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mercredi 10 mai 2023

Lettres de Sang, Rozenn Illiano

 Je ne résiste que rarement à un nouvel Illiano. Cette fois, elle me promet société secréte, mystère et vampire, puisque nous voilà de retour dans le Cercle, que nous avions déjà pu voir dans Elisabeta (qui était d'ailleurs mon premier roman de l'autrice). Et puis, franchement, rien que la couverture me faisait baver (elle est juste trop belle, non ?)

Lettres de Sang, Rozenn Illiano

Editeur : Rozenn Illiano
Collection : 
Année de parution : juin 2023
Format : epub

A lire si 
- vous aimez les histoires de vampires qui changent de l'ordinaire
- Vous adorez les sociétés secrètes et leur mystère

A ne pas lire si :
- Y a pas de raison 

Présentation de l'éditrice

Première étape : obtenir la vie éternelle.
Deuxième étape : changer les lois des immortels.
Voilà le plan de Jez, conservatrice aux archives du Cercle, la société vampirique qui se cache dans toutes les strates de notre monde. Sarcastique et accro aux chaussures, elle travaille à la restauration de lettres anciennes – parfois écrites avec du sang – et s’efforce de se faire passer pour une employée obéissante et dévouée, ce qu’elle n’est pas vraiment.
En réalité, elle n’a qu’une seule idée en tête depuis la mort tragique de ses parents : obtenir réparation, pour eux mais aussi pour tous les humains que le Cercle a exploités au cours des siècles. Et pour cela, elle est prête à tout. Même à devenir un vampire à son tour.
Sauf qu’un jour, tout s’effondre. Des dissidents renversent les dirigeants du Cercle, bouleversant l’existence des mortels comme Jez. Elle risque de perdre son travail, son quotidien et, surtout, sa quête… Car sans coupables à punir, comment rendre justice à sa famille ?
C’est compter sans Virgile, le leader des dissidents, qui déboule aux archives avec son cynisme et son sans-gêne, et qui agace Jez au-delà du raisonnable. La mort dans l’âme, elle s’apprête donc à changer de vie – fuir les vampires pour toujours, prendre un autre nom, oublier ses fantômes.
Mais Virgile a accès aux dossiers classifiés du Cercle. Une occasion unique pour Jez de retrouver ceux qui ont fait du mal à ses parents. Jusqu’où ira-t-elle pour obtenir la vérité ?

Mon avis

Avant toute chose, sachez que vous n'êtes pas obligé d'avoir lu Elisabeta et sa suite Sinteval pour lire les Lettres de Sang, même si celui-ci en est un spin-off et qu'on retrouve des personnages rencontrés dans les deux autres. C'est un one-shot et il se lit parfaitement en tant que tel (non parce que bon, perso, j'ai oublié beaucoup de chose d'Elisabeta depuis ma lecture, et ça ne m'a clairement pas dérangé). Maintenant que c'est dit, passons à l'histoire.

Jez est conservatrice dans les Archives du Cercle, la société vampirique de l'univers de Rozenn. Elle y est petite main, pas une immortelle donc, mais une humaine travaillant pour eux. Si elle parait bien sous tout rapport, en réalité, elle mène sa petite enquête sur la mort de ses parents. Jez souhaite de tout coeur obtenir réparation, et elle est prête à beaucoup de chose pour ça. Mais quand les Dissidenti renversent les dirigeants du Cercle, tout change pour elle. Elle risque de tout perdre d'un coup. Heureusement (ou pas, c'est à voir) pour elle, Virgile, le chef des rebelles, a d'autres idées en tête. Peut-être qu'en l'aidant, elle va pouvoir aussi exercer sa vengeance…

Rozenn Illiano n'aime pas les histoires de vampires et c'est pour cela qu'elle a crée le Cercle, sa société vampirique. J'aime beaucoup la manière dont celui-ci fonctionne. Les vampires de Rozenn sont liés au Cercle, un sorte d'entité magique qui leur permet de rester planqués des êtres humains, mais en contrepartie d'être d'une certaine manière plus faible qu'eux et qui les garde aussi sous la coupe de ceux qui le supporte et du Vatican. Lors de la révolution des Dissenti, le Cercle flanche. Si les immortels veulent continuer à vivre en paix, ils leur faut trouver une solution pour le maintenir. Sauf que si les rebelles veulent continuer à vivre avec le Cercle, ce n'est pas le cas de tout le monde dans leur société. Comme partout, on a toujours plusieurs groupes, dont certains plus privilèges que d'autres sur bien des points. En fait, les vampires sont comme les humains, on se retrouve avec plusieurs classes sociales. 

Ce roman dénonce d'ailleurs, d'une certaine manière, ce problème là et surtout les castes dites privilégiées. Jez, notre héroïne à la langue bien pendue, est une petite main, presque une moins que rien pour beaucoup de vampires, surtout qu'en plus elle est humaine. Elle se retrouve aux prises des autres, des privilégiés, de ceux qui se foutent pas mal des petites mains et de ce qui peut leur arriver. Il en va finalement de même pour Virgile, qui, bien qu'immortel, doit faire avec un autre groupe, comportant beaucoup d'anciens et qui ne souhaite pas voir sa révolution réussir, ni le Cercle maintenu. En fait, tous les deux veulent bouger les choses, abolir les privilèges. 

Ce n'est pas le seul thème du roman. Il y a aussi celui de la vengeance. Jez veut découvrir pourquoi on a refusé à son père l'immortalité, et pour ça, elle pense être prête à tout. Or, ce n'est jamais si simple, n'est-ce pas ? Surtout que chez l'autrice, les personnages sont très nuancées et si la vengeance semble être la bonne chose à faire pour Jez, elle va vite se rendre compte que ce n'est pas si simple que ça à supporter par la suite. 

Et puis, il y a tout le côté mystérieux du Cercle et de son organisation. C'est un truc que j'adore, moi. Les secrets, les confréries, les guerres, les troubles, des archives qui recelent des réponses pour qui sait chercher dedans. Autant vous dire que moi, j'étais bien à mon aise (sauf sur un passage clef du roman, sur lequel on peut mettre un beau TW et qui finalement bien géré (ça ne tombe ni dans le trop gore ni dans le porno)). Avec ça, on ajoute Jez et Virgile, deux personnages qui se ressemblent, aussi grande gueule et sarcastique l'un que l'autre, des persos secondaires attachants (beaucoup aimé Gladys) et des méchants (parce que oui, ici on a de "vrais" méchants) qui font flipper.

Au final, j'ai adoré. Mais vraiment. C'était si bien à lire, si entrainant aussi. Ce roman a clairement tout pour lui (et pour moi surtout). Franchement, je ne peux que vous le conseiller (attention par contre, c'est, comme souvent pour moi un SP, il ne sort qu'en juin, dans trois éditions, la numérique, la de luxe et la normale, comme toujours avec Rozenn).

lundi 13 mars 2023

Night Travelers, Rozenn Illiano

 Night Travelers resort à la fin du mois. Il était temps pour moi de découvrir le suite de Midnight City que j'avais tant aimé.

Night Travelers, Rozenn Illiano

Editeur : Rozenn Illiano
Collection : 
Année de parution : 2023 (pour le numérique)
Format : epub

A lire si :
- Vous avez aimé Midnight City
- Vous voulez rêver

A ne pas lire si : 

Présentation de l'éditeur : 

Un an après sa rencontre avec Adam Remington, Samuel peine à retrouver sa quiétude d’autrefois. Tout a changé depuis, mais pas pour le meilleur : traumatisé par le Sidhe, il se sent dépossédé de son univers et ne parvient plus à écrire la moindre ligne. Syndrome de la page noire, cette fois, comme un barrage rompu dans son esprit, laissant son imagination sans contrôle. Il rêve, chaque nuit, de la Cité de Minuit. Le Temps y a repris son cours. Les Nocturnes se sont réveillés. Des rumeurs s’élèvent des entrailles de la ville, les tours menacent de reprendre vie. Et la grande Horloge pourrait s’arrêter pour toujours si le démiurge, perdu dans ses cauchemars, n’affrontait pas ces ombres venues du fond de l’Abyme. Night Travelers est la suite de Midnight City.

Mon avis

Bon, j'ai très envie de juste vous mettre que c'est un coup de cœur et qu'il faut le lire. Je pense même que ça suffira amplement. Mais ça serait dommage, n'est-ce pas. Le problème, c'est que parlé de Night Travelers, c'est aussi pas mal divulgacher Midnight City et pas que. Et pourtant, il peut se lire quasiment comme un one-shot, et ça même s'il est en plein centre du Grand Projet (oui, je sais, on en parle plus, mais c'est dur). C'est possible puisqu'à l'époque, MC devait en être un. Tout a été dit dans le roman, l'autrice n'avait pas laissé de piste pour une suite directe. Enfin, pas totalement. Après, on dira que ça vient aussi de moi qui voit parfois des liens où il n'en faut pas. Mais il y en avait eu qui m'intriguait beaucoup et il s'avère que ce fameux lien était existant (ou pas au moment de l'écriture de MC). Alors, du coup, je suis ravie que Rozenn est écrit cette suite, qu'elle nous permette de revenir dans la Citée de Minuit et revoir ses personnages.

Rha, je ne sais pas par où commencer, en réalité. C'est compliqué de chroniquer un second tome sans trop en dire. Sam n'arrive toujours pas à écrire. Il a trop d'idée, trop de rêves, trop de tout. Ce qu'Adam lui a fait le traumatise et il n'arrive pas à s'en sortir. Il tente, et s'en sort pas si mal jusqu'à cette nuit-là, où il entre dans la Cité de Minuit. Une ville qui a reprit sa marche normale, ou presque. Le temps est revenu. Mais les cauchemars sont toujours là, prêt à fondre sur les Nocturnes. Oyra, la régente de la ville, va devoir affronter tout cela, alors que, petit à petit, ses souvenirs lui reviennent. Il en va de même pour Cyan. Forcément, ce qu'il se passa dans le rêve et dans la réalité sont liés. Si Sam finit par perdre pieds, c'est toute la cité qui disparaitra…

Quand j'ai commencé le roman, une phrase m'a marqué, juste au début. Elle m'a marqué, parce que j'ai écris quasi la même, quelque jours plus tôt, dans mon journal. Cette phrase, la voici "Si je m’arrête, je m’éteins.". C'est pour moi que j'avais écris une version presque identique, alors autant vous dire que le roman, il m'a parlé et pas qu'un peu. C'est d'ailleurs un peu "énervant" de voir à quel point je suis touchée par les romans de l'autrice, comme si elle savait de suite quoi dire pour m'embarquer à sa suite (et parfois me mettre les larmes aux yeux, cf la Maison des Epines). Du coup, je me retrouve dans les personnages, ici Sam, mais aussi Oyra ou encore Cyan, et j'ai l'impression de ne pas être objective. Mais après tout, peut-on vraiment l'être dans la lecture ? N'est-ce pas en s'attachant, en se retrouvant dans les personnages ou situation qu'on apprécie ce qu'il se passe sous nos yeux ? C'est le cas pour moi, et c'est pour ça que j'aime tant les romans de l'autrice, parce qu'ils me parlent, parce que ses personnages me paraissent "vrais". Mais je crois que je disgresse un peu là, et que je m'en vais plus parler de moi que du roman, ce qui serait bête.

Et donc, les personnages. On retrouve bien entendu Sam, Roya et Cyan, les acteurs principaux de Midnigt City. Quelques temps ont passé, et ils tentent, tous autant qu'ils sont, de vivre après MC. Mais ça ne marche pas vraiment. Les angoisses et les peurs sont toujours là, même celles qui étaient si profondément enfouies. Sam est submergé par les idées, par sa propre création. Roya a à nouveau arrêté d''écrire, tente de reprendre le cours d'une vie normale jusqu'à ce que son ex fasse sa réapparition. Pour tous les deux, l'ombre de Remington plane toujours, d'une manière ou d'une autre. J'aime toujours autant les deux, leur interaction, la manière qu'ils ont de se protéger l'un l'autre, même quand parfois, ce n'est pas voulu. On retrouve aussi Xavier et Adam, bien sûr, mais pas dans un rôle où on aurait pu les imaginer. Je suis contente de voir la manière dont ils évoluent, comme quoi, rien n'est tout noir ou blanc dans la vie. Et puis, il y a les nouveaux, Dora et son frère, qui relient la série au reste du Grand Projet (oui, je sais, le Grand Projet n'existe plus tout à fait, mais ça reste quand même). J'espère en voir plus d'eux bientôt (et non, j'en dirais pas plus). Du côté des Nocturnes, c'est Cyan que l'on retrouve. Mal dans sa peau, hanté par ce qu'il s'est passé, je crois qu'il aimerait bien retourné dans l'Oubli, lui. Nous faisons aussi la connaissance d'Oyra, personnage important de ce tome. J'ai aimé la suivre, redécouvrir les secrets de la ville avec elle, me rapprochait du Marchand de Sable aussi et puis, comprendre ce qu'il se passe, vraiment.

Night Travelers, c'est l'histoire de ce qu'on a voulu enfouir. Des souvenirs disparus volontairement, de la dépression et des rêves brisés. C'est l'histoire des deuils, que ce soit d'une personne ou d'une envie, d'une passion. C'est aussi de l'espoir, de l'aide, et peut-être une sorte de rédemptions qu'on s'accorderait à soi-même. C'est beau et poétique. Même lorsque le tout se fait cauchemardesque, lorsque la peur prend le dessus, il y a toujours cette onirisme qui nous prend aux tripes et nous entraine dans l'univers de Rozenn.

Au final, c'est encore un coup de cœur pour moi. Le roman a su me parler, m'entrainer pour me garder là, avec les ombres de la Cité de Minuit. Il fait probablement parti des romans les plus aboutis de l'autrice pour moi, de ce qui ne sont pas prévu à la base, mais qui deviennent une évidence. Pour moi, ce tome-là en est une. 


lundi 16 janvier 2023

La Maison des Epines, Rozenn Illiano

 Bonne année !

Pour tout vous dire, la Maison des Epines n'est pas le premier roman que je lis cette année, mais je vous épargne un nouvel avis sur la Mer sans Etoiles d'Erin Morgenstern (tout comme j'ai arrêté de le faire pour le Cirque des Rêves). Il n'en reste pas moins que c'est la première lecture et que si je me fie à elle, mon année 2023 ne devrait pas être mauvaise niveau lecture.

La Maison des Epines, Rozenn Illiano

Editeur : Rozenn Illiano
Collection : 
Année de parution : 2023
Format : mobi

A lire si : 
- Vous aimez les ambiances un brin gothique
- Vous n'avez pas peur de plonger dans les rêves (ou les cauchemars)
- Vous avez apprécié le mime d'Erèbe.

A ne pas lire si :
- Un jour, je trouverais peut-être une raison. Mais pas aujourd'hui.

Présentation de l'autrice

Ne réveillez pas ce qui dort sous la Maison des Épines…
Novembre 1900. Mime au cœur brisé, Sonho assiste à la fin du légendaire cirque Beaumont, qui ferme ses portes après des décennies à sillonner les routes d’Europe. Le cirque représentait tout pour lui – sa maison, sa famille, ses rêves. Sa mission, aussi, confiée à la troupe par sa fondatrice : le père de cette dernière avait prophétisé la venue d’un orphelin qui changerait le monde, un enfant que Sonho espérait plus que tout retrouver.
Résigné, perdu, le mime abandonne tout derrière lui. Il suit alors sa sœur Augusta, qui souhaite ouvrir un orphelinat afin de mettre les enfants du cirque à l’abri. Et quoi de mieux que la demeure dont elle a hérité de ses ancêtres pour y installer tout ce petit monde ? Situé au cœur d’une forêt non loin de Londres, le domaine de Blackthorn Hill ressemble à un paradis.
Mais comme dans toutes les vieilles bâtisses, l’on y croise des ombres et des rumeurs, des mystères insondables, des vérités qu’il ne faut surtout pas exhumer. Que cache la Maison des Épines ? Quels secrets renferme-t-elle, ainsi protégée par son armée de prunelliers ? Qu’y a-t-il derrière cette porte fermée à clef dans le sous-sol ?

Mon avis

Un jour, sur twitter, Rozenn a parlé du mime d'Erèbe (que je n'avais alors pas encore lu) et de ce que pourrait être son histoire. Elle disait qu'elle finirait par l'écrire, mais pas de suite. Alors, j'ai attendu, parce que je savais que cette histoire-là allait me plaire. L'année dernière, j'ai eu l'occasion de recroiser Blackthorn Hill aux grès des pages d'un roman qui ne sera peut-être pas publié et l'envie de lire cette histoire-là c'est faite plus forte. J'ai eu de la chance, Rozenn a finit par se pencher dessus et par écrire la Maison des Epines. 

Nous voici en 1900. Le cirque Beaumont (que nous avons donc déjà croisé dans Erèbe) est de retour en Angleterre après plusieurs années passées aux USA. Mais la joie n'est pas là. Endeuillé par la mort de plusieurs d'entres eux lors du voyage retour, rien ne va. Le cirque se brise, petit à petit. Lorsque Grace, sa directrice, meurt à son tour, les membres se séparent, pas toujours dans la bonne entende. Augusta et Sonho partent pour Blackthorn Hill, la résidence familiale. Isaac, leur frère, et d'autres, tentent de continuer à faire vivre le cirque. Mais que se soit d'un côté comme de l'autre, rien n'est simple. 
A Blackthorn Hill, demeure entouré de Prunellier, quelque chose s'éveille. La maison cache quelque chose et Augusta et Sonho vont avoir bien du mal à découvrir quoi. A Londres, Isaac va découvrir Mary, une marcheuse de rêve qui tente de fuir son père. Et si tout était lié, la maison, Mary et surtout cette étrange prophétie de l'enfant-clé qui a tant couté à la famille de Sonho ? 

Je crois vraiment que j'ai quelque chose avec les romans de la partie "Rêve" du Grand Projet. J'aime tous les romans que j'ai pu lire jusqu'à maintenant, hein, mais dès qu'on part sur le Rêve, il se passe forcément quelque chose. J'aime ces romans-là plus que tout et j'aurais bien du mal à expliquer pourquoi. Il y a l'ambiance, déjà. Il serait facile de dire qu'ils sont oniriques, et en plus, ça serait presque faux. Parce que le rêve de l'autrice, surtout ici, n'est pas forcément très sympathiques. On est plus proche du cauchemars la plupart du temps. Mais attention, pas d'horreur à proprement parler. Non, les cauchemars de la Maison des Epines explorent le rêveur, tirent leur puissance et leur substance de ce qu'il ressent. Il y a un certain côté introspectif, nostalgique et mélancolique dans les rêves du Grand Projet. Une ambiance qu'on retrouve déjà dans Erèbe et qui, ici, est plus développée. Or, vous le savez, je suis extrêmes attachée aux ambiances et ici, elle m'a beaucoup plus.

Tout comme les personnages. Je connaissais déjà Sonho (que j'avais retrouvé un peu avant le début de ma lecture, puisque j'ai relu Erèbe en fin d'année et que je ne l'avais pas encore fini en commençant la Maison des Epines) et je dois dire que le découvrir bien plus ici m'a plu. C'est un personnage comme l'autrice (et moi) l'aime, cassé, déboussolé souvent, mais qui essaie, malgré tout de vivre. Parfois, il m'a fait pensé à Oxyde pour tout vous dire. Et puis, il y a sa famille, Augusta, Isaac, les gens du cirque, Little Jack, Anabel, la petite Alma. Ils sont tous reliés entre eux, formant une véritable famille avec les bons et mauvais moment. l'alchimie entre eux est juste parfaite, sans en faire trop. J'ai eu un peu plus de mal par contre avec la jeune Mary, peut-être parce qu'elle est extérieure au cirque, je ne sais pas trop.

Mais si j'ai adoré la partie 1900, que dire de l'autre partie, celle qui se découvre entre les deux ? Celle qui relie le tout à Erèbe et aux autres marcheurs de rêve ? On se retrouve quelque décennies plus tôt, en compagnie d'Arthur, le grand-père d'Augusta. Lui et Oonagh, sa meilleure amie, cherchent à découvrir ce qui est enfouie sous la maison. J'aime beaucoup les retours dans le passé comme ça. Pas la première fois que l'autrice le fait et j'apprécie avoir plusieurs chronologies. Surtout, j'aime comme les deux se mélangent, l'un fournissant la matière à l'autre et inversement. C'est encore plus présent ici avec un joli hommage à la Mer sans Etoiles (amusant d'ailleurs de les avoir lu tous les deux quasi en même temps et d'être tombé sur cet hommage alors que j'étais dans le bon passage de la Mer)(c'est d'ailleurs pas la seule réf à l'oeuvre d'Erin Morgestern et j'adore, parce que j'aime énormément Erin Morgenstern). C'est aussi dans cette partie, plus précisément, qu'on découvre le lien entre Erèbe et la Maison des Epines, et donc entre les trois familles concernées. Mais, ne vous en faites pas, pas besoin d'avoir lu le premier pour comprendre le second.

Enfin, je dois vous avouer quelque chose. J'ai pleuré en lisant la Maison des Epines. La faute à l'un des thèmes du roman, que je connaissais. La faute à la période aussi (mes fins d'années sont marqués par le deuil et le souvenir). J'ai failli refermé le livre et me dire tant pis, Rozenn comprendra que je ne puisse le lire avant sa sortie. Et puis, en réalité, j'ai continué, et je crois qu'il s'est passé quelque chose. Une sorte de lueur dans la douleur que je partage avec les personnages. Je n'arrive pas à l'expliquer et je sais que ça a fait beaucoup dans ma perception du roman. Alors, oui, d'habitude j'essaie d'être la plus objective possible, mais pas ici. J'ai eu besoin d'en parler parce que ça fait aussi partie de ce que j'ai pu ressentir dans ma lecture, c'est aussi ça qui a fait que j'ai aimé. On le sait, il y a des livres qui font du bien. Je ne suis pas sûre que ce soit l'idée première de la Maison des Epines. On ne va pas se mentir, il n'est pas feel-good, ce roman à la base. Il est sombre, mélancolique, nostalgique, il fait parfois peur et moi, il m'a fait pleurer. Et il m'a fait du bien. 

La Maison des Epines fait parti de ces romans qui m'ont marqué. Il rejoint le mon panthéon personnel des romans de Rozenn Illiano avec Erèbe, Onirophrénie et Migdnight City (tiens, tous avec des rêveurs, y a un truc, je vous dit). C'est une merveille, autant dans l'intrigue, le style (oh, j'en ai pas parlé, mais j'ai adoré les passages à la seconde personne, rare mais très intense), les personnages que par ses thèmes. Il y a un truc assez lumineux finalement. En plus, comme toujours, il y a l'avantage d'être lu seul. 


vendredi 18 novembre 2022

Midnight City, Rozenn Illiano

 Midnight City avait une sacré aura pour moi avant même de le lire. C'est peut-être l'un des romans les plus documentés de Rozenn Illiano puisque son univers lui a servi dans son activité de bijoutière, pour créer des énigmes et encore plein d'autres choses. C'est simple, j'avais l'impression de le connaitre avant même de l'avoir lu, chose assez étrange. Or, ce genre de chose, ça peut être à double tranchant, comme on s'en doute. Est-ce que ça a été le cas ici ? C'est ce qu'on va voir.

Midnight City, Rozenn Illiano

Editeur : Rozenn Illiano
Collection : /
Année de parution : 2022 
Format : mobi

A lire si : 

- Vous voulez de l'onirisme 
- Vous voulez des héros qui n'en sont pas tout à fait.

A ne pas lire si :

Présentation de l'éditrice 

Deux mondes, deux héros, deux rêves… Un seul cauchemar.
Écrivain inconnu, Samuel rencontre le succès par hasard, et son existence change du jour au lendemain – pas forcément pour le mieux, d’ailleurs. Introverti et grand timide, il se plie à sa nouvelle célébrité sans rechigner, rêvant pourtant de retrouver la quiétude de son anonymat, jusqu’à ce qu’il perde toute inspiration.
Dans la Cité de Minuit, ville plongée dans la nuit et le songe, Cyan se languit de son ancienne vie : magicien du rêve, il protégeait les siens et affrontait les cauchemars. Mais depuis un terrible accident qui lui a pris tout ce qu’il aimait, il a perdu son pouvoir, et s’avère désormais piégé dans un morne quotidien qu’il voudrait fuir plus que tout.
Un jour, tout change. Un énigmatique mécène vient à Samuel, lui offrant ressources et tranquillité afin de pouvoir écrire de nouveau ; le Temps s’arrête au cœur de la Cité de Minuit, plongeant ses habitants, les Nocturnes, dans un étrange sommeil de pierre, dont Cyan est mystérieusement épargné.
Les cauchemars se réveillent, les peines d’autrefois quittent l’Abyme dans lequel elles avaient été oubliées, et Samuel et Cyan, à un monde de distance, devront se mesurer à leurs ombres.

Mon avis

La première fois que j'ai eu envie d'avoir ce romand dans les mains, il voyageait. C'était en 2019 et il n'en existait qu'un seul exemplaire. Un seul livre, format papier, qui passait donc de lecteur en lecteur. J'aurais voulu avoir cet exemplaire entre les mains, le destin en a décidé autrement. L'expérience tourna court, malheureusement. L'autrice décida alors de l'éditer et de le faire connaitre par des voix plus "normale". Cette année, Midnight City ouvre une nouvelle page à son histoire, puisqu'il débarque en numérique et à droit à une seconde édition papier. Et franchement, un conseil, ne le ratez pas. C'est une pépite.

Bon, j'ai beaucoup de mal à organiser ce que je veux dire pour ce roman. C'est rare quand ça m'arrive, mais ça arrive. Le truc, c'est que Midnight City m'a parlé. Beaucoup, énormément. Il m'a fait me questionner sur certains points, m'a conforté sur d'autres. Il a réveillé de vieux rêves et aussi quelques cauchemars, il faut l'avouer. C'est un roman comme on n'en croise pas beaucoup, un de ceux qui va rester longtemps. Alors, oui, c'est compliqué d'en parler et de la faire comme je fais d'habitude. Parce que le truc, c'est que Midnight City interroge le métier d'auteurice, beaucoup, et que je suis moi-même autrice (même si j'en parle jamais ou presque ici). Ca a beaucoup d'importance ici. Je n'ai pas lu Midnigth City comme une simple lectrice. L'écrivaine en moi a beaucoup absorbé ce que j'ai lu. Je me suis émerveillée devant les descriptions de la Cité de Minuit, et je me suis perdue dans les méandres de mes propres pensées en suivant Sam. Vous la voyez du coup la difficulté ? Elle est là, et je ne sais toujours pas comment vous parlez du roman (j'avais cru qu'en écrivant ça, ça se débloquerait, mais non). Bref, du coup, on va y aller comme d'hab et puis on verra bien donc.

Samuel est auteur. Son premier roman publié, les Larmes D'Aquarius est un best-seller. Forcément, on lui demande toujours à quand le second. Sauf que le succès d'Aquarius semble avoir tari la source de l'inspiration. Sam n'y arrive plus. Il n'écrit plus, la page reste blanche, quoiqu'il fasse. Jusqu'à sa rencontre avec Adam Remington. L'homme lui propose de devenir son mécène. S'il hésite, Sam finit par accepter. Et à peine cela fait, il recommence à écrire. Mieux, il reprend enfin Midnight City, un roman qu'il pensait ne jamais écrire. Ailleurs, quelques parts dans les rêves peut-être, la Cité de Minuit s'arrête d'un coup. ses habitants figés. Seul Cyan, le pilote de l'Oniropostale semble ne pas être atteint par cette étrangeté. Il est peut-être le seul à pouvoir se confondre aux cauchemars qui se réveillent et à sauver la Cité. 

Le roman ne se divise pas totalement en deux. On va beaucoup plus suivre Samuel, dans la vie est basculé par l'arrivée d'Adam. Sam, c'est un presque monsieur tout  le monde. En fait, s'il n'y avait le succès de son roman, il continuerait tranquillement sa petite vie, allant sur son forum d'écriture où il est modo, bossant la journée dans un atelier de sérigraphie. Sam, c'est vous, c'est moi, un mec qui vit sa passion dans son coin ou presque et qui d'un coup se retrouve sur le devant de la scène. Et là, c'est la dégringolade. Alors qu'il pensait vivre son rêve, ça se transforme en fait en cauchemar. Il perd l'inspiration. Jusqu'à l'arrivée d'Adam donc. Or, si tout lui revient, les rêves, les cauchemars et l'envie d'écrire, cela ne se fait pas sans heurts. Sam se questionne beaucoup, un point qu'il a en commun avec beaucoup de personnages de son autrice, et par là même, il va questionner l'autrice en moi. Je me suis beaucoup reconnue dans les questionnements de Sam, et ceux de Roya, son amie, aussi. Les deux ont une certaine vision de l'écriture, pas toujours commune d'ailleurs. J'ai tellement aimé suivre leurs échanges, me voir dans l'un ou dans l'autre suivant les cas. Et puis, forcément, je les ai aimés, eux. Et Remington aussi. Parce qu'ils ne sont pas tout blanc, ou tout noir. Parce que même Remington n'est pas un "méchant" alors qu'il est l'antagoniste de Samuel. Même lui, je crois que je l'ai compris. D'ailleurs, il fait parti ces personnages que j'aime parce qu'ils sont presque normaux et qu'il n'y a qu'une chose, parfois infime, qui peut les faire basculer. Ce qu'il fait, il ne le fait pas par méchanceté. C'est un besoin qu'il a, quelque chose qui le fait vivre et que, peut-être des fois, il ne contrôle pas tout à fait.

Et pendant que Sam se bat contre ses démons, que Roya essaie de le maintenir à flot tout en faisant de même, on va découvrir Cyan, la Cité de Minuit et les Nocturnes. La Cité de Minuit et son ambiance onirique, m'a beaucoup fait penser à Erèbe (et vous savez à quel point j'aime le livre et le monde). Elle a un côté victorien qui n'est pas du tout pour me déplaire et elle éveille grandement l'imagination. Mais surtout j'aime beaucoup ce qu'elle représente (aussi bien en tant qu'autrice que lectrice d'ailleurs). Sur ce point, j'ai très envie d'en parler ici mais je pense que ce n'est pas l'endroit. Je crois que je préfére largement vous laisse découvrir ce qu'est la Cité de Minuit, et vous faire votre propre opinion dessus. Alors, oui, du coup, je ne vais pas en dire beaucoup, mais vraiment, découvrez Cyan, la Funambule et les autres Nocturnes, leurs rêves et leurs cauchemars par vous-même. Vous ne serez pas déçu de ce voyage-là. On y retrouve toute la magie de la plume de l'autrice, les descriptions magnifiques, l'onirisme aussi. Chose que l'on trouve aussi dans la partie "Samuel" mais en moins "beau" ou merveilleux. 

J'ai lu le roman lentement, prenant mon temps pour le faire. J'ai dû le poser parfois parce qu'il me parlait trop et que j'avais besoin de réfléchir à ce que j'ai lu. J'ai lâché le roman avec une méchante poussière dans l'œil. Oui, j'avoue, j'ai pleuré en le refermant. J'étais émue. J'étais émue parce que la fin est parfaite pour le roman et que j'étais heureuse pour les personnages. Ce n'était pas de la tristesse, mais de la joie. Bien entendu, Midnight City est un coup de cœur. 

Autre chose, je trouve que c'est le roman qui montre le plus ce que Rozenn fait, il parle aussi bien onirisme que "vie réelle". Il montre ces deux facettes importantes de son travail, le fait très bien et en plus de ça, même s'il a un tome deux, il se lit tel un one-shot. 







vendredi 5 août 2022

L'Ombre dans la pluie, Rozenn Illiano

 Oui, encore un livre de Rozenn ! Quand on aime on ne compte pas, et ce n'est donc pas avec celui-ci que je vais arrêter. L'Ombre de la pluie fait partie de ces romans qui m'attirent direct avec un combo couverture-titre impeccable. De la pluie, un corbeau/corneille, du sombre. Tout pour me plaire. Et l'intérieur est à l'image de tout cela.

L'Ombre dans la pluie, Rozenn Illiano

Editeur : Rozenn Illiano
Collection : 
Année de parution : 2021
Format : mobi

A lire si : 
-Vous aimez les ambiances sombres et la pluie.
- Vous n'avez pas peur de vous frottez aux fantomes et autres esprits.
- Vous aimez Oxyde

A ne pas lire si : 
-

Présentation de l'éditrice :

Parfois, les regrets nous hantent aussi sûrement que les fantômes…
Oxyde est un clairvoyant, un sorcier aux multiples pouvoirs qui s’avère aussi puissant que paumé. Il vit à Paris et bosse pour un patron de boîte de nuit mafieux à qui il rend de nombreux services ésotériques – et pas toujours légaux.
Un jour de novembre, son ami Edgar, prêtre et exorciste, lui parle d’une vieille affaire, celle d’une jeune religieuse possédée morte dix ans plus tôt. Ils ont échoué à la sauver et ne se sont jamais pardonné cet échec. Oxyde surtout, qui n’en a gardé aucun souvenir.
Aujourd’hui, Edgar y voit une occasion unique de réparer leurs erreurs. Mais l’esprit ne se laisse pas chasser ; pire, il réveille des blessures oubliées et des démons qu’Oxyde avait réussi à endormir au prix d’innombrables sacrifices. Cette enquête surnaturelle au cœur de Rome parviendra-t-elle à éteindre ses regrets, ou au contraire attisera-t-elle la magie incontrôlable qu’il possède et qui l’a toujours effrayé ?
Fantômes, secrets ancestraux et sœurs exorcistes, suivez l’Ombre dans la pluie !

Mon avis

Vous voulez un roman pour commencer dans le Grand Projet de l'autrice où l'on voit directement ce cher Oxyde ? Le voici. L'ombre dans la pluie est clairement une entrée pour ça. Parfaite ? Je ne saurais dire. Je trouve que le Phare aux Corbeaux remplit un peu mieux cette place parce qu'Oxyde n'en est pas le personnage principal et qu'Agathe et Isaah sont moins présent que lui par la suite (du moins pour l'instant, j'espère toujours les revoir un peu plus que sur quelques lignes)(d'ailleurs Agathe fait une infime apparition ici, sachant que le Phare et l'Ombre se passe presque au même moment de ce que j'ai compris). Mais ceci n'est que ce que j'en pense, vu que j'ai quand même eu l'occasion de lire plusieurs livres du Grand Projet. D'ailleurs, L'Ombre dans la pluie se place dans la partie très urban fantasy du projet, avec le Phare, mais aussi Town (qui devrait être réécrit) ou encore Onirophrénie (qui se trouve aussi dans ce que j'appelle moi la partie Rêve du Grand Projet). Bref, passons au roman.

Le Père Aidan a été appelé pour vérifier un cas de possession. Lorsqu'il se rend sur les lieux, il découvre une femme possédée par un esprit déclamant plusieurs noms, dont celui du père Auguste et de ses apprentis, Joseph (qui est l'un des noms d'Oxyde) et Edgar. Connaissant un peu le cas, il va demander conseil à l'un des concernés, Edgar, pour mener l'exorcisme. Le jeune homme, devenu prêtre y voit l'occasion de réparer les erreurs que lui et Oxyde,  ont pu commettre dix ans plus tôt. Mais la nouvelle tentative tourne court elle aussi. Pire, le collège des Exorciste s'en mêle et amène Angela, la possédée à Rome. Mais surtout, tout cela a réveillé chez Oxyde pas mal de blessures. Pour aider Angela et tenter d'avoir des réponses sur un passé qui lui échappe encore et toujours, il va partir avec Edgar pour Rome.

Autant vous le dire de suite, j'aime énormément Oxyde et ça depuis la première fois où j'ai croisé sa route. C'est un personnage complexe, clairvoyant de son état (sorcier presque tout puissant dans l'univers de Rozenn), il a eu une enfance apparemment pas simple, a vécu pas mal de merde, a vendu son âme (avec son nom et ses souvenirs) et puis, il a eu la chance de rencontrer le père Auguste, le premier à avoir enfin cru en lui en plus de son jumeaux astral, Elias. Oxyde prend d'ailleurs ce nom juste après la rencontre avec Auguste lorsque celui-ci décide de le prendre comme apprenti. C'est aussi à ce moment qu'il va faire la connaissance d'Edgar, un sorcier lui aussi. S'il commence à rééquilibrer son Karman, il n'en reste pas moins violent et complètement perdu. Dix ans plus tard, il est plus calme mais reste tout aussi paumé. Sans souvenir, sans identité première (parce qu'il a lui-même forgé Oxyde mais qu'il ne sait toujours pas qui il est réellement), il reste un danger, du moins, c'est ce qu'il pense et qu'on lui répète souvent. Alors, oui, pour lui, comprendre l'esprit qui hante Angela et qui le hante aussi d'une certaine manière, ce serait un grand pas. 

L'ombre dans la pluie, c'est donc avant tout une histoire de mémoire. Celle qu'a perdu Oxyde, celle qui se cache dans les souvenirs de l'entité qui a prit possession d'Angela. Ce sont ces recherches qui vont nous conduire à Rome, et puis à l'exorcisme final. Rozenn Illiano va, petit à petit, faire resurgir les mystères et les indices. Elle fait ça d'une main de maitre. D'ailleurs, si j'ai vu deux trois choses avant qu'elles ne se passent, d'autres me sont un peu passé sous le nez, comme la révélation finale sur l'entité (je m'y attendais pas complètement en fait, alors que les indices étaient pourtant bien là). Le roman est aussi une histoire de rédemption, je trouve, pour certains personnages. Mais je crois que le tout va avec la mémoire et la perte. Que se soit Oxyde, Edgar ou Aidan, ou même certaines Soeurs (j'ai beaucoup apprécié les soeurs et leur rôle ici), tous sont à la recherche d'un pardon qu'eux seuls peuvent se donner. Comment souvent, il faut passer par certaines épreuves et ici, elle est de taille. Mais surtout, les personnages n'affrontent pas tout ça seul, même si parfois, ils tentent de n'en faire qu'à leurs idées. Ils s'entraident, quoiqu'il arrive. On en a un bel exemple avec la bromance entre Oxyde et Edgar. C'est deux là vont si bien ensemble, perturbés par leur pouvoir, s'aimant comment des frères et surtout, toujours là l'un pour l'autre. Aidan aussi comprendra que seul il ne peut rien, ni contre l'esprit, ni contre le vatican qui se place sur son chemin. 

Le tout est porté par une ambiance qui colle parfaitement au thème pour moi. Chez l'autrice, c'est toujours quelque chose qui m'émerveille, les ambiances. Il n'y a qu'à voir celle d'Erèbe par exemple, ou d'Onirophrénie. Ici, c'est froid, pluvieux, sombre. Il y a un côté très cinéma et film d'exorcisme quand on lit l'Ombre dans la Pluie. Ça m'a assez rappelé l'ambiance de l'Exorciste, pas la partie horrifique avec la petite fille possédée, mais les autres plans, comme celui de l'affiche. D'ailleurs, en parlant de partie horrifique, ici, il n'y a rien de gore dans les rites d'exorcisme. Je veux dire, on ne va pas voir de tête qui tourne ou autre jet de vomi et insanités. Ça reste violent, les esprits ne se laissant pas faire (ce qui peut se comprendre) et il y a du sang et des blessures, voire pire, ça peut être spectaculaire mais ce n'est jamais gore et le roman n'est pas un roman horrifique. Ce point, pour moi, c'est un gros plus. Même si j'apprécie l'horreur et qu'on pense souvent à ce thème avec des exorcistes, j'apprécie en fait que ce ne soit pas ici ce qui donne le ton du roman. C'est du fantastique qui donne une grande place à l'être humain, au regret et aux souvenirs. 

Une fois encore, je suis sous le charme des écrits de Rozenn Illiano (et j'ai enchaine ces derniers mois, puisqu'il y a aussi eu un roman dont je ne vous ai pas encore parlé). Sa plume a vraiment quelque chose de particulier. Un je ne sais quoi qui fait que je plonge toujours direct dans ses histoires avec un bonheur immense. Son Grand Projet (tiens au fait, je sais pas si je l'ai déjà dit, mais c'est le titre de sa saga, pas juste un moyen de la définir) s'étoffe et me plait de plus en plus. J'aime trouver les liens et connexions (on en voit quelqu'unes ici mais ça reste soft et vraiment, vous pouvez lire l'Ombre dans la Pluie sans le moindre problème si vous ne l'avez pas encore lu). L'Ombre prend une belle place dans mon petit palmarès des romans de Rozenn (pas très loin d'Erèbe et Onirophrénie, je pense). 

En conclusion : n'hésitez pas à le lire. Il sort le 30 Aout en trois formats, le classique, l'édition de luxe et la numérique (qui a Oxyde (coeur sur lui, vraiment) sur sa couverture, tandis que les deux papiers ont la couverture avec la corneille)(je précise quand même, on ne sait jamais)


mardi 7 juin 2022

Onirophrénie, Rozenn Illiano

 Avant toute chose, merci à l'autrice pour le service presse. Je n'en demande presque jamais voire, jamais, mais là, j'ai pas pu résister. Il faut dire que déjà, j'adore les romans de Rozenn et qu'Onirophrénie me fait de l'œil depuis très longtemps. Et puis, cela permet, à mon humble niveau, de la faire connaitre un peu plus. Alors, je joins l'utile (la faire connaitre un peu plus) à l'agréable (pouvoir la lire et avoir un nouveau coup de coeur). C'est parti.

Onirophrénie, Rozenn Illiano

Editeur : Rozenn Illiano
Collection : /
Année de parution : 2018
Nombre de pages : 352

A lire si :
-Vous avez déjà lu Tueurs d'Ange de l'autrice (enfin, c'est pas obligatoire, mais disons que ça vous permettra de un, pas vous le spoiler, deux, mieux comprendre certains points)
- Vous aimez les romans en pleine apocalypse

A ne pas lire si : 

Présentation de l'éditeur :

Un jour de janvier, une tempête cataclysmique s’abat sur le monde. La lumière descendue du ciel ravage la Terre et lance un funeste compte à rebours, à la fin duquel il ne restera plus rien. Par chance, les marcheurs de rêves l’avaient prédit grâce à leur pouvoir si particulier, et la plupart d’entre eux ont pu se mettre à l’abri.
Comme eux, Lili survit à la catastrophe. Mais pour un temps seulement : son don ne lui obéit plus depuis longtemps. Démunie et tourmentée, elle rencontre alors Fañch, un adolescent jeté à la rue en raison de son homosexualité. Ensemble, ils errent au hasard, à la recherche d’une destination peut-être, d’un but, au gré de leurs failles et de leurs blessures?; des douleurs qui, tour à tour, font avancer ou reculer, paralysent, donnent de l’espoir ou découragent. Qu’espérer, en réalité, quand il n’y a que la fin au bout de la route ?

Mon avis

Onirophrénie : “Syndrome caractérisé par la présence d’un état confusionnel avec cauchemars, impression d’irréalité, désorientation, associé à des troubles sensoriels et à des troubles métaboliques (Méd. Biol. t.3 1972)”.

Comme je le disais, Onirophrénie me faisait de l'œil depuis un moment. Déjà parce qu'il a une couverture de fou, signée, comme toujours par Xavier Collette. C'est une de mes préférées du Grand Projet (avec celle d'Erèbe et d'Hiver et d'Ombres). Ensuite, parce que j'avais beaucoup aimé Tueurs d'Ange (et Oracles aussi, ensuite, je n'ai pas pu finir de lire la série, mais c'est pas grave parce qu'elle va être réécrite cette année) et que le roman en est une sorte de spin-off. Mais surtout, il y a Lili, son pouvoir déréglé et tout le mystère qui l'entoure pour moi. Lili, je sais que c'est l'un des perso préféré de l'autrice, je sais qu'elle est importante et elle m'intrigue. Mais vraiment. Alors, je me suis jetée dans le roman, et je n'en suis ressortie que quelques jours plus tard, avec une sensation étrange, du vide mais pas que. Je ne pourrais pas vraiment vous expliquer, mais effectivement, connexion il y a eu entre Lili et moi, entre Fañch et moi aussi. Et finalement, ça donne que je vais en chier pour donner mon avis. Parce que je m'arrêterais bien à un simple : ceci est un énorme coup de coeur, mais je sens que vous en voulez quand même un peu plus.

Lili se réveille en pleine nuit, le 18 janvier 2016, suite à un rêve où une voix lui crie de faire attention. Juste à temps pour éviter de se faire écraser par les débris du mur de sa résidence. Cette nuit-là, une tempête sans précédent détruit tout. Et pour cause, le 18 janvier 2016 sonne le début de l'apocalypse. L'humanité n'en a plus que pour 600 jours avant que les anges ne la détruise complètement. Or, Lili le sait, ça, car elle est une Marcheuse de Rêves, elle est capable de voyager dans les rêves mais aussi d'y voir passé et futur. Alors qu'elle ne semble pas vraiment savoir ce qu'elle va faire de ces derniers jours, elle va rencontrer Fañch, un ado de dix sept ans. Les deux décident de rejoindre Paris, pour retrouver la mère du gamin et peut-être d'autres marcheurs de rêves. Commencent alors pour eux le voyage qui les mènera au bout de ces 600 jours. 

Comme je le disais, j'ai beaucoup aimé Lili. Lili, elle est pleine de faille : dépressive, absolument pas optimiste, solitaire... C'est un peu le personnage type de Rozenn (elle m'a fait pensé à Ana, mais aussi (vous ne la connaissez pas encore) à Isabelle (dans Inéluctable qui sort en aout)), ceux que j'aime beaucoup chez elle. Elle ne fait que très peu confiance aux autres, elle s'enferme en elle-même, parle peu, encore moins de ses pouvoirs et passe pas mal de temps à se dénigrer, surtout en ce qui concerne son oniromancie. Mais  côté de ça, quand elle finit par accorder sa confiance, elle le fait pleinement, sans rien attendre en retour. Fañch, lui, est un gamin solaire, presque toujours de bonne humeur, optimiste comme pas possible malgré ce qu'il a pu vivre jusqu'à la. Leur duo fonctionne tellement mais tellement bien. J'ai aimé voir leur amitié naitre, grandir. Petit à petit, la relation semble devenir quelque chose de très proche d'une relation de fratrie et c'est juste beau. Parce qu'ils ont leur failles, parce qu'ils font avec, qu'ils se protègent et s'épaulent quoi qu'il arrive. Parce qu'il ait bien question d'amour entre eux, de celui qui pourrait presque tout renversé et surtout qui pourrait bien les aider à guérir, l'un comme l'autre. Onirophrénie, c'est aussi ça comme histoire, plus que celle de la fin du monde annoncée. C'est une histoire d'êtres humain. On le voit très bien avec le duo principal mais pas que. Lili et Fañch vont croiser plusieurs groupes, des personnes qui tentent d'aller de l'avant aux premiers jours de l'apocalypse, encore plein d'espoir quant à la suite, des fanatiques religieux doublés de militaires qui n'en ont que le nom, des personnages qui vont chercher à les aider, d'autres à les détruire à cause des pouvoirs de Lili. On finit par retrouver tout le microcosme qu'on attend dans le genre apocalypse/postapo mais avec la sensibilité de son autrice. Ainsi, on s'attache à beaucoup de monde, alors même que l'on se doute que leur futur va s'éteindre très rapidement, d'une manière ou d'une autre. 

D'ailleurs, cette sensibilité, on la ressent beaucoup dans les divers évènements. Rozenn ne s'attarde jamais sur l'action elle-même mais plus sur ses conséquences. Le plus intéressant, reste la psyché des personnes, ceux qu'ils ressentent. Onirophréhie est un texte à la première personne, nous entrons directement dans les doutes de Lili. Personnellement, j'adore ça, quand on entre vraiment dans la tête du personnage. Après, ça peut paraitre des fois répétitifs (Lili peut parfois tourner en boucle sur certaines choses) et lents pour des lecteurs qui n'ont pas l'habitude. Lili et Fañch vivent pourtant beaucoup de péripétie et le roman est loin d'être lent ou sans "action" (dans le sens truc qui fout l'adrénaline parce qu'il faut courir). Alors, oui, on voit très peu les Anges (qui restent les ennemis) et quand ça arrive, ça ne dure pas des plombes. Non, comme dans Tueurs d'anges, d'ailleurs, la violence n'est pas forcément spectaculaire ou fantastique. Elle est bien plus humaine. Elle se cristallise dans le beau-père de Fañch qui l'a foutu à la rue parce que le garçon est homosexuel, dans les militaires qui vont s'en prendre à lui pour les mêmes raisons, dans la dépression de Lili et sa propre manière de se voir durant des années, 

Enfin, j'ai adoré pouvoir relier le roman à d'autres. C'est quelque chose que je n'aurais pas pu faire il y a quelques années, à la sortie du roman, parce que je n'aurais pas eu le bagage pour. Mais franchement, c'est toujours génial de voir les liens. Alors, forcément, il y a ceux avec Tueurs d'Anges et Town, puisque le roman en est un spin-off (mais franchement, j'aime pas le mot, pour moi, Onirophrénie est bien plus que ça) mais il y a aussi des liens avec d'autres romans, dont d'Hiver et d'Ombres (et j'ai eu une réponse à une de mes questions sur la fin du roman, ce qui du coup, me convient parfaitement. De même, j'ai eu un éclairage différent sur un personnage de Town que je n'avais pas du tout imaginer comme un marcheur de rêve du passé (et ça change un peu tout ce que j'ai pu croire sur lui en fait, ce qui en soit est génial, mais me déroute un peu).

Au final, c'est donc un gros coup de coeur. Pour Lili et Fañch que j'ai hâte de retrouver (watch me lire les nouvelles sur Lili dispo sur le site de Rozenn), pour ce moyen-là de tenter de vivre jusqu'à la fin. Et comme il faut en finir avec cet article, je n'aurais plus qu'une dernière chose à dire, la même qu'à chaque fois, lisez Rozenn Illiano.

lundi 16 mai 2022

D'Hiver et D'Ombres, Rozenn Illiano

 Un nouveau Rozenn, ça ne se refuse pas vraiment, surtout après le coup de cœur que j'ai eu pour Erèbe. Surtout quand ce nouveau roman se déroule du côté des Reveurs, et plus particulièrement ici de la guilde des Voyageurs dont j'ai déjà entendu parlé et que j'ai à peine croisé.

D'Hiver et D'Ombres, Rozenn Illiano

Editeur : Rozenn Illiano
Collection :/
Année de parution : 2022
Format : AZW

A lire si :
- Vous connaissez un peu le Grand Projet de l'autrice (mais c'est pas une obligation du tout)
- Vous voulez de l'oniro-fantasy

A ne pas lire si :
- Vous voulez quelque chose de très linéaire.

Présentation de l'éditeur 

Loin, très loin, un monde solitaire plongé dans les ténèbres s’efface peu à peu, dévoré par un arbre couvert d’épines, ne laissant aucune trace derrière lui.
Ailleurs, une rêveuse perd le contact avec son dieu qu’elle entend pleurer chaque nuit, hantée par un hiver éternel qui menace de fondre sur son royaume.
À Mahéra, Filius, un éminent scientifique, construit un instrument lui permettant de se rendre en chair et en os dans les mondes qu’il voit dans ses rêves, et réunit une compagnie autour de lui afin d’explorer ces univers.
Partout, de tout temps, des Oniromanciennes édictent une prophétie depuis des milliards d’années, un message perdu puis retrouvé qu’elles se transmettent entre elles, annonçant la plus grande des menaces : le Rêve se meurt, et il entraînera avec lui la fin de tous les mondes.

Mon avis

L'histoire que conte Rozenn Illiano avec son Grand Projet devait bien avoir une sorte de début. D'Hiver et D'Ombres semblent en être un. Peut-être pas le début début, mais un début en tout cas. Celui de la guilde des Voyageurs. Une guilde dont j'ai entendu parlé, déjà dans certains romans. Parfois à demi-mot, parfois pas. Avec d'Hiver et d'Ombres, l'autrice nous raconte donc la création de la guide et aussi autre chose. Un autre chose qui risque de spoiler un peu donc, désolée.

Je vous ferais bien un résumé, j'ai commencé d'ailleurs, et puis j'ai tout effacé. Je crois que, premièrement, la quatrième de couverture suffit pas mal pour comprendre ce que nous allons lire sans trop en dire, deuxièmement, que je vais en parler par la suite de manière à ne pas faire de redite, troisièmement, que ça sera un peu bête de résumer le roman tant il est vaste et plein de surprises. Nous y suivons bien entendu Filius et la guilde des Voyageurs, mais aussi un certain nombre d'Oniromanciennes, certaines plus que d'autres. Tous les personnages, toutes les histoires sont liées entre elles d'une manière ou d'une autre et ce sont ses liens qui font avancé le lecteur. 

Autant le dire, le roman est dense. Sûrement le plus dense pour le moment de l'autrice, du moins dans ceux que j'ai déjà lu. C'est aussi le plus compliqué à suivre si on a du mal avec une narration non linéaire dans le temps (et aussi l'espace). Personnellement, c'est quelque chose qui ne me dérange pas des masses. J'aime me perdre dans les récits et ici, je suis servie. Si l'histoire de Filius et de ses compagnons est bien raconté de manière chronologique, ce n'est pas le cas des histoires des Sœurs du Silence, les Oniromanciennes qui prophétisent dans leurs rêves la fin des mondes. On ajoute à ça des univers à foison (certains provenant d'autre œuvres mais parfaitement intégré à l'histoire de Rozenn Illiano)(dois-je dire que j'ai sauté de joie en découvrant les cavernes de la Mer sans Etoiles ?)(nous partageons une même passion pour les œuvres d'Erin Morgenstern, ça aide), avec leur propre histoire (je vous raconte pas le boulot de dingue qu'il doit y avoir derrière tout ça), celles des Voyageurs et celles des Sœurs du Silence et la recherche d'une cohérence certaine entre les diverses parties du roman mais aussi une partie du Grand Projet et nous avons là un roman des plus ambitieux et passablement casse-gueule. 

Or, l'autrice réussit le pari d'avoir quelque chose de cohérent, passionnant, contemplatif et parfaitement onirique. Et franchement, moi, sur ça, je lui tire clairement mon chapeau. Surtout qu'en plus, si elle s'était déjà attaqué à la littérature vampirique, fantastique ou encore apocalyptique (voire les trois en même temps), elle n'avait encore jamais la fantasy. Enfin, de la fantasy... Disons que oui et non. D'hiver et d'Ombres en suit les contours de ce genre-là. Mais on le sait, la fantasy c'est vaste, ça le devient de plus en plus et franchement, j'aurais du mal à classer le roman dans un des sous-genres. Tout comme j'ai toujours du mal à vraiment qualifier le Grand Projet. Laird Fumble, sur son blog, a décidé d'appeler le travail de l'autrice "Oniro-fiction", je pense qu'il a trouvé le bon mot. Parce que vraiment, outre le fait que le Rêve soit au centre d'une bonne partie des ouvrages du Grand Projet, il a à effectivement quelque chose de très onirique à les lire. Cela se voit encore plus ici, où les Voyageurs ne rêvent plus pour aller de monde en monde mais le fond de manière physique. Parce que l'on perd tout ce que nous pouvons imaginer d'un rêve (les incohérences, les "pouvoirs" que le rêveur peut avoir etc...) mais pas la magie qui en découle.

Les personnages ne sont pas en reste non plus dans tout ça. J'ai beaucoup apprécié Filius, qui doute, qui ne sait pas toujours si ce qu'il fait est bien ou pas, qui n'a rien d'un véritable héros mais qui tente, tant bien que mal, de réaliser son rêve et de peut-être sauver le Rêve sans trop savoir comment faire. J'ai aimé ces compagnons même si je trouve dommage que parfois, ils s'effacent un peu trop pour lui laisser la place à lui.  J'ai aimé Layelis qui sait ce qui l'attend et qui y va quand même, comme la plupart des Soeurs du Silence.  Et que dire des trois personnages que nous découvrons réellement à la fin du roman (je peux pas en parler mais franchement, eux, je les ai vraiment adoré pour tout ce qu'ils représentent) ? 

Enfin, je parlerai un peu de l'ambiance et du style du roman. Vous vous souvenez peut-être quand je disais qu'Erèbe a la même aura que les romans d'Erin Morgenstern ? Ben voilà. Une fois encore, on est à ce niveau-là. Franchement, l'ambiance est juste folle. Le style de Rozenn Illiano s'affine encore un peu plus sur ce roman. Elle nous embarque à sa suite en quelques mots, nous faisant rêver en quelques lignes sur les divers univers que nous rencontrons. C'est beau, voilà. Même dans les pires moments du roman, ceux où tu sais que la catastrophe arrive, c'est beau. 

Alors oui, j'ai encore eu un coup de cœur pour un roman de Rozenn. Encore une fois, il m'a parlé, très fort. Ca a résonné en moi, un peu moins fortement que pour Erèbe, j'avoue, mais ça résonne. Franchement, je ne peux que vous conseiller de la lire. D'ailleurs, même s'il est dense, qu'on y trouve pas mal d'échos à d'autres romans, et qu'il peut paraitre je pense qu'il fait une bonne entrée en matière dans le Grand Projet. Il en est un début. En plus de ça, il peut tout aussi bien se lire seul (comme tous les romans de Rozenn d'ailleurs). 

mercredi 10 novembre 2021

Erèbe, Rozenn Illiano

 Rozenn Illiano, que certains connaissent peut-être plus sous le nom d'Onirography, est une de ces personnes que j'admire beaucoup, pour plein de raison. C'est aussi une autrice dont je suis le travail depuis bien longtemps, lorsqu'elle et moi étions sur le même forum de ball jointed dolls. Déjà, à cette époque, son univers me parlait énormément. La réédition d'Erèbe, en version longue, et son arrivée prochainement en numérique, était une occasion pour me plonger dans le récit qui m'intriguait le plus (et regretter, je l'avoue, de ne pas l'avoir acheté en format papier, chose qui devrait être réparer d'ici peu, il me le faut dans la bibliothèque).
Oh, au fait, la version numérique d'Erèbe sort en décembre. Il est disponible pour ceux qui sont inscrit sur Netgalley (c'est ainsi que j'ai pu le récupérer). La version papier, elle, est disponible en deux éditions, la normale et la de luxe.

Erèbe, Rozenn Illiano

Editeur : Rozenn Illiano
Collection : /
Année de parution : 2021
Format : AZW

A lire si 
- Vous aimez la neige et les ambiances victorienne
- Vous aimez rêver

A ne pas lire si :
- Il n'y a pas la moindre raison de ne pas le lire

Présentation de l'éditrice :

 Paris, 1888. Jeune fille de bonne famille, avide de liberté, Lisbeth se sent piégée dans une vie dont elle ne veut pas. Sa mère est morte quand elle était enfant, son père est froid et autoritaire, une étrange malédiction accable sa famille depuis toujours… Alors que l’automne s’installe, des songes enchanteurs troublent son morne quotidien : elle entre dans un monde envahi par l’hiver éternel, un ailleurs où trône un splendide château blanc peuplé d’un unique habitant, Elliot, qui lui en apprend plus sur son pouvoir naissant, celui des rêves. Ainsi, chaque nuit, ils explorent Érèbe et ses merveilles, comme dans un conte de fées. Mais les contes de fées, tout comme les rêves, peuvent vite tourner au cauchemar, et les malédictions rattrapent toujours ceux qui cherchent à les fuir…

Mon avis

Sur instagram, je disais qu'il était étrange que mes séries préférées soient toujours de la bonne grosse fantasy avec guerre, complot, meurtre et grosse bataille alors que lorsqu'on parle de mes one-shot préférés, c'est toujours des romans où l'atmosphère fait tout. Ce n'est pas pour rien que j'aime par dessus le Cirque des Rêves (allez plus qu'un mois et demi et c'est la relecture) ou encore la Mer sans Etoiles (je ne sais toujours pas quand le relire, lui, c'est énervant, je n'arrive pas à trouver le moment idéal dans l'année). Et qu'Erèbe est devenu un énorme coup de cœur. Parce qu'Erèbe a la même aura qu'eux pour moi. C'est un roman intemporel, poétique, onirique et tellement prenant. Bref, c'est The coup de Cœur de l'année pour moi.

Et comme c'est un coup de cœur, c'est toujours compliqué d'en parler. Parce que je ne sais jamais par où commencer, ni comment vous faire comprendre à quel point le livre m'a touché d'une manière ou d'une autre. D'ailleurs, pour tout vous dire, j'ai commencé à écrire cet avis il y a quatre jours. je ne trouve pas mes mots, c'est un peu casse-bonbons. 

Erèbe nous entraine en 1888. De part sa date, le roman est chronologiquement le premier du Grand Projet (il est même peut-être celui, pour le moment, qui relate les plus vieux évènements de celui-ci). Il sort aussi un peu du dit GP pour la même raison. Erèbe, on peut dire que c'est une romance victorienne, ça change de la branche vampirique du GP ou de celle plus post-apo. En même temps, c'est un truc que j'aime beaucoup dans le dit GP de l'autrice, pouvoir lire des genres différents tout en restant dans le même univers, ultra vaste et des plus passionnants. Mais je vais peut-être éviter de trop parler du Grand Projet surtout si je ne veux pas spoiler certaines choses (il y a des liens évidant forcément avec certains des ouvrages que j'ai déjà lu). Revenons à Erèbe.

Erèbe fait parti de la branche du rêve (branche que je n'avais pas encore vraiment exploré sauf avec Quand le soleil s'éteint qui en parle un peu). Nous y suivons Lisbeth St John et Elliot Valentine. Au début du roman, la première découvre qu'elle est une marcheuse de rêve et qu'elle peut rejoindre un monde où tout ou presque est en blanc et noir. Ce monde, c'est Erèbe, le monde du Vide. Elliot, lui, s'y trouve depuis plus longtemps qu'elle. Il a façonne cet univers en grande partie, y construisant un magnifique château (inspiré du Château de la Mothe-Chandenier, dont l'autrice fait partie des co-propriétaire)(c'est marrant parce que le dit château est dans mes épingles Pinterest depuis très longtemps pour un projet de roman). Là, dans ce monde dont ils sont les gardiens, les deux jeunes gens vont se rapprocher. Mais c'est sans compter les animosités entre leurs deux familles et les secrets qui les rongent.

Comme je le disais, la première chose de marquante dans le roman, clairement, c'est son ambiance. Dès le départ, j'ai été happé dedans. Il y a dans le roman quelque chose d'onirique, forcément, mais surtout un mélange de nostalgie et de mélancolie assez prenant. C'est beau aussi beau que le monde du Vide tel que les deux jeunes gens le façonnent. Forcément le style de Rozenn Illiano aide beaucoup. Il a quelque chose de très poétique dans sa manière d'écrire. Cela rend le roman plus prenant encore. Surtout que tout repose vraiment sur la partie onirique du roman. Parce qu'il faut avouer que si vous vous attendez à beaucoup d'action, ce n'est pas le cas (comme avec une grande partie des romans du GP d'ailleurs). Sur ça, les non-dits entre les deux familles et les visions du passé et du futur qui parsèment le roman. Il est souvent compliqué de bien placé des visions du futur, surtout quand celui-ci est proche de l'action en cours (et que le roman les englobe plusieurs chapitres plus tard dans son présent). Ici, l'autrice y arrive fort bien, augmentant la tension petit à petit. Les visions d'Elliot n'ont rien de paradisiaque et franchement, j'ai pas mal stressé avec lui.

D'ailleurs, je n'ai encore rien dit des personnages (j'en suis à me demander si je ne vais pas vous garder ça pour une prochaine relecture (Erèbe, je me vois bien le relire tous les mois de novembre) mais non. J'ai adoré Lisbeth, sa force face à tout ce qui lui tombe sur le coin du nez mais aussi sa naïveté lorsqu'elle découvre tout ce qu'elle peut faire en tant que marcheuse et surtout lorsqu'elle découvre Erèbe. Lisbeth accompagne si bien le lecteur dans cette découverte là. J'ai encore plus aimé Elliot parce qu'il est tourmenté. Lui sait beaucoup de chose, sur le passé mais surtout sur l'avenir. Il n'a pas la moindre idée de comment arranger les choses alors qu'il le souhaite plus que tout. Forcément, c'est le genre de personnage que j'aime, tiraillé entre ce qu'il ressent et ce qu'il doit faire. Quant aux personnages secondaires, ils sont tous aussi intéressant les uns que les autres, amenant à l'histoire encore plus de profondeur. Et quel plaisir de découvrir un peu plus Victoria St John que j'ai rencontré la première fois sur le blog de sa créatrice.

J'ai encore du mal à tout vous dire, mais là, une semaine après ma lecture, je suis toujours dedans. Erèbe, j'ai eu de suite envie d'y replonger. Le seul roman qui m'a fait ça jusque là, c'est le Cirque des Rêves. Je crois que ça vous donne un indice sur combien le livre a pu me marquer. Je n'ai qu'une hâte, me replonger dans Erèbe, rapidement (et pour ça, je compte bien me payer prochainement une de ses version papier). Franchement, je n'ai qu'une chose à vous dire, lisez Erèbe. 

mercredi 1 juillet 2020

Quand le soleil s'éteint, Rozenn Illiano

Durant le confinement, Rozenn Illiano a écrit une série se déroulant avant l'apocalypse de son grand projet. J'ai attendu que la période soit moins anxiogène pour moi pour le lire. Et j'ai clairement adoré.

Quand le soleil s'éteint, Rozenn Illiano

Editeur : Onyrographie
Collection /
Année de parution : 2020
Format : Wattpad

A lire si :
- Vous aimez les séries
- Vous aimez les road trips
- Vous connaissez une partie du Grand Projet de Rozenn 

A ne pas lire si :
- Vous n'avez jamais lu un livre du Grand Projet de Rozenn (d'après moi, il faudrait au moins avoir lu Oracle et le Phare au Corbeau pour comprendre une bonne partie des liens dans la série)

Présentation de l'éditeur : 

Mars 2015.
Le monde change peu à peu. Entre phénomènes inexpliqués et agressivité, apparitions fantomatiques et défiance, la société se replie sur elle-même, se méfie de son voisin, devient hostile. Les rumeurs courent ; les agressions se succèdent ; des attentats surviennent. Le soleil lui-même semble affecté : le voilà qui brille moins fort. Dans l'ombre, sorciers et clairvoyants s'activent afin de comprendre les raisons de ce changement, partis à la recherche de signes à venir et de légendes d'autrefois. Jusqu'à ce qu'une étrange maladie se déclare en France, une menace venue de nulle part qui ne laisse de chance à personne...
Au moment où le gouvernement décrète une quarantaine nationale, nombreux sont ceux qui parcourent les routes. Ils s'appellent Lyes, Samuel, Taly, Selim, Déborah, Kathia, ils cherchent à rentrer chez eux, ou à retrouver quelqu'un..

Mon avis

Comme je le disais en intro, j'ai attendu un petit moment avant de lire la série. La période de confinement a été anxiogène, trop pour me plonger dans la lecture d'un texte où l'on met en place une quarantaine. Mais je ne pouvais pas non plus résisté trop longtemps à un texte se déroulant dans le Grand Projet de l'autrice. Celui-ci prend place avant l'Apocalypse (mais après Oracle pour ceux qui lisent la série Town)(d'ailleurs, si le grand projet vous intéresse, je vous conseille cette page pour la chronologie). 

Dans cette série de neuf épisodes (je me suis d'ailleurs forcée à en lire un par jour et pas plus)(je ne recommencerai pas), nous voilà en mars 2015, le 30 plus précisément. Depuis quelques temps, un virus sévit en France, plongeant les malades dans un étrange sommeil dont ils ne se réveillent pas. Les autorités déclenchent alors une mise en quarantaine ainsi qu'un couvre-feu. Nous allons suivre plusieurs personnes durant cette étrange nuit du 30 mars. Le premier groupe est celui de Lyes, Kathia, Pierre et Julien. Les jeunes gens sont en pèlerinages suite au décès de leur meilleur ami. Alors qu'ils sont non loin de la dernière étape, celle qui permettra à Lyes de tenir une promesse, les voilà obligé de se re-router vers Rouen. Ensuite, on va suivre Selim, le frère de Lyes, resté à Paris. Avec la communauté de sorciers de la capitale, il tente tout pour enrailler la propagation du Somm. Enfin, on suivra aussi Déborah, bénévole dans un petit festival littéraire, ainsi que Samuel Hugo, l'auteur à succès de Midnight City. A part Lyes et ses potes, tous sont déjà apparu dans les textes de l'autrice au moins une fois (on retrouve la liste des textes en questions à la fin de la série pour ceux que ça intéresse). D'autres personnages font aussi leur apparition mais de manière moins importantes (on retrouve par exemple Fragmenta (qui n'est apparu pour le moment que dans un texte court), des mentions d'Elias, Alpha, Agathe et Is du Manoir aux Corbeau, Oxyde...). 

Je dois bien avouer que ce cross-over m'a beaucoup plu. Je ne connaissais pas tout le monde (je suis en retard dans mes lectures du Grand Projet et je ne me suis pas assez attardé sur les nouvelles) mais ça n'a pas été un problème majeur (par contre, il faut connaitre un peu le Grand Projet avant de se lancer je pense). J'ai aimé que les personnages principaux ne soient pas forcément les personnages emblématiques de l'autrice (à part Samuel, mais comme je n'ai pas encore lu Midnight City...). La galerie s’agrandit et devient de plus en plus passionnante. J'ai eu un petit faible pour Lyes, jeune totalement dépassé par ses sentiments et aussi par ses pouvoirs. J'ai très mais alors très envie de le revoir, lui. Il a ce petit truc qui m'a énormément touché, plus que les autres personnages dans la série. 

L'histoire aussi m'a touchée. Rozenn Illiano avait déjà eu envie d'écrire cette série. Le confinement l'a aidé, et pas seulement en lui donnant le temps de le faire. On sent bien toute l'angoisse qu'a pu généré l'annonce du COVID-19 et du confinement dans ce récit. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai lu le premier épisode une première fois durant le dit confinement avant de le relire et de continuer après celui-ci. La partie du road-trip avorté de Lyes, Kathia, Pierre et Julien est vraiment parfaite pour moi. C'est à ce moment que l'on ressent vraiment tout ce qu'implique le couvre-feu et la quarantaine dans la vie des concernés. Mais j'ai aussi beaucoup apprécié retrouver les sorciers parisiens, les voir se démené pour empêcher le Somm de gagner du terrain. Leur course contre la montre et la maladie rythme parfaitement toute la série, faisant monter petit à petit la pression. A l'inverse, la partie que j'ai le moins apprécié, celle de Déborah et Samuel (surement parce que je ne connais pas l'histoire de Samuel), permet de redescendre un peu, de calmer le jeu. Il faut dire que si Lyes est relié à Selim, le lien entre Samuel et les sorciers ou le jeune homme est bien plus tenu, du coup, lui et Déborah semblent un peu hors du temps, pas vraiment dans la même action que les autres. Mais une nouvelle fois, peut-être que cette impression vient du fait que je ne connaisse pas l'histoire de Midnight City.

Au final, j'ai vraiment beaucoup aimé. C'est bien écrit, agréable à lire (comme toujours avec l'autrice, hein) et comme souvent, ça résonne pas mal en moi par la suite. Par contre, il faut avoir une connaissance minime du Grand Projet pour le lire d'après moi. Une occassion de se lancer dans l'univers de Rozenn Illiano (faites le, vous verrez c'est bien)


lundi 6 janvier 2020

Oracles, Town, tome 2, Rozenn Illiano

Après un Tueurs d'Ange qui m'avait beaucoup plu, je continue la série Town. Cette fois, c'est un prequel à Tueurs d'Ange et non une suite. Et surtout, c'est l'arrivé officielle d'Oxyde dans les romans de la série. 

Oracles, Town, tome 2, Rozenn Illiano

EEditeur : Onirography
Collection : /
Année de parution : 2018
Format : Wattpad 

A lire si : 
- Vous avez aimé Tueurs d'Ange
- Vous voulez découvrir Oxyde
- Ça ne vous dérange pas de faire un retour dans le passé

A ne pas lire si :
- Vous aimez quand il y a beaucoup d'action.

Présentation de l'éditeur : 

Oxyde est le jumeau astral d'Élias : nés en même temps et au même endroit, ils forment une entité clairvoyante et puissante guidée par Dossou, un esprit venu du fond des âges. Mais alors qu'il n'est qu'un adolescent, Oxyde envoie tout voler en pactisant avec un ange : son nom et son âme contre plus de pouvoirs, et tous les dommages collatéraux qui vont avec.
De nos jours, sorciers et mages sentent flotter dans l'air les signes d'un changement profond qui affectera la société tout entière. Discriminations, obscurantisme, autoritarisme et, derrière le rideau, le monde ésotérique qui s'affole. La métamorphose annoncée risque de faire très mal. Alors Oxyde part en chasse de l'ange à qui il a vendu son existence, histoire de renégocier le contrat avant l'Apocalypse.

Mon avis

Je reviens dans l'univers de Town, la série de Rozenn Illiano avec un grand plaisir. Bien que dans le roman nous ne voyons pas la dite cité de Town (pas encore construite), ni même l'apocalypse (pas encore eu lieu), nous sommes bien dans la même série. Oracles est en fait le "prequel" de l'apocalypse. On va découvrir ce qu'il se passe avant. Et pour ça, quoi de mieux que de suivre le personnage préféré de l'autrice, celui qui apparaît partout sans toutefois faire parti des principaux jusque là ?

Oui, j'avoue, j'avais très hâte de lire Oracles pour Oxyde. Oxyde, c'est le personnage qui navigue pas mal dans les œuvres de l'autrice. On le retrouve dans Elisabeta, Le Phare aux Corbeaux, Tueurs d'Ange et d'autres (mais j'ai pas tout lu encore) dans des petits rôles ayant pourtant de l'importance par la suite. Il était temps d'avoir un roman rien que pour lui, et ce roman, c'est donc Oracles. Et comme il se passe avant Tueurs d'Ange, je vais spoiler un peu du coup.

On découvre d'abord Oxyde au moment où il va vendre son âme et par là-même perdre une bonne partie de ce qu'il est à l'époque. Ce petit prologue place direct le personnage. Oxyde n'est pas un gentil héros qui va attendre que ça passe. Il est dur, violent et quelque peu perdu aussi à ce moment. Ce prologue marque la naissance de celui qu'il va être et autant dire qu'il ne vaut mieux pas embêter le monsieur. On le retrouve quelques années plus tard, cherchant à récupérer ce qui lui appartient. Et pour cela, il va avoir besoin d'aider. Il va rencontrer la Magicienne, capable de retrouver la trace de l'ange qui lui a tout pris. Cette rencontre va changer son monde pour le meilleur et surtout pour le pire.

Ne vous attendez pas à avoir trois tonnes d'action dans le roman. Tout comme pour Tueurs d'Ange, ce n'est pas cela l'essentiel. Disons surtout que ce n'est pas sur ça que l'autrice base ses textes. Une nouvelle fois, le roman est assez lent dans sa narration. On prend notre temps de découvrir les personnages, que se soit Oxyde, Francesca ou Côme. Ils sont, comme toujours, particulièrement bien foutus et terriblement attachants. Forcément, j'ai adoré Oxyde (mais je le savais déjà). C'est un personnage qui marque. Il n'est pas forcément le héros auxquels on pense. Il est bourré de défauts, n'est pas vraiment super sociable, peut se montrer extrêmement violent et en même temps, ça reste un mec plutôt entier qui  n'a pas peur d'aller où il faut pour arriver à ses fins ou protéger ceux qu'il aime. On retrouve d'ailleurs là un trait de caractère d'Elias, son jumeaux astral que l'on rencontre dans Tueurs d'Ange (et un peu ici aussi). L'autre personnage qui m'a marqué, c'est Francesca, la Magicienne. C'est un personnage qui me parle énormément pour plusieurs raisons, sa fragilité, son histoire, mais surtout ce qu'elle est. En fait, j'ai eu un bon gros coup de cœur pour elle (et du coup, je ne tarderai pas à lire les nouvelles qui l'a concerne maintenant que j'ai lu Oracles, comme Burn the Witch). Mais tous sont vraiment intéressants et je regrette un peu pour le moment le fait qu'on ne voit pas des masses Jesse et Krysta (mais je suppose qu'ils vont revenir dans la suite, non ?).

Pour ce qui est de l'histoire, j'ai beaucoup aimé. L'autrice n'explique pas son apocalypse, elle nous montre ce qu'il se passe avant et comment certains ont commencé à en avoir vent. Du coup, elle nous fait un peu plus entrer dans sa mythologie et dans son univers magique. Francesca n'est pas une simple magicienne, elle est aussi une Prophétesse. Mais, là où elle aurait pu simplement dire, l'apocalypse arrive tel jour à telle heure et va se passer de telle manière, non, c'est beaucoup plus subtil et du coup bien plus sympathique à lire (et non, je n'en dirais pas plus sur ça). Quant à Oxyde, c'est un clairvoyant particulièrement fort puissant mais avec des failles. On découvre donc que c'est bien sympa d'être un sorcier, mais que ça ne sert pas forcément à grand chose dans pas mal de situation. C'est une chose agréable, qui nous rappelle à quel point nous pouvons être insignifiant face à certains événements, ici, l'approche de l'apocalypse. 

D'ailleurs, le lecteur découvre donc petit à petit l'ambiance pré-apo qui se met doucement en place. Et l'ambiance, dans les romans de Rozenn Illiano, c'est aussi important que les personnages. J'ai aimé voir tous ce qui mènent à l'apocalypse, découvrir comment elle a prit en compte ce qu'il a pu se passé IRL pour le mêler à son histoire (ça colle vraiment bien sans tomber comme un cheveu sur la soupe par rapport à ce qu'elle raconte). Et puis, on découvre quelques passages qui renvoient à d'autres textes, nous rappelant par là qu'Oracles fait bien partie du Grand Projet de l'autrice (par contre, attention, je me suis fais spoiler un des textes que je n'ai pas lu très bêtement)(je suis allée voir la chronologie sur le site de Rozenn). 

Au final, j'ai donc encore une fois beaucoup beaucoup aimé ce que j'ai lu. Bon, en même temps, je n'en doutais pas une seule seconde. J'aime beaucoup ce qu'écrit l'autrice et surtout, ça me parle pas mal. J'apprécie de plus en plus ses personnages et son Grand Projet. Et c'est sans parler sans sa plume, particulièrement agréable à lire. J'ai hâte de pouvoir découvrir la suite (mais d'abord, je pense lire quelques nouvelles avant)

Et sinon, vous avez vous la beauté de la couverture ? Je crois que c'est ma préférée de la série. Encore une fois, elle est signée par Xavier Colette.