vendredi 30 octobre 2015

Monstrueux, Natsuo Kirino

Si c'est ma tante qui m'a conseillé de lire Inio Asano, c'est son époux, mon oncle, qui m'a conseillé Natsuo Kirino. C'est d'ailleurs amusant que je lise les deux œuvres en même temps. Et donc, me voilà à découvrir le thriller à la japonaise avec ce livre.

Monstrueux, Natsuo Kirino

Editeur : Points
Collection : Thriller
Année de parution : 2009
Titre en VO : Grotesque (titre en fait de la version traduite en anglais)(je ne sais pas mettre les caractères japonais et impossible de les trouver sur le net)
Année de parution en VO : 2003
Nombre de pages : 716

A lire si :
- Vous voulez un récit polyphonique
- Vous vous interessez au système éducatif japonais et à certaines de ses conséquences
- Vous ne voulez pas du sanglant

A ne pas lire si :
- Vous voulez quelque chose qui fasse peur ou frisonner
- Vous aimez les personnages qui ne se lamentent pas.

Présentation de l'éditeur :

Ma sœur Yuriko était un monstre. Une beauté époustouflante, anormale. Elle nous méprisait, ma mère et moi. Seuls les hommes l'intéressaient. Quand elle avait quinze ans, le lycée de Tokyo tout entier lui est passé dessus. Elle pensait réussir grâce à son corps. Son cadavre a été retrouvé dans un meublé crasseux. Aujourd'hui, on me demande de témoigner...

Mon avis :

Il y a des livres où on a du mal à entrer mais où une fois que c'est fait, on a du mal à les lâcher. C'est ce qu'il s'est passé pour moi avec Monstrueux. Les premiers chapitres ont été durs. Parce que j'ai eu beaucoup de mal avec la narratrice, et puis, d'un coup, j'ai eu de plus en plus de mal à m'arrêter de lire le soir.

Monstreux est l'histoire du meurtre de deux prostituées, Yuriko et Kazue. Enfin non, c'est l'histoire de ces femmes ainsi que de celle de la sœur de l'une (et ancienne camarade d'école de l'autre), du tueur et de quelques personnes qui ont gravité autour à un moment où un autre. Si le meurtre est le début, il n'est pas non plus l’élément central du livre. D'ailleurs, on finirait presque par l'oublier. Kirino va se concentrer sur ce qui a pu amener les personnages à devenir ce qu'ils sont, de leur enfance à après les meurtres. Elle va se concentrer d'abord sur la personne qui a connu les deux femmes, à savoir la sœur de la première victime (la narratrice dont nous ne connaîtrons jamais ni le nom ni le prénom), puis nous aurons des passages des journaux intimes de Yuriko et de Kazue, un de l'assassin ainsi que, grâce à la sœur de Yuriko quelques moments de la vie d'autres personnes connaissant les deux prostituées. Le tout va essayer de montrer que finalement, tous semblaient destiné à ce qui leur arrive et cela depuis le lycée.

Car finalement, le sujet du livre est bien là. Les filles (la narratrice, sa soeur Yuriko et Kazue) ont toutes fait leurs années de lycée dans le prestigieux lycée de K., établissement plus que renommé, et c'est ce passage-là qui va forger les femmes qu'elles seront par la suite. Car les lycéennes forment diverses castes entre celles qui ont intégré le système K dès la maternelle et celles qui arrivent juste. Du coup, pour survivre au lycée, les filles doivent faire tout ce qui est possible. Yuriko profitera de sa beauté exceptionnelle, dû à son métissage, et commencera sa carrière d'escort girl, Kazue essayera d'être la meilleure en tout et la narratrice finira par donner l'impression de se détacher de tout cela. Petit à petit, leurs défauts vont s’agrandir pour devenir ce qu'elles sont. Mais ce n'est pas tout, le livre est aussi une critique de la vie professionnelle au japon, suite logique de celle à l'école. La dominance masculine se fait ressentir, plus particulièrement avec le travail de Kazue et on finit par comprendre ce qui va amener toutes ses personnes au drame final, le meurtre de deux d'entre elles.

Pour se faire, Kirino nous donne à lire des personnages tous très différent. D'abord la narratrice, qui, je l'avoue, m'a plutôt saoulé. Toujours en compétition avec sa sœur cadette, elle va finir par n'aimer rien ni personne, pas même elle. Aigrie dès le départ, jalouse de toute ce qui ne tourne pas autour d'elle, j'ai eu envie de lui foutre quelques baffes. Sans parler de ses années lycées où elle devient finalement la tortionnaire de Kazue pour voir jusqu'où sa naïveté peut l’entrainer. Puis, nous allons découvrir Yuriko à travers son journal. Yuriko à la beauté parfaite, Yuriko qui ne peut se passer des hommes et du sexe, et cela depuis l'entrée à l'adolescence. On découvre une femme emprisonnée par la façon dont les autres, surtout les hommes, la voit. Elle en est parfaitement consciente et s'en sert. C'est un personnage déjà plus compliqué que sa sœur et qu'on a réellement envie de prendre en pitié. Ensuite, il y a Zhang, le tueur. On va découvrir sa vie en Chine, la raison de sa venu au Japon et les rencontres qu'il aura avec les deux prostituées. J'avoue qu'à lui aussi je lui aurais bien foutu des baffes tant il apitoie durant une bonne partie de son récit. Et enfin, il y a Kazue. C'est le personnage le plus intéressant pour moi. Alors que jusque là, on pouvait la voir comme une pauvre fille bien naïve (vision de la narratrice), elle est en fait finalement bien plus. Elle a conscience de la dominance masculine, du fait qu'elle ne pourra pas aller plus haut que son poste dans son entreprise. Sa double vie est là pour la rassurer, lui montrer qu'elle peut manipuler les hommes, du moins, c'est ce qu'elle pense. Petit à petit, on comprend la femme et ses doutes, on comprend qui elle est et elle est complexe. J'ai aimé lire ses passages, bien plus intéressante que les autres. Mais il n'y a pas qu'eux quatre. On découvre aussi Mitsuru, ancienne camarade des trois femmes, qui a sombré dans le fanatisme religieux, rejoint une secte dont le système finalement ressemble à s'y m'apprendre à celui de K, on découvre alors une femme meurtri qui a commis des crimes atroces, une femme lucide aussi sur le pourquoi. Il y a Takashi, l'ancien mac de Yuriko alors qu'elle était au lycée et qui a continué sur cette voie. 

Monstrueux est donc plus une critique des débordements dut à cette partie du système éducatif japonais (attention, je ne dis pas que tout le système éducatif japonais est comme ça, hein) et de ce qui en découle finalement pour les personnes qui s'y frotte. Comme je le disais, si les meurtres sont le point de départ de l'histoire, ils n'en sont pas la finalité. On finit réellement par les oublier pour se pencher sur la psychologie des personnages. D'ailleurs, si l'on sait que Zhang a bien assassiné Yuriko, on n'est toujours pas sur qu'il est fait de même avec Kazue à la fin. Le tout est porté par une écriture plaisante (bon après, je le lis donc en français qui a été traduit de l'anglais, lui-même traduit du japonais, j'ai peut-être perdu quelques subtilités entre temps) et efficace. 

Au final, Monstrueux est un très bon livre, pas vraiment un thriller en lui-même, même s'il est classé dans ce genre-là, plus quelque chose de très psychologique. J'ai finalement adoré me plonger dedans, malgré la narratrice principale. Bref, il est vraiment à lire.

jeudi 29 octobre 2015

La fille de la plage, tome 2, Inio Asano

J'avais dis hier que je lirais le tome 2 de la Fille de la plage dans la semaine. Je n'ai pas vraiment tenu bien longtemps. Il faut dire que je voulais savoir ce qui allait arriver aux deux personnages principaux

La fille de la plage, tome 2, Inio Asano

Editeur : Imho
Collection : 
Année de parution : 2015
Titre en VO :  Umibe no onna no ko, book 2
Année de parution en VO : 2013
Nombre de pages : 190

A lire si :
- Vous voulez quelque chose d'assez contemplatif
- Vous voulez des dessins détaillés et presque réaliste

A ne pas lire si :
- Vous ne voulez pas de scène de sexe

Présentation de l'éditeur : 

Kosuke et Koume se sont quelques peu perdu de vu mais cette dernière n’arrive pas à oublier son ancien amant.

Mon avis

La fin du tome 1 nous laisse dans le flou le plus total et sur un événement plutôt traumatisant pour tout le monde. Le tome 2 commence peu de temps après. Suite à la fin du premier tome, Koume et Kosuke se sont éloignés l'un de l'autre. Lui s'enferme chez lui, ressasse plus que de raison et sombre un peu plus dans la dépression, elle essaie de continuer à vivre comme si de rien n'était. On retrouve forcément les thèmes déjà abordés dans le premier tome, cette jeunesse déchue, qui  ne contrôle pas grand chose malgré l'impression qu'elle a de le faire. On reste vraiment dans la lignée du premier tome.

J'ai vraiment apprécié leur évolution à tous les deux. La descende en enfer de Kosuke est parfaitement retransmise pour moi, comme le mal-être qui le ronge. Petit à petit, il se replie sur lui-même, ne ressent presque plus rien et puis d'un coup, sombre dans la colère et finit par se suicider socialement. C'est assez intense, surtout que beaucoup de passage sont entrecoupé par ceux avec Koume qui semble extérieurement restée une insouciante jeune japonaise concentrée sur ses études, ses copines et les sorties même si finalement rien ne va non plus pour elle. Disons qu'ils réagissent chacun différemment et que ce sont ses différences qui font que le manga me plait tellement, ces visions différentes du mal-être et de la manière dont il est géré (ou pas).

Le seul défaut finalement de la série sera pour moi sa fin, surtout côté Kosuke. Ce n'est pas un happy end mais presque et je trouve que ça tombe un peu trop comme un cheveu sur la soupe. Finalement, c'est donc celle côté Koume qui pour moi est la plus inintéressante parce qu'elle reste en demi-teinte.

Les dessins sont toujours aussi beau, toujours soigné au niveau des détails, sans en faire trop non plus. Je trouve d'ailleurs qu'ils retranscrivent un peu plus que dans le premier tome les sentiments des personnages du manga, plus particulièrement sur un passage vraiment intense.

Au final, c'est donc réellement une belle découverte que ce diptyque. J'ai vraiment aimé la manière dont il est mené, la chronologie un peu chamboulée, les thèmes qui y sont abordés ainsi que ce mélange de poésie et de scènes plus cru. J'ai d'ailleurs bien envie de lire un autre doptyque du mangaka,  Solanin.

lundi 26 octobre 2015

La fille de la plage, tome 1, Inio Asano

Je refais une incursion dans le manga, n'en n'ayant pas lu depuis janvier 2014 (tout de même). Cette fois, mon choix s'est arrêté sur la Fille de la Plage dont la couverture me plaisait beaucoup et dont le thème va presque de pair avec ma lecture papier du moment (je suis en pleine période japonaise à croire).

La fille de la plage, tome 1, Inio Asano

Editeur : Imho
Collection : 
Année de parution : 2015
Titre en VO :  Umibe no onna no ko, book 1
Année de parution en VO : 2011
Nombre de pages : 190

A lire si :
- Vous voulez quelque chose d'assez contemplatif
- Vous voulez des dessins détaillés et presque réaliste

A ne pas lire si :
- Vous ne voulez pas de scène de sexe

Présentation de l'éditeur :

 Dans une petite ville au bord de la mer, Koume, une jeune collégienne japonaise, vient de vivre une déception amoureuse. S’opère alors un rapprochement entre Koume et Kosuke, un garçon de son collège. C’est un amour à sens unique, en effet Kosuke s’est épris de la jeune fille. Au début leur relation est purement sexuelle mais celle-ci ne cessera d’évoluer au cours de l’histoire. Ce mêle alors toutes sortes de sentiments tel que la jalousie. Koume commence à s’attacher au jeune homme et tente alors de lui faire comprendre. Mais celui-ci ayant perdu tout sentiments et tout désir à son égard va se tourner vers autre chose, quelque chose de nouveau, la pénétration anale...

Mon avis

J'annonce dès le départ, la quatrième de couverture, du moins la dernière phrase peut induire certaines personnes en erreur. Si vous lisez le livre pour cette dernière phrase, vous pouvez de suite arrêté la lecture. Bref, après ceci, passons à l'avis en lui-même.

Je ne connaissais absolument pas le mangaka. Enfin, si, de nom, et je savais juste que l'une de mes tantes lit sa série Bonne Nuit Punpun (treize tomes, tous déjà édités aux Editions Kana). Enfin, si ma tante le lit, elle qui a des goûts compliqué et plutôt élitiste à la base, c'est que ça doit être bien. Et puis, le thème me plait bien, cette jeunesse désabusée qui fait tout pour se construire tout en se détruisant, ça me parle assez. Allez, hop, j'ai pris les deux tomes, j'ai lu le premier vendredi, et je lirais le second dans la semaine. 

L'histoire est celle de Koume, lycéenne en troisième année (elle doit donc avoir quelque chose comme 17 ans environ, 16 au début de l'histoire). Après une fort mauvaise expérience avec le beau gosse du lycée, qui la forçait à lui faire une fellation, elle va se servir de Kosuke, un garçon amoureux d'elle comme d'un sex-friend. Mais alors qu'un certain rapprochement se fait de son côté, le jeune homme lui semble totalement désabusé. A travers eux, on découvre la petite ville où ils vivent, ville portuaire comme tant d'autre, ni toute à fait vivante, ni tout à fait morte. Et puis, on découvre cette jeunesse, celle qui  ne sait pas vraiment où elle va, ce que va être son avenir et qui petit à petit se détruit sans même s'en rendre compte. Il faut dire que la pression qui baisse sur eux est plutôt énorme, bien plus que sur un élève français par exemple (ceci est prouvé, le système scolaire japonais est bien plus compliqué que le notre et fonctionne beaucoup à l'élistime). 

Si la relation entre Koume et Kosuke semble au départ apporter quelque chose aux deux, petit à petit, on va se rentre compte de la déliquescence des deux, surtout du jeune homme, et de la société qui les entoure. Koume ne saitt plus vraiment où elle en est, que se soit dans sa propre vie de lycéenne trop banale ou au niveau de ses sentiments. C'est l'adolescente de "base", qui a du mal avec le passage vers l'âge adulte. Pour Kosuke, c'est bien pire. Solitaire, complètement perdu et en pleine dépression, il va jouer à un jeu plutôt dangereux. Ils ne se retrouvent que pour coucher ensemble, sans, à la base, rien partager d'autre.

Toute l'histoire est parfaitement illustré. Le trait est beau, clair et en même temps détaillé surtout en ce qui concerne les décors. Les expressions des visages sont parfaitement rendues, sans en faire trop et de manière plutôt réaliste. Le découpage est agréable à lire (lecture japonaise) et les scènes de sexe sont rendu de manière à ne pas faire de ce tome un porno. Le tout est un ensemble à la fois cru et poétique, comme l'histoire en elle-même. 

Au final, j'ai apprécié ma lecture, c'est un manga. Ce n'est pas juste un manga érotique comme on pourrait le penser, derrière le sexe, on trouve surtout le désenchantement de la jeunesse (japonaise ou pas d'ailleurs, l'histoire fonctionnerait tout aussi bien avec des personnages occidentaux, je crois que ce thème là est plus qu'universel finalement). Bref, une jolie découverte.

jeudi 22 octobre 2015

La voie du Crépuscule, Sainte Marie des Ombres, tome 4, Sophie Dabat

Sainte Marie des Ombres est vraiment une série que j'apprécie beaucoup beaucoup. Je n'ai pas lu ce tome 4 juste après sa sortie, mais j'avais hâte de m'y plonger. Voilà la chose faite

La voie du Crépuscule, Sainte Marie des Ombres, tome 4, Sophie Dabat

Editeur : Bragelonne
Collection : Snark
Année de parution : 2015
Format : epub

A lire si
- Vous avez aimé le tome 1
- Vous aimez l'urban fantasy
- Vous aimez les héroines fortes mais avec de vrais faiblesses

A ne pas lire si 
- Trop tard le soir
- Vous n'aimez pas les personnages plutôt punk
- Vous n'aimez pas la "vulgarité"

Présentation de l'éditeur :

Je suis Lily Turner. Marja Baldursdottir. Marie Orier. Sainte Marie des Ombres.
 J’ai un corps, une âme, une identité – OK, plusieurs – et je ne veux pas disparaître ! Je me débats de toutes mes forces, je proteste, je hurle. Mes paupières sont ouvertes, mais je n’y vois rien. Alors j’attends. Je compte mes respirations. Non, ce n’est pas un cauchemar, c’est mon quotidien. Depuis mon réveil, ou depuis ce que ces illuminés appellent « la seconde Pentecôte », j’avale les Ombres au petit déjeuner. Littéralement.
 Au début, j’étais pas motivée... Mais quand des fanatiques ont commencé à se changer en torches humaines en mon nom, façon animation de fête foraine, mon auréole a beau battre la campagne, je me suis sentie concernée. Que voulez-vous, on ne se refait pas...

Mon avis

Marie m'avait manqué, je dois l'admettre. Il faut dire que la fin du tome trois m'avait marqué, laissé dans l'expectative. Qu'allait-il se passer, pour elle, pour Kerry, pour les autres ? Alors, je me suis replongée dans les Ombres, dans sa vie, avec un petit bonheur non dissimulé. Et j'ai eu du mal à le lâcher (même si j'ai réussi à le faire durant même pas une journée, pour lire les Foulards Rouges). Mais il faut dire que ce tome-là est bourré de tant et tant de chose qu'il est dur de le laisser de côté.

Marie a finalement pris le parti de "jouer à la Sainte". Ce n'est pas de gaieté de cœur, ni même qu'elle en a vraiment envie. Mais cela n'est pas de tout repos. Déjà, elle doit cohabiter avec Dylan, Basil et ses mercenaires mais aussi les zélotes de Dylan, bref que des gens qu'elle apprécie énormément... (ironie inside). Ensuite, parce que les séances sont épuisantes. Marie bouffe les ombres, pour de vrai. Elle les laisse venir en elle pour les assimiler, ce qui l'affaiblit, même si elle n'en dit rien aux autres. Et puis, en plus de ça, voilà qu'une fausse Sainte vient foutre le bordel.

La première partie du livre semble presque calme. On découvre les nouvelles dispositions de Marie, son retour à une vie presque normale. Cette partie se penche beaucoup sur elle, ses sentiments mais aussi sur les Ombres. Marie a changé. Les événements de la fin du tome trois l'ont changé. Son caractère reste le même, mais tout de même. Déjà, sa relation avec les Ballard passent au cran au dessus. Avoir eu la garde de Kerry pendant quelques six mois a rapproché les deux. A présent, Marie considère réellement la gamine comme sa propre fille. Quant au père de celle-ci, ils vont drôlement se rapprocher. Et je dois bien dire que même si je trouve que ça va vite, ça me fait plutôt plaisir. Surtout qu'au final, malgré l'évolution, on les retrouve souvent à s'affronter. 

Mais le plus important, il me semble, c'est clairement les Ombres dans cette partie. Pourquoi ? Parce qu'enfin, on commence à en apprendre plus sur elle. Non, nous ne savons pas encore pourquoi elles sont là, ce qui a pu les créer, par contre, ma supposition suite à la fin des tomes deux et trois étaient justes (oui, je n'en avais pas parlé, parce que c'était spoilé sinon). En découvrir un peu plus ne les rend pas forcément plus sympathiques mais répond à pas mal de question.

Et puis, alors que tout semble presque calme, une fausse sainte se pointe. La femme, Harriett, a fait parti du labo qui a "accueilli" Marie enfant, ainsi que de celui qui a récupéré son sang. Elle aurait pu faire beaucoup de chose avec les échantillons, essayé de créée un vaccin, un remède. A la place, elle se fait passer pour Sainte Marie des Ombres et ses fidèles s'immolent. Du coup, Marie va tout faire pour l'arrêter et c'est là que ça dérape.

La seconde partie a été particulièrement éprouvante à lire pour moi. Parce qu'elle met en avant Kerry autant que Marie. Parce que Kerry, six ans, semble devenir une mini-Sainte. Parce que Kerry va se retrouver prisonnière. C'est con mais dès que ça touche aux enfants, moi, ça me prend direct aux tripes (alors que ça aurait Djuka à sa place, par exemple, ça m'aurait pas fait le même effet). En plus de ça, la petite doit aussi faire avec ses sentiments, la peur de l'abandon et le reste. Kerry est peut-être le personnage qui finalement évolue le plus dans ce tome. Et puis, il faut dire qu'elle n'est vraiment pas de tout repos, pour personne. Sans parler de la fin, qui a bien failli me faire pleurer, mais vraiment. 

Au final, c'est un tome bien équilibré, respectant parfaitement Marie et les autres personnages ainsi que l'univers. D'ailleurs, j'ai beaucoup apprécié avoir enfin plus de données sur les Ombres, sur ce qu'elles sont. L'évolution de l'histoire se fait en presque douceur et l'auteure aborde des points sensibles pour moi, comme la famille, la reconstruction (celle de Marie, de Kerry ou encore des Soeurs de la Lune, mercenaires féminines ayant toutes subies la maltraitance et la violence conjugale) et puis d'autres, qu'elle approfondit un peu plus, la religion, la dévotion à toutes épreuves et ses ravages, les test de laboratoires. Et puis, oui, j'ai aussi beaucoup rit, et aussi pleuré (mais cette fin, putain). Maintenant, je n'ai plus qu'à attendre le tome 5 pour voir où tout cela va nous mener, et j'ai hâte, vraiment.

mercredi 21 octobre 2015

Red Flag, Les Foulards Rouges, Saison 2, Episode 5, Cécile Duquenne

Mon rendez-vous mensuel avec les Foulards Rouge est arrivé. Comme toujours, aussitôt chargé sur Ibook, aussitôt lu. Et comme toujours, je trouve ça trop trop court.

Red Flag, Les Foulards Rouges, Saison 2, Episode 5, Cécile Duquenne

Editeur : Bragelonne
Collection : Snark
Année de parution : 2015
Format : epub

A lire si : 
- Vous avez lu et aimé la première saison
- Vous voulez une série qui mélange les genres avec bonheur

A ne pas lire si :
-... (toujours pas trouvé pourquoi il ne faudrait pas les lires, les Foulards Rouges)

Présentation de l'éditeur : 

Retrouvez l'incroyable et saisissante Lara dans son périple avec la saison 2 des Foulards Rouges de Cécile Duquenne ! 

Mon avis

Nous revoilà de retour en Australie, dans la charmante ville de Tennant Creek. Suite à ce qu'il s'est passé durant l'épisode 4, Lara retourne seule dans la ville, tandis que Renaud et les jeunes vont attendre, pas si sagement que ça, qu'elle réussisse son coup. Mais tandis que Lara semble bien parti pour trouver les rebelles dans Tennant Creek, Matsumoto, celle qui a "créé' Renaud, compte bien déstabilisé le thaumathurge. Un épisode plein plein d'action et de révélation pour nos personnages (plein de possibilité de spoiler pour moi aussi, d'ailleurs) qui m'a fait réellement hurler à la fin (heureusement, Poupette et Chéri était déjà partis) à cause de ce cliffhanger terrible (Cécile, tu sais déjà ce que je pense de ce genre de fin, je ne vais pas le remettre, on est d'accord).

Bon, je vais donc essayer de ne pas trop trop spoiler, mais j'avoue que ça va être compliqué. Donc, lecteur, si tu ne veux pas savoir ce qu'il se passe, arrête ici ta lecture. Sur un épisode comme celui-ci, c'est soit je ne fais pas d'avis ici, soit je risque de spoiler. J'en suis désolée.

Reprenons donc. Cet épisode nous offre donc pas mal de surprise. Ce ne sont pas des surprises sur ce que nous reserve le Parti pour la Paix (même si), mais plus au niveau des personnages, surtout ceux qui vont graviter autour de Lara. Mais commençons par Renaud et les jeunes. Tandis qu'ils sont hors des murs de la ville, ils vont devoir subir une attaque, ou du moins une tentative d'intimidation, qui va plutôt bien fonctionner pour la peine. Heureusement, Renaud réussi à déjouer le tout, et en plus de ça, à faire mal à l'ennemi. Mais surtout, nos petits jeunes commencent doucement à comprendre ce qu'être thaumathurge veut dire. La leçon est plutôt dure à avaler, je l'avoue, mais là, ils sont plus que prêts, surtout Nikki qui semble soudain sortir de l'enfance et de la naïveté qui va avec. Leur évolution à tous augure du bon, mais aussi pour certain quelque chose de plutôt dur à gérer. 

Côté Lara, ça va un peu dans tous les sens, pas géographiquement parlant par contre. Par contre, elle va retrouver un certain nombre de personnes. Si je m'y attendais pour l'un, j'avoue que pour l'autre, je le voyais arriver plus tard dans l'aventure (style le dernier épisode, pour bien nous embêter quoi). Et les retrouvailles ne se passent pas forcément comme Lara l'aurait voulu. On s'en doutait, mais le lire est différent. J'aime bien quand l'auteur ne va pas à la facilité, et c'est rarement le cas avec Cécile. Ça promet aussi des moments forts sympa entre la personne et Renaud (hâte de voir ça, tiens). Et alors, la fin qui la concerne est simplement et purement un vrai calvaire pour nous. Je sens une fin de saison explosive, moi.

Finalement, je conclurais par "je hais les cliffhanger" (mais ça, on le savait déjà) et "c'est quand le nouvel épisode ?". Franchement, j'aime toujours autant la série et je ne m'en lasse absolument pas. En plus de ça, plus les épisodes avancent, plus on sent les points d'expériences qu'à pris Cécile Duquenne depuis le tout début de celle-ci (premier épisode sortie l'année dernière, après tout de même, six ans, il me semble, de gestation). L'écriture a mûri, l'histoire se complexifie réellement et les personnages sont toujours des plus intéressants. Bref, c'est bon, toujours autant mais c'est trop court !

jeudi 15 octobre 2015

La nuit tombée, Antoine Choplin

Je ne me souviens plus du pourquoi j'ai pris ce livre. Peut-être la quatrième de couverture, ou parce que ma libraire me l'avait conseillé. Il est resté un moment dans la PAL avant que je ne me décide à le lire du coup, ça n'aide pas à se souvenir. Et j'avoue que j'aurais dut le sortir un peu plus tôt, en fait.

La nuit tombée, Antoine Choplin

Editeur : Points
Collection :/
Année de parution : 2014 chez Points
Nombre de pages : 128

A lire si :
- Vous aimez les livres courts mais terriblement touchant
- Vous aimez les dialogues
- Vous aimez la poésie des mots

A ne pas lire si :
- Vous voulez quelque chose de particulière dur
- Vous voulez beaucoup d'action

Présentation de l'éditeur ;

Il a roulé longtemps sur sa moto à travers la campagne ukrainienne, Gouri. Il revient sur ses pas, dans sa vie d’autrefois, là où il a aimé. En ce lieu qui n’est plus qu’une zone sinistrée. Dans le village voisin, il croise ceux qui sont restés. La nuit tombe, les verres de vodka se vident et on se parle d’avant. Demain Gouri verra son passé délabré, demain seulement.

Mon avis

Il a des romans, même très court, qui marque énormément. Parce qu'il parle de l'une des plus grandes catastrophes de notre époque et de l'espoir aussi, parce qu'il est écrit avec des mots simples et pourtant particulièrement poétique, La Nuit Tombée fait, pour moi, parti de ces romans là. J'avoue que je ne savais pas trop à quoi m'attendre. Parce qu'il faut bien dire que la couverture de l'édition Points ne donne pas forcément beaucoup d'indice. Mais l'Express parlait de Vodka, de dialogue économe juste en dessous de la quatrième, d'ambiance pays de l'est, comme on peut se l'imaginer. Alors, j'ai lu.

Gouri revient chez lui, à bord de sa moto. Il revient vers la zone mais avant cela, il s'arrête chez un couple d'amis, resté là depuis la catastrophe. Parce que cela fait déjà deux ans et demi que le réacteur 4 a explosé, couvrant toute la zone d'un nuage radioactif, forçant les habitants à fuir (bien que trop tard). Depuis, la zone est totalement interdite par les autorités, même si certains continuent de s'y rendre. Ses amis vivent hors de la zone interdite, mais pas assez loin, bien sur. Dans leur village dévasté, ils essayent de continuer à vivre, malgré la maladie et la pauvreté. Durant le repas qui précéde son voyage dans la zone interdite, vers Pripiat (qui fut la ville la plus touchée, installée juste à côté de la centrale), nous allons découvrir ces personnes qui ont été là, celles qui sont restés et les conséquences de tout cela. Et nous allons aussi savoir pourquoi Gouri revient.

Le livre est surtout composé de dialogues. Tous les sentiments passent par là, il est rare de les avoir dans les parties descriptions (sauf dans les derniers chapitres), description qui sont d'ailleurs particulièrement courtes la plupart du temps. D'ailleurs, une chose qui peut perturbé, ce que les dialogues contiennent peu d'indication de ton. Petit à petit, les personnages vont se confier, sur leur vie, la catastrophe, l'avenir aussi. Ainsi on va découvrir ce couple de personne âgées qui ne rêvent que de retourner dans leur maison, un jeune garçon faisant d'horrible cauchemar depuis la catastrophe, le couple d'amis de Gouri, dont l'homme est gravement malade et Gouri lui-même, dont la fille est atteinte, elle aussi. Là où l'on pourrait penser que toutes ces personnes s’apitoient sur leur sort (il y aurait de quoi, tout de même), ils vont plutôt parler avec la nostalgie d'une certaine époque mais aussi beaucoup d'espoir. Et c'est beau, sans déconner. Parce que ces gens-là, ils sont la représentation de la plupart des personnes qui ont vécu a catastrophe de près, à qui on a menti et qui quelque part, même s'ils le savaient/savent, garde toujours l'espoir d'une vie meilleure.

Le tout est en plus parfaitement servi par l'écriture d'Antoine Choplin. Jamais il n'en fait trop ou ne tombe dans le patho. Il aligne les mots justes de manière à faire ressortir une certaine poésie de tout cela (sans parler des poèmes de Gouri). J'ai beaucoup aimé cette façon de raconter son histoire, parce qu'elle m'a bouleversé sans toutefois m'horrifier. Nous sommes bien d'accord, Tchernobyl fut une véritable catastrophe, humaine, économique, environnementale aussi, sans parler de la manière dont elle a été gérée (les habitants évacués seulement deux jours plus tard, la zone interdite bien trop petite...), mais ce qu'il en reste n'est pas que du désespoir ni de la laideur. 

Au final, j'ai donc beaucoup beaucoup aimé ce court roman, comme vous l'aurez surement compris. J'ai apprécié cet espèce d'optimisme qui en ressort, malgré le sujet et surtout le traitement du dit sujet. 

Pour finir, je voulais mettre un petit lien, une vidéo de la zone filmée par un drone, il y a quelques temps de ça déjà. C'est carrément émouvant là aussi, et je dois bien dire que ça va plutôt pas mal, du coup, avec le livre : https://www.youtube.com/watch?v=Eg2cTqqqDeM


mercredi 14 octobre 2015

Servir Froid, Joe Abercombrie

Dire qu'il m'aura fallu un mois pour réussir à lire ce roman. Première fois que je mets aussi longtemps avec du numérique. La faute à pas le temps, comme souvent. Parce qu'il est bien ce bouquin, même si un peu long parfois.

Servir Froid, Joe Abercombrie

Editeur : Bragelonne
Collection : fantasy
Année de parution : 2013
Titre en VO : Best served cold
Année de parution en VO : 2009
Format : epub

A lire si :
- Vous voulez de la fantasy plutôt renaissance sans créature magique
- Vous voulez de la vengeance
- Vous voulez des personnages plutôt complexes

A ne pas lire si :
- Vous n'aimez pas la violence
- Vous voulez quelque chose de plutôt court

Présentation de l'éditeur :

C’est le printemps en styrie. Et avec le printemps, vient la guerre. 
 La guerre est un enfer, mais c’est aussi un gagne-pain pour certains, comme Monza Murcatto, la plus célèbre et redoutée des mercenaires au service du grand-duc Orso. Ses victoires l’ont rendue très populaire... trop, même, au goût de ses employeurs. Trahie, jetée du haut d’une montagne et laissée pour morte, Monza se voit offrir en guise de récompense un corps brisé et une insatiable soif de vengeance. Quoi qu’il lui en coûte, sept hommes devront mourir. Elle aura pour alliés un soûlard des moins fiables, le plus fourbe des empoisonneurs, un meurtrier obsédé par les nombres et un barbare décidé à se racheter une conscience. C’est le printemps en styrie. 
Et avec le printemps, vient la vengeance.

Mon avis

Servir froid, ça faisait un petit moment qu'il m'inspirait ce roman dans ma PAL numérique. Acheté durant l'opé de Bragelonne (oui comme la plupart des Bragelonne depuis sur le blog), je n'ai eu de cesse de regarder sa jolie couverture. Et puis, chaque fois, je le trouvais tout de même ultra long (quelques 2060 pages sur l'iphone quand même). Finalement, je me suis plongée dedans mi-septembre. Et le temps à fait son oeuvre, le voilà enfin fini (la reprise de l'école est un frein à mes lectures numériques, y a pas à dire quand même).

L'histoire de Servir Froid est celle d'une vengeance. J'aime bien les histoires de vengeance moi, on y trouve souvent de fort bonne chose dedans, on y trouve malheureusement aussi parfois du très mauvais. Joe Abercombrie tourne sur le fort bon même si parfois il tombe dans quelques travers que l'on retrouve d'ailleurs régulièrement en fantasy. 

Monzcarro Murcatto avait tout pour réussir. Commandant général d'une armée de mercenaire, adulée par pas mal de monde, presque confidente du grand duc son employeur, vivant en parfaite harmonie avec son frère Benna... Bref, une vie plutôt sympa pour qui aime la guerre et l'argent bien gagné. Sauf que l'employeur, le grand duc Orso la trouve un peu trop populaire et a peur pour son trone. Ni une ni deux, le voilà qui assassine Benna et laisse la jeune femme pour morte (vu les coups puis la chute, elle aurait quand même du mourir, quoi). Lorsqu'elle se réveille, remise en état ou presque par un mystérieux homme, elle n'a plus qu'une envie, se venger du duc et de ceux qui ont tué son frère. Elle va donc se constituer un petit groupe de dur à cuire et autres autour d'elle pour réussir à tuer les sept qu'elle considère comme les assassins de son frère. A partir de là, c'est parti pour la vengeance.

Si la vengeance en elle-même est plutôt sympathique à lire pour ceux qui aiment le sang, les coups bas et les grandes batailles, elle n'est finalement pas le plus interessant du livre. Les personnages et leur motivation, voilà ce qu'à été la grande partie de plaisir pour moi. Parce qu'au début, j'avoue, j'ai eu un peu peur. La troupe est assez "banale" dans ce genre de roman. On retrouve Murcatto, la femme bafouée, Shivers et Cordial, les gros bras, Morveer et son apprentie, Day, les empoisonneurs, Vitari, la charmante tortionnaire ou encore Cosca, l'ancien mentor désabusé. Par contre, leurs traitements est plutôt bon, sans pour autant être follement original. Il n'empêche qu'éviter le manichéisme avec ce genre de personnage est parfois compliqué et que Abercombrie y arrive parfaitement. En plus de ça, j'ai plutôt apprécié d'avoir une bonne partie de leur passé et voir de quelle manière cela les influence pour l'aventure à venir. Sur ce point, c'est bien foutu, malgré quelques raccourcis...

Quant à la vengeance elle-même, il est des plus intéressant pour moi qui adore ça de voir tout ce qu'elle implique au niveau politique. J'adore les jeux politiques et là, j'ai été servie. Parce que si Monza n'a à sur le coup pas grand chose à faire de ce qu'il va se passer en tuant tout ce petit monde, elle va pourtant devoir faire avec les changements politiques que ses actions vont induire. Et petit à petit, elle va devoir elle aussi entrer dans le jeu politique d'une manière ou d'une autre. Et bien entendue, ces choix-là vont l'impliquer à elle mais aussi aux autres.

En plus de tout cela, je dois bien avouer que l'écriture d'Abercombrie est plaisante. C'est fluide, ça n'en fait pas trop, ni pas assez d'ailleurs. Franchement, si vous aimez les combats détaillés, vous en trouverez beaucoup dans Servir Froid. 

Au final, Servir Froid est un très bon roman fantasy, qui se lit bien (quand on a le temps, hein, pas comme moi) avec des personnages nombreux et passionnants et une histoire qui se tient parfaitement. On passe un très bon moment avec tout ce petit monde. Par contre, j'avoue une chose, va savoir pourquoi mais je me suis doutée de pas mal de chose dans la fin dès le début du livre (sans parler de la vengeance en elle-même, hein).

PS : une question à ceux qui ont lu la trilogie La Première Loi, c'est le même univers ou pas du tout ? Les quatrièmes de couverture m'y font penser. Et si oui, ça se passe avant ou après ?

lundi 12 octobre 2015

Même pas peur, Ingrid Astier

J'ai découvert Ingrid Astier avec Petit Eloge à la nuit, petit livre que j'avais apprécié puis avec une nouvelle dans Nevermind, 13 nouvelles grunges et noires que j'avais moins apprécié. Du coup, lorsque j'ai su qu'elle sortait un livre YA, je me suis dis que vu qu'elle semblait apprécié écrire autre chose que des polars, ça pourrait être sympa à lire. Et puis, Même pas peur, s'il n'avait pas été écrit par elle, me plaisait beaucoup au vu de sa quatrième de couverture.

Même pas peur, Ingrid Astier

Editeur : Syros
Collection : /
Année de parution :2015
Nombre de pages : 179

A lire si :
- Vous voulez une belle histoire
- Vous voulez un narrateur (important, vu le thème)
- Vous aimez les beaux paysages et les beaux sentiments

A ne pas lire si :
- Vous ne voulez pas de triangle amoureux (ou alors un vrai de vrai)
- Vous n'avez rien à faire des amours adolescentes

Présentation de l'éditeur :

Sur l'île d'Yeu, deux garçons et une fille s'apprêtent à faire une chasse aux trésors. Mica semble inaccessible à Stephan mais proche de Phil. Stephan est jaloux et veut tout faire pour compter aux yeux de Mica.

Mon avis

Que peut donc donner une auteure habituée au polar lorsqu'elle passe d'un genre noir à quelque chose censé être plus léger (censé oui), le Young-adult ou jeunesse en français ? C'est une question que l'on peut se poser, les thèmes étaient parfois à contre courant. Mais avec les auteurs francophones, on se rend vite compte que changer de genre n'est pas vraiment un problème. Du moins, c'est ce que j'ai pu remarqué au fils de mes lectures. Il est plus rare de voir un auteur américain écrire des genres aussi opposés (ça arrive, hein, mais c'est plus rare).

Même pas peur se déroule sur l'île d'Yeu, durant une période très courte, une seule et même journée. Cette journée, c'est celle de la chasse aux trésors annuelle à laquelle participe tous les jeunes ou presque de l'île. Stephan et sa bande de copains comptent bien y participer et la gagner. Mais c'est sans compter la rivalité entre lui et son meilleur ami Phil, pour la belle Mica.

La première chose marquante dans Même pas peur, c'est le narrateur. Oui, narrateur et pas narratrice. Quand on lit un livre avec en plein milieu un triangle amoureux et une histoire d'amour donc, on est plutôt habituée (enfin, moi) à trouver une narratrice, souvent fort gnangnan. Ici, Astier prend le parti de raconter son histoire par le biais d'un jeune homme de seize ans, plutôt casse-cou. Je dois dire que le jeune Stephan m'a particulièrement touché. Les autres personnages sont tous aussi attachants. Même si Phil, vu par Stephan à ce moment-là, parait être un bon petit con prétentieux, ce n'est pas vraiment le cas. Au niveau des filles, je suis plutôt contente qu'on ne voit pas Mica exclusivement par Stephan, sinon, elle m'aurait paru bien gourde. Non c'est une ado comme les autres qui  ne sait malheureusement pas vraiment où elle en est. Milena, l'autre fille, plus effacée dans le texte reste tout aussi intéressante. Il est juste dommage qu'elle ne soit finalement là que pour donner une sorte de "rivale" à Mica. Pour le reste du groupe, je dois avouer qu'ils m'ont fait penser à mes copains d'adolescence, tout comme les personnages principaux, et c'est surement pour cela que j'ai tant aimé les personnages.

D'ailleurs, c'est quelque chose qui m'a marqué, ça, le fait de retrouver une petite part de ma propre adolescence dans ce roman. Je dis ça parce que souvent, je trouve les romans jeunesse/YA un peu exagéré au niveau des relations ou même des personnages. Ici, ce n'est pas vraiment le cas. Oui, il y a quelques exagérations, mais finalement, pas vraiment. On retrouve bien l'esprit des adolescents de quinze-seize ans, cet amour du risque, de l'aventure et le temps des vacances.

Ensuite, il y a l'île d'Yeu. J'avoue ne pas du tout la connaitre mais avoir une véritable envie de m'y rendre. L'auteure connait l'île pour y aller régulièrement d'après ce que j'ai cru comprendre et l'on voit qu'elle aime réellement l'endroit. Les descriptions y sont simples mais détaillées et donnent vraiment envie de s'y rendre. Franchement, c'est une destination à ajouter à mon carnet de futurs voyages. En plus de ça, les décors plutot sauvages de l'île vont, je trouve, très bien avec l'histoire.

Et parlons-en de l'histoire. Si la chasse au trésor n'est finalement qu'un pretexte, ce sont les sentiments de Stephan qui prenne le pas sur tout le livre. Si on peut penser que l'on va tomber dans le mièvre, on se trompe. Stephan a beau être fou amoureux de Mica depuis des lustres, a beau être pour cela en compétition avec Phil, il n'en reste pas moins lucide. Et finalement, ce sont les questionnements d'un adolescent sur la vie en général qui viennent émaillé le texte avec parfois des réponses, souvent non. C'est là qu'est toute la saveur du livre et qui fait qu'il va plaire, je pense, autant aux adolescents qu'aux adultes.

Au final, j'ai vraiment été conquise par Même pas peur et ses personnages. Je me suis retrouvée quelques dix ans en arrière durant ma lecture (le coup de vieux, là par contre), et lorsqu'un livre me fait remonter comme ça dans mes souvenirs, c'est généralement qu'il a tout bon. Son seul défaut ? Parfois Astier a voulu trop en faire dans le jeune, et on sent que comme moi, elle ne l'est plus vraiment. Mais ça reste minime.

Pour finir, quelques citations (ça faisait longtemps en plus)

"Et quand je serai adulte, le col serré dans une chemise, à traiter de grandes affaires avec l'air le plus sérieux du monde, est-ce que l'amour restera le seul sujet ? Est-ce que je parlerai bilan de l'année, tandis que mon cœur, sous ma belle chemise blanche, continuera de saigner ?"
"Mais, en matière de sentiments, je le dis, peu d'hommes ont le courage de leurs couilles."
"Quand on ne sait pas quoi faire de ses sentiments l'océan semble trop grand."

mercredi 7 octobre 2015

Les Dragons de Sa Majesté, Téméraire, tome 1, Naomi Novik

Parlez-moi dragon et uchronie et je me jette sur le livre en question. Ajoutez une belle couverture, et il est sur que je vais le prendre. Ce fut le cas pour ce tome 1 de Téméraire, suivi par son tome 2 alors que je n'avais pas commencé le premier.

Les Dragons de Sa Majesté, Téméraire, tome 1, Naomi Novik

Editeur : Pocket
Collection : Fantasy
Année de parution : 2009
Titre en VO : Temeraire, book 1: His Majesty's Dragon
Année de parution en VO : 2006
Nombre de pages : 435

A lire si :
- Vous voulez de la guerre napoléonienne avec des dragons
- Vous aimez les dragons
- Vous voulez une belle amitié

A ne pas lire si :
- Vous ne voulez pas de bataille
- Vous ne voulez pas de parcours iniatique

Présentation de l'éditeur :


Alors que les guerres napoléoniennes font rage, le jeune capitaine Will Laurence fait une découverte qui va changer le cours de sa vie.
Son vaisseau vient en effet de capturer une frégate française et sa cargaison : un oeuf de dragon très rare. Les dragons sont utilisés dans les combats aériens par la plupart des nations. Mais celui que va découvrir Will n'est pas tout à fait comme les autres... Ainsi commence l'histoire d'une amitié indéfectible entre le fabuleux dragon Téméraire et son jeune pilote. Ensemble, ils vont devoir apprendre les tactiques périlleuses de la guerre aérienne.
Car la France, dirigée par un Bonaparte plus audacieux que jamais, rassemble ses propres créatures pour transporter ses troupes sur le sol britannique. Laurence et Téméraire se préparent à subir leur baptême du feu !


Mon avis

Je m'étais dis il y a quelques temps que si je devais commencer une nouvelle série, il fallait qu'elle soit courte. Genre pas plus de quatre livres. Non parce que quand on voit la Roue de Temps ou le Trône de Fer, ça fait quand même des séries super longues à lire. Et puis, il a fallu que je tombe sur ce livre-là. Il était beau (il l'est toujours) à la librairie. J'ai vu le petit 1 sur la couverture, je me suis dit que j'étais un peu dans la moise. J'ai vu neuf autres tomes, et puis un dixième à paraître. Je repasserais donc pour la série courte... Je me suis dit qu'avec un peu de chance, le livre me plaira pas, etc etc. Je me suis menti, nous sommes d'accord. Il faut dire que les Dragons de Sa Majesté est un fort bon tome un, et qu'il a beaucoup trop de chose pour me plaire. Je suis faible, je le sais.

Commençons par l'histoire. Nous voilà dans une uchronie fort sympathique période Napoléon, et du côté anglais. Ici, les dragons existent et servent d'arme. Ils sont les forces aériennes de chaque armée, prêts à tout pour défendre leur pays. C'est donc en plein guerre napoléonienne, alors que Bonaparte compte conquérir l’Angleterre que commence l'histoire pour Laurence, capitaine du HMS Reliant. En plein milieu de l'atlantique, le Reliant capture une frégate française. Dedans, l'équipage découvre un oeuf de dragon sur le point d'éclore. Lorsque cela arrive, Laurence l'harnache, bien malgré lui, afin que le précieux dragon puisse entrer dans le corps d'armée anglais. A partir de là, la vie du capitaine va totalement changer. Il quitte la Navy pour l'Aerial Corps, un corps d'armé pas franchement super apprécié par beaucoup de monde malgré sa grande utilité, doit suivre un entrainement intensif et enfin entrer dans la guerre sur Téméraire, le jeune dragon. 

Comme il s'agit d'un premier tome, tout nous est expliqué. J'ai particulièrement apprécié tous les passages où l'on en apprend plus sur Téméraire, dragon réellement surprenant et attachant, ainsi que sur le fonctionnement des Aerial Corps. D'ailleurs, voir un Laurence, ancien capitaine de la Navy assez guindé, s'offusquer de ce qu'il se passe chez les Corps est assez amusant, tant ceux-ci se fichent complètement des convenances. Ça donne des scènes plutôt amusantes à lire. Le parcours initiatique des deux est globalement intéressant, surtout en ce qui concerne la partie entrainement de nos deux personnages. Les différentes rencontres qu'ils vont faire, que se soit dragonnesque ou humaine vont beaucoup leur apporter. 

D'ailleurs, venons-en aux personnages. Laurence est parfois un peu trop collé monté et souvent trop droit dans ses bottes. Il est le parfait héros, peut-être parfois un peu trop. Heureusement, il a quelques défauts tout de même et surtout son amitié pour Téméraire pour le rendre parfaitement sympathique. Téméraire lui aussi est presque trop parfait mais jeune, très jeune ce qui fait qu'on s'attache à lui très très rapidement. Côté personnages secondaires, il y en a un petit paquet, tous plutôt bien caractérisés que se soit côté humain ou dragon. Mais je dois avouer que j'ai une préférence pour la plupart des dragons, ils ont ce petit quelque chose qui fait qu'on s'attache à eux directement, et pas que le fait que se soit des dragons (même si je surkiffe les dragons). 

Au final, j'ai beaucoup beaucoup aimé donc. Déjà pour l'uchronie bien sympa, qui respecte pas tout à fait (forcément) ce qu'il a pu se passer avec un élément uchronique qui me fait avoir des papillons dans le ventre (pourquoi n'y a-t-il pas plus de livre aussi sympa avec des dragons, franchement). C'est bien foutu, avec des personnages fort sympathiques et intéressant et surtout, ça promet au moins un bon tome deux (en espérant que les tomes trois à neuf seront tout aussi bon aussi hein). En plus de ça, les batailles sont terriblement angoissantes pour tout le monde et pas du tout traité à la va-vite ou trop techniquement et les moments de calme la plupart du temps tout mignon nous offre de belles surprise (et les deux auront finalement réussi à me faire presque pleurer tiens). Téméraire risque donc fortement de devenir une série coup de cœur.