mardi 28 avril 2020

La Troisième Balle, Leo Perutz

Cela faisait longtemps que je n'ai pas lu de livre provenant du catalogue de Zulma ni un Perutz. Or, j'avais la Troisième Balle depuis pas mal de temps dans la PAL. Il était temps de le sortir de là.

La Troisième Balle, Leo Perutz

Editeur : Zulma
Collection : Poche Z-A
Année de parution : 2015
Titre en VO : Die dritte Kugel
Année de parution en VO : 1925
Nombre de pages : 336

A lire si :
- Vous voulez un livre se basant sur un fait historique
- Vous aimez les aventures
- Vous n'avez pas peur de vous perdre dans la chronologie

A ne pas lire si :
- Vous voulez un texte parfaitement clair
- Vous aimez vous attacher aux personnages

Présentation de l'éditeur :

À la conquête du trésor des Aztèques, Cortez œuvre sans relâche pour la gloire de Charles Quint. Franz Grumbach, lui, voue une haine féroce aux conquistadors et à leurs inquisiteurs. Il choisit son camp : ce sera celui de Grand Roi Montezuma. Seul ou presque, rebelle sans arme, Grumbach s’en remet au Diable, qui le dote d’une arquebuse et de trois balles… Premier roman de Leo Perutz, la Troisième Balle est une œuvre baroque, savamment construite, où ne cessent de se télescoper le réel et l’imaginaire fantastique en un labyrinthe haletant, irrésistible.

Mon avis

Lire un Perutz est toujours un peu compliqué. Je trouve ses livres particulièrement exigeant. Pas forcément compliqué (et encore), mais exigeant parce qu'un peu complexe. Ce premier roman de l'auteur ne fait pas exception à la règle, je l'ai trouvé même plus exigeant que les deux autres que j'ai pu lire de l'auteur. Peut-être parce qu'il se situe dans une époque qui n'est ni celle de l'auteur ni celle du lecteur. Nous voici durant la conquête d'une partie de l'Amérique du Sud par les espagnols, plus précisément à la suite de l'Armada de Cortez. Ensuite, parce que le narrateur n'est pas clairement présenté et qu'il n'est pas le même au premier et dernier chapitre par rapport à tout le reste. 

C'est d'ailleurs une chose qui m'a un peu perturbé au départ. Le narrateur principal semble être un espagnol de l'armada de Cortez. Mais bien qu'il existe et que parfois, nous tombons sur ses pensées (c'est ultra rare tout de même), sur un "je" de narration ou un "nous" qui l'englobe, il est plus souvent un narrateur omniscient qui voit et sait tout. C'est assez perturbant en réalité, surtout dans les passages où il fait quelque chose tout en parlant des pensées d'un autre personnage. Quand à celui du premier et dernier chapitre, il est tellement perturbé par ce qu'il se passe durant l'histoire de notre narrateur qu'il est parfois un peu compliqué à suivre. Mais, on s'y fait, autant à l'un qu'à l'autre (j'ai fini par oublier que nous avions un conteur en fait, c'était plus simple).

Le roman nous raconte l'histoire de Grumbach, un ancien rhingrave (une sorte de prince) allemand, exilé dans le nouveau monde. L'homme et ses proches ont liés des amitiés avec les aztèques et jouissent d'une vie plutôt bonne jusqu'à l'arrivée des espagnols, auxquels Grumbach voue une sérieuse haine. Par un étrange concours de circonstance, il va se retrouver dans le camp de Cortez à faire ami-ami avec les espagnols pour mieux les tromper. N'arrivant pas à grand chose, il va faire un pacte avec le diable. Mais en tentant de l'abuser, il fait tomber le malheur sur lui. L'arquebuse et les trois balles que le diable lui a promis vont devenir sa perte.

Si le Diable est bien de la partie, ce n'est pas lui l'ennemi, ni l'être diabolique. Perutz profite de son récit pour montrer les horreurs dont sont capables les hommes en tant de guerre, d'occupation de territoire et de recherche de trésors légendaires. La folie, que ce soit celle de Grumbach, de Cortez ou de leurs hommes, est extrêmement présente dans tout le roman. Elle peut être mise en parallèle avec ce qu'il se passa durant la première guerre mondiale (l'auteur y était participé en tant que soldat, il "profita" d'une blessure pour écrire le présent roman). C'est vraiment quelque chose de présent, qui marque. Cette folie, les diableries des hommes et des religions aussi. Car la religion est particulièrement présente dans le roman. On y retrouve les querelles des luthériens et des catholiques jusqu'au Nouveau Monde.

La guerre, la religion, la folie font du roman quelque chose de dense et fort. C'est le point fort du roman avec l'ajout du fantastique et la partie historique. Malheureusement, si tout cela m'a passionné, j'ai eu beaucoup plus de mal avec les personnages. Ils n'ont rien, mais alors rien, d'attachant. Rien que fait que l'on va s'attacher un peu plus à l'un ou l'autre. Ils sont là parce qu'il faut des personnages et puis voilà. En fait, c'est un peu comme si on lisait un compte-rendu. Je crois que c'était l'effet que cherchait l'auteur, ne pas mettre les personnages eux-même en avant mais bien son discours. C'est aussi pour cela qu'il va utiliser des scènettes de la vie du camps de Cortez et non un roman totalement linéaire.

J'avoue que je ne sais pas trop si j'ai vraiment aimé ou pas. Je suis assez mitigée sur cette lecture, là où j'ai bien plus aimé la Neiges de Saint-Pierre ou le Maître du Jugement Dernier. C'est un bon roman qui demande d'être concentré dessus. Il n'est pas fait pour que l'on s'attache à ses personnages mais pour que l'on comprenne le discours de l'auteur derrière. Je ne suis pas sûre d'y être parfaitement arrivé, je dois l'avouer.

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