Je me rattaque à Terremer, cinq ans plus tard. La première fois, j'ai lu le Sorcier de Terremer, Les Tombeaux d'Atuan et l'Ultime Rivage en numérique (et un seul tome)(et mon avis était, comme dire, plutôt light sur trois bouquins aussi important de la fantasy de notre époque). Comme ma mémoire est parfois défaillante (et que j'avais envie d'offrir plus que ce premier avis aux trois romans), j'ai décidé de tout relire grace à mon cadeau d'anniversaire de moi à moi, l'intégrale papier de Terremer. Et comme il y a beaucoup de textes dedans, je vais chroniquer les romans un par un. Et on commence avec le début, Le Sorcier de Terremer donc.
Le Sorcier de Terremer, Intégrale de Terremer, Ursula K. le Guin
Editeur : Le livre de poche
Collection : /
Année de parution : 2018
titre en VO : Earthsea
Année de parution en VO : entre 1964 et 2001, plus précisément 1964 pour le Sorcier de Terremer
Nombre de pages : 1800
A lire si
- Vous aimez la fantasy avec magie et dragon
- Vous aimez la mer
- Vous ne voulez pas de violence
A ne pas lire si
- Vous vous attendez à quelque chose d'ultra violent
- Vous n'aimez pas les voyages iniatique
Présentation de l'éditeur :
Terremer est un lieu magique et ensorcelé. Une mer immense recouverte d’un chapelet d’îles où les sorciers pratiquent la magie selon des règles très strictes. On y suit les aventures de Ged, un éleveur de chèvres qui, au terme d’une longue initiation, deviendra l’Archimage le plus puissant de Terremer, mais aussi celles de Tenar, haute prêtresse du temple des Innommables de l’île d'Atuan, de Tehanu, la fille-dragon, et de Aulne le sorcier qui refait chaque nuit le même rêve terrifiant. Autour de la grande histoire gravitent des contes qui enrichissent et explorent ce monde où enchanteurs et dragons se côtoient.
Mon avis
Avant de chroniquer le Sorcier de Terremer, on va parler de toute l’intégrale (comme ça, c'est fait).
Elle est belle cette intégrale en poche. Mais vraiment. Sa couverture est magnigique et l'intérieur, avec les illustrations de Charles Vess l'est tout autant. Il est agréable de trouver un illustrateur qui a sur rendre leurs couleurs aux personnages. C'est d'ailleurs un point sur lequel revient Ursula K. Le Guin dans la préface ou encore la postface du Sorcier, ses personnages ne sont pas blancs (on va revenir sur ce point un peu plus tard) et, point important vu l'univers, une carte (j'aime les cartes, j'apprécie pouvoir suivre le trajet des héros dessus)(j'étais à deux doigts de prendre un crayon et de tracer celui de Ged durant ma lecture). Son plus gros problème à cette intégrale, ce sont ses pages. Elles sont ultra fines et très lisses. Au toucher, elles sont super agréables (si on oublie que je me suis déjà taillée deux fois avec) par contre, elles sont chiantes à se coller souvent les unes contre les autres. Une fois qu'on le sait, c'est pas dérangeant mais des fois, il m'a fallu un bon moment pour avoir la bonne page. Il n'empêche que ça reste un bel objet pas si lourd que ça (vu que les pages sont fines d'ailleurs) pour ces 1800 pages (plus grosse intégrale poche de la maison, et je crois aussi plus gros livres tout court). Maintenant que c'est fait, passons au premier roman de cette intégrale, Le Sorcier de Terremer.
Je n'ai gardé que de vagues souvenir de ma première lecture, surtout parce que je l'ai lu sur mon téléphone à l'heure du café du matin, je pense. J'avais gardé en tête celui du cheminement de son héros, quelques passages et le dénouement à peu prés. C'est peu et beaucoup en même temps, vous me direz. Bon, en même temps, comme j'aime bien relire certains bouquins (et lui va faire parti de ceux que je relirais encore et encore), ça ne me dérange jamais beaucoup.
Le Sorcier de Terremer raconte la jeunesse de celui qui deviendra par la suite l'Archimage et qu'une geste soit écrite sur lui. Ged est fils de forgeron sur l'île de Gont. Rapidement, il se montre curieux mais surtout il montre des aptitudes à la magie. Assez pour sauver son village d'envahisseur et devenir par la suite l'apprenti du mage Ogion. Voulant en apprendre toujours plus et plus vite, Ged part pour Roke avec l'autorisation de son maître. Là-bas, il va gagner en pouvoir. Trop sûr de lui, il va libérer une ombre dangereuse lors d'un défi avec un autre élève. Pour pouvoir continuer à vivre, il va devoir affronter l'ombre. Commence alors pour lui un véritable voyage initiatique qui va le mener dans presque tout Terremer.
Le livre est une commande faite à l'autrice en jeunesse. Il est d'ailleurs souvent classé dans ce rayon-là. Je trouve qu'il est dommage de le cantonner à ce rayon. Il fait parti de ces romans qui peuvent être lu par tous, enfants comme adultes. Je lui trouve plusieurs niveaux d'interprétations. La première, c'est bien le voyage iniatique de Ged, celui qui va rythmer tout le roman. Il a porté jeunesse parce qu'il concerne un Ged assez jeune. D'ailleurs, la partie "école des sorciers" fera forcément pensé à HP (enfin, plutôt l'inverse du coup d'ailleurs vu les dates d'écriture). En temps qu'adulte, j'y vois autre chose qu'un simple voyage initiatique. Le fait que Ged parte afin de combattre son ombre a quelque chose d'assez ésotérique je trouve, de psychologique aussi. C'est pour se découvrir lui-même qu'il doit battre son ombre. Du coup, le voyage prend une autre tournure, cette fois plus adulte, je trouve. Que la magie de Terremer utilise le nom des choses, le vrai nom, me fait encore plus penser à ce parcours pour se connaitre soi avant tout, avec nos forces et nos faiblesses.
Si j'apprécie ces deux niveaux de lecture, j'aime beaucoup le simple fait que ce soit de la fantasy. Je veux dire qu'on trouve ici de la magie, des dragons, des paysages inconnus. Quant je lis le Sorcier de Terremer, je suis emportée ailleurs, dans les îles qui peuplent cet univers. Tout me parait presque réel. C'est une véritable invitation au voyage que ce livre. Et surtout (et ça va vous paraître étrange après des années à dire le contraire) j’apprécie beaucoup qu'il n'y a pas de violence, pas d'intrigues sanglantes, pas de complots. On se concentre vraiment sur l'homme, son environnement, son voyage, pas sur une violence qui serait mal placée par ici.
Enfin, il est plus qu'appréciable que les personnages ne soient pas blancs. C'est un point qui était passé un peu inaperçu lors de ma première lecture. C'est marrant parce que depuis que je connais Ged, je le vois comme un polynésien. Il est vrai que les couleurs de peaux ne sont pas un élément dit et redit dans le roman. Pourtant, beaucoup ont du mal à voir Ged et ses compatriotes avec un teint foncé, plutôt cuivré d'ailleurs à cause des illustrations de couverture. J'en parle là, mais il semble que ce soit un vrai gros problème. Pour être vendeuse, la couverture doit montrer quelque chose de vendeur, de "beau". Dans le cas du Sorcier, il a longtemps été question de faire une illustration d'un homme blanc sur la couverture. Voire de prendre un acteur blanc pour l'adaptation en film. C'est particulièrement dommage puisque je trouve que du coup, on perd beaucoup à blanchir Ged. A l'époque, la représentativité était le cadet des soucis de beaucoup et Ursula K. Le Guin donnait naissance à un héros à la peau cuivrée dont le meilleur ami est noir. C'était une avancé dans la diversité et elle ne serait pas la seule de l'autrice (son féminisme n'est pas encore tout à fait là par exemple, elle le dit elle-même, le Sorcier est de la pure fantasy de son époque mettant forcément en avant un homme).
Au final, j'aime beaucoup le Sorcier de Terremer pour tout ça. Parce qu'il permet de voyage, parce qu'il permet de découvrir son héros mais aussi soi-même, parce qu'il me parle, parce que Terremer me parait presque réel. Alors oui, il peut paraître simple parfois, oui, c'est un voyage initiatique comme on peut en lire d'autre. Mais il a ce petit plus qui fait qu'il marque les esprits des jeunes et des moins jeunes. Si vous n'avez pas encore eu l'occasion de le lire, allez-y. Il n'est pas très long et il vaut le coup.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire