lundi 24 juillet 2017

Vernon Subutex, Tome 1, Virginie Despentes

Et voilà, j'entame la trilogie de Virginie Despentes qui fait tant parler d'elle. C'est appréciable d'ailleurs parce que du coup, on entend plus souvent madame Despentes et que j'apprécie ce qu'elle a à dire la plupart du temps. Et puis, ce Vernon Subutex, autant dire qu'il m'intriguait beaucoup, comme un peu tout les livres de l'autrice.

Vernon Subutex, Tome 1, Virginie Despentes

Editeur : Le livre de poche
Collection : /
Année de parution : 2016
Nombre de pages : 432

A lire si : 
- Vous voulez une sorte de cartographie des parisiens
- Vous aimez les romans à plusieurs voix

A ne pas lire si : 
- Vous cherchez le trash des premiers romans de Despentes

Présentation de l'éditeur : 

QUI EST VERNON SUBUTEX ?
Une légende urbaine.
Un ange déchu.
Un disparu qui ne cesse de resurgir.
Le détenteur d’un secret.
Le dernier témoin d’un monde disparu.
L’ultime visage de notre comédie inhumaine.
Notre fantôme à tous.

Mon avis

Virginie Despentes est connue pour un côté trash qui tend non pas à disparaître, mais plutôt à être plus maîtrisé. Disons que la colère de l'autrice me semble plus contenue, toujours là, mais contenue. On appelle ça la maturité chez certain, et j'aurais presque tendance à dire que pour Virginie Despentes, c'est bien cela, du moins dans sa manière d'écrire.Vernon Subutex n'est pas un livre à part dans son oeuvre. Apocalypse Bébé en été même, pour moi, une sorte de précurseur. C'est dans ce roman-là qu'elle a commencé à utiliser plusieurs voix pour parfaire son récit. Surement pas pour rien d'ailleurs que l'on retrouve dans Vernon l'un des personnages d'Apocalypse Bébé. Mais revenons au roman.

Alex Bleach, chanteur de rock, s'est suicidé. Avec lui part le loyer qu'il payait par amitié à Vernon Subutex, le disquaire qui lui a permis de découvrir la musique. Un Vernon qui a dut fermer boutique depuis un moment, qui n'a pas retrouvé de boulot et qui soudain, se retrouve à la rue, dans l'incapacité de payer son loyer. Vernon décide alors de squatter les lits et canapés de ses amis (anciens comme nouveaux), en inventa comme prétexte de revenir sur Paris après un passage à Québec. Tandis qu'il va de copains en copains, nous allons découvrir les portraits de ses parisiens qui ont pour point commun soit Vernon soit Alex Bleach.

Virginie Despentes essaie de "cartographier" la population parisienne et je suppose qu'elle y arrive pas mal (je ne suis pas parisienne, il y a des choses dans son roman qui me semble parfois carrément surréaliste pour la provenciale que je suis). Elle s'attaque, si je puis dite, à tous les niveaux, toutes les classes sociales. Et elle fait ça plutôt pas mal. Si j'avais trouvé dans Apocalypse Bébé (oui on y revient souvent à celui-ci, mais faut dire qu'ils se ressemblent assez dans la bibliographie de l'autrice) qu'il y avait trop de stéréotypes, je les trouve bien mieux gérés ici. Oui, nous en trouvons toujours (la bourgeoise qui pète littéralement son câble après s'être fait des films et s'être fait largué, le traders qui vit à cent à l'heure entre bonne affaire, drogue et baise...) mais par contre, on trouve aussi pas mal de personnages qu'on n'a pas l'habitude de voir et qui même si parfois, ils sont un peu clichés, ils permettent d'offrir de la visibilité.

Sur la dizaine si ce n'est plus de personnages que l'on va découvrir au fur et à mesure de l'avancée de la nouvelle vie de Vernon, il y a vraiment des personnages géniaux. On retrouve quelques LGBT, plus particulièrement lesbienne et trans. Et elle les traite parfaitement ces personnages-là, elle ne va pas dans le bon vieux cliché (même la Hyène est plus en nuance par rapport à Apocalypse Bébé). On sent l'authenticité dans ces personnages-là. Et ça fait du bien. Et ils ne sont pas les seuls comme ça.  

Et ce que j'ai particulièrement apprécié c'est vraiment le mélange de personnalités, les riches, les pauvres, les gens "normaux", les ex stars du X, les de gauche, les de droites, les des extrêmes et j'en passe. Vraiment, on croise de tout dans ce Vernon. Surtout qu'il est agréable de voir qu'elle les traite tous de manière presque égale. C'est à dire que même ceux qu'elle ne doit sûrement pas supporter, elle arrive à les rendre moins nauséabond que ce qu'ils sont. On sent bien l'ironie sous les descriptions, mais en même temps, on s'y attacherait presque.

Virginie Despentes a donc réussi avec ce premier tome une belle fresque de ce qu'on peut retrouver comme parisiens à notre époque. Elle le fait d'ailleurs avec une certaine douceur, loin de la colère de ses débuts. Une colère qui revient pourtant au fur et à mesure des pages mais qui n'explose pas autant. On retrouve aussi des moments un peu plus "trash" même si justement trash n'est pas le mot. Disons que lorsque ça parle sexe, l'autrice ne fait pas toujours dans la dentelle. 

Au final, c'est une fresque vraiment intéressante que nous lisons avec ce premier tome. Intéressante par son côté très humain et réaliste.  Et puis, il y a cette écriture, vive, colèrique et en même temps douce, bienveillante même parfois. Bref, une réussite qui je l'espère continuera avec les deux tomes suivants.

vendredi 21 juillet 2017

C'est pour ton bien, Cindy Costes

Je ne sais plus trop comment cette nouvelle est arrivée dans ma PAL numérique (tellement de bouquin là-dedans que si je devais me souvenir du pourquoi pour tous...). N'empêche, elle a dut me tilter à un moment donné. Et du coup, comme j'avais envie d'une lecture rapide, c'est tombé sur elle. Puis j'aime bien la couverture

C'est pour ton bien, Cindy Costes

Editeur : Autoédition
Collection : /
Année de parution : 2016
Format : epub

 A lire si :
- Vous voulez une lecture rapide (une vingtaine de page en gros)
- Vous aimez les moments de vie

A ne pas lire si :
- Vous voulez du long
- Vous aimez avoir un background.

Présentation de l'auteur :

Laetitia est une jeune femme d'aujourd'hui, une battante. Bien entourée par ses collègues, sa meilleure amie et sa mère....
Bien entourée ? Oui... effectivement, tous sont là pour la conseiller, la pousser à prendre les bonnes décisions que ce soit dans la vie amoureuse ou professionnelle.
Mais finalement, qui sont-ils pour juger et dire « ce qui est bon » ?
Avec une écriture mature, pleine de tendresse pour son personnage principale, Cindy Costes nous offre une tranche de vie, parfois douloureuse mais belle et lucide....

Mon avis

Imaginez-vous mère célibataire, travailleuse un peu trop acharnée, ayant à peine rompue avec son copain, lui-même dépressif. C'est ce qu'il se passe dans la vie de Laeti en ce moment. Or, si elle arrive à tout mener de front, il semble que cela ne soit pas l'avis de sa meilleure amie, Gaby et de sa mère. Les deux femmes veulent à tout prix chapeauter sa vie, l'incitant à changer de boulot par exemple. Le tout pour son propre bien. Et elle laisse faire, parce qu'elle n'a pas envie de se prendre la tête, parce que peut-être aussi que ça lui va pas trop mal comme situation. Situation qu'on est beaucoup à avoir connu, je suppose. Mais voilà, elle découvre qu'elle est enceinte. Et là, pas mal de chose vont changer pour elle. Parce que Gaby ne lui donne pas le choix. C'est pour son bien, elle travaille dur, elle n'a pas de mec, alors, elle va avorter. Point. D'ailleurs, elle lui prend même un rendez-vous pour ça. J'ai envie de dire "super la copine quand même...".

La nouvelle est courte, pas forcément sans défaut mais elle tape plutôt bien. On se reconnait pas mal en Laeti qui a somme toute une vie normale. Les amis trop envahissants, les mères qui continuent à diriger notre vie... C'est l'une des forces de la nouvelle d'ailleurs, ce personnage de "madame tout le monde" qui soudain va se rebeller. Pour elle, se sera parce qu'elle est enceinte et que non, elle n'a pas envie de suivre le choix que l'on veut faire pour elle. J'ai apprécié d'ailleurs qu'elle ne parte pas bille en tête juste pour être en rébellion. Une petite discussion avec la gynécologue sur le choix qui est intéressante bien que courte et hop, voilà notre Laetitia qui prend sa décision pour son bien à elle en son âme et conscience.

La nouvelle est agréable à lire, surtout qu'on arrive facilement à s'identifier à la jeune femme. Le style est fluide, n'en fait pas trop. On s'immerge rapidement et si la nouvelle est sans surprise, elle permet de passer un moment sympathique. Après, n'attendez rien de foufou ou de vraiment surprenant hein, ce n'est pas vraiment le but, il me semble. 


jeudi 20 juillet 2017

Scumland, Absinthe Pandemos

Vous allez finir par croire que je suis payée par Walrus pour faire des avis sur leurs livres. Et bien pas du tout, juste que quand on aime, on ne compte pas, surtout avec une OPMORSE qui m'a permis de me plonger dans les pulps qui m’intéressaient depuis un moment. Bref, depuis que j'ai découvert la maison d'édition numérique (en 2013), je n'ai jamais été déçue par mes lectures. Eux et moi, on se comprend parfaitement. Et ce n'est pas ce Scumland qui va me faire changer d'avis !

Scumland, Absinthe Pandemos

Editeur : Walrus
Collection : Pulp
Année de parution : 2015
Format : epub

A lire si :
- Vous voulez du saignant
- Vous voulez de la misandrie

A ne pas lire si :
- Vous êtes un gros macho qui ne comprend pas toujours le second degrés et qui se prend la tête pour un rien
- Vous voulez une petite histoire mêmère

Présentation de l'éditeur :

La nature est hostile en dehors des cités, mais la société se porte mieux depuis la révolution misandre : désormais, devenir un esclave castré est ce qui peut arriver de mieux à un « chamallo » (Cisgenre Hetero Male Low Life). Traqués dans les jungles qui bordent les villes, les mâles sont ramenés à leur condition de matière première et servent de cobayes à des expériences souvent sanglantes et rarement pratiquées sous anesthésie. Ainsi exploités, ils contribuent à la survie de l’espèce… et grâce à la technomagie, on n’en perd plus une goutte !
Flora et Maddy sont deux traqueuses bien décidées à aider le SCUM — l’élite des tueuses professionnelles — à mettre la main sur un chamallo errant repéré aux abords de la cité. Armées de leurs machettes et d’une bonne dose de rage, elles enfourchent leurs motos et partent en chasse dans les ruines du vieux monde.

Mon avis

Au fur et à mesure de mes lectures, je me rends compte que je porte un intérêt grandissant pour les thèmes féministes et pour les personnages féminins qui ne sont pas de potentielles "princesse à sauver par un chevalier blanc alors qu'elles auraient pu être bien plus badass que ça".  Alors lorsque je vois un livre comme Scumland, autant le dire, je me jette dessus. Rien que la quatrième de couverture me donnait l'eau à la bouche et cela s'en parler de cette magnifique couverture (comme toutes celles de la collection pulp d'ailleurs). Je le savais Scumland et moi, on était fait pour bien s'entendre. Mon côté féministe parle beaucoup et comme je l'écoute beaucoup, je n'allais pas faire une impasse sur le roman.

Scumland nous plonge dans un monde misandre. Pour les personnes dans le fond qui ne savent pas voici une définition de misandre : Qui éprouve du mépris, voire de la haine, pour le sexe masculin ; qui témoigne de ce mépris (merci Larousse). La société créée après une apocalypse (laquelle, on ne sait pas) est une société féministe et féminine qui se base pas mal sur le SCUM Manifesto de Valérie Solanas (oui, j'ai fait des recherches et on peut le trouver ). Alors du coup, vu le dit manifeste, le roman allait être bien violent, surtout pour les hommes. Et je n'avais pas tord du tout.

Parce que de la violence, il y a en et pas qu'un peu. Rien que les premières pages risquent de faire mal à ces messieurs et réjouir toutes les femmes qui ont pu ou se sentent encore opprimées. Vient ensuite une partie plus calme, où l'on découvre le traitement réservé aux chamallos (aux hommes (enfin aux cisgenre male quoi)) grâce à la technomagie mais aussi le fonctionnement de la société misandre. Une société qui a banni tous ce qui pouvait être masculin (le travail, l'argent par exemple) et qui surtout oppressé les femmes à notre époque. Alors, ça risque pour certain d'avoir l'air totalement surréaliste, malheureusement, ce n'est pas tant le cas que ça. Disons que la plupart des femmes vont parfaitement comprendre le discours de cette société et qu'un certain nombre d'autres personnes vont crier à la misandrie et se plaindre. Bref, les bons machos vont nous lâcher de belles male tears.  Après la dite partie calme, on passe à la chasse aux chamallos et au retour de la violence. Et là aussi, nous allons avoir des male tears. 

Mais la violence n'est pas le point central du roman, juste ce qui le place finalement dans la collection pulp de Walrus. On y trouve plein de chose qui font réfléchir la bébé féministe que je suis. Et c'est là que personnellement j'ai trouvé tout l'interet du bouquin. Oui, le féminisme sur lequel il s’appuie est clairement anti-hommes, mais il me semble que l'auteure joue justement sur cela pour ouvrir un peu les consciences. Du coup, on se divertit beaucoup et en plus de ça, on réfléchit aussi. 

Au final, je l'ai bien aimé ce Scumland. Les personnages sont pas forcément ultra développés mais elles sont plaisantes à suivre, l'univers m'a fait bien plaisir et ça se lit facilement (à condition par contre de connaitre deux trois trucs sur le genre, le féminisme mais franchement, suffit de traîner un peu sur twitter ou pas loin de féministes pour les comprendre et sinon y a google au pire). Un livre bien sympathique et qui donne à la femme un rôle à sa hauteur (celle de personne qui n'a pas besoin d'un mec pour déboîter grave)(je raconte pas comme ça fait du bien ce genre de personnage hein). Bref, c'est du pulp, c'est du Walrus, c'est du bon. Et je m'en vais voir si je peux pas trouver d'autres livres (roman ou nouvelles) d'Absinthe Pandemos de ce pas.

lundi 17 juillet 2017

Le démon dans l'escalier, Julien Noel

Je continue avec l'OPMORSE (d'ailleurs, cette semaine, ce sont les romans qui sont en promos)(désolée cher porte-monnaie...) et cette fois, c'est le seul livre dont vous êtes le héros que j'ai pris durant la promo la semaine passée. Oui, il n'y en avait qu'un qui m’intéressait (chose rare quand même chez Walrus). 

Le démon dans l'escalier, Julien Noel

Editeur : Walrus
Collection : Rendez-vous au 14
Année de parution : 2017
Format : epub

A lire si : 
- Vous aimez jouer
- Vous voulez une aventure un peu barré

A ne pas lire si :
- Vous aimez le compliqué
- Vous n'aimez pas les livres dont vous êtes le héros

Présentation de l'éditeur : 

Pas simple de gagner honnêtement sa vie de sorcier lorsque l’on est inconnu et qu’on n’a aucune relation dans le milieu. Pourtant on dirait que c’est votre jour de chance : on vous propose un job. Certes, on est venu vous pêcher dans un bar miteux et ces gens ont l’air d’être dotés de pouvoirs bien supérieurs aux vôtres. Mais soyez lucide : c’est sans doute votre seule chance de percer dans ce métier et de vous faire une réputation. A priori, il s’agit juste de rendre un petit service — un mage, un esprit, une invocation, un enchantement, un démon peut-être. Dans tous les cas, pas de quoi fouetter un chat. Mais pourquoi faire appel à vous si la mission est si facile ?
Vous vous sentez à la hauteur ? Tant mieux, car c’est vous qui serez aux commandes de cette courte aventure dont vous êtes le héros. À vous de faire les bons choix pour ne pas ruiner définitivement vos espoirs de devenir un sorcier reconnu.

Mon avis

J'en avais déjà parlé sur Plongée sur R'Lyeh de Loic Richard, les livres dont vous êtes le héro sont pour moi une sorte de madeleine de Proust. J'ai passé une bonne partie de mes vacances d'été entre 8 et 15 ans à dévorer ce genre de bouquin que je piquais allègrement à mon frère. Alors, de temps en temps, j'aime bien me replonger dans l'ambiance de l'adolescence. Et chez Walrus, les livres dont vous êtes le héros sont de qualité.

Ce Démon dans l'escalier vous fait devenir un sorcier de bas étage à qui l'on confie enfin une mission qui devrait redoré son blason. Dès le début, on sent l'aventure un peu barrée, à l'image des pulps chers à la maison d'édition du morse. Parce que le dit Démon dans l'escalier est du genre particulier et que vous êtes du genre pas forcément très aidé, je dirais. L'aventure n'en est pas moins savoureuse et je me suis prise au jeu avec facilité.

L'aventure est assez courte (bien plus que celle de Plongée sur R'Lyeh) et parfaite pour les débutants. Attention toutefois à prendre deux-trois notes car le héros va se voir douter de certaines armes ou compétences au cours de l'aventure. Or si comme moi, vous ne la faites pas en une seule journée (ce qui est plus que faisable d'ailleurs), vous risquez de ne plus savoir ce que vous avez ou non. Une aventure courte mais qui possède quelques embûches bien sympathiques (je suis du genre à chercher d'abord à perdre en répondant le plus crétinement possible rien que pour rire des morts ou défaites parfois bien stupide des personnages)(d'ailleurs pas de mort ici mais un contrat qui prend fin tout simplement). Ainsi votre serviteuse n'a pas terminé cinq fois son aventure en le faisant exprès pour quatre d'entre elles. Autant dire qu'il vous faut tout de même réfléchir un minimum avant de choisir le prochain chemin.

Au final, je me suis drôlement bien amusé avec ce Démon dans l'escalier. Les personnages secondaires sont sympathiques, le héros bien looser et le démon amusant (je ne veux pas en dire plus pour ne pas spoiler). Son seul point négatif, il est peut-être un peu trop court. J'aurais bien fait quelques heures de plus avec lui.

jeudi 13 juillet 2017

Proie Dunoir, Gaelle K. Kempeneers

Second acquisition de l'OPMORSE (vous avez encore trois jours d'ailleurs pour profiter des promos sur les livres de monsieur Desienne)(si je ne les avais pas tous déjà,  mon compte en banque aurait pas apprécier...), je ne savais pas trop que penser de ce Proie Dunoir qui me faisait envie depuis un bon moment déjà (mes journées étant trop courtes, comme mon compte en banque soit dit en passant, j'ai attendu bien longtemps avant de me l'offrir)(trop même). 

Proie Dunoir, Gaelle K. Kempeneers

Editeur : Walrus
Collection : pulp
Année de parution : 2015
Format : epub

A lire si :
- Vous aimez le pulp à la sauce Walrus
- Vous voulez une héroine d'urban fantasy qui change 
- Vous voulez de l'action, de l'humour et que ça envoie du steack

A ne pas lire si :
- Vous n'aimez pas les pulps

Présentation de l'éditeur : 

My name is Dunoir. Proie Dunoir. Laissez tomber : private joke.
Qui je suis ? La nouvelle recrue du B.A.S., la banshee de service. On m’a engagée pour botter les culs des méchants qui hantent les rues de Rédemption. Sauf qu’entre les monstres mythiques, les divinités en goguette, les vampires crétins et les Puissances qui se bousculent au portillon, je ne sais plus où donner de la tête. Alors, quand en plus la Famille (la mienne, sinon ce ne serait pas drôle) s’en mêle, j’ai bien besoin de mes collègues Lucrèce et Leyhan pour y mettre un peu d’ordre. Sans oublier Jack, le loup. Mon âme-sœur, parait-il.
Je vous ai déjà parlé de mon âme ? Y a moyen d’écrire tout un roman sur le sujet. Ah ! Mais attendez… Bref, y a des jours comme ça où on se dit qu’on aurait mieux fait de se casser la jambe au saut du lit !

Mon avis

Les Pulps chez Walrus se suivent mais ne se ressemblent pas. Si l'on retrouve toujours la petite touche de l'éditeur, une certaine folie douce qui fait du bien, il faut bien avouer que les histoires vont d'un thème à l'autre sans le moindre problème. Depuis la création de la collection, j'ai lu  des filles qui font du roller derby (Roller Derby X de Michael Roch), une histoire de zombie (Zoulag de monsieur Desienne), le premier épisode d'une détective dans l'univers de Lovecraft (Premier épisode d'A gauche après l'asile de Jessie) et à présent, la première saison des aventures d'une Banshee. Et je prends toujours le même plaisir à lire cette mauvaise littérature, ce petit plaisir coupable qui me fait autant de bien que de la dark romance aux amatrices de romance érotique. Mais passons à ce Proie Dunoir, petit bijoux dans le domaine de l'urban fantasy qui envoie du lourd.

Il faut dire que Proie, l'héroïne, fait partie de ces personnages que j'adore suivre. Charmante punk de vingt quatre ans, elle n'a pas la langue dans sa poche, fait la forte devant les autres sans l'être toutefois trop et possède un sens de l'humour plus que plaisant. Autant le dire, ce n'est pas l'une de ses héroïnes trop parfaite, trop fade que voilà. Elle me rappelle un peu Marie dans Sainte Marie des Ombres ou encore Maeve Regan de Marika Gallman. Bref, un personnage "à la française", loin du stéréotype américain trop lisse. Et j'aime les personnages qui ne sont pas lisses justement. 

D'ailleurs, aucun ne l'est dans Proie Dunoir. Ils ont tous ce petit grain de folie qui les rend assez unique en leur genre malgré une approche à première vue un peu stéréotypée. Mais juste à première vue, vu que Gaelle K. Kempeneers s'amuse régulièrement à les prendre à contre emploi. Et j'adore ça. Surtout qu'elle a réussi à créer une belle osmose entre les personnages. J'ai particulièrement apprécié Lucrèce, sorcière blanche de son état, légèrement guindée, un peu "prout-prout" et qui pourtant est juste super géniale et sort parfois des vannes assez bien sentie. J'ai été par contre un peu déçue que l'on voit moins Leyhan, la sirène, qui entretient avec Proie une sorte de je t'aime, moi non plus à base de piques bien senties. Et puis, il y a Jack. Jack c'est le genre de personnage qui risquait de me prendre la tête. L'homme du groupe, fort, beau, ténébreux et lié à Proie par un lien d'âme (je n'ai pas pu m'empêcher d'y voir une sorte de "parodie" du lien entre Jacob et Renesmee dans Twilight de Meyer)(oui, il m'arrive de lire des livres un peu plus niais)(même pas honte). Or, j'ai adoré Jack, justement parce que ce qui aurait pu être bien chiant (le lien, l'amour fou, la niaiserie du truc) est complètement retourné pour en faire quelque chose de génial. 

Mais il n'y a pas que les personnages de géniaux dans ce roman. L'univers est agréable. De l'Urban Fantasy à la française qui se passe donc non loin des Rocheuses. On se trouve avec un mélange de légende européenne (la Banshee, la sirène, les cours des fées) et amérindienne (les porteurs de peau, les wendigos). Du coup, on ne s'étonne pas de retrouver Nimué (pour ceux qui ne savent pas, il s'agit de la Dame du Lac) dans les Rocheuses par exemple. Un mélange qui n'est pas pour me déplaire. Surtout que j'adore la mythologie féerique européenne. Et chose sympathique, il ne faut pas être un expert en féérie pour tout comprendre. 

Et on ajoute donc à tout cela, le style de l'autrice, percutant, plein d'humour et fort agréable à lire. Je ne raconte pas combien de fois j'ai pu sourire, rire, pousser des petits cris de fangirl ou faire la moue en lisant le roman (Chéri me prend parfois pour une folle lorsque je lis, je devrais me filmer tiens pour rire). Un style qui irait parfaitement bien pour une série. Ce qui est d'ailleurs le cas. En lisant les premiers chapitres, on se rend bien compte qu'au départ, Proie Dunoir devait être une série (qui rend très bien en roman). Aurais-je préféré que ce format-là soit choisi au final ? J'avoue que oui (mais c'est parce que j'adore réellement les séries dans ce genre, courte sans trop l'être avec des cliffhangers qui me font râler à mort et l'attende qui va avec). J'espère grandement d'ailleurs qu'on puisse avoir une saison deux. 

Et enfin, conclusion pour la Banshee Punk ? Gros mais alors gros coup de cœur pour ce roman. Je l'ai fini ce matin et j'en veux encore. Je veux (j'exige serait plus vrai, mais je ne suis qu'une simple lectrice hein) une suite. Je veux savoir ce qu'il va se passer ensuite, je veux plus de Proie et de Jack et des autres. 






vendredi 7 juillet 2017

Les Chiens et les Loups, Irène Némirovsky

Je mettais dis que cette année, j'allais découvrir la littérature slave. Et puis, les mois ont passé et rien du tout. Il était temps que je m'y mette. C'est donc avec une autrice d'origine ukrainienne exilée en France que je commence ma découverte slave.


Les Chiens et les Loups, Irène Némirovsky

Editeur : Le livre de poche
Collection : /
Année de parution : 2010
Nombre de pages :  250

A lire si :
- Vous voulez une histoire d'amour compliquée
- Vous aimez les histoires qui ne sont pas simples
- Vous voulez du sentiment d'exil

A ne pas lire si :
- Vous voulez juste de la romance

Présentation de l'éditeur :


Témoin des bouleversements de son siècle, Irène Némirovsky, morte à Auschwitz en 1942, est l'auteur d'une oeuvre étonnante qui fait d'elle un des plus grands écrivains de l'entre-deux-guerres. À la croisée des cultures juive, française et slave, cette romancière ne cesse de surprendre par sa modernité. Comme la plupart des romans d'Irène Némirovsky, Les Chiens et les Loups (1940) n'est pas étranger au destin personnel de son auteur. Le sentiment d'un inconsolable exil (issue de la
haute bourgeoisie, Irène Némirovsky fuit Kiev et la Révolution d'Octobre avec sa famille avant de trouver refuge en France), le poids de la société et la fatalité du destin sont au centre de ce roman qui évoque l'amour insensé de deux jeunes Juifs unis par un lointain souvenir. Ada, une artiste révoltée, et Harry, un riche banquier, sont les deux facettes d'une même personne. Tragiquement attirés l'un vers l'autre, rien ne peut les réunir, si ce n'est le sentiment de leur propre perte. Bercé de mélancolie, ce bouleversant roman sur l'enfance et l'innocence perdues est un chef-d'oeuvre de la littérature, à découvrir, ou à redécouvrir.

Mon avis

La quatrième de couverture étant assez intriguante au niveau de la vie de l'autrice de ce roman, je suis allée un peu fouiller sur wikipédia pour en savoir plus. Cette femme, née en Ukraine, de confession juive, a dut fuir son pays plusieurs fois pour échapper aux pogroms (attaque ultra violente contre les juifs) puis la révolution d'Octobre. Elle se réfugiera en France avec sa famille. Malheureusement, la seconde guerre mondiale passera par là et elle mourra à Auschwitz comme bien d'autres. Les Chiens et les Loups est le dernier roman publié de son vivant. Elle fut une autrice prolifique se basant pas mal sur sa vie et sur son exil. Les Chiens et les Loups en est un bel exemple. 

Ada Sinner est une enfant juive née dans la basse ville. Orpheline de mère, elle vit avec son père et son grand-père jusqu'à l'arrivée de sa tante Rhaïssa et de ses enfants après la mort de son époux. Si son enfance se passe dans la pauvreté, elle n'en est pas moins tout à fait malheureuse. Elle accepte sa condition, se rebelle contre une tante qui n'en a rien à faire d'elle, vit comme la plupart des enfants. Jusqu'à ce qu'elle aperçoive Harry Sinner, un cousin éloigné, petit fils du Sinner de la ville haute, un parent riche. A partir de cet aperçu, la vie d'Ada va se voir modifier. Elle voue un amour fou à Harry qu'elle ne connait même pas. Mais la vie est souvent injuste et suite aux pogroms, elle part avec sa tant Rhaïssa, Lilla et Ben, ses cousins, ainsi que Madame Mimi, une française pour Paris. Commence alors l'exil pour elle, dans une ville et un pays étranger où elle n'est pas forcément bien vu. Là, elle doit commencer une nouvelle vie et pourquoi pas, un jour se rapprochait d'Harry, lui aussi venu à Paris.

Si le roman se présente comme une sorte de Roméo et Juliette à la sauce juive, il est bien plus que cela. Irène Némirovsky a surement dut se servir de sa propre expérience tant les sentiments sur l'exil sont forts. Car c'est bien de cela que le roman parle. Enfin, pas que, mais nous le verrons après. Les deux personnages principaux du roman, Ada et Harry, vivent l'exil à leur façon. Elle restant slave, sauvage par rapport aux français, lui se mêlant sans vraiment le faire. Finalement, malgré la différence de leur statut sociaux (elle pauvre, lui héritier d'un empire banquier), ils restent pareil face au déracinement. D'ailleurs, ce sont les peintures d'Ada qui le feront comprendre à Harry. Leur attachement, leur histoire d'amour semble découler plus de cet exil que de vrais sentiments amoureux. Les deux sont particulièrement semblables, deux faces d'une même personne au final. Ils ne sont pas les seuls. Ben, le fils de tante Rhaïssa et mari d'Ada, vit aussi son exil d'une autre manière. En réalité, qu'il soit en France ou en Ukraine, il vivrait de la même manière, essayant à tout prix de s'élever de sa condition. Il en va de même pour Lilla, sa sœur, qui aurait pu avoir un avenir brillant et qui finalement, tombera dans l'oubli, comme bien d'autre.

Le fait que les personnages principaux soient juifs apporte aussi beaucoup au roman. Ils ne sont pas juste étranger, ils sont juifs. Or, à l'époque de l'écriture du roman (il est publié pour la première fois en 1940), les juifs ne sont pas vraiment les gens les plus en vu. Trop riches pour certains, trop "étrangers" pour d'autre, leur population restent mystérieuses pour beaucoup. Les personnages sentent tous cela. Ils sont tous semblables entre eux avec pourtant cette différence des liens sociaux. Cela se voit beaucoup avec Ben, jaloux de Harry, qui ne cesse de répéter à Ada qu'ils sont presque comme des frères, que seule la naissance et l'éducation ont séparé, qu'ils sont comme les chiens et les loups (d'où le titre, ben oui).

On ajoute à cela une écriture simple, agréable et finalement belle, une vision de la société d'alors assez critique, encore plus concernant les juifs. D'ailleurs, d'après wikipédia, Irène Némirovsky aurait eu à une époque une réputation d'antisémiste. Réputation qui lui venait semble-t-il plus de l'envie de plaire aux français à travers ses livres qu'autres choses. Il me faut trouver une biographie de cette autrice. Elle m'intrigue autant que ses personnages et ses histoires.

Pour finir, Les chiens et les loups est un très bon livre. Il se cache sous des abords un peu "simple" de la romance pour parler de tout à fait autre chose. Je l'ai lu lentement pour en profiter (il est tout de même assez court). Il est certain que je lirais d'autres roman de madame Némirosky. 

lundi 3 juillet 2017

Les Blaireaux se cachent pour Mourir, A gauche après l'asile, Saison 1, épisode 1, Jessie

Premier achat de l'OPMORSE (d'ailleurs, cette semaine, ce sont les livres dont vous êtes le héros qui sont en promos)(j'ai chroniqué il y a un moment Plongée sur R'Lyeh y a un moment de ça)(toute mon enfance les LDVELH), cet épisode d'une série qui se veut loufoque aura fait mon week-end.

Les Blaireaux se cachent pour Mourir, A gauche après l'asile, Saison 1, épisode 1, Jessie

Editeur : Walrus
Collection : Pulp
Année de parution : 2016
Format : epub

A lire si : 
- Vous voulez du déjanté
- Vous voulez une enquête
- Vous voulez une héroine qui n'a pas la langue dans sa poche

A ne pas lire si :
- Vous n'aimez pas Lovecraft
- Vous voulez du calme et de la sérénité.

Présentation de l'éditeur : 

Comment décrire l’indescriptible ? Il se passe beaucoup de choses à Arkham, ce qui n’est pas pour déplaire à Casey Bolton, détective privée de l’occulte à la tête d’une agence qui se voit confier d’étranges enquêtes. Entourée de curieux spécimens plus ou moins aptes à mener à bien les noirs desseins des Grands Anciens, la jeune femme doit démêler d’extravagantes affaires... s ans jamais perdre son style (tout le reste pourra être négocié).
À ceux qui ont toujours su qu’HPL n’était pas devenu fou pour rien, ce livre va vous donner raison : aucune chance que vous sortiez indemne de la lecture des aventures de Casey Bolton. Les éditeurs et surveillants du Walrus Institute déclinent quant à eux toute responsabilité concernant la perte de vos points de santé mentale, mais s’engagent à prodiguer les meilleurs soins à Jessie, l’auteure de cette truculente fresque haute en couleur.

Mon avis

Qu'il va être compliqué de donner mon avis sur ce premier épisode d'une série qui je l'espère va continuer. Mais on va essayer, hein. Après tout, je suis là pour ça, hein. Donc allons-y.

Prenez un peu beaucoup de Lovecraft, son univers, ses dieux emblématiques..., prenez ensuite une détective qui n'a pas réellement de chance et qui ouvre parfois un peu trop sa gueule, une étudiante trop parfaite, un footballeur américain coqueluche de son équipe qui broute méchamment le gazon, un humeur parfois douteux, de l'action, de l'occulte et vous obtiendrez "A gauche après l'asile", un bon pulp comme Walrus aime publier, comme j'aime les lire. Barré complet et tellement addictif. 

Jessie c'est inspiré du jeu de rôle "L’appel de Cthulhu" et des divers écrits de Lovecraft pour nous pondre sa série. Mais si on ne connait pas l'oeuvre de Lovecraft (ou comme moi, le jeu de rôle), ce n'est pas bien grave. Bon, on va rater deux trois références surement, mais on va quand même bien profiter de l'épisode. Ce qui est agréable. Pas besoin de connaitre par cœur la bibliographique horrifique de Lovecraft pour lire A Gauche après l'Asile. Et ça c'est bien. 

D'ailleurs, on finit rapidement par oublier le monsieur pour Casey Bolton. Casey, c'est tout une histoire. Un personnage comme je les apprécie. Forte en bouche, quelque peu barrée, la réplique facile, tout comme la critique et par qu'envers les autres (même si), la courtoisie en berne. Et elle n'a pas la seule à m'avoir plu. Son équipe est loin d'être ennuyante, entre une tueuse à gage androgyne, une étudiante blonde bien trop parfaite et son garde du corps à la poitrine imposante et j'en passe vu que pour l'instant, nous ne les avons pas tous rencontrer. Ben oui, c'est un épisode d'introduction, faut laisser quelques surprises pour les autres. D'ailleurs, si l'équipe semble déjà bien particulière, elle n'est pas seule. Les personnages secondaires sont tous aussi succulents. Mention spéciale d'ailleurs à Soeur Marie que j'espère découvrir un peu plus dans les autres épisodes (pis je veux le reste de l'équipe aussi)

On ajoute donc à des références fort sympathiques (d'ailleurs, même si l'action se déroule dans les années 1920 et quelques les références à notre culture sont trouvables)(style vampire qui clignote et scintille par exemple), des personnages déjantés, une écriture rapide et non dépourvue d'humour. Un combo gagnant avec moi et qui fait de cette série un vrai petit plaisir pour amateur de pulp walrusien.
Et en plus de ça, si jamais vous n'en avez pas eu assez, on peut retrouver tous les jours des textes d'environ 100 mots sur le blog de l'auteure qui tournent autour de la série (même si parfois l'autrice fait référénce à une saison future, me semble pas qu'il y ait de gros spoiler) : le névronomicon.

Les Faucheurs sont les Anges, Alden Bell

Cela faisait un petit moment que je voulais le lire celui-là. Surtout à cause de son titre, pour tout dire. J'ai finalement franchi le pas.

Les Faucheurs sont les Anges, Alden Bell

Editeur : Bragelonne
Collection : Terreur
Année de parution : 2012
Titre en VO : The reapers are angels 
Année de parution en VO : 2010
Format : AZW

A lire si : 
- Vous voulez de l'apocalypse déjà bien présente sur Terre
- Vous voulez du road-trip

A ne pas lire si :
- Vous voulez du zombie-apocalypse qui crachent beaucoup la violence et le sang

Présentation de l'éditeur : 

Depuis vingt-cinq ans, la civilisation se réduit à de pauvres enclaves qui s’efforcent d’endiguer des flots de morts-vivants. Une jeune fille nommée Temple sillonne ces paysages d’une Amérique dévastée lors d’une errance solitaire qui lui permet de faire taire ses démons intérieurs. Elle n’a pas souvenir du monde avant l’arrivée des zombies, mais se rappelle le vieil homme qui les avait recueillis, son jeune frère et elle ; un cadet dont elle a eu la charge jusqu’à la tragédie qui l’a poussée à aller de l’avant, en quête de rédemption. Un voyage initiatique d’îlot préservé en îlot préservé, à travers un Sud ravagé en proie à la sauvagerie, au cours duquel Temple devra décider où fonder un foyer et trouver le salut qu’elle cherche désespérément.

Mon avis

Comme je le disais, cela faisait un bail que je voulais lire ce roman. Du mort-vivants, du road-trip, un titre accrocheur... J'étais sûre que le livre allait me plaire. D'ailleurs, c'est le cas. Mais pas forcément pour ce que j'espérais.

L'auteur nous entraîne dans un monde où les mort se sont relevés depuis déjà vingt cinq ans. L'invasion est bien là et les humains encore en vie font ce qu'ils peuvent pour le rester. Ainsi naissent des enclaves où la vie semble reprendre un peu son court malgré la menace qui rode. Ainsi certains vont sur les routes pour échapper à tout cela. Temple, quinze ans, a trouvé refuge dans un phare. Un moment agréable mais court puisqu'elle est retrouvé par les morts-vivants (j'ai failli écrire m-v, Toxic n'est jamais bien loin de moi lorsque je chronique du zombies...). Elle repart sur les routes, trouve une des enclaves. Pense même si installer. Sauf que... Sauf qu'elle tue un homme en se défendant et que le frère de celui-ci veut sa vengeance. Alors, elle repart, rencontre sur sa route Maury, un homme déficient mental qu'elle va prendre sous son aile. 

Si vous vous attendez à de la grosse baston, à du zombies très très méchant, vous pouvez passer votre chemin. Les Faucheurs sont les Anges n'est pas une histoire de zombies. Ils ne sont là que pour le décors ou presque. Parce que le roman, c'est l'histoire de Temple, de sa recherche de rédemption. C'est clairement pas un roman qui fait peur, qui file les jetons. C'est un roman qui se veut humaniste, presque contemplatif aussi. L'auteur a choisi de situer son récit bien après la catastrophe pour parler de l'humanité qui reste, qui essaie de se redresser. Le choix n'est pas anodin dans son discours en fait. Il évite ainsi toute la partie "On va tous crevé, faisons n'importe quoi" pour se concentrer sur autre chose.

Avec le road-trip de Temple, il dépeint un monde qui pourrait être beau, qui l'est d'ailleurs en un sens. Il se penche sur l'humain. D'ailleurs, les personnages sont souvent bien faits. Temple est particulièrement intéressante à lire. Quinze ans, une vie déjà pleine d'horreur et pourtant, elle continue, va de l'avant, s’intéresse aux autres. Elle aimerait bien se pauser un moment mais n'y arrive pas. Alors, elle va de rencontre en rencontre. Des rencontres qui la font grandir, souvent, qui lui prouve que l'humanité à encore de belles choses devant elle. Maury, qu'elle appelle l'Idiot, en est un exemple. C'est un personnage attachant, qui voit le monde d'une manière très naïve, qui aide aussi Temple à ne pas tout voir en noir. Les rencontres qu'elle fait sont importantes et j'ai apprécie la diversité des gens qu'elles voient. Les "enclavés", les chasseurs de morts-vivants, cette famille de riches enfermés dans sa propriété... Bon, il est vrai que cela sonne peut-être un peu stéréotypé (la famille de riche par exemple, avec le paternel m-v dans sa cave) mais ce n'est finalement pas bien grave.

Et puis, il y a l'écriture d'Alden Bell. Elle reste assez simple, un peu à l'image de son héroïne. Je ne sais pas si c'est le traducteur ou l'auteur qui a voulu ça, mais du coup, on se retrouve bien dans la tête de Temple. Et puis, sans trop de fioriture, on apprécie aussi les paysages, les pensées, tout ça. Ce n'est pas de la grande littérature du coup, du moins dans la forme. Le fond est plus intéressant au final.

Pour finir, j'ai donc aimé le livre. Je m'attendais à du plus horrifique, du plus "sanguin" et finalement, c'est toute la partie introspection qui m'a plu. Il n'est pas fréquent de lire des romans zombies sur l'après et l'approche de Bell est appréciable. Même si l'on retrouve les stéréotypes du roman zombiesque, l'auteur arrive à sortir autre chose dans ce roman qui finalement semble être plus qu'un simple bout de vie dans celle de Temple et des personnages qu'elle croise.