mardi 3 juillet 2018

La vie parfaite, Silvia Avallone

Depuis ma découverte de l'autrice avec D'Acier, je suis son actualité. Comment j'ai pu raté la sortie de son dernier roman en avril ? Je n'en ai pas la moindre idée (enfin, si, le changement de rayon de ma libraire et le fait que je puisse m'y rendre bien moins souvent qu'avant n'aide pas). IL a fallu qu'elle aime une de mes photos de Marina Bellezza sur instagram pour que je m'en rende compte. Bref, retard rattrapé puisqu'il ne m'a fallu que deux petits jours pour lire cette vie parfaite.

La vie parfaite, Silvia Avallone

Editeur ; Liana Levi
Collection : /
Année de parution : 2018
Titre en VO : Da dove la vita è perfetta
Année de parution en VO : 2017
nombre de pages : 400

A lire si :
- Vous voulez de belles histoires
- Vous ne voulez pas que de bons sentiments
- Vous voulez de la poésie

A ne pas lire si :
- Lisez, point.

Présentation de l'éditeur

Adele monte dans le bus qui relie la cité des Lombriconi au centre de Bologne. Elle vient d'avoir 18 ans et part accoucher, seule. Parce que le père est un voyou égoïste, parce que là où elle vit tout le monde semble " né pour perdre ", parce qu'elle veut donner à son enfant la chance d'une vie meilleure, Adele est sur le point de l'abandonner. Dans son grand appartement du centre-ville, Dora, elle, n'est pas seule. Mais après des années de FIV ratées, son désir de maternité s'est transformé en obsession et mine son mariage. Entre ces deux femmes au seuil de choix cruciaux, il y a Zeno : le voisin d'Adele qui tous les soirs l'espionne depuis son balcon ; l'élève appliqué de Dora, qui connaît les frontières invisibles qui séparent la ville et les êtres. Et tous au fond cherchent la même chose. Un refuge, un lieu tranquille d'où l'on pourrait apercevoir, au loin, la vie parfaite.

Mon avis

Saches, lecteur, que je commence mon avis sans avoir encore rempli le A lire/A ne pas lire. Et quand ça arrive, c'est que j'ai beaucoup de chose à dire et que j'ai du mal à organiser ma pensée. Cela pour une bonne raison. J'ai aimé le livre, comme les précédents de l'autrice, je lui trouve quelques défauts, mais surtout j'ai du mal à en sortir. Il n'est peut-être pas aussi poignant pour moi que Marina Bellezza (qui me reste dans la tête deux ans après sa lecture quand même)(oui, ce roman-là fut une véritable claque) mais comme pour les autres, il marque et pas qu'un peu.

Silvia Avallone nous entraîne cette fois à Bologne (pour info, Marina se déroule à Biella où elle est née, D'acier à Piombino où elle a grandi et la vie parfaite à Bologne où elle vit), à la fois dans sa banlieue et dans les quartiers un peu plus chic de la ville. Elle va nous faire suivre deux femmes et leur entourage. La première, c'est Adele, 17 ans, qui vit aux Lombriconi, quartier style barre HLM, dans un petit appartement avec sa mère et sa sœur Jessica. Elle est pauvre, pense être née pour perdre. Suite à un rapport sans protection, elle tombe enceinte et ce fait larguer par son copain, petit caid qui se voit avec un avenir prodigieux dans la vente de drogue. La seconde, c'est Dora, la trentaine, handicapée, professeure et stérile. Son besoin d'enfant l'a fait plonger dans une terrible obsession qui pourrait lui coûter bien plus que son couple. Elles sont reliées toutes les deux par Zeno, le voisin d'Adele et l'élève de Dora. Un garçon solitaire, qui peu à peu va prendre de l'importance dans la vie de ces deux femmes.

Par où commencer ? IL est difficile de choisir. Disons par le thème général, celui qui se dégage le plus du livre, celui de l'exclusion. Un thème que l'autrice avait un peu abordé avec D'Acier et qu'elle va mettre en avant ici. IL y a celle des Lombriconi, des gens qui y habitent, des banlieusards. Adele et sa famille, Manuel, Zeno, Jessica ils sont tous des exclus. Pas seulement parce qu'ils vivent dans une banlieue sordide, mais parce que la vie n'est pas tendre avec eux, parce que, quoiqu'ils fassent, ils seront toujours des banlieusards, des moins que rien (du moins, c'est ce qu'ils pensent)(et qu'on veut bien leur faire penser aussi...). Il y a aussi les exclusions plus personnelles, comme pour Dora, à cause de son handicap ou Fabio son époux, qui adolescent était obèse. On se rend compte, au fur et à mesure de l'avancée du livre que ce thème-là a tellement de facette, de façon de se présenter, que presque personne n'y échappe réellement. Et pourtant. Pourtant, alors qu'on pourrait tomber dans le misérabilisme, dans la noirceur la plus totale, Silvia Avallone réussit, comme dans D'Acier, a donner des touches d'espoir à tous. C'est un des points forts de l'écriture de la jeune italienne, une des raisons qui fait que j'aime ses romans et ici, je la retrouve encore une fois.

Ensuite, il y a celui de la maternité, vu par les deux femmes et leur entourage. Du côté d'Adele, elle est non voulue, arrive trop vite, trop tôt. La jeune fille est complètement désespérée face à ce qui lui arrive. Le père s'en va, ne faisant rien d'autre que reproduire ce qu'elle a vécu avec son propre père (les pères d'Avallone sont souvent absents ou violents, j'ai remarqué), la laissant seule avec son gros ventre et ses incertitudes. A tel point qu'elle décidera de ne pas reconnaître l'enfant, de lui donner une vie meilleure que la sienne, une vie parfaite peut-être. Du côté de Dora, c'est une grossesse qui ne veut pas venir, c'est les FIV pendant cinq ans qui se soldent par un gros rien, le désespoir, la folie qui s'en suit. Et puis, ce petit espoir, celui de l'adoption et toutes les questions qui vont avec. Ici encore, l'autrice parle juste, ne cherche pas le beau ou l'incroyable. Non, elle va à l'essentiel, à ce que peut être la réalité de ces femmes, leurs doutes, leurs moment de joie, ceux de pleurs. 

Tout cela est porté par l'écriture (et la super traduction de Françoise Brun)(qui connait bien le style de l'autrice, puisqu'elle a traduit les précédents aussi) de Silvia Avallone. Un style entre le vulgaire, le "parler banlieue" et la poésie. C'est assez fort, surtout que ça porte des messages qui le sont tout autant. Mieux encore, ce mélange permet de ne pas se retrouver hors de la réalité de l'histoire. Il va tellement bien avec les personnages, avec leurs situations. C'est toujours un vrai plaisir de la lire.

Au final, oui, lecteur, j'ai eu un coup de coeur. Moins imposant que pour Marina Bellezza, je dois bien le dire, mais il est bien là. Ce troisième roman confirme le talent de l'autrice (fallait-il vraiment le confirmer ? je ne le pense pas et cela depuis D'Acier). C'est un roman génial sur la jeunesse des banlieues, sur les difficultés de la maternité (et de la paternité aussi avec le personnage de Fabio et les pères absents d'Adele, Manuel et Zeno), sur l'espoir aussi, celui qui découle d'un peu tout ça. Bref, lisez-le, lisez Silvia Avallone. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire