Ocean Mer, Alessandro Baricco
Editeur : Folio
Collection : /
Année de parution : 2002
Titre en VO : Oceano mare
Année de parution en VO : 1993
Nombre de pages : 282
A lire si :
- Vous voulez un livre poétique et beau
- Vous voulez un livre transgenre
A ne pas lire si :
- Vous n'aimez pas les livres qui donnent l'impression de partir en tout sens
- Vous n'aimez pas la mer
Présentation de l'éditeur
Au bord de l'océan, à la pension Almayer, « posée sur la corniche ultime du monde », se croisent sept personnages au destin étrange et romanesque, sept naufragés de la vie qui tentent de recoller les morceaux de leur existence. Mais leur séjour est bouleversé par le souvenir d'un hallucinant naufrage d'un siècle passé et la sanglante dérive d'un radeau. Et toujours, la mer, capricieuse et fascinante...
Mon avis
Je sens qu'il va être dur de parler d'Ocean Mer. Comme souvent avec ce genre de livre, qu'on aime énormément, ce fut un vrai coup de cœur, et dont on ne sait vraiment comment le vendre aux autres sans avoir à dire juste : lisez-le. Je pourrais m'arrêter là si vous êtes amoureux de la mer, de la poésie et des histoires de naufrages-rédemption. Je ne le ferais pas, forcément.
Océan mer, c'est le destin croisé de sept hommes et femmes. Pour une raison ou une autre, ils se retrouvent à la pension Almayer, une pension étrange qui semble presque irréelle au bord de la mer. Tous ont des fêlures qu'ils viennent ici soigner, parfois sans le savoir. La première partie nous permet de les découvrir, ces sept-là. De découvrir aussi la pension et son fonctionnement. La seconde partie nous entraîne dans un naufrage qui n'est pas sans rappeler celui du radeau de la Méduse, enfin la troisième partie comporte le dénouement pour tous.
Ce qui frappe en premier dans Océan Mer, c'est le texte, la manière dont Alessandro Baricco joue avec les mots, les styles, les genres. Pas un chapitre qui ne se ressemble réellement. Un peu comme la mer qui elle-même change tout le temps. Cela peut dérouter, perturber. L'impression de ne jamais lire le même livre alors que si. Tout est changeant, éphémère et pourtant bien là. Baricco s'attarde autant sur les mots que sur les sentiments et petit à petit nous fait découvrir ses personnages. Des personnages qui sont tous des naufragés de la vie, des personnages étranges et souvent complémentaires. Il y a cette fille qui a peur de tout, trop sensible, l'homme d'église qui la suit et dont les mots dépassent souvent sa pensée, ce peintre ancien portraitiste qui ne trouve pas le commencement de la mer, ce professeur qui lui en cherche la fin, cette femme que son mari a envoyé pour la guérir de son adultère, cet homme qui en a trop vu et les deux naufragés du radeaux (dont l'un est en fait l'homme qui en a trop vu). Et puis, il y a les enfants de la pension, êtres tout aussi étrange dont nous ne saurons pas grand chose mais qui ajoute une touche fantastique à l'ouvrage.
Et puis, il y a la mer. La mer ici est au cœur de tout, tout est mer. En grande amoureuse de celle-ci, je n'ai pu qu'apprécier son rôle. Un rôle particulier, à la fois bourreau, docteur, amie et ennemie. Une mer qui révèle et se révèle, un personnage à part entière. Elle est toujours là, bien présente, elle rythme les mots et les pages de l'auteur, elle plante le décors, même lorsqu'elle n'est pas réellement présente. Elle est Le personnage du roman, réellement.
Tout cela fait d'Océan Mer un roman merveilleux, un roman étrange et terriblement prenant. Toutes ces histoires qui semblent être si différentes et qui pourtant se croisent et s’entremêlent nous offre une vision plutôt philosophique de la vie en général. C'est beau, ça prend souvent aux tripes et ça nous emmène ailleurs, dans un monde qui est là sans l'être, une pension irréelle qui ne tient qu'à un fil. C'est un vrai coup de cœur pour moi, à bien des égards.
"Tu sais ce qui est beau, ici ? Regarde : on marche, on laisse toutes ces traces sur le sable, et elles restent là, précises, bien en ligne. Mais demain tu te lèveras, tu regarderas cette grande plage et il n'y aura plus rien, plus une trace, plus aucun signe, rien. La mer efface, la nuit. La marée recouvre. Comme si personne n'était jamais passé. Comme si nous n'avions jamais existé. S'il y a, dans le monde, un endroit où tu peux penser que tu n'es rien, cet endroit, c'est ici. Ce n'est plus la terre, et ce n'est pas encore la mer. Ce n'est pas une vie fausse, et ce n'est pas une vie vraie. C'est du temps. Du temps qui passe. Rien d'autre"
"Quand tu la regardes, tu ne t'en rends pas compte : le bruit qu'elle fait. Mais dans le noir… Toute cette infinitude n'est plus que fracas, muraille de sons, hurlement lancinant et aveugle. Tu ne l'éteins pas, la mer, quand elle brûle dans la nuit."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire