vendredi 18 novembre 2022

Midnight City, Rozenn Illiano

 Midnight City avait une sacré aura pour moi avant même de le lire. C'est peut-être l'un des romans les plus documentés de Rozenn Illiano puisque son univers lui a servi dans son activité de bijoutière, pour créer des énigmes et encore plein d'autres choses. C'est simple, j'avais l'impression de le connaitre avant même de l'avoir lu, chose assez étrange. Or, ce genre de chose, ça peut être à double tranchant, comme on s'en doute. Est-ce que ça a été le cas ici ? C'est ce qu'on va voir.

Midnight City, Rozenn Illiano

Editeur : Rozenn Illiano
Collection : /
Année de parution : 2022 
Format : mobi

A lire si : 

- Vous voulez de l'onirisme 
- Vous voulez des héros qui n'en sont pas tout à fait.

A ne pas lire si :

Présentation de l'éditrice 

Deux mondes, deux héros, deux rêves… Un seul cauchemar.
Écrivain inconnu, Samuel rencontre le succès par hasard, et son existence change du jour au lendemain – pas forcément pour le mieux, d’ailleurs. Introverti et grand timide, il se plie à sa nouvelle célébrité sans rechigner, rêvant pourtant de retrouver la quiétude de son anonymat, jusqu’à ce qu’il perde toute inspiration.
Dans la Cité de Minuit, ville plongée dans la nuit et le songe, Cyan se languit de son ancienne vie : magicien du rêve, il protégeait les siens et affrontait les cauchemars. Mais depuis un terrible accident qui lui a pris tout ce qu’il aimait, il a perdu son pouvoir, et s’avère désormais piégé dans un morne quotidien qu’il voudrait fuir plus que tout.
Un jour, tout change. Un énigmatique mécène vient à Samuel, lui offrant ressources et tranquillité afin de pouvoir écrire de nouveau ; le Temps s’arrête au cœur de la Cité de Minuit, plongeant ses habitants, les Nocturnes, dans un étrange sommeil de pierre, dont Cyan est mystérieusement épargné.
Les cauchemars se réveillent, les peines d’autrefois quittent l’Abyme dans lequel elles avaient été oubliées, et Samuel et Cyan, à un monde de distance, devront se mesurer à leurs ombres.

Mon avis

La première fois que j'ai eu envie d'avoir ce romand dans les mains, il voyageait. C'était en 2019 et il n'en existait qu'un seul exemplaire. Un seul livre, format papier, qui passait donc de lecteur en lecteur. J'aurais voulu avoir cet exemplaire entre les mains, le destin en a décidé autrement. L'expérience tourna court, malheureusement. L'autrice décida alors de l'éditer et de le faire connaitre par des voix plus "normale". Cette année, Midnight City ouvre une nouvelle page à son histoire, puisqu'il débarque en numérique et à droit à une seconde édition papier. Et franchement, un conseil, ne le ratez pas. C'est une pépite.

Bon, j'ai beaucoup de mal à organiser ce que je veux dire pour ce roman. C'est rare quand ça m'arrive, mais ça arrive. Le truc, c'est que Midnight City m'a parlé. Beaucoup, énormément. Il m'a fait me questionner sur certains points, m'a conforté sur d'autres. Il a réveillé de vieux rêves et aussi quelques cauchemars, il faut l'avouer. C'est un roman comme on n'en croise pas beaucoup, un de ceux qui va rester longtemps. Alors, oui, c'est compliqué d'en parler et de la faire comme je fais d'habitude. Parce que le truc, c'est que Midnight City interroge le métier d'auteurice, beaucoup, et que je suis moi-même autrice (même si j'en parle jamais ou presque ici). Ca a beaucoup d'importance ici. Je n'ai pas lu Midnigth City comme une simple lectrice. L'écrivaine en moi a beaucoup absorbé ce que j'ai lu. Je me suis émerveillée devant les descriptions de la Cité de Minuit, et je me suis perdue dans les méandres de mes propres pensées en suivant Sam. Vous la voyez du coup la difficulté ? Elle est là, et je ne sais toujours pas comment vous parlez du roman (j'avais cru qu'en écrivant ça, ça se débloquerait, mais non). Bref, du coup, on va y aller comme d'hab et puis on verra bien donc.

Samuel est auteur. Son premier roman publié, les Larmes D'Aquarius est un best-seller. Forcément, on lui demande toujours à quand le second. Sauf que le succès d'Aquarius semble avoir tari la source de l'inspiration. Sam n'y arrive plus. Il n'écrit plus, la page reste blanche, quoiqu'il fasse. Jusqu'à sa rencontre avec Adam Remington. L'homme lui propose de devenir son mécène. S'il hésite, Sam finit par accepter. Et à peine cela fait, il recommence à écrire. Mieux, il reprend enfin Midnight City, un roman qu'il pensait ne jamais écrire. Ailleurs, quelques parts dans les rêves peut-être, la Cité de Minuit s'arrête d'un coup. ses habitants figés. Seul Cyan, le pilote de l'Oniropostale semble ne pas être atteint par cette étrangeté. Il est peut-être le seul à pouvoir se confondre aux cauchemars qui se réveillent et à sauver la Cité. 

Le roman ne se divise pas totalement en deux. On va beaucoup plus suivre Samuel, dans la vie est basculé par l'arrivée d'Adam. Sam, c'est un presque monsieur tout  le monde. En fait, s'il n'y avait le succès de son roman, il continuerait tranquillement sa petite vie, allant sur son forum d'écriture où il est modo, bossant la journée dans un atelier de sérigraphie. Sam, c'est vous, c'est moi, un mec qui vit sa passion dans son coin ou presque et qui d'un coup se retrouve sur le devant de la scène. Et là, c'est la dégringolade. Alors qu'il pensait vivre son rêve, ça se transforme en fait en cauchemar. Il perd l'inspiration. Jusqu'à l'arrivée d'Adam donc. Or, si tout lui revient, les rêves, les cauchemars et l'envie d'écrire, cela ne se fait pas sans heurts. Sam se questionne beaucoup, un point qu'il a en commun avec beaucoup de personnages de son autrice, et par là même, il va questionner l'autrice en moi. Je me suis beaucoup reconnue dans les questionnements de Sam, et ceux de Roya, son amie, aussi. Les deux ont une certaine vision de l'écriture, pas toujours commune d'ailleurs. J'ai tellement aimé suivre leurs échanges, me voir dans l'un ou dans l'autre suivant les cas. Et puis, forcément, je les ai aimés, eux. Et Remington aussi. Parce qu'ils ne sont pas tout blanc, ou tout noir. Parce que même Remington n'est pas un "méchant" alors qu'il est l'antagoniste de Samuel. Même lui, je crois que je l'ai compris. D'ailleurs, il fait parti ces personnages que j'aime parce qu'ils sont presque normaux et qu'il n'y a qu'une chose, parfois infime, qui peut les faire basculer. Ce qu'il fait, il ne le fait pas par méchanceté. C'est un besoin qu'il a, quelque chose qui le fait vivre et que, peut-être des fois, il ne contrôle pas tout à fait.

Et pendant que Sam se bat contre ses démons, que Roya essaie de le maintenir à flot tout en faisant de même, on va découvrir Cyan, la Cité de Minuit et les Nocturnes. La Cité de Minuit et son ambiance onirique, m'a beaucoup fait penser à Erèbe (et vous savez à quel point j'aime le livre et le monde). Elle a un côté victorien qui n'est pas du tout pour me déplaire et elle éveille grandement l'imagination. Mais surtout j'aime beaucoup ce qu'elle représente (aussi bien en tant qu'autrice que lectrice d'ailleurs). Sur ce point, j'ai très envie d'en parler ici mais je pense que ce n'est pas l'endroit. Je crois que je préfére largement vous laisse découvrir ce qu'est la Cité de Minuit, et vous faire votre propre opinion dessus. Alors, oui, du coup, je ne vais pas en dire beaucoup, mais vraiment, découvrez Cyan, la Funambule et les autres Nocturnes, leurs rêves et leurs cauchemars par vous-même. Vous ne serez pas déçu de ce voyage-là. On y retrouve toute la magie de la plume de l'autrice, les descriptions magnifiques, l'onirisme aussi. Chose que l'on trouve aussi dans la partie "Samuel" mais en moins "beau" ou merveilleux. 

J'ai lu le roman lentement, prenant mon temps pour le faire. J'ai dû le poser parfois parce qu'il me parlait trop et que j'avais besoin de réfléchir à ce que j'ai lu. J'ai lâché le roman avec une méchante poussière dans l'œil. Oui, j'avoue, j'ai pleuré en le refermant. J'étais émue. J'étais émue parce que la fin est parfaite pour le roman et que j'étais heureuse pour les personnages. Ce n'était pas de la tristesse, mais de la joie. Bien entendu, Midnight City est un coup de cœur. 

Autre chose, je trouve que c'est le roman qui montre le plus ce que Rozenn fait, il parle aussi bien onirisme que "vie réelle". Il montre ces deux facettes importantes de son travail, le fait très bien et en plus de ça, même s'il a un tome deux, il se lit tel un one-shot. 







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