mercredi 2 novembre 2016

Magies Secrètes, une enquête de Georges Hercule Bélisaire Beauregard, tome 1, Hervé Jubert

Je ne sais plus pour quelle raison j'ai pu acheté ce livre, si c'est la quatrième, la couverture ou l'avis qu'en avait fait il y a un moment Cécile sur le blog 100% SFFF Francophone. Il n'empêche que je suis tombée dessus et que je l'ai ramené à la maison.

Magies Secrètes, une enquête de Georges Hercule Bélisaire Beauregard, tome 1, Hervé Jubert

Editeur : Folio
Collection : SF
Année de parution : 2016
Nombres de pages : 300

A lire si :
- Vous voulez du Steampunk
- Vous voulez un récit plutôt exigent
- Vous voulez du mystère

A ne pas lire si :
- Vous voulez une vraie enquête
- Vous avez du mal avec les notes de bas de page

Présentation de l'éditeur : 

L'empereur de Sequana veut faire disparaître la magie de sa cité et persécute les êtres féeriques. Ils trouvent refuge dans l'hôtel de Beauregard, un détective de l'étrange qui travaille officiellement pour le pouvoir. Depuis quelque temps, des sorts sèment le chaos dans la cité. Une entité maléfique répand la terreur, personne n'est à l'abri. Armé de sa canne-épée, assisté de la jolie Jeanne aux étranges pouvoirs, Beauregard enquête dans les ruelles et les palais de la capitale, transformée en théâtre de cauchemars.

Mon avis

Voilà un roman assez compliqué à appréhender. Vous pensez trouver une sorte de policier fantastique sauce steampunk ? Pas vraiment. Vous allez plutôt tomber sur un livre de "tourisme". A la suite de Georges Hercule Bélisaire Beauregard, vous voilà parti à la découverte de Sequana. 

Sequana, ville rappelant énormément notre Paris à nous, du moins si la Féérie n'y avait pas mis son petit grain de sel dedans. Rapidement, le lecteur va faire le parallèle entre la ville du roman et la capitale française du XIXème. En lisant, on a réellement l'impression de parcourir la ville lumière, ses rues, avenue, places, ponts. On y retrouve le baron Hoffmann (double de Haussmann) est son envie de droiture à la place du labyrinthe que peut être la ville. D'ailleurs si Haussmann fut commandité par Napoléon III, Hoffmann l'est par Obéron III, empereur de Sequana et persécuteur de la Féerie. Les deux, l'architecte et l'empereur, veulent faire de la ville une ville moderne, où l'obscurité n'existe plus, où la magie se retrouve cantonner à presque rien. Autant dire que oui, l'on retrouve beaucoup du Paris de Napoléon III qui passait du moyen-âge et de l'obscurantisme à la modernité. Un décors parfait pour une aventure proche du Steampunk et du fantastique.

Un décors qui permet à l'auteur de mettre quantité de références historiques (mais pas que) dans son roman. Alors autant le dire, pour apprécier le roman, il faut connaitre un petit peu l'Histoire. Parce que Jubert se fait (et me fait) plaisir. Cela va des références à l'antiquité avec la villa Pompéi ou encore la présence de la déesse Isis, jusqu'au XIXème siècle servant de décors temporel. Un joyeux mélange auquel s'ajoute les références culturelles, toutes aussi nombreuses (roman de capes et d'épée, arlequinades et j'en passe). Pour une fois que je comprends et vois toutes les références, autant vous dire que je suis plus que ravie. J'ai passé un temps fou à tout retrouver et à me replonger dans l'Histoire et les histoires. Encore plus quand on sait que l'auteur s'amuse à disséminer plein d'information dans ce genre dans les notes de bas de page (sur lesquelles je vais revenir, parce que n'est pas Pratchett qui veut). Pour moi, c'est donc un véritable plaisir, pour les autres peut-être pas. Mais voir un auteur s'amuser à ce point avec l'Histoire et les anecdotes de l'époque est particulièrement sympathiques. 

Mais si Senaqua prend beaucoup de place dans le récit, elle l'envahit justement parfois un peu trop. Ainsi on en oublie que son personnage principal n'est pas la ville mais bien Beauregard. Un Beauregard ingénieur-mage, censé être un enquêteur pour le compte du ministère de l'Etrange. Hors, d'enquête, il n'y en a finalement pas. Le jeune homme suit le cours des choses, se laisse porter par le courant. Si cela lui réussit parfaitement puisqu'il arrive à ses fins, le lecteur peut se sentir un peu blasé par cela. Au final, on a souvent l'impression qu'il nous sert juste de guide touristique (il a ses entrées un peu partout, nous permettant de découvrir tout plein d'endroits plus sympathique les uns que les autres). Quant aux autres personnages, je trouve dommage que nous ne puissions mieux les connaitre. Nous en découvrons un certain nombres mais ne faisons que les effleurer. Or, beaucoup d'entre eux me semblent particulièrement intéressant, comme la Déesse Isis, Jeanne ou encore Condé, l'automate. Bon après, si les auteurs m'écoutaient, ils écriraient des livres de 2000 pages avec environ dix suites, tellement j'aimerais parfois pouvoir rester dans un univers qui m'a plu. Je comprend parfaitement qu'ils ne le fassent pas. 

Ajoutons à présent à un décors parfait, des références à foison et des personnages sympathiques, l'écriture de monsieur Jubert. Un style que j'ai apprécié, parfois un peu ampoulé, parfois un peu trop argotique (Isis usant de l'insulte préférée de mon papy, à savoir pute borgne par exemple). Bref, quelque chose qui va parfaitement avec l'époque choisie et le genre. Malheureusement, pour certains, le style se retrouve un peu plus alourdi par les notes de bas de pages. Hervé Jubert les utilisent parfois un peu trop pour donner quelques renseignements sur des événements passés ou à venir en plus voire même pour donner des éléments importants à l'histoire. Si comme moi, on est amateur de Pratchett, la note de bas de page ne dérange pas plus que ça. J'ai ma technique (simple, je m'arrête à la fin de la phrase pour les lire) pour ne pas qu'elles me dérangent dans la lecture du corps du texte et effectivement, elles ne m'ont en aucun cas dérangées. Je ne suis pas sûre que ce soit le cas pour tout le monde et je comprendrais du coup que certains décrochent à cause d'elle. 

Enfin, pour finir, et comme l'a dit Cécile dans son avis, il y a aussi la dimension voulue ou non, je ne saurais le dire, philosophique du texte. L'intrigue tourne autours des masques, de la représentation des autres et de soi-même. Quel est le visage que l'on montre aux autres, est-il bien le notre ou alors un simple déguisement ? Des questions que l'on peut se poser sur les personnages qui peuplent le livre mais aussi sur la ville de Sequana elle-même. Forcément, on ne peut que se poser la question en lisant le livre (par contre, je ne sais pas pourquoi mais j'ai eu l'impression d'être tombé sur un autre bouquin (à moins que ce ne soit une série ou un film) parlant déjà de ça sans parvenir à mettre un nom là-dessus)(je déteste quand ça m'arrive)(du coup, ça fait trois jours que je cherche et ça m’énerve un peu).

Au final, j'ai donc beaucoup aimé ma lecture. J'ai adoré l'ambiance bien steampunk de cette Sequanna si imposante, l'histoire (même si elle se trouve un peu effacé par la ville justement) et Beauregard. J'ai trouvé beaucoup de chose que j'apprécie dans ce genre de roman et quelqu'unes qui m'ont laissé un peu perplexe (surtout après avoir lu la quatrième de couverture). J'avoue que le roman a de quoi décontenancé certains lecteurs mais c'est aussi justement pour cela que je l'ai tant apprécié. Pour moi, il sort assez des sentiers battus, de ce qu'on peut lire d'habitude sur le sujet. C'est un roman passionnant et exigeant qui ne se laisse pas forcément lire comme ça. Tout ce que j'aime quoi !

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