Vendu comme un Stephen King pour la jeunesse, Je suis ta nuit m'attiré un minimum grâce à sa belle couverture. Mais j'ai oublié que la couverture ne fait pas toujours le livre (et que parfois, même si j'aime pas, ça peut marquer).
Je suis ta nuit, Loïc le Borgne
Editeur : ActuSF
Collection : les trois souhaits
Année de parution : 2008 (mais 2020 chez actusf)
Format : AZW
A lire si :
- Vous aimez l'horreur
- Vous voulez un énorme reveaval année 80
A ne pas lire si :
- Vous ne voulez pas d'un énorme reveaval année 80
Présentation de l'éditeur :
Été 1980, dans un village de Bretagne... Ils sont six copains, inséparables, rêvant à Star Wars, Goldorak et aux filles. Lors d'une partie de casse-bouteilles, ils découvrent le cadavre mutilé d'un vagabond.
C'est le début d'une cascade d'évènements terrifiants, mystérieux, dont les enfants sont l'épicentre. La peur s'installe dans le village et peu à peu, la bande comprend qu'une force maléfique rôde et qu'elle cherche à les détruire. Le Mal est-il de retour?
Mon avis
Je n'ai pas encore lu mon Stephen King estival (qui va probablement devenir un Stephen King automnal) et j'avais ce roman dans ma PAL numérique. Je me suis dit que comme on le comparait au Maitre, ça serait pas mal de le lire. Je suis donc partie le cœur léger dans ma lecture. Le résumé est plutôt pas mal, le début assez mystérieux pour tourner les pages : "Après le suicide de la meilleure amie de son fils, Pierre va se remémorer l'été de ses dix ans où suite à la découverte d'un cadavre, lui et sa bande d'amis vont découvrir ce qu'est le Mal". Franchement, ça m'a botté durant les premières minutes de ma lecture. Et puis, on est passé au récit en lui-même. Et j'ai un peu tiqué.
Le gros problème du roman, c'est la comparaison avec King. Mais vraiment. On est sur un livre qui ressemble beaucoup à Ca. Peut-être même un peu trop. Ben oui, on a une bande de copains qui entre dans l'adolescence (ils sont six, il n'y a qu'une fille) et qui vont devoir faire avec une entité qui peur prendre le contrôle de leur peur, des animaux et des êtres humains. Alors, perso, ma dernière lecture de Ca remonte à loin (très loin même, faudrait que je le reprogramme tiens), tout comme le visionnage de l'adaptation de 1990. IL n'empêche que quand j'ai lu certain passage, j'ai eu une impression de déjà vu. Il me semble que ça reste voulu par l'auteur, j'ai lu quelque part (mais où ? je n'arrive pas à m'en rappeler) qu'il y avait une volonté de s'en inspirer, de créer quelque chose de plus contemporain et peut-être aussi un peu plus accessible aux adolescents. Malheureusement, si l'hommage est là, je le trouve peut-être un peu trop appuyé.
L'autre problème, c'est le reveaval 80. Oui, je n'aurais jamais cru écrire ça parce que perso, j'adore me repencher dans ces années-là. Mais là, j'ai eu l'impression d'avoir un inventaire de la pop-culture de cette année 1980, un amoncellement de noms de dessin animé, séries, jouets, films etc... Je trouve que c'est d'ailleurs un problème parfois récurant sur ce genre de roman, écrit bien après les années concernés par les nostalgiques, vouloir tout mettre, même si ça ne sert pas toujours l'histoire. Et ici, c'est bel et bien le cas. Des références sont utiles, mais d'autres sont juste là pour la nostalgie. Plus ennuyeux pour moi qui est connu la plupart des références (pas toute, je suis de 86), avoir droit pour beaucoup à une explication de ce qu'était quoi. Je trouve que ça coupe le récit.
Voilà pour les deux problèmes que j'ai eu avec le roman. J'y ajouterais une narration qui ne m'a pas forcément emballée plus que ça mais qui ne m'a pas non plus posé plus de problème que ça. Bon, je me suis parfois ennuyée en lisant le roman, mais il n'y a pas que du mauvais et on va passer aux trucs sympa dedans. Et la première, c'est l'horreur. Des romans horrifiques pour ado, ça fait longtemps que je n'en ai pas lu. Ici, Loïc le Borgne part d'une légende réelle de Bretagne, celle du Bonhomme Nuit (créature qui vient la nuit pour punir les enfants turbulents) pour nous faire frissonner. Il a tendance à rester à la limite du fantastique, faisant en sorte que le lecteur s'interroge beaucoup sur la véracité de ce qu'il voit à travers les écrits et souvenirs de Pierre. Après tout, l'imaginaire enfantin est vaste, non ? D'ailleurs, il joue aussi beaucoup avec cette idée. Peut-être trop parfois. A vrai dire, ça m'a dérangé sur la fin du roman, qui donne une explication à tout ce qu'il a pu se passer tout en restant bien trop vague pour qu'on l'accepte réellement.
L'autre bon point, c'est le déroulement du récit. Si je me suis ennuyée sur certains passages, je dois bien avouer que tout est fait pour que le lecteur ne quitte pas le roman. Moment de calme et de joie pure pour les enfants se mêlent à l'horreur la plus complète. D'ailleurs, c'est souvent en alternance, comme la scène dans la rivière ou même celle de l'église. Ce rythme, bien que répétitif, est plutôt agréable. Il permet surtout de faire monter la tension jusqu'à environ la moitié du roman. A partir de là, oubliez les moments joyeux, il n'y en aura pour ainsi dire plus, menant ainsi le lecteur dans une sorte de course contre la montre jusqu'à la fin de l'été.
Mais vous savez ce qui fait que je sais que chez moi, le roman a bien fonctionné, finalement ? Entendre une porte grincée chez les beaux-parents alors qu'il faisait nuit noire m'a valu une bonne heure d'insomnie. Alors, oui, j'ai tendance à avoir peur pour pas grand chose souvent mais ça, généralement, ça ne me fait pas grand chose (je vis dans une maison qui passe son temps à grincer en tout sens, donc bon). Et c'est finalement cette réaction-là qui me fait dire que malgré ses défauts, le livre est plutôt pas mal. Il n'est certes pas à la hauteur d'un Ca, mais il fait le taff et c'est déjà pas mal.
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