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vendredi 11 mars 2016

Flush : une biographie, Virginia Woolf

Depuis ma découverte de Virginia Woolf, je fais en sorte de mettre tous ses livres dans ma bibliothèque. Dire que j'apprécie ce qu'elle écrit est un doux euphémisme tant je suis éblouie par sa prose. 

Flush : une biographie, Virginia Woolf

Editeur : Le Bruit du Temps
Collection : /
Année de parution : 2010
Titre en VO : Flush : a biography
Année de parution en VO : 1933
Nombre de pages : 194

A lire si :
- Vous aimez la prose de Virginia
- Vous voulez la biographie d'un chien

A ne pas lire si :
- Vous vous attendez à beaucoup de dialogue (ça n'a jamais été le fort de Virginia Woolf en plus)
- Vous voulez vous concentrer seulement sur le chien

Présentation de l'éditeur : 

C'était le paysage humain qui l'émouvait. II semble que la Beauté, pour toucher les sens de Flush, dût être condensée d'abord, puis insufflée, poudre verte ou violette, par une seringue céleste, dans les profondeurs veloutées de ses narines ; et son extase, alors, ne s'exprimait pas en mots, mais en silencieuse adoration. Où Mrs. Browning voyait, Flush sentait ; il flairait quand elle eût écrit.

Mon avis

Flush fut écrit juste après les Vagues, un roman plutôt éprouvant pour son autrice. C'était alors une sorte de distraction, mais aussi une manière de rendre hommage à un ami disparu, Lytton Strachey. Étrangement, ce petit roman n'est pas très connu en France où il ne fut édité que deux fois, la première en 1935 et la seconde en 2010. Oui, ça craint un peu car s'il n'a pas la grandeur des Vagues par exemple, il n'en est pas moins bon. 

Pour ce texte, Virginia Woolf s'est penché sur la vie de Flush, un cocker. Pas n'importe lequel puisqu'il s'agit de celui d'Elizabeth Barret-Browning, grande poétesse anglaise qui défraya la chronique en son temps en s’enfuyant en Italie après son mariage secret. Barret-Browning n'est heureusement pas connu que pour cela, elle fut une grande autrice reconnue par tous. D'ailleurs, avouons que malgré Flush en sujet principal, c'est surtout d'elle qu'il est finalement question. Après tout, quoi de mieux que l'animal de compagnie, celui toujours présent, pour dresser un portrait du propriétaire ? C'est une approche que peu ose et que Virginia Woolf réussit avec l'art qu'on lui connait. Non contente de narrer la vie de la poétesse, elle va aussi nous décrire les émotions de Flush (presque humaine) et son approche des odeurs m'a beaucoup plu. Le tout avec humour, comme elle sait si souvent le faire mais qui parfois pourrait passer un peu inaperçu.

C'est un petit roman dense que cette biographie de Flush. Dense parce que la vie de Barret-Browning l'a était, mais surtout parce que Virginia écrit comme elle le fait d'habitude, c'est à dire avec le flux de pensée en arrière plan. Cette façon d'écrire peu en perturber certain, je dois avouer que je l'apprécie pour ma part énormément, cela permet de découvrir toujours plus de chose, importante ou non sur la vie des personnages ou l'époque. Oui, parfois, on se demande où elle veut en venir, mais jamais ce n'est anodin finalement. Régulièrement, Woolf utilise les mots même d'Elizabeth, ce qui donne une autre dimension à la biographie, nous offrant alors une certaine vision de la poétesse et tourne alors plus à la biographie de l'autrice que de son chien. On y découvre une femme passionnante sur laquelle il faudra que je me penche un peu plus.

Mais surtout, Flush, c'est beaucoup d'émotion, de sensualité aussi. Je crois que jusqu'ici, Virginia n'avait pas autant fait parler les émotions, les sens. C'est toujours fait avec une certaine pudeur, sans en faire trop. Mais quel plaisir de lire ce que peut ressentir ce cocker lorsqu'il découvre les rues, les gens, l'amour ou encore la colère, la peur... Virginia en profite aussi pour se pencher sur le problème de compréhension dut au langage entre l'homme et le chien, un problème qui peut se résoudre grâce à certain acte de l'un ou de l'autre. L'amitié qui s'épanouit entre Elizabeth et Flush est une amitié sincère, pure qui ne semble pas souffrir des faux semblants. Et puis, il y a l'humour, toujours présent, par petite touche, comme le premier paragraphe où elle se pose la question de l'origine du mot "épagneul". 

Au final, Flush est une oeuvre agréable, un bel exemple de l'art de Virginia Woolf. Je trouve réellement dommage qu'elle ne soit pas plus connue en France.

vendredi 5 février 2016

La Saga des Romanov, Jean des Cars

Je crois que cela c'est remarqué vu les derniers avis que j'ai posté, mais j'aime l'Histoire. Dans mes résolutions de l'année, il y avait lire un peu plus de non-fiction. Autant donc commencer avec un livre sur l'Histoire. Et comme la Russie et les Romanov m'ont toujours attiré, il ne fallait plus grand chose pour que je lise cette biographie de la Russie Impériale.

La Saga des Romanov, Jean des Cars

editeur : Perrin
Collection : Tempus
Année de parution : 2015
Nombre de pages :  413

A lire si :
- Vous voulez en connaitre plus sur tous les Romanov
- Vous voulez quelque chose d'assez romancé

A ne pas lire si :
- Vous voulez des dates à n'en plus finir

Présentation de l'éditeur : 

La Russie ne cesse de retrouver son passé impérial. Cette spectaculaire réconciliation a débuté en juillet 1998: lors de l'inhumation des restes de la fusille du dernier tsar, assassinée à Ekaterinbourg en 1918, Boris Eltsine demande publiquement pardon pour " les crimes du bolchevisme, du stalinisme et de leurs successeurs ". Jean des Cars, témoin privilégié de cette cérémonie, raconte coalisent la dynastie des Romanov, de 1613 à 1917, est à nouveau entrée dans l'Histoire. Si quelques hautes figures comme Pierre 1er le Grand ou Catherine II ont toujours été estimées, on assiste au retour dans la mémoire collective de Paul 1er Alexandre 1er ou encore Alexandre III. Le temps des tsars est reconsidéré après la désinformation imposée par la Révolution, la guerre civile et la dictature. Et la Russie d'aujourd'hui découvre enfin ses souverains, ceux qui ont bâti le plus vaste pays du monde. "La Russie vit à l'heure d'un grand pardon."

Mon avis

J'ai une passion pour les Romanov depuis, je l'avoue, que j'ai visionné Anastasia, le dessin animé de la Fox Animation Studio (et non pas de Disney, même si Don Bluth, l'un des réalisateurs sortait de chez eux)(ça c'est dit...). Alors que le dessin animé est totalement faux d'un point de vue historique (par exemple, les Romanov sont assassinés à St-Petersbourg dans le film, alors que dans la réalité, ils le sont à Ekaterinbourg, ou encore Raspoutine est toujours en vie, alors qu'il est mort en 1916, soit avant les Romanov), il m'a permis de faire une première fois connaissance avec cette famille si emblématique de la Russie. Il ne faut finalement pas grand-chose pour qu'une fillette de 11 s’intéresse à la fois au Pays et à la famille qui l'a gouverné durant tout de même trois siècles.

La sage des Romanov nous plonge dons à la découverte de ses hommes et femmes qui ont fait la Russie. Il commence par un avant-propos expliquant qu'en 2008 (année de parution du livre originale) les russes redécouvrent leur héritage et surtout réhabilite la mémoire des tsars. C'est fort intéressant, bien que très politique (forcément) pour ensuite partir sur les origines de la famille et des Stars Romanov. Ca va assez vite jusqu'à ce qu'on arrive à Pierre I, dit Pierre le Grand. A partir de là, et jusqu'à Nicolas II (qui n'est d'ailleurs pas le dernier Tsar, puisqu'il abdiqua en faveur de son frère qui régna une seule journée avant de faire de même) en passant par Catherine la Grande ou encore Alexandre I nous allons découvrir les différentes Tsars et Tsarines, certains plus rapidement que d'autres (la vie et surtout la Déchéance de Nicolas II et donc le déclin de la Russie Impériale prend une bonne place à la fin)

Ce que j'ai beaucoup apprécié c'est que nous n'avons pas seulement une longue suite de date d’événements importants (naissance, guerre, mort et j'en passe). Jean des Cars est un passionné (ça se sent vraiment), et il parle autant de guerre que de vie familiale et même de ceux qui ont entouré le Tsar. Il s'attarde sur des détails, passe rapidement sur d'autres choses, essai de nos offrir une vision intéressante et surtout pas ennuyeuse du personnages. Et il y arrive. Il faut dire aussi que les douze Romanov présentés offrent pas mal de personnalités différentes et avaient tous un petit quelque chose de différent des autres. Quelques exemples ? Pierre le Grand a fait exécuter son fils aîné (oui carrément, parce qu'il n'était pas d'accord avec lui)(en gros), Catherine II détrône son époux, son fils, Paul I, est connu pour être déséquilibré, il sera d'ailleurs assassiné avec la complicité, explicite du moins, de son fil Alexandre I (en fait, celui-ci ne fera rien pour sauver son père, alors qu'il se doute qu'il va être assassiné), Alexandre I dont la mort est plus que suspecte, puisque après celle-ci, un ermite sera considéré comme étant lui (et en plus, sa tombe est vide...). On ajoute à cela, les maîtresses, les amants, les complots et autant le dire, on ne s’ennuie pas une seconde et cela sans parler des petites guerres de maison, de vie politique extérieure ou des alliances/mésalliances qu'il y a pu avoir. Comme sa famille dirigeante, la Russie a plusieurs fois changé de visage et est riche d'un passé extrêmement mouvementée.

Mais Jean des Cars ne nous parle pas que des hommes et femmes, il parle aussi de la Russie elle-même, la personnifiant totalement, tout comme il va le faire de Saint-Petersbourg. Il est d'ailleurs fortement intéressant de voir comment et pourquoi la ville fut créée ainsi que la guerre entre elle et Moscou. Je connaissais la naissance de la capitale des Tsars, mais absolument pas l'importance de ce déplacement de capitale dans la vie russe (en fait, la ville représente la modernité voulue par Pierre le Grand, qui voulait se défaire des vieilles valeurs pour faire sortir la Russie du Moyen-âge). L'évolution du pays à partir du règne de Pierre I est incroyable par la vitesse qu'elle met à devenir moderne mais aussi par la lenteur dont elle s'est fait preuve régulièrement. Peu de Tsar et Tsarine auront finalement réussi à la faire évoluer réellement, mais lorsqu'ils y ont arrivé, ils l'ont plutôt bien fait. 

Au final, la saga des Romanov est dense, à l'image de ceux dont elle porte le nom mais absolument pas ennuyeuse. Elle est écrite pour être parlante aussi bien à des personnes qui connaissent le sujet qu'à des profanes. En plus de ça, la vie de ces hommes et femmes ainsi que de l'empire russe n'a rien à envier aux grandes sagas de fantasy (persuadée que le Trône de Fer, à côté, c'est rien quoi).




jeudi 4 septembre 2014

Steve Jobs, Celui qui rêvait le futur, Jason Quinn et Amit Tayal

J'ai offert cette bande dessinée à Chéri pour son anniversaire. Il aime beaucoup Steve Jobs et surtout Apple, c'était donc un cadeau parfait. Forcément, je n'ai pu m'empêcher de le lire. 

Steve Jobs, Celui qui rêvait le futur, Jason Quinn et Amit Tayal

Editeur : 21 g
Collection : Destins d'histoire
Année de parution : 2014
Nombre de pages : 107

A lire si :
- Vous voulez en découvrir plus sur le personnage
- Vous êtes un grand fan d'Apple
- Vous voulez une histoire romancée

A ne pas lire si :
- Vous voulez vraiment tout savoir sur monsieur Jobs
- Vous ne voulez pas d'un personnage vu d'une manière trop idéalisé

Présentation de l'éditeur : 

Personnage controversé, Steve Jobs a changé notre façon de travailler, de créer, de nous divertir et le monde dans lequel nous vivons. Enfant adopté, il a la chance de grandir dans la Silicon Valley, là où s'invente le futur depuis les années 60. Il y rencontre Steve Wozniak, un génie de l'électronique avec qui il invente le premier ordinateur personnel et crée Apple, une des entreprises les plus innovantes et profitables du monde. Viré d'Apple à 30 ans, c'est dans le cinéma, avec Pixar et Toy Story, qu'il va faire une seconde fois fortune avant de revenir aux commandes d'Apple et d'être la principale force créative derrière les services et les produits les plus révolutionnaires : iTunes, iStore, iPod, iPhone et iPad. De l'abandon à la révolte, du succès à l'échec et de nouveau au succès, du rejet de la société à sa transformation : la vie surprenante de celui qui rêvait le futur. 

Mon avis

Mon histoire avec Apple a commencé en même temps que celle avec mon mari. En grand fan de la marque à la pomme, il la faite entrée chez moi pour au final ne plus la faire sortir. Je ne suis pas une accro, mais j'avoue que j'aime beaucoup Apple. J'aime leur produit, je m'en sers quotidienne. Par contre, je ne connaissais pas du tout la vie de celui à qui je dois mon téléphone, mon ipad, mon ordinateur. Du coup, j'ai eu envie de lire cette bande dessinée, sachant parfaitement qu'elle ne refléterait surement jamais la vérité pure et dure.

Que l'on aime ou pas la marque Apple, je pense qu'elle a tout de même marqué les vingt dernières années, tout comme celui qui la représente, Steve Jobs. L'homme était charismatique lorsqu'il présentait les produits, il était un visionnaire pour beaucoup. Mais qu'en est-il vraiment ? cette BD hommage, et les auteurs ne se cachent pas sur cela, essaie de nous le montrer.

On découvre alors un homme vraiment complexe. Steve a eu une enfance plutôt compliqué. Enfant adopté (et le sachant parfaitement), mais aussi surdoué, il s'ennuie à l'école, n'a pas vraiment d'amis. Très tôt, il va croire en la magie du naturel, va devenir boudhiste et surtout va vouloir vivre ses rêves. Il est amusant de voir Steve Jobs en hippie, surtout que je ne l'imaginais pas du tout comme ça. 


La création d'Apple arrive rapidement et là, on va réellement découvrir l'homme derrière tout cela. Steve Jobs était un maniaque, un homme que je qualifierais d'insupportable, d'égocentrique, de gros con. Pourtant, c'était aussi l'homme qui réinventa notre quotidien, qu'on le veuille ou non. Beaucoup de progrès en matière d'ordinateur, de téléphone et autres viennent d'Apple et par là-même de lui. Pourtant, il se fera virer de la boite à cause de son sale caractère. Et là, j'ai découvert une autre facette de l'homme, celui qui a bossé chez Pixar. Chose que je ne savais pas du tout. Et là aussi, il va révolutionner l'industrie du cinéma, comme il a pu le faire avec celle des ordinateurs. Il va aussi se rendre compte qu'il n'y a pas qu'Apple dans la vie et prendre enfin ses responsabilités de père de famille. Son passage chez Pixar va lui faire énormément de bien. Jusqu'à ce qu'il revienne à Apple, grâce à Pixar (et où on se dit qu'il avait tout préparé, c'est pas possible). La suite, on la connait quasiment tous, ce sera l'iMac, puis l'Ipod et enfin l'Iphone et l'Ipad, et enfin son cancer puis sa mort.

Je dois bien dire que même si cette bande dessinée ne me fait pas plus aimé le personnage, elle offre vraiment une bonne vision de celui-ci. Et que comme pour les produits d'Apple, on ne reste vraiment pas indifférent à ce qu'il a vécu. L'homme était un visionnaire, c'est certain. Mais en même temps, heureusement qu'il n'était pas seul à faire Apple, et que ses équipes arrivaient à le supporter (je crois que je n'aurais jamais pu moi). Il est aussi très interessant de voir à quel point il pouvait être incompris et surtout qu'il n'a pas connu que des succès, ce que les gens ont tendance à oublier. La BD, bien que prenant le partie de l'hommage, et donc en positivant un peu trop Jobs, n'en manque pas moins de saveur et souvent, elle nous le fait apparaitre comme rustre et peu sur de lui. Je dois d'ailleurs avouer que j'avais peur que les auteurs nous le montre comme un espèce de super héros, ce qui n'est pas vraiment le cas.

Parlons aussi un peu des dessins. L'illustrateur, Amit Tayal, a choisi un style simple et épuré qui fonctionne parfaitement. Ainsi, nous nous concentrons plus sur l'histoire que sur les détails. Et ce style rappele grandement l'épuré que recherchait Steve Jobs pour ses produits. Tout comme la couverture rappelle grandement l'Ipad, un détail que j'ai bien apprécié.

Au final, je pense que toute personne s’intéressant un petit peu à Jobs et à sa firme trouvera son compte avec cette BD et qu'elle pourrait aussi plaire à ceux qui ne l'aime pas.

mardi 12 novembre 2013

Rien ne s'oppose à la nuit, Delphine de Vigan

Depuis que j'ai lu No et Moi, j'avais envie d'en découvrir plus sur son auteure. J'avais hésité entre Rien ne s'oppose à la nuit et les Heures Souterraines pour finalement prendre le plus récent des deux, dont l'histoire sur la quatrième de couverture me plaisait un peu plus.

Rien ne s'oppose à la nuit, Delphine de Vigan

Editeur : Le livre de poche
Collection : /
Année de parution : 2013 pour mon édition, 2011 pour l'originale
Nombre de pages : 408  

A lire si :
- Vous aimez les biographies/autobiographies
- Vous aimez pouvoir lire les réfléxions de l'auteur

A ne pas lire si :
- Vous voulez de la pure fiction

Présentation de l'éditeur :

« La douleur de Lucile, ma mère, a fait partie de notre enfance et plus tard de notre vie d’adulte, la douleur de Lucile sans doute nous constitue, ma sœur et moi, mais toute tentative d’explication est vouée à l’échec. L’écriture n’y peut rien, tout au plus me permet-elle de poser les questions et d’interroger la mémoire. La famille de Lucile, la nôtre par conséquent, a suscité tout au long de son histoire de nombreux hypothèses et commentaires. Les gens que j’ai croisés au cours de mes recherches parlent de fascination ; je l’ai souvent entendu dire dans mon enfance. Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l’écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd’hui je sais aussi qu’elle illustre, comme tant d’autres familles, le pouvoir de destruction du Verbe, et celui du silence. Le livre, peut-être, ne serait rien d’autre que ça, le récit de cette quête, contiendrait en lui-même sa propre genèse, ses errances narratives, ses tentatives inachevées. Mais il serait cet élan, de moi vers elle, hésitant et inabouti. » Dans cette enquête éblouissante au cœur de la mémoire familiale, où les souvenirs les plus lumineux côtoient les secrets les plus enfouis, ce sont toutes nos vies, nos failles et nos propres blessures que Delphine de Vigan déroule avec force.

Mon avis :

Je lis rarement de biographie, encore moins d'autobiographie. A la base, c'est un genre que je n'aime pas beaucoup. Mais ici, c'était autre chose. Oui il y a l'aspect biographie, l'aspect autobiographie mais pas que. Ici, Delphine de Vigan nous offre aussi sa vision de ce qu'elle écrit, ses doutes, ses peurs, le pourquoi elle fait ça.

Passons d'abord sur l'aspect biographique, que se soit lorsqu'elle nous conte l'histoire de Lucile, sa mère, à la troisième personne ou qu'elle passe à la première, une fois qu'elle est née. J'ai apprécié ces parties pour leur histoire. Car l'histoire de Lucille n'est pas simple. La famille de Lucile vit dans la souffrance, celle de la mort d'un enfant, de l'autorité du père, de la vie en générale. Outre cela, on découvre aussi une époque, une ambiance, que Delphine de Vigan a su rentrer sans tomber dans le patho, et cela aurait été très facile pour elle. J'ai aimé découvrir les personnages, voir comment toute la famille évolue à partir d'un évènement qui chamboulera à tous leur vie. J'ai apprécié suivre Lucile, ses frères et sœurs dans leur vie grâce à toutes les anecdotes que nous livre Delphine de Vigan. J'ai eu l'impression de lire un vrai roman, non pas une biographie (le fait que la mère de Delphine de Vigan ne soit pas une personne connue y joue aussi).

Mais ce que j'ai vraiment le plus aimé dans le livre, ce sont toutes les parties entre l'histoire, celle où l'auteure nous livre le pourquoi. Pourquoi elle écrit ça, pourquoi l'histoire de Lucile l'a hante, pourquoi il lui fallait écrire, pourquoi au final, elle comprendra les gestes de sa mère ou pas. J'ai aimé lire son cheminement. On découvre plus que la femme Lucile, on découvre aussi comment elle était vu par sa fille, comment elle a été mère, malgré sa maladie. C'est un témoignage fort que nous livre l'auteure dans cette partie qui s'entremêle avec l'histoire de sa mère. Mais c'est aussi une leçon sur l'écriture. Ce qu'elle apporte, ce qu'elle fait ressortir. C'est vraiment une partie particulièrement intéressante par son contenu mais aussi par son placement dans le texte. En effet, elle coupe le texte, le structure. Elle nous donne des indications que Delphine de Vigan ne donne pas dans l'histoire, les réactions de ses proches face à son initiative, ce qu'elle pense de toute ça.

Au final, j'ai aimé lire le livre, autant pour la partie "histoire biographique" que pour celle "pourquoi ?". La vie de Lucille et de sa famille n'étant pas faite que de petits bonheurs, mais de beaucoup de petits et grands malheurs qui la rendront comme elle est et qui lui feront faire son dernier geste. Et puis, toute la partie du pourquoi, qui documente parfaitement tout ça, qui donne sa dimension à ce livre.

samedi 25 mai 2013

Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée..., Kai Hermann & Horst Rieck

j'ai quelques problèmes de connexion en ce moment, du coup, je chronique ce livre seulement maintenant alors que cela fait déjà deux semaines que je l'ai fini. 

Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée..., Kai Hermann & Horst Rieck

Editeur : Folio
Collection : /
Année de parution : 1983
Titre en VO : Wir Kinder vom Bahnhof Zoo
Année de parution en VO : 1979
Nombre de page : 342

A lire si : 
- Vous aimez les biographies
- Vous avez le coeur bien accroché
- Vous avez envie de savoir pourquoi des enfants en viennent à se droguer

A ne pas lire si :
- Vous étes trop sensibles
- Vous ne voulez pas connaitre les ravages de la drogue

Présentation de l'éditeur

Ce livre terrible a connu un retentissement considérable en France et dans toute l'Europe. Ce que raconte cette jeune fille sensible et intelligente, qui, moins de deux ans après avoir fumé son premier «joint», se prostitue à la sortie de l'école pour gagner de quoi payer sa dose quotidienne d'héroïne, et la confession douloureuse de la mère font de Christiane F. un livre sans exemple. Il nous apprend beaucoup de choses, non seulement sur la drogue et le désespoir, mais aussi sur la détérioration du monde aujourd'hui.

Mon avis

J'avais envie de lire ce bouquin depuis très mais alors très longtemps. Je ne sais toujours pas ce qui m'a retenu de le faire pendant de nombreuses années. Peut-être le sujet, qui reste assez tabou même de nos jours. En tout cas, j'ai finalement ouvert le livre et j'ai commencé à lire. 

Le prologue fut le plus long à lire. Trop scientifique, trop psy, trop lourd. J'ai prié pour que le livre ne soit pas pareil et j'ai continué à lire. J'ai eu raison. Christiane va alors nous raconter son histoire, celle d'une enfant qui veut échapper à un monde qu'elle trouve dur, noir et terne. 

On commence par son enfance. Un père violent, une mère qui se laisse faire, voilà pour le moment les parents de Christiane.  Et puis il y a le déménagement à Berlin, à la citée Gropuis (sorte de cité HLM chez nous). Elle ne s'y fait pas, n'y a pas d'amis, rêve de son village. Petit à petit, Christiane va rencontrer la bande trop cool de la cité et va trainer avec. C'est alors le début de la déchéance de la jeune fille.

A 13 ans, elle commence la drogue. De la drogue douce, elle passe aux médocs puis au LSD pour enfin finir par l'héroine à 14 ans. Or pour se payer sa dose, elle va finir par se prostituer. La descente aux Enfers de Christiane semble se faire doucement mais surtout très logiquement. Plus elle monte en puissance au niveau drogue, plus on sent vraiment son mal-être mais aussi celui de la société allemande de fin 70. Christiane essayera de s'en sortir plus d'une fois dans son récit. Mais chaque fois, elle retombera.

Le livre est dur. Très dur. Christiane raconte son histoire d'une façon un peu détachée. Pour elle, ce qu'il se passe au fur et à mesure semble tellement normal. Le passage de la drogue douce à la dure, la prostitution, elle a toujours une bonne raison pour tout faire. Même lorsqu'elle se sèvre et retombe dans l’Héroïne. Elle nous raconte la mort de certains de ses amis (ou non), d'une manière particulièrement détachée. Et pourtant, lorsqu'elle parle de la sienne, elle n'est absolument pas détachée, on sent sa peur, alors que pour les autres, c'était presque logique.

Les propos de Christiane sont entrecoupés par des témoignages de diverses personnes, dont sa mère. Ce furent les plus dur témoignages pour moi. Me dire que cette femme, qui l'élève pourtant, n'a rien vu, n'a pas voulu voir peut-être, m'a fait mal au coeur, parce que je suis mère aussi et que je prie pour ne pas être dans sa situation. On sentait vraiment sa détresse à cette femme durant les quelques témoignages qu'elle livre.

J'ai été souvent "choquée" par les propos de Christiane. La vie des toxicos est peu connu, même de nos jours. Découvrir la prostitution des enfants pour se payer leur drogue a, je crois, été pour moi, mère, le plus dur à lire. Comment cela peut-il arriver ?

En tout cas, ce livre ne m'aura pas laissé indifférente. Pas du tout même. Il m'a retourné les tripes d'une manière dont je ne m'attendais pas du tout.

lundi 19 novembre 2012

Tim Burton, entretien avec Mark Salisbury

Il est rare que je lise ce genre de livre. Je ne suis pas très biographie de gens de cinéma. Pourtant, la simple vue du nom de Burton m'a fait prendre ce livre et à vrai dire, je l'ai lu assez rapidement, trouvant pas mal de chose bien sympa que je ne connaissais pas sur Burton, même si j'aurais peut-être préféré en savoir plus sur sa "vie privée".

Tim Burton, entretien avec Mark Salisbury

Editeur : Points
Collection : /
Année de parution : 2012 chez Points, 2009 chez Somatime
Titre en VO : Burton on Burton
Année de parution en VO : 2006
Nombre de pages : 400

 A lire si :
- Vous voulez en apprendre un peu plus sur Tim Burton
- Vous avez envie de connaitre un peu le processus créatif de Burton

A ne pas lire si
- vous voulez des détails sur sa vie privée


Présentation de l'éditeur

D'Edward aux mains d'argent à Sweeney Todd, en passant par L'Étrange noël de Mr Jack ou encore Big Fish : Tim Burton fait partie de ces quelques visionnaires du septième art qui ont réussi à créer à l'écran un véritable univers, à la fois novateur et complètement original.
D'ordinaire avare d'entretiens, Tim Burton parle ici pour la première fois à coeur ouvert. La complicité qui le lie à Mark Salisbury nous permet d'entrer avec ces conversations dans l'intimité du créateur, et de découvrir son jardin secret, peuplé de rêves et de cauchemars.
Il revient ainsi avec une rare sincérité sur son enfance, ses débuts chez Disney, sur les films qu'il a fait, ou qu'il n'a pas fait, sur ses relations difficiles avec les studios ; il évoque ses influences, son travail de dessinateur, d'illustrateur, et lève le voile sur ses obsessions et ses angoisses, sur ses zones d'ombre aussi. Enfin, il nous confie dans cet ouvrage exceptionnel illustré bon nombre d'anecdotes de tournage jusqu'ici totalement inédites.
Bien plus qu'un simple ouvrage d'entretiens, c'est un voyage au cœur même du cinéma de Tim Burton que nous vous proposons ici.

Mon avis

Il est assez dur de donner un avis pour moi sur un livre qui n'a pas vraiment de héros, d'histoire. Ici, tout tourne autour de Tim Burton et de ses films. Nous ne connaitrons pas par exemple l'année de sa naissance, ce qu'il a fait ado... Nous nous concentrons vraiment sur les films qu'il a pu réalisé ou produire.

Nous commençons cette édition-ci par deux préfaces de Johnny Depp et un de l'auteur. Les préfaces de Depp sont interessants dans le sens où il parle beaucoup de lui, un peu de Tim Burton... J'ai été un peu déçu d'ailleurs sur cela. J'aime bien l'acteur Depp, mais pas au point de lire sa vie personnelle comme ça. Le dernier préface est plus simple, retrançant un peu plus la vie de Burton.

Ensuite, nous suivons l'entretien, divisé en chapitres constitués par les films de Burton. Tout commence donc par un petit passage par l'enfance de Burton puis par la période Disney et le court métrage Vincent pour finir par Sweeney Todd. J'ai beaucoup aimé ce découpage, assez parlant. Je me suis aussi rendu compte que je ne connaissait pas toute la filmographie de Burton (et j'ai donc une nouvelle liste de film à trouver...). J'ai donc beaucoup apprécié le découpage fait dans cet entretien.

Parlons des remarques de Salisbury. Il est là pour donner le ton à Burton dans ses confidences. Il ne pose pas de question directe. En fait, il révèle beaucoup d’anecdote et laisse parler Burton. Ce qui j'avoue donne parfois des réponses assez étranges de la part du cinéaste. J'ai beaucoup aimé ces interventations qui nous en raconte parfois plus sur le film dont il est question que Burton lui-même.

Mais parlons de Tim Burton. Tout au long de l'entretien, on découvre un homme qui bien qu'il dise le contraire à garder une âme d'enfant. Il a surtout gardé des images très fortes des films qu'il a pu voir enfin, surtout ceux de la Hammer (compagnie faisant surtout des films dit d'horreur comme Frankenstein par exemple). Ce sont ces images parfois totalement différentes de la réalité qui ont nourri ces films.

On découvre aussi à travers cet entretien le fonctionnement des grandes compagnies de cinéma dont Disney ou Warner Bros. Burton et Salisbury explique assez bien le processus pour faire un film, de l'idée à sa conception. On se rend vraiment compte à quel point un cinéaste est dépendant de la compagnie qui produira son film. On se rend compte aussi à quel point compte les diverses associations entre le réalisateur, le musicien, le scripts... C'est vraiment une partie du livre que j'ai trouvé très interessante.

On découvre aussi au fils du livre, une petite centaine d'illustration faite par Burton lui-même pour la préparation de ses films. Elles sont égrainées au fils des pages, en ayant toujours un rapport avec ce que Burton raconte.

Mais il y a aussi quelques bémols dans cette lecture. J'ai trouvé que Burton parle trop souvent de certaines choses, comme la pression des compagnies de cinéma, ou encore le fait qu'il recherche le regard chez un acteur, que Depp n'a jamais été le choix premier des compagnies... J'avoue que parfois cela a été assez lassant. Le dernier bémol sera pour le mot de la fin. Il n'y en a pas vraiment. L'interview est coupée, sans un au revoir où une petite conclusion. C'est assez dérangeant pour moi.

Bon finalement, c'est un avis un peu déconstruit que voilà. J'ai aimé lire cet entretien mais j'avoue être bien incapable de donner un avis construit. C'est toujours assez compliqué lorsqu'il s'agit de ce genre de lecture.