mercredi 28 septembre 2016

Le Jour Où..., Paul Béorn

Cela faisait un moment que j'avais envie de découvrir Paul Béorn. Mais j'ai jamais trouvé le temps. Voilà, maintenant, c'est fait. Et je dois dire que j'ai assez apprécié.

Le Jour Où..., Paul Béorn

Editeur : Castelmore
Collection : /
Année de parution : 2014
Format : AWZ

A lire si :
- Vous voulez un bon jeunesse à la limite du YA
- Vous voulez des personnages attachants
- Vous n'avez pas peur de la violence

A ne pas lire si :
- Vous avez moins de 15 ans (recommandation Castelmore et je suis assez d'accord)
- Vous n'aimez pas la violence, surtout lorsque se sont des enfants et ados qui la vivent

Présentation de l'éditeur : 

Tous les adultes se sont endormis... que la fête commence ! Pendant une journée que les enfants baptisent « le jour du marchand de sable », tous les adultes sombrent les uns après les autres dans un mystérieux coma... Enfants et adolescents se retrouvent livrés à eux-mêmes. Dans une petite ville, Léo et Marie, deux lycéens de seize ans, rassemblent autour d'eux quelques amis pour vivre ensemble dans un vieil immeuble. Mais des gangs profitent de la situation, s'accaparent les réserves de nourriture et deviennent de plus en plus violents. La bande de Léo doit apprendre à se battre pour défendre leur liberté quand d'autres voudraient imposer la loi du plus fort. Léo et sa bande parviendront-ils à survivre jusqu'au réveil des adultes ? Et si les adultes ne se réveillaient jamais ?

Mon avis :

Imaginez, vous êtes un enfant, ou un adolescent, en tout cas pas plus vieux que dix-sept ans. Un jour, tous les adultes autour de vous tombent dans le coma. Qu'allez-vous faire, livrez à vous même ? Surtout que le coma dure... Que peuvent donc faire des enfants dans un monde où personne ne leur à vraiment appris à vivre seul ? C'est à cette question que Paul Béorn va essayer de répondre. Pour ce faire, il n'a pas choisi la voix de la facilité, celle où les enfants sont sages, où ils vont s'organiser gentiment espérant un retour à la normale. Non, comme d'autres avant lui (Sa Majesté des Mouches en est un bon exemple), il va préférer montrer le pire. Et peut-être finalement, ce qu'il adviendrait réellement dans un cas pareil.

Si le premier jour après le Jour du Marchand de Sable a été un jour de fête, la suite n'a pas été la même. Les enfants se sont regroupés par bande, plus ou moins organisées afin de survivre. Un comportement assez normal en somme, on se regroupe toujours avec les voisins, des gens que l'on connait, auxquels on peut s'identifier, ayant les mêmes idées ou encore ceux du même âges ou de la même couleur (je schématise hein). Parmi ces bandes, on retrouve la Cantine, une bande d'adolescent qui a récupéré pas mal de bébés et tout autant d'enfants pour les aider. Ils les nourrissent, les hébergent, les protègent autant qu'ils le peuvent. Nous allons suivre le chef de la Cantine, Léo et son adjointe, Marie, durant quelques jours.

Léo était un adolescent plutôt normal, un peu timide peut-être, mais déjà avec un certain charisme. Il n'est pas chef parce qu'il l'a voulu, il l'est parce que les autres l'ont voulu. Ce rôle, il l'accepte le plus possible même s'il lui pèse. Mais Léo, c'est un chef né, un de ces chefs que l'on peut suivre confiant, qui sera le plus possible juste. Marie a suivi Léo parce qu'elle amoureuse de lui, parce qu'elle a vu le chef en lui aussi. Elle s'occupe de tout ce qui peut être logistique mais aussi de la récolte de rumeurs voire de l'espionnage. Tous les deux pensent que les parents finiront par se réveiller mais que d'ici là, il faut pouvoir protéger les plus faibles. Leur seul point de divergence est d'ailleurs là, lui pense que la violence ne doit pas avoir court, qu'il faut rester du bon côté de la ligne. Marie aimerait penser comme lui, mais elle se rend compte qu'elle et les autres devront peut-être un jour franchir la ligne.

Cette ligne a toute son importance dans le roman. Parce que si à la Cantine, l'entraide est reine, ce n'est pas le cas partout. Beaucoup de bandes se sont organisés autour de la violence. Une violence plus que palpable dès le début du roman. Et cette violence là n'est pas que physique. C'est l'une des raisons de l'avertissement des éditions Castelmore quant à l'âge des lecteurs, au moins quinze ans. Parce que les scènes violentes sont bien là et que l'auteur ne fait pas dans la dentelle. C'est parfois, parfois dérangeant (ce sont des gamins quand même). Si Léo et Marie, ainsi que leurs amis, ne sombrent pas dans la violence, ce n'est pas le cas de tous. Dès le départ, des jeunes filles sont violées, des enfants martyrisés, plus loin, nous assisterons à bien pire, allant jusqu'au meurtre. 

La violence de ces enfants et adolescents fait particulièrement peur. Elle fait peur parce qu'on voit les jeunes comme des personnes innocentes. Or le monde où ils vivent, sans adulte, sans limite, où ils peuvent faire ce qu'ils veulent, le meilleur comme le pire. Et personnellement, je ne m'étonnes pas que certains créent des groupes ultra violent, asservissent les "faibles" (filles et plus jeunes), allant jusqu'au pire. Et cela n'a rien à voir avec les jeux vidéos ultra violents, les films qui le sont tout autant ou autres paramètres culturels. La société, actuelle ou non, veut ça. Parce que notre société est basée sur la loi du plus fort, parce qu'elle est patriarcale aussi. Les gamins, libre de toutes limites, vont reproduire ceux qu'ils ont toujours connu, à savoir que le mâle est le plus fort, qu'il a droit à tout et que les faibles ne sont là que pour les servir. Il y a derrière le texte du Jour Où... un vrai discours politique super intéressant que beaucoup risque de ne pas voir à cause de la violence (qui parfois semble gratuite alors que pas du tout), mais aussi de leurs propos opinions. Notre société patriarcale a créée les enfants monstres du roman. 

Heureusement, Léo, Marie et leur groupe permettent de montrer que tout cela peut être éviter. L'approche de Léo de son statut de chef est particulièrement intéressante sur ce point-là. la société qu'il crée autour de lui est égalitaire, réellement, démocratique et laisse une belle place à tous. Il va devoir malheureusement affronté son total opposé et se rendre compte à quel point le monde est pourri. Mais il ne va pas tomber dans le piège, il ne va pas devenir comme eux. Et ça, ça fait de Léo un personnage fort. A l'inverse Marie voit directement que tout va changer. Ça va commencer lorsqu'elle veut demander de l'aide où enfants réunis dans une église (il le fallait le petit groupe de fanatique) et que cette aide va lui être refuser, ça va continuer petit à petit, lorsqu'elle va découvrir la nature de certaines personnes. Marie, croyante, va basculer de l'autre côté de la ligne, pour sauver son groupe. Mais elle n'en est pas non plus devenue une méchante pour autant. Le truc de bien avec elle, c'est qu'elle se rend compte de son erreur, de son changement et sans l'accepter pour autant, elle sait qu'elle devrait vivre avec et tout faire pour revenir du bon côté. Elle sait aussi que dans cette situation-là, elle avait le choix et qu'elle n'a pas fait le bon. Il en va de même pour d'autres personnages, mais c'est vraiment avec elle que cela se voit (faut dire qu'elle est narratrice, ça aide). 

Au final, j'ai donc beaucoup aimé le livre et son discours. Le thème abordé m'a plu, vraiment beaucoup et je pourrais en parler encore des heures (je commence à me dire que je vais finir par ouvrir un blog où je pourrais parler pendant des heures justement des thèmes des romans qui me touchent comme celui-ci avec une approche plus "personnellement" et pas juste l'approche livresque). Et en plus de ça, ça se lit super facilement avec un style sympathique, mature sans toutefois faire passer ces adolescents pour des adultes en puissance. Il a quelques défauts tout de même, une approche trop masculine de certaines choses, surtout lorsque Marie est la narratrice, quelques lenteurs, des répétitions aussi, mais ce n'est finalement pas grand chose. Au final, je recommande vraiment ce livre aux jeunes et même aux moins jeunes, histoire de les faire réfléchir un peu sur les actes et les conséquences.



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