lundi 21 septembre 2020

Un manoir en Cornouailles, Eva Chase

Les Cornouailles font parties des endroits que je veux visiter un jour. Ma passion pour les légendes Arthuriennes n'y sont pas pour rien. Du coup, je suis littéralement attirée par le mot dès que je le vois. Et c'est comme ça que ce Manoir est arrivé dans ma PAL. Ca, et la mention de Daphné du Maurier aussi. Bon par contre, il a fallu attendre que ma mère le finisse avant de me plonger dedans.

Un manoir en Cornouailles, Eva Chase

Editeur : 10/18
Collection : /
Année de parution : 2019
Titre en VO : Black Rabbit Hall 
Année de parution en VO : 2015
Nombre de pages : 430

A lire si 
- Vous aimez les huis-clos
- Vous aimez les histoires et secret familiaux
- Vous n'êtes pas dérangés par deux lignes de temps

A ne pas lire si 

Présentation de l'éditeur : 

Cornouailles, 1968. Pencraw, un grandiose manoir en ruine dans lequel les Alton élisent domicile l’été. Le temps semble s’y être arrêté et défile sans encombre. Jusqu’au drame qui vient bouleverser leurs vies et arrêter le temps à jamais.
Cinquante ans plus tard, avec son fiancé Jon, Lorna roule à la recherche du manoir des Lapins noirs, cette maison où elle a séjourné enfant. Elle rêve d’y célébrer son mariage. Tout dans cette vieille demeure l’appelle et l’attire. Mais faut-il vraiment déterrer les sombres mystères de ce manoir en Cornouailles ?
Eve Chase nous entraîne dans une passionnante spirale unissant deux femmes séparées par les années, mais que la force de l’amour et le poids des secrets réunissent en une seule voix, mélancolique et entêtante.

Mon avis

Comme je le disais, dès que ça parle Cornouailles, je me jette dessus. Mais si en plus de ça, ce roman-ci parle d'un manoir et d'un mystère. On comprend mieux du coup l'allusion à Du Maurier sur la quatrième de couverture de l'édition 10/18 même si, avouons-le, le lien ne se fait pas tout de suite (Nous vous attendez pas à un roman dans la lignée de Rebecca par exemple, même si, finalement, certain point paraissent identique). Ici, le mystère ne repose pas sur une première femme étrangement décédée, ni sur des apparitions tout aussi étrange. Non, c'est une histoire de famille avec tout ce que ça peut impliquer.

En 1968, première ligne temporelle du roman, nous découvrons la famille Alton par l'intermédiaire d'Amber, la fille ainée de la famille. Elle est la narratrice de cette ligne et c'est par ses yeux que nous découvrons la petite famille unie autour de la mère, Nancy et du manoir des Cornouailles, le Manoir des Lapins Noirs. Là-bas, la vie est calme, paisible, comme arrêté. Mais durant Pâques 1968, le drame arrive, Nancy décède suite à un accident de cheval alors qu'elle était partie à la recherche de Barney, le plus jeune des fils. Pour palier l'absence de la mère, et sous la pression de la société, le père finit par ramener à Noël celle qui deviendra la belle-mère des enfants, Caroline, ainsi que son fils, Lucian. Petit à petit, Caroline tente d'effacer le souvenir de Nancy du manoir et de la vie des Alton, se battant régulièrement contre Toby, le jumeau d'Amber. De son côté la jeune fille est partagée entre son frère et Lucian, dont elle tombe petit à petit amoureuse.

De nos jours, Lorna et Jon vont se marier. Ils cherchent la maison de leur rêve pour la cérémonie, ou plutôt celle de Lorna, qui veut à tout prix que cela se passe en Cornouailles. Lorsqu'elle tombe sur Pencraw, le manoir aux Lapins Noirs, elle sait que c'est là qu'elle veut se marier. Elle est attiré par la maison. Petit à petit, elle va découvrir que Pencraw et elle sont liés. Et que tout à à voir avec ce qu'il se passe en 1969 (alors non, je ne spoile pas, hein, on s'en doute depuis le début, sinon, il n'y aurait pas deux lignes temporelles).

J'ai adoré la ligne du passé pour plusieurs raisons. Déjà pour son ambiance. Elle a un côté doucereux, nostalgique, empreint de non-dits et de silence. Même si Amber est entourée de sa famille, elle reste seule, trop vieille pour rester avec Barney et Kitty, les deux plus jeunes Alton, s'éloignant de plus en plus de son jumeaux tandis que Caroline prend plus de place dans leur vie. Tout est raconté avec une certaine justesse, une écriture qui n'en fait jamais trop, jamais peu. On se voit dans la tête d'Amber, bien trop jeune pour supporter le poids que le décès de sa mère lui a collé sur les épaules. Et puis, soudain, il y a l'espoir, la lumière et avec elle les ombres. Parce qu'il n'y a pas d'ombre sans lumière et inversement. Lucian est les deux et leur histoire lui fait autant de bien que de mal, à cause de Toby. Toby est peut-être le personnage qui finalement me parle le plus dans ce roman. Le garçon totalement dépassé que personne n'écoute, que tout le monde craint. Il a un côté presque attendrissant que je ne saurais vraiment expliquer. Peut-être sa partie trop rebelle et tout le côté fragile que cela révèle en lui. 

Et puis, il y a Caroline, la belle-mère qui m'a aussi marqué. Caroline qui marque d'ailleurs quelle que soit l'époque, puisqu'elle est l'un des personnages a apparaitre dans les deux lignes temporelles. Caroline que l'on voit comme la méchante belle-mère en 1969 et dont on ne peut que se demander les vrais motivations de nos jours. C'est le genre de personnage ambigus que j'adore. Caroline, c'est la femme qui retrouve son premier amour mais qui doit composer avec la défunte femme de celui-ci. Or, elle ne sait pas comment s'y prendre. Elle est égoïste (ça se ressent beaucoup à la manière dont elle traite son propre fils), pourrie et en même temps, elle ressemble presque à une enfant qu'on a laissé de côté et qui se venge de ça. Vraiment les personnages de la ligne du passé ont tous cette subtilité, ce petit truc qui fait qu'ils sont intéressant à suivre, qu'on les plaindrait presque tous, même Caroline.

Or, ça, on ne le retrouve pas dans la ligne présent. Bien sûr, Lorna a une histoire pas forcément toute simple avec la disparition de sa mère, son adoption, les questions qu'elle se pose sur ses deux points. Mais elle n'a pas l'épaisseur d'Amber par exemple. Le fait qu'elle ne soit pas narratrice mais personnage point de vue n'y est peut-être pas pour rien. Son histoire à elle y perd beaucoup, je trouve. Sans parler du fait qu'il n'y a finalement que elle qui existe dans cette partie avec Caroline. Les autres personnages, Jon ou Endellion sont assez peu exploités au final. Et puis, forcément, on se doute rapidement du lien entre Lorna et les évènements de 1969. Et si finalement, cette ligne-là clôture d'une jolie manière l'histoire du Manoir aux Lapins Noirs (oui, j'ai eu les larmes aux yeux, à la fin, que se soit dans la partie passé ou dans la partie présent), elle reste pour moi peut-être un peu de trop (elle n'apporte de réponse que sur la fin)

Au final, ce n'est pas tout à fait un coup de cœur mais presque. J'ai adoré l'ambiance du roman, ce côté assez mystérieux que fait planer les révélations de la partie présent sur la partie passé, ce manoir hanté par Nancy Alton et les non-dits. Il y a effectivement un minuscule côté Rebecca dedans mais pas comme on le pense. C'est un livre passionnant, à lire avec un bon thé au coin du feu (je rêve d'avoir une cheminée) sous un plaid (et ça même s'il se passe en grande partie en été). Je recommande vraiment (et ma maman aussi d'ailleurs !)

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