Ma première expérience avec monsieur Perutz c'était l'année dernière avec Le Maître du Jugement Dernier. J'avais apprécié ma lecture, mais vraiment, a tel point que j'ai rapidement ajouté un autre livre de Perutz dans ma PAL. C'était en plus de ça sans compter sur les éditions Zulma qui ont pensé à moi pour le dernier paru (sorti en début de mois), La Neige de Saint Pierre. Je remercie d'ailleurs fortement les éditions Zulma pour cette nouvelle plongée, tout aussi agréable que la première, dans l'univers de Perutz
La Neige de Saint Pierre, Léo Perutz
Editeur : Zulma
Collection : Poche Z-A
Année de parution : 2016
Titre en VO : St. Petri Schnee
Année de parution en VO : 1933
Nombre de pages : 240
A lire si :
- Vous voulez un roman angoissant mais pas trop non plus
- Vous aimez vous demander ce qui est réel ou non
A ne pas lire si :
- Vous voulez une histoire bourrée d'action
Présentation de l'éditeur :
En 1932, Georg Friedrich Amberg, jeune médecin engagé par le baron von Malchin, quitte Berlin pour le lointain village de Morwede. Afin de soigner les paysans ? Pas si évident, car dans le secret de son laboratoire le baron vient de découvrir la neige de saint Pierre, un champignon parasite du blé capable d’agir sur les esprits comme une drogue. Et dont il compte bien se servir pour restaurer la ferveur religieuse… et le Saint Empire romain germanique. Mais la drogue, expérimentée sur les paysans de Morwede et l’entourage du baron, les fera brandir le drapeau d’une tout autre religion…
Interdit par les nazis dès sa parution en 1933, la Neige de saint Pierre est, par-delà l’enquête aux allures de rêve hallucinatoire, le roman de la manipulation et du pouvoir.
Mon avis
Comme dit en introduction, j'avais beaucoup aimé le Maître du Jugement Dernier et recevoir un nouveau livre de Leo Perutz m'a mit rapidement en joie. Surtout qu'il ne m'a pas fallu un chapitre pour savoir que j'allais aimer ma lecture.
Amberg, le narrateur, est à l’hôpital, depuis apparemment cinq semaines, suite à un accident de voiture. Sauf que pour lui, ce n'est pas pour ça qu'il est là. Il se souvient parfaitement avoir été jusqu'à Morwede pour y devenir le médecin du village. Là, il va découvrir que le maître des lieux, le Baron von Malchin tente de créer une drogue capable de rentre la foi à l'humanité. Il va aussi y retrouver Kallisto, dite Bibiche, l'assistante du baron dont il est amoureux. Il est persuadé que son arrivée à l’hôpital est dut aux événements de Morwede, événements qu'il va alors nous conter.
Dès le départ, on ne peut que se poser des questions. Doit-on croire les médecins ou le narrateur ? Il a reçu un choc à la tête, il pourrait très bien avoir rêver. Mais en même temps, on a très envie de le croire, surtout que ses souvenirs semblent particulièrement réels. Ainsi, nous allons le suivre alors qu'il quitte Berlin. En route pour Morwede, il va croiser Bibiche (j'ai eu en horreur ce surnom tout le long du livre, préférant user du prénom de la jeune femme, Kallisto, à chaque fois que je pouvais le voir) à bord de la cadillac qui l'aurait renversé. Dans le village, il va vite se rentre compte que quelque chose ne va pas forcément sans mettre la main dessus. Jusqu'à ce que le baron lui révèle ses intentions, rendre la foi en Dieu à l'homme à l'aide d'une drogue, la Neige de Saint Pierre.
Tout comme le Maître du Jugement Dernier, j'ai lu le roman plutôt rapidement, voulant savoir, à tout prix, le fin mot de l'histoire. La première partie m'a paru un peu longuette, surtout que notre médécin et narrateur à quelques états d'âme amoureux (qui dureront durant tout le roman). On va découvrir avec lui les diverses personnes importantes du village, le baron, son fils adoptif, le prince Praxatine, un russe ayant fuit les communistes, le curé ou encore l'instituteur. Tous ou presque semblent savoir ce qu'il se trame dans le laboratoire. Mais personne n'en parle vraiment. Le lecteur pourtant sait qu'il va se passer un truc affreux, le narrateur aussi d'ailleurs mais il n'en parle pas forcément. A la place, il décrit les personnages, les états d'âmes (heureusement pas qu'amoureux) et l'étrangeté de ce qu'il se passe. Mais dès que le baron dévoile au narrateur son ambition, tout semble prendre un coup d’accélérateur tout en restant en même temps flou et cela jusqu'à la fin du roman.
Perutz joue souvent avec cette limite du réel et du fantastique. Il arrive à créer une ambiance assez flippante mais pas trop non plus. Le lecteur ne peut que se poser des questions sur ce qu'il se passe, sur qui sont réellement les personnages qu'il croise au fil du roman. L'auteur lui laisse une bonne place pour imaginer les choses, surtout que son narrateur oublie quelques passages (volontairement ou non, allez savoir). Sans parler du fait que tout le long du livre, on se demande si ce ne sont pas les médecins qui ont raison, s'il n'aurait pas tout rêver. Parfois, on se le demande vraiment parce que le narrateur semble avoir des flashs de son coma. Mais en est-ce vraiment ? Le mystère reste entier.
Outre cela, le livre est aussi intéressant de part son thème, la perte de la foi religieuse et l'arrivée d'une autre foi, beaucoup moins centré sur Dieu. Ainsi, sans en faire non plus l'éloge, le communisme arrive dans le roman petit à petit, tel un nouveau messie. Un messie destructeur de monarchie (le baron rêvant de mettre sur le trône son fils adoptif, héritier des Staufen) et d'ordre établi. Il est intéressant de voir la manière dont Perutz traite de cela mais aussi de savoir que livre fut interdit à la publication par les nazis (et pas seulement parce que son auteur est juif). Il est vrai que je ne me suis pas du tout attendu à ça personnellement. C'est l'un des grands points forts de l'auteur, réussir un twist aussi bon avec si peu d'élément et surtout alors que le lecteur aurait plutôt eu tendance à voir autre chose. Il en va de même d'ailleurs pour les derniers chapitres, qui n'aide pas du tout à savoir si le narrateur a réellement vécu tout ce qu'il nous raconte.
Au final, c'est une nouvelle fois une bonne découverte, passionnante et étonnante aussi. Perutz est en train de gagner mon petit coeur de lectrice avec pourtant des histoires assez courtes et des narrateurs parfois un peu trop agaçant pour moi (j'avais déjà prit en grippe le baron von Yosh du Maitre du Jugement dernier, je n'en étais pas loin avec Amberg). La lecture en reste délicieuse et passionnante et j'ai hâte d'entamer la Troisième Balle, toujours dans ma PAL.
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