Deux ans après Comme Dieu le veut qui m'avait marqué, je me relance dans un Ammaniti. J'ai eu beaucoup de mal à choisir un autre de ces bouquins, parce qu'ils me semblent tous géniaux mais quand même temps, il me fait un peu peur. Parce que je sais que je ne sortirais pas forcément hyper joyeuse de ma lecture mais surtout qu'elle risque de me marquer pour un bon moment.
Je n'ai pas peur, Niccolo Ammaniti
Editeur : 10/18
Collection : /
Année de parution : 2014
Titre en VO : Lo non ho paura
Année de parution en VO : 2001
Nombre de pages : 231
A lire si :
- Vous voulez une histoire qui se lit vite
- Vous voulez quelque chose d'assez haletant tout en étant pas un thriller
- Vous n'avez pas peur de la violence
A ne pas lire si :
- Vous n'aimez pas la violence
- Vous voulez un truc qui finit bien pour tout le monde
Présentation de l'éditeur :
Il y a des souvenirs de jeunesse qui longtemps restent imprimés entre les parois de la mémoire, des souvenirs qui traversent la vie, baignant dans une aura particulière. Michele Amitrano a passé sa jeunesse dans le Sud italien, à Acqua Traverse, un tout petit hameau. Ses journées se partagent entre les repas de famille et les sorties avec ses camarades en culottes courtes des maisons alentour. Des jeux improvisés dans la campagne, des parties de football, des virées par monts et par vaux, sous la houlette de Rackam, le chef de bande, petit saligaud, imposant des gages tordus et pervers. C'est précisément à l'occasion d'un gage périlleux que Michele fera l'une des rencontres les plus surprenantes et inquiétantes de sa vie, celle d'un enfant enchaîné, tapi dans un trou, dans une maison abandonnée. Livre du souvenir, livre de l'enfance, Je n'ai pas peur est un texte réjouissant, tenant à la fois du genre policier et du récit initiatique. Aux tableaux successifs qui remplissent le quotidien d'une famille modeste italienne, Niccolo Ammaniti ajoute une sensibilité nostalgique ensoleillée, sans jamais tomber dans le pittoresque. Pas de grands effets, mais plutôt une simplicité à l'image de la vie dans le Sud, rehaussée par un lyrisme rocailleux.
Mon avis :
Après les années 2000 avec Comme Dieu le Veut, nous voilà plonger dans les années 1978, en Italie du Sud, dans le hameau d'Acqua Traverse. Cet été-là, la chaleur écrase tout. Les adultes restent enfermés à la maison, les animaux ne sortent pas. Seuls les enfants bravent le soleil. Ils vont et viennent dans la campagne, jouent, font du vélo... Parmi eux, on trouve Michele, le narrateur. Neuf ans, une petite soeur, Maria, qui le suit partout et un sens de la justice énorme. Michele qui ne supporte plus vraiment les gages que leur donne leur chef de bande, Rackam. Pour éviter à Barbara l'un d'eux, particulièrement pervers, il va prendre sa place. Une place qu'il mérite d'ailleurs, puisque c'est lui qui est arrivé dernier, vu qu'il a du aider sa sœur. Ce gage-là va changer toute sa vie. Il va découvrir, dans un trou, un enfant. Un gamin de son âge, prisonnier des monstres.
On plonge directement dans cette plaine durant l'été 1978. Il flotte dans le roman un lourd parfum de nostalgie. Cela se voit dans les descriptions des décors, les champs de blé murs, l'étang secs, les rues poussiéreuses. Le narrateur est en fait un adulte nous racontant cet été-là, se remettant dans la peau de l'enfant qu'il était. On le sent vraiment. On sent aussi dès le départ la perte de l’innocence de Michele. Il a beau essayé de revivre tout cela avec des yeux d'enfants, il n'y arrive que très peu. Il faut dire que si le premier chapitre est joyeux, si l'on y découvre la vie de ce groupe d'enfants, tout bascule à la fin de celui-ci. La rencontre entre Michele et Filippo, l'enfant prisonnier, va faire entrer le narrateur dans un autre monde. Un monde où les monstres n'existent pas et où il doit se méfier des humains.
Si la nostalgie est bien présente, il en va de même pour la violence. Et cela dès le départ. On s'en rend vite compte avec les gages pervers de Rackam (un exemple ? La seule fille du groupe a dut montrer ses seins naissants ou encore, elle se voit menacer de devoir montrer son sexe), les corrections de la mère de Michele lorsqu'il arrive en retard, le grand frère de Rackam qui bat les gamins pour son bon plaisir et j'en passe... Et puis, l'horreur, ce gamin enferme dans un trou, trop faible physiquement pour essayer d'en sortir, devenu fou d'être dans le noir. Parce que la violence jusque là paraissait presque normalement à Michele, jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'on pouvait faire bien pire. Et ce pire, il va vouloir le contrer. Michele, passée la peur de cet enfant dans son trou, va devenir ami avec lui, va essayer de lui rendre la vie plus joyeuse, va vouloir le sortir de là. Et en même temps, il a peur de se confronter à son père, aux autres adultes. Aux monstres.
Mais comme pour Comme Dieu le veut, il y a beaucoup d'humanité dans le roman. Les adultes font ce qu'ils font pour leurs enfants. Le père de Michele, Pino souhaite offrir une vie meilleure à sa femme et ses enfants. Lui et sa femme veulent les sortir du hameau, pouvoir leur offrir ce qu'ils veulent. Ils aiment leurs enfants, réellement. Tout comme la plupart des autres parents, qui se retrouvent embarqués là-dedans sans vraiment trop comprendre finalement ce qu'il va réellement se passer. Même Sergio, le cerveau de l'histoire, a une petite part d'humanité. C'est un point fort chez l'auteur, que de montrer les faiblesses des monstres de cette manière, de mettre en évidence cette horreur face à l'innocence des enfants. On ne trouve pas que de l'horreur dans les récits de l'auteur italien, on y trouve aussi souvent des moments de grâce.
Je sors de ma lecture assez bouleversée comme pour le premier livre d'Ammaniti que j'ai pu lire. Cet auteur a le don de me faire passer par un certain nombre de sentiment plus ou moins contradictoire à chaque fois. C'est un livre très vivant, où les scènes de la vie ordinaire se mélange à l'horreur de ce que les adultes comptent faire. C'est beau et terrifiant à la fois. Au final Je n'ai pas peur est un beau roman.
" Arrête avec ces monstres , Michele. Les monstres existent pas. Les fantômes, les Loups-garous, les sorcières, rien que des conneries pour faire peur aux grands benêts comme toi. C'est des hommes que tu dois avoir peur, pas des monstres"
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