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mercredi 24 mai 2023

Il est grand temps de rallumer les étoiles, Virginie Grimaldi

 J'avoue, j'ai besoin de feel-good en ce moment. Et Madame Grimaldi est bien connu pour ça. D'ailleurs, moi, j'avais bien aimé le Parfum du bonheur est plus fort sur la pluie. Et puis, il est grand temps( faisons court) a tout de même était nommé livre préféré des français par france 2. 

Il est grand temps de rallumer les étoiles, Virginie Grimaldi

Editeur : Fayard
Collection : 
Année de parution : 2018
Format : epub

A lire si : 
- Vous voulez une belle histoire familiale
- Vous aimez les road trip

A ne pas lire si : 
- Emotionnellement vous êtes quand même un peu fragile

Présentation de l'éditeur : 

Anna, 37 ans, croule sous le travail et les relances des huissiers. Ses filles, elle ne fait que les croiser au petit déjeuner. Sa vie défile, et elle l’observe depuis la bulle dans laquelle elle s’est enfermée. À 17 ans, Chloé a des rêves plein la tête mais a choisi d’y renoncer pour aider sa mère. Elle cherche de l’affection auprès des garçons, mais cela ne dure jamais. Comme le carrosse de Cendrillon, ils se transforment après l’amour. Lily, du haut de ses 12 ans, n’aime pas trop les gens. Elle préfère son rat, à qui elle a donné le nom de son père, parce qu’il a quitté le navire. Le jour où elle apprend que ses filles vont mal, Anna prend une décision folle : elle les embarque pour un périple en camping-car, direction la Scandinavie. Si on ne peut revenir en arrière, on peut choisir un autre chemin.

Mon avis

Je reste persuadée qu'il y a des moments dans notre vie ou un roman va plus nous parler qu'à un autre. C'est une des raisons que je lis finalement peu de roman de littérature blanche. Parce que ce n'est jamais vraiment le bon moment. ll est grand temps traine dans ma PAL depuis au moins deux bonnes années, si ce n'est plus. Il me faisait envie, à chaque fois que je le voyais dans le kindle. Mais je ne l'ai jamais ouvert jusque là. Ce n'était pas le moment. Qu'est-ce qui a fait que là, ça l'était ? Je ne sais pas trop. Mais il fallait que je le lise.

Anna à 37 ans. Epuisée par la vie, le boulot, et tout ce qui va autour, elle ne fait plus que croiser ses filles au petit déjeuner. Sa routine est bien forgée, tellement qu'elle ne voit pas ce qu'il se passe autour d'elle. Or, quand son patron la vire pour faire bosser sa maitresse, qu'elle se rend compte que son ainée, Chloé refuse de vivre ses rêves pour l'aider et que sa cadette est harcelée, rien ne va plus. Au bord du gouffre, autant psychologique que financier, elle prend une décision qui devrait changer leur vie, à toutes les trois. Elles partent en camping-car, direction la Scandinavie. De ce voyage, elle espère beaucoup et il va se révéler peut-être plus merveilleux que ce qu'elle ne le pensait, et cela malgré les disputes, les incidents et les surprises.

Je ne vais pas vous mentir, ceci est un coup de cœur. Un de ces livres que j'ai eu du mal à lâcher, qui m'a fait passer du rire aux larmes, qui m'a émerveillé. Il y a quelque chose dans les mots de l'autrice, dans la façon qu'elle a de voir le monde autour d'elle, de parler de la famille, qui me plait, beaucoup. C'était déjà le cas dans le Parfum de la pluie, d'ailleurs. Vous savez, il n'y a pas besoin d'écrire à la manière des auteurs que l'on dit "grands" ou "classiques" pour toucher les gens. Et ça, madame Grimaldi, elle l'a bien compris. Dans ce roman, elle use aussi bien de la voix d'Anna, que du blog de Chloé, sa fille ainée, ou du journal intime de Lily, la cadette. Les trois voix sont différentes, modernes et m'ont parlé, personnellement. Assez pour que je ressente ce que les trois ressentent. Et pour moi, c'est vraiment quelque chose d'important.

Il y a de très belles choses dans ce roman. Un road-trip qui ne me déplairait pas de faire (mais comme Anna, je suis sujette aux crises d'angoisses, et ça me stresse trop), l'amour entre la mère et ses filles, à la fois si simple et si compliqué, les histoires des autres camping caristes qu'elles rencontrent durant leur voyage. Il y a aussi des choses moins sympa ; le père qui monte les filles contre leur mère, la raison de leur séparation, les ennuis d'Anna, Chloé qui cherche à ce qu'on l'aime à tout prix, Lily qui préféré les cailloux plutôt que parler aux gens etc... En réalité, il y a beaucoup de point qui m'ont fait penser à ma propre vie, ou à celle d'un proche, par exemple. C'est pour moi, la grande magie de Virginie Grimaldi, ça.

Franchement, je ne saurais comment vous décrire parfaitement ce roman. Juste, sachez que je vais l'offrir à ma maman, parce que je crois vraiment qu'il lui parlera autant qu'à moi. Parce que c'est une histoire de mère et de fille. Je ne sais pas s'il aura vraiment réussi à rallumer les étoiles chez moi, mais en tout cas, il va faire parti de ces romans qui vont me rester. 

vendredi 12 mai 2023

Eleanor Oliphant va très bien, Gail Honeyman

 C'est marrant, j'ai vu passé plusieurs fois ce roman depuis sa sortie, je ne me suis toujours dit qu'il pourrait être sympa et je n'ai jamais sauté le pas. Jusqu'à maintenant. Il a fait parti de mes prises du mois dernier à la médiathèque, avec Normal People et la Fraternité que j'ai donc moyennement apprécié. Allais-je encore être déçue ? C'est ce que nous allons voir.

Eleanor Oliphant va très bien, Gail Honeyman

Editeur : Fleuve
Collection 
Année de parution : 2017
Titre en VO : Eleanor Oliphant is Completely Fine
Année de parution en VO : 2017
Nombre de pages : 432

A lire si : 
- Vous aimez les personnages principaux atypiques
- Vous aimez votre dictionnaire (partout, juste que j'ai ajouté plein de nouveaux mots dans ma liste de mots nouveaux)

A ne pas lire si : 
- Vous ne voulez pas de discours à la première personne

Présentation de l'éditeur : 

Éleanor Oliphant est un peu spéciale.
Dotée d'une culture générale supérieure à la moyenne, peu soucieuse des bonnes manières et du vernis social, elle dit les choses telles qu'elle les pense, sans fard, sans ambages.
Fidèle à sa devise "Mieux vaut être seule que mal accompagnée", Éleanor évite ses semblables et préfère passer ses samedis soir en compagnie d'une bouteille de vodka.
Rien ne manque à sa vie minutieusement réglée et rythmée par ses conversations téléphoniques hebdomadaires avec "maman".
Mais tout change le jour où elle s'éprend du chanteur d'un groupe de rock à la mode.
Décidée à conquérir de l'objet de son désir, Éleanor se lance dans un véritable marathon de transformations. Sur son chemin, elle croise aussi Raymond, un collègue qui sous des airs négligés, va lui faire repousser ses limites.
Car en naviguant sur les eaux tumultueuses de son obsession amoureuse et de sa relation à distance avec "maman", Éleanor découvre que, parfois, même une entité autosuffisante a besoin d'un ami...

Mon avis

Je le dis souvent, il y a des livres, ce sont des évidences dès les premières pages. Ben lui, il en fait parti. Et cette évidence, elle est restée jusqu'à la toute dernière page. Oui, j'ai aimé Eleanor Oliphant va très bien. J'ai beaucoup aimé même. A tel point que oui, c'est un coup de cœur. 

Eleanor est une femme de trente ans. Elle vit seule, travaille au même endroit depuis neuf ans, n'est pas forcément très sociable, a d'ailleurs du mal à se soucier de vernis social, dit tout haut ce qu'elle pense et se débrouille très bien comme ça. Faut dire que sa vie est des plus routinières, semaine travail, jeudi, coup de téléphone de maman, vendredi début du week-end et de la prise de Vodka pour le faire passer, puis ça recommence. Jusqu'au jour où elle va tomber amoureuse d'un chanteur de rock, puis à celui, tout aussi proche, où elle va rencontrer Raymond, le nouveau de l'informatique. A partir de là, Eleanor va essayer de se transformer. Mais avant de devenir le papillon qu'elle aimerait, elle va devoir se confronter à la chenille qu'elle est.

Eleanor est un personnage complexe. Elle n'a aucun skill social, mais une grand culture. Elle se moque de ce qu'on peut penser d'elle, que se soit en bien ou en mal. En fait, elle ne se rend pas toujours compte de ce qui l'entoure et des paroles blessantes qu'elle ou qu'on lui dit. A vrai dire, depuis son enfance et l'incident, elle vit comme déconnecter de ce monde, millimétrant son planning à la seconde prêt. Alors, forcément, quand quelque chose vient gripper son engrenage, ça fait des vagues. D'abord, il y a ce chanteur, dont elle pense être amoureuse. Pour lui, pour lui plaire, elle est prête à beaucoup de chose, même à véritable socialiser avec les autres (ce qui amène des moments fort amusant à lire, mais je suppose fort embarrassant pour la personne qu'elle a en face d'elle). Mais c'est surtout sa rencontre avec Raymond, jovial informaticien qui va tout changer. Avec lui, elle va découvrir ce que c'est que d'avoir un ami, et des gens qui l'apprécient. Un véritable changement que l'on voit venir sur toute la première partie du roman.

La psychologie d'Eleanor, sa manière d'être, est traitée avec humour souvent mais pas légèreté. Eleanor ne va pas si bien que ça, mais elle ne le voit pas. Sa mère la dévalorise dès qu'elle l'a au téléphone, elle se dévalorise aussi toute seule. C'est un personnage finalement fragile, qui a beaucoup de mal à comprendre les émotions qui la traversent. Elle m'a beaucoup touché, surtout que sur quelques points, je me suis reconnue en elle. J'ai aussi beaucoup aimé Raymond, cet homme qui semble si différent d'elle et qui pourtant va devenir son ami. Côté personnages secondaires, c'est aussi pas mal, avec une panoplie couvrant un peu tout ce que l'on peut trouver dans la vie de tous les jours autour de nous.

Et puis, il y a l'histoire en elle-même. C'est agréable d'avoir ce genre de roman lumineux mais finalement pas trop. La seconde partie (qui prend environ le tiers de fin) est tout de même difficile à lire, puisque c'est elle qui va nous en apprendre plus sur Eleanor et son passé. Mais même là, il y a toujours une touche de lumière, de légèreté. 

J'ai vraiment eu un coup de cœur pour ce roman. Il n'est parfois pas simple à appréhender mais il est merveilleux. Je l'ai finis avec un grand sourire et quelques larmes aux yeux aussi. Vraiment, un bouquin formidable.

jeudi 11 mai 2023

La fraternité, Takis Wurger

 J'aime bien lire des bouquins qui se passent dans des universités prestigieuses, comme Cambridge. La Fraternité fait partie de ces livres. En plus de ça, la couverture me plaisait beaucoup. Il n'en fallait pas plus pour que je le prenne. 

La fraternité, Takis Wurger

Editeur : Editions Slatkine & Cie
Collection  :
Année de parution : 2018
Titre en VO : Der Club
Année de parution en VO : 2018
Nombre de pages : 222

A lire si : 
- Vous aimez les romans choraux
- Vous aimez le mystère planant autour des fraternités

A ne pas lire si : 
- Vous voulez tout savoir de suite
- Vous aimez ne pas rester en surface.

Présentation de l'éditeur : 

Pour élucider malgré lui le mystère d’un crime dont il ignore tout, un jeune homme se fait introniser dans le club le plus select de Cambridge. Sur fond de campus novel et d’amours impossibles, un premier roman vertigineux.

Mon avis

Récapituons avant de commencer : la couverture est intriguante (elle donne d'ailleurs deux indices sur le roman), la quatrième annonce un texte qui devrait me plaire. Ca se passe à Cambridge (j'aurais adoré faire des études là-bas) avec une histoire de Fraternité. Soyons bien d'accord, ce roman, ça aurait clairement pu être un coup de coeur rien qu'avec ça. Et ce ne fut pas le cas. 

Hans est passionné par la boxe depuis son enfance, c'est elle qui le tient en vie, qui l'occupe. A la mort de ses parents, il est envoyé en pensionnat où il accepte son sort grâce au sport. Mais peu avant son bac, sa tante, Alex, professeure à Cambridge, lui demande de l'aide. Enfin, lui demande... Elle le fait venir sans trop avoir son accord à Cambridge, où elle l'a inscrit. Puis, sans lui en dire plus, elle lui demande de devenir membre du Pitt Club. Elle a un mystère à résoudre, mais ne lui dit pas quoi. Pour l'aider, elle le confie à Charlotte, une jeune femme tout aussi mystérieuse qu'elle. Il n'a aucun mal à se faire admettre, grace à la boxe, et va petit à petit mettre le doigt dans l'engrenage.

Le premier problème du roman, clairement, c'est le mystère qui plane sur le crime. Hans ne sait rien et ça pendant plus de la moitié du livre. Alors, Hans surnage dans le truc, il se fait des potes, tombe amoureux, boxe, mais enquête-t-il vraiment ? Ben en fait, pas vraiment. Les autres personnages nous en apprennent-ils plus ? Oui, si on arrive à voir les détails, noyés dans la masse. Il y a une ligne de dialogue qui peut nous faire comprendre de quoi il s'agit vraiment. Une seule durant plus de la moitié du roman, et elle est dite par un personnage secondaire. Je dois dire que oui, j'apprécie le mystère à la base, je ne suis même jamais contre, vous le savez. Mais là, pour moi, ce qui aurait dû être le cœur de l'intrigue si on en croit la quatrième disparait presque complètement pour laisser place à la romance entre Hans et Charlotte et les mensonges qu'il raconte à ses nouveaux potes pour passer pour un mec comme eux. Même lui est généralement perdu dans tout ça.

Le second, c'est qu'il reste en surface, tout le temps. Et là, c'est encore plus dommage. Je n'ai pas réussi à avoir la moindre empathie pour les personnages à cause de ça. Je n'ai rien ressenti. Mais du tout, parce que justement, jamais on ne sait ce qu'ils veulent ou pense vraiment alors que la narration est toujours à la première personne, pour chaque personnage. Du coup, on reste sur des impressions pas toujours bonne : Hans est paumé, Charlotte est pas mieux, Alex veut juste une vengeance, Angus ne voit que par sa fille et pourtant, Josh est un gros con... Il n'y a pas la moindre nuance. Bon, heureusement, les principaux évoluent tout de même un peu et ce n'est pas plus mal. 

Pourtant, il y avait vraiment de quoi faire. Le fameux crime, même si peu original (et non, ce n'est pas un bizutage qui se déroule mal)(enfin pas comme on pourrait le penser), tient tout de même en haleine. Parce que forcément, le lecteur veut savoir ce que sait, puis comment ça va se passer. L'idée d'en faire un roman choral aussi était bonne, mais je trouve que ce n'est pas ultra exploité pour le dit crime. Par contre, effectivement, ça permet d'avoir une sorte de campus novel plutôt intéressante. J'ai beaucoup apprécié les passages sur la boxe. Je n'y connais rien, mais, je ne sais pas, ça m'a parut plus réel que le reste. Et puis, forcément, tout ce qui tourne autour du Pitt Club, les dérives de ce genre de club (drogue, alcool, sexe), les secrets qui l'entourent, sont des plus intéressants, plus particulièrement quand ils sont vus par Hans qui n'est absolument pas du même monde que la plupart des membres (tous souvent fortunés). 

Mais finalement, vous l'aurez compris, ce fut une petite déception pour moi. Le roman se lit vite (il ne fait que 222 pages) et c'est peut-être la raison qui m'a fait le finir. Je pense que j'avais de trop grandes ambitions pour lui.

mardi 9 mai 2023

Normal People, Sally Rooney

 Cela faisait un moment que j'avais envie de lire ce roman, dont j'ai entendu beaucoup de bien (et dont, non, je n'ai pas vu la série). J'ai donc profité de mes vacances et du fait que je voulais moins lire de SFFF pour ça.

Normal People, Sally Rooney

Editeur : Edition de l'Olivier
Collection : 
Année de parution : 2020
Titre en VO : Normal people
Année de parution : 2018
Nombre de pages : 319

A lire si : 
- Vous aimez les histoires estudiantines
- Vous voulez une histoire qui dure sur le temps (et je parle pas forcément de l'histoire d'amour)

A ne pas lire si 
- Vous aimez quand la ponctuation des dialogues est respectée.

Présentation de l'éditeur : 

Connell et Marianne ont grandi dans la même ville d'Irlande. Il est le garçon en vue du lycée, elle est la solitaire un peu maladroite. Pourtant, l'étincelle se produit : le fils de la femme de ménage et l'intello hautaine connaissent ensemble leur premier amour.
Un an plus tard, alors que Marianne s'épanouit au Trinity College de Dublin, Connell s'acclimate mal à la vie universitaire.
Un jour, tout est léger, irrésistible ; le lendemain, le drame pointe et les sentiments vacillent.
Entre eux, le jeu vient tout juste de commencer.
Sally Rooney réussit le tour de force de donner une dimension unique et universelle à cette histoire. Porté par des dialogues saisissants de justesse, Normal People est un roman magistral sur la jeunesse, l'amitié, le sexe, sur les errances affectives et intellectuelles d'une génération qui n'a plus le droit de rêver, mais qui s'entête à espérer.

Mon avis

Premier chapitre, et un doute. Pourquoi n'y a-t-il pas de tiret cadratin pour les dialogues ? Faut dire que j'ai commencé à le lire un peu fatiguée et que sur le coup, je me suis demandée pourquoi je passais de la troisième à la première personne. Bon, je dis ça, mais à la base ça ne me dérange pas, les rebellions en ponctuation. Une fois que j'ai pris la chose en compte, c'est allé tout seul. J'en parle tout de même pour ceux que ça peut perturber. bref, passons au texte à présent.

Normal People, c'est l'histoire de Connell et de Marianne. Ils se connaissent du lycée. Lui est un peu une star, membre de l'équipe de foot, bien vu et avec plein d'amis, elle, c'est la fille toujours seule, pas forcément appréciée. Pourtant, les deux vont se rapprocher durant la dernière année de lycée. Ils connaitront leur premier amour ensemble, mais en restant caché, aucun des deux ne semblant vouloir que les autres le sachent. A leur entrée à l'université, tout change. Déjà, ils sont séparés, mais surtout les rôles s'inversent. Connell a du mal à vivre cette période-là, tandis que Marianne semble s'épanouir enfin. Avec eux, on va donc découvrir une partie de cette vie-là, de cette période si étrange où l'on est pas encore tout à fait adulte et où la vie nous réserve bien des surprises.

Autant le dire de suite, je n'ai pas totalement été embarqué par ma lecture. J'ai aimé, mais sans plus. Sally Rooney m'a laissé un peu en dehors de son histoire. Le truc, c'est que je me suis vraiment sentie peu concerné par ses personnages. Connel est sympathique, mais la seule chose que j'aurais vraiment voulu voir de lui apparait tard dans le roman et n'est que vaguement vu. Marianne était sympa au début, puis elle m'a fait l'effet d'être transparente, trop influençable, trop peureuse pour mener sa vie. Etrange, parce que vu son passé, que nous découvrons petit à petit, elle aurait pu être bien plus que ça.

Et pourtant, pourtant, l'histoire en elle-même aurait pu me plaire complétement. Elle m'a beaucoup fait penser à ma propre période étudiante. J'étais probablement aussi perdu que Connell et tout comme lui, tout me semblait à la fois si simple et compliqué. C'est vraiment sur ce point que l'écriture de Rooney a su me toucher : sa manière de raconter ces années-là. Elle le fait avec une certaine justesse, une pudeur agréable aussi. Vraiment, si les personnages n'étaient pas ce qu'ils sont, j'aurais vraiment pu accrocher à tout ça. Et même si j'ai trouvé qu'elle restait trop en surface par rapport à ce qu'elle raconte (la dépression de Connell apparait tard et n'est que peu traité finalement, les problèmes de Marianne avec les hommes sont évoqués, mais jamais vraiment plus, c'est troublant parce que ça fait leur personnalité et qu'on reste là, sans jamais vraiment les comprendre)..

Au final, je suis ressortie légèrement frustrée de ma lecture. C'était pas mal, mais pas autant que je l'aurai voulu. C'était sympa, mais sans plus en fait. 

mercredi 24 août 2022

Une amitié, Silvia Avallone

 Je n'ai pas lu de roman hors SFFF depuis au moins un an (le dernier ouvrage qui n'en soit pas a été le journal d'écriture de Virginia Woolf, en aout de l'année dernière)(en roman pur, il faut remonter à janvier 2021). J'ai eu un peu peur de retourner à la littérature blanche et cela s'est vu au temps qu'une Amitié est restée dans ma PAL (je l'avais acheté le jour de sa sortie, en janvier de cette année) alors que j'adore l'autrice et ses précédents romans. Peut-être aussi parce que j'avais eu un peu plus de mal avec la Vie Parfaite, le roman précédent, que j'avais aimé mais qui n'avait pas eu le même impact que le si génial Marina Bellezza

Une amitié, Silvia Avallone

Edition : Liana Levi
Collection : Piccolo
Année de parution : 2022
Titre en VO :  un'amicizia
Année de parution en VO : 2021
Nombre de pages : 528

A lire si : 
- Vous voulez un roman sur les amitiés adolescentes
- Vous ne voulez pas forcément de quelque chose de beau

A ne pas lire si 
- Vous ne voulez pas d'un roman à la première personne

Présentation de l'éditeur : 

Les amitiés de l’adolescence sont les plus fortes. On échange expériences, secrets et vêtements, tout en se projetant dans un futur rempli d’espoirs. Elisa et Beatrice, les deux héroïnes de ce roman, n’y font pas exception. Bien que leurs histoires familiales diffèrent totalement – la première a été élevée par une mère aimante mais fantasque et indifférente aux apparences, la seconde par une mère qui surinvestit le paraître et transforme sa fille en poupée Barbie –, elles ont noué un lien fusionnel. Et cela jusqu’au jour où un changement planétaire, Internet, fait irruption dans leur vie. Elisa continuera à faire partie du «monde d’hier», celui qui valorise les livres et la culture, tandis que Beatrice se lancera tête baissée dans l’aventure du «monde nouveau», celui qui pousse sur le devant de la scène influenceurs et réseaux. Et ces courants contraires les entraîneront vers des destins opposés.

Mon avis

S'il y a une chose qui me marque toujours dans les romans de Silvia Avallone, ce sont les débuts. L'incipit de Marina Bellezza me hante toujours et je pense que celui de une amitié restera tout aussi longtemps. L'autrice m'a happé alors même que je n'avais lu que deux phrases. Et elle ne m'a lâché que lorsque j'ai refermé le roman, à la fin de la page 528. Mais il faut dire que ce roman a quelque chose de particulier. Des relents de vécu, quelque chose que j'aurais bien mis de côté encore quelques années. Je crois d'ailleurs qu'on a toutes (et peut-être tous) vécu ça, ce genre d'amitié, à l'adolescence. Vous savez, une amitié qui prend le pas sur tout, qui éclipse tout et puis qui disparait, souvent brisé par l'une des deux parties pour une raison que personne ou presque ne comprends vraiment. Et bien, c'est cela que va raconter l'autrice dans ce roman. Il rejoint en cela son premier roman, d'Acier, qui avait pour fils rouge une amitié adolescente déjà. Mais d'Acier ne faisait que l'effleurer, parlant plus de la jeunesse de Piombino que juste des deux filles. Ici, Avallone va plus loin et raconte les années lycéennes de Béa et Elisa, de la naissance de leur amitié à sa fin et même un peu plus. 

Pour cela, elle nous place direct dans la peau d'Elisa. Elisa a quatorze ans lorsque sa mère la laisse chez son père, dans la ville cotière de T (alors, j'ai cherché, j'ai pas trouvé, mais elle se situe probablement non loin de Piombino puisque, comme elle, T a pour voisine l'île d'Elbe et la méditerranée). La séparation est déchirante. Elisa ne connait pas son père et elle doit faire face à l'abandon de sa mère et de son frère. C'est là qu'entre en scène Beatrice. Bea, c'est la fille pas populaire mais presque. C'est la belle, celle qui veut conquérir le monde et qui sait qu'elle peut y arriver. Elevée par une mère ancienne reine de beauté, elle ressemble à une poupée Barbie. Mais, à l'intérieur, Bea est bien plus que l'écervelée que les gens voient. Tous ou presque opposent les deux jeunes filles, et pourtant, suite au vol d'une paire de jean's, elles vont devenir amies. La vie, comme on l'apprend très tôt, finira tout de même par les séparer, Bea devenant la Rosetti, influenceuse avant l'heure et star des réseaux tandis qu'Elisa verra ses rêves de devenir écrivaine partir en fumée et deviendra prof à Bologne.

Comme je le disais, le roman me parle beaucoup. Parce que j'ai le même âge qu'Elisa (nous sommes née en 1986), parce qu'on parle de l'adolescence durant le début des années 2000 (sur ce point, j'ai parfois ris d'ailleurs, la mode italienne et française n'était pas si éloignée que ça et j'ai retrouvé quelques référence musicale)(faut dire qu'Elisa écoute the Offsprings ou Blink-182, comme j'ai pu le faire à l'époque). Mais surtout, je me suis identifiée à Elisa. Et là se pose un problème, comment vous parlez du roman sans parler de ça ? Oui, c'est compliqué. Mais Elisa, c'est la fille un peu à l'écart qui rêve d'écrire, celle qui reste dans l'ombre de son amie, qui quoiqu'elle fasse, n'en sort pas. C'est la "moche", la pas intéressante. Eblouie par l'autre, on ne la remarque pas, ou presque. Et elle, elle se complait dans ce rôle, ne se rend pas toujours compte de ce qu'il se passe. Bea, à ses côtés, c'est le soleil, celle sur qui on va se retourner. Alors, moi, ça m'a parlé, parce que j'ai été Elisa, en bien des sens. Pas pour tout, non plus. Mais, je l'ai comprise. Tout comme j'ai pu comprendre Bea sur la fin aussi. Parce qu'il ne faut pas croire, mais ces amitiés-là, elles deviennent toxiques pour les deux côtés, pas juste pour une des personnes. 

Et si nous suivons Elisa, si c'est pour elle que nous avons le plus d'empathie, elle n'en oublie pas non plus Bea. Parce que sous les apparences, Bea est aussi sensible que son amie. Elle a tout autant besoin d'elle qu'Elisa de Bea. C'est à travers les deux que nous allons expérimenter l'abandon, par la mère, d'abord, celle d'Elisa la laissant à T pour repartir à Biella, celle de Bea, qui semble ne voir que la "poupée" en sa fille et qui sera emportée par un cancer. Puis ceux des rêves et des aspirations mais aussi des illusions. Pour les deux jeunes femmes, ça se fait de manière souvent différentes, mais ça se fait. Et on a mal pour les deux tout le long du roman. Ce thème, celui de l'abandon et de sa perte va nous conduite des années 2000 à 2019. Et ça résonne forcément.

On ajoute enfin à tout cela l'écriture de Silvia Avallone et la traduction de Françoise Brun (qui la traduit depuis le début). Depuis d'Acier et ses premières armes, Avallone a fait évoluer son écriture tout en gardant ce que j'aime chez elle, cette modernité de ton avec cette jolie touche de poésie qui rend même les pires moments beaux. Cette vision sans fioriture de la jeunesse et des désillusions. 

Au final, c'est donc un nouveau coup de cœur. Presque à la hauteur de celui que j'ai pu avoir pour Marina Bellezza (déjà six ans que j'ai pu le lire et franchement, et je ne me le suis toujours pas sorti de la tête). Il a su me prendre aux tripes, me parler comme pas possible. Franchement, si vous ne connaissez pas Avallone, n'hésitez pas à le lire.


lundi 21 septembre 2020

Un manoir en Cornouailles, Eva Chase

Les Cornouailles font parties des endroits que je veux visiter un jour. Ma passion pour les légendes Arthuriennes n'y sont pas pour rien. Du coup, je suis littéralement attirée par le mot dès que je le vois. Et c'est comme ça que ce Manoir est arrivé dans ma PAL. Ca, et la mention de Daphné du Maurier aussi. Bon par contre, il a fallu attendre que ma mère le finisse avant de me plonger dedans.

Un manoir en Cornouailles, Eva Chase

Editeur : 10/18
Collection : /
Année de parution : 2019
Titre en VO : Black Rabbit Hall 
Année de parution en VO : 2015
Nombre de pages : 430

A lire si 
- Vous aimez les huis-clos
- Vous aimez les histoires et secret familiaux
- Vous n'êtes pas dérangés par deux lignes de temps

A ne pas lire si 

Présentation de l'éditeur : 

Cornouailles, 1968. Pencraw, un grandiose manoir en ruine dans lequel les Alton élisent domicile l’été. Le temps semble s’y être arrêté et défile sans encombre. Jusqu’au drame qui vient bouleverser leurs vies et arrêter le temps à jamais.
Cinquante ans plus tard, avec son fiancé Jon, Lorna roule à la recherche du manoir des Lapins noirs, cette maison où elle a séjourné enfant. Elle rêve d’y célébrer son mariage. Tout dans cette vieille demeure l’appelle et l’attire. Mais faut-il vraiment déterrer les sombres mystères de ce manoir en Cornouailles ?
Eve Chase nous entraîne dans une passionnante spirale unissant deux femmes séparées par les années, mais que la force de l’amour et le poids des secrets réunissent en une seule voix, mélancolique et entêtante.

Mon avis

Comme je le disais, dès que ça parle Cornouailles, je me jette dessus. Mais si en plus de ça, ce roman-ci parle d'un manoir et d'un mystère. On comprend mieux du coup l'allusion à Du Maurier sur la quatrième de couverture de l'édition 10/18 même si, avouons-le, le lien ne se fait pas tout de suite (Nous vous attendez pas à un roman dans la lignée de Rebecca par exemple, même si, finalement, certain point paraissent identique). Ici, le mystère ne repose pas sur une première femme étrangement décédée, ni sur des apparitions tout aussi étrange. Non, c'est une histoire de famille avec tout ce que ça peut impliquer.

En 1968, première ligne temporelle du roman, nous découvrons la famille Alton par l'intermédiaire d'Amber, la fille ainée de la famille. Elle est la narratrice de cette ligne et c'est par ses yeux que nous découvrons la petite famille unie autour de la mère, Nancy et du manoir des Cornouailles, le Manoir des Lapins Noirs. Là-bas, la vie est calme, paisible, comme arrêté. Mais durant Pâques 1968, le drame arrive, Nancy décède suite à un accident de cheval alors qu'elle était partie à la recherche de Barney, le plus jeune des fils. Pour palier l'absence de la mère, et sous la pression de la société, le père finit par ramener à Noël celle qui deviendra la belle-mère des enfants, Caroline, ainsi que son fils, Lucian. Petit à petit, Caroline tente d'effacer le souvenir de Nancy du manoir et de la vie des Alton, se battant régulièrement contre Toby, le jumeau d'Amber. De son côté la jeune fille est partagée entre son frère et Lucian, dont elle tombe petit à petit amoureuse.

De nos jours, Lorna et Jon vont se marier. Ils cherchent la maison de leur rêve pour la cérémonie, ou plutôt celle de Lorna, qui veut à tout prix que cela se passe en Cornouailles. Lorsqu'elle tombe sur Pencraw, le manoir aux Lapins Noirs, elle sait que c'est là qu'elle veut se marier. Elle est attiré par la maison. Petit à petit, elle va découvrir que Pencraw et elle sont liés. Et que tout à à voir avec ce qu'il se passe en 1969 (alors non, je ne spoile pas, hein, on s'en doute depuis le début, sinon, il n'y aurait pas deux lignes temporelles).

J'ai adoré la ligne du passé pour plusieurs raisons. Déjà pour son ambiance. Elle a un côté doucereux, nostalgique, empreint de non-dits et de silence. Même si Amber est entourée de sa famille, elle reste seule, trop vieille pour rester avec Barney et Kitty, les deux plus jeunes Alton, s'éloignant de plus en plus de son jumeaux tandis que Caroline prend plus de place dans leur vie. Tout est raconté avec une certaine justesse, une écriture qui n'en fait jamais trop, jamais peu. On se voit dans la tête d'Amber, bien trop jeune pour supporter le poids que le décès de sa mère lui a collé sur les épaules. Et puis, soudain, il y a l'espoir, la lumière et avec elle les ombres. Parce qu'il n'y a pas d'ombre sans lumière et inversement. Lucian est les deux et leur histoire lui fait autant de bien que de mal, à cause de Toby. Toby est peut-être le personnage qui finalement me parle le plus dans ce roman. Le garçon totalement dépassé que personne n'écoute, que tout le monde craint. Il a un côté presque attendrissant que je ne saurais vraiment expliquer. Peut-être sa partie trop rebelle et tout le côté fragile que cela révèle en lui. 

Et puis, il y a Caroline, la belle-mère qui m'a aussi marqué. Caroline qui marque d'ailleurs quelle que soit l'époque, puisqu'elle est l'un des personnages a apparaitre dans les deux lignes temporelles. Caroline que l'on voit comme la méchante belle-mère en 1969 et dont on ne peut que se demander les vrais motivations de nos jours. C'est le genre de personnage ambigus que j'adore. Caroline, c'est la femme qui retrouve son premier amour mais qui doit composer avec la défunte femme de celui-ci. Or, elle ne sait pas comment s'y prendre. Elle est égoïste (ça se ressent beaucoup à la manière dont elle traite son propre fils), pourrie et en même temps, elle ressemble presque à une enfant qu'on a laissé de côté et qui se venge de ça. Vraiment les personnages de la ligne du passé ont tous cette subtilité, ce petit truc qui fait qu'ils sont intéressant à suivre, qu'on les plaindrait presque tous, même Caroline.

Or, ça, on ne le retrouve pas dans la ligne présent. Bien sûr, Lorna a une histoire pas forcément toute simple avec la disparition de sa mère, son adoption, les questions qu'elle se pose sur ses deux points. Mais elle n'a pas l'épaisseur d'Amber par exemple. Le fait qu'elle ne soit pas narratrice mais personnage point de vue n'y est peut-être pas pour rien. Son histoire à elle y perd beaucoup, je trouve. Sans parler du fait qu'il n'y a finalement que elle qui existe dans cette partie avec Caroline. Les autres personnages, Jon ou Endellion sont assez peu exploités au final. Et puis, forcément, on se doute rapidement du lien entre Lorna et les évènements de 1969. Et si finalement, cette ligne-là clôture d'une jolie manière l'histoire du Manoir aux Lapins Noirs (oui, j'ai eu les larmes aux yeux, à la fin, que se soit dans la partie passé ou dans la partie présent), elle reste pour moi peut-être un peu de trop (elle n'apporte de réponse que sur la fin)

Au final, ce n'est pas tout à fait un coup de cœur mais presque. J'ai adoré l'ambiance du roman, ce côté assez mystérieux que fait planer les révélations de la partie présent sur la partie passé, ce manoir hanté par Nancy Alton et les non-dits. Il y a effectivement un minuscule côté Rebecca dedans mais pas comme on le pense. C'est un livre passionnant, à lire avec un bon thé au coin du feu (je rêve d'avoir une cheminée) sous un plaid (et ça même s'il se passe en grande partie en été). Je recommande vraiment (et ma maman aussi d'ailleurs !)

vendredi 5 juin 2020

Les Sorcières de la République, Chloé Delaume

J'avais très très envie de lire ce bouquin depuis quelques temps. Ça devait bien faire deux ans qu'il était dans ma Wishlist. Je trouvais l'idée d'une uchronie où des sorcières avaient gagné les élections présidentielles puis avaient fait quelque chose de si horrible dans la tête des français que leur mémoire avaient été effacé juste géniale. Je ne m'attendais pas à ce que j'ai pu lire. Et j'ai adoré (à tel point que j'ai déjà un nouveau Delaume dans la PAL)

Les Sorcières de la République, Chloé Delaume

Editeur : Points
Collection : 
Année de parution : 2019
Nombre de pages : 384

A lire si :
- Vous aimez être un peu chamboulé
- Vous aimez les uchronies
- Vous voulez un texte féministe

A ne pas lire si :
- Vous voulez un texte assez linéaire
- Vous n'aimez pas les sorcières ou la mythologie

Présentation de l'éditeur :

En 2020, la France choisit l’amnésie collective. Les trois années écoulées sont effacées des mémoires : la prise de pouvoir du Parti du Cercle, émanation d’une secte féminisme, la contre-attaque des femmes invisibles après des millénaires de domination masculine. Quarante-deux plus tard s’ouvre le procès de la fondatrice du Parti. Les Français vont enfin connaître la vérité sur le Grand Blanc…

Mon avis

J'ai découvert l'existence de ce texte en 2017 ou 2018 dans une liste de livre féministe à lire. Je l'ai mis dans ma wishlist rapidement et puis, comme souvent, j'ai fini par oublier qu'il s'y trouvait vu que je ne le trouvais pas chez ma libraire (et que ma wishlist fait des kilomètres de longs). Et puis, il est sorti en poche, et il faut avouer qu'on ne peut pas le rater avec sa couverture aux couleurs pop. Ca n'a pas raté, il était là, un peu avant le confinement chez ma libraire. Je l'ai vu, je l'ai pris et puis avec le confinement, j'ai eu envie de chose moins "politique" à lire. Le déconfinement est arrivé, j'ai lu de la fantasy pendant un mois, c'était le moment. 

Je m'attendais à beaucoup de chose, mais pas vraiment à la forme du roman. Nous voici en plein Live. Celui du procès de la Sybille, l'une des figures du parti du Cercle, âgée de quelques 2900 ans. Elle est la seule survivante du Parti du Cercle (ou la seule qu'on est réussit à retrouver), qui a prit le pouvoir à la suite des élections présidentielles de 2017. Le dit parti a été au pouvoir durant trois ans, trois ans dont on ne sait plus rien. En 2020, après un référendum (sans la moindre abstention), les français ont voté pour le Grand Blanc, une amnésie collective. En 2062, date du procès, la question qui est sur toutes les lèvres reste "qu'est-ce qu'il a pu se passer". Et la Sybille est la seule à pouvoir y répondre.

On commence donc par la forme du roman. Comme je le disais, nous voici en plein live, comme si nous y étions (ou presque). Le procès dure une semaine, quasi 24h/24. Ainsi, outre le témoignage de la Sybille, nous avons aussi des passages de la présentatrice de Canal National qui nous permette de découvrir le monde de 2063. Un monde où la publicité a pris place absolument partout, où le français est plus patriotique que jamais. Un monde où la greffière est une égérie mode, ou l'on n'hésite pas à commenter les tenues des uns et des autres, où tout est ramené à son pays, où le président est adulé (et peut se présenter au premier tour après avoir eu 5000 likes sur les réseaux)... Cette vision futuriste de la France parait plutôt juste. Après tout, vu comment les réseaux sociaux prennent de l'importance dans nos vies, ça pourrait fort bien arriver. Pire encore, ce genre de dérive ne m'a pas beaucoup perturber, pour dire à quel point ça s'ancre pas mal dans les tendances contemporaines. Seule dérive de cette VIIième République gênante pour moi, que l'Etat puisse nous dire ce qu'on doit faire et que l'on soit puni si on ne le fait pas. La France d'après le Grand Blanc a quelque chose de trop autoritaire à mon gout, surtout que c'est bien caché derrière de beaux discours publicitaire. 

Et dans tout ça, on a donc le témoignage de la Sybille qui commence avec l'histoire du parti du Cercle. Et plus précisément la naissance du Premier Cercle, un peu avant ce qui aurait dut être l'apocalypse de 2012. Ce jour-là, les Déesses Grecques prennent leur indépendance. Elles reviennent sur le devant de la scène après s'être débarrassées de Zeus frères & fils. Après des millénaires à avoir été flouée, oubliée, jetée aux orties, elles ont bien l'intention de se faire à nouveau entendre. Et grâce à la Sybille, capable de voir l'avenir, elles vont arriver en France pour ce faire. Pour moi, chaque déesse représente une facette du féminisme. Elles se battent chacune pour une cause, se ressemblant ensemble lorsqu'il y a besoin (et se prenant la tête régulièrement aussi entre elles). Avec elles, l'autrice fait passer son message. Un message sur le besoin croissant d'une vraie sororité (sujet de son essai Mes biens chères sœurs que j'ai très hâte de sortir de ma PAL), que le féminisme est pluriel et intersectionnel. Et ça fonctionne dans le roman. Ça fonctionne même trop bien, en réalité. Les femmes se libèrent de l'emprise masculine. Elles cassent leurs chaines, se libèrent. Mais on ne sort pas indemne de siècles d'emprise patriarcale.  Alors, on peut penser que le côté féministe du livre est plutôt étrange. Merde alors, les femmes n'ont été aux pouvoirs que trois ans et en plus de ça, soixante piges plus tard, c'est encore pire côté patriarcat, ultra nationalisme et couverture médiatique. Ce serait ne pas avoir lu le livre, ne pas avoir vu la critique en dessous. Ce livre est bien une critique du patriarcat, des médias, du système politique français (et pas que français d'ailleurs). Cela se ressent particulièrement lorsqu'on découvre enfin le pourquoi du Grand Blanc et dans le dénouement du livre. 

Autre chose avant de finir, parlons un peu du style. J'ai adoré l'écriture de Chloé Delaume. J'ai adoré qu'elle mélange politique et pop culture comme elle l'a fait. J'ai surtout apprécié retrouver des références que je maîtrise (Buffy est souvent cité, mais on retrouve Indochine aussi par exemple, Katniss Everdeen). C'est appréciable d'avoir des romans aux thèmes assez lourd et violent avec un langage plus léger. Le décalage est intéressant et rend la lecture moins lourde, plus facile (je pense surtout à l'échange mail entre Jesus et Artémis durant le mariage pour tous qui est juste généralissime). 

Pour finir, j'ai beaucoup aimé ma lecture, vous vous en doutez. J'ai aimé le divertissement et plus encore le discours derrière. La critique est bien amenée, l'uchronie encore plus. J'ai apprécié le mélange féministe intersectionel et sorcellerie (il est dommage peut-être de ne pas les avoir encore plus lié). C'est un livre à découvrir et à mettre entre pas mal de mains.

mercredi 7 août 2019

Les Jours Meilleurs, Cecelia Ahern

J'avais envie d'un petit roman feel good pour les vacances. C'est le genre de roman qui passe bien à la plage ou alors un jour de pluie. D'ailleurs, je l'ai lu hier, alors qu'il pleuvait toute la journée.

Les Jours Meilleurs, Cecelia Ahern

Editeur : Milady
Collection : littérature
Année de parution : 2017
Titre en Vo : One hundred names
Année de parution en VO : 2012
Format : AZW

A lire si ;
- Vous aimez les romans feel-good
- Vous voulez une héroïne un peu à la ramasse

A ne pas lire si :
- Vous n'aimez pas les bons sentiments.

Présentation de l'éditeur :

À force de traquer le scoop et de dévoiler la vie privée des gens dans les colonnes de la presse à scandale, Kitty est dans l'impasse. Sa carrière de journaliste piétine, et ses frasques lui valent une réputation désastreuse. Tout s'effondre quand elle apprend que Constance, la femme qui lui a tout appris, vit ses derniers instants. Elle se rend à son chevet et lui demande quelle histoire elle a toujours rêvé d'écrire. Mais la réponse arrive trop tard, sous la forme d'une liste de cent noms, sans aucune explication. Bien décidée à percer le mystère, Kitty tente de comprendre ce qui relie entre eux ces inconnus. En allant à leur rencontre, elle va découvrir des aspects pour le moins inattendus de la vie de Constance et peut-être même trouver un sens à la sienne.

Mon avis

J'ai pris ce livre lors de l'opération Coquillages et Crustacés de l'équipe Bragelonne sans trop savoir à quoi m'attendre avec lui. D'ailleurs, durant cette opération, j'ai pris pas mal de bouquin de chez Milady, que je lis moins que Bragelonne (parce que j'ai toujours ce méchant apriori sur les romances, on ne va pas se mentir)(alors que généralement, j'aime bien lire ça, ce qui est assez paradoxal, on va bien le dire). Bref, je me doutais que ce serait un peu à l'eau de rose mais comme en ce moment, je lis pas mal de fantasy, je me suis dit que ça changerait pas mal. Et j'ai eu bien raison. 

Kitty s'est mise dans la merde en accusant un professeur de viol à la télévision. Elle pensait avoir le reportage de sa vie, elle s'est juste faite avoir par des femmes en mal de reconnaissance, comme elle. Mais pour elle, les conséquences sont désastreuses. Elle est virée de sa chaine, voit son boulot de journaliste au magazine Etcetera réduit à peau de chagrin et pour bien enfoncer le clou, Constance, son amie et mentor (et accessoirement patronne d'Etcetera) est en phase terminale. Lorsque celle-ci meurt, Kitty est totalement au désespoir. Pourtnat, Constance lui laisse un dernier projet, son grand article, celui qu'elle aurait toujours voulu écrire. Afin de lui rendre hommage, Kitty veut le reprendre. Mais Constance n'a laissé qu'une liste de cent noms pour tout indice. Commence alors pour la jeune journaliste l'aventure qui va la remettre dans le "droit" chemin du journalisme, mais aussi, lui faire comprendre que la vie n'est pas si pourrie que ça.

J'ai aimé beaucoup de chose dans le roman. Déjà, j'ai adoré Kitty. Kitty, c'est la femme qui a fait une erreur, qui le sait mais qui ne l'admet pas encore. C'est la femme qui s'est vu mangé par le prestige et le travail et qui en a oublié la passion du début. C'est la femme qui ne voit plus que par elle et qui oublie qu'elle n'est pas seule au monde. Et pourtant, petit à petit, elle va se réveiller, grâce au projet de Constance. Elle va se retrouver, retrouver ce qui faisait d'elle une bonne journaliste. Cela ne se fait pas simplement, elle va traverser pas mal d'épreuve avant d'ouvrir les yeux, mais elle va y arriver grâce à six personnes et les gens qui gravitent autours de ces six là. 

Les six, se sont des personnes se trouvant dans la liste de Constance. Ce sont surtout les seules qu'elle a réussi à joindre avant le délai impartie. On retrouve une vieille dame en maison de retraite, une personal shopper, une jeune coiffeuse en hôpital, un homme au chômage, un autre qui a fait de la prison et une passionnée de papillon. Chacun d'eux à une vie ordinaire ou presque. Parce que chacun d'eux à une histoire à raconter, un truc parfois banal, parfois pas, mais qui n'en fait pas des héros au sens où on l'entend en général. Et pourtant, petit à petit, on va découvrir ce qui les lie entre eux (si vous êtes un peu plus malin et moins aveugle que Kitty, vous le découvrirez rapidement) et ce qui fait qu'ils sont si particuliers dans leur normalité. Ils sont tous touchant et on s'attache autant à eux qu'à Kitty.

Le ton du roman est très léger, avec de l'humour quand il faut et beaucoup d'amour qui en dégouline. Bon, pas que de l'amour quand même, la porte de Kitty étant régulièrement recouverte de peinture, de papier toilette voir de merde et de fumier par les amis de l'homme qu'elle a accusé de viol. C'est d'ailleurs cette histoire, et la rédemption de la jeune femme qui sert de fils rouge pour elle. Elle se jette à coeur perdu dans l'article sur les 100 noms pour oublier tout ça. Kitty ne gère pas vraiment bien d'ailleurs tout ce qui lui arrive. Elle tombe dans le panneau plus d'une fois, se fait avoir comme une débutante, autant en amour qu'au travail. Elle n'a rien d'une héroïne, elle non plus. Elle s'accorde en ce sens parfaitement avec ceux qu'elle rencontre. 

J'ai pris vraiment plaisir à lire ce roman, parce que je n'en attendais pas grand chose et que j'ai été agréablement surprise. C'est frais, léger et en même temps, ça rappelle pendant un moment que ce n'est pas parce que nos vies nous semblent plates et insipides que c'est forcément le cas. Et puis, j'ai plutôt apprécié la plume de Cecelia Ahern, qui est à l'image de son roman, légère, pas prise de tête et agréable à lire. Ce n'est pas un coup de coeur pour moi mais on en est pas trop loin, je dois dire. Après, c'est peut-être un peu trop sentimental pour moi pour que j'adhère totalement (petit spoil, mais le fait que tout le monde ou presque trouve chaussure à son pied à la fin, c'est peut-être un peu trop je trouve). Ce qui est sur, c'est que j'ai passé un bon moment en compagnie de Kitty, Steve, Mary-Rose, Birdy, Eva et les autres.

dimanche 28 juillet 2019

La Jeune Epouse, Alessandro Baricco

Vous le savez, j'apprécie Baricco. J'aime la poésie de ses mots, celle des thèmes qu'il choisit. Et même si parfois, il me déçoit (Mr Gwyn), je ne peux m'empêcher de le lire. C'est ainsi que la Jeune Epouse s'est retrouvé sur ma table de chevet.

La Jeune Epouse, Alessandro Baricco

Editeur : Folio
Collection : /
Année de parution : 2016
Titre en VO : La Sposa Giovane
Année de parution en VO : 2015
Nombre de pages : 256

A lire si ; 
- Vous voulez quelque chose d'assez érotique
- Vous aimez les histoires un peu décousues

A ne pas lire si :
-Vous n'aimez pas les changements de narrateur intempestif

Présentation de l'éditeur : 

'Là où elle avait imaginé entrer comme une épouse, elle se retrouva soeur, fille, invitée, présence appréciée et objet décoratif.
Y a-t-il des règles qui m'on échappé ? demanda la Jeune Epouse.
Si vous m'y autorisez, je n'en mentionnerai que quatre, histoire de ne pas courir trop de lièvre à la fois.
Soit."
Italie, début du XXe siècle. La Jeune Epouse doit se marier avec le Fils. En attendant qu'il rentre d'Angleterre, elle va faire la connaissance de la Famille et de ses secrets bien gardés.

Mon avis

La Jeune Epouse débarque un beau matin dans la Famille. Elle doit épouser le Fils, qui est absent. La Famille, le Père, la Mère, la Soeur et l'Oncle, l'accueillent comme si de rien n'était et attendent le Fils avec elle. Elle va alors découvrir leurs secrets les plus intimes et s'ouvrir par la même occasion à ses propres désirs. Et toujours, ils vont attendre un Fils qui ne vient pas. 

Je m'attendais à deux trois choses dans ce roman mais peut-être pas à tout ce que j'ai pu lire dedans. Comme toujours avec Baricco, je sais que les apparences peuvent être trompeuses et que la poésie sera présente. Je me doutais que j'aurais une approche du métier d'écrivain dans l'histoire, parce qu'il en va ainsi depuis un moment avec Alessandro Baricco. Ses romans sont là pour parler de son travail peut-être finalement plus que du reste, ce qui en soi, n'est peut-être pas si dérangeant que ça. Ici, le plus dérangeant pour le lecteur, c'est que tout se mêle. L'histoire de la Jeune Epouse, celle de l'écrivain, presque celle du lecteur aussi. Parfois, celui-ci se perd, souvent même. Qui parle ? Bonne question souvent. Il m'a fallut revenir sur mes pas pour comprendre. 

La Jeune Epouse est un labyrinthe qui se joue dans un temps qui n'en est pas un. L'auteur pose une époque qui pourrait presque être maintenant. Il joue sur l'intemporalité, sur la longueur d'une minute qui dure des siècles, sur l'attente qui efface le temps. Cette intemporalité, il l'a crée d'abord en ne donnant pas de nom à ses personnages mais des fonctions : la Jeune Epouse, la Mère, la Soeur, le Père... Ils pourraient être n'importe quel père, n'importe quelle soeur, n'importe quelle jeune épouse (qui d'ailleurs n'en est pas une du coup). Il l'a crée aussi par l'absence du Fils et l'attente. Celles des jours qui passent et se ressemblent, celle de la Jeune Epouse qui attend son Epoux. C'est doux, agréable. On se perd dans cette temporalité et on apprécie finalement de suivre cette jeune femme dans ses découvertes d'elle et de ses désirs.

Parlons-en d'ailleurs, des désirs. Ils sont le coeur du roman. Désirs érotiques d'abord, qui émaillent le récit tout du long, désirs de se connaitre aussi, et puis les autres, ceux dont on ne parlent pas forcément mais qui sont bien là. Le désir de l'écrivain aussi, de raconter le plus justement possible son histoire. Je ne pensais pas du tout tomber sur autant de scène érotique dans le livre. Je ne pensais pas non plus y trouver un parallèle avec les désirs des écrivains. Mais Baricco y arrive et il fait ça de manière presque naturelle (bien que je trouve les scènes érotiques un peu trop forcées pour ma part)(et pas si réaliste que ça pour certaines). Je trouve personnellement ce parallèle un peu exagéré mais pas tant que ça au final. 

Pourtant, il manque pour moi quelque chose au livre. Il est sympa à lire, on s'y perd sans le moindre problème mais il ne reste pas. Du tout. A l'inverse d'un Ocean Mer ou d'un Novecento, on oublie rapidement ce qu'on a lu. Ça ne reste pas, pas même une toute petite sensation. C'est assez dommage, puisque finalement, j'aurais aimé en gardé quelque chose de ce roman. Mais non. Il se lit vite et s'oublie tout aussi facilement. Je me demande si ce n'est pas un de ces livres qui doivent souvent être relu pour en extraire vraiment quelque chose. Cela ne m'étonnerait presque pas de l'auteur.

Au final, c'est donc un livre interessant mais qui ne reste pas. C'est un peu dommage au vu de la poésie qui le peuple mais aussi des personnages dont on aimerait en savoir un peu plus. Il reste au final, pour moi, dans la même lignée des deux derniers livres de Baricco (Trois fois dès l'Aube et Mr Gwyn), bon mais sans ce petit truc qui fait que j'ai tant aimé Ocean Mer. 

lundi 1 avril 2019

D'Après une histoire vraie, Delphine de Vigan

Cela fait un petit moment que ce livre est dans ma PAL, il était temps que le hasard l'en fasse sortir et que je me replonge dans les mots de Delphine de Vigan, autrice que j'apprécie beaucoup.

D'Après une histoire vraie, Delphine de Vigan

Editeur : Le livre de poche
Collection : /
Année de parution : 2017
Nombre de pages : 380

A lire si : 
- Vous aimez quand les genres se mélangent.
- Vous aimez quand c'est étrange mais pas trop quand même

A ne pas lire si : 
- Vous voulez quelque chose d'original dans la forme

Présentation de l'éditeur : 

"Ce livre est le récit de ma rencontre avec L. L. est le cauchemar de tout écrivain. Ou plutôt le genre de personne qu'un écrivain ne devrait jamais croiser."
Dans ce roman aux allures de thriller psychologique, Delphine de Vigan s'aventure en équilibriste sur la ligne de crête qui sépare le réel de la fiction. Ce livre est aussi une plongée au cœur d'une époque fascinée par le Vrai.

Mon avis

Rien ne s'oppose à la nuit, le roman paru avant celui-ci, a été un coup d'éclat pour son autrice. Elle se faisait connaitre suite à l'histoire de sa mère, à la quête de vérité pour une femme qu'elle a toujours connu mais qui lui échappait. Le roman a été un succès. Mais que se passe-t-il après avoir écrit un tel livre pour l'autrice ? D'après une histoire vraie va tenter de répondre à cette question, tout en abordant un thème peut-être aussi intime que celui de Rien ne s'oppose à la nuit, celui de la dépression et de la vérité dans la fiction.

Delphine de Vigan nous parle de ce qu'il s'est passé entre les deux romans, et plus particulièrement de sa renconter avec L. Le lecteur ne saurait pas grand chose de L., juste ce que de Vigan veut bien nous en dire. Ou juste ce qu'elle sait elle-même. Alors que l'autrice commence un burn-out suite à la sortie de Rien ne s'oppose à la nuit, elle va rencontrer L. et va rapidement se lier à elle. Petit à petit, L. va prendre de plus en plus de place dans la vie de Delphine (je me permets de ne mettre que son prénom ici en tant que personnage du livre). Et tandis que L. s'installe, Delphine continue son burn-out jusqu'à ne plus pouvoir tenir un stylo dans les mains, ne plus pouvoir écrire une seule ligne. Alors, L. va prendre la place de Delphine pour donner le change, elle va écrire les mails, les articles... à sa place, jusqu'à prendre sa place.

La forme du roman n'est pas vraiment original. L'autrice qui se fait vampiriser par une personne tierce n'est pas nouvelle. On la retrouve dans pas mal de textes ou de films.Le dénouement final n'a rien n'ont plus d'original. On le voit venir de loin et il rappelle grandement celui de la nouvelle Vue imprenable sur jardin secret de Stephen King (qui a inspiré le film Fenêtre Secrète). Une partie fait aussi penser à Misery (que je n'ai toujours pas lu). D'ailleurs, pour les influences, on retrouvera King plusieurs fois, l'une dans un exergue, l'autre dans une liste de titre de livre (Misery pour le premier, Sac d'Os pour le second). Pourtant, on prend un certain plaisir à lire la version de Vigan de cette histoire-là. L'autrice ne tire pas totalement sur le thriller psychologique dans cette histoire. Elle s'en sert pour faire passer son message tout en gardant une partie fiction dans son texte.

C'est d'ailleurs tout le message du texte, comment user de la réalité et de la fiction dans un roman, comment mélanger les deux. Ou se trouve finalement la frontière. Et sur ce point, de Vigan réussit parfaitement. La forme du roman, son intrigue, se prête parfaitement au propos. Et ça, du début à la toute fin du roman. Effectivement, elle se questionne et questionne en même temps le lecteur sur la place du réel et de la fiction dans le livre. Qu'est-ce que le lecteur attend vraiment, qu'est-ce qu'il aime, peut-on le duper facilement ? Et bien, je vous laisse lire le livre pour découvrir ce qu'en pense finalement l'autrice.

Le thème de la depression est aussi abordé de manière très douce finalement. Il fait parti intégrante de l'histoire (à tel point qu'on se demande si oui ou non, Delphine de Vigan a fait un burn-out suite à Rien ne s'oppose)(et du coup, elle a réussi son coup puisqu'on s'interroge sur le réel dans le récit). C'est la partie peut-être la plus intime du récit du roman, celle qui touche un peu plus à la psychologie de l'auteur et à tout ce qui peut tourner autour. Et à partir de là, on peut rapidement se poser la question de la schizophrénie de l'écrivain. Et si L. était en fait Delphine ? Cette partie n'est pas non plus nouvelle mais elle a le mérite d'être traité ici à la manière de son autrice.

Au final, j'ai apprécié cette nouvelle incursion dans l'oeuvre de Delphine de Vigan. J'ai aimé me prendre au jeu, découvrir les effets de réels comme ceux de fiction et suivre son raisonnement sous couvert de roman. J'ai aussi apprécié qu'elle s'attaque à un genre qui n'est pas forcément le sien et qu'elle le fasse à sa manière, sans trop chambouler son lecteur. Je vous le recommande si vous vous poser des questions sur toutes les questions d'effet de réel dans une fiction.

jeudi 7 mars 2019

Le Parfum du bonheur est plus fort sous la pluie, Virginie Grimaldi

Vous connaissez ce genre de bouquins dont vous êtes persuadés que vous allez vous ennuyer à le lire, qu'il n'est pas fait pour vous ? Ben j'étais persuadée que ça allait être le cas avec celui-ci. Est-ce que ce fut le cas ? Pas du tout.

Le Parfum du bonheur est plus fort sous la pluie, Virginie Grimaldi

Editeur : Fayard
Collection : /
Année de parution : 2017
Format : epub

A lire si : 
- Vous voulez passer un bon moment
- Vous aimez les histoires qui finissent bien

A ne pas lire si :
- Vous "vivez" le roman et qu'il y a du monde autour de vous (parce que j'ai eu droit à quelques regards un peu bizarre le matin au café...)(et je suis peu démonstrative à la base)

Présentation de l'éditeur :

Pauline, quittée par son mari Ben, se retrouve obligée de vivre chez ses parents avec son fils de quatre ans. D'abord abattue, elle décide de ranimer ce qui avait fait tenir sa relation avec Ben jusque là. En lui envoyant, chaque jour, le souvenir d'une histoire liée à leur rencontre, elle tente de rappeler à Ben, qui l'a peut-être oublié, qu'ils se sont aimés.

Mon avis

J'ai des préjugés. Oui, aussi pour les livres. C'est très con parce que je sais que très souvent, mes préjugés sont très couillons et fondés sur pas grand chose. Mais franchement, un bouquin dont la couverture correspond au cahier des charges des comédies françaises par le Stagiaire des Affiches, ça partait assez mal (j'ai beaucoup de mal avec un grand nombre de comédies françaises). Et puis, ce résumé... De la romcom à n'en pas douter. Ou pas, donc.

Le mari de Pauline l'a quitté. Elle ne supporte pas la situation, ne la comprend pas. Elle l'aime, pourquoi plus lui ? Elle compte bien lui rappeler pourquoi ils sont mariés. Chaque jour durant l'été, elle va lui envoyer un souvenir. Mais tout ne se passe pas comme prévue. Elle va faire un burn-out et la voilà à devoir passer un mois entier de vacances avec sa famille. Petit à petit, Pauline va découvrir les petits bonheurs que lui offrent la vie sans Ben. Elle va aussi faire un point sur sa vie (sans toujours vraiment le vouloir d'ailleurs).

En fait, mon résumé ne rend pas hommage au livre. Le parfum du bonheur (on abrège là, sinon ça prend des plombes à écrire hein), ne peut pas se résumer à Ben quitte Pauline, Pauline veut le récupérer. C'est bien plus que ça. En fait, c'est bien plus que juste Pauline et Ben. C'est une histoire de secrets bien enfouis et de bonheur, de famille qui s'aime malgré les doutes et les malheurs. C'est une histoire familiale qui pourrait vraiment tiré sur le mélodramatique mais qui ne le fait pas. La raison ? Le style de l'autrice. Virginie Grimaldi va parler de choses graves et tristes, de dépendances, de dépression, de secret, de ruptures, de deuil aussi (surtout en fait) mais elle va y mettre énormément de bonheur aussi. En fait, elle rappelle que malgré la pluie, le bonheur n'est jamais bien loin.

Un roman comme ça fait du bien. J'ai beaucoup ri en le lisant. Pour de vrai, je veux dire, pas juste un petit sourire mais de vrais rires. Pauline, malgré ce qu'il lui arrive (une rupture, ce n'est jamais simple, et encore je vous laisse découvrir le reste qui n'est pas joyeux du tout), garde un sens de l'humour particulièrement irrésistible (et bien écrit qui plus est). J'aime sa façon de voir et sa manière de poser la petite phrase qui tue tout. Mais je crois surtout que là où je me suis retrouvée dans ce livre, c'est avec la famille de Pauline. Alors non, la mienne n'est pas la même que la sienne, mais elle reste tout aussi complexe. Certaines situations m'ont particulièrement parlé. Forcément, c'est un bon point. 

Mais il n'y a pas que ça. Le roman est vraiment un roman feel-good. Alors oui, Pauline vient d'être quitter, oui, ses parents ne sont pas les meilleurs parents du monde (son père est un ancien alcoolique, sa mère a disparu durant un an alors qu'elle était ado...), non, sa vie n'est pas parfaite du tout, mais elle va de l'avant et elle fait ça pas toujours avec le sourire. En fait, le personnage, on pourrait le croiser dans la vraie vie sans problème. Tous comme les autres, ses parents, ses grand-mères, son frère, sa sœur... Ça fonctionne super bien. Et c'est là une des grandes forces du livre. Ça et l'humour de son autrice. 

J'ai beaucoup aimé le roman, vraiment. Et comme souvent avec ce genre de roman que je ne lis que trop peu, je n'ai pas la moindre idée de comment vous transmettre ça. Comme quoi, mes préjugés sont très cons en fait. Ça aurait été dommage de passer à côté. Il est drôle et émouvant à la fois. Ca a été une belle découverte. Et je pense que si ma collègue a d'autre Grimaldi sous le coude, je les lui emprunterai bien.

vendredi 7 décembre 2018

Un soir de Décembre, Delphine de Vigan

Parfois, j'ai des idées un peu connes. Comme vouloir lire ce bouquin forcément en décembre. Ben oui, vu le titre, je voulais faire ça en décembre. Mais j'ai zappé l'année dernière. Du coup, il est resté un an dans ma PAL juste pour le lire à ce que je considère le bon moment. Alors qu'en fait, ben j'aurais pu le lire à n'importe quel moment de l'année, ce livre.

Un soir de Décembre, Delphine de Vigan

Editeur : Points
Collection : /
Année de parution : 2007
Nombre de pages : 195

A lire si : 
- Vous voulez une lecture assez courte
- Vous connaissez et appréciez l'écriture de l'autrice

A ne pas lire si : 
- Vous n'aimez pas rester à l'écart

Présentation de l'éditeur : 

Quarante-cinq ans, une femme, deux enfants, une vie confortable, et soudain l’envie d’écrire, le premier roman, le succès, les lettres d’admirateurs… Parmi ces lettres, celles de Sara, empreintes d’une passion ancienne qu’il croyait avoir oubliée. Et qui va tout bouleverser. Au creux du désir, l’écriture suit la trajectoire de la mémoire, violente, instinctive et trompeuse.

Mon avis

Voilà un roman dont je vais avoir du mal à parler, je crois. Déjà parce que j'écris l'avis avant d'avoir rempli le "à lire si/à ne pas lire si". Ce n'est jamais bon signe. Ça veut dire que je n'ai pas la moindre idée de si j'ai aimé ou pas le livre. Et effectivement, je sors un peu dubitative de ma lecture. Et je vous explique pourquoi.

J'aime l'écriture de Delphine de Vigan. Je le dis à chacun de ses romans et je les ai presque tous lu. C'est une autrice que je connais donc "bien", avec laquelle je me sens bien en tant que lectrice. Je sais à quoi m'attendre avec elle. Du coup, je pars en terrain conquis, sachant que forcément, je vais apprécier au moins l'écriture. Et ça ne rate pas. J'aime la poésie des phrases de de Vigan. J'aime la manière dont elle agence les mots, dont les sonorités me parviennent. L'histoire pourrait n'avoir ni queue ni tête que j'aimerais quand même la manière dont elle est écrite.  Bon, heureusement, l'histoire a un sens, hein.

Mais elle ne m'a pas tant touché que ça, cette histoire. Nous suivons Matthieu, écrivain qui vient de publier son premier roman et qui se retrouve bloqué pour écrire le second. Un syndrome de la page blanche qui ne le perturbe pas tant que ça. Il a un bon job, une vie de famille tranquille et confortable. Que demander de plus ? Sauf que tout va changer rapidement. Une lettre et voilà notre écrivain qui se remet à écrire. Et surtout, il revit une passion d'il y a dix ans qu'il pensait fini. Sauf que... Sauf que je n'ai pas réussi à ne serait-ce qu'apprécier un peu Matthieu. J'ai eu l'impression de rester sur le pas de la porte sans jamais réussir à entrer dans l'histoire. Et pour tout dire, je crois que ça vient aussi de la manière d'écrire de l'autrice.

Pourtant, il y a des moments où j'ai réussi à entrer dans l'histoire. Quatre pour être précise. A chaque lettre de Sara. Parce que le texte s'adresse autant à Matthieu qu'au lecteur. Il n'y a pas la distance que met la narration à la troisième personne ici. Sara se livre, livre son histoire. On est loin des rapports froids que l'on trouve dans la partie Matthieu. Du coup, c'est un peu dommage que ça ne prenne pas le tiers du roman.

Parce que la romance qu'on trouve, enfin, si je peux appeler ça romance, est tout de même bien foutu. La fin de l'histoire entre Matthieu et sa femme aussi. J'ai particulièrement apprécié aussi le parallèle que l'autrice crée entre l'écriture et les deux histoires d'amour de son personnage. Ca peut paraitre un peu gros, mais ça fonctionne pas mal. Avec le retour de la passion pour Sara, Matthieu se remet à écrire. A tel point, qu'obsédé par son nouveau roman, il en oublie sa femme, la trompe finalement avec son manuscrit (en gros hein). Cela devient si pesant pour Elise qu'elle finira par partir avec les gamins, le laissant seul avec son fantasme (il ne cherchera finalement pas à voir Sara) et son roman.

Et puis, il y a cette fin. Matthieu et Elise ne vivent plus ensemble. Et on découvre enfin la dernière lettre de Sara. Cette lettre m'a marqué. Parce que quand je parle du fantasme de Matthieu, finalement, je n'en suis pas loin du tout. Et c'est là que j'en arrive à réfléchir à la facilité avec laquelle l'esprit humain peut aller très loin pour pas grand chose au final.

Pour finir, je dirais donc que je ne sais pas trop quoi penser du livre. L'ai-je aimé ? Je crois, oui. Je n'en suis pas sûre. C'est étrange. Je crois qu'il plaira aux amateurs de l'autrice. Peut-être pas aux autres.

vendredi 10 août 2018

Les Tendres Plaintes, Yoko Ogawa

J'avais découvert Yoko Ogawa avec un recueil de nouvelle, la Mer, il y a quelques année de ça (2015 si j'en crois mon article dessus). J'avais depuis longtemps envie de la lire une nouvelle fois, mais sur quelque chose de plus long que des nouvelles. Il me semble que j'ai ce livre-là depuis 2016 dans la PAL mais, vous savez ce que c'est, j'ai trop de livres à lire. Et puis, je l'ai finalement sorti.

Les Tendres Plaintes, Yoko Ogawa

Editeur : Babel
Collection : /
Anné de parution : 2014
Titre en VO :Yasashii uttae
Année de parution en VO : 1996
Nombre de pages : 241

A lire si :
- vous aimez les romans lents
- vous aimez la poésie que l'on trouve dans la vie quotidienne

A ne pas lire si :
- Vous voulez du rapide
- Vous n'aimez pas les tranches de vie

Présentation de l'éditeur :

Blessée par l'infidélité de son mari, Ruriko décide de disparaître. Elle quitte Tokyo et se réfugie dans un chalet en pleine forêt où elle tente de retrouver sa sérénité. Ruriko est calligraphe. Non loin, dans un autre chalet, s'est installé Nitta, un ancien pianiste de renom devenu facteur de clavecins, un homme habité par un calme particulier qui semble absorber les sons des instruments qu'il fabrique. Bien qu'assisté chaque jour dans son ouvrage minutieux par une jeune femme prénommée Kaoru, il vit seul avec un vieux chien aveugle et sourd. Invitée en ces lieux par Kaoru, la calligraphe observe et s'interroge sur la relation du facteur et de son aide. Ainsi elle apprend que Nitta ne peut plus jouer en présence d'autrui, que seule persiste en lui la capacité de vivre avec des sons invisibles. Mais, un matin, la calligraphe surprend Nitta installé au clavecin jouant "Les Tendres Plaintes" pour Kaoru.

Mon avis

S'il y a bien une chose qui m'avait touché dans la Mer, le recueil où j'ai découvert l'écriture de l'autrice, c'était la poésie insufflée dans les nouvelles. Elle était partout, même là où on ne s'y attendait pas. J'espère beaucoup retrouvé cette poésie-là dans ce roman et ce fut le cas.

Ruriko quitte Tokyo et son mari, infidèle et violent, pour le chalet de son enfance. Elle ne sait pas vraiment pourquoi elle est partie là, elle aurait très bien pu aller ailleurs. Mais c'était comme un appel. Là-bas, elle essaie de se reconstruire un peu. Elle va rencontrer Nitta, un facteur de clavecin et son aide, Kaoru. Petit à petit, elle va entrer dans leur monde, les découvrant et se découvrant elle-même. 

Je vous avoue ne pas trop savoir par quoi commencer pour parler du roman. Pendant une partie de celui-ci (avant mon départ en vacances en fait, je pense que j'avais besoin d'une coupure pour le reprendre comme il faut), je me suis demandée où l'autrice voulait en venir. J'aimais suivre Ruriko dans sa vie au chalet, sa découverte des deux facteurs de clavecins, voir les paysages qui l'entourent mais je n'arrivais pas à voir la finalité du roman. C'était assez étrange à lire. Beau, poétique à souhait, avec une narratrice qui n'en fait pas des tonnes, qui pose ses sentiments comme des notes sur une partition de musique dont elle ne sait trop quoi faire. J'aimais mais ce n'était pas tout à fait ça. Alors j'ai posé le livre et j'ai attendu une semaine pour le reprendre. Je crois que j'ai eu bien fait.

IL faut attendre presque la moitié du roman pour comprendre ce que l'autrice voulait dire. Pour comprendre les personnages, Ruriko la première. En fait, pendant la première partie, le lecteur se retrouve aussi perdue qu'elle. Que va-t-elle devenir, maintenant qu'elle a tout quitté ? Que va-t-il se passer pour elle ? Son cheminement n'est pas simple mais de la femme perdue du début, on commence à entrevoir une autre femme, qui s'exprime un peu plus. Il en va de même pour les deux autres personnages dont on connait le nom (à part Ruriko, Nitta et Kaoru, les autres n'ont jamais de noms)(c'est fait exprès, je pense, pour nous rapprocher d'eux, ne pas avoir de "parasites" autours, les couper du monde du roman en fait). Petit à petit, on découvre les blessures de ces trois-là, puis la manière qu'ils ont d'aller plus loin que ça, de se remettre en mouvement. Ce n'est pas parfait mais ça reste très humain. On peut être brisé, il y aura toujours une personne pour nous recoller, pour nous consoler, nous aider. Un beau message rempli d'optimisme que j'ai apprécié lire.

On ajoute à ses personnages des décors magnifiques, la forêt qui prend une place importante, la nature elle-même. Et puis, la poésie de l'autrice qui ne quitte pas les pages du livre. Certains passages sont particulièrement beaux, et ce ne sont pas forcément ceux que j'aurais cru (la construction des clavecins, leur description sont particulièrement belles par exemple). La musique, même si on ne l'attend pas, est bien présente dans tout le roman. Elle fait partie de lui, de la poésie qu'il dégage. Il en va de même pour la nature où des scènes importantes se passent. Tout cela fait partie du roman, y apporte une touche presque magique.

Et puis, il y a aussi le dépaysement. Tout est forcément très japonais dans le roman. Assez pour se sentir voyager en suivant les pas de Ruriko dans cette nouvelle vie. J'apprécie beaucoup quand ça arrive, quand je me sens un peu perdu dans un roman parce que la culture n'est pas la même que la notre. Ici, elle se ressent forcément par les attitudes des personnages, par les lieux, les décors. Que l'histoire ne se passe pas dans une grande ville japonaise y aide forcément beaucoup (moins occidentalisé, la campagne japonaise me semble plus encline à nous faire découvrir le japon comme on peut se l'imaginer)(ceci n'est que mon avis mais je n'ai pas retrouvé ça dans les livres que j'ai pu lire se passant à Tokyo par exemple).

J'avoue ne pas dire grand chose au final du roman en lui-même, des histoires qui se jouent dedans, mais même si effectivement elles sont importantes, si elles me parlent beaucoup, ce n'est pas ce que j'ai le plus retenu des Tendres Plaintes (qui porte définitivement bien son nom). En fait, tout est lié dedans, les histoires, la poésie, le décors, à tel point qu'on en ressort avec une impression d'un grand tout à la fois mélancolique et plein d'espoir. C'est juste beau. 

Pour finir, une petite vidéo avec la musique dont le livre tire son nom, les Tendres Plaintes de Rameau. Ca lui va terriblement bien.