. Pour moi, l'essentiel du roman se trouve dans la découverte de la créature, dans les secrets qu'elle contient et surtout dans la manière dont les scientifiques de l'équipe vont réagir face à tout ça. Or, le roman, qui englobe quand même tout ça, est aussi et surtout un affrontement père-fils qui tourne plutôt mal et une quête d'identité que j'ai vu venir de loin (oui, on se doute très vite de ce qu'il va se passer). Du coup, je me retrouve avec un roman qui a des thèmes que j'apprécie beaucoup et qui ne sont pas assez développé à mon goût mais aussi qui nous offre une énième confrontation enfant/parent qui n'a rien de nouveau et qui ne m'étonne que peu. Mais le roman reste bien écrit, agréable à lire et, même s'il n'est pas surprenant, assez prenant finalement. La fin m'a d'ailleurs bien tenu en haleine.

Alors oui, je suis sortie de ma lecture un peu déboussolée. Incapable sur le coup de savoir si j'ai aimé ou pas. En fait, c'était un peu plus compliqué que ça, comme vous avez pu le voir. Le roman a des points positifs qui ont d'ailleurs fait que je l'ai fini. Il a aussi des personnages trop peu nuancés à mon goût et des questionnements qui restent en suspens. Ca reste un roman plutôt sympa en soi, agréable à lire et rafraichissant vu la canicule qu'on s'est pris (même si on n'est pas allé aussi souvent que j'aurais souhaité dans la fosse des Mariannes)