mardi 28 avril 2020

La Troisième Balle, Leo Perutz

Cela faisait longtemps que je n'ai pas lu de livre provenant du catalogue de Zulma ni un Perutz. Or, j'avais la Troisième Balle depuis pas mal de temps dans la PAL. Il était temps de le sortir de là.

La Troisième Balle, Leo Perutz

Editeur : Zulma
Collection : Poche Z-A
Année de parution : 2015
Titre en VO : Die dritte Kugel
Année de parution en VO : 1925
Nombre de pages : 336

A lire si :
- Vous voulez un livre se basant sur un fait historique
- Vous aimez les aventures
- Vous n'avez pas peur de vous perdre dans la chronologie

A ne pas lire si :
- Vous voulez un texte parfaitement clair
- Vous aimez vous attacher aux personnages

Présentation de l'éditeur :

À la conquête du trésor des Aztèques, Cortez œuvre sans relâche pour la gloire de Charles Quint. Franz Grumbach, lui, voue une haine féroce aux conquistadors et à leurs inquisiteurs. Il choisit son camp : ce sera celui de Grand Roi Montezuma. Seul ou presque, rebelle sans arme, Grumbach s’en remet au Diable, qui le dote d’une arquebuse et de trois balles… Premier roman de Leo Perutz, la Troisième Balle est une œuvre baroque, savamment construite, où ne cessent de se télescoper le réel et l’imaginaire fantastique en un labyrinthe haletant, irrésistible.

Mon avis

Lire un Perutz est toujours un peu compliqué. Je trouve ses livres particulièrement exigeant. Pas forcément compliqué (et encore), mais exigeant parce qu'un peu complexe. Ce premier roman de l'auteur ne fait pas exception à la règle, je l'ai trouvé même plus exigeant que les deux autres que j'ai pu lire de l'auteur. Peut-être parce qu'il se situe dans une époque qui n'est ni celle de l'auteur ni celle du lecteur. Nous voici durant la conquête d'une partie de l'Amérique du Sud par les espagnols, plus précisément à la suite de l'Armada de Cortez. Ensuite, parce que le narrateur n'est pas clairement présenté et qu'il n'est pas le même au premier et dernier chapitre par rapport à tout le reste. 

C'est d'ailleurs une chose qui m'a un peu perturbé au départ. Le narrateur principal semble être un espagnol de l'armada de Cortez. Mais bien qu'il existe et que parfois, nous tombons sur ses pensées (c'est ultra rare tout de même), sur un "je" de narration ou un "nous" qui l'englobe, il est plus souvent un narrateur omniscient qui voit et sait tout. C'est assez perturbant en réalité, surtout dans les passages où il fait quelque chose tout en parlant des pensées d'un autre personnage. Quand à celui du premier et dernier chapitre, il est tellement perturbé par ce qu'il se passe durant l'histoire de notre narrateur qu'il est parfois un peu compliqué à suivre. Mais, on s'y fait, autant à l'un qu'à l'autre (j'ai fini par oublier que nous avions un conteur en fait, c'était plus simple).

Le roman nous raconte l'histoire de Grumbach, un ancien rhingrave (une sorte de prince) allemand, exilé dans le nouveau monde. L'homme et ses proches ont liés des amitiés avec les aztèques et jouissent d'une vie plutôt bonne jusqu'à l'arrivée des espagnols, auxquels Grumbach voue une sérieuse haine. Par un étrange concours de circonstance, il va se retrouver dans le camp de Cortez à faire ami-ami avec les espagnols pour mieux les tromper. N'arrivant pas à grand chose, il va faire un pacte avec le diable. Mais en tentant de l'abuser, il fait tomber le malheur sur lui. L'arquebuse et les trois balles que le diable lui a promis vont devenir sa perte.

Si le Diable est bien de la partie, ce n'est pas lui l'ennemi, ni l'être diabolique. Perutz profite de son récit pour montrer les horreurs dont sont capables les hommes en tant de guerre, d'occupation de territoire et de recherche de trésors légendaires. La folie, que ce soit celle de Grumbach, de Cortez ou de leurs hommes, est extrêmement présente dans tout le roman. Elle peut être mise en parallèle avec ce qu'il se passa durant la première guerre mondiale (l'auteur y était participé en tant que soldat, il "profita" d'une blessure pour écrire le présent roman). C'est vraiment quelque chose de présent, qui marque. Cette folie, les diableries des hommes et des religions aussi. Car la religion est particulièrement présente dans le roman. On y retrouve les querelles des luthériens et des catholiques jusqu'au Nouveau Monde.

La guerre, la religion, la folie font du roman quelque chose de dense et fort. C'est le point fort du roman avec l'ajout du fantastique et la partie historique. Malheureusement, si tout cela m'a passionné, j'ai eu beaucoup plus de mal avec les personnages. Ils n'ont rien, mais alors rien, d'attachant. Rien que fait que l'on va s'attacher un peu plus à l'un ou l'autre. Ils sont là parce qu'il faut des personnages et puis voilà. En fait, c'est un peu comme si on lisait un compte-rendu. Je crois que c'était l'effet que cherchait l'auteur, ne pas mettre les personnages eux-même en avant mais bien son discours. C'est aussi pour cela qu'il va utiliser des scènettes de la vie du camps de Cortez et non un roman totalement linéaire.

J'avoue que je ne sais pas trop si j'ai vraiment aimé ou pas. Je suis assez mitigée sur cette lecture, là où j'ai bien plus aimé la Neiges de Saint-Pierre ou le Maître du Jugement Dernier. C'est un bon roman qui demande d'être concentré dessus. Il n'est pas fait pour que l'on s'attache à ses personnages mais pour que l'on comprenne le discours de l'auteur derrière. Je ne suis pas sûre d'y être parfaitement arrivé, je dois l'avouer.

lundi 27 avril 2020

Challenge #moisdelafantasy

Le dernier challenge que j'ai fait sur ce blog (et le seul d'ailleurs) remonte à 2015 avec le super challenge qu'avait initié Cécile Duquenne, le100 %SFFF francophone. Depuis, je n'avais pas vraiment voulu en refaire, et j'avoue que c'est bien dommage.

Cette année, je reviens avec un nouveau challenge à faire. Il faut dire qu'il avait tout pour me plaire en cette année 2020 que j'ai quand même bien basée pour le premier trimestre sur la fantasy. Je crois bien que ça va continuer au second trimestre. Oui, cher lecteur, je me lance dans le challenge #lemoisdelafantasy, initié par Pikiti Bouquine (que l'on peut retrouver sur sa chaine youtube ici).

Pour ce challenge, elle a crée douze catégories + deux bonus. Nous ne sommes pas obligé de toutes les remplir, il n'y a pas de système à point, de "récompenses" ou autres. Juste le plaisir de passer le mois de mai à lire de la fantasy.



Voici les catégories et la pal que j'ai décidé de former pour remplir tout ça.
Forcément, certains bouquins entreront dans plusieurs catégories et je rajouterai ça au fur et à mesure.
Il y a aussi beaucoup de relecture, surtout en livre papier (fermeture des librairies obligent, ça fait un moment que je n'ai pas de nouveauté à me mettre sous la main en papier) et pas mal de numérique.

Les catégories :

1) La fureur de Smog : Créatures fantastiques
 2) Dame Arwen : une autrice/ une heroine 
3) Tolkien le roi de la Fantasy : Un incontournable 
4) La communauté de l'anneau : une lecture commune 
5) Peter Jackson : Un livre adapté 
6) Du Hobbit au seigneur des anneaux : une saga 
7) Une ballade dans le Mordor : un livre qui te fait peur 
8) Gimli, Legolas, Aragorn, Frodon : Choisis ton camp 
9) Oh! Gandalf : une relique de ta PAL 
10) Un anneau pour les gouverner tous : un roman avec des artefacts 
11) Galadriel l'elfe aux immenses pouvoir : magie ou sorcellerie 
12) Le chant de Pippin : un livre avec de la musique 
 Bonus : 
13) Une relecture 
14) la fantasy en image

La Pile à Lire du Challenge

Le Feu du ciel, Les Chevalier d'Emeraude, tome 1, d'Anne Robillard (ebook)
Lanfeust de Troy d'Arleston et Tarquin (BD)


Je ne sais pas si je vais tout lire durant le mois de mai, mais il est sur que les livres seront de toute façon chroniqués ici dans l'année (ceci devient donc aussi ma PAL jusqu'à épuisement). J'espère au moins en lire cinq ou six. Il est aussi fortement possible que je lise d'autres livres fantasy (j'ai une relecture de la Guerrière Fantôme de Lise Syven qui me fait de l'oeil depuis un moment, et puis, j'ai un tome cinq de Fils-de-Brume de Sanderson qui attend que relise le tome précédent pour être lu à son tour). De même, on risque peut-être de voir passer d'autres BD fantasy. Bref, ma PAL n'a rien de définitif du tout.

On se donne donc rendez-vous partir du premier mai pour tout voir où tout cela nous mène.

Dans la Maison, Philip Le Roy

Durant le confinement, Rageot a eu la bonne idée de mettre certain de ses livres en accès libre sur NetGalley durant à peine une heure, certain jour. Dans la Maison en fait parti. Et surtout, il faisait parti des livres qui me faisaient envie dans la liste proposée. Alors, j'ai essayé, et c'était plutôt pas mal.

Dans la Maison, Philip Le Roy

Editeur : Rageot
Collection : /
Année de parution : 2019
Format : AZW

A lire si :
- Vous aimez les films comme Scream ou The Ring
- Vous avez envie de vous faire peur

A ne pas lire si
- Vous n'aimez pas quand il y a trop de personnages
- Vous êtes seul, la nuit, dans une maison qui grince (ou qu'il fait un orage)

Présentation de l'éditeur :

Huit lycéens d’une section Arts Appliqués ont l’habitude de faire la fête le samedi soir dans une maison de campagne isolée. Pour changer, l’un d’eux propose d’organiser une soirée frissons. Le but du jeu : effrayer les autres, et les faire boire. Mais avec des ados aussi créatifs, les bonnes blagues laissent bientôt la place à des mises en scène angoissantes. L’ambiance devient pesante. Et quand un orage éclate, le groupe se retrouve coupé du monde. Bientôt, des bruits étranges retentissent dans la maison, des pierres surgissent de nulle part, un garçon disparaît, puis une fille… La soirée bascule dans un huis clos horrifique.

Mon avis

Quand j'étais ado, j'adorais les films d'horreur dit Slasher. J'en ai vu quelques uns et, si certains me faisaient plus rire qu'autre chose, d'autres m'ont fait pas mal flippé (mais ce fut plus rare). Avec le temps, j'ai arrêté de m'intéresser à ce genre de film (trop de films, trop de point commun entre eux et j'en passe) et à tout ce qui concerne d'ailleurs les films d'horreur/gore. Mais de temps en temps, j'aime bien me faire peur. Il est rare, à part certain Stephen King (et encore, ça fait longtemps qu'il ne me fait plus flipper comme lorsque j'étais jeune), que je trouve un bouquin qui me fasse vraiment peur.  Dans la Maison y est presque arrivé.

Huit lycéens se donnent rendez-vous dans une maison de campagne bien isolée pour faire la fête. C'est une habitude chez eux, histoire de décompresser de la semaine. Mais cette fois, l'un d'eux propose un jeu plutôt simple en apparence. Se faire peur, et à chaque fois qu'on réussi, faire boire les autres. Un petit jeu presque innocent, nous en conviendrons (attention, l'abus d'alcool est dangereux pour la santé). Mais quand les jeunes vont trop loin dans la blague, picolent trop et que des bruits bizarres commencent à se faire entendre, l'ambiance n'est soudain plus à la rigolade. Ils ne sont peut-être pas seuls dans la maison. Et cela va tendre à se confirmer avec les disparitions soudaines des membres du groupe. 

Ce livre a tout, ou presque, d'un bon vieux Slasher. Un groupe de jeunes dans une grande baraque, une fête, de l'alcool, des événements étranges. Si on oublie les fameuses règles de ce genre, on y est. L'auteur nous embarque d'ailleurs assez rapidement dans une ambiance lourde et pesante, d'abord à coup de blagues pas forcément drôles pour se faire peur, puis petit à petit, en y ajoutant la colère des éléments, des légendes urbaines et des tensions entre les jeunes. Vraiment, rien que pour cette ambiance-là, le roman est bien foutu. Les tours sont écrit de telle manière à paraitre presque réel (il faut dire que l'auteur use et abuse de cliffhanger, faisant ainsi monter la pression) et quand l'élément mystérieux, né des légendes urbaines, arrive, on stresse autant que le groupe d'ami.

Pour rajouter à l'ambiance, on peut aussi compter sur des éléments de la pop-culture plus que présent. Bien sur, les films d'horreur sont bien représentés, que ce soit par dans les dialogues ou même dans les tours que les jeunes se jouent entre eux. La musique est là, avec des titres de notre époque. On retrouve aussi des citations de livres, d'oeuvres d'art contemporaine. Le tout donne une impression de réalité encore plus forte au roman. C'est presque comme si nous y étions.

Mais si l'ambiance fonctionne à mort, j'ai eu plus de mal avec les personnages. Déjà, ils se ressemblent finalement tous. Malgré quelques différences, j'ai eu du mal à me souvenir de qui était qui, surtout quand ils sont tous, ou presque présent. Au fur et à mesure, les disparaissons aidant, on commence enfin à s'attacher un peu plus aux restants. Il faut dire que les derniers sont peut-être aussi les plus intéressant pour plein de raison et qu'on ne s'étonne pas trop non plus de voir qui en fait partie (mais on s'éloigne tout de même des règles des Slashers). C'est vraiment un point qui m'a un peu dérangé, vu que j'apporte souvent beaucoup d'importance aux personnages.

Il n'en reste pas moins que j'ai quand même un peu flippé en refermant mon livre, tard le soir (ma maison est vieille, elle fait du bruit, et puis y a plein d'ombres). Du coup, pour moi, le roman a parfaitement fonctionné. Il est vraiment bien foutu et agréable à lire. Bref, si vous avez envie de vous faire un peu peur, n'hésitez pas à le lire.

dimanche 26 avril 2020

Le Dernier Voeux, Le Sorceleur, Tome 1, Andrzej Sapkowski

J'ai dévoré la saison 1 de la série the Witcher juste après mon opération. J'ai adoré. Alors, lorsque le tome 1 de la série littéraire a été proposé par Bragelonne durant sa dernier opération, je me suis un peu jeté dessus. Il était temps de le lire.

Le Dernier Voeux, Le Sorceleur, Tome 1, Andrzej Sapkowski

Editeur : Bragelonne
Collection : Fantasy
Année de parution : 2012
Titre en VO : Ostatnie zyczenie
Année de parution en VO: 1993
Format : AZW

A lire si :
- Vous aimez les nouvelles
- Vous aimez le détournement des contes de fée
- Vous avez vu et aimé la série (et surement joué et aimé aux Jeux Vidéos)(ce qui n'est pas mon cas malheureusement, je n'y ai jamais joué)

A ne pas lire si
- Vous voulez un roman
- Vous ne voulez que l'on touche aux contes de fée
- Vous n'aimez pas les longs dialogues

Présentation de l'éditeur

Geralt de Riv est un personnage étrange, une bizarrerie de la nature, un mutant qui, grâce à la magie et à un long entraînement, mais aussi grâce à un mystérieux élixir, est devenu un meurtrier parfait. Ses cheveux blancs, ses yeux nyctalopes et son manteau noir effrayent et fascinent. Il parcourt des contrées pittoresques en gagnant sa vie comme chasseur de monstres. En ces temps obscurs, ogres, goules et vampires pullulent, et les magiciens sont des manipulateurs experts. Contre ces menaces, il faut un tueur à gages à la hauteur. Car Geralt est plus qu’un guerrier ou un mage. C’est un Sorceleur. Il est unique.Au cours de ses aventures, il rencontrera une autoritaire mais généreuse prêtresse, un troubadour paillard au grand cœur, et une magicienne capricieuse aux charmes vénéneux. Amis d’un jour, amours d'une nuit.Mais au bout de sa quête, peut-être pourra-t-il prononcer son dernier vœu : retrouver son humanité perdue…

Mon avis

Comme je le disais, j'ai dévoré la série Netflix en deux jours. Bon, j'étais seule à la maison et ne pouvais pas trop bouger. Je m'étais pourtant juré de lire au moins le premier tome de la série avant de le faire. J'ai pas tenu. Tant pis pour moi, je vous dirais. Ce n'est donc qu'un mois plus tard (avec ce maudit confinement, j'ai l'impression que ça fait déjà trois mois au moins), que je me lance dans l'oeuvre originale (si mon frère avait lu plus vite ses exemplaires, j'aurais pu le faire plus tôt, mais son rythme de lecture est très très lent).

Premier point sur ce tome, ce n'est pas un roman. Et en fait, c'est un bon point pour moi. Alors, oui, ça peut paraitre étrange dit comme ça, mais, déjà, j'aime les nouvelles (j'en ai récupérer plein d'ailleurs ces derniers temps, faut que je trouve le temps de les lire et de les chroniquer ici)(en fait, je cherche un format pour le faire, peut-être pas une par une, mais disons par éditeur ? ou un post par semaine ? ou par mois ? je sais pas)(et ce n'est pas le propos ici). On se retrouve donc avec sept nouvelles, dont une qui fait le lien avec les six autres. C'est un procédé assez sympathique, même si du coup, pour la Voix de la Raison, on peut perdre un peu le fil.

J'ai hésité à faire un avis sur chaque nouvelle, comme je le fais à chaque fois. Et puis, je me suis dis que ce n'était pas la peine ici, puisque finalement, ce ne sont pas des nouvelles différentes, avec un sujet différent à chaque fois. Non, toutes ont pour personnage principal Géralt de Riv, notre sorceleur. Un personnage que nous apprenons à connaitre petit à petit en le suivant dans sept de ses aventures. Alors, oui, le format est court pour chacune d'elles, mais en même temps, je crois que plus long aurait fait plus de mal à Géralt. Mais revenons à ce premier tome.

Il faut le dire, j'ai aimé les nouvelles. Presque toutes. Bon, forcément, il y en a de meilleurs que d'autres. Par exemple, j'ai moins apprécié Le Bout du Monde et la Voix de la raison. Par contre, j'ai adoré Le Moindre Mal ou le Dernier Voeux. Mais dans l'ensemble, j'ai beaucoup aimé. Déjà, parce que j'ai aimé la manière dont l'auteur utilise le folklore fantastique (elfe, nain, stryge, magicien et j'en passe) et les contes de fées. Ici, point de prince charmant mais une réalité qui se rapproche tout de même bien plus de ce qu'était les contes avant que Disney n'y mette la main dessus. L'univers en est du coup plutôt foisonnant et savoureux. Moi, il me plait beaucoup.

Tout comme les personnages qui le peuplent. Alors, j'ai eu le malheur de découvrir le Sorceleur par le biais de Netflix. Jaskier m'y paraissait insupportable, Géralt passait plutôt bien (et puis Henry Cavill quoi), Yennefer me paraissait un peu trop imbue d'elle-même et plutôt peste et ainsi de suite. Là, je dois dire que j'ai apprécié presque tout le monde. Déjà, Géralt est un personnage comme je les aime. Il est froid, distant, tout cela dut à son état de Sorceleur, et en même temps terriblement humain (on le ressens bien plus là que dans la série Netflix, je trouve). Ce n'est pas une sorte de super-héros médiéval et c'est appréciable. Yennefer, qui n'apparait que dans une nouvelle, le Dernier Voeux, est aussi bien différente de ce que j'ai vu d'elle. Même si on ne la voit que très peu, je la trouve déjà moins lisse. Mais le plus gros changement, c'est Jaskier que j'ai adoré là où je lui aurait bien foutu des baffes dans la série Netflix. Quant aux personnages secondaires, je dois avouer que, forcément, je les ai trouvé plus interessant ici.

Enfin, il y a le style. Je m'attendais à quelque chose de plus descriptif. Je ne sais pas pourquoi, mais je voyais ça comme la plupart des livres de fantasy, des descriptions détaillées, du voyage, quelques dialogues. En fait, il y a beaucoup beaucoup de dialogue. Les personnages parlent et pas qu'un peu. On se retrouve souvent d'ailleurs à écouter d'autres histoires dans l'histoire. J'aime bien cette manière de faire, mais je pense que ça ne plaira pas à tout le monde. Côté description, il y en a mais très peu. Le lecteur doit presque tout imaginer avec ce que l'on sait déjà des créatures du folklore. Ca aussi, j'apprécie assez. Notre imagination n'est pas bloquée par trop de descriptions, surtout en ce qui concerne les monstres et autres créatures peuplant l'univers.

Au final, j'ai apprécié cette première incursion dans l'univers du Sorceleur. J'ai très très envie de lire la suite (en espérant que mon frère est enfin dépassé le tome un... histoire que je puisse lui piquer). Je savais à peu prés où je mettais les pieds grâce à la série Netflix et je n'ai pas été déçue. J'ai même préféré (mais le mieux, c'est d'avoir la voix de Henry Cavill en tête lorsque Géralt parle dans le livre).

mercredi 22 avril 2020

Le cadavre sexy du monsieur tout nu sur la peau d'ours dans la bibliothèque, Susi-Petruchka

Ma dernière lecture Wattpad m'aura pris du temps. Elle a été mise en pause durant presque un mois, suite à mon opération, puis j'ai eu du mal à la reprendre avec le confinement. Ben oui, je lis sur Wattpad le matin au café avant de me rendre au boulot. Or, si je travaille toujours, c'est à la maison et je ne passe plus par mon café le matin. J'ai eu du mal à trouver un temps pour lire sur Wattpad. Une fois fait, j'ai pu finir le roman.

Le cadavre sexy du monsieur tout nu sur la peau d'ours dans la bibliothèque, Susi-Petruchka

Editeur : Suis-Petruchka
Collection :
Année de parution
Format : Wattpad

A lire si :
- Vous voulez une enquête pas si simple
- Vous aimez l'humour, même noir, même stupide, même exagéré

A ne pas lire si
- Vous voulez quelque chose qui ne soit pas tordu

Présentation de l'auteur :

« Qu'est-ce qui avait bien pu lui prendre, à ce jeune homme de bonne composition, pour venir mourir sur la somptueuse peau d'ours polaire de la bibliothèque ? » Au pensionnat de Touchet, une étrange apparition vient troubler la quiétude des demoiselles : rien de moins qu'un cadavre, en plein milieu de la bibliothèque. Et nu ! Quelle indécence ! L'une des pensionnaires doit cependant jouer un jeu moins innocent que ses jeunes amies. Car la police est formelle : personne n'a pu pénétrer dans l'internat pour commettre le meurtre. D'où vient donc le cadavre ? Et qui a eu l'impudence de faire disparaitre ses vêtements ?

Mon avis

Bon, ceci risque malheureusement d'être un avis un peu décousu. Avec un hiatus de plus d'un mois dans ma lecture, ça se comprend. Je n'avais pas non plus les mêmes dispositions lorsque j'ai commencé le texte que lorsque je l'ai fini (stress, confinement, tout ça tout ça). Est-ce que mes divers états d'esprit on jouait sur ma lecture ? Forcément. 

L'histoire de ce titre à la longueur fort Nanowrimoesque (c'était le Nano 2014 de son autre, rien qu'avec le titre, elle gagne 14 mots) et dont je parlerais en disant juste Le Cadavre Sexy, se déroule dans le pensionnat pour jeunes filles de bonne famille de Madame Touchet. Un samedi matin, l'une des filles découvre le cadavre de son petit copain disparu depuis quelques temps dans la bibliothèque (nu, donc, et sur la peau d'ours). Cette découverte amène la police, et plus particulièrement, le lieutenant Patrick Fondement à venir mettre le nez là-dedans. L'une des demoiselles est forcément la coupable, manque plus qu'à trouver laquelle. Mais, ce qui devrait être une enquête plutôt simple devient bien plus compliqué que prévue.

Je savais à peu prés à quoi m'en tenir avec le style de l'auteur. J'ai lu l'année dernière un autre de ses romans, Pétales de Rose et Rameaux d'Olivier, qui sous couvert de romance, nous proposer surtout une lecture des plus amusantes, où jeux de mots, humour noir et parfois absurdes se mêlaient. Je n'ai donc pas été étonnée de retrouver ces mêmes éléments ici (et un autre, que je ne révélerai pas pour ne spoiler ni l'un ni l'autre). Mais, si dans Rose et Oliver, j'avais apprécié, ici, c'est un peu moins le cas. Alors, attention, ça m'a fait rire (ou sourire) plus d'une fois. L'humour de l'actrice n'est pas loin de celui que je comprends et utilise parfois. j'apprécie assez sauf que je le trouve mal dosé ici. Pour moi, il y en a trop, beaucoup trop, à presque toutes les phrases. C'est trop, bien trop. Du coup, on en oublie parfois ce qu'on est en train de lire. Pire, j'ai sauté certains passages qui devenaient trop lourd. 

Or, c'est bien dommage. Mieux dosé, ça aurait beaucoup mieux donné, surtout que la plupart des personnages sont truculents. On commence avec les jumelles Valette, Calixte et Domitille. Dom' est la copine du cadavre, la parfaite blondinette de roman à l'eau de rose, sage et mignonne. Cal' est tout l'inverse, sportive, mordante. Les deux formes un duo soudé auquel on ajoute le grand frère, Louis-Auguste, avocat de son état. On retrouve aussi Edmondine, fan de livre à l'eau de rose, Georginna, anglaise plantureuse adepte de beaux sous-vêtements, Anne-Lucienne, la dévote et j'en passe. La plupart des jeunes filles du couvent ont des noms à coucher dehors et des caractères bien définis et souvent plutôt bien trempés aussi. Côté policier, nous avons donc Patrick Fondement (élu plus beau postérieur de la police locale), flic alcoolique et pas forcément très bon, Stephane, sa coéquipière (dont le frère cadet, Adelaid, était le meilleur ami de notre victime) et Ariane, la légiste qui veut devenir flic à la place du flic. Là encore, on a des personnages haut en couleur qu'on suit avec plaisir. 

Et si la galerie est plutôt sympa, l'histoire l'est aussi. Le meurtre de Valmon, découvert dans la bibliothèque, n'est que le début. Il pourrait même n'être qu'un prétexte durant un moment pour découvrir les travers de nos demoiselles. Mais pas du tout. Il est le début d'une enquête qui va remonter vingt ans plus tôt. Et même si parfois, on a l'impression que c'est un peu tiré par les cheveux, c'est plutôt bien fait. Mais surtout, on ne va pas comprendre de suite qui est l'auteur du crime. Toutes les demoiselles du pensionnat vont y passer, permettant à l'autrice et encore plus aux lecteurs, de se faire mille et un film sur ce qu'il a pu se passer. Malheureusement, le mauvais dosage de l'humour (et sa lourdeur évidente à partir de là) m'a un peu gâcher le plaisir, plus particulièrement sur la fin. Soit je n'étais plus dans l'ambiance après le mois sans lire le texte, soit ça ne collait vraiment plus.

Au final, c'est une lecture en demi-teinte pour moi. Ca commençait plutôt bien jusqu'à ce que l'autrice force un peu trop sur l'humour absurde. J'ai fini par trouver ça un peu trop lourd (et répétitif aussi, faut le dire). Pourtant, l'enquête et surtout la galerie de personnage m'ont bien plus. 

lundi 20 avril 2020

The Wicked Deep, la Malediction des Soeurs Swan, Shea Enrshaw

Ce roman me faisait de l'oeil depuis sa sortie avec sa jolie couverture. J'ai profité de l'offre de son éditeur, Rageot, sur Netgalley pour me l'offrir. Et j'ai eu raison.

The Wicked Deep, la Malediction des Soeurs Swan, Shea Enrshaw

Editeur : Rageot
Collection :
Année de parution : 2019
Titre en VO : The Wicked Deep
Année de parution en VO : 2018
Format : AZW

A lire si :
- Vous voulez un YA fantastique
- Vous aimez les histoires de fantômes
- Vous voulez une petite romance

A ne pas lire si :
- Vous n'aimez pas les histoires de malédiction

Présentation de l'éditeur

C’est une histoire de vengeance... Il y a près de deux siècles, Marguerite, Aurora et Hazel Swan, trois jeunes femmes belles, libres et indépendantes, furent accusées de sorcellerie par les habitants de la ville de Sparrow. Des pierres accrochées aux chevilles, les trois sœurs furent noyées. Exécutées. Depuis ce jour, chaque année au mois de juin, les sœurs Swan sortent des eaux de la baie pour choisir trois jeunes filles, trois hôtes. Dans le corps de ces adolescentes, Marguerite, Aurora et Hazel reviennent se venger. Et cette année encore, Penny le sait, alors que les touristes afflueront, on retrouvera des cadavres de jeunes hommes sur la plage… Car cette malédiction, rien ne semble pouvoir l’arrêter.
Une fiction d’une force envoûtante aux frontières de la sorcellerie et de la magie. Êtes-vous prêts à rencontrer les "Swan Sisters" ?

Mon avis

Comme je le disais, la couverture du livre m'a tout de suite séduite. Elle est belle hein ? Par contre, je n'avais pas totalement lu le résumé (comme bien souvent, je suis quelqu'un de matérialiste, suffit que l'emballage me plaise beaucoup). Que cela ne tienne, j'avais envie de le lire. Et je l'ai lu, très vite. Déjà parce qu'il s'agit d'un jeunesse qui ne dure pas durant cent ans (et que je sors d'un fantasy qui lui a pris son temps, hein), ensuite, parce que je voulais savoir comme cela allait se finir.

L'histoire se passe de nos jours, à Sparrow, petite ville côtière de l'Oregon. Sparron, se pourrait être une ville comme les autres, son port, son lycée, ses magasins... Mais voilà, deux cent ans plus tôt, les habitants ont exécutés trois soeurs pour sorcellerie. Jetées dans les eaux du port le jour du solstice d'été, elles reviennent tous les ans depuis pour accomplir leur vengeance. Chaque été, depuis deux cent ans, durant ce que les locaux nomment la Swan Season, elles tuent au moins trois jeunes hommes en les noyant. Parfois plus, jamais moins. Un par soeur, c'est le minimum. Pour cela, elles prennent possession des corps de trois filles de la ville. Penny vit depuis toujours à Sparrow, du moins sur l'île Lumière, où se trouve le phare. Elle craint la Swan Season et fait tout pour ne pas être mêlée à ce qu'il se passe durant ces quelques semaines. Mais Rose, sa meilleure amie, l'embarque lors de la soirée de début de saison. Là, elle va se lier à Bo, un jeune homme arrivé depuis peu en ville. Pour le sauver des soeurs Swan, elle va le faire venir sur son île. Commence alors entre eux une relation assez étrange, où les deux se cachent pas mal de secret. 

La première partie du livre est assez longue sur plein de point. Elle pose le contexte et autant dire qu'il n'est pas si simple. Entre les Swan Sisters, les cachotteries des uns et des autres et le début de l'intrigue en elle-même, il y a de quoi. C'est d'ailleurs agréable d'aller doucement pour découvrir les personnages, que se soit Penny, Bo ou encore découvrir qui était les frangines maudites. Si Penny est narratrice, elle n'en reste pas moins mystérieuse durant un moment. Outre le fait que, du coup, on a du mal à comprendre ses motivations au départ, cela permet aussi de nous faire comprendre rapidement le twist de l'histoire. Je trouve ça un peu dommage, puisque la vérité n'éclate que bien plus tard dans le livre et que, du coup, je n'ai pas été surprise du tout. Bo est un peu plus interessant qu'elle dans sa quête de vengeance. Mais une fois encore, il faut attendre le twist pour que tout le monde se révèle réellement (du coup, je n'en dirais pas forcément plus). Pour les personnages secondaires, ils sont peut-être un peu trop secondaires, justement. On reste centré sur Penny et Bo et leur histoire. 

Mais dès que le twist apparait, tout change. Le roman va soudain beaucoup plus vite, donnant des réponses à quasi toutes les questions que l'on a pu se poser. La mise en place de tout cela m'a d'ailleurs beaucoup plus. Entre les chapitres sur les soeurs, deux cent ans plus tôt, qui expliquent ce qu'il s'est passé et pourquoi mais aussi l'intrigue plus secondaire sur le père de Penny, tout devient bien plus clair. Un seul hic pour moi, le pourquoi les soeurs continuent leur vengeance. On ne sait pas vraiment ce qu'il s'est passé pour qu'elles deviennent les monstres qu'elles sont. L'autrice nous dit toujours que ce n'est pas de la sorcellerie mais elle ne donne finalement que peu d'explication. J'aurais apprécié un peu plus. 

L'ambiance du roman m'a aussi beaucoup plus. La sorcellerie/magie est très présente dans tout le roman, entre les soeurs, la mère de Penny qui lit l'avenir dans les feuilles de thé, les pouvoirs de Penny ou encore ceux que l'on prête aux pâtisseries de la mère de Rose, elle est presque omniprésente. Elle imprègne tout le roman et en même temps, elle semble en être l'essence même. Et puis, il y a l'océan (Oriane, passion Mer et Océan, je crois vous l'avoir déjà dit). J'ai adoré ce que le texte dégage à ce niveau. D'ailleurs, pour moi, c'est le point fort du roman, son ambiance un peu mystique, très mystérieuse. Ca, et le fait que se soit un terrible page-turner, avec une histoire d'amour agréable (et qui sert l'histoire) et une intrigue passionnante (mais qui aurait peut-être mérité d'être mieux rythmée pour moi). 

Au final, j'ai beaucoup aimé. Il a quelques défauts mais ils passent rapidement à l'arrière plan et ne dérange en rien la lecture. C'est un bon petit roman fantastique agréable que je recommande assez.

jeudi 16 avril 2020

L'Ombre du Dragon, Renégat, Tome 3, Miles Cameron

Je n'avais pas envie de finir les tomes déjà traduit par Bragelonne de la série. Oui, parce que, ô joie, ceci n'est pas une trilogie comme j'ai pu le croire. Il reste au moins deux bouquins non traduit. Et j'espère beaucoup beaucoup que Bragelonne finira par le faire (parce que mon niveau d'anglais est surement insuffisant pour lire la suite). Mais passons à ce troisième tome si vous le voulez bien.

L'Ombre du Dragon, Renégat, Tome 3, Miles Cameron

Editeur : Bragelonne
Collection : Fantasy
Année de parution : 2016
Titre en VO : raitor Son Cycle, book 3: The dread wyrm
Année de parution en VO : 2014
Format : AZW

A lire si :
- Vous aimez la fantasy médiévale
- Vous aimez les romans choraux
- Vous voulez de belles batailles

A ne pas lire si : 
- Lire un pavé n'est pas ce que vous préférez 
- Vous n'aimez pas vous perdre avec trop de personnages

Présentation de l'éditeur : 

Le Chevalier rouge a combattu des armées entières. Le voici confronté à un nouveau défi : un tournoi, événement éminemment politique durant lequel la fine fleur de la noblesse croise le fer pour gagner la faveur du roi. Mais l enjeu est encore plus élevé Une dangereuse faction menée par un chevalier sanguinaire a infiltré la cour albaine. Cet adversaire se bat pour s asseoir sur le trône d Alba. Le chaos qui menace de toutes parts profitera-t-il aux créatures du Monde Sauvage, parmi lesquelles les énigmatiques dragons ?

Mon avis

Nous voici enfin arrivés au fameux tournoi de la reine. Celui dont on nous parle depuis la fin du tome un. Enfin, arrivés... Pas tout à fait. Le début du tome remet un peu tout sur la table. Le chevalier rouge est devenu comte de Thrake suite au second tome. Il devient donc propriétaire d'une bonne partie du Mur séparant le Monde Sauvage de la Morée et de l'Alba. L'autre est possession des Westwall, sa famille. Or, le dit Mur et plus précisément tout le nord est sous le feu du Monde Sauvage mené par un Thorn avide de vengeance et dirigé par une entité supérieure qui semble tiré les ficelles. A Harndon, ce n'est pas mieux. Les Galliens s'en prennent à la reine et à sa suite. Pire, ils réussissent à la faire arrêter pour adultère et sorcellerie. Seul un duel judiciaire durant le tournoi pourrait la sauver. Devinez donc qui va se faire le champion de la reine, mais aussi des hommes contre Thorn et son maitre ? Et oui, notre cher chevalier rouge.

Le roman met un petit moment à se mettre en place. Le premier tiers environ, jusqu'au début du tournoi, permet au lecteur de se remettre dans le bain. On quitte la Morée pour arriver en Alba où va se passer le plus gros de l'action, voire toute l'action. Et on commence dans les environs d'Albinkirk où les seigneurs du nord se réunissent pour mettre en place la résistance contre Thorn. Une réunion qui nous permet de voir Ghause, la mère de Gabriel et Gawyn. Celle-ci est plus qu'heureuse de revoir enfin son fils, instrument de sa vengeance. A tel point qu'elle lui offre un magnifique griffon et ensorcèle Amicia pour que celle-ci soit un peu plus proche, dira-t-on, de son fils. J'adore le personnage de Ghause depuis qu'on a pu le voir et je suis ravie qu'elle apparaisse autant dans ce tome. Je trouve qu'elle représente parfaitement les gens qui se trouvent à la limite entre Monde Sauvage et humain, ni méchante ni gentille, un entredeux qui cherche son équilibre entre ombre et lumière. D'ailleurs, en cela, Gabriel lui ressemble bien plus qu'il ne le pense. Côté Harndorn, on découvre un nouveau personnage important, la blanchisseuse de la reine, Blanche. Avec la jeune femme, nous découvrons ce qu'il se passe dans la capitale et ce n'est pas jojo du tout donc. 

A partir de ce premier tiers, on passe enfin à plus d'action. Si on a eu un ou deux combats (plutôt féroces d'ailleurs), on passe directement au tournoi. Et à partir de là, on ne va pas s'ennuyer une seule seconde. Tout s'accélère pour Gabriel, la Reine et la Compagnie. Cendre, le maitre de Thorn dévoile enfin ses pions et autant dire qu'il en a un peu partout. Heureusement, notre capitaine à l'égo parfois un peu trop surdimensionné n'est pas en reste non plus. Bien qu'il va être en difficulté durant une bonne partie du roman, il ne se laisse jamais abbatre. J'ai adoré le voir enfin plus vulnérable, plus humain. D'ailleurs, on remarquera le changement progressif durant les trois premiers tomes passant du Capitaine à Gabriel, comme si on avait un nouveau personnage (d'ailleurs la réflexion est aussi faite par Ser Alison, l'Effrontée, qui a du mal à reconnaitre son Capitaine pendant un moment). Et c'est peut-être bien le cas. Même s'il garde ses caractéristiques premières (forte tête, têtu comme une mule, un égo plus grand que le monde et j'en passe), il en gagne d'autres bien plus interessante. Et c'est tant mieux puisqu'on va le suivre quasiment sur tout le roman. Et oui, même si de temps en temps, on part sur le point de vue de Ghause, Thorn, Desiderata, De Vrailly, Blanche et quelques autres, on reste avec Gabriel presque tout le roman. C'est appréciable pour ceux qui n'aiment pas les trop grand changement de personnages, mais j'avoue que, j'appréciais assez et que parfois, ça m'a manqué (on ne voit pas assez Alison ou Tom par exemple)(je les aime bien tout les deux). 

D'ailleurs, parlons un peu des autres personnages. J'ai regretté ne pas avoir assez Amicia à partir de la moitié du tome. Son évolution a l'air super importante pour la suite (non traduite donc, j'en râle) mais on nous laisse un peu en plan. Surtout que ses interactions avec la famille Murien, que se soit Ghause ou Gabriel sont fort fort sympathique (elle doit bien être la seule personne à apprécier les deux avec Gawyn). Idem pour Gawyn d'ailleurs. Je l'aime beaucoup depuis le premier tome et, là, il est effacé. Sans parler que son frère lui pique son combat et que je trouve ça quand même bien triste pour lui (de Vrailly VS Gawyn, ça aurait donné grave). Blanche, la petite nouvelle en point de vue, est plutôt sympathique à suivre mais je trouve dommage qu'elle ne serve finalement qu'à être soit la bonne de la reine, soit le nouveau love interest de Gabriel. Dommage, elle pourrait être bien plus que ça. Et puis, il y a la reine. Desiderata est le personnage qui change le plus avec Gabriel. Un passage dans les cachots de son époux alors qu'enceinte de neuf mois n'y est pas pour rien. Elle perd son innocence et sa joie de vivre pour devenir plus dure, plus "reine" en fait. Enfin, il y a Thorn, le sorcier que le chevalier rouge combat depuis Lissen Carak. Rongé par son envie de vengeance, que se soit contre Gabriel ou son maitre, il est bien plus interessant que dans les tomes précédents.

D'ailleurs, c'est lui qui marque la fin de cette période (et donc finalement de cette trilogie dans la série). Car oui, l'Ombre du Dragon est une fin tout de même. Celle de l'époque de Thorn. A partir de ce tome, on sait que rien ne sera plus comme avant. D'ailleurs, c'est là que je râle de ne pas avoir les autres tomes vu ce qu'on commence à entrevoir. Mais revenons à ce tome-ci et ne partons pas en spéculation. Donc, on sent bien que quelque chose se passe dans ce tome. Entre les évolutions des personnages, de la situation en Alba mais aussi, bien que l'on ne le voit pas vraiment, en Galle, et le combat final (qui est juste énorme à lire), le monde tel que nous le connaissons disparait petit à petit. Cela se sent dès le départ avec la réunion des chefs du nord jusqu'à la toute fin. L'ambiance du roman s'en ressent et j'ai plutôt apprécié. Il y a une certaine urgence qui n'a rien à voir avec les combats.

Au final, j'ai clairement adoré. C'est surement mon préféré des trois premiers tomes pour plein de raison. On y retrouve l'ambiance du premier avec un petit plus appréciable (l'humanisation du chevalier rouge en fait partie) et on s'y perd moins que dans le second et sa cohorte de personnage. Ce n'est pas tout à fait un coup de coeur mais presque (certains point continuent à me déranger, comme la rapidité de certains évènements qui sont pourtant importants pour la suite). 

mercredi 15 avril 2020

Comment devenir un pirate, Harold et les dragons, tome 2, Cressida Cowell

Voilà deux ans, j'offrais le premier tome d'Harold et les dragons à ma fille (avec l'arrière pensée de lire la série moi aussi, avouons-le). Je me lance enfin dans le second tome de la série durant ce confinement. Ca tombe bien, ça fait parti de ces lectures légères qui font du bien.

Comment devenir un pirate, Harold et les dragons, tome 2, Cressida Cowell

Editeur : Hachette
Collection : /
Année de parution : 2018
Titre en VO : How to train your dragon, book 2 : How to be a pirate
Année de parution en VO : 2004
Nombre de pages : 280

A lire si : 
 - Vous voulez un livre jeunesse fantasy qui ne se prend pas la tête - Vous aimez les dragons et les viking 
 - Vous voulez rire 

 A ne pas lire si : 
 - Vous voulez un copier-coller du film (et un furie nocturne surtout) 

 Présentation de l'éditeur : 

 Harold n'a pas toujours été le célèbre héros viking que nous connaissons aujourd'hui.Savez-vous comment il trouva son épée de légende? Avez-vous entendu parler de sa rencontre avec Sa Suprême Perversité Homicide, chef de. la tribu des Exilés ? Connaissez-vous le terrible secret de Barbe-Sale le Grave? Non? Alors plongez-vous dans les mémoires de Harold, " celui qui murmure à l'oreille des dragons ".

Mon avis

Dans le premier tome, le jeune Harold Horrib'Haddock se liait d'amitié avec un dragon de jardin minuscule et au caractère bien trempé, Krokmou. Tous les deux devenaient des héros en tuant la Mort Verte. Mais chez les vikings, la notoriété ne fait pas tout, et un seul exploit encore moins. Viking et dragon sont à nouveau sur les bancs de l'école ou plutôt ceux du drakkar pour un cours de bataille en haute mer. Alors qu'Harold ne va pas tarder à se prendre une bonne raclée, étant peu doué en escrime, un coffre tombe sur le navire, entrainant le naufrage de celui-ci. Or, le dit coffre est un fait le cercueil de l'ancêtre du jeune garçon. Dedans, on y découvre une carte, une devinette et Alvin, un viking se présentant comme un honnête paysans. C'est le début d'une nouvelle aventure pour Harold, Krokmou et les Hooligans Hirsutes, à la recherche du trésor de Barbe-Sale le Grave.

Cette nouvelle aventure d'Harold est aussi amusante à lire que la première. On y retrouve les vikings sans peur (ou presque) de Beurk dans leur environnement peu agréable et bien humide. Tous les ingrédients du premier tome sont là, humour, aventure, bon mots, un peu de frisson et des dessins crayonné. C'est un combo qui fonctionne parfaitement et qui plaira à tous, petit comme grand. Moi, en tout cas, ça me plait beaucoup. Après tout, qui n'aimerait pas partir à la recherche d'un trésor sur une île pleine de dragons terribles, puis combattre en mer sur un drakkar ou encore trouver un formidable trésor ? C'est un scénario classique de fantasy qui va bien à Harold et à Krokmou et qui est en plus de ça mis en scène de manière humoristique par son actrice.

J'ai, une nouvelle fois, adoré Harold, notre jeune héros. Toujours aussi effacé, toujours aussi méprisé par les autres vikings, il n'en reste pas moins le digne héritier de Stoick la Brute, même si celui-ci a du mal à le voir. Cette fois, le jeune homme se persuade qu'il est un escrimeur hors pair là où, il faut l'avouer, ce n'est pas tout à fait ça (mais on découvrira pourquoi vers la fin du livre). Mais surtout, une fois de plus, il veut se faire la voix de la raison. Il est dommage pour lui que personne ne l'écoute (quoique moins pour nous, nous n'aurions pas d'aventure sinon). Krokmou, lui, est plus en retrait. Le caractère du petit dragon m'a un peu manqué. Par contre, je ne peux qu'apprécier le rôle de Findus, l'ami d'Harold, qui se trouve un peu moins transparent qu'avant. Quant à Rustik, c'est toujours le même petit morveux qu'on aime détester. Quant à l'ennemi du tome (que je ne présenterai pas pour ne pas poiler)(même si on s'en doute gros comme une maison)(encore plus si vous avez vous les deux séries animées), il est plutôt amusant et particulièrement sournois et lâche.

Au final, cette courte lecture a été un petit bol de fraicheur. J'apprécie beaucoup cette série jeunesse que je recommande à tous (même à ceux qui sont fans du films et ne veulent entendre parler que du Furie Nocturne, promis, le dragon des jardin est tout aussi sympa).


lundi 13 avril 2020

La nuit de la Louve, La Moïra, tome 3, Henry Loevenbruck

Et voilà, j'ai fini ma relecture de la Moïra. Je passerai bientôt à la seconde trilogie dans le même univers, Gallica. Mais avant ça, voyons ce que j'ai pensé de ce dernier tome.

La nuit de la Louve, La Moïra, tome 3, Henry Loevenbruck

Editeur : J'ai lu
Collection : Fantasy
Année de parution : 2004
Nombre de pages : 351

A lire si 
- Vous voulez de la fantasy "typée jeunesse"
- Vous aimez les loups
- Vous voulez de la fantasy à la Seigneur des Anneaux, mais en français et moins loin

A ne pas lire si :
- Vous voulez de gros complot
- Vous n'aimez pas les voyages initiatiques

Présentation de l'éditeur : 

Les trois prophéties sont sur le point de s'accomplir. Aléa doit unifier l'île. Mais comment affronter les seigneurs de guerre ? Aléa désire que les hommes pardonnent, mais saura-t-elle elle-même renoncer à punir ses bourreaux, qui tuèrent ses amis ? Loin de ces réfléxions, les belligérants poursuivent leurs combats pour un espace qu'ils croient leur appartenir. Comment faire comprendre à ces stratèges militaires que ce sont eux qui appartiennent à la Terre ? Tandis qu'à l'écart, dans l'île, les loups reforment leurs clans...
Dans les coeurs et les âmes de ses habitants, Gaelia se transforme en profondeur, la légende, enfin, va réunir les hommes et les loups. Une ère nouvelle approche....

Mon avis

Je ne sais pas trop par quoi commencer pour ce tome. Je lui trouve un énorme défaut pour moi qui voudrait que je parle directement de lui mais je trouve ça un peu dommage. Parce qu'il concerne plutôt la fin du livre, même si en y réfléchissant bien, il se retrouve un peu dans tout le tome. Disons qu'il a réussi à passer au dessus d'un peu tout. Et que ce n'est pas l'absence encore plus criante que dans le tome deux des loups (quoique, ça pourrait). Bref, avant de parler de ce défaut, parlons un peu du livre.

Gaellia est au bord de la guerre. Les druides se sont divisés en deux. Les rebelles sont partis rejoindre Amine, la reine régicide, à Providence où ils espèrent recréer leurs ordre en mieux. Mais la reine a d'autre ambition, dont celle de devenir archi-druide. Harcourt et Terre-Brune marchent sur le comté de Sarre afin d'accroitre leur pouvoir sur l'île. A Bisagne, la fille du baron Bisagni complote contre son père pour prendre le pouvoir et s'allier à Amine. Les loups sont chassés par milliers. Aléa se dirige vers Tarnea, capitale de Sarre, pour assoir un pouvoir politique qu'elle n'a pas vraiment, afin d'amener la paix. Elle doit faire vite, bientôt, le Saîman disparaitra et avec lui, c'est tout ce que les habitants de Gaelia ont connu qui risquent de mourir.

Pour plein de raison, ce tome aurait du être mon préféré. La première, ce sont les complots et leur aboutissements. C'est toujours quelque chose que j'apprécie, surtout si ça se solde par quelques batailles ou des changements bien marqués dans l'histoire. Et autant dire qu'ici, il y en a un sacré paquet. Celui de Carla Bisagni contre son père, d'Amine contre les druides, des druides contre Amine, d'Harcourt contre le reste de l'île et j'en passe. Tout, absolument tout, ramène à la fin de Gaelia, du moins, à la fin de l'île telle qu'elle est. On sent parfaitement la main de quelque chose de plus sombre derrière tout ça. Et pourtant... Pourtant, tout va trop vite. C'est là le gros défaut dont je parlais en début d'avis. Amine devient archi-druide sans la moindre bataille contre les druides. En un paragraphe, c'est plié alors que face à elle, elle a quand même un type capable de tromper son monde sans problème. Il en va de même pour Bisagni. Sa déchéance n'est là que pour dire "oh, regardez, il va y avoir du changement". Elle n'apporte pas grand chose (même l'avantage des mercenaires de Bisagne lors de la grosse bataille finale aurait pu être remplacée sans le moindre problème). Meriande Mor reste le personnage le plus interessant pour moi par ses réflexions sur son changement de religion (d'ailleurs, la religion chrétienne en prend pour son grade d'une manière que je ne peux qu'approuver)(et encore une fois, c'est finalement toutes les religions qui en prennent pour leur grade pour moi dans le dit chapitre), mais ça ne dure vraiment pas longtemps. Côté Aléa, on est par contre sur une certaine lenteur jusqu'au dernier chapitre, ce qui parait fort étrange par rapport aux restes du roman. 

Ce rythme étrange, trop rapide pour les personnages hors Aléa, qui sont pourtant ceux qu'on va le plus voir, et trop lent pour elle, déséquilibre assez le roman pour moi. Déjà qu'on ne voit pas beaucoup la jeune fille, elle semble parfois ne rien faire. Ce n'est pas le cas pourtant, et Aléa nous offre quelques beaux passages. Entre son apprentissage du pardon et ses découvertes sur la Moïra et le Saîman, il y a de quoi faire. Mais lorsque l'action arrive vraiment pour elle, on se retrouve à nouveau dans un rythme trop rapide qui me laisse un peu en plan. Je veux dire, il y a tellement de chose qui aurait pu être dite pour moi, que je reste sur ma faim à chaque fois. Un exemple ? Maolmordha. Le type reste le gros gros ennemi d'Aléa. Or, s'il avait vraiment une importance dans le tome 1, depuis le second, il reste énormément en retrait (jusqu'à la fin, où, encore une fois, tout va bien trop vite). Maolmordha, pour moi, c'est Sauron. C'est le gars qui tire toutes les ficelles mais qu'on ne voit quasi jamais. Mais à l'inverse de Sauron, il est trop présent dans les tomes. On le voit toujours alors que finalement, il ne semble pas faire grand chose (vous m'excuserez mais les chasses aux loups, pour le coup, ça parait si peu par rapport à tout ce qu'il se passe dans le reste du roman). Du coup, je m'attendais quand même à vachement plus de sa part. Or, on se retrouve avec un combat final plié en quelques minutes (celui d'Erwan contre Ultan, le Magistel de Maolmordha est bien plus intéressant que celui d'Aléa contre son grand ennemi). J'aurai voulu tellement mieux pour le grand méchant du livre, et finalement pour son héroïne.

Mais si on oublie cette rapidité, peut-être du aussi au fait que la trilogie soit plus jeunesse, cela reste un livre de fantasy agréable à lire et parfait pour faire découvrir le genre aux jeunes. On y trouve beaucoup dedans. Tant que, personnellement, je trouve qu'il mérite bien plus que tout ce que j'ai pu en dire. Malgré ses défauts (sa rapidité, la trop grande maturité d'Aléa qui fait oublier son âge et quelques trucs en plus assez minimes), il est agréable à lire et nous fait passer un très bon moment. Et puis, il ne faut surtout pas oublier qu'il traite de thème qu'on ne trouve pas toujours dans la jeunesse (comme une critique des religions, de la politique, de la guerre et de son absurdité, de l'apprentissage de la tolérance, de celui du pardon et, dans tout ça, de l'écologie (on s'en rend compte après avoir lu toute la saga en fait, c'est peu visible mais c'est bien là). 

Au final, même si je suis déçue de la rapidité du dénouement, j'ai aimé la série tout entière. Je regretterais deux trois choses (la présence des loups qui va en diminuant en fait partie) mais j'en retiens aussi beaucoup. Je suis vraiment ravie d'avoir relu cette série. D'ailleurs, je la recommande vraiment pour les jeunes (et les moins jeunes) qui ont envie de découvrir le genre sans passer par quelques choses de très long ou de trop violent. Bref, lisez la Moïra, vous verrez, c'est bien.

vendredi 3 avril 2020

Attachement, Rainbow Rowell

Il y a des livres avec lesquels on accroche tellement qu'on ne voudrait pas les finir et puis, il y a les autres. La seconde catégorie est assez rare chez moi vu que depuis le temps, je sais tout de même ce qui devrait me plaire. Parfois, je me trompe. Parce que j'ai aimé un autre livre de l'auteur, parce que la quatrième m'a menti, parce que la couverture était trop jolie pour ne pas faire un tour dans ma bibliothèque. Attachement fait parti de cette seconde catégorie.

Attachement, Rainbow Rowell

Editeur : Milady
Collection : romance
Année de parution : 2012
Titre en VO : Attachment
Année de parution en VO : 2011
Format : AZW

A lire si :
- Vous voulez de la romance lente
- Vous aimez l'épistolaire

A ne pas lire si
- Vous ne voulez pas d'un point de départ plutôt creepy

Présentation de l'éditeur :

Lincoln, gentil geek aux faux airs d’Harrison Ford, travaille dans une entreprise où son rôle consiste à contrôler les e-mails des employés. C’est ainsi qu’il parcourt les échanges de Jennifer et Beth, deux copines aussi impayables qu’attachantes. Sans même l’avoir vue, Lincoln va tomber amoureux de Beth. Mais comment lui déclarer sa flamme sans passer pour un fou ? Surtout que la jeune femme semble avoir un faible pour un « inconnu » qui travaille dans le même immeuble.

Mon avis

J'aurais du le savoir à la quatrième, ça n'allait pas me plaire. Déjà parce que le point de départ de tout ça est tout de même quelque peu creepy. Autant dire qu'une romance qui risque de commencer par un mec qui lit les mails d'une nana qu'il ne connait pas parce que c'est son job, ça n'allait pas le faire. Parce que je sentais le coup de "ça va durer trois ans avant qu'il n'ose lui parler et ça va pleurer dans les chaumières toutes les cinq minutes parce qu'il n'ose pas". Ça n'a pas raté. 

Lincoln est informaticien. Son job au Courrier, journal local qui vient de se mettre à l'informatique juste avant l'an 2000, c'est de vérifier que les employés utilisent bien leur messagerie pour le boulot (la bonne blague) et pas pour raconter des conneries. Autant dire que le pauvre se fait plutôt chier. Jusqu'à ce que les échanges entre Beth et Jennifer ne débarquent dans son dossier. Pourquoi commence-t-il à les lire ? A vrai dire, il ne sait pas trop. Pourquoi il continue ? Au départ non plus. Mais petit à petit, il va tomber amoureux de Beth sans l'avoir jamais vu. On va donc suivre l'évolution des sentiments de Lincoln sur ce qu'il fait et sa non relation avec la journaliste mais aussi les échanges de mails entre les deux femmes.

Une bonne partie des aventures de Lincoln m'a ennuyé. Déjà, Lincoln est trop "gendre idéal propret sur lui". C'est le gars qui ne fait jamais de crasse aux autres, qui, neuf ans plus tard, n'arrive toujours pas à digérer sa rupture avec son premier amour, qui est gentil avec tout et tout le monde. Alors, oui, ça change du grand brun ténébreux (il est grand, brun mais absolument pas ténébreux). Par contre, ça le rend assez insipide le gars, et ennuyeux. C'est assez dommage parce qu'il pourrait être bien plus sympathique que ça. Il suffisait de pas grand chose, comme enlever tout ce qui concerne son premier amour qui le rend presque pathétique. Alors, personnellement, ça m'a fait un peu décroché de l'histoire.  Mais heureusement, il y a les échanges de mails. 

Je me suis retrouvée, comme Lincoln, a attendre le moment où on va les lire. Parce que si la vie de Lincoln n'a rien de passionnant, celle des filles est bien plus rythmée et amusante à lire. Elles lui volent clairement la vedette avec leurs imperfections et leur états d'âmes. On comprend parfaitement pourquoi Lincoln apprécie les lire. Mais leurs échanges ne sont pas si nombreux que ça et nous font paraitre notre héros encore plus insipide. 

Et puis, tout le long de ma lecture, je n'ai pas pu m'empêcher de penser au côté creepy de la situation. Le mec lit les mails privés (même s'ils n'auraient pas du l'être) de ses collègues. Perso, ça m'a mis assez mal à l'aise comme situation. Alors, il est possible que le fait que je sois informaticienne entre en compte. Lire des infos qui ne nous concerne pas nous arrive mais on évite le plus possible. Mieux, on ne va pas continuer à le faire pour notre bon plaisir. C'est la vie privée des gens, quoi. Alors, oui, ça fait un bon début de romance pour certain mais moi, je vois surtout ça comme un truc plutôt ignoble. On ne se sert pas de ce genre de contenu pour draguer ou je ne sais quoi. Un peu d'éthique que diable. Sans parler de toutes ces personnes qui vont faire de ça quelque chose d'encore plus creepy (on parle de certains employés qui récupèrent les numéros privées pour envoyer des SMS graveleux dans la vraie vie par exemple ? Ou de ceux qui vont stalker absolument toute la vie des autres allant jusqu'au harcèlement ? Oui, oui, ça existe et ça ne fait pas de bonne histoire d'amour la majorité du temps). Perso, je n'ai pas trouvé ça mignon ou je ne sais quoi. Ca m'a vraiment dérangé. 

Au final, je n'ai pas forcément apprécié. Il y a des choses sympathiques dans le roman mais sa base est trop perturbante pour l'oublier (et je ne parle pas de la fin, qui nous annonce gentiment que c'est pas grave hein, puisqu'ils finissent ensemble). Je suis d'ailleurs étonnée par ce parti pris. Ma lecture de Carry On, que j'avais plutôt apprécié, me faisait dire que Rowell était une autrice plutôt safe sur certains point. Or, là, ce n'est pas tellement le cas. Effet premier roman ? Peut-être bien. Elle serait tombée dans le piège. J'ai envie de me dire ça (parce que j'ai envie de lire un jour Eleanor & Park, Fangirl et la suite de Carry On quand elle sera en français). 

mercredi 1 avril 2020

Elantris, Brandon Sanderson

Cela fait une éternité que je n'ai pas lu Sanderson alors que j'adore cet auteur. Fils-de-Brume m'avait énormément marqué et j'avais hâte de retrouver l'auteur. Pourtant, j'ai attendu quasiment six ans avant de me replonger dans un de ses écrits (trop de livres à lire, pas assez de temps, si vous voulez mon avis).  C'est donc avec son premier roman publié que je reprends la lecture de Sanderson. Et franchement, quel roman ! 

Elantris, Brandon Sanderson

Editeur : Le livre de poche
Collection : Orbit
Année de parution : 2017
Titre en Vo : Elantris
Année de parution en VO : 2005
Nombre de pages : 986 (pas assez si vous voulez mon avis)

A lire si
- Vous voulez de la très bonne fantasy
- Vous aimez les complots politiques
- Vous voulez des personnages géniaux

A ne pas lire si :
- Oubliez totalement cette catégorie

Présentation de l'éditeur :

Il y a dix ans, la sublime cité d’Elantris, capitale de l’Arélon, a été frappée de malédiction. Ses portes sont désormais closes et nul ne sait ce qui se passe derrière ses murailles. Kae est devenue la première ville de l’Arélon. Quand la princesse Sarène y arrive pour épouser Raoden, l’héritier de la couronne, on lui apprend qu’il vient de mourir. Veuve d’un homme qu’elle n’a jamais vu, Sarène choisit pourtant de rester à la cour, et tente de percer le mystère d’Elantris…

Mon avis

Bon, je crois que je ne vais pas beaucoup faire durer le suspens. Ceci est le gros coup de coeur. Mais vraiment. Alors, oui, je le savais même avant de commencer le bouquin. Du moins, je savais que j'allais passer un agréable moment de lecture avec un livre où tout ou presque est parfaitement étudié pour mener à la fin. Sanderson est un auteur qui ne laisse rien au hasard et qui fait ça très bien. C'est aussi un auteur qui n'oublie pas qu'en face de son roman, il y a des lecteurs qui ont des sentiments et surtout qui sont capables de ressentir de l'empathie pour ses personnages. Cette combinaison est forcément gagnante si on l'ajoute à une histoire prenante. Forcément, on retrouve tout cela ici et c'est ça qui en font un fort bon roman.

Elantris était une cité merveilleuse de l'Arélon, ses habitants, des dieux. Mais dix avant le début du roman, une catastrophe a détruit tout cela. Elantris fut maudite, ses habitants avec elle. Depuis, le Shaod frappe aléatoirement le peuple d'Arélon. Ceux qui en sont touchés deviennent des Elantriens à la peau couverte de taches noires, au crâne chauve. La maladie touche n'importe qui, noble, paysans, serf. Elle ne fait aucune exception. Sa dernière victime ? Le prince Raoden d'Arélon. Alors que les prêtres l'envoient à Elantris, sa future épouse, Sarène, débarque avec une semaine d'avance à Kaë. Elle apprend la mort du prince en débarquant. Contre toute attende, elle reste. Outre son mariage, qui ne peut être invalidé, elle doit tout faire pour que son pays et l'Arélon s'unissent afin de résister à l'Empire du Fjorden et à ses religieux. D'ailleurs, l'un des dits religieux, un gyorn du nom de Hrathen débarque lui aussi avec la ferme intention de convertir le peuple au Shu-Dereth.  Nous allons suivre tour à tour les trois personnages, Raoden en Elantris, essayant de percer ses mystères de l'intérieur, Sarène à la cour, tentant de mettre des bâtons dans les roues de Hrathen et du roi Iadon, Hrathen faisant tout ce qu'il peut pour sauver Arélon en la convertissant avant que le Wyrn n'envoie ses troupes pour le faire. Leurs chemins mènent tous vers la cité maudite, qu'ils le veuillent ou non. 

J'ai aimé les trois personnages principaux. Mais vraiment. Ce ne sont pas des héros à proprement parler, par contre, ils sont particulièrement humains. Ils ne sont pas parfaits. Raoden, bien que décrit par tous comme quelqu'un de génial (un ami fidèle, un prince aimant et aimé et j'en passe) cache une grande sensibilité, pas mal de doute et beaucoup de travail. Sarène ressemble à l'archétype de la femme forte mais rêve d'être comme toutes les autres femmes. Hrathen est encore plus complexe, déjà parce qu'il est l'un des principaux antagonistes. Prêtre sans vergogne ou presque, complètement dévolu à sa foi, il va se révéler bien plus que ça au fur et à mesure de l'avancée du roman. Je peux même vous dire que si j'ai adoré Roaden et Sarène, j'ai vraiment eu un petit faible pour Hrathen et son évolution. C'est un antagoniste comme je les apprécie, qui n'est pas là juste pour être un méchant de l'histoire. D'ailleurs, c'est le cas de la plupart des antagonistes du roman, qu'ils soient principaux ou plus secondaires. Ils ont tous une histoire qui les rend bien plus que simples méchants. Mais je parle là des antagonistes. Pour les protagonistes, c'est pareil. Tous les personnages sont soignés et le lecteur prend plaisir à les retrouver, surtout qu'il y en a un certain nombre qui gravite autours des trois principaux.

Si les personnages sont tous particulièrement bien foutu, il en va de même pour l'histoire. Forcément, elle regroupe beaucoup de chose que j'apprécie. Il y a des complots politique et religieux, de la magie , un peu d'amour et j'en passe. Je suis dans mon élément avec tout ça et donc un peu plus exigeante aussi. Or, tout est tellement bien mis en place que je ne peux que suivre en frissonnant ce qu'il va se passer (ma fille a du se demander plusieurs fois si maman n'était pas folle). Certains coups ont été plus évidents à voir que d'autres mais Sanderson a réussi plusieurs fois à me surprendre. Mais plus que tout, c'est l'émotion qu'il a insufflé dans son récit qui m'a gagné. J'ai vécu ma lecture comme ça m'arrive assez rarement en fait (d'où ma fille m'a prise pour une folle). Ca faisait longtemps que je n'avais pas réagi comme j'ai pu le faire sur ce genre de texte. Parfois, je me sens un peu blasée quand je lis de la fantasy, parce que j'ai l'impression d'avoir tout lu, tout vu (c'est faux) et que certains auteurs n'arrivent pas à me transporter complètement dans leur monde. Ce n'est pas le cas de Sanderson. 

Et puis, parlons tout de même de l'univers. Comme toujours avec l'auteur, il est foisonnant. Je me rappelle avoir été clairement surprise par la Luthadel de Fils-de-Brume, je lui suis encore plus par Elantris. La cité est un personnage quasi à part entière du livre et n'est pas juste là pour lui donner un titre. Son histoire est juste fabuleuse (à mon avis) et la voir après sa déchéance et non avant m'a encore plus donné envie de voir la ville et de comprendre ce qui lui arrive (en ce sens, je me rapproche beaucoup de Raoden d'ailleurs). D'ailleurs qu'Elantris soit le centre de beaucoup de chose, dont celui de la magie est pour moi un très très bonne idée. La ville cristallise à elle seule le monde qui l'entoure. Ce qui lui arrive depuis dix ans a des répercutions sur tout le pays et sur ses habitants (comment, je vais pas trop le dire pour pas trop spoiler). Ainsi, la magie des Aons, signe capable de quasi tout faire, a presque disparu. Seuls quelques Elantriens arrivent encore à les tracer mais sans effet notable.  Elle est liée d'une manière ou d'une autre à la ville, comme beaucoup de chose. 

Pourtant, malgré mes louanges, avouons que le livre n'a pas que des qualités. Le roman est somme toute assez prévisible, plus particulièrement sur sa fin. Une fin que j'ai trouvé finalement assez simple par rapport à tout le reste et un peu trop "le bien gagne quoiqu'il arrive". D'ailleurs, ce côté un peu manichéen apparait plusieurs fois alors que le livre ne se veut ni noir ni blanc la plupart du temps. J'aurais tendance à mettre ça sur le compte du premier roman, Sanderson étant capable de faire bien mieux par la suite (Fils-de-Brume en est un exemple). Mais ça reste minime et franchement, pas si gênant que ça.

Bref, vous l'avez compris, c'est un gros coup de coeur pour moi. Je m'en doutais et ça c'est confirmé au fur et à mesure de ma lecture. J'ai tout aimé ou presque et j'en redemande encore (là, je finis de lire les bonus, dont une intrigue que l'auteur a enlevé car elle n'ajoutait pas grand chose). C'est un one-shot formidable pour qui veut le découvrir (alors, oui, c'est un one-shot même s'il est trouvable en deux tomes en france).