J'ai découvert Ingrid Astier avec Petit Eloge à la nuit, petit livre que j'avais apprécié puis avec une nouvelle dans Nevermind, 13 nouvelles grunges et noires que j'avais moins apprécié. Du coup, lorsque j'ai su qu'elle sortait un livre YA, je me suis dis que vu qu'elle semblait apprécié écrire autre chose que des polars, ça pourrait être sympa à lire. Et puis, Même pas peur, s'il n'avait pas été écrit par elle, me plaisait beaucoup au vu de sa quatrième de couverture.
Même pas peur, Ingrid Astier
Editeur : Syros
Collection : /
Année de parution :2015
Nombre de pages : 179
A lire si :
- Vous voulez une belle histoire
- Vous voulez un narrateur (important, vu le thème)
- Vous aimez les beaux paysages et les beaux sentiments
A ne pas lire si :
- Vous ne voulez pas de triangle amoureux (ou alors un vrai de vrai)
- Vous n'avez rien à faire des amours adolescentes
Présentation de l'éditeur :
Sur l'île d'Yeu, deux garçons et une fille s'apprêtent à faire une
chasse aux trésors. Mica semble inaccessible à Stephan mais proche de
Phil. Stephan est jaloux et veut tout faire pour compter aux yeux de
Mica.
Mon avis
Que peut donc donner une auteure habituée au polar lorsqu'elle passe d'un genre noir à quelque chose censé être plus léger (censé oui), le Young-adult ou jeunesse en français ? C'est une question que l'on peut se poser, les thèmes étaient parfois à contre courant. Mais avec les auteurs francophones, on se rend vite compte que changer de genre n'est pas vraiment un problème. Du moins, c'est ce que j'ai pu remarqué au fils de mes lectures. Il est plus rare de voir un auteur américain écrire des genres aussi opposés (ça arrive, hein, mais c'est plus rare).
Même pas peur se déroule sur l'île d'Yeu, durant une période très courte, une seule et même journée. Cette journée, c'est celle de la chasse aux trésors annuelle à laquelle participe tous les jeunes ou presque de l'île. Stephan et sa bande de copains comptent bien y participer et la gagner. Mais c'est sans compter la rivalité entre lui et son meilleur ami Phil, pour la belle Mica.
La première chose marquante dans Même pas peur, c'est le narrateur. Oui, narrateur et pas narratrice. Quand on lit un livre avec en plein milieu un triangle amoureux et une histoire d'amour donc, on est plutôt habituée (enfin, moi) à trouver une narratrice, souvent fort gnangnan. Ici, Astier prend le parti de raconter son histoire par le biais d'un jeune homme de seize ans, plutôt casse-cou. Je dois dire que le jeune Stephan m'a particulièrement touché. Les autres personnages sont tous aussi attachants. Même si Phil, vu par Stephan à ce moment-là, parait être un bon petit con prétentieux, ce n'est pas vraiment le cas. Au niveau des filles, je suis plutôt contente qu'on ne voit pas Mica exclusivement par Stephan, sinon, elle m'aurait paru bien gourde. Non c'est une ado comme les autres qui ne sait malheureusement pas vraiment où elle en est. Milena, l'autre fille, plus effacée dans le texte reste tout aussi intéressante. Il est juste dommage qu'elle ne soit finalement là que pour donner une sorte de "rivale" à Mica. Pour le reste du groupe, je dois avouer qu'ils m'ont fait penser à mes copains d'adolescence, tout comme les personnages principaux, et c'est surement pour cela que j'ai tant aimé les personnages.
D'ailleurs, c'est quelque chose qui m'a marqué, ça, le fait de retrouver une petite part de ma propre adolescence dans ce roman. Je dis ça parce que souvent, je trouve les romans jeunesse/YA un peu exagéré au niveau des relations ou même des personnages. Ici, ce n'est pas vraiment le cas. Oui, il y a quelques exagérations, mais finalement, pas vraiment. On retrouve bien l'esprit des adolescents de quinze-seize ans, cet amour du risque, de l'aventure et le temps des vacances.
Ensuite, il y a l'île d'Yeu. J'avoue ne pas du tout la connaitre mais avoir une véritable envie de m'y rendre. L'auteure connait l'île pour y aller régulièrement d'après ce que j'ai cru comprendre et l'on voit qu'elle aime réellement l'endroit. Les descriptions y sont simples mais détaillées et donnent vraiment envie de s'y rendre. Franchement, c'est une destination à ajouter à mon carnet de futurs voyages. En plus de ça, les décors plutot sauvages de l'île vont, je trouve, très bien avec l'histoire.
Et parlons-en de l'histoire. Si la chasse au trésor n'est finalement qu'un pretexte, ce sont les sentiments de Stephan qui prenne le pas sur tout le livre. Si on peut penser que l'on va tomber dans le mièvre, on se trompe. Stephan a beau être fou amoureux de Mica depuis des lustres, a beau être pour cela en compétition avec Phil, il n'en reste pas moins lucide. Et finalement, ce sont les questionnements d'un adolescent sur la vie en général qui viennent émaillé le texte avec parfois des réponses, souvent non. C'est là qu'est toute la saveur du livre et qui fait qu'il va plaire, je pense, autant aux adolescents qu'aux adultes.
Au final, j'ai vraiment été conquise par Même pas peur et ses personnages. Je me suis retrouvée quelques dix ans en arrière durant ma lecture (le coup de vieux, là par contre), et lorsqu'un livre me fait remonter comme ça dans mes souvenirs, c'est généralement qu'il a tout bon. Son seul défaut ? Parfois Astier a voulu trop en faire dans le jeune, et on sent que comme moi, elle ne l'est plus vraiment. Mais ça reste minime.
Pour finir, quelques citations (ça faisait longtemps en plus)
"Et quand je serai adulte, le col serré dans une chemise, à traiter de grandes affaires avec l'air le plus sérieux du monde, est-ce que l'amour restera le seul sujet ? Est-ce que je parlerai bilan de l'année, tandis que mon cœur, sous ma belle chemise blanche, continuera de saigner ?"
"Mais, en matière de sentiments, je le dis, peu d'hommes ont le courage de leurs couilles."
"Quand on ne sait pas quoi faire de ses sentiments l'océan semble trop grand."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire