jeudi 15 octobre 2015

La nuit tombée, Antoine Choplin

Je ne me souviens plus du pourquoi j'ai pris ce livre. Peut-être la quatrième de couverture, ou parce que ma libraire me l'avait conseillé. Il est resté un moment dans la PAL avant que je ne me décide à le lire du coup, ça n'aide pas à se souvenir. Et j'avoue que j'aurais dut le sortir un peu plus tôt, en fait.

La nuit tombée, Antoine Choplin

Editeur : Points
Collection :/
Année de parution : 2014 chez Points
Nombre de pages : 128

A lire si :
- Vous aimez les livres courts mais terriblement touchant
- Vous aimez les dialogues
- Vous aimez la poésie des mots

A ne pas lire si :
- Vous voulez quelque chose de particulière dur
- Vous voulez beaucoup d'action

Présentation de l'éditeur ;

Il a roulé longtemps sur sa moto à travers la campagne ukrainienne, Gouri. Il revient sur ses pas, dans sa vie d’autrefois, là où il a aimé. En ce lieu qui n’est plus qu’une zone sinistrée. Dans le village voisin, il croise ceux qui sont restés. La nuit tombe, les verres de vodka se vident et on se parle d’avant. Demain Gouri verra son passé délabré, demain seulement.

Mon avis

Il a des romans, même très court, qui marque énormément. Parce qu'il parle de l'une des plus grandes catastrophes de notre époque et de l'espoir aussi, parce qu'il est écrit avec des mots simples et pourtant particulièrement poétique, La Nuit Tombée fait, pour moi, parti de ces romans là. J'avoue que je ne savais pas trop à quoi m'attendre. Parce qu'il faut bien dire que la couverture de l'édition Points ne donne pas forcément beaucoup d'indice. Mais l'Express parlait de Vodka, de dialogue économe juste en dessous de la quatrième, d'ambiance pays de l'est, comme on peut se l'imaginer. Alors, j'ai lu.

Gouri revient chez lui, à bord de sa moto. Il revient vers la zone mais avant cela, il s'arrête chez un couple d'amis, resté là depuis la catastrophe. Parce que cela fait déjà deux ans et demi que le réacteur 4 a explosé, couvrant toute la zone d'un nuage radioactif, forçant les habitants à fuir (bien que trop tard). Depuis, la zone est totalement interdite par les autorités, même si certains continuent de s'y rendre. Ses amis vivent hors de la zone interdite, mais pas assez loin, bien sur. Dans leur village dévasté, ils essayent de continuer à vivre, malgré la maladie et la pauvreté. Durant le repas qui précéde son voyage dans la zone interdite, vers Pripiat (qui fut la ville la plus touchée, installée juste à côté de la centrale), nous allons découvrir ces personnes qui ont été là, celles qui sont restés et les conséquences de tout cela. Et nous allons aussi savoir pourquoi Gouri revient.

Le livre est surtout composé de dialogues. Tous les sentiments passent par là, il est rare de les avoir dans les parties descriptions (sauf dans les derniers chapitres), description qui sont d'ailleurs particulièrement courtes la plupart du temps. D'ailleurs, une chose qui peut perturbé, ce que les dialogues contiennent peu d'indication de ton. Petit à petit, les personnages vont se confier, sur leur vie, la catastrophe, l'avenir aussi. Ainsi on va découvrir ce couple de personne âgées qui ne rêvent que de retourner dans leur maison, un jeune garçon faisant d'horrible cauchemar depuis la catastrophe, le couple d'amis de Gouri, dont l'homme est gravement malade et Gouri lui-même, dont la fille est atteinte, elle aussi. Là où l'on pourrait penser que toutes ces personnes s’apitoient sur leur sort (il y aurait de quoi, tout de même), ils vont plutôt parler avec la nostalgie d'une certaine époque mais aussi beaucoup d'espoir. Et c'est beau, sans déconner. Parce que ces gens-là, ils sont la représentation de la plupart des personnes qui ont vécu a catastrophe de près, à qui on a menti et qui quelque part, même s'ils le savaient/savent, garde toujours l'espoir d'une vie meilleure.

Le tout est en plus parfaitement servi par l'écriture d'Antoine Choplin. Jamais il n'en fait trop ou ne tombe dans le patho. Il aligne les mots justes de manière à faire ressortir une certaine poésie de tout cela (sans parler des poèmes de Gouri). J'ai beaucoup aimé cette façon de raconter son histoire, parce qu'elle m'a bouleversé sans toutefois m'horrifier. Nous sommes bien d'accord, Tchernobyl fut une véritable catastrophe, humaine, économique, environnementale aussi, sans parler de la manière dont elle a été gérée (les habitants évacués seulement deux jours plus tard, la zone interdite bien trop petite...), mais ce qu'il en reste n'est pas que du désespoir ni de la laideur. 

Au final, j'ai donc beaucoup beaucoup aimé ce court roman, comme vous l'aurez surement compris. J'ai apprécié cet espèce d'optimisme qui en ressort, malgré le sujet et surtout le traitement du dit sujet. 

Pour finir, je voulais mettre un petit lien, une vidéo de la zone filmée par un drone, il y a quelques temps de ça déjà. C'est carrément émouvant là aussi, et je dois bien dire que ça va plutôt pas mal, du coup, avec le livre : https://www.youtube.com/watch?v=Eg2cTqqqDeM


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