vendredi 12 juillet 2019

Les Tombeaux d'Atuan, Intégrale de Terremer, Ursula K. Le Guin

Je continue ma redécouverte du monde d'Ursula K. Le Guin. Après le Sorcier de Terremer, me voilà dans le pays Kargue, plus précisément dans les Tombeaux d'Atuan. Une relecture dont je ne me souvenais que du labyrinthe, autant dire de pas grand chose et en même temps, peut-être du plus important pour ce que tout cela représente. Bref, ça a donné quoi, cette relecture ?

/!\ Je Divulgache un peu, beaucoup /!\

Les Tombeaux d'Atuan, Intégrale de Terremer, Ursula K. Le Guin

Editeur : Le livre de poche
Collection : /
Année de parution : 2018
titre en VO : Earthsea
Année de parution en VO : entre 1964 et 2001, plus précisément 1971 pour les Tombeaux d'Atuan
Nombre de pages : 1800

A lire si 
- Vous aimez la fantasy avec magie et dragon
- Vous aimez la mer
- Vous ne voulez pas de violence

A ne pas lire si 
- Vous vous attendez à quelque chose d'ultra violent
- Vous n'aimez pas les voyages initiatique

Présentation de l'éditeur : 

Terremer est un lieu magique et ensorcelé. Une mer immense recouverte d’un chapelet d’îles où les sorciers pratiquent la magie selon des règles très strictes. On y suit les aventures de Ged, un éleveur de chèvres qui, au terme d’une longue initiation, deviendra l’Archimage le plus puissant de Terremer, mais aussi celles de Tenar, haute prêtresse du temple des Innommables de l’île d'Atuan, de Tehanu, la fille-dragon, et de Aulne le sorcier qui refait chaque nuit le même rêve terrifiant. Autour de la grande histoire gravitent des contes qui enrichissent et explorent ce monde où enchanteurs et dragons se côtoient.

Mon avis

Après le Sorcier de Terremer, qui nous contait les début du jeune Ged, Ursula K. Le Guin décide de mettre en scène une jeune héroïne dans les îles Kargues qu'elle n'avait fait qu’effleurer durant le voyage du sorcier. C'est en partant donc d'une phrase presque anodine de la fin du premier tome qu'elle va lancer les Tombeaux d'Atuan. Ce que je trouve marrant, c'est qu'elle explique dans la post-face des Tombeaux (un truc vraiment sympa de cette intégrale, il y a une explication par l'autrice à chaque fin de tome), qu'elle n'avait jamais prévue de faire une suite à l'histoire de Ged. C'est surement pour cela qu'elle a pu se permettre de ne pas choisir le sorcier comme personnage principal même s'il finit par apparaître. Mais passons à l'histoire en elle-même et à son héroïne, la jeune Tenar.

La Première Prêtresse, seule prêtresse des Innommables, est immortelle. Elle se réincarne toujours. La nouvelle incarnation naît le jour de la mort de l'ancienne. A ses cinq ans, si tout va bien, elle est amené aux Tombeaux d'Atuan pour devenir Arha, la Dévorée. Nous suivons une nouvelle Arha dans son apprentissage (oui, c'est aussi un texte initiatique, mais ici le voyage n'est pas vraiment physique). Avec elle, nous allons découvrir le fonctionnement du Lieu. Si tout se passe pas trop mal pour elle, l'arrivée dans le Labyrinthe d'un sorcier va tout changer. Arha va se questionner sur ce qu'elle est, mais aussi sur les Innommables et ce qu'il se passe dans le Lieu. 

Comme je le disais en parenthèse, nous avons avons un récit initiatique. Celui d'une enfant qui se retrouve dès le départ avec du pouvoir. Un pouvoir sur les choses dont elle ne sait trop quoi faire. Bien qu'elle soit guidée au début de son histoire, personne ne sait réellement ce qu'est être Première Prêtresse. Elle le découvre souvent de manière brutale, sans avoir réellement le temps d'analyser ce qu'elle fait ou doit faire. Pourtant, la vie se déroule presque paisiblement dans le Lieu pour la jeune Arha. Elle n'aura à commander qu'une seule fois la mort de prisonniers du Dieu-Roi. Enfin, jusqu'à la mort de Thar, une prêtresse qui l'avait prise sous son aile, l'ascension à un pouvoir plus grand pour Kossil, l'autre prêtresse et surtout, l'arrivée d'un sorcier dans l'En dessous des Tombeaux. Ces trois événements vont amener Arha à réfléchir sur ce qu'elle est et surtout à comprendre quel est le pouvoir dont elle dispose vraiment. L'évolution de la jeune fille ne se fait pas d'un coup. Il lui faut du temps pour comprendre qu'elle peut tenir tête à son aînée, qu'elle peut décider par elle-même aussi. 

J'ai aimé le personnage d'Arha/Tenar pour son parcours. Elle qui semble si sûre de ses croyances, de son pouvoir, voit son univers perturber par l'arrivée d'une seule personne. Il lui faut du temps avant de remettre de l'ordre dans son esprit, avant même pouvoir ne serait-ce que faire confiance à Ged (oui, parce que c'est bien lui le sorcier qui débarque dans son univers). Tout ne se fait pas d'un claquement de doigts. Elle doit mettre de côté tout ce qu'elle sait ou pense savoir depuis sa naissance. J'aime voir le doute s'insinuait et puis la manière dont Ged arrive à la convaincre que ce qu'elle croit n'est pas faux, mais pas vraiment vrai non plus. D'ailleurs, j'apprécie assez le début de rôle de mentor du sorcier.

Mais surtout j'ai aimé qu'il n'y est pas qu'elle qui est besoin de lui pour s'en sortir. Ged a tout autant besoin de Tenar pour rester en vie qu'elle a besoin de lui. Il y a un équilibre appréciable qui se joue entre les deux. Aucun n'est plus fort que l'autre, aucun n'a le dessus. On ne retrouve aucun rapport de force entre eux, pas même, finalement, lorsqu'elle le tient presque à sa merci. C'est quelque chose d'assez rare pour être signalé. Ce n'est pas à proprement parlé une partie féministe du texte (tout comme pour le premier tome, Ursula K. Le Guin n'a pas écrit un texte à vocation féministe à la base) mais on sent un petit quelque chose qui fait bien plaisir quand même (parce qu'avouons que finalement, un roman où le protagoniste a besoin de la protagoniste pour ne survivre et où l'inverse est aussi vrai n'est pas fréquent (on retrouve quand même bien souvent le prota qui sauve la prota, rarement l'inverse, encore moins les deux se sauvant mutuellement).

Et je me rends soudain compte que j'ai failli ne pas parler des Labyrinthes (plus ça va, plus il me faut du temps pour écrire mes avis et du coup, j'oublie des choses)(en vrai, je fais vingt choses en même temps et du coup, ben, il me faut une journée entière pour écrire tout ça). Bref, le Labyrinthe, c'était la seule chose dont je me souvenais vraiment parfaitement dans le livre. En fait, pour moi (c'est important, le pour moi ici, je le rappelle), il représente un peu les méandres de l'esprit de Tenar. Tant qu'elle y va, qu'elle les découvre, elle est perdue. Elle ne sait pas totalement qui elle est, ni même finalement ce qu'elle doit faire. Les Innommables font en sorte qu'elle se perde dans son propre esprit plutôt que physiquement (elle est capable d'aller d'une pièce à 'autre sans problème). C'est une allégorie de ce qu'elle ressent. D'ailleurs, sa fuite du Lieu et du Labyrinthe coïncide avec le moment où elle décide d'être Tenar et non la Dévorée et où elle voit plus clair. Elle est encore un peu perdue mais un chemin se profile devant elle, un chemin qui semble plus lumineux que ce qu'elle a vécu jusque là (oui, alors, les livres de Terremer ont une légère tendance à me faire partir sur des réflexions quelque peu philosophique, j'ai l'impression).

Au final, j'ai aimé ce roman, peut-être même un peu plus que son prédécesseur. Disons qu'il me parle un peu plus que le Sorcier. L'univers est toujours aussi fascinant pour moi et j'espère que lorsqu'elle aimera un peu plus lire, je pourrais laisser cette intégrale à mini-moi (mais ça devrait surement attendre encore deux ou trois ans quand même). D'ailleurs, en parlant d'intégrale, si j'adore lire et relire Terremer, je dois avouer que parfois, c'est un peu déprimant de ne pas avoir l'impression d'avancer dedans (là par exemple, d'après Livraddict, je ne suis même pas à 25% du livre). Mais heureusement que la sensation passe vite tant il est agréable de bouquiner dedans.

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