Et voilà, j'entame la trilogie de Virginie Despentes qui fait tant parler d'elle. C'est appréciable d'ailleurs parce que du coup, on entend plus souvent madame Despentes et que j'apprécie ce qu'elle a à dire la plupart du temps. Et puis, ce Vernon Subutex, autant dire qu'il m'intriguait beaucoup, comme un peu tout les livres de l'autrice.
Vernon Subutex, Tome 1, Virginie Despentes
Editeur : Le livre de poche
Collection : /
Année de parution : 2016
Nombre de pages : 432
A lire si :
- Vous voulez une sorte de cartographie des parisiens
- Vous aimez les romans à plusieurs voix
A ne pas lire si :
- Vous cherchez le trash des premiers romans de Despentes
Présentation de l'éditeur :
QUI EST VERNON SUBUTEX ?
Une légende urbaine.
Un ange déchu.
Un disparu qui ne cesse de resurgir.
Le détenteur d’un secret.
Le dernier témoin d’un monde disparu.
L’ultime visage de notre comédie inhumaine.
Notre fantôme à tous.
Mon avis
Virginie Despentes est connue pour un côté trash qui tend non pas à disparaître, mais plutôt à être plus maîtrisé. Disons que la colère de l'autrice me semble plus contenue, toujours là, mais contenue. On appelle ça la maturité chez certain, et j'aurais presque tendance à dire que pour Virginie Despentes, c'est bien cela, du moins dans sa manière d'écrire.Vernon Subutex n'est pas un livre à part dans son oeuvre. Apocalypse Bébé en été même, pour moi, une sorte de précurseur. C'est dans ce roman-là qu'elle a commencé à utiliser plusieurs voix pour parfaire son récit. Surement pas pour rien d'ailleurs que l'on retrouve dans Vernon l'un des personnages d'Apocalypse Bébé. Mais revenons au roman.
Alex Bleach, chanteur de rock, s'est suicidé. Avec lui part le loyer qu'il payait par amitié à Vernon Subutex, le disquaire qui lui a permis de découvrir la musique. Un Vernon qui a dut fermer boutique depuis un moment, qui n'a pas retrouvé de boulot et qui soudain, se retrouve à la rue, dans l'incapacité de payer son loyer. Vernon décide alors de squatter les lits et canapés de ses amis (anciens comme nouveaux), en inventa comme prétexte de revenir sur Paris après un passage à Québec. Tandis qu'il va de copains en copains, nous allons découvrir les portraits de ses parisiens qui ont pour point commun soit Vernon soit Alex Bleach.
Virginie Despentes essaie de "cartographier" la population parisienne et je suppose qu'elle y arrive pas mal (je ne suis pas parisienne, il y a des choses dans son roman qui me semble parfois carrément surréaliste pour la provenciale que je suis). Elle s'attaque, si je puis dite, à tous les niveaux, toutes les classes sociales. Et elle fait ça plutôt pas mal. Si j'avais trouvé dans Apocalypse Bébé (oui on y revient souvent à celui-ci, mais faut dire qu'ils se ressemblent assez dans la bibliographie de l'autrice) qu'il y avait trop de stéréotypes, je les trouve bien mieux gérés ici. Oui, nous en trouvons toujours (la bourgeoise qui pète littéralement son câble après s'être fait des films et s'être fait largué, le traders qui vit à cent à l'heure entre bonne affaire, drogue et baise...) mais par contre, on trouve aussi pas mal de personnages qu'on n'a pas l'habitude de voir et qui même si parfois, ils sont un peu clichés, ils permettent d'offrir de la visibilité.
Sur la dizaine si ce n'est plus de personnages que l'on va découvrir au fur et à mesure de l'avancée de la nouvelle vie de Vernon, il y a vraiment des personnages géniaux. On retrouve quelques LGBT, plus particulièrement lesbienne et trans. Et elle les traite parfaitement ces personnages-là, elle ne va pas dans le bon vieux cliché (même la Hyène est plus en nuance par rapport à Apocalypse Bébé). On sent l'authenticité dans ces personnages-là. Et ça fait du bien. Et ils ne sont pas les seuls comme ça.
Et ce que j'ai particulièrement apprécié c'est vraiment le mélange de personnalités, les riches, les pauvres, les gens "normaux", les ex stars du X, les de gauche, les de droites, les des extrêmes et j'en passe. Vraiment, on croise de tout dans ce Vernon. Surtout qu'il est agréable de voir qu'elle les traite tous de manière presque égale. C'est à dire que même ceux qu'elle ne doit sûrement pas supporter, elle arrive à les rendre moins nauséabond que ce qu'ils sont. On sent bien l'ironie sous les descriptions, mais en même temps, on s'y attacherait presque.
Virginie Despentes a donc réussi avec ce premier tome une belle fresque de ce qu'on peut retrouver comme parisiens à notre époque. Elle le fait d'ailleurs avec une certaine douceur, loin de la colère de ses débuts. Une colère qui revient pourtant au fur et à mesure des pages mais qui n'explose pas autant. On retrouve aussi des moments un peu plus "trash" même si justement trash n'est pas le mot. Disons que lorsque ça parle sexe, l'autrice ne fait pas toujours dans la dentelle.
Au final, c'est une fresque vraiment intéressante que nous lisons avec ce premier tome. Intéressante par son côté très humain et réaliste. Et puis, il y a cette écriture, vive, colèrique et en même temps douce, bienveillante même parfois. Bref, une réussite qui je l'espère continuera avec les deux tomes suivants.
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