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jeudi 15 décembre 2022

Station Eleven, Emily St John Mandel

 Voilà longtemps que je voulais mettre la main sur ce roman. J'avais, du coup, assez peur qu'il finisse par ne pas être à la hauteur de ce que j'attendais de lui. On va voir si c'est le cas (spoiler, c'était bien).

Station Eleven, Emily St John Mandel


Editeur : Rivage
Collection : Poche
Année de parution : 2018
Titre en VO : Station Eleven
Année de parution en VO : 2014
Nombre de pages : 473

A lire si :
- Vous voulez un roman pré et post "apocalypse"

A ne pas lire si :
- Les pandémies vous font peur.

Présentation de l'éditeur : 

Une pandémie foudroyante a décimé la civilisation. Une troupe d’acteurs et de musiciens nomadise entre de petites communautés de survivants pour leur jouer du Shakespeare. Ce répertoire classique en est venu à représenter l’espoir et l’humanité au milieu des étendues dépeuplées de l’Amérique du Nord.
Centré sur la pandémie mais s’étendant sur plusieurs décennies avant et après, Station Eleven entrelace les destinées de plusieurs personnages dont les existences ont été liées à celle d’un acteur connu, décédé sur scène la veille du cataclysme en jouant Le Roi Lear. Un mystérieux illustré, Station Eleven, étrangement prémonitoire, apparaît comme un fil conducteur entre eux…

Mon avis

Un soir, durant la représentation du Roi Lear, Arthur Leander décède d'une crise cardiaque. Cet évènement marque le début du livre mais aussi son point central. Ce soir là, une pandémie de grippe mortelle commence. La maladie est foudroyante : il ne lui faudra que quelques jours (heures, même) pour conquérir le globe et décimer une bonne partie de la population. Les survivants, pas assez nombreux pour pouvoir faire fonctionner les installations modernes, vont d'abord fuir les grandes villes, marcher pendant des mois, des années, puis se regrouper et créer de petites communautés. Environ vingt ans plus tard, nous suivons Kirsten, membre de la Symphonie Itinérante, et petit role enfant dans la pièce durant laquelle Leander trouva la mort. Elle ne sera pas la seule, puisque nous allons voyager dans le temps, autour de personne ayant connu Arthur, découvrant, petit à petit ce qu'il a pu se passer avant et après la pandémie.

Je ne vais pas vous faire attendre plus longtemps, c'est le genre de livre que j'aime. Celui qui fait la part belle à ses personnages, à leurs pensées, qui sait les mettre en valeur. J'ai aimé beaucoup de chose chez lui, sa chronologie, ses personnages, leur lien souvent tenu en fait, la manière dont l'autrice insuffle toujours de l'espoir dans son texte, une sorte de lumière qui ne les quitte presque jamais même au plus mal.  Station Eleven tient son nom d'un illustré (une bande dessinée) créé par Miranda, la première femme d'Arthur Leander. Ces deux premiers volumes vont être comme un fils rouge dans l'histoire, en plus d'Arthur lui-même. Chacun des personnages que l'on va suivre, Arthur, Miranda, Elisabeth (la deuxième épouse d'Arthur), son fils, Clark (meilleur ami d'Arthur), Kirsten, ou encore Jeevan (ex paparrazzi, ex journaliste people, futur secouriste), tous ont eu connaissance de l'illustré, tous ont connu Arthur. Au fur et à mesure de l'histoire, ils vont tous plus ou moins interagir ensemble, avant ou après la mort d'Arthur. Et j'ai vraiment aimé pouvoir les suivre sur autant d'années. J'ai adoré pouvoir découvrir comment ils en sont arrivés là où ils en étaient au moment où on les découvre. Cela permet de se plonger vraiment dans leur psyché. Ainsi, quand on rencontre le prophète, et que l'on découvre son passé, on comprend peut-être un peu mieux pourquoi il est ce qu'il est à l'an 20. De même pour Kirsten ou pour Clark. 

Autre chose que j'ai aimé, ce sont tous les tropes apocalyptique que l'on retrouve, qui sont largement identifiables et qui sont utilisés pour faire avancer l'histoire. Non parce qu'on retrouve tout de même le fameux prophète qui pense que c'est grâce à Dieu qu'il est toujours vivant. Où plutôt des prophètes, comme nous le fait remarquer un personnage. On retrouve aussi les communautés repliées sur elles-même, qui ne communique pas avec les autres, et j'en passe. Ca nous donne un cadre bien connu, peu original qui permet de faire la part belle aux personnages. Comme quoi, on en revient toujours à eux, d'une manière ou d'une autre. Et c'est ça que j'adore dans ce roman. Mais vraiment. On est sur du classique sans l'être. Le sentiment de familiarité est présent, nous met en confiance pour mieux nous perdre par la suite. Et même si on finit par deviner ce qu'il va se passer, que se soit avant ou après la pandémie, on prend un réel plaisir à suivre les personnages.

Au final, j'ai donc clairement beaucoup aimé Station Eleven. Je trouve le roman lumineux en fait, et ça malgré son côté post et pré apocalypse. Par contre, j'avoue que je ne lis plus les romans avec ce genre de pandémie de la même manière depuis l'arrivée du covid. On a beau dire, mais ça aura quand même changer bien des choses, celle-là de pandémie. En tout cas, je recommande beaucoup beaucoup le roman.

lundi 2 août 2021

Les notes de Sang, Corinne de Vailly

 J'ai ce roman numérique depuis un moment dans ma PAL depuis un petit moment. Ne sachant pas quoi lire après ma grosse période SF et ne voulant pas en relire de suite (mais j'avoue, je suis repartie dedans depuis hier), je me suis dit qu'il était temps de le sortir.

Les notes de Sang, Corinne de Vailly

Editeur : Edition du 38
Collection : du fou
Année de parution : 2019
Format : AZW

A lire si :
- Vous voulez du steampunk

A ne pas lire si : 
- Vous aimez quand il y a beaucoup de dialogue

Présentation de l'éditeur : 

À Londres, en 1850, meurt un légendaire violoniste tsigane. Peu après, par une froide journée pluvieuse, la communauté des «Fils du vent» se retrouve au cimetière. Après l'enterrement, on abandonne un violon sur la tombe du défunt, et un jeune homme s'en empare. Selon une légende tsigane, cet instrument de musique aurait été fabriqué avec des ossements humains. Hawthorne Lambton, maître horloger, convoite ce violon qui, il en est convaincu, a le pouvoir de lever la malédiction qui pèse sur sa famille de génération en génération. Et l'on s'enfonce peu à peu dans les bas-fonds de la capitale anglaise, où machines à vapeur et êtres surnaturels font la loi.

Mon avis

Ca faisait longtemps que je n'avais pas lu de Steampunk (en mars avec La Mécanique du Diable, il me semble) et le genre me manquait pas mal. Alors, forcément, un livre qui me promet fog, machinerie en tout genre et musique tsigane, ça me faisait un peu de l'œil. Je me suis donc lancée dans ma lecture quasiment les yeux fermés, sûre que ça allait me plaire.

On commence donc le roman par un enterrement. La communauté des "Fils du vent" vient de perdre l'un de ses membres, un violoniste légendaire. Le jeune Mirko assiste à la cérémonie. A la fin de celle-ci, il découvre l'instrument du défunt sur la tombe et le prend avec lui. A partir de là, on va faire un petit retour dans le passé de quelques jours pour comprendre pourquoi nous en sommes arrivés là puis pour savoir ce qu'il se passe par la suite. Car le violon est magique. D'après une vieille légende tsigane, il fut fabriqué à base d'ossements humains et sa musique permettrait de tout soigner, même les malédictions. C'est d'ailleurs pour cette raison que Hawthorne Lambton, chef de la confrérie des Freux et maître horloger, le cherche à tout prix. Et pour y mettre la main dessus, il est prêt à tout, même au pire.

L'ambiance du roman est juste géniale. On retrouve parfaitement les bas-fond londoniens comme on peut les imaginer, froid, humide, dangereux. Ici, il n'est clairement pas question de découvrir les beaux quartiers de la capitale. C'est plutôt agréable, surtout que lors de mes dernières incursions dans un Londres Steampunk, on était plutôt du côté des nobles et bourgeois de la ville (je pense à la Machine de Lord Kelvin ou encore à l'Homme Mécanique). On sent presque le fog nous entourer en lisant. J'aime beaucoup ces paysages sombres et humides, que se soit donc le quartier de St Giles par exemple ou les bords de la seine. Les dorures sont absentes, ne laissant place qu'à ce que l'humain peut supporter de pire. 

Une ambiance qui sert parfaitement le personnages de Lambton. Chose assez étrange, le "méchant" du roman est surement celui que nous voyons le plus. Et je dois dire que j'ai beaucoup apprécié ce changement de point de vue. Mais il faut dire que Lambton est un personnage des plus intéressants : maitre horloger, inventeur de génie (automate, téléphone etc...), chef de bande organisé etc... C'est le genre de type à qui tout réussi. Ou presque. Parce que derrière tout ça, il y a surtout un homme désespéré qui cherche à briser la malédiction qui pèse sur sa famille et à sauver son fils. Du coup, malgré les horreurs qu'il est capable de perpétrer, il reste, jusqu'à un certain point, un personnage particulièrement humain (bon, il va sombrer dans la folie à partir d'un certain moment, du coup, cette humanité disparait quelque peu). C'est d'ailleurs un point intéressant dans ce roman, les méchants sont finalement les protagonistes les plus présents. Cela ne leur enlève pas leur méchanceté, mais j'ai beaucoup apprécié ce petit changement. 

A côté de Lambton, les autres personnages sont du coup un peu blafard. Mirko manque un peu de profondeur alors qu'il est le gentil et le héros de l'histoire. Il en va de même pour Toksana, qui aurait mérité deux trois chapitres de plus, surtout vu ce qu'il lui arrive (après la mort de son père, sa "protectrice" en fait une prostituée dans un établissement de bord de mer, dont elle n'est sauvée que grâce à fils de la dite protectrice et de Mirko). D'ailleurs, la pauvre est une véritable damzel in detress tout le long du roman, dommage pour le seul personnage féminin de celui-ci(je compte pas Lady Clare, la protectrice qui apparait encore moins). C'est un peu dommage que les deux personnages tsiganes du lot soit si effacés. Je ne parlerais même pas du policier qui mène l'enquête sur la mort du violoniste, il est là seulement pour faire un peu bouger un Lambton qui n'en n'a finalement pas tant besoin que ça.

Au final, j'ai aimé le roman malgré quelques personnages faiblards. Faut dire que j'ai tellement apprécié Lambton et son rôle que ça ne m'a pas beaucoup dérangé. L'ambiance est top, surtout si on aime le bon vieux steampunk avec des automates, du fog et un long sanglot de violon dans le fond. J'ai, personnellement, apprécié ma petite balade et il est fort possible que je retente le coup avec cette autrice et le second tome de la série (qui semble se passer avant et ne pas avoir les même personnages d'ailleurs).




jeudi 16 avril 2020

L'Ombre du Dragon, Renégat, Tome 3, Miles Cameron

Je n'avais pas envie de finir les tomes déjà traduit par Bragelonne de la série. Oui, parce que, ô joie, ceci n'est pas une trilogie comme j'ai pu le croire. Il reste au moins deux bouquins non traduit. Et j'espère beaucoup beaucoup que Bragelonne finira par le faire (parce que mon niveau d'anglais est surement insuffisant pour lire la suite). Mais passons à ce troisième tome si vous le voulez bien.

L'Ombre du Dragon, Renégat, Tome 3, Miles Cameron

Editeur : Bragelonne
Collection : Fantasy
Année de parution : 2016
Titre en VO : raitor Son Cycle, book 3: The dread wyrm
Année de parution en VO : 2014
Format : AZW

A lire si :
- Vous aimez la fantasy médiévale
- Vous aimez les romans choraux
- Vous voulez de belles batailles

A ne pas lire si : 
- Lire un pavé n'est pas ce que vous préférez 
- Vous n'aimez pas vous perdre avec trop de personnages

Présentation de l'éditeur : 

Le Chevalier rouge a combattu des armées entières. Le voici confronté à un nouveau défi : un tournoi, événement éminemment politique durant lequel la fine fleur de la noblesse croise le fer pour gagner la faveur du roi. Mais l enjeu est encore plus élevé Une dangereuse faction menée par un chevalier sanguinaire a infiltré la cour albaine. Cet adversaire se bat pour s asseoir sur le trône d Alba. Le chaos qui menace de toutes parts profitera-t-il aux créatures du Monde Sauvage, parmi lesquelles les énigmatiques dragons ?

Mon avis

Nous voici enfin arrivés au fameux tournoi de la reine. Celui dont on nous parle depuis la fin du tome un. Enfin, arrivés... Pas tout à fait. Le début du tome remet un peu tout sur la table. Le chevalier rouge est devenu comte de Thrake suite au second tome. Il devient donc propriétaire d'une bonne partie du Mur séparant le Monde Sauvage de la Morée et de l'Alba. L'autre est possession des Westwall, sa famille. Or, le dit Mur et plus précisément tout le nord est sous le feu du Monde Sauvage mené par un Thorn avide de vengeance et dirigé par une entité supérieure qui semble tiré les ficelles. A Harndon, ce n'est pas mieux. Les Galliens s'en prennent à la reine et à sa suite. Pire, ils réussissent à la faire arrêter pour adultère et sorcellerie. Seul un duel judiciaire durant le tournoi pourrait la sauver. Devinez donc qui va se faire le champion de la reine, mais aussi des hommes contre Thorn et son maitre ? Et oui, notre cher chevalier rouge.

Le roman met un petit moment à se mettre en place. Le premier tiers environ, jusqu'au début du tournoi, permet au lecteur de se remettre dans le bain. On quitte la Morée pour arriver en Alba où va se passer le plus gros de l'action, voire toute l'action. Et on commence dans les environs d'Albinkirk où les seigneurs du nord se réunissent pour mettre en place la résistance contre Thorn. Une réunion qui nous permet de voir Ghause, la mère de Gabriel et Gawyn. Celle-ci est plus qu'heureuse de revoir enfin son fils, instrument de sa vengeance. A tel point qu'elle lui offre un magnifique griffon et ensorcèle Amicia pour que celle-ci soit un peu plus proche, dira-t-on, de son fils. J'adore le personnage de Ghause depuis qu'on a pu le voir et je suis ravie qu'elle apparaisse autant dans ce tome. Je trouve qu'elle représente parfaitement les gens qui se trouvent à la limite entre Monde Sauvage et humain, ni méchante ni gentille, un entredeux qui cherche son équilibre entre ombre et lumière. D'ailleurs, en cela, Gabriel lui ressemble bien plus qu'il ne le pense. Côté Harndorn, on découvre un nouveau personnage important, la blanchisseuse de la reine, Blanche. Avec la jeune femme, nous découvrons ce qu'il se passe dans la capitale et ce n'est pas jojo du tout donc. 

A partir de ce premier tiers, on passe enfin à plus d'action. Si on a eu un ou deux combats (plutôt féroces d'ailleurs), on passe directement au tournoi. Et à partir de là, on ne va pas s'ennuyer une seule seconde. Tout s'accélère pour Gabriel, la Reine et la Compagnie. Cendre, le maitre de Thorn dévoile enfin ses pions et autant dire qu'il en a un peu partout. Heureusement, notre capitaine à l'égo parfois un peu trop surdimensionné n'est pas en reste non plus. Bien qu'il va être en difficulté durant une bonne partie du roman, il ne se laisse jamais abbatre. J'ai adoré le voir enfin plus vulnérable, plus humain. D'ailleurs, on remarquera le changement progressif durant les trois premiers tomes passant du Capitaine à Gabriel, comme si on avait un nouveau personnage (d'ailleurs la réflexion est aussi faite par Ser Alison, l'Effrontée, qui a du mal à reconnaitre son Capitaine pendant un moment). Et c'est peut-être bien le cas. Même s'il garde ses caractéristiques premières (forte tête, têtu comme une mule, un égo plus grand que le monde et j'en passe), il en gagne d'autres bien plus interessante. Et c'est tant mieux puisqu'on va le suivre quasiment sur tout le roman. Et oui, même si de temps en temps, on part sur le point de vue de Ghause, Thorn, Desiderata, De Vrailly, Blanche et quelques autres, on reste avec Gabriel presque tout le roman. C'est appréciable pour ceux qui n'aiment pas les trop grand changement de personnages, mais j'avoue que, j'appréciais assez et que parfois, ça m'a manqué (on ne voit pas assez Alison ou Tom par exemple)(je les aime bien tout les deux). 

D'ailleurs, parlons un peu des autres personnages. J'ai regretté ne pas avoir assez Amicia à partir de la moitié du tome. Son évolution a l'air super importante pour la suite (non traduite donc, j'en râle) mais on nous laisse un peu en plan. Surtout que ses interactions avec la famille Murien, que se soit Ghause ou Gabriel sont fort fort sympathique (elle doit bien être la seule personne à apprécier les deux avec Gawyn). Idem pour Gawyn d'ailleurs. Je l'aime beaucoup depuis le premier tome et, là, il est effacé. Sans parler que son frère lui pique son combat et que je trouve ça quand même bien triste pour lui (de Vrailly VS Gawyn, ça aurait donné grave). Blanche, la petite nouvelle en point de vue, est plutôt sympathique à suivre mais je trouve dommage qu'elle ne serve finalement qu'à être soit la bonne de la reine, soit le nouveau love interest de Gabriel. Dommage, elle pourrait être bien plus que ça. Et puis, il y a la reine. Desiderata est le personnage qui change le plus avec Gabriel. Un passage dans les cachots de son époux alors qu'enceinte de neuf mois n'y est pas pour rien. Elle perd son innocence et sa joie de vivre pour devenir plus dure, plus "reine" en fait. Enfin, il y a Thorn, le sorcier que le chevalier rouge combat depuis Lissen Carak. Rongé par son envie de vengeance, que se soit contre Gabriel ou son maitre, il est bien plus interessant que dans les tomes précédents.

D'ailleurs, c'est lui qui marque la fin de cette période (et donc finalement de cette trilogie dans la série). Car oui, l'Ombre du Dragon est une fin tout de même. Celle de l'époque de Thorn. A partir de ce tome, on sait que rien ne sera plus comme avant. D'ailleurs, c'est là que je râle de ne pas avoir les autres tomes vu ce qu'on commence à entrevoir. Mais revenons à ce tome-ci et ne partons pas en spéculation. Donc, on sent bien que quelque chose se passe dans ce tome. Entre les évolutions des personnages, de la situation en Alba mais aussi, bien que l'on ne le voit pas vraiment, en Galle, et le combat final (qui est juste énorme à lire), le monde tel que nous le connaissons disparait petit à petit. Cela se sent dès le départ avec la réunion des chefs du nord jusqu'à la toute fin. L'ambiance du roman s'en ressent et j'ai plutôt apprécié. Il y a une certaine urgence qui n'a rien à voir avec les combats.

Au final, j'ai clairement adoré. C'est surement mon préféré des trois premiers tomes pour plein de raison. On y retrouve l'ambiance du premier avec un petit plus appréciable (l'humanisation du chevalier rouge en fait partie) et on s'y perd moins que dans le second et sa cohorte de personnage. Ce n'est pas tout à fait un coup de coeur mais presque (certains point continuent à me déranger, comme la rapidité de certains évènements qui sont pourtant importants pour la suite). 

dimanche 15 mars 2020

La lame Noire, Rénégat, tome 2, Miles Cameron

Je continue tranquillement ma lecture de la saga Rénégat avec ce second tome, à peine un peu plus petit que son prédécesseur. J'avais assez apprécié ma lecture du premier tome, en est-il autant du second ? C'est ce qu'on va voir

La lame Noire, Rénégat, tome 2, Miles Cameron

Editeur : Bragelonne
Collection : Fantasy
Année de parution : 2015
Titre en VO : Traitor Son Cycle, book 2: The Fell Sword
Année de parution en VO : 2014
Format : AZW

A lire si :
- Vous aimez la fantasy médiévale
- Vous aimez les romans choraux
- Vous voulez de belles batailles

A ne pas lire si : 
- Lire un pavé n'est pas ce que vous préférez 
- Vous n'aimez pas vous perdre avec trop de personnages

Présentation de l'éditeur : 

La loyauté coûte cher. La trahison, elle, est gratuite. Lorsque l'empereur de Morée est pris en otage, le Chevalier rouge et ses hommes sont soudain très demandés... et voient leurs ennemis se multiplier. Le pays est plongé dans la révolte, la capitale assiégée, et la moindre victoire devra être chèrement conquise. Cependant, le Chevalier rouge a un plan, et une arme secrète. Saura-t-il l'emporter tout à la fois sur les champs de bataille de la politique, de la magie, de la guerre et de l'amour ?

Mon avis

A la fin du premier tome, le Chevalier Rouge et sa troupe de mercenaire partaient pour la Morée dont l'Empereur venait de se faire enlever. Nous reprenons donc à cet instant là, avec l'enlèvement du dit Empereur et l'arrivée de la Compagnie devant Liviapolis, capitale de l'Empire. En même temps que nous allons suivre leur campagne d'hiver, nous nous tournerons aussi vers le Mur et ses occupants. Car si Thorn a été battu durant le siège de Lissen Carak, le Monde Sauvage, lui, est toujours bien là. Quant à la reine, la voilà de plus en plus isolée par les manigances des Galliens.

J'avais apprécié le fait que le premier tome soit un bon roman choral. Ce second tome l'est aussi et il est tout aussi bon dans cet exercice. Outre le fait de nous faire voyager dans l'univers créé par Cameron, il est agréable de voir ce que deviennent divers personnages outre la troupe du Capitaine. Sur un tome comme celui-ci, qui se veut l'intermédiaire entre le siège de Lissen Carak et ce qu'il se passera dans le troisième tome (on sait qu'on aura un tournoi, mais pas forcément plus pour l'instant)(même si on devine), autant ne pas perdre de vue les divers personnages. Je suis ravie de continuer à suivre Amicia, même si elle a un rôle des plus secondaires au final ou de savoir ce qu'il se passe du côté de Desiderata, qui devrait être en première ligne dans le tome suivant. Ca permet de garder un lien avec eux et aussi de faire avancer des intrigues qui semblent plus secondaires (mais mon petit doigts me dit que ça ne sera pas tout à fait le cas par la suite). Mais bien entendu, le plus gros de l'intrigue se passe en Morée, là où se trouve notre cher Capitaine.

Si le premier tome nous présentait presque exclusivement un siège, ce n'est pas le cas ici. C'est d'ailleurs un bon point, j'avais un peu peur d'avoir une répétition de Lissen Carak. D'ailleurs, par rapport au premier, nous avons un peu moins de bataille, grosse ou petite. Et je dois dire, que ça m'a un peu manqué (oui, je suis ce genre de femme qui aime les bonnes batailles, surtout quand elles sont bien écrites). Cette fois, nous avons un peu plus de passage sur la vie quotidienne de la Compagnie. Cela offre des avantages, comme suivre un peu plus des personnages qu'on a fait qu'effleuré jusque là. Les archers de la troupe sont un peu plus mis en avant et les chevaliers un peu plus "humanisés" (plus particulièrement avec le mariage de Mickael et Kaitlin). Mais surtout, ça permet de voir notre cher Capitaine sous un autre angle.

J'ai beaucoup apprécié la manière dont il évolue dans ce tome. Oh, il reste la plupart du temps le petit con prétentieux qu'il est. Son nouveau titre moréen lui monte un peu à la tête. Bon, en même temps, il peut aussi se le permettre, après tout, il est là pour sauver l'Empereur. Mais c'est surtout sa relation avec les autres qui changent. Avoir Harmodius avec lui ne l'aide en rien, Arnaud, le nouvel aumônier de la Compagnie, tente de lui faire cracher le morceau sur qui il est (ce qu'on va d'ailleurs finir par découvrir avec Desiderata vers la fin du tome)(moment où j'ai failli crier que j'en étais sûre alors que tout le monde dormait...)... J'ai trouvé le Capitaine plus "fréquentable", on dira. J'apprécie voir cette évolution. Le Capitaine reste un personnage complexe mais que l'on découvre encore un peu plus. Ce qui reste dommage, c'est qu'il est peut-être le seul à réellement évolué comme ça. Les personnages restaient en Alba n'évoluent que très peu (et je trouve ça dommage), tandis que les membres de la troupe sont souvent là pour permettre au Capitaine de se montrer sous ses divers jours. C'est un petit défaut que je ne pensais pas trouver dans un roman choral comme celui-ci. Enfin, on finit vite par l'oublier tant les histoires sont interessantes.

En parlant des diverses histoires que l'on lit, j'apprécie beaucoup voir de quelle manière elles sont souvent imbriquées. Les intrigues permettent à ce second tome d'être plus qu'il n'y parait au départ. Si dans le premier tome, tout ramener à Lissen Carak et à sa bataille finale, ce n'est pas le cas ici. Certaines intrigues n'ont pas encore de fin. Tout amène au troisième tome qui s'annonce particulièrement épique si on en croit les indices disséminés par l'auteur. Autant vous dire que j'ai très hâte de commencer ce troisième tome.

Au final, j'ai apprécie mais peut-être un tout petit peu moins que le premier tome. Disons que je regrette un peu que l'auteur donne autant d'importance à son personnage principal tout en nous donnant à lire d'autres histoires que la sienne. Je rajouterai un aspect un tout petit peu plus brouillon (mais peut-être que cela vient plus de l'ebook et de son formatage qui oublie parfois de bien séparer un point de vue d'un autre et m'a parfois un peu perdue sur quelques lignes...). Cela n'en reste pas moins un bon second tome et une histoire fantasy des plus sympathiques à lire. 

jeudi 20 février 2020

Le Chevalier Rouge, Renégat tome 1, Miles Cameron

Oh, le premier livre numérique de l'année ! Et pas des moindres puisqu'il s'agit d'un bon gros pavé qui m'aura donc pris presque un mois et demi de lecture. Mais pas de regret du tout pour ma lecture, c'était vraiment super.

Le Chevalier Rouge, Renégat tome 1, Miles Cameron

Editeur : Bragelonne
Collection : Fantasy
Année de parution : 2013
Titre en VO : Traitor Son Cycle, book 1: The red knight
Année de parution en VO : 2012
Format : AWZ

A lire si :
- Vous aimez la fantasy médiévale
- Vous aimez les romans choraux
- Vous voulez de belles batailles

A ne pas lire si : 
- Lire un pavé n'est pas ce que vous préférez (monsieur fait presque 900 pages en GF)
- Vous n'aimez pas vous perdre avec trop de personnages

Présentation de l'éditeur : 

Pour diriger une bande de mercenaires sans foi ni loi, mieux vaut réunir les atouts de la naissance, d'une adresse certaine à l'épée et d'une chance diabolique.
Le chevalier rouge a les trois, la jeunesse en plus, et il sait déjà en tirer profit. De retour en Alba après une campagne militaire lointaine, ses mercenaires sont recrutés pour défendre un couvent fortifié ayant fait l'objet de raids sanguinaires. Mais comme le Chevalier et ses hommes vont le découvrir sans tarder, ce contrat implique des pièges insoupçonnés, les entraînant de batailles en traquenards à l'orée d'une véritable guerre... dans laquelle le Chevalier lui-même a bien plus à perdre que prévu. Car celui qui envoie les créatures du Monde Sauvage décimer les humains pourrait bien connaître son secret le plus sombre...

Mon avis

Avant de commencer cet avis, sachez que mon cher Kindle Paperwhite est gentiment en train de me lâcher. Ça fait partie des raisons qui font que j'ai mis si longtemps à lire ce roman. Toute la partie basse de l'appareil est soit sombre, soit trop claire, comme si l'encre faisait des siennes. Du coup, l'expérience de lecture n'est plus aussi géniale que d'habitude (et suivant l'heure ou l'endroit, j'ai eu du mal à lire parfois). Je suis assez déçue de voir qu'il me lâche comme ça au bout de quatre ans (bon après, il a été trimbalé partout, sans couverture et je m'en suis servie quasiment tous les jours depuis le temps). Enfin, j'arrive toujours à lire dessus et c'est là l'essentiel.

Passons maintenant au roman, parce qu'on est quand même là pour ça.

Bienvenu dans un monde fantasy où les Hommes et le Monde Sauvage se livre une guerre sans merci depuis des années. En Alba, la dite guerre prend un nouveau tournant. Le Monde Sauvage, sous la houlette de Thorn, une entité magique gigantesque, a dépassé le Mur pour faire le siège de Lissen Carak, un couvent fortifié. Afin de se protéger, l’Abbesse fait appel à la compagnie de mercenaire du Chevalier Rouge. Un Chevalier Rouge qui va découvrir que ce qui n'aurait du être qu'un simple contrat et bien plus que cela. La guerre qui se profile à l'horizon est bien plus importante que le simple siège du couvent.

Quand je me suis lancée dans ma lecture, je n'avais pas la moindre idée de ce qui m'attendait si ce n'est une longue lecture (le Kindle m'annonçait quelque chose comme plus de dix heures de lecture) et de la fantasy sûrement un peu bourine. Vous me connaissez à force, ni l'un ni l'autre ne me fait peur, mieux, j'adore ça. Alors, je me suis lancée. Et j'ai vite été prise dans ma lecture. La seule chose qui a fait que j'ai mis autant de temps à lire finalement, c'est surtout que côté papier, j'avais la fin de l'Assassin Royal (et rien ne résiste à Fitz, je vous l'ai déjà dit). Parce que franchement, ce premier tome de la série Renégat est tout bonnement génial.

Déjà, il y a l'univers. Un mélange de l’Angleterre médiévale (le pays s'appelle l'Alba, on y trouve un Mur...) avec toutes ses légendes du Petit Peuple (pas si petit que ça, si vous voulez mon avis) où les hommes se battent pour leur survie face au Monde Sauvage. On y trouve donc des chevaliers en armures, des magiciens, des ordres religieux guerriers, des démons, des vouivres et j'en passe. Même si certaines choses ne nous sont pas expliqués d'emblée, on ne peut que se laisser emporter là-dedans. D'ailleurs, je dois avouer que j'ai justement apprécié ne pas tout savoir de suite. Ca ajoute tout de même pas mal de mystère à un livre qui l'est déjà.

Et puis, il y a les personnages. Si le Chevalier Rouge est le protagoniste principal du roman, il n'est pas le seul à être personnage point de vue. La panoplie est vaste, elle va du chevalier à la nonne, en passant par l'archer, la couturière, le maître de caravane ou encore la reine. Tout ce petit monde permet d'avoir une vision un peu plus globale de ce qu'il se passe en Alba. J'ai beaucoup aimé pouvoir ainsi passer de l'un à l'autre même si parfois, je me suis un peu perdue (surtout au début en fait). J'ai apprécié aussi que l'on s'attarde sur les gens du Monde Sauvage, que se soit Thorn ou Peter qui va passer d'esclave à membre des Sossags (une des tribus du Monde Sauvage). Dans cette multitude, il y a forcément des personnages qui ressortent plus que d'autres. Le Chevalier Rouge, forcément, qui est bien plus complexe que l'on peut l'imaginer au premier regard et dont les batailles ne sont pas que physiques, Amicia, la jeune novice dont il tombe amoureux, Harmodius, le mage royal qui se réveille après des années d’aveuglement ou encore Thorn qui se bat autant pour conquérir l'Alba que parce qu'il n'a finalement plus vraiment le choix. 

Enfin, il y a les batailles, dont le siège. Vous le savez, j'adore ça.? Ici, j'ai été servie. Le siège du couvent est éprouvant et on ressent bien tout ça. Les batailles sont âpres et sanglantes (mais pas trop  non plus). Les suivre a été un vrai régal, surtout que l'auteur reste clair et concis dans l'action. Pour ne rien gâcher, la stratégie militaire mise en place m'a l'air plutôt bonne et j'ai un gros faible pour les auteurs qui n'hésitent pas à nous donner des détails sur les armures (c'est lourd, c'est chiant à mettre et ça gène). 

Franchement, même si j'ai été très longue à lire le roman et que quelques passages auraient pu être évités, j'ai adoré ma lecture (ça vous étonne, hein ?)(oui, c'est le grand retour des parenthèses)(quoiqu'il n'y en a pas tant que ça). J'ai les deux tomes suivant dans la PAL du Kindle et je sens que je ne vais pas tarder à me jeter dessus (je crois vraiment que cette année sera une année Fantasy par ici, mon genre de prédilection m'a beaucoup manqué (alors que j'en lis toujours autant, il me semble))




mercredi 13 novembre 2019

Nouvelles de Terremer, Terremer Intégrale, Ursula K. Le Guin

Et voilà. Ça devait arriver. J'ai refermé pour de bon mon intégrale de Terremer. Après plusieurs mois à l'avoir toujours à mon chevet, elle va retrouver sa place dans la bibliothèque du salon. Commencée en juin, cette saga m'aura suivi tout l'été et l'automne. C'est assez triste que je quitte l'univers.

Nouvelles de Terremer, Terremer Intégrale, Ursula K. Le Guin

Editeur : Le livre de poche
Collection : /
Année de parution : 2018
titre en VO : Earthsea
Année de parution en VO : entre 1964 et 2001
Nombre de pages : 1800

A lire si
- Vous aimez la fantasy avec magie et dragon
- Vous ne voulez pas de violence

A ne pas lire si
- Vous vous attendez à quelque chose d'ultra violent
- Vous n'aimez pas les récits initiatiques

Présentation de l'éditeur :

Terremer est un lieu magique et ensorcelé. Une mer immense recouverte d’un chapelet d’îles où les sorciers pratiquent la magie selon des règles très strictes. On y suit les aventures de Ged, un éleveur de chèvres qui, au terme d’une longue initiation, deviendra l’Archimage le plus puissant de Terremer, mais aussi celles de Tenar, haute prêtresse du temple des Innommables de l’île d'Atuan, de Tehanu, la fille-dragon, et de Aulne le sorcier qui refait chaque nuit le même rêve terrifiant. Autour de la grande histoire gravitent des contes qui enrichissent et explorent ce monde où enchanteurs et dragons se côtoient.

Mon avis

Ce que j'appelle Nouvelles de Terremer de manière un peu arbitraire sont en fait les nouvelles qui ne font pas partie d'un recueil particulier. Elles ont été publiés dans des revues ou des anthologies. Deux d'entre elles se déroulent bien avant l'aventure de Ged, Tenar et Tehanu. Pour la Fille d'Odren, je ne sais pas trop sa position réelle, quant Au coin du feu, c'est la conclusion du cycle pour Ged.  S'ajoute à ces nouvelles une conférence, Terremer Revisitée.

Le mot de déliement
Cette nouvelle et la suivante sont les textes fondateurs de Terremer. Elles posent les principes de la magie du cycle. Dans le mot de déliement, nous suivons un mage, fait prisonnier par un autre. Le mage a perdu son bâton, une bonne partie de ses pouvoirs mais n'arrive pas à s'avouer vaincu. Pour s'en sortir, il devra user d'un seul mot, celui de déliement. C'est une nouvelle assez conventionnelle qui a pour intérêt premier de poser les bases. Elle n'en reste pas moins sympathique à lire.

La règle des noms
Comme la nouvelle précédente, la règle des noms pose les bases de ce qui va devenir Terremer. Je pense que c'est peut-être la nouvelle la plus importante des deux. Si la première pose les bases de la magie par les mots, celle-ci finit de la définir avec la fameuse règle des noms. Mais elle ne fait pas que ça. Elle introduit aussi les dragons dans Terremer. C'est une nouvelle que j'ai apprécié lire. On y trouve tout ce que j'aime dans le cycle, la "lenteur" du récit, les dragons, les légendes aussi. 

La fille d'Odren
Cette nouvelle est plus récente que les deux autres (en VF, elle n'a été édité que dans cette intégrale, idem pour la publication papier en VO, de ce que j'ai compris, elle n'avait été édité qu'en numérique jusque là). Elle m'a fait penser à de veilles légendes rustiques, cette nouvelle. C'est une histoire de trahison et de vengeance. Ce ne sont pas des thèmes que l'on trouve souvent dans les écrits de Terremer. Mais, comme souvent, l'écriture de l'autrice éclaire le tout d'un jour nouveau. 

Au coin du feu
La dernière nouvelle du recueil met en scène Ged dans la chaumière d'Ogion, vers la fin de sa vie. La nouvelle est courte mais intense. Elle clôture parfaitement l'intégrale et les aventures du sorcier. J'ai aimé la nostalgie qui s'en dégage, j'ai adoré revoir des personnages que nous n'avons pas croisé depuis longtemps, redécouvrir certains passages, même si c'est très rapidement. C'est très doux comme fin. Attention, la nouvelle est publiée à titre posthume en 2018. C'est peut-être le dernier texte qu'a écrit l'autrice. Elle met le point final à sa série et on le ressent vraiment. Il est possible que vous ayez besoin de mouchoir en la lisant.

Terremer Revisitée
Terremer Revisitée est la retranscription d'une conférence d'Ursula K. Le Guin donnée en 1992. Il revient sur l'évolution du cycle, depuis sa création en 1964 jusqu'à Tehanu. Plus qu'un essai sur cette évolution, c'est aussi une vision des changements opérées dans le monde et dans la fantasy avec pour années pivots les 70's. C'est vraiment quelque chose à lire, expliquant le tournant qu'a pu prendre la série mais aussi pourquoi elle l'a pris et finalement pourquoi c'était tellement évident. 


Et voilà, je referme ce gros pavé vert avec une certaine tristesse. Terremer est un monument de la fantasy mais pas que. Il met en scène des héros qui ne sont pas blancs, des femmes et des enfants. Il questionne aussi beaucoup sur notre propre monde. Il m'a aussi  beaucoup questionné pour des raisons qui ne regardent finalement que moi. Je crois que je ne le dirais jamais assez, mais il faut lire Terremer. 

Maintenant, je compte me lancer dès que possible (soit dès que je trouverais le premier tome), dans le cycle de SF de l'autrice, à savoir le cycle de l’Ekumen. Et je rêve de m'offrir cette intégrale de Terremer en VO pour avoir toutes les illustrations de monsieur Vess (parce que forcément, l'intégrale poche VF ne les a pas toutes)

lundi 21 octobre 2019

Le Vent d'ailleurs, Terremer Intégrale, Ursula K. Le Guin

J'arrive doucement à la fin de mon intégrale de Terremer (et autant je déprimais de ne pas me voir avancer dedans alors que j'en étais au troisième roman, autant là, je déprime de savoir que je vais quitter l'univers). J'ai fini le dernier roman. Il ne me manque que quatre nouvelles à lire avant de refermer mon gros pavé vert pour un temps.

Le Vent d'ailleurs, Terremer Intégrale, Ursula K. Le Guin

Editeur : Le livre de poche
Collection : /
Année de parution : 2018
titre en VO : Earthsea
Année de parution en VO : 2001 pour le Vent d'ailleurs
Nombre de pages : 1800

A lire si
- Vous aimez la fantasy avec magie et dragon
- Vous ne voulez pas de violence

A ne pas lire si
- Vous vous attendez à quelque chose d'ultra violent
- Vous n'aimez pas les récits initiatiques

Présentation de l'éditeur :

Terremer est un lieu magique et ensorcelé. Une mer immense recouverte d’un chapelet d’îles où les sorciers pratiquent la magie selon des règles très strictes. On y suit les aventures de Ged, un éleveur de chèvres qui, au terme d’une longue initiation, deviendra l’Archimage le plus puissant de Terremer, mais aussi celles de Tenar, haute prêtresse du temple des Innommables de l’île d'Atuan, de Tehanu, la fille-dragon, et de Aulne le sorcier qui refait chaque nuit le même rêve terrifiant. Autour de la grande histoire gravitent des contes qui enrichissent et explorent ce monde où enchanteurs et dragons se côtoient.

Mon avis

Le Vent d'ailleurs est le dernier tome de Terremer. C'est avec une petite émotion que je l'ai lu, sachant à quel point j'ai aimé l'univers. Heureusement pour moi, l'intégrale comporte trois nouvelles de plus et quelques bonus. D'ailleurs, l'un de ceux-ci sera aussi présenté ici, à savoir la toute petite description de Terremer. Mais avant ça, parlons du roman.

Le sorcier Aulne débarque un jour sur Gont. Il se présente à Ged et lui raconte son étrange histoire. Toutes les nuits, il va jusqu'au mur qui délimite la Contrée Aride. Toutes les nuits, les morts l'appellent. Pourquoi ? Il ne sait pas. Mais Ged ne peut pas lui donner de réponse. Alors, il l'envoie à Havnor, où se trouve Tenar et Tehanu ainsi que Lebannen. Là, peut-être aurait-il ses réponses. Mais en Havnor, d'autres problèmes se posent. Déjà, Lebannen doit compenser avec la fille du Roi Kargue, ensuite, les dragons viennent de plus en plus vers l'ouest, causant pas mal de trouble. Et si l'étrange comportement des dragons et les rêves d'Aulne étaient en fait lié ? Si Terremer était en train de changer ?

Avec Tehanu, on l'avait senti venir, le changement. Un peu plus encore en lisant la nouvelle Libellule. La magie de Terremer changeait. Les morts revenaient de la Contrée Aride, les dragons vivaient parmi les hommes, en prenant même l'apparence. La magie n'est plus stable, et ça, les mages de Roke l'ont bien compris. Pourtant, ils ne font pas grand chose, encore perturbé par ce qu'il s'est passé durant Libellule (et c'est là qu'on comprend pourquoi les contes de Terremer sont réellement un quatrième tome et pas juste un recueil tout simple). C'est donc du côté de Tehanu, du roi et d'un simple Raccommodeur que l'on va se tourner.

Une nouvelle fois, le roman semble prendre son temps sans toutefois le faire. J'apprécie vraiment ces chapitres calmes, où l'on regarde la vie passée simplement. Les premiers chapitres, où l'on découvre Aulne à Gont sont particulièrement reposant. Et pourtant, il se passe peut-être autant de chose que dans le reste du roman. C'est dès ces chapitres que l'on se rend compte que quelque chose change en Terremer. Un changement qui se confirme à l'arrivée en Havnor. C'est d'abord juste une impression, qui se confirmera petit à petit, au grès des discutions entre personnages. Des personnages assez divers, d'ailleurs. Si on en connait déjà certains, comme Lebannen, Tenar et Tehanu, on en découvre d'autres, comme Aulne ou la princesse Kargue. En fait, pour ce dernier roman, l'autrice a décidé de rassembler tous les peuples de Terremer. Le choc des cultures a bien lieu, mais de manière douce, comme a pu l'être tout Terremer. Oui, il y a des incompréhension, la plus grosse étant entre Lebannen et la princesse, mais rien d'insurmontable lorsqu'on reçoit les bons conseils (Tenar se fait "mère" pour les deux, et, comme toujours, elle est formidable de par sa tolérance et sa bienveillance). Le changement se fait aussi par les personnages. Les Kargues vont se rapprocher des Hardiques, les mages vont prendre conseils auprès des dragons, des sorciers et des Pelniens. Cette entende a quelque chose de merveilleux (on pourrait pas avoir un truc vaguement ressemblant en ce moment ?). 

Comme je le disais, le roman prend son temps, une fois encore. Et une fois encore, on ne le voit pas passer. Il est prenant, ce Vent d'Ailleurs. Il est dense aussi, peut-être plus que les précédents. Il faut dire qu'il aborde un thème qui peut-être vu de bien des manières, à savoir la vie et la mort. Forcément, il est toujours question d'un certain équilibre, comme toujours dans les romans de Terremer. Après tout, l'équilibre est un des piliers de l'archipel. Or, depuis l'Ultime Rivage, on sait qu'il est en danger. Là où l'autrice fait fort, c'est d'inverser la donne. Alors que dans l'Ultime Rivage, on est sur un sorcier cherchant l'immortalité, ici, on va découvrir qu'en fait, Cygne, et les hardiques, l'avaient déjà, la dite immortalité (c'est un peu alambiqué, mais en lisant le Vent d'ailleurs, on comprend bien mieux). C'est en mettant en parallèle légendes et contes que l'on va comprendre ce qu'il se passe, pourquoi Aulne rêve des morts et du mur, pourquoi les dragons envahissent l'ouest et ce qu'il faut faire pour que cela cesse. C'est du passé que vienne les réponses, et j'aime particulièrement cette vision-là. Terremer et les personnages qui l'occupent, ont toujours eu un œil sur le passé pour mieux comprendre ce qui leur arrive. Je trouve que ça va aussi parfaitement avec cette idée de réincarnation qu'on retrouve souvent dans les autres romans (et surtout lorsque Tenar est présente dans les dits romans)

Le Vent d'ailleurs marque une fin. C'est marrant, je n'ai pas envie de dire la fin (alors qu'avec le décès de son autrice, Terremer n'aura jamais de suite). C'est la fin du monde tel qu'il était connu durant les précédents romans. On la sentait venir, cette fin, entre un Ged ayant perdu ses pouvoirs, une Irien ou une Tehanu parcourant le monde sous forme humaine et surtout un nouveau roi sur le trône d'Havnor. Le Vent d'ailleurs est une belle fin. 


Description de Terremer
Comme je le disais, l'intégrale ne finit pas avec le Vent d'Ailleurs. Si je compte chroniquer les trois nouvelles supplémentaires prochainement, j'ai lu la petite description de Terremer à la suite du Vent d'ailleurs. Ces quelques pages sont là pour remettre un peu tout en place, que se soit l'Histoire de Terremer, ses peuples ou encore son système de magie.

Je dois bien dire qu'on apprend finalement peu de chose dans cette description. Tout ce qui est dit dedans a déjà été dit, si ce n'est une petite partie sur le premier archimage (qui devait beaucoup en vouloir aux femmes vu qu'il les dégage complètement de l'école de Roke et en fait de viles sorcières). Pour moi, cette description de Terremer n'est finalement pas si interessante que ça (comme souvent avec certains bonus dans ce genre)(heureusement que c'est pas un lexique comme on peut en trouver souvent). Ça reste du bonus fort sympathique.


lundi 30 septembre 2019

Les contes de Terremer, Terremer Intégrale, Ursula K. Le Guin

Les contes de Terremer sont un peu à part dans le cycle. Le livre est en fait un recueil de nouvelles sur l'univers. Il permet un nouvel éclairage sur l'univers en lui-même. J'ai profité d'être bien malade (oui, enfin, si on peut dire que je profite de ça hein...) pour le finir rapidement (en gros, j'ai pas mis un mois pour le lire quoi)

Les contes de Terremer, Terremer Intégrale, Ursula K. Le Guin

Editeur : Le livre de poche
Collection : /
Année de parution : 2018
titre en VO : Earthsea
Année de parution en VO : entre 1964 et 2001, plus précisément entre 1997 et 2001 pour les nouvelles
Nombre de pages : 1800

A lire si
- Vous aimez la fantasy avec magie et dragon
- Vous ne voulez pas de violence

A ne pas lire si
- Vous vous attendez à quelque chose d'ultra violent
- Vous n'aimez pas les récits initiatiques

Présentation de l'éditeur :

Terremer est un lieu magique et ensorcelé. Une mer immense recouverte d’un chapelet d’îles où les sorciers pratiquent la magie selon des règles très strictes. On y suit les aventures de Ged, un éleveur de chèvres qui, au terme d’une longue initiation, deviendra l’Archimage le plus puissant de Terremer, mais aussi celles de Tenar, haute prêtresse du temple des Innommables de l’île d'Atuan, de Tehanu, la fille-dragon, et de Aulne le sorcier qui refait chaque nuit le même rêve terrifiant. Autour de la grande histoire gravitent des contes qui enrichissent et explorent ce monde où enchanteurs et dragons se côtoient.

Mon avis

Comme toujours avec un recueil de nouvelles, je vais parler de chacune des nouvelles, surtout qu'ici, elles permettent l'exploration de plusieurs thèmes bien différents dans l'univers de Terremer.

Le trouvier
Le trouvier est la première nouvelle par ordre chronologique de l'univers. C'est d'ailleurs plus une petite novella (ou longue nouvelle) qu'une nouvelle. On y découvre les début de l'école de Roke mais surtout l'histoire de celui qui aida à la fonder et qui en devient l'un des gardiens.
L'histoire est donc celle de Loutre, jeune sorcier, de son esclavage dans les mines d'Havnor à la découverte de l'île de Roke jusqu'à ce qu'il devienne un vieil homme. Il est intéressant de voir qu'à ce moment-là, la magie n'est pas une histoire d'homme mais que les femmes y ont aussi accès. Elles ont d'ailleurs des rôles importants, que se soit dans la nouvelle ou à la nouvelle école de Roke.
C'est une nouvelle agréable à lire qui nous en apprend un peu plus sur la magie de Terremer mais aussi sur le passé de l'univers. Forcément, j'adhère complètement à ce comte. Seul problème ? J'aimerai bien savoir ce qu'il a pu se passé entre le Trouvier et le début du Sorcier de Terremer pour que les femmes ne soient plus présente à Roke.

Rosenoire et Diamant
Cette nouvelle-ci m'a réellement fait l'effet d'un conte de part sa construction. On y découvre l'histoire de Diamant, un garçon vivant dans une famille riche de Wey. Depuis son enfance, son père le destine à de grandes choses, reprendre le domaine et pourquoi pas plus, lorsqu'il se rend compte qu'il pourrait être magicien. Mais Diamant, lui, n'a d'yeux que pour Rose. Alors, lorsque son maître veut l'envoyer à Roke, à l'âge de seize ans, Diamant s'enfuit pour retrouver sa belle. Sauf que la demoiselle n'a pas attendu, elle. Diamant va alors renoncer à la musique et à la sorcellerie pour reprendre le domaine de son père. Quelques années plus tard, il va avoir l'occasion de revoir Rosenoire. C'est un conte tout mignon qui nous apprend que le destin n'est pas tout tracé, que ce n'est pas parce qu'on a le pouvoir, ou la richesse, que l'on doit forcément vivre avec. Il faut savoir suivre ce que son coeur dit (oui, ça a l'air mièvre comme ça)

Les os de la terre
Vous vous êtes toujours demandé comment Ogion est devenu le grand mage qu'il est lorsqu'il prend sous son aile Epervier ? Et bien, lisez donc cette nouvelle. Elle explique ce qu'il s'est passé lors du fameux grand tremblement de terre qui faillit détruire Gont. Or, on découvre surtout que c'est Dulse, le maître du sorcier qui y est pour beaucoup. J'ai beaucoup apprécié le personnage de Dulse, qui ressemble fortement à celui de son élève comme on le découvre dans le Sorcier de Terremer

Dans les Grands Marais
Cette fois, c'est Irioth que nous suivons. Irioth est un mage qui ne sait plus trop qui il est. Il arrive aux Grands Marais un peu par hasard et c'est aussi par hasard qu'il va loger chez Présent et devenir soigneur pour les éleveurs. Mais lors d'une altercation avec un enchanteur sans scrupule, Irioth va montrer des pouvoirs extrêmement dangereux. Présent refuse pourtant de le chasser, comme le veulent les villageois. Quelques temps plus tard, arrive Epervier, qui va raconter l'histoire d'Irioth et le délivrer de ce qu'il était jusqu'à présent. Ce n'est pas ma nouvelle préférée du recueil mais j'ai aimé son message, celui que le pardon peut se trouver partout, et que l'on peut toujours changer.

Libellule
Libellule est la dernier nouvelle de ce recueil. Elle se déroule peu après les événements de l'ultime Rivage et de Tehanu. D'ailleurs, il vaut mieux lire les deux précédents pour la comprendre (ce qui n'est pas le cas des autres nouvelles). Libellule raconte l'histoire d'une jeune femme du même nom. La jeune femme, aidé par Ivoire, un magicien ancien élève de Roke, va se rendre à l'école des Sorciers pour découvrir qui elle est. Bien que femme, elle est prise en charge par Azver, l'un des neufs Maîtres. Mais sa présence divise et Thorion, le Maître Appeleur, mort à la fin de l'Ultime Rivage, la voit d'un très mauvais yeux. Sans trop raconté la fin (ça serait dommage), j'ai trouvé Libellule très proche de Tehanu. Le personnage est aussi étrange que celui de la fille de Tenar et sa destinée semble l'être tout autant. 


J'ai beaucoup apprécié le recueil. Il est appréciable de découvrir d'autres aspects de Terremer, dont une prequelle des plus intéressantes (même si j'aurais voulu peut-être un peu plus, comme savoir pourquoi et comment les femmes furent exclus de l'école de Roke). Je suis forcément fan de ces petits bouts d'histoire qui donnent une autre profondeur à tout Terremer, rendant l'univers encore plus vivants à mes yeux. C'est un recueil fort agréable à lire mais qui doit l'être impérative entre lu après Tehanu (à cause de Libellule surtout). Il montre encore et toujours, le talent de conteuse d'Ursula K. Le Guin.

jeudi 29 août 2019

Tehanu, Intégrale de Terremer, Ursula K. LeGuin

Je me lance enfin dans la partie que je ne connais pas de Terremer avec Tehanu. Les trois prochains livres ont été écrit près de dix huit ans après l'Ultime Rivage. Si Tehanu reste dans la continuité des trois premiers tomes, on sent évidement l'évolution de l'autrice, que se soit dans son art de conteuse ou dans ses idéaux.

Tehanu, Intégrale de Terremer, Ursula K. LeGuin

Editeur : Le livre de poche
Collection : /
Année de parution : 2018
titre en VO : Earthsea
Année de parution en VO : entre 1964 et 2001, plus précisément 1990 pour Tehanu
Nombre de pages : 1800

A lire si 
- Vous aimez la fantasy avec magie et dragon
- Vous ne voulez pas de violence

A ne pas lire si 
- Vous vous attendez à quelque chose d'ultra violent
- Vous n'aimez pas les récits initiatiques

Présentation de l'éditeur : 

Terremer est un lieu magique et ensorcelé. Une mer immense recouverte d’un chapelet d’îles où les sorciers pratiquent la magie selon des règles très strictes. On y suit les aventures de Ged, un éleveur de chèvres qui, au terme d’une longue initiation, deviendra l’Archimage le plus puissant de Terremer, mais aussi celles de Tenar, haute prêtresse du temple des Innommables de l’île d'Atuan, de Tehanu, la fille-dragon, et de Aulne le sorcier qui refait chaque nuit le même rêve terrifiant. Autour de la grande histoire gravitent des contes qui enrichissent et explorent ce monde où enchanteurs et dragons se côtoient.

Mon avis

Suite à l'Ultime Rivage, Ursula K. LeGuin pensait déjà écrire un dernier tome pour Terremer. Elle voulait, déjà, revoir Tenar et lui offrir une histoire, une suite, savoir ce qu'elle devenait. Mais, elle n'a pu le faire de suite (c'est expliqué dans la postface de ce tome dans l'intégrale). Il faudra donc attendre dix-huit ans pour qu'elle réussisse enfin à écrire sur Tenar, à lui offrir une histoire rien qu'à elle. Pour le lecteur de notre époque, c'est assez transparent. Tehanu commence alors que Ged et Arren ne sont pas encore arrivés à Selidor. Cela fait vingt-cinq ans par contre que Tenar et Ged se sont enfuis des Tombeaux d'Atuan. Durant ces deux décennies, Tenar a été élève d'Ogion avant de se marier avec Silex, un fermier de Gont, d'avoir deux enfants et de devenir veuve. Elle a décidé de vivre une vie où la magie telle que la pratique Ged et les mages n'existent pas. 

Le roman commence un peu avant la fin de l'Ultime Rivage. Tenar, qui vit à présent à Gont et qui est devenue veuve, recueille Therru, une fillette mutilée et violée par ses parents. Peu après cela, elles vont toutes deux se rendre au chevet d'Ogion, mourant. Lorsque celui-ci disparaît, elles vont vivre un moment chez lui. Tenar a bien fait, elle retrouve ainsi Ged, bien fatigué suite à ses aventures. C'est marrant, en essayant de vous résumer le roman, j'ai envie de tout vous raconter et je me rends compte, surtout qu'il se passe beaucoup de chose sans même que l'on s'en rende compte. Là où je trouve cela amusant, c'est qu'il y a peu d'action comme on pourrait l'attendre d'un livre de fantasy. 

Tehanu est un roman du quotidien. Il semble ne pas s'y passer grand chose sur le coup. C'est une impression, juste une impression. Effectivement, on trouve moins d'action dans ce tome (déjà que dans les autres, c'était plutôt calme). Pourtant, on ne s'ennuie pas à lire Tehanu. Il y a bien sûr le talent de conteuse de madame Le Guin. Je n'en dirais jamais assez de bien. Il y a de la magie dans les mots de l'autrice. C'est tellement agréable à lire que je ne m'en lasse pas. Ici, cette magie est mise en oeuvre pour parler de chose simple, de la vie, de l'ordinaire et puis parfois, elle va nous entraîner loin, que se soit dans les joies ou les peines des personnages.

C'est aussi un roman d'apprentissage mais pas vraiment du genre initiatique comme on a pu déjà le voir dans les trois premier tomes. Tenar y apprend à être femme pour et par elle-même. Il n'y a plus d'homme autour d'elle au moment où commence l'histoire. Son mari est décédé, Ogion ne va pas tarder à passer le muret, Ged a disparu de sa vie depuis longtemps, son fils est parti. Seule, elle se redécouvre. Elle apprend aussi à découvrir Therru, à apprivoiser l'enfant. Celle-ci n'est pas en reste. Therru est le personnage central de l'histoire sans que l'on s'en rende réellement compte. On la voit grandir, apprendre à faire confiance, à se faire confiance aussi. Et puis, il y a Ged. Entouré de toutes les femmes du roman, on en viendrait presque à l'oublier. Mais lui aussi, doit apprendre. Il doit apprendre à vivre comme un homme ordinaire, sans pouvoir, sans magie. Bien que moins présent que d'habitude, lui aussi à son importance. D'ailleurs, c'est lui qui marque aussi d'une certaine manière le changement dans la série. Car changement il y a. Un changement amorcé par l'Ultime Rivage et les défauts dans la magie. Où cela va mener, nous le serrons surement plus tard. Pour l'instant, nous en voyons surtout les prémices dans Tehanu. 

Enfin, c'est un roman de femmes, écrit par une femme. Et ça, ça a son importance. Ursula K Le Guin avait déjà prouvé dans les années 70 qu'elle pouvait mettre à bas les stéréotypes de la fantasy (et de la littérature en général) avec des personnages de couleur en protagoniste. Je rappelle que Ged et les habitants de Terremer sont pour la plupart des gens de couleur. Seuls les Kargues (de ce que l'on voit comme peuple) sont blancs. Cette fois, au début des 90's, elle rebouscule tout ça avec des femmes comme protagonistes principales du roman. C'est encore rare à l'époque. Peut-être est-ce d'ailleurs pour cela que le roman a pris rapidement l'étiquette de féministe (que je ne lui renie absolument pas). Or, ça fait du bien de lire ce genre de roman là dans la fantasy (qui est somme toute peu féminine, avouons-le). Les thèmes abordés, la manière de le faire, m'ont énormément parlé. Plusieurs passages m'ont touché, d'autres m'ont bien fait râler aussi, surtout vers la fin (le retour du fils de Tenar, l'opposition avec Tremble, le sorcier du seigneur de Ré Albi). Là dessus, le roman me parait clairement intemporel dans ce combat sur la place des femmes, et finalement, on se trouve avec un discours qui a totalement sa place dans notre propre quotidien. 

Au final, Tehanu m'a marqué. Je dis ça de presque tous les livres de Terremer, mais peut-être celui-ci un peu plus. Il est formidablement conté et terriblement intemporel. Je me suis tellement à Tenar et Therru que j'ai eu du mal à les quitter. Le roman est merveilleux en bien des sens. Il a ce côté conte de fée qui plait à beaucoup tout en gardant en tête que le monde n'est pas tout beau et plein de paillettes et qu'il peut être dangereux. Pour moi, c'est bien plus que de la fantasy féministe. C'est un roman précieux, à lire et à chérir, à garder à l'esprit, tout le temps. 

dimanche 11 août 2019

L'Ultime rivage, Intégrale de Terremer, Ursula K. Le Guin

Je finis la partie relecture de Terremer avec cet Ultime Rivage. A partir de maintenant, je vais plonger dans l'inconnu concernant la série. J'ai hâte de découvrir la seconde partie de Terremer, mais en attendant, parlons un peu de ce troisième tome.

L'Ultime rivage, Intégrale de Terremer, Ursula K. Le Guin

Editeur : Le livre de poche
Collection : /
Année de parution : 2018
titre en VO : Earthsea
Année de parution en VO : entre 1964 et 2001, plus précisément 1972 pour l'Ultime Rivage
Nombre de pages : 1800

A lire si 
- Vous aimez la fantasy avec magie et dragon
- Vous aimez la mer
- Vous ne voulez pas de violence

A ne pas lire si 
- Vous vous attendez à quelque chose d'ultra violent
- Vous n'aimez pas les voyages initiatique

Présentation de l'éditeur : 

Terremer est un lieu magique et ensorcelé. Une mer immense recouverte d’un chapelet d’îles où les sorciers pratiquent la magie selon des règles très strictes. On y suit les aventures de Ged, un éleveur de chèvres qui, au terme d’une longue initiation, deviendra l’Archimage le plus puissant de Terremer, mais aussi celles de Tenar, haute prêtresse du temple des Innommables de l’île d'Atuan, de Tehanu, la fille-dragon, et de Aulne le sorcier qui refait chaque nuit le même rêve terrifiant. Autour de la grande histoire gravitent des contes qui enrichissent et explorent ce monde où enchanteurs et dragons se côtoient.

Mon avis

Nous avons connu Ged enfant, puis adulte. Il manquait la partie où Ged était vieux et archimage. Lorsque Ursula K. Le Guin commença Terremer, elle pensait n'en écrire qu'un tome. Finalement, elle en écrira d'abord trois, et l'Ultime Rivage est le dernier de cette  "trilogie". Il n'est donc pas étonnant, si l'on se souvient de la fin du Sorcier de Terremer, que l'on retrouve Ged en archimage. Mais tout comme pour les Tombeaux d'Atuan, il n'est pas le héros de ce roman. Pas complètement du moins, puisqu'il apparait tout de même un peu plus ici. Non, l'histoire est celle du jeune Arren, prince d'Enlade, venu à Roke afin de trouver ce qui empêche la magie d'avoir lieux depuis quelques temps. Arren embarque avec Epervier afin de comprendre ce qu'il se passe et si possible, afin de guérir cet étrange mal qui s'étend de plus en plus. Ils iront d'îles en îles enfin d'en apprendre plus.

A ma première lecture, l'Ultime Rivage ne m'avait pas tant marqué que ça. J'avais un seul épisode en tête, et il se passe vers les deux tiers du livre environ, autant dire que ce n'était vraiment pas grand chose. A ma seconde lecture, il m'a un peu plus marqué. Je crois l'avoir déjà dit mais relire maintenant Terremer, avec le bagage que je me suis créée entre temps dans la vie est fort bénéfique pour moi. Ainsi, je sais à présent que l'Ultime Rivage aura plus de répercussions qu'il n'en a eu, et surtout, qu'il m'a beaucoup plus parlé. 

Ici, Ged tient une nouvelle fois le rôle du mentor, mais de manière bien plus active que dans les Tombeaux. Et encore, peut-on réellement parler de mentor quand on parle de Ged ? Le sorcier reste souvent égal à lui-même, il aiguille mais ne guide pas vraiment. Il n'a pas ce petit truc qui ferait de lui un professeur ou un vrai guide spirituel. J'aime beaucoup son rôle pour cette raison. Malgré son pouvoir (qu'il n'utilise guère au final la plupart du temps), malgré son rang, il reste humble. Il ne va jamais rien faire qui puisse perturber, même de peu, l'Equilibre. Ainsi, s'il prend Arren avec lui, c'est bien parce qu'il a une petite idée en tête et qu'il sait qu'il a besoin de lui pour garder l'Equilibre sur l'archipel. On se doute d'ailleurs rapidement de l'idée. Or l'autrice lâche l'information une fois et puis fait en sorte que nous l'oublions quelque peu. Et du coup, on se doute qu'Arren a un destin plus grand qu'il ne le pense mais on se pose quand même deux trois questions. Surtout qu'autant le dire, j'ai un peu de mal avec le jeune homme. Oh, il n'est pas inintéressant, il a même de bons côtés, mais parfois, je l'ai trouvé agaçant. Après, face à un Ged qui ne dit pas grand chose, semble ne pas faire plus parfois, je pense que je comprends aussi Arren.

Mais je pardonnerai Arren au vue de son histoire. Parce que j'ai adoré suivre les deux hommes jusqu'à l'Ultime Rivage. J'ai adoré cette quête pour la vie et tout ce qui tourne autour. L'Ultime Rivage a quelque chose de très spirituel, peut-être même plus que les Tombeaux D'Atuan. Il parle de vie, de mort, d'immortalité, d'Equilibre. L'Ultime Rivage n'est d'ailleurs pas sur Terremer, c'est une métaphore pour ce qu'il se passe juste entre vie et mort (d'ailleurs, e suis persuadée que le mythe du dernier rivage existe bel et bien dans au moins une culture mais je n'en suis pas du tout sûre, ça dit quelque chose à quelqu'un ?)(ou alors, c'est carrément moi qui me fait des films ?). On comprend d'ailleurs pourquoi Ursula K LeGuin pensait arrêter là les aventures sur Terremer. Ce livre parle d'accepter la fin, que ce soit celle de la vie ou celle de certaine chose. Il le fait de manière douce et avec beaucoup d'émotion aussi. L'ambiance de l'Ultime Rivage est tout particulièrement pour cela. Si on pouvait se sentir parfois oppressé dans les Tombeaux, ici, on se sent souvent mélancolique et en même temps heureux. C'est étrange mais terriblement bien fait et prenant. 

J'aimerai beaucoup en dire plus sur l'Ultime Rivage mais je trouve que je divulgâche déjà pas mal et c'est plus particulièrement sur sa seconde moitié, voir juste le dernier tiers que j'aurais envie de discourir. Je ne le ferais pas, pour ne pas gâcher la lecture (ce qui est un peu dommage pour moi, vu que j'ai envie de parler, mais je vais me retenir un peu). Je vais donc finir ici mon avis sur l'Ultime Rivage. Il fait partie des livres de fantasy à lire, de ceux qui ne sont pas là pour montrer de la grosse bastonnade, mais plutôt pour mettre une ambiance en place, pour éblouir son lecteur. Il n'y a pas de guerre ici (pas plus que dans les précédents tomes) mais il y a des dragons, de la magie et un ennemi bien réel et surtout humain. C'est aussi l'une des forces d'Ursula K Le Guin dans ce cycle. L'ennemi n'est pas une force venue dont ne sait trop où pour faire régner le mal. Non, c'est un ennemi humain avec des ambitions nobles qui s'est finalement pas mal fourvoyé.

Je ne cesserai pas de conseiller de lire Terremer, que l'on soit adolescent (je pense qu'à partir d'une douzaine d'année, il est possible de le lire et surtout de comprendre) ou même adulte. Je regrette toujours de l'avoir découvert sur le tard. J'aime tellement l'ambiance et l'univers qu'à créer Ursula K. Le Guin sur cette série. J'ai hâte de pouvoir continuer ma découverte avec Tehanu et la seconde partie de Terremer.

vendredi 12 juillet 2019

Les Tombeaux d'Atuan, Intégrale de Terremer, Ursula K. Le Guin

Je continue ma redécouverte du monde d'Ursula K. Le Guin. Après le Sorcier de Terremer, me voilà dans le pays Kargue, plus précisément dans les Tombeaux d'Atuan. Une relecture dont je ne me souvenais que du labyrinthe, autant dire de pas grand chose et en même temps, peut-être du plus important pour ce que tout cela représente. Bref, ça a donné quoi, cette relecture ?

/!\ Je Divulgache un peu, beaucoup /!\

Les Tombeaux d'Atuan, Intégrale de Terremer, Ursula K. Le Guin

Editeur : Le livre de poche
Collection : /
Année de parution : 2018
titre en VO : Earthsea
Année de parution en VO : entre 1964 et 2001, plus précisément 1971 pour les Tombeaux d'Atuan
Nombre de pages : 1800

A lire si 
- Vous aimez la fantasy avec magie et dragon
- Vous aimez la mer
- Vous ne voulez pas de violence

A ne pas lire si 
- Vous vous attendez à quelque chose d'ultra violent
- Vous n'aimez pas les voyages initiatique

Présentation de l'éditeur : 

Terremer est un lieu magique et ensorcelé. Une mer immense recouverte d’un chapelet d’îles où les sorciers pratiquent la magie selon des règles très strictes. On y suit les aventures de Ged, un éleveur de chèvres qui, au terme d’une longue initiation, deviendra l’Archimage le plus puissant de Terremer, mais aussi celles de Tenar, haute prêtresse du temple des Innommables de l’île d'Atuan, de Tehanu, la fille-dragon, et de Aulne le sorcier qui refait chaque nuit le même rêve terrifiant. Autour de la grande histoire gravitent des contes qui enrichissent et explorent ce monde où enchanteurs et dragons se côtoient.

Mon avis

Après le Sorcier de Terremer, qui nous contait les début du jeune Ged, Ursula K. Le Guin décide de mettre en scène une jeune héroïne dans les îles Kargues qu'elle n'avait fait qu’effleurer durant le voyage du sorcier. C'est en partant donc d'une phrase presque anodine de la fin du premier tome qu'elle va lancer les Tombeaux d'Atuan. Ce que je trouve marrant, c'est qu'elle explique dans la post-face des Tombeaux (un truc vraiment sympa de cette intégrale, il y a une explication par l'autrice à chaque fin de tome), qu'elle n'avait jamais prévue de faire une suite à l'histoire de Ged. C'est surement pour cela qu'elle a pu se permettre de ne pas choisir le sorcier comme personnage principal même s'il finit par apparaître. Mais passons à l'histoire en elle-même et à son héroïne, la jeune Tenar.

La Première Prêtresse, seule prêtresse des Innommables, est immortelle. Elle se réincarne toujours. La nouvelle incarnation naît le jour de la mort de l'ancienne. A ses cinq ans, si tout va bien, elle est amené aux Tombeaux d'Atuan pour devenir Arha, la Dévorée. Nous suivons une nouvelle Arha dans son apprentissage (oui, c'est aussi un texte initiatique, mais ici le voyage n'est pas vraiment physique). Avec elle, nous allons découvrir le fonctionnement du Lieu. Si tout se passe pas trop mal pour elle, l'arrivée dans le Labyrinthe d'un sorcier va tout changer. Arha va se questionner sur ce qu'elle est, mais aussi sur les Innommables et ce qu'il se passe dans le Lieu. 

Comme je le disais en parenthèse, nous avons avons un récit initiatique. Celui d'une enfant qui se retrouve dès le départ avec du pouvoir. Un pouvoir sur les choses dont elle ne sait trop quoi faire. Bien qu'elle soit guidée au début de son histoire, personne ne sait réellement ce qu'est être Première Prêtresse. Elle le découvre souvent de manière brutale, sans avoir réellement le temps d'analyser ce qu'elle fait ou doit faire. Pourtant, la vie se déroule presque paisiblement dans le Lieu pour la jeune Arha. Elle n'aura à commander qu'une seule fois la mort de prisonniers du Dieu-Roi. Enfin, jusqu'à la mort de Thar, une prêtresse qui l'avait prise sous son aile, l'ascension à un pouvoir plus grand pour Kossil, l'autre prêtresse et surtout, l'arrivée d'un sorcier dans l'En dessous des Tombeaux. Ces trois événements vont amener Arha à réfléchir sur ce qu'elle est et surtout à comprendre quel est le pouvoir dont elle dispose vraiment. L'évolution de la jeune fille ne se fait pas d'un coup. Il lui faut du temps pour comprendre qu'elle peut tenir tête à son aînée, qu'elle peut décider par elle-même aussi. 

J'ai aimé le personnage d'Arha/Tenar pour son parcours. Elle qui semble si sûre de ses croyances, de son pouvoir, voit son univers perturber par l'arrivée d'une seule personne. Il lui faut du temps avant de remettre de l'ordre dans son esprit, avant même pouvoir ne serait-ce que faire confiance à Ged (oui, parce que c'est bien lui le sorcier qui débarque dans son univers). Tout ne se fait pas d'un claquement de doigts. Elle doit mettre de côté tout ce qu'elle sait ou pense savoir depuis sa naissance. J'aime voir le doute s'insinuait et puis la manière dont Ged arrive à la convaincre que ce qu'elle croit n'est pas faux, mais pas vraiment vrai non plus. D'ailleurs, j'apprécie assez le début de rôle de mentor du sorcier.

Mais surtout j'ai aimé qu'il n'y est pas qu'elle qui est besoin de lui pour s'en sortir. Ged a tout autant besoin de Tenar pour rester en vie qu'elle a besoin de lui. Il y a un équilibre appréciable qui se joue entre les deux. Aucun n'est plus fort que l'autre, aucun n'a le dessus. On ne retrouve aucun rapport de force entre eux, pas même, finalement, lorsqu'elle le tient presque à sa merci. C'est quelque chose d'assez rare pour être signalé. Ce n'est pas à proprement parlé une partie féministe du texte (tout comme pour le premier tome, Ursula K. Le Guin n'a pas écrit un texte à vocation féministe à la base) mais on sent un petit quelque chose qui fait bien plaisir quand même (parce qu'avouons que finalement, un roman où le protagoniste a besoin de la protagoniste pour ne survivre et où l'inverse est aussi vrai n'est pas fréquent (on retrouve quand même bien souvent le prota qui sauve la prota, rarement l'inverse, encore moins les deux se sauvant mutuellement).

Et je me rends soudain compte que j'ai failli ne pas parler des Labyrinthes (plus ça va, plus il me faut du temps pour écrire mes avis et du coup, j'oublie des choses)(en vrai, je fais vingt choses en même temps et du coup, ben, il me faut une journée entière pour écrire tout ça). Bref, le Labyrinthe, c'était la seule chose dont je me souvenais vraiment parfaitement dans le livre. En fait, pour moi (c'est important, le pour moi ici, je le rappelle), il représente un peu les méandres de l'esprit de Tenar. Tant qu'elle y va, qu'elle les découvre, elle est perdue. Elle ne sait pas totalement qui elle est, ni même finalement ce qu'elle doit faire. Les Innommables font en sorte qu'elle se perde dans son propre esprit plutôt que physiquement (elle est capable d'aller d'une pièce à 'autre sans problème). C'est une allégorie de ce qu'elle ressent. D'ailleurs, sa fuite du Lieu et du Labyrinthe coïncide avec le moment où elle décide d'être Tenar et non la Dévorée et où elle voit plus clair. Elle est encore un peu perdue mais un chemin se profile devant elle, un chemin qui semble plus lumineux que ce qu'elle a vécu jusque là (oui, alors, les livres de Terremer ont une légère tendance à me faire partir sur des réflexions quelque peu philosophique, j'ai l'impression).

Au final, j'ai aimé ce roman, peut-être même un peu plus que son prédécesseur. Disons qu'il me parle un peu plus que le Sorcier. L'univers est toujours aussi fascinant pour moi et j'espère que lorsqu'elle aimera un peu plus lire, je pourrais laisser cette intégrale à mini-moi (mais ça devrait surement attendre encore deux ou trois ans quand même). D'ailleurs, en parlant d'intégrale, si j'adore lire et relire Terremer, je dois avouer que parfois, c'est un peu déprimant de ne pas avoir l'impression d'avancer dedans (là par exemple, d'après Livraddict, je ne suis même pas à 25% du livre). Mais heureusement que la sensation passe vite tant il est agréable de bouquiner dedans.