La première fois que j'ai lu le cycle de Pendagron, c'était il y a vingt ans à peu prés. Ce fut un vrai coup de cœur, surtout qu'à l'époque je vouais une véritable passion aux mythes arthuriens (c'est toujours le cas d'ailleurs, hein). Je me suis demandée ce que ça donnerait, donc vingt ans plus tard avec mon bagage actuel.
Taliesin, Le cycle de Pendragon, tome 1, Stephen Lawhead
Editeur : Le livre de poche
Collection :
Année de parution : 2002
Titre en VO : The Pendragon Cycle, book 1 : Taliesin
Année de parution en VO : 1987
Nombre de pages : 668
A lire si :
- Vous aimez les romans contemplatifs
- Les mélanges de mythologies ne vous font pas peur
A ne pas lire si :
- Vous voulez voir Arthur dès le départ (spoiler : il n'apparait réellement qu'à partir du troisième tome)
Présentation de l'éditeur :
Fuyant l'engloutissement de l'Atlantide, trois navires désemparés emportent le roi Avallach et sa fille vers Ynys Prydein, une île noyée dans les brumes. Dans ce nouveau monde, où les guerriers celtes luttent pour leur survie dans les derniers soubresauts d'un Empire romain agonisant, ils essaient tant bien que mal de refaire leur vie. De la rencontre de ces deux civilisations, et de l'union de la jeune princesse atlante avec le barde Taliesin, naîtra celui que chacun connaît désormais sous le nom de Merlin...
Mon avis
Il y a quelque chose d'étrange à relire un bouquin vingt ans plus tard. Bon déjà, parce que ça met un sacré coup de vieux. Je lisais Taliesin quand j'avais quinze/seize ans et à l'époque, je me cachais pour bouquiner en paix dès que je le pouvais. Mais surtout, ma mémoire a éclipsé une bonne partie du roman, à savoir la première. Dans ma tête, ça commençait avec Charis dans l'arène, une scène que je revois parfaitement depuis le temps (dans l'idée, sur les tomes suivants, il y a l'arrivée de Guenhwyvar que j'ai parfaitement en tête). Il faut dire que la dite scène est assez marquante. Du coup, qu'elle ne fut pas ma surprise de découvrir qu'il y avait une première partie avant d'arriver à cette fameuse arène. Mais revenons à nos moutons, à savoir de quoi parle donc ce premier tome ?
J'ai toujours trouvé le nom du cycle pas totalement approprié à celui-ci. Pourtant, les Pendragon feront prochainement leur apparition. Mais pas ici. Ici, on va assister à la rencontre entre des parents de Merlin, à savoir la princesse atlante Charis et le barde celte Taliesin. Le roman va alternativement nous conter leur vie, l'auteur cherchant à expliquer sa mythologie tout en se basant sur des faits historiques avérés ou non. Ainsi, Charis est la fille du roi Avallach, l'un des rois d'Atlantide. Elle mène une vie paisible jusqu'à la mort du Grand Roi Atlante et surtout, celle de sa mère, Briseis. Tenue pour responsable par son père, elle quittera sa patrie pour les arènes sacrées ou elle dansera durant sept ans. Puis, viendra la destruction de son royaume et l'arrivée en Grande Bretagne où son père s'instellera à Caer Avallach (que l'on peut considérait comme était Avalon). Du côté de Taliesin, on commence d'abord par l'histoire de son père Elphin, sa découverte dans le combre à saumon puis sa vie en temps qu'apprenti barde. Forcément, quand les deux vont finir par se rencontrer, ils tomberont amoureux l'un de l'autre et la dernière partie du roman nous raconte tout cela.
Dans la fin des années 80, l'idée de relier légendes arthurienne et mythe de l'atlantide a fait quelques émules. On peut citer Marion Zimmer Bradley (oui, elle reste problématique au vu des accusations qui planent sur elle et son époux) et son cycle d'Avallon (il faut savoir qu'après la trilogie des Dames d'Avallon, elle a publié quatre romans se passant bien avant la trilogie) et bien sûr Stephen Lawhead. A vrai dire, les légendes arthuriennes semblent assez se prêter à ce mélange, du moins la partie concernant Avalon et le peuple qui l'habite. La grosse différence entre Lawhead et Zimmer Bradley viendra de l'époque où ils situent tous deux les légendes arthuriennes. Si elle décida de les placer quelque part dans un moyen-âge courtois, lui décide de le faire durant le Vième siècle, essayant de coller à une certaine réalité historique (tout comme le fera, bien plus tard, Alexandre Astier avec Kaamelot). Personnellement, j'apprécie beaucoup qu'il ait essayé de coller à cela, surtout que, concernant la partie Taliesin, ça colle à peu prés (à un siècle prés en fait) à la réalité historique. Après, il ne faut surtout pas oublier que le tout est un roman et qu'à part les lieux et certains évènements, rien n'est réellement arrivé. Il n'empêche que le mélange reste donc plausible et que, de mon côté, ça fonctionne pas mal.
Ici, si ça fonctionne, c'est aussi grâce aux personnages. On va forcément s'attacher à Charis, la protagoniste féminine. C'est elle que l'on voit le plus et qui aura un rôle durant presque tout le cycle. Car Charis est bien plus qu'une princesse Atlante. Elle est la future Dame du Lac (oui, non, je spoile pas, c'est comme ça que Taliesin l'a rêve la première fois). Surtout, dans ce tome, c'est une jeune fille rebelle, qui a beaucoup de mal à trouver sa place. Je trouve juste dommage par contre que la troisième partie finisse par faire disparaitre la colère du personnage pour n'en faire plus que la future mère de Merlin et surtout l'épouse de Taliesin. Taliesin, lui, apparait un peu moins. Il reste aussi plutôt mystérieux. C'est un barde, un héraut et c'est ce rôle-là qu'il joue, plus que celui de héros du roman (il ne l'est pas) ou même de père de Merlin. Et puis, on commence à apercevoir Morgian qui, dans mes souvenirs, est un personnage complexe comme peut l'être Morgane le Fay (malheureusement, on l'a voit trop peu ici pour s'en rendre compte). D'ailleurs, j'aime assez les personnages plus secondaires, ceux qui sont à l'arrière et qui font avancer l'histoire (Dafyd, Avallach, Lile etc...). La seule chose que je trouve dommage dans tout cela, c'est forcément la place des femmes, trop souvent derrière les hommes alors que l'on sait très bien qu'elles ont toutes leur importance dans les mythes Arthuriens.
Mais si j'aime beaucoup cette vision de la mythologie arthurienne de l'auteur, si j'apprécie particulièrement ses personnages, je trouve tout de même un défaut au roman : son côté trop contemplatif et ses descriptions parfois trop ampoulées. Pour les descriptions, j'avoue me poser la question de la traduction. Il est possible que Luc Carissimo en ait rajouté pour faire plus "médiéval", comme le fit Hillings sur la Roue du Temps. N'ayant jamais eu la version originale sous les yeux, je ne pourrais le dire (Carissimo semble habitué à la traduction de roman Fantasy)(vous me direz Hillings aussi, c'est pour autant qu'elle a pas foiré des trads...). Pour le côté contemplatif, ce n'est pas que je n'aime pas, mais je trouve que Lawhead a parfois tendance à toujours revenir sur les mêmes choses. Surtout, cela rend certains passages légèrement trop long, cassant le rythme de lecture.
Au final, je m'attendais à un nouveau coup de cœur et en fait, ce n'est pas vraiment le cas. J'ai grandi, j'ai pris un peu de bouteille et mes goûts littéraires se sont affinés. J'aime toujours autant l'histoire en elle-même mais je ne la vois pas comme il y a vingt ans. Je n'y vois plus le côté romantique que j'avais pu lui voir. Ce n'est pas pour autant que ce premier tome n'est pas bon. Juste que ce n'est plus tout à fait ce que j'aime lire maintenant. Pour autant, sans être un coup de cœur, j'aime toujours et, comme je surkiffe les légendes arthuriennes, je vais continuer le cycle.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire