mercredi 29 juin 2016

La Langue du Silence, Au delà de l'Oraison, tome 1, Samantha Bailly

J'ai lu l'année dernière les Stagiaires de l'autrice. Un livre de littérature blanche bien loin de la fantasy. Mais Samantha Bailly a plus d'un tour dans son sac et elle s'est attaquée à pas mal de genre jusque là. La Langue du Silence est son premier roman, c'est de la fantasy et autant le dire de suite, c'est plutôt sympa à lire.

La Langue du Silence, Au delà de l'Oraison, tome 1, Samantha Bailly

Editeur : Bragelonne
Collection : fantasy
Année de parution : 2013
format : epub

A lire si :
- Vous voulez de la fantasy plutôt classique
- Vous voulez une histoire de famille
- Vous voulez quelques complots

A ne pas lire si :
- Vous n'aimez pas les voyages initiatiques
- Vous voulez des personnages principaux tous masculins

Présentation de l'éditeur : 


Mylianne Manérian est une jeune fille sans histoire. Alors pourquoi est-elle retrouvée morte dans une ruelle lugubre? De l’avis général, c’est l’œuvre des clans, ces rebelles qui menacent la paix du royaume.
Les deux sœurs de la défunte, Aileen et Noony ne se satisfont pourtant pas de cette explication.
Aileen, envahie par la haine, est prête à tout pour venger sa cadette au risque de se trouver mêlée à des intrigues qui la dépassent.
Noony, quant à elle, se révolte en apprenant que leur royaume projette d’envahir Rouge-Terre, un continent voisin, quitte à faire des milliers de victimes.
Au milieu de l’indifférence générale – la mort est une généreuse source de revenu – les deux sœurs vont tenter de stopper les conflits et de révéler au grand jour les manipulations de leurs dirigeants.


Mon avis

Les tous premiers romans, c'est toujours quelque chose de particulier. L'auteur essaie de trouver sa voix, il a toujours plein plein d'idée et parfois il se perd. On trouve dans les premiers romans des choses qu'on déteste parfois, des approximations... Surtout lorsqu'on a pu lire un roman plus récent avant. Et puis, parfois, on trouve des choses vraiment sympas, une vision d'un style différente, des mélanges de genre... La langue du Silence, pour moi, c'est un peu de tout ça.

L'univers d'Au delà de l'Oraison est un univers fantasy qui se révèlent riche. Samantha Bailly utilise les points communs à tout univers fantasy (royaume en guerre, héros qui se découvrent, parcours initiatique) tout en inventant son propre monde. Ici, la particularité, c'est bien sûr la religion, que se soit l'astrascisme d'Heldérion, basé sur les étoiles et les cérémonies d'oraison, pays d'origine des deux héroïnes ou les Signes, religion fondée sur la nature, des Terre-Rouges. Je le dis directement, lorsque la religion se mélange si étroitement au gouvernement, l'Astrascan étant à la fois le chef spirituel mais aussi le chef du gouvernement, je suis forcément ravie, ça annonce souvent du lourd, de la guerre de religion, du bon gros complot. Bref, tout ce que j'aime. Et effectivement, pour un premier roman, l'autrice avait vu complexe. Une complexité qui souffre justement de "l'inexpérience" de l'autrice à ce moment-là. Parfois, c'est brouillon, ça part en tout sens et ça se perd. Et en même temps, ça fonctionne pourtant, Bailly réussissant à rattraper les erreurs du tout début. Ainsi, si j'aurais préféré que certains intermèdes, donnant trop d'indication n'existent pas (ou plus tard), d'autres sont vraiment utiles pour comprendre ce qu'il se passe réellement. Il n'empêche que cela lui permet aussi d'aborder des thèmes intéressants comme la mort et le deuil, mais aussi la religion, le fanatisme, les expérimentations, le mercantilisme de la religion et de la guerre, leur absurdité lorsque tout cela est poussé au plus haut point ou le choc des cultures, et que c'est plutôt bien foutu.

Il en va de même pour les personnages. Les deux héroïnes, Aileen et Noony sont quelques peu stéréotypées au départ. On trouve de gentilles jeunes filles, bien élevées, qui écoutent bien les adultes... Et puis, la mort de leur petite sœur et la déclaration subite de guerre va les transformer toutes les deux. Si elles gagnent en profondeur, chacune de leur côté, elles restent des héroïnes de fantasy classique. Mais une fois encore, ce défaut est rapidement oublié par leur histoire respective et la manière dont elles avancent. J'aime la manière dont les deux histoires semblent différentes (quête de vengeance pour Aileen, tenter d'arrêter la guerre pour Noony) et qui ne se croisent pas vont finalement se rejoindre. J'aime aussi la manière dont les filles évoluent, car rien ne reste bien manichéen avec elles. Bien sûr, j'ai une petite préférence pour l'une d'elle mais pour tout dire, les deux sont passionnantes. Les personnages qui les entourent sont eux-aussi passionnant. Alexian, le jeune homme de Terre-Rouge, espion de son état, qui va accompagner Noony me rappelle en un certain sens Fitz (l'assassin royal) plus particulièrement à cause de son lien avec son lynx. Un lynx qui n'a pas la langue dans sa poche comme Oeil de Nuit. Alors, oui parfois, cette ressemblance m'a ennuyée, mais au final, les deux sont bien caractérisé et j'avoue adoré Alexian. Il y a aussi Laï-Mune, sorte de shamane dont le passé est particulièrement intéressant et qui complète parfaitement le duo. Côté Aileen, on trouve Orius, le chef-veilleur enquêtant sur le meurtre de Mylianne, qui ne lâche rien malgré les dangers et qui parfois est pour moi un peu trop droit dans ses bottes. Il y a aussi Murmure, le fantôme jaloux de tout homme s'approchant d'elle ou encore Heptiel, ancien amoureux de Noony, fils naturel de l'Astrascan qui je suppose va nous réserver bien des surprises. Mais si ces personnages sont plutôt bien foutus, les secondaires sont bien trop secondaires à mon gout. 

Enfin, au niveau du style, Samantha Bailly fait quelques erreurs, quelques répétitions, mais là non plus rien de grave. Je trouve d'ailleurs qu'elle avait déjà bien trouvé sa voix d'autrice. Tout se lit particulièrement bien, même les petits entêtes des chapitres offrant une autre vues de certains point abordé (sauf que je retrouve encore une fois la patte Hobb puisque c'est chez elle que j'avais vu ça en premier). 

Au final, La Langue du Silence est un roman fantasy intéressant qui se lit bien et qui donne envie de connaitre la suite. J'ai apprécié découvrir cet univers-là et j'ai hâte de pouvoir lire la suite. Et si je ne savais pas que Samantha Bailly était une autrice plus que prometteuse et bien confirmée à présent, je l'aurais dit.  


mardi 28 juin 2016

La Morte Amoureuse suivi d'une Nuit de Cléopâtre, Théophile Gautier

J'avais envie de lire quelque chose de court. Je me suis penchée sur les quelques Librio qui traînent sur mes étagères et j'en ai sorti ces deux nouvelles de Théophile Gautier, auteur reconnu pour son fantastique gothique et romantique. 

La Morte Amoureuse suivi d'une Nuit de Cléopâtre, Théophile Gautier

Edition : Librio
Collection : Imaginaire
Année de parution : 2003 (1836 dans le recueil Une larme du Diable)
Nombre de pages : 90

A lire si :
- Vous voulez de la lecture rapide mais pas forcément facile
- Vous voulez du romantisme teinté de gothique ou d'orientalisme

A ne pas lire si :
- Vous voulez des nouvelles avec beaucoup d'action
- Vous voulez des nouvelles horrifiques

Présentation de l'éditeur 

Peut-on être prêtre et amoureux? Peut-on aimer la nuit et prêcher le jour Questions bien embarrassantes... Surtout quand les réponses s'avèrent positives...
Ajoutez-y une pincée de fantôme. Secouez. Et vous voici dans une mystérieuse histoire d'amour! Mais rassurez-vous, il ne s'agit que d'un rêve... et d'ailleurs, Clarimonde, la belle courtisane, est morte depuis si longtemps...
Mais au fait, que vient-elle faire dans ce présent? Pourquoi trouble-t-elle encore les vivants? Prenez garde, âme pure, de ne pas succomber aux charmes de cette immortelle! La beauté dissimule parfois de puissants venins...

Mon avis

La Morte Amoureuse fait partie de ces nouvelles qu'on aimerait tous lire pour voir un peu ce que ça donnait au début d'un genre, surtout qu'il est écrit par un des auteurs qui fit beaucoup pour le fantastique à son époque. Forcément, en la lisant quelques 180 ans plus tard, on peut lui reprocher pas mal de chose, surtout à la vue des nouvelles d'auteurs plus contemporains. 

Dans cette première nouvelle de ce Librio, nous suivons un prêtre nous racontant comment, alors qu'il vient d'être ordonner, il va rencontrer Clarimonde, jeune courtisane qui va lui faire tourner la tête. Tomber amoureux de la femme dans l'église, il a bien du mal à l'éloigner de son esprit. Encore plus lorsqu'elle réapparaît, quelques temps plus part pour mieux mourir. Or, toutes les nuits, elle l’entraîne avec elle à Venise. Le rêve se confond avec la réalité, Romuald ne sait plus s'il est réellement le prêtre ou le jeune seigneur. 

Gautier embarque directement le lecteur dans son univers. Un univers plein de couleur, de senteur, un tableau vivant. On entre dedans avec une facilité extrême. La poésie de l'écriture aide aussi beaucoup et si parfois, les phrases ou les mots nous semblent bien vieillottes, cela ne gène pas vraiment, tant c'est beau à lire. L'auteur nous offre donc un tableau, un tableau éblouissant qu'aucune peur n'entache. C'est assez rafraîchissant d'avoir du fantastique non horrifique malgré le thème. Parce que, à n'en pas douter, Clarimonde, la belle courtisane, est une vampire. Mais pas comme nous avons l'habitude de les voir. Elle n'a pas cette extrême soif de sang. Par contre, elle en a doute la sexualité, la sensualité, ce qui cause la perde de Romuald, incapable d'y faire face et de la combattre. D'ailleurs, il lui faudra une intervention externe pour comprendre réellement ce qu'il se passe. 

La Morte Amoureuse fait partie de ces nouvelles dont l'ambiance, mais aussi la construction rappelle assez le fantastique gothique (alors que vu la période, elle se classerait plutôt au début du fantastique contemporain). On comprend pourquoi elle est importante pour le genre à sa lecture et surtout à quel point elle a pu être un modèle pour beaucoup. C'est une nouvelle que j'ai particulièrement apprécié, pas forcément par son thème, mais surtout par son écriture, la poésie qui s'en dégage.

Suite à cette nouvelle, on retrouve une autre nouvelle tirée du même recueil d'origine. Une Nuit de Cléopâtre n'a pourtant pas grand chose à voir avec la Morte Amoureuse au niveaux du style. Si la première nous était conté par Romuald, la seconde l'est par un narrateur omniscient. L'atmosphère de la nouvelle change alors et pas seulement parce qu'elle se déroule en Egypte. Le narrateur voit tout, sait tout et parfois use d'un tout petit peu d'humour.Généralement, j'ai un peu de mal avec ce type de narration, mais là, ça passe assez avec moi.

Là où j'ai eu un peu plus de mal, c'est dans les longues descriptions de l'environnement. Oui, c'est beau, on se croyait dans un tableau mais alors ça prend trop de place et ça ralenti énormément le rythme. Il en va de même pour les longs monologues de Cléopâtre, où la reine se plaint, se plaint et se plaint encore de son ennuie. Du coup, j'avoue qu'elle m'est apparue clairement insupportable. Tout comme le jeune homme amoureux d'elle qui va se faire prendre alors qu'il la reluque dans son bain et à qui elle va offrir une nuit d'orgie (oui enfin, on le suppose, c'est pas non plus ultra détaillé), parce qu'elle a le caprice d'être clémente. 

Une Nuit de Cléopâtre m'a beaucoup moins plus que la Morte Amoureuse du coup. Je l'ai trouvé bien trop longue pour pas grand chose au final et j'ai eu beaucoup de mal avec son personnage principal. Pourtant, les deux nouvelles ont des points communs, comme la dangerosité de la femme et de l'amour que l'on peut lui porter. C'est d'ailleurs pour cela qu'elles sont regroupées dans ce Librio. Malheureusement, l'une est bien meilleure que l'autre et c'est dommage que ce soit la plus longue en dernier... Il n'en reste pas moins que les deux nouvelles se lisent rapidement et qu'elles ont chacune leur charme (moins présent pour une...).

lundi 27 juin 2016

Le Chevalier, Haut-Royaume, tome 1, Pierre Pevel

Alors que commence aujourd'hui la Grosse OP de Bragelonne (qui va bien faire gonfler ma PAL numérique (déjà cinq livres en plus pour cette première journée)), je continue à lire les bouquins achetés pendant l'opération 1000k. Il n'y a pas à dire avec Bragelonne/Milady/Castelmore, je ne suis jamais à court de numérique. 

Le Chevalier, Haut-Royaume, tome 1, Pierre Pevel

Editeur : Bragelonne
Collection : Fantasy
Année de parution : 2013
Format : epub

A lire si :
- Vous voulez de la fantasy médiévale
- Vous voulez un héros pour le moins torturé

A ne pas lire si :
- Vous voulez quelque chose de très original

Présentation de l'éditeur : 

Un homme, un royaume, un destin. Il avait nom Lorn Askariàn. Certains disent que le malheur arriva par lui et d'autres qu'il fut celui par qui tout fut sauvé. Dans ses veines coulait le sang noir des héros condamnés. Le Haut-Royaume connaît sa période la plus sombre. Le roi est affaibli et la rébellion gronde aux frontières du territoire. En dernier recours, le souverain libère Lorn de ses geôles et le nomme Chevalier du Trône d’Onyx, chargé de protéger l’autorité royale. Héros valeureux et juste, Lorn est une figure d’espoir pour le peuple, mais il poursuit également un but secret : retrouver ceux qui l’ont maintenu en captivité, les uns après les autres… et leur faire sentir le goût de la vengeance.

Mon avis

J'aime beaucoup Pierre Pevel. J'aime beaucoup quand il reprend des périodes et des événements de notre Histoire pour les mettre à la sauce fantastique (les Lames du Cardinal ou Le Paris des Merveilles). Il fallait donc que je m'attaque à sa fantasy dans un monde créé de toute pièce. C'est ainsi que le diptyque du Haut-Royaume est venu rejoindre ma PAL. 

Bienvenu au Haut-Royaume, l'un des plus puissant royaumes. Enfin...puissant... Depuis que le Haut-Roi se fait vieux et qu'il s'est enfermé dans sa Citadelle, la reine Celyane a pris les rênes et sa politique ne semble pas à la hauteur. Pour contrer son épouse et sauver l'honneur de son pays, le Haut-Roi rappelle à lui Lorn, chevalier qu'il a lui-même envoyé dans la pire des prisons trois ans plus tôt. Il pourrait bien être le seul à sauver le royaume. Mais à quel prix ? Car si Lorn va faire de son mieux pour sauver le pays, il va aussi devoir réapprendre à être, marqué comme il est par l'Obscure et ses envies de vengeance.

Comme je le disais, c'est la première fois que je m'attaque à un monde créé de toute pièce par Pevel. Son univers n'est pas forcément ultra original en fantasy, il reste cohérent et plaisant. Il use des grandes lignes du genre pour son univers et y ajoute son originalité à lui, des choses que l'on a d'ailleurs déjà pu voir dans d'autres de ses séries (les drac, les dragons, les vyvernes par exemple). Le tout se tient parfaitement et surtout devient un décors fort sympathiques pour les aventures de ses personnages, le point fort de l'auteur. 

On commence par Lorn, le chevalier déchu qui va reprendre du service. C'est un personnage comme je peux les apprécier, avec pas mal de zone d'ombre. Son séjour en prison l'a beaucoup transformé et pas seulement parce qu'il a été marqué par l'Obscure, une force dont on ne connait pas grand chose si ce n'est qu'elle rend fou la plupart des hommes et semble maléfique. Il a perdu une partie de son humanité et du coup parait souvent plus que froid. Pire encore, il arrive très souvent qu'on ne comprenne pas vraiment ses motivations. A côté de lui, on trouve le prince Alan, second fils du Haut-Roi. A l'inverse de Lorn, s'est un personnage très solaire mais lui aussi cache sa part d'ombre. Ancien junkie pas forcément guéri et qui supporte mal ce que la cour du Haut-Royaume est devenue, il est bien plus complexe qu'on ne le pense au premier abord. On retrouve d'autres grands du royaume, le Haut-Roi, malade, peut-être fou, la reine Celyane qui veut prendre les rênes du royaume et devenir une reine de légende (mais qui n'y arrive pas vraiment), le premier ministre corrompu. Des rôles qui semblent clichés mais qui ne le sont pas forcément. Il y a aussi Enzio, l'autre ami de Lorn qui pour l'instant reste un peu dans l'ombre. Pour les personnages secondaires, nombreux, on trouve un peu de tout, du bon et du moins bon mais la plupart sont plutôt pas mal caractérisé. Pevel a toujours su crée des personnages intéressants et c'est toujours le cas ici. 

Tout comme il a toujours réussi à créer des intrigues qui ne laissent pas le lecteur indifférent. Si celle de ce premier tome semble de prime abord pas forcément ultra originale (sur de la fantasy médiévale, ça commence à devenir dur de trouver l'idée qui le sera), elle n'en reste pas moins palpitante. Surtout qu'elle peut se découper en plusieurs petites intrigues, toutes reliées les unes aux autres. Ainsi, si l'on peut se demander pourquoi Lorn se prend la tête avec le chef de la milice lorsqu'il s'installe à Oriale, la capitale, ou encore pourquoi il va faire ami-ami avec Téogen, dont le territoire abrite les meilleures vyvernes, rien n'est vraiment laissé au hasard. Tout fini par se regrouper pour soit faire avancer l'histoire soit nous faire comprendre quel homme est devenu et va devenir Lorn. Et puis, pour mon plus grand plaisir, les complots, militaires et politiques, sont extrêmement présent. 

Au final, ce premier tome est bon. Je n'ai pas trouvé le même engouement que pour les premiers tomes des Lames du Cardinal ou du Paris des Merveilles, mais je me suis tout de même bien régalée à le lire. Pevel a fait du bon travail et j'ai hâte de pouvoir lire la suite et voir jusqu'où Lorn peut aller.

lundi 13 juin 2016

Le Vieil Homme et la Mer, Ernest Hemingway

Quand on parle classique américain, livre à lire à tout prix, le Vieil Homme et la Mer revient régulièrement. Et moi, ça faisait un petit moment que je voulais découvrir ce roman, dont beaucoup parle en bien, qui changerait même des vies entières. C'est donc avec une certaine appréhension que je me suis lancée.

Le Vieil Homme et la Mer, Ernest Hemingway

Editeur : Folio
Collection : /
Année de parution : 2012 pour cette édition
Titre en VO : The Old Man and the Sea
Année d'édition en VO : 1952
Nombre de pages : 148

A lire si :
- Vous voulez une lecture calme
- Vous aimez les monologues
- Vous voulez un peu de philosophie

A ne pas lire si :
- Vous voulez de la grande aventure
- Vous voulez un rythme effréné

Présentation de l'éditeur : 

Le roman met en scène deux personnages principaux : Santiago, un vieux pêcheur pauvre, et Manolin, jeune garçon tendre. L’histoire se déroule à Cuba, dans un petit port près du Gulf Stream.
Manolin accompagne Santiago à la pêche, mais ils n’ont rien pris depuis 84 jours. Les parents de Manolin qui trouvent que Santiago est « salao » ou « salado », c'est-à-dire malchanceux, décident qu’il embarquera sur un autre bateau, celui-ci ramène en effet trois grosses prises en une semaine!
Chaque soir Manolin voit le vieux revenir bredouille, cela lui cause une grande tristesse, il l’aide à remonter la barque, les lignes et le harpon. La voile, usée et rapiécée, roulée autour du mât, figure le drapeau en berne de la défaite. Le jeune garçon lui trouve de quoi manger et prend soin de lui, il a peur de le voir « partir », il n’est pas question de pitié, mais d’amour et de respect.

Mon avis

J'ai essayé le plus possible de ne lire aucun avis sur ce court roman avant de me faire mon propre avis dessus. J'ai évité les blogs, les critiques, tout ce qui pouvait venir mettre son grain de sel. L'envie de vraiment découvrir un livre ayant déjà plus d'un demi-siècle comme si finalement il n'était sorti que hier. Je m'y suis d'ailleurs tenue, pour une fois. 

L'histoire du roman est celle d'un vieux pêcheur de la Havane, Santiago. Depuis 84 jours, il n'a pas de veine et ne pêche plus rien. A tel point qu'il perd son apprenti, placé ailleurs par ses parents. Au 85ième jour, le vieux sort seul en mer à la recherche du poisson qui lui permettra de retrouver sa chance. C'est ainsi que ferrant un espadon, il va se battre contre lui afin de le ramener au port. 

Commençons par ce qui pourrait fâcher pas mal de lecteur. Putain, c'est long, c'est lent. 148 pages où il ne se passe presque rien. Enfin, non, j'exagère. Des choses, il s'en passe, le problème c'est juste que niveau action, il n'y a pas grand chose. C'est un roman très calme dans les faits et gestes. Même le combat entre l'homme et le poisson est lent. La plume de Hemingway n'est en rien poétique, le roman est écrit dans un langage commun, presque pauvre, ce qui n'arrange pas vraiment l'impression de lenteur sur le coup. C'est marrant, je m'attendais vraiment à un texte recherché. Là, j'ai des phrases fort simples et des dialogues qui le sont tout autant. Et le tout donne finalement une lecture qui peut rapidement en décourager beaucoup surtout vu l'aura autour du texte. En fait, pour l'apprécier, il faut passer outre le manque d'action, les dialogues trop nombreux et parfois intéressants au premier abord et le style.

Le vieil homme et la mer tient finalement plus du conte philosophique et c'est, je pense, ainsi qu'il faut le lire. L'histoire, c'est d'abord l'amitié entre le vieux et le gamin. Une belle amitié, nourrie des deux côtés, une amitié sans arrière pensée, basée sur la confiance et la transmission de savoir, entre deux personnages qui finalement se ressemblent assez. C'est aussi le combat de l'homme contre la fatalité. Le vieux n'a pas de chance, il part pour contrer cette sorte de malédiction. Il prend son destin en main. Ce qu'il entreprend n'est pas forcément au dessus des forces, c'est d'ailleurs son travail quotidien. Juste qu'il veut le faire jusqu'au bout et bien. Alors, oui, il va réussir à attraper son espadon, au prix de pas mal d'effort (il est vieux, l'espadon ne se laisse pas faire, ça va durer presque trois jours et trois nuits...). C'est après que ça se guette pour lui. Mais s'il ne réussit pas à sauver sa prise des requins, ce n'est pas pour autant qu'il n'aura pas battu sa malchance, la fatalité. Le livre, c'est une leçon de courage, celui d'aller jusqu'au bout, même quand on pense avoir perdu. C'est en ça qu'il est bon. 

Au final, le roman m'a plu. J'y ai trouvé des défauts, une lenteur peut-être un peu trop exagérée mais un discours qui tient la route. Ce n'est certes pas le chef d'oeuvre auquel je m'attendais, mais ce n'est pas non plus un mauvais livre, loin de là.

Sorcières Associées, Alex Evans

J'ai découvert Alex Evans il y a un petit moment déjà (en 2014). J'avais beaucoup aimé ce que j'avais lu d'elle à l'époque, que ce soit La Chasseuse de Livres ou encore La Machine de Léandre. Cette fois, c'est un livre autoédité qui m’intéresse, Sorcières Associées qui se passe dans le même univers que les deux autres.

Sorcières Associées, Alex Evans

Editeur : Autoédité
Collection : /
Année de parution : 2015
format : AZW

A lire si :
- Vous avez lu et apprécié La Chasseuse de Livres et La Machien de Léandre (mais ce n'est pas une obligation)
- Vous voulez du Steampunk
- Vous voulez une histoire bien ficellée

A ne pas lire si :
- Vous voulez quelque chose de très long
- Vous n'aimez pas avoir deux narrateurs

Présentation de l'éditeur : 

Envoûtement de vampire, sabotage de zombies et invasion de gremlins font partie du quotidien du cabinet Amrithar et Murali, sorcières associées. Dans la cité plusieurs fois millénaire de Jarta, où la magie refait surface à tous les coins de rues, les maisons closes sont tenues par des succubes et les cimetières grouillent de goules, ce n'est pas le travail qui manque! Mais tous vous le diront: les créatures de l'ombre ne sont pas les plus dangereuses?

Mon avis

Comme je le disais plus haut, j'avais beaucoup aimé La Chasseuse de Livres et La Machine de Léandre de l'autrice, parus tous les deux chez Walrus. Les deux histoires prenaient place dans un même univers tout en étant bien différentes l'une de l'autre. Alex Evans n'a pas quitté son univers et a continué à écrire dessus. Par contre, pour ceux qui se demandent, il n'est pas obligé d'avoir lu les deux premiers pour lire celui-ci. L'univers est bien le même (et l'on retrouve un personnage de la Chasseuse de Livres dans un petit rôle) mais tout est clairement expliqué pour ne pas être perdu.

Bienvenu à Jarta, ville ressemblant à une Singapour de 1900. Ici, tout se vend, tout se monnaie. La ville est aussi envahi par les créatures magiques et l'on en croise régulièrement. C'est là, dans ce domaine fait de luxure et d'argent, à l'histoire ancienne et riche, que vivent Tanit et Padmé, deux sorcières. Elles ont crée leur cabinet de magie et proposent toutes sortes de prestation à leur client, exorcisme, création de charmes et de talisman et j'en passe. Jusque là, elles se débrouillent plutôt bien, gagnent leur vie sans trop de difficulté. Une vie presque trop tranquille d'ailleurs. Heureusement pour le lecteur, ça ne va pas rester ainsi. Un vampire débarque au cabinet des deux femmes pour leur demander de trouver celui qui l'a envoûté afin de retourner dans sa dimension, puis le richissime patron d'une usine de zombies leur demande de trouver pourquoi il est victime de sabotage. Nos deux héroïnes vont avoir pas mal de pain sur la planche. Les deux enquêtes sont forts loin de ce qu'elles font d'habitude.

J'ai envie de commencer par vous parler de l'univers de Sorcières Associées. Parce que j'ai adoré la ville de Jarta, tout simplement. Jarta est le décors principal de l'histoire et elle en est un personnage à part entière. La ville est parfaitement cohérente avec ce qu'elle a été et ce qu'elle est à présent. Ainsi on retrouve les éléments architecturaux des villes indonésiennes mélangés à l'imagerie Steampunk. On pense souvent à des univers élisabéthain pour ce genre, mais l’Asie s'y prête tout aussi bien. Ça donne une ville étonnante, bouillonnante et plutôt bien foutue. Quelque chose que l'on connait mais de nouveau dans lequel on apprécie se perdre. Et je trouve personnellement que les cultures asiatiques se mêlent plutôt pas mal au steampunk et à une magie qui semble un peu plus "européenne". Une magie partie intégrante de l'univers en lui-même. Jarta ne serait pas ce qu'elle est si le Pouvoir n'était pas revenue quelques années plus tôt. 

Ensuite viennent les personnages. Nos deux sorcières sont particulièrement intéressantes et complémentaires. Nous trouvons d'abord Tanit, l'aventureuse du groupe, celle capable de presque tout pour réussir, ancienne espionne. Ensuite, Padmé, mère de famille, ancien chirurgien militaire, elle aide tout le monde autant qu'elle le peut. Toutes les deux ont un passé pas folichon que l'on va découvrir petit à petit (et dont je ne parlerais pas parce que ça pourrait spoiler l'histoire). J'ai beaucoup apprécié les deux, mais surtout de les voir travailler ensemble là où elles semblent souvent avoir des opinions divergentes. En fait, on trouve avec elle une belle amitié. Les personnages qui les entourent sont tous plutôt sympathiques à découvrir. Niveaux personnages secondaires, j'ai bien apprécié Iskander ou encore le grand-prêtre de Kel (tous deux ne sont pas exempt de cliché, mais sont, je trouve, fort bien foutu).

Enfin, parlons un peu des enquêtes. Un peu parce que je ne voudrais pas trop en dire. Elles sont fort bien foutues et pas juste là pour mettre en valeur les deux sorcières. Nous allons d'indices en indices, suivant des méthodes tout droit sorti d'un livre policier. il est agréable de voir que tout ne tombe pas tout cuit. J'ai aussi beaucoup apprécié que le caractère des deux sorcières se voient réellement dans leur manière de mener l'enquêter. C'est là qu'on comprend mieux comment deux femmes qui semblent si différentes peuvent être si complémentaires.

Au final, c'est une lecture fort appréciable que ce Sorcières Associés. J'ai vraiment adoré retrouver l'univers d'Alex Evans, tout comme sa plume. Le déplacement de l'intrigue dans un monde asiatico-steampunk permis le renouvellement du dit univers et surtout de sortir un peu du schéma élisabéthain (et ça fait du bien). Une lecture que je recommande à ceux qui aime le steam, le policier et les personnages bien campés. 

mercredi 8 juin 2016

Homo Exilus, Toxic saison 2 épisode 1, Stéphane Desienne

Les beaux jours reviennent (il fait actuellement 28° dans la pièce où je me trouve alors qu'il n'est même pas 9h du matin) et avec eux arrivent les séries littéraires. Et surtout, celle de monsieur Desienne. Il revient avec la saison deux de Toxic, série pulp mêlant zombies et alien.

Homo Exilus, Toxic saison 2 épisode 1, Stéphane Desienne

/!\ spoiler sur la saison 1 /!\

Editeur : Walrus
Collection : série
Année de parution : 2016
Format : epub

A lire si :
- Vous avez aimé la saison 1
- Vous voulez un joyeux mélange Zombies/alien
- Vous voulez passer un bon moment

A ne pas lire si :
- Vous avez peur d'être perdu entre les divers personnages
- Vous n'aimez pas penser que vous pouvez être de la marchandise

Présentation de l'éditeur :

La bataille pour la Concession de la Terre a tourné court. Rien ne s’est déroulé comme l’avait espéré l’émissaire Jave : le Lynien est prisonnier, le clan des Empoisonneurs compte bien poursuivre l’œuvre du Primark, Naakrit, qui est porté disparu, et son groupe de protégés humains voguent à travers l’espace à bord d’un cargo génosaran. À leur réveil, Elaine, Masters et la précieuse Joana se doutent bien qu’ils ne sont pas en sécurité dans ce vaisseau aux proportions gigantesques. Cependant, aucun n’imagine l’ampleur du cauchemar que les survivants s’apprêtent à vivre.

Mon avis 

J'avais fini de lire la saison 1 en juin 2014, soit un peu plus de deux ans. Autant dire qu'il a fallu que je revois un peu ce qu'il avait pu se passer (merci le blog). Une fois lecture faite des avis des trois derniers épisodes de la première saison, je suis partie bille en tête retrouver tout ce petit monde.

Ce premier épisode commence presque là où avait fini la saison 1. La bataille pour la concession de la Terre a pris fin, et ce n'est pas le Primaark qui l'a gagné. Jave a réussi à extraire de la planète son petit groupe de protégés mais sans vraiment ce qu'il va advenir d'eux. Pendant ce temps, dans le Collectif, l'humain prend beaucoup de valeur dut à la pénurie. Il faut dire que Jave avait finalement bien préparer son coup avec les empoisonneurs, il avait un peu omis de leur dire que la plupart était infectés. 

Dans ce premier épisode, nous suivons donc un peu tout le monde, et il m'a semblé plus particulièrement les divers aliens. Nous découvrons grâce à eux la situation sur Terre (pas florissante) mais aussi un peu du fameux Collectif. Malgré l'apparence assez peu humaine des aliens (on retrouve des insectoides, des dinosaure miniatures ou des sortes d'oiseaux), ils sont tous des caractères et des gestes qui ressemblent aux nôtres. D'ailleurs, pour ce qui est de leur esprit mercantile, c'est fou comme on dirait réellement des grands patron qui se foutent de tout sauf de leur sous. C'est une chose que j'avais apprécié dans la première saison et que j'apprécie toujours autant dans celle-ci.

Côté humain, nous retrouvons notre petit groupe préféré mais aussi le Révérend ou Jon dans le supercontainer de l'espace où Jave les a fait embarqué sans leur demander leur avis. Pour l'instant, je les trouve plutôt calmes, essayant de comprendre pourquoi ils sont là et ce qui va leur arriver. Les retrouver est fort sympathique et je me demande déjà ce qu'il va bien pouvoir leur arriver. Il faut dire qu'entre les trois groupes plutôt ennemis, la présence de Joana, les aliens et potentiellement les m-v cachés dans les soutes du vaisseau, je sens que rien ne va être simple. Et j'ai hâte de voir à quel point.

Au final, un premier épisode de seconde saison agréable à lire qui remet bien en place ce qu'il a pu se passer avant ça et qui annonce surtout une saison deux fort sympathique. Je trouve juste dommage qu'on n'ait pas encore vu beaucoup de zombies, mais ça ne serait tardé. En tout cas, l'univers s'étoffe un peu plus pour mon plus grand plaisir.

mardi 7 juin 2016

Vingt ans après, Alexandre Dumas

J'avais beaucoup aimé les Trois Mousquetaires. A tel point que j’enchaîne plutôt rapidement, surtout quand on sait l'écart que je peux mettre entre plusieurs tomes avec sa suite, Vingt ans après. Et que je pense qu'il ne se passera pas beaucoup de temps avant que je ne lise le Vicomte de Bragelonne. 

Vingt ans après, Alexandre Dumas

Editeur : Domaine Public
Collection : /
Année de parution : 1845 pour l'originale
Format : AZW

A lire si :
- Vous avez aimé les Trois Mousquetaires
- Vous voulez de l'aventure

A ne pas lire si :
- Vous voulez beaucoup de personnages féminins
- Vous voulez un livre simple à lire

Présentation de l'éditeur : 


Le lecteur des Trois Mousquetaires retrouvera dans Vingt Ans après ses héros favoris : Athos, Porthos, Aramis, ainsi que le gai, lucide et subtil d'Artagnan.
La Fronde et la Révolution d'Angleterre servent de cadre à leurs exploits, qui les mettent aux prises avec Mazarin et avec Cromwell. Roman historique ou roman de cape et d'épée ? 


Mon avis

Il peut paraitre compliquer de retrouver des personnages que l'on a apprécié alors qu'ils ont évolué, pris de l'âge et ne sont plus forcément ceux qu'on avait aimé. Les suites où il se passe autant de temps entre deux tomes se doivent d'être cohérente et surtout de nous offrir une véritable évolution. Est-ce le cas pour ce Vingt ans après ?

Le cardinal de Richelieu est mort, idem pour sa Majesté Louis XIII. Son fils, Louis XIV n'a que douze ans et Anne d'Autriche assure la régence. La fronde guette dans Paris. C'est donc dans une atmosphère assez brûlante que l'on retrouve d'Artagnan, toujours mousquetaire et au service du roi. Enfin, plus précisément à celui de Mazarin, premier ministre de la régence. Afin de préserver son pouvoir, le cardinal rallie à lui le gascon qui espère de son côté rallier ses trois amis qu'il a perdu de vue. Mais si d'Artagnan reste auprès de Mazarin et du roi, ce n'est pas le cas de tous. Athos, qui a reprit son nom et son titre vit paisiblement à Bragelonne, Aramis est devenu Abbé. Mais surtout, ils sont tous deux fronteurs. Pendant ce temps Porthos se range du côté du gascon espérant ainsi enfin devenir baron.

Autant le dire, l'intrigue, les intrigues plutôt, de ce vingt ans après sont complexes. Entre la Fronde et la Révolution d'Angleterre, nous sommes brinquebalés dans les aventures de nos mousquetaires, suivant des liens fortement tissés entre les divers événements. On ne s’ennuie pas vraiment durant la lecture, même si comme pour les Trois Mousquetaires, la mise en place de tout cela est un peu longuette. On retrouve ce qui a fait la force du premier livre avec des personnages passionnants et des aventures qui le sont tout autant. 

Pour les personnages, je dois bien dire que j'ai apprécié l'évolution de nos quatre amis, surtout qu'elle n'était pas si facile à mettre en place. Ils sont égaux à eux-même sans toute fois l'être réellement. En fait, ils ont vieillis, sont devenus un peu plus sage mais garde l'âme d'aventurier qu'ils avaient. Et surtout, il y a cette amitié qui prend le dessus sur tout, même sur les divergences politiques. Les retrouvailles entre eux sont merveilleuses. La bromance est particulièrement présente et souvent émouvante. Il semble que rien ne pourrait l'entacher, et c'est le cas. Il en va de même avec les laquais de ces messieurs, toujours présents et surtout toujours si utiles. Grimaud par exemple prend énormément d'importance. Quant aux nouveaux, on découvre le vicomte de Bragelonne, fils naturel d'Athos ou encore Mordaunt, le fils de Milady, deux jeunes gens qui chacun de leur manière vont mener la vie dure à Athos et ses amis.  Mon seul regret pour les personnages restent une nouvelle fois les femmes. Elles sont encore moins présentes que dans les Trois Mousquetaires.

Quant à l'histoire, comme je le disais, elle nous mène dans un Paris frondeur mais aussi une nouvelle fois en Angleterre durant la révolution. Si le complot politique prend une grande part, je suis un peu déçue de ne pas avoir retrouver plus de bataille que ça. Le bastion de Saint-Gervais et son exploit m'ont un peu manqué. Mais les plans pour sauver le roi Charles I d'Angleterre sont finalement bien passionnant, un peu plus d'ailleurs que ce qu'il se passe à Paris.

Et puis, il y a cet aspect plus pessimiste que les Trois Mousquetaires. Vingt ans après présage déjà de la disparition de la noblesse d'épée en France. Tout se joue sur le plan politique et la guerre n'est plus vraiment "la solution" (comme si ça l'avait été de toute façon...). Ainsi nos quatre compères ne sont plus reconnus pour ce qu'ils sont. Ils semblent même devenir gênant, ne pensant presque que par les armes. C'est le début de la fin pour toute une partie de la noblesse. Cela se voit beaucoup avec Athos, qui de plus en plus ne veut plus tirer l'épée ou encore avec Mazarin qui préfère le subterfuge et la politique à la guerre (un Mazarin bien pâle face au Richelieu de Dumas d'ailleurs). C'est donc les prémisces de la fin d'une époque que Dumas nous conte, et cela de manière fort agréable finalement.

Pour conclure, j'ai encore été une fois embarquée dans les aventures de d'Artagnan et des Mousquetaires (même s'ils ne le sont plus vraiment d'ailleurs). J'apprécie vraiment ce mélange de capes et d'épées, de politique et d'intrigues qui ne laissent pas vraiment de temps mort à ses lecteurs même si parfois, je dois avouer l'avoir trouvé un peu moins bon (de pas grand chose) que son prédécesseur. 


lundi 6 juin 2016

Marina Bellezza, Silvia Avallone

J'avais eu un gros coup de cœur à la lecture de D'acier, le premier roman de l'autrice italienne. J'ai longuement hésité à prendre la version GF de son dernier roman jusqu'à l'arrivée de la version poche (qui va mieux avec mon exemplaire de D'acier). Je n'ai pas mis bien longtemps à le sortir de ma PAL et même si j'ai fini le livre samedi, je suis encore dedans.

Marina Bellezza, Silvia Avallone

Editeur : Liana Levi
Colleciton : Piccolo
Année de parution : 2016 pour la version poche
Titre en VO : Marina Bellezza
Année de parution en VO : 2014
Nombre de pages : 544

A lire si :
- Vous voulez découvrir une partie du Piémont Italien
- Vous voulez une belle histoire d'amour mais pas que
- Vous voulez des personnages authentiques

A ne pas lire si :
- Rien du tout, lisez le.

Présentation de l'éditeur : 


L’avenir est à réinventer dans cette vallée coincée entre des montagnes de granit. Une départementale bordée par les carcasses des filatures abandonnées mène à des villages silencieux, un no man’s land aux confins de l’Italie. Pour Marina, vingt-deux ans, un corps et une voix de déesse, le futur se joue résolument ailleurs. Sur les plateaux de télé qui métamorphosent les starlettes de province en divas. Pour Andrea, fils d’une famille de notables, l’Eldorado est à portée de main. Dans la ferme d’alpage de son grand-père. Mais les rêves de ces deux héros contemporains se cognent à l’amour impossible qui les unit depuis l’adolescence.
Silvia Avallone se montre une fois encore incroyablement douée pour cerner les failles de notre époque et les doutes de sa génération. Avec une profonde empathie pour ses personnages, elle compose un deuxième roman fougueux autour des thèmes de l’enracinement et de l’abandon.


Mon avis

Il est toujours très dur de parler de livre que l'on a vraiment aimé. J'ai moins de mal à donner mon avis sur des livres appréciés ou moins aimés que sur ce genre là. Il est encore plus dur de le faire sur des livres qui nous habitent même après lecture. Déjà que pendant la lecture, je n'attendais qu'une chose, l'heure de me mettre au lit pour pouvoir continuer cette histoire, après la fin, je suis toujours hantée par elle.

Marina Bellezza, c'est l'histoire de deux jeunes gens dans le Piémont Italien. Elle, qui donne son nom au livre, a vingt deux ans et compte devenir la nouvelle star de la chanson italienne. Lui, Andrea, vingt sept ans, ne rêve que de la ferme de son grand-père et des alpages. Tout semble les opposer et pourtant, depuis sept ans, ils vivent une relation amour-haine intense. Marina Bellezza pourrait se présenter comme un beau roman d'amour entre ces deux-là. Ce n'est pas le cas. Oui, il y a leur histoire mais il y a plus que ça. Et c'est ce plus qui m'a embarqué là-dedans.

Silvia Avallone est née et a grandi dans la région de Biella avant de déménager à Piombino (le nom doit vous dire quelque chose, il s'agit de la ville d'Anna et Fransceca, les héroïnes de D'acier). Elle choisit cette région-là pour son second amour et lui fait une véritable déclaration d'amour. Dès le premier chapitre, nous voilà embarqué dans le Piémont ravagé par la crise mais pourtant magnifique. Elle nous parle de cette terre, de ses habitants avec une infinie tendresse même lorsqu'il s'agit de dire les travers, la désolation, l'abandon par des italiens qui veulent voir si l'herbe est plus verte ailleurs. Elle le fait tout autant en parlant de ces jeunes qui reviennent sur les terres de leurs ancêtres afin de les faire revivre, qui embrasse la carrière difficile de marcaire (éleveurs de vaches et producteurs de fromage). Son histoire est portée par ce retour au pays de jeunes qui n'ont de toute façon plus rien à perdre.

Ces jeunes, ils sont représentés par Andrea. Andrea, le personnage qui m'a le plus parlé, bien plus que Marina. Il est, pour moi, le personnage central, bien plus qu'elle. C'est lui que l'on suit le plus souvent, c'est lui qui nous fait découvrir sa région. C'est un personnage a qui l'on s'attache vraiment de part son opiniâtreté mais aussi son amour pour Marina qui a tendance a détruire ce qu'il entreprend. Marina est l’élément perturbateur. Elle rêve de devenir visible, d'être connue, et pour cela, elle est prête à tout, même à laisser tomber ceux qui l'entoure, à détruire tout autour d'elle. C'est un personnage intéressant, remplie d'ombres, au passé dramatique. Malheureusement, c'est aussi une belle tête à claque (ce qui peut la rendre attachante tout comme particulièrement chiante). 

Mais les deux ont plus que leur amour destructeur comme point commun. Abandonnés, l'un par son père qui ne voit en lui que le mauvais fils, par son frère, parti vivre sa vie aux Etats-Unis, l'autre par un père volage et une mère alcoolique, ils se sont construits sur ce sentiment-là, ont beaucoup de mal à pardonner l'un et l'autre et surtout n'arrive pas à s'en sortir. Est-ce pour cela que Marina finit une nouvelle fois par laisser Andrea en plan ? Qu'elle fuit tout ce qui pourrait lui apporter du bonheur ? Surement. C'est aussi ça qui fait qu'Andrea justement veut mener sa propre vie, loin de ce que son père veut pour lui, loin de ce que représente son frère à ses yeux. Chacun à leur façon, ils vont faire en sorte d'oublier cela sans vraiment y parvenir. 

Il y a aussi les personnages secondaires, ceux dont on ne découvre qu'une petite partie. Il y a les parents des deux jeunes gens, représentant la vieille italie, celle qui finalement baisse les bras. Il y a Elsa, rivale et colocataire de Marina. C'est un personnage touchant, amoureuse d'Andrea depuis le lycée, de sa région depuis toujours. C'est peut-être aussi la plus lucide de tous. On retrouve aussi Sebastiano et Lucas, les amis d'Andrea, bloqués comme lui à Biella mais qui ne semblent pas vouloir faire grand chose pour changer ça. Une galerie plutôt complète pour peintre ce paysage italien sur fond de drame amoureux.

Et enfin, il y a l'écriture de Silvia Avallone. Mon coup de cœur pour celle-ci à la lecture de D'acier n'a absolument pas changé. Ni pour le talent de sa traductrice, Françoise Brun. C'est toujours aussi beau, emplie d'une poésie que je ne peux qu'apprécier. C'est aussi très vivant, très imagé. Et puis, elle écrit de manière fluide, agréable, qui donne envie de continuer jusqu'à pas d'heure.

Vous l'aurez compris, ce fut pour moi un énorme coup de cœur. Le roman me parle énormément et pas seulement à cause de mes racines italiennes (ma famille du côté de mon grand-père maternel vient du Piémont, de Cesana Torinese à côté de la frontière avec la France). Comme pour D'acier, il y a là-dedans quelque chose de merveilleux, de beaux malgré des dehors moins enchanteurs. Et puis, il faut bien le dire la plume de Silvia Avallone est tout bonnement géniale.

Le désir fait partie de la vie, au même titre que la violence. Devenir adulte, c'est gérer le désir et la violence 
Ils étaient tous comme ça par ici, les villages : abandonnés, volets fermés, enseignes éteintes. Eux, pourtant, ils n’avaient pas eu envie de partir, au contraire : leurs sentiments, leur sens de l’orientation, tout leur était dicté par ces routes, par ces montagnes. 
L'idylle, par définition, ne peut pas durer. Mais elle advient.

vendredi 3 juin 2016

Cavalier Vert, Kristen Britain

J'ai un certain nombre de premiers tomes dans ma PAL numérique qu'il faut que j'écoule, histoire de voir où j'en suis réellement dans mes série (ça s'annonce mal cette histoire). Cavalier Vert en fait parti.

Cavalier Vert, Kristen Britain

Editeur : Milady
Collection : Fantasy
Année de parution : 2011
Titre en VO :  Green Rider, book 1
Année de parution en Vo : 1998

A lire si :
- Vous aimez les grandes chevauchées
- Vous voulez de la fantasy "à l'ancienne"

A ne pas lire si :
- Vous n'aimez pas les parties initiatiques
- Vous voulez une intrigue ultra complexe

Présentation de l'éditeur :

Karigan G'ladheon, jeune fille éprise d'aventure, s'enfuit après avoir été exclue de son école pour avoir défié en duel le fils d'un gouverneur de province. Elle croise alors un Cavalier Vert, l'un des légendaires messagers du roi qui lui demande dans un dernier souffle de porter un message à son souverain. Sans même prendre connaissance de la missive, elle fait le serment de la remettre en mains propres, scellant ainsi son destin, car elle est soudain magiquement investie de la mission qu'elle vient d'accepter : devenir un Cavalier Vert. Dès lors, traquée par des assassins au service d'un mystérieux sorcier, Karigan ne peut compter que sur sa fidèle monture et les mystérieux pouvoirs qu'elle va se découvrir.

Mon avis

Il y a sûrement une raison pour laquelle la fantasy reste mon genre préféré, même si parfois, je la laisse un peu de côté. En fait, il en existe plusieurs et l'une d'elles c'est que j'adore voyager ailleurs. Je ne trouve jamais ce sentiment de dépaysement aussi puissant que lorsque je lis de la fantasy. L'autre, c'est que même si je trouve parfois que le genre a du mal à se renouveler, on y trouve toujours des histoires passionnantes, des personnages intéressants et des univers qui ne demandent qu'à être découvert. La quatrième de couverture de ce premier tome semblait indiquer tout cela et elle n'avait pas tord. Me voilà embarquée à la suite des Cavaliers Verts, plus particulièrement de Karigan, à la découverte de la Sacoridie.

L'histoire commence de manière fort peu originale avec une jeune femme qui se retrouve devoir sauver son royaume sans l'avoir voulu. Elle va suivre alors un parcours initiatique pas forcément plus original que d'autres pour finalement réussir une mission qui lui est tombée dessus. Quand je disais que souvent la fantasy semble avoir du mal à se renouveler. Sauf que si l'histoire suit un schéma fort fort connu, elle n'en reste pas moins fort sympathique à lire.

En premier grâce à Karigan, forcément. Forte tête, aussi têtue qu'une mule, elle s'embarque dans l'histoire sans trop vraiment comprendre ce qu'il lui arrive. Kristen Britain ne nous sort pas une héroïne super forte, à la place. Karigan a des défauts bien à elle, des faiblesses bien exploitées mais aussi de belles qualités. Son aventure va accentuer le tout, et même si elle en sortira forcément grandie, elle ne va pas dut tout se sentir héroïque tout le long du roman. J'aime ce genre de personnage parce que forcément leur évolution se fait petit à petit sans en faire trop. Ce qui est un peu plus dommage, c'est que comme on ne suit quasiment qu'elle durant une bonne partie du roman, les autres personnages sont un peu moins développés par rapport à elle. J'espère que cette impression passera avec les prochains tomes, surtout que j'aimerais bien en découvrir plus sur les autres Cavaliers ou sur le roi. Ce petit problème se rencontre aussi sur les antagonistes qui auraient mérités qu'on se penche un peu plus sur eux.

Ensuite, il y a l'univers. La Sacoridie, que l'on traverse de long en large j'ai l'impression, est un royaume fantasy plutôt classique mais qui m'a semblé merveilleux. De grandes forêts, des petits villages perdus, une ville-école, tout cela me plait beaucoup. Tout cela offre pas mal de scène aux beaux paysages variés, traversés par les Cavaliers Verts. Au niveaux politique, on n'en apprend pas suffisamment à mon gout (bon mes sagas préférées étant la Roue du Temps et l'Assassin Royal, on comprend que je puisse m'attacher à cela) et la magie bien que présente n'est pas si exploitée que ça (j'aurais cru pourtant, mais non). On ne fait pour l'instant qu'effleurer tout cela, je me doute que les tomes suivant doivent nous en apprendre bien plus.

Le style de Kristen Britain est agréable (par contre, les "si fait" à toutes les sauces ou certaines tournure pseudo-médiévale, c'est la faute au traducteur où elle a vraiment écrit comme ça en VO ?). Elle reste par contre parfois un peu trop en surface, décrivant les faits plus que ce que peut en penser Karigan ou les autres personnages. Elle n'en reste pas moins fluide dans les péripéties de son héroïne.

Au final, ce premier tome de Cavalier Vert ne me déplaît vraiment pas. Il a quelque défauts (à mes yeux) qui ne l'empêche pas d'être agréable à lire et j'avoue que j'ai bien envie de voir ce que ça peut donner par la suite. Une découverte fort sympathique donc.